5998. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 14 août 1753.
Pour vous répondre encore sur ce que vous m'avez marqué par votre rapport ordinaire du 2 de ce mois que j'ai déjà accusé, je vous dirai que, quant aux observations marginales que M. de Saint-Contest a faites pour la cour de Manheim sur la dernière réponse de celle de Vienne, je les ai trouvées toutes justes et solides et espère que M. de Contest sera content de la résolution que j'ai prise là-dessus, vu que j'ai ordonné à mes ministres d'agir simplement en conséquence que la France l'avait désiré.49-1
Mes lettres de Copenhague me confirment que, quelque chimérique que soit le plan que la cour de Copenhague a formé sur la Scanie, il n'était pas moins vrai. Comme il y a nouvellement conclu un traité entre le Danemark et le roi d'Angleterre49-2 pour régler les limites et frontières des possessions du Danemark dans le pays de Holstein et celles d'Hanovre, j'ai des soupçons que les deux parties contractantes ont caché sous ce traité un tout autre but et qu'elles sont peut-être convenues secrètement à cette occasion que, s'il arrivait que je fusse en guerre avec le roi d'Angleterre et ses alliés, celui de Danemark tomberait alors sur la Scanie, afin d'empêcher par là que la Suède pourrait me donner le secours stipulé dans notre traité d'alliance. Je ne puis vous donner encore ceci que comme des conjectures, que je ne trouve cependant point destituées de toute vraisemblance, quand je réfléchis sur la mauvaise volonté du baron de Bernstorff, sur son penchant décidé pour le parti anglais et de ce qu'il se soucie peu ou point des véritables intérêts, pourvu qu'il sache faire plaisir au parti opposé à la France et ses alliés, et sur l'envie encore dont, à ce que l'on me marque, le roi de Danemark brûle de former une armée.49-3
Vous ne laisserez de communiquer tout ceci à M. de Contest et de lui dire en confidence que j'avais permis au prince Ferdinand de Brunswick, que vous savez être en mon service, de faire dans le mois d'octobre qui vient un voyage à Copenhague, sur les instances que la reine de Danemark, sa sœur, lui en a faites, et que j'espérais de tirer un bon parti de ce voyage, soit que le Prince approfondira les vrais desseins du Danemark, soit qu'il saurait trouver l'occasion de désabuser le Roi de plusieurs fausses impressions qu'on lui a données. Comme vous connaissez l'aimable caractère du prince Ferdinand et son bon esprit, vous saurez bien en faire un portrait à M. de Contest, quand vous l'entretiendrez confidemment sur ce que dessus.
Federic.
Nach dem Concept.
<50>49-1 Vergl. S. 38.
49-2 Vergl. S. 30.
49-3 Vergl. S. 11. 12.