6022. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Camp de Spandau, 3 septembre 1753.
Vos dépêches du 21 et du 24 d'août m'ont été bien rendues, au sujet desquelles je suis bien aise de vous faire observer que le ministère se flatte peut-être sans effet qu'il pourrait conduire à son gré la Russie, sans faire à son égard des efforts extraordinaires en argent, de sorte qu'on saurait bien appliquer à cette occasion ce qui se dit communément a l'égard des Suisses, que sans argent point de Russie.
D'ailleurs, comme le seul grief qui a resté à vider entre l'Angleterre et moi relativement aux prises maritimes est sur le point d'être accommodé au gré et à la satisfaction des deux partis par la proposition raisonnable que la France en fera faire par le duc de Mirepoix,65-2 j'ai de la peine à<66> me persuader que le ministère anglais voudrait gratuitement s'exposer en chargeant la nation sans rime ni raison de sommes aussi énormes que celles que les ministres de Russie demandent en subsides, soit en temps de paix aussi bien que de guerre.
Au reste, je vous recommande encore de veiller de bien près sur les menées et sur les allures du chevalier Williams,66-1 qui de l'esprit fougueux et animé injustement contre moi que vous le connaissez, ne souhaiterait mieux que de pouvoir tout brouiller, se dût-il servir des plus atroces imputations et calomnies à mon égard pour y parvenir.
Federic.
Nach dem Concept.
65-2 Vergl. S. 55. 56.
66-1 Vergl. S. 47. 48.