<229> compter sur une nation aussi inconstante que celle de Pologne, je crois encore que le plus convenable sera d'empêcher que la République n'entre en alliance ni en concert avec la Russie, et de rompre pour cet effet les Diètes, aussi souvent qu'il y en a. J'ajoute d'ailleurs la réflexion que les cours de Dresde et de Moscou se sont épuisées en donnant de grandes pensions à leurs partisans en Pologne, et que, malgré cela, nous avons heureusement réussi depuis bien d'années à faire rompre ou filer les Diètes.

Federic.

Nach dem Concept.


6194. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.

Potsdam, 2 février 1754.

J'accuse la bonne réception du rapport que vous m'avez fait à la date du 21 dernier. Quoique je n'aie guère de nouvelles intéressantes du dehors à vous mander, je ne veux point cependant laisser partir cette ordinaire, sans vous dire qu'en conséquence de nos lettres de Londres le comte Colloredo continue de presser le ministère anglais de persévérer dans leurs promesses vis-à-vis de la cour de Moscou et de les exécuter d'abord qu'on aurait engagé celle-ci à finir sur un pied raisonnable et conforme, au possible, aux intentions où on était. L'on marque que le ministère d'Hanovre et le duc de Newcastle continuent à donner les plus belles assurances audit comte, mais qu'il paraissait par la conduite du sieur Pelham qu'il ne cherchait qu'à traîner, autant qu'il pourrait faire, cette négociation, à laquelle il s'était prêté bien à contre-cœur, et qu'il ne [se] souciait guère que des affaireses parlementaires.

Vous aurez sans doute appris déjà les troubles qui sont arrivés depuis peu à Amsterdam à l'occasion de l'enterrement d'un nommé Raap, fameux partisan du feu prince d'Orange. L'on vient de me marquer à ce sujet que des gens qui croient être au fait des affaires de ce pays-là, prédisent que tout ceci n'était qu'un commencement, et que le feu de la sédition éclaterait de plus en plus. Que le peuple était revenu du stathoudérat, et que l'autorité de la Princesse-Gouvernante était chancelante, en sorte qu'il y avait beaucoup d'apparence que le jeune Prince ne parviendrait pas tranquillement à la tête de la République. L'on prétend avoir remarqué que même à la Haye la populace commençait déjà à s'attrouper pendant la nuit par centaines, criant dans les rues Vive, en faisant en même temps mille imprécations de vouloir assommer celui qui oserait ajouter le mot d'Orange.

Bien que je ne compte pas trop sur de pareilles émotions populaires, je souhaiterais cependant que, si le cas d'une révolution arrivait là, la France tâchât de profiter d'un pareil moment pour s'attacher ces gens-là, de sorte que les affaires dudit pays revinssent au même etat qu'elles ont été du temps de Jean de Witt, ce qui ne saurait être qu'un grand avantage pour la France et ses alliés. Je laisse à votre