6333. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A COMPIÈGNE.
Potsdam, 14 mai 1754.
Je ne doute pas que M. de Saint-Contest ne soit informé de ce que mes lettres de Vienne m'assurent, savoir que la cour de Vienne exige avec les Puissances maritimes que la cour de Munich328-3 mette ses troupes pour le moins au nombre de 10,000 hommes, pour s'en servir, quand et où on en aurait besoin. J'en conclus que, dès que le nouveau Parlement aura pris la consistance requise, les cours alliées aux Autrichiens se développeront, et qu'on verra alors plus clair dans tous leurs projets cachés. Et bien que je sois persuadé qu'il n'y en aura rien à appréhender dans le courant de l'année présente, je crois cependant avoir tout lieu de présumer qu'à moins qu'il n'arrive quelque évènement non attendu encore, la cour susdite éclatera dans l'année qui vient ou au moins dans deux ans d'ici. Elle trahit trop ses vues et les projets qu'elle embrasse, qui ne sont autres que d'obtenir de l'argent de l'Angleterre cet hiver et de se mettre en force de tous côtés pour pouvoir l'été prochain pousser avec vigueur son plan concerté.
<329>Au reste, selon mes dernières lettres de Londres, la cour songe maintenant d'assembler le nouveau Parlement dans le mois prochain de juin, au lieu de renvoyer cette démarche jusqu'en novembre,329-1 plusieurs chefs du gouvernement ayant réfléchi que, si malheureusement le Roi venait à mourir dans cet entre-temps, le vieux Parlement reprendrait séance, vu que le nouveau ne saurait subsister légalement, et que tous frais faits pour les nouvelles élections seraient ainsi perdus. C'est pourquoi le ministère anglais avait pris en délibération s'il ne fallait convoquer le nouveau Parlement dans le mois de juin, bien que pour quelques jours seulement, afin de lui donner par là la consistance requise pour être censé subsister légalement.
Federic.
Nach dem Concept.
328-3 Vergl. S. 315. 329.
329-1 Vergl. S. 169. 301. 313.