6351. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Potsdam, 28 mai 1754.
Le rapport que vous m'avez fait du 17 de ce mois, m'a été fidèlement rendu, au sujet duquel je suis bien aise de vous faire observer que, selon de bons avis que j'ai,1 la cour de Vienne n'est du tout contente de la situation où se trouvent actuellement les affaires de l'Europe, qui ne lui paraissent point conformes à ses désirs, et qu'un de ses ministres principaux2 a témoigné à un de ses confidents que sa cour se trouvait bornée dans tous ses projets par ceux qui devaient lui fournir les moyens pour l'exécution.
Quant à ce qui regarde la Russie, j'ai appris que les démonstrations vont là à grand train, qu'on assemble le corps de troupes en Livonie, pour les faire camper autour de Riga et dans la Courlande, et que 50 galères ont été équipées pour aller à Riga. Quoique je n'ignore pas que ce ne sont que des ostentations toutes pures, j'ai cependant lieu de m'en étonner par la raison que je [ne] saurais comprendre d'où le ministère de Russie tire les fonds qu'il faut à cela, vu que la Russie manque absolument des moyens d'y fournir et que l'Angleterre n'a pas encore contribué du sien.
Au surplus, je veux bien vous dire pour votre direction que je suis informé présentement avec certitude que les ministres de Russie ne sont nullement contents des subsides que l'Angleterre leur a offerts, et que le courrier que Guy Dickens a envoyé en dernier lieu par Vienne à Londres, y porte un contre-projet que les ministres de Russie lui ont donné en échange de celui que le premier avait présenté de sa cour,3 en conséquence duquel la Russie demande jusqu'au double en subsides, tant en temps de paix qu'en guerre, de ce que l'Angleterre a offert.
Federic.
Nach dem Concept.
6352. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 28 mai 1754.
J'ai bien reçu votre dépêche du 18 de ce mois. Je ne doute plus que vous ne puisiez dans de bonnes sources ce que vous me marquez de nouvelles dans vos rapports, puisqu'elles sont confirmées et avérées, par la plus grande part des avis qui m'entrent par de très bons canaux. Nous voilà à la veille de voir ouvrir le nouveau Parlement en Angleterre, que le roi de la Grande-Bretagne fera par commission, ne voulant pas se donner la peine de s'y rendre d'abord et dans la circonstance où il ne s'agit4 que de donner au nouveau corps la consistance
1 Bericht Klinggräffen's, Wien 18. Mai.
2 Kaunitz.
3 Vergl. S. 192. 356.
4 Vergl. S. 329.