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6085. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Potsdam, 26 octobre 1753.

Je vous sais infiniment gré des particularités que vous m'avez marquées par votre dépêche du 12 de ce mois, touchant le résultat pris par les ministres de la cour où vous êtes dans les conférences qu'ils ont eues avec le comte Colloredo,1 et soyez assuré que je vous en garderai le plus religieux secret. Comme il m'importe extrêmement que je sois parfaitement au fait des conséquences qui arriveront dudit résultat, mandez-moi tout naturellement et sans me cacher et sans me dissimuler la moindre circonstance : si les ministres anglais n'écouteront plus aucune proposition pour composer amiablement l'affaire des différends que j'ai avec l'Angleterre par rapport aux prises maritimes injustement faites sur mes sujets; si vous croyez qu'après avoir fait le premier pas d'assurer aux deux cours impériales qu'ils entreraient l'été prochain dans leurs vues et dans les plans proposés, ils continueront d'en faire d'autres, jusqu'à me déclarer une guerre ouverte; et, supposé qu'ils en ont le dessein, s'ils trouveront assez de facilité auprès du nouveau Parlement de seconder leur dessein, et si celui-ci pourra trouver assez disposée la nation pour s'en charger des frais assez forts pour soutenir une nouvelle guerre, qui embrasera apparemment toute l'Europe? D'ailleurs, je voudrais bien savoir de vous : si les ministres anglais ne pensent qu'à lâcher une somme d'argent à la Russie, pour ne point rebuter les deux cours impériales, ou si effectivement ils sont résolus de se prêter à donner tous les subsides que la Russie leur a prétendus, en temps de paix et en temps de guerre?

Je connais toute la difficulté que vous aurez à me répondre précisément sur toutes ces questions, mais, comme vous connaissez tous les êtres de la cour où vous êtes, et que je reconnais votre zèle et fidélité pour mes intérêts, faites de votre mieux de me répondre exactement sur tout ce que je désire de savoir de vous à ce sujet.

J'attends votre rapport sur ce que vous aurez approfondi par rapport à la conférence que le comte Colloredo a eue avec le duc de Newcastle et le ministre Münchhausen, la veille du départ de son courrier pour Vienne.

Au surplus, comme les gazettes publiques annoncent des émeutes qu'il avait eu dans différentes provinces de l'Angleterre touchant l'élection des membres du nouveau Parlement, et qu'on proposerait, à la prochaine séance de celui qu'on congédierait, la révocation de l'acte de naturalisation des juifs, l'abolition de l'entretien des troupes trop nombreuses, la liberté des élections des membres du Parlement et la suppression de plusieurs taxes trop à charge au peuple, je fais à la vérité peu de cas de pareilles nouvelles, cependant je serai bien aise que vous m'éclaircissiez sur ces objets, et que vous me mandiez tout natu-



1 Vergl. Nr. 6081.