<299> sujet, supposé que la nouvelle en soit vraie, est qu'il fallût alors que la cour de Vienne eût persuadé à celle de Londres afin qu'elle mît ces troupes dans les États de Modène, pour s'en assurer éventuellement, afin de ne pas donner de l'ombrage au roi de Sardaigne, si les Autrichiens y mettaient des siennes.
Enfin, j'attends avec impatience les éclaircissements que vous me donnerez là-dessus; il serait superflu de vous recommander encore de redoubler d'attention sur tous les manèges et sur toutes les démarches que la cour où vous êtes [fait] actuellement, et de ne pas vous trop fier sur les apparences, mais de pénétrer à fond. Je connais trop votre activité, votre pénétration et votre zèle pour mon service.
Avec tout cela, je ne veux pas vous laisser ignorer ce que mon chargé d'affaires à la Haye me marque, prétendant de le savoir d'assez bon lieu,1 par rapport à la situation des affaires du Nord et des vastes projets de la triple alliance, savoir que le règlement des limites entre la Suède et la Russie en Finlande s'étant accroché à des bagatelles, c'était pour l'extérieur, mais que la raison secrète en était de ne rien accorder sur les demandes de la Suède, qu'à moins elle ne renonçât à l'alliance de la France et à celle de moi et que les anciens traités avec la Russie, nommément celui de Nystad, ne fussent renouvelés, que les sénateurs qui ont la réputation d'être du parti françois, ne fussent renvoyés et que la Suède ne s'unirait avec les cours de Vienne et de Londres. Mais, comme on était très éloigné en Suède à souscrire à ces arrangements, le Sénat avait résolu de ne point reprendre l'affaire du règlement des limites et de se tenir à son système présent. Que la cour de Russie augmentait considérablement ses troupes dans les provinces conquises, ayant ordonné une levée de recrues de 30,000 hommes, outre plusieurs mille Cosaques, Kalmouks et autres troupes barbares qu'elle faisait marcher et qu'on lâcherait au premier mécontentement. Que sa flotte bloquerait les ports du royaume de Suède, dès que les choses seraient conduites au point où [elle] voudrait les amener; qu'on se méfiait extrêmement de mes entreprises et que je ne tirerais la Porte Ottomane de sa léthargie, et qu'au surplus la Russie négociait à force auprès du roi de Danemark qu'elle tâchait d'attirer à elle par des menaces ou par un accommodement favorable de ses prétentions sur le duché de Sleswig, mais à condition encore de renoncer à l'alliance de la France et de s'unir avec les puissances de la triple alliance.
Quoiqu'il soit dans tout ceci beaucoup de grossi et même, en partie, de faux, j'ai cependant bien voulu le communiquer, pour vous mettre d'autant plus sur la voie d'approfondir les vrais desseins de la cour où vous êtes.
1 Von der Hellen bezeichnet in seinem Bericht vom 9. April seine Informationen als „nouvelles qui me viennent d'assez bon lieu, qu'on m'assure être le précis des dernières lettres secrètes du sieur Swart et qu'on ne m'a communiqué qu'en grande confidence.“