<354>sent, l'autre lui avait répondu que l'Impératrice ne voulait absolument pas agréer un autre calcul à ce sujet que celui qui se fondait sur la convention faite avec les Maritimes l'an 1747, qu'elle prenait pour base du présent contre-projet, d'autant plus qu'elle et son empire n'avait rien à craindre de ses voisins du nord, malgré toutes les appréhensions qu'on ait voulu lui en donner; auquel sujet Bestushew avait dit confidemment au ministre saxon que ce n'était plus le temps où l'Impératrice eût déféré simplement de ses ministres, mais qu'au contraire elle voulait commander elle-même et suivre ses propres idées, de sorte que, lorsque le Chancelier lui avait proposé en dernier lieu l'affaire des subsides, elle aurait fait beaucoup de difficultés et des objections qui apparemment lui avaient été inspirées secrètement par les amis du Vicechancelier. Qu'entre autres elle avait insisté que le roi d'Angleterre lui dût tenir compte des frais qu'elle avait dépensés pour faire les arrangements présents en Livonie. Que préalablement qu'elle donnerait sa réponse au sieur Guy Dickens, il faudrait que la cour de Vienne se déclarerait formellement qu'elle reconnaîtrait le casus fœderis, si la Russie, en haine de ses arrangements pris avec l'Angleterre, est attaquée par la Prusse ou par quelque autre puissance, et qu'outre cela la cour de Vienne devrait en attendant assembler des corps considérables de troupes aux frontières voisines de la Silésie, savoir en Bohême, en Moravie et en Hongrie, pour attaquer le roi de Prusse tout d'un coup, dès que les troupes de Russie marcheraient contre lui; sentiments de l'Impératrice qui avaient coûté bien de la peine au Chancelier pour les combattre et pour lui persuader que tous ces points-là seraient d'une longue discussion et ne feraient qu'arrêter infiniment l'affaire principale, et, quant aux points qui regardaient la cour de Vienne, le meilleur expédient serait, pour la faire expliquer, qu'on remettrait un promemoria au comte Esterhazy au sujet des deux points mentionnés. Ce que l'Impératrice avait goûté à la fin, et que lui, Chancelier, avait remis aussi ce mémoire au comte Esterhazy le 23 de mars.
Au [reste], le chancelier de Russie s'est fort étendu dans cette conversation sur la générosité de sa souveraine, qui avait rédigé ses demandes à des sommes bien modiques, tant au cas d'une marche de ses troupes que pour l'attente, et qu'il fallut que l'Angleterre considérait qu'elle aurait par là à sa disposition un corps puissant de ce qu'il y a de meilleures troupes de Russie, moyennant lequel et de l'assistance que les alliés de Russie y prêteraient, l'on saurait écraser tout d'un coup le roi de Prusse. Que, de plus, lui, le Chancelier, pourrait donner les plus fortes assurances qu'au cas de réquisition de l'Angleterre pour faire marcher les troupes, la cour de Russie, par un motif de sa propre gloire et pour n'avoir point [à] exposer à quelque échec ce qu'elle enverrait de troupes pour combattre des troupes aussi bien exercées et aguerries que les prussiennes, ne se contenterait pas de faire marcher le nombre de 55,000 hommes stipulé dans la convention, mais l'augmenterait sure-