6245. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Potsdam, 12 mars 1754.

J'ai bien reçu votre rapport du 2 de ce mois. Je ne me saurais persuader que la poste de Constantinople dût apporter des nouvelles de conséquence, et si elle a tardé d'arriver à Vienne, je crois que ce n'est que par les chemins mauvais et impraticables, causés par la saison, que l'empêchement est arrivé. Nous avons reçu des lettres de Londres qui nous ont appris que dans les débats qu'il y a eu dans le Parlement présentement assemblé, le parti contre la cour a fait de fortes harangues de ce que le ministère anglais avait souffert que la France eût relevé impunément les ouvrages à Dunkerque,266-2 à quoi les ministres avaient répondu que c'était vrai, mais qu'ils n'avaient pu prendre des mesures vigoureuses à ce sujet faute de fonds en argent, que la dernière guerre avait épuisés. Que, les antagonistes du ministère ayant répliqué là-dessus que la dernièrre guerre qui n'avait duré que huit ans à peu près, avait coûté infiniment plus à l'Angleterre que toutes celles que feu le roi William et la reine Anne avaient soutenues pendant douze ou treize années, et qu'il n'y avait aucune bonne raison de la différence, les ministres anglais ont répondu qu'il y en avait une assez forte et claire,<267> parceque dans la dernière guerre l'Angleterre avait été obligée de porter sur ses épaules, comme un corps mort, la reine de Hongrie. Je ne vous fais tout ce récit que pour vous faire observer que, si on m'a accusé juste sur tout ce que dessus, l'Angleterre ne voudrait pas aisément ouvrir les cordons de la bourse pour fournir aux subsides que la cour de Vienne et ses alliés demandent.

Federic.

Nach dem Concept.



266-2 Vergl. S. 242.