6415. A L'ÉVÊQUE DE CRACOVIE, COMTE DE ZALUSKI.

Berlin, 6 août 1754.

Monsieur l'Évêque de Cracovie. J'ai reçu la lettre que vous m'avez adressée en date du 23 de juillet passé, par le canal de mon ministre le sieur de Maltzahn à Varsovie.

Quant aux plaintes que vous m'avez portées contre les comtes Henckel et Gaschin, quoique je me souvienne que ceux-ci en ont fait autant à votre égard390-2 et qu'il paraisse, par tout ce qu'ils ont allégué en leur faveur, qu'ils ne se trouvent pas dans le tort, je ferai néanmoins examiner l'affaire de nouveau par des personnes impartiales, et vous pouvez compter qu'au cas qu'il dût se manifester que vos droits sont fondés, je tiendrai la main sur ce qu'il n'y soit porté la moindre atteinte. Mais, quand vous prétendez jouir d'une entière indépendance au sujet des trois villages enclavés dans mes États de Silésie, la chose ne saurait se soutenir et blesse diamétralement les droits qui me com<391>pètent en qualité de duc suprême de cette principauté. Il se pourrait que votre église ait fait l'acquisition des terres en question par la libéralité d'un des anciens ducs de Troppau et de Ratibor, cependant vous conviendrez vous-même qu'ayant été vassal des rois de Bohême, comme princes de Silésie, il ne lui a pas été possible de transférer un droit de souveraineté et d'exemtion dont il n'a pas joui lui-même. S'il a plu aux anciens possesseurs du duché de Silésie de n'exercer pas le droit de souveraineté sur lesdits villages, par complaisance ou par d'autres raisons à moi inconnues, il n'en saurait résulter aucune obligation à mon égard, ni une prescription, à laquelle un pareil droit suprême n'est point sujet, et vous n'ignorez pas que, si j'ai bien voulu dispenser feu le cardinal Lipski de la prestation de l'hommage, je l'ai fait simplement par amitié et par déférence pour sa personne.

Je me flatte que, lorsque vous aurez bien pesé toutes ces raisons, vous serez à la fin convaincu de la justice de ma cause en cette rencontre et que, si j'use de mon droit, je ne fais tort à personne. Vous pouvez être, au surplus, persuadé que, dans toutes les autres occasions qui se présenteront, je me ferai un plaisir sensible de vous donner des marques réelles de l'estime et de l'amitié que j'ai pour un prélat d'un mérite aussi distingué que l'est le vôtre. Et sur ce, je prie Dieu etc.

Federic.

Nach dem Concept.



390-2 Vergl. S. 385.