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5994. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Potsdam, 11 août 1753.

J'accuse la bonne réception du rapport que vous m'avez fait du 1er de ce mois, et ne puis aujourd'hui que vous renvoyer à mes dernières dépêches touchant la négociation des ministres de Russie avec Guy Dickens, mes différends avec l'Angleterre et la vente des mes domaines en Hollande.1 D'ailleurs je viens de recevoir votre dépêche du 4, sur laquelle je n'ai encore qu'à vous dire que j'ai appris par de bonnes lettres de Hollande comme quoi le ministre de la République à Moscou, le sieur Swart, doit avoir écrit depuis peu de mois encore à ses maîtres qu'on ne devait point se presser avec l'accession au traité de Pétersbourg, parceque l'état des affaires en Russie était actuellement dans un si grand abandon qu'on n'avait rien de vigoureux à en espérer.

Au reste, en conséquence des lettres de France, le ministre de Modène à la cour de France, qui n'était point allé à Compiègne depuis que la cour y a fait le voyage, vient d'y apparaître. Il assure le plus fortement que le précis qu'on a publié par les gazettes, touchant le traité conclu entre sa cour et celle de Vienne,2 est destitué de tout fondement, à l'exception seule de l'article qui concerne le mariage de l'archiduc Pierre. Il proteste que tous les autres sont absolument faux, qu'on ne recevrait point garnison ni à Mirandole ni dans tout le Modénois; qu'à la vérité, on avait offert au Duc, son maître, le gouvernement du Milanois, mais qu'il s'en était excusé; qu'il pourrait bien arriver qu'il prît soin de ce gouvernement jusqu'à la majorité de l'archiduc Pierre, mais que ce serait sans prendre la qualité de gouverneur et sans passer au service d'Autriche. Au surplus, une pension de 50,000 écus que la duchesse de Modène tire depuis quelques années de la France, faisait supposer que ce frein retiendrait le Duc dans les intérêts de la France.

Federic.

Nach dem Concept.


5995. AU PRINCE DE PRUSSE A BERLIN.

[Potsdam], 13 [août 1753].

Mon cher Frère. Votre jour de naissance3 s'est passé sans que je vous en aie fait mes compliments; je vous en demande pardon, j'ai tant d'occupations et tant de distractions qui, jointes à votre absence, m'ont empêché de vous en féliciter.

Vous vous moquez chrétiennement de moi dans votre lettre, mon cher frère, il ne faut pas beaucoup d'efforts pour amasser en temps de paix dans son propre pays de quoi nourrir 40,000 hommes pendant quinze jours, le grand effort est celui de la bourse; mais d'ailleurs il



1 Vergl. S. 35.

2 Vergl. S. 33.

3 9. August.