<318> travers et faussement, et pour vous mettre au fait de ce qui en est, j'ai ordonné à mes ministres de vous faire parvenir à cette ordinaire un détail bien exact de ce qui s'est passé à cet égard, afin que vous puissiez rectifier tout le monde qui vous en parlera. Enfin, j'ai la satisfaction de n'avoir à démêler avec la république de Pologne aucune affaire d'importance, ce qui opère apparemment la rage de ceux qui par des mensonges ci-dessus dits voudraient se soulager de leur bile.

Au surplus, ce qui m'importe plus que tout ce que dessus, c'est un avis que le général Treskow m'a donné à l'ordinaire dernier, qu'il avait parlé à des gens qui prétendent avoir vu passer eux-mêmes plusieurs régiments autrichiens venants de Hongrie et allants en Bohême et en Moravie; qu'ils avaient vu passer entre autres à Nicolsbourg trois régiments nationaux de Hongrie, qui avaient dit qu'ils seraient suivis d'autres régiments de cavalerie et de dragons, comme aussi de Pandours et de hussards. J'ai bien voulu vous avertir de ces avis-là, qui, quand ils se confirment, méritent sûrement une fort grande attention, ce que je vous recommande fort, et d'en prendre d'abord d'exactes informations, afin de pouvoir m'en informer, au plus tôt et même par un exprès, si tant est que ces avis se vérifient. Pour finir, je ne saurais assez vous recommander de veiller extrêmement dans le moment présent sur la conduite de la cour de Vienne qui voudra masquer ses desseins, mais qui, à ce que je crois, vous trompera bien difficilement ni ne vous fera donner le change, soit par les apparences du dehors, soit par de fausses confidences.

Federic.

Nach dem Concept.


6322. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.

Potsdam, 6 mai 1754.

Après avoir vu, par votre dernière dépêche immédiate, de quelle manière M. de Saint-Contest s'est expliqué sur ce que vous lui avez fait exposer par le sieur de Knyphausen du contenu des lettres que je vous avais faites du 6 et du 9 d'avril dernier,1 mon intention est que vous dissiez à ce ministre que j'étais moi-même de son avis sur ce que nous était arrivé de nouvelles relativement aux arrangements militaires de la cour de Vienne, et que je ne croyais pas moi encore qu'il y avait du sérieux de la part des Autrichiens là-dessus; mais que j'avais cru de mon devoir de communiquer à la France les nouvelles qui m'étaient revenues telles qu'elles je les avais reçues, sans les donner pour authentiques, qui, en considérant toutes les circonstances présentes de l'Europe entière, me semblaient incroyables. Cependant, comme tous les avis continuent que la cour susdite faisait faire sans relâche des arrangements tels comme si elle était à la veille de soutenir la plus forte guerre,



1 Nr. 6285. 6285.