POLITISCHE
CORRESPONDENZ
FRIEDRICHS DES GROSSEN.
ZEHNTER BAND.
<uc_t2><uc_t3>POLITISCHE
CORRESPONDENZ
FRIEDRICH'S DES GROSSEN.
ZEHNTER BAND.
BERLIN.
VERLAG VON ALEXANDER DUNCKER.
KÖNIGLICHEM HOFBUCHHÄNDLER
1883.
<uc_t4><uc_t5>1753II.—1754.
<uc_t6><1>5943. AN DEN ETATSMINISTER GRAF FINCKENSTEIN IN BERLIN.
Potsdam, 1. Juli 1753.
Es haben Se. Königl. Majestät mir befohlen, an Ew. Excellenz sofort zu melden, wie an Mylord Maréchal d'Écosse auf seine mit gestriger Post eingelaufene Dépêche vom 22. voriges fordersamst sehr wohl chiffriret geantwortet werden sollte, dass so viel das Accommodement mit Engelland wegen der Prisen1-1 anbetreffe, des Königs Majestät an Frankreich verschiedene Expedientia dazu vorschlagen könnten, wenn Frankreich solche dem englischen Minislerio proponiren lassen wollte, nämlich
1° Dass wenn Frankreich Sr. Königl. Majestät die Garantie thun wollte, dass die Engelländer Höchstderoselben Unterthanen wegen des Verlustes, so sie durch die Prises wirklich gehabt und wie solcher evaluiret worden, réellement bonificiren wollten, alsdenn Se. Königl. Majestät sogleich den Arrest auf den Rest der schlesischen Schulden heben und solche bezahlen wollten.
Die zweite Partie wäre diese, dass Frankreich nebst noch einer Puissance, es sei Holland, Dänemark oder Spanien, die Arbitrage von dieser Sache übernähme und die Engelländer consentirten, dass das geschehen sollte, was diese Arbitres decidiren wurden; als wovon Se. Königl. Majestät auch zufrieden wären.
Das Dritte sei, wenn die Engelländer unter der Hand Sr. Königl. Majestät Kaufleute contentiren wollten, so wollten Se. Königl. Majestät ersteren den Rest der schlesischen Schuld öffentlich bezahlen.
Es sollte also Mylord Maréchal sich darüber mit dem Marquis de Saint-Contest deutlich und klar expliciren und ihm dabei sagen, wie Se. Königl. Majestät wünscheten, dass sein Hof den Duc de Mirepoix darauf umständlich instruirete und solchen mit Fermeté gegen das englische Ministère davon zu sprechen aufgäbe.
Welchem allen Mylord Maréchal an Saint-Contest noch beifügen solle, dass man wohl nie einen schlechteren Prätext gefunden noch gesehen habe, als um einer solchen Ursache halber Krieg anfangen zu wollen. Das Recht sei offenbar von Seiten Sr. Königl. Majestät; dass man aber um einen Posten von 150,000 Reichsthalern, so den Königlichen Unter<2>thanen unrechtmässig zurückgehalten würden, einen Krieg anfangen wolle, der in einem Monate mehr als zehnmal so viel kosten würde, solches sei Sr. Königl. Majestät sehr schwer zu glauben.
Uebrigens verlangen Se. Königl. Majestät von Ew. Excellenz annoch, dass Dieselbe diese Deroselben Resolution und die davon zu machende Expedition vor der Hand noch ganz sorgfältig menagiren möchten.
Eichel.
Nach der Ausfertigung.
5944. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Klinggräffen berichtet, Wien 23. Juni: „Je remarque depuis trois jours beaucoup de mouvements dans le ministère. Il s'est tenu de fréquentes conférences, jusqu'à deux dans un même jour. Le comte Keyserlingk va voir ceux de Kaunitz et de Colloredo, même hors les jours d'audience, et l'ambassadeur de Venise2-1 fut mardi passé2-2 plus d'une heure chez le comte Kaunitz, dont nous fûmes tous surpris, pour devoir attendre qu'il eût fini. Je ne doute pas que tout cela ne regarde l'incertitude par rapport aux desseins des Turcs … Nous attendons tous les jours la poste de Constantinople. Votre Majesté ne saurait mieux faire que de tâcher d'être informée à Stockholm. Les dépêches du sieur Celsing pour sa cour sont volumineuses, et celles au comte Barck sont en clair et de quatre lignes, qui ne font qu'accuser ses lettres. Je ne discontinuerai pas d'être attentif. Il m'est douloureux de n'avoir plus le même canal.“ | Potsdam, 2 juillet 1753. Vous me rendrez certainement un service important, quand vous pourriez trouver moyen de pénétrer de quoi il s'est agi dans ces longues conférences que le ministère de Vienne continue d'avoir avec l'ambassadeur de Russie et celui de Venise. Je serais bien aise et vous aiderais volontiers, si vous sachiez vous rouvrir un autre canal au lieu de celui que vous avez malheureusement perdu. En attendant, les nouvelles des mouvements des Tartares et des Turcs aux frontières de Russie continuent, et l'on nous les confirme de la Suède, de Pologne et même de la Hollande, bien qu'on tâche dans ce dernier pays de les supprimer au possible. Je suivrai votre avis et tâcherai d'être informé de ce que les dépêches du sieur Celsing apporteront à ce sujet. Quant à mes différends avec l'Angleterre par rapport aux prises qu'on a autrefois faites sur mes commerçants, ils sont encore dans le même état que ci-devant, le ministère anglais affecte toujours de vouloir pousser l'affaire, dont je ne suis pas en trop forte appréhension. Si je devine juste, le roi d'Angleterre en a fait beaucoup de vacarme auprès les cours alliées et surtout à Vienne, mais je présume que la réponse qu'il en a eue, n'a point été satisfaisante pour lui. Nonobstant cela, |
vous ne vous relâcherez pas d'attention, pour bien observer jusqu'au moindre mouvement ou démarche que la cour où vous êtes fait dans un temps aussi critique que celui-ci. Au surplus, je tâcherai de remédier au possible aux plaintes que vous faites touchant la perte à vos appointements par rapport à la différence des monnaies. Au reste, on vous adressera un jeune homme d'ici pour lui faire apprendre à Vienne les mêts de farine et les pâtisseries. Federic. |
Nach dem Concept.
