6015. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 28 août 1753
Je vous remercie des informations que vous avez bien voulu me donner par votre dépêche immédiate que vous m'avez faite du 17 de ce mois, relativement au mécontentement qui règne en Angleterre touchant la naturalisation des juifs. Selon mes dernières lettres d'Angleterre, l'embarras du ministère va en augmentant, parceque non seulement il commence à regarder d'un œil sérieux les nouveaux ouvrages qu'il prétend que la France ait fait faire à Dunkerque, contraires à ce qui en avait été stipulé par des traités, de sorte qu'on avait donné ordre au comte d'Albemarle de faire ministérialement des remontrances à la cour de France à ce sujet; mais ce qui embarrasse plus que cela le ministère<61> anglais, ce sont les incidents qui, à ce que l'on me marque, arrivent journellement avec l'Espagne, dont les gardes-côtes nettoient haut à la main la baie de Honduras de tout vaisseau anglais qui paraît dans ces parages; ce qui doit rendre ledit ministère de fort mauvaise humeur, qui voudrait bien entrer en composition là-dessus avec l'Espagne.
Pour moi, je me flatte que tous ces embarras qui tombent sur le ministère, le porteront à se prêter avec d'autant plus de facilité pour composer à l'amiable nos différends par rapport aux prises maritimes.
Quant aux nouvelles de Vienne, tout ce qu'il y a là de gens d'affaires ne doute point que le duc de Modène ne se soit entièrement livré entre les mains de la cour de Vienne, en sorte que celle-ci n'avait pas besoin de mettre garnison dès à présent dans les places fortes appartenantes au Duc; même l'on assure de bonne main que c'était de concert qu'on n'en avait point fait mention dans le traité, mais que l'article secret portait de recevoir garnison autrichienne, en cas de guerre. D'ailleurs, quand on supposerait qu'il n'y en eût point, le Duc sera toujours obligé de les recevoir alors et n'aura plus de choix, à moins de vouloir s'exposer à être écrasé.
Federic.
Nach dem Concept.