Voilà assez pour vous mettre sur la voie de poursuivre le succès de cette négociation, auquel sujet vous me garderez cependant en tout le secret le plus absolu.
Federic.
Nach dem Concept.
6496. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A FONTAINEBLEAU.
Potsdam, 26 octobre 1754.
Votre rapport du 12 de ce mois m'a été rendu, que j'ai trouvé encore aussi sec, superficiel et nullement intéressant que je me vois obligé de vous réitérer tout ce que je vous ai marqué sur ce sujet par ma lettre antérieure, et de vous déclarer naturellement que, pourvu que vous ne vous redressiez pas et me serviez avec plus d'application dans le poste où je vous ai mis, je n'y pourrais plus et me verrai obligé bon gré malgré moi de songer à un changement. Vous ne saurez ignorer que j'ai trop d'intérêts liés avec la cour de France, et que c'est elle principalement sur laquelle je me dois diriger, pour que je n'eusse pas besoin d'y avoir une attention continuelle, et qu'un ministre qui y réside de ma part, ne m'instruise continuellement de ce qui arrive. Convenez donc combien peu vous vous êtes acquitté jusqu'ici de vos devoirs. Ce serait inutile que vous songiez à me dire pour excuse que les objets vous manquaient souvent pour faire toujours vos rapports intéressants; vous savez qu'une cour telle que la France en fournit toujours, à moins qu'on s'y prenne avec application et discernement. Je vous en donnerai des exemples. Tout le monde sait, et même les gazettes en sont pleines, que l'Angleterre fait actuellement un armement naval considérable pour envoyer du secours à ses possessions en Amérique; il serait de votre devoir [de me mander] comment le ministère de France envisage cet armement, et s'il à son [tour] ne fera armer contre. Ne devriez-vous pas me marquer ce qui se passe dans l'affaire des Génois par rapport à la ville de Saint-Rémo?1 Enfin, tant d'autres affaires encore, par exemple qui est des ministres français à présent qui a le plus de crédit, si M. de Séchelles prend de l'ascendant,2 les liaisons de la favorite et si son crédit continue, si l'autorité du maréchal de Belle-Isle augmente dans les affaires, si le nouveau ministre de la marine3 s'applique à mettre les flottes de la France sur un pied redoutable : enfin, mille choses pareilles qui se représenteront d'abord devant votre esprit, pourvu que vous y songiez seulement, et qui me rendront toujours vos rapports intéressants et utiles.
Federic.
Nach dem Concept.
1 Vergl. S. 436.
2 Vergl. S. 428.
3 Machault. Vergl. S. 403.