6050. AU MINISTRE D'ÉTAT DE ROHD A STOCKHOLM.

Potsdam, 25 septembre 1753.

Vos dépêches du 11 et du 14 de ce mois m'ont été fidèlement rendues, sur lesquelles je suis bien aise de vous dire que ce que j'ai communiqué confidemment par vous au baron de Hœpken113-1 touchant le dessein du Danemark sur la Scanie, ne sont point des soupçons ni de simples conjectures, mais des réalités sur lesquelles l'on peut compter. En attendant, je ne saurais pas disconvenir que le parti que ce ministre a pris sur ce sujet,113-2 est tout-à-fait raisonnable et juste, vu que le danger de l'exécution d'un pareil dessein n'est pas encore fort près; et ce que vous pourriez bien apprendre d'ailleurs confidemment audit ministre, c'est que j'ai appris de bon lieu que ce dessein doit proprement se fonder sur une convention secrète faite entre le roi de Danemark et celui d'Angleterre113-3 qu'au cas qu'une guerre s'élevât en Allemagne entre moi et le dernier au sujet des prises maritimes, alors le Danemark ferait une entreprise sur la Scanie pour faire une diversion à la Suède et l'empêcher par là à ce qu'elle ne saurait me porter le secours stipulé dans notre traité.

Quant au conseiller Bohlen, je veux bien vous avertir que c'est le même qui, à cause des brouilleries qu'il a eues avec mon feld-maréchal Schwerin, a tant remué pour indisposer la Suède contre moi, en y portant des plaintes, quoique frivoles et mal fondées, par rapport à mes levées de recrues.

Vous communiquerez de tout ceci avec le sieur de Maltzahn,113-4 à qui je n'ai rien eu d'intéressant à mander jusqu'à présent.

Federic.

Nach dem Concept.



113-1 vergl. S. 54.

113-2 Höpken hatte laut Rohd's Bericht vom 14. September seine Ansicht dahin ausgesprochen: „Que tout ce qu'on pourrait faire présentement, jusqu'à ce qu'on en soit mieux éclairci, était à son avis, d'être bien sur ses gardes, de cacher ses soupçons, d'observer tout ce qui se faisait et d'ordonner au baron Fleming de ne pas se laisser endormir.“

113-3 Vergl. S. 66.

113-4 Vergl. S. 58.