5955. A LA REINE DE SUÈDE A ULRICHSDAHL.

[Potsdam, 10 juillet 1753].

Nous venons d'apprendre de très bon lieu une nouvelle qui m'a frappé par sa singularité, mais dont le plus grand secret m'a été demandé avec instance. C'est que le roi de Danemark parle à présent constamment avec ses plus confidents de la guerre et témoigne avoir<11> des desseins sur la Scanie, comme la possession de ses pères, et qu'il en était tout occupé. Il est assez problématique de juger de ce dessein; si on l'envisage réellement, il serait de la dernière imprudence d'en laisser transpirer la moindre chose; mais en comparant ces discours avec l'état où sont les affaires en Danemark, ils sauraient mériter quelque réflexion. Le ministre Bernstorff s'est appliqué à faire naître à son maître le goût militaire; l'on croit qu'il y a parfaitement réussi et que ce ministre pourrait bien lui avoir fait envisager de loin la possibilité de la conquête du patrimoine de ses ancêtres. L'on remarque par les discours qui échappent à ce ministre fougueux, qu'il croit sa cour infiniment supérieure à celle de Suède, et que, selon son sentiment, elle ne devrait plus être liée avec la Suède que le temps qu'il faut pour bien lier la partie en faveur de quelque changement de scène. L'on dit, de plus, que la conduite qu'on tenait actuellement à la cour de Danemark avec les ministres étrangers, y répondait parfaitement; on ne cherchait qu'à endormir le baron Fleming, et l'on remarquait toujours entre les ministres du parti opposé et le ministère danois une intelligence parfaite, le ministre autrichien paraissait même plein d'espérance. L'empressement qu'on témoignait de former une armée, devrait faire croire qu'on se propose quelque objet de plus, et les campements étaient réglés de manière qu'il y en aurait près de Copenhague du temps de la future Diète en Suède.

Federic.

Nach dem Concept. Die Antwort der Königin von Schweden auf dieses Schreiben und auf das vom 3. Juli (Nr. 5947) datirt Drottningholm 31. Juli 1753.