Dans ce que j'ai eu de dernières lettres d'Angleterre, l'on continue à la vérité de me dire que la cour persistait encore à ne vouloir pas donner de l'argent à la Russie, et que les Pelham s'en défendaient fortement, en disant que c'était trop hasarder que d'en donner cette année-ci et avant l'assemblée du nouveau Parlement; mais l'on ne me cache pas qu'outre que le Roi, soutenu par Carteret, souhaitait fort que ces gens-là ouvrissent la bourse, le ministre autrichien, Colloredo, pressait vivement le ministère anglais pour s'y prêter; il était par conséquence encore très douteux de quelle manière l'on se déterminerait là-dessus, de sorte que le comte Colloredo, se flattant d'avoir gagné du terrain depuis quelques jours et croyant que, quand même le ministère n'en trerait pas tout-à-fait dans les vues du Roi, ils promettraient du moins quelque chose d'assez précis pour encourager la Russie d'augmenter ses troupes en Livonie, retenait encore son courrier, jusqu'à ce qu'il saurait le renvoyer à sa cour avec la résolution finale du ministère anglais.
Il y a une circonstance qu'on ajoute encore, mais laquelle je ne voudrais pas garantir pour authentique : c'est que la cour de Vienne avait fait des avances à ce sujet à celle de Moscou, et que c'était un des motifs pourquoi le comte Colloredo pressait si fort les ministres anglais des subsides, afin que la première s'en saurait rembourser. Au surplus, je veux bien que vous communiquiez à M. de Contest ces avis.
Federic.
Nach dem Concept.
6069. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Berlin, 13 octobre 1753.
Si mes lettres de Londres accusent juste, comme je le crois, l'on n'a fait de là aucune remise en argent sous main à la Russie; tout au contraire, les ministres persistent encore à ne point vouloir donner de l'argent, et bien que le Roi, appuyé de Carteret, le désire ardemment, les Pelham soutiennent fermement que ce serait trop hasarder que de vouloir s'y engager avant l'assemblée du nouveau Parlement et finir la dernière séance de celui-ci, qui s'assemblera le 10 novembre, en proposant un traité de subsides. Ce qui me paraît le plus singulier dans ceci, c'est que le ministre autrichien, le comte Colloredo, continue de presser les ministres anglais à lâcher les cordons de la bourse pour donner de l'argent à la Russie. Vous verrez par la dépêche du département ce qu on a dit d'une avance en argent faite de la cour où vous êtes à celle de Moscou, et ce que l'on présume du motif dudit ministre pour engager le ministère anglais à se charger de toute cette dépense. Je m'a attends d'apprendre bientôt quel succès son empressement marqué a eu à ce sujet, et ne manquerai pas de vous en informer.
Federic.
Nach dem Concept.