5945. AU LORD MARÉCHAL D'ECOSSE A PARIS.
Potsdam, 3 juillet 1753.
D'autant que je me suis assez expliqué dans la dépêche de mes ministres qui vous parviendra à la suite de celle-ci, sur les différentes expéditions que je viens de suppéditer aux ministres de France pour plus approcher à aplanir l'affaire des prises,3-1 il ne me reste qu'à vous dire pour votre direction que je ne fais ces propositions qu'à la France pour aviser laquelle elle trouverait la plus convenable pour arriver au but proposé, et que j'espère d'ailleurs que la France n'en fera autre usage que d'une façon qui n'expose pas ma dignité et qui ne laisse pas lieu au ministère anglais de se persuader comme si je venais plier devant eux, mais que le duc de Mirepoix serait plutôt instruit de parler avec dignité et fermeté. Vous ne manquerez pas de vous diriger en conséquence de ceci, quand vous ferez ouverture à M. de Saint-Contest des expédients que j'ai suppédités, pour en aviser sur l'usage qu'on en saurait faire. Au surplus, parceque la susdite dépêche vous explique assez les raisons que j'ai pour croire que le ministère anglais ne voudrait pas frivolement engager une guerre, surtout dans l'âge avancé de leur Prince, qui à tous égards serait la plus injustifiable et ne vaudrait jamais les frais, ni les hasards du succès, je m'y borne.
Nach dem Concept.
Federic.
5946. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Potsdam, 3 juillet 1753.
Je vous sais gré du compte que vous m'avez rendu des offres et instances qu'on a faites au prince de Brunswick pour l'engager dans le service, en conséquence de votre rapport du 26 passé; je suis persuadé que tout cela ne portera point coup sur lui, et qu'il ne se laissera jamais divertir des engagements qu'il a pris ici.3-2
<4>Je serai bien fâché, si la cour où vous êtes veut continuer dans son dessein d'envoyer de ses officiers à Berlin du temps de campement, où ils ne seraient point agréables, d'autant que ce n'est qu'un campement pour voir pendant peu de jours en revue les régiments qui y viendront, de sorte que vous me ferez bien du plaisir, si vous détournez d'une manière convenable et honnête cette cour, sans la choquer ouvertement, de ce dessein, ainsi que vous me l'avez fait espérer par votre dépêche antérieure.
Federic.
Nach dem Concept.
5947. A LA REINE DE SUÈDE A ULRICHSDAHL.
[Potsdam, 3 juillet 1753].
J'ai appris de bon lieu4-1 que d'Havrincourt songe à retourner en France, qu'il sollicite un congé pour aller là travailler à obtenir quelque autre ambassade et, au cas qu'il ne réussisse pas, à demander son rappel. Dans ce cas-là je tâcherai d'obtenir de la France qu'on choisisse à la place d'Havrincourt un sujet doux et modéré qui s'applique plutôt à concilier les esprits que de nourrir les dissensions et qui ne se mêle d'aucune affaire purement domestique de la cour. Je ferai de mon mieux que cet homme nous passe ici sur son chemin en Suède, où je n'oublierai rien pour lui inspirer de bons sentiments.
Quant aux autres affaires, je crois qu'il est difficile d'empêcher dans des républiques où il y a deux partis formés qu'il n'y ait de faux rapports et des babils. Comme cela ne cessera en Suède, tandis que la forme présente du gouvernement existe, le moyen le plus convenable pour en prévenir tout effet fâcheux, est à mon avis de ne pas prendre feu là-dessus, de temporiser et de tâcher à ramener autant qu'il se peut par la douceur et de la modération les esprits revêches.
Federic.
Nach dem Concept. Das Datum ergiebt der Bericht Rohd's, Stockholm 24. Juli 1753. Vergl. S. 34.
5948. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 7 juillet 1753.
La dépêche que vous m'avez faite du 28 dernier, m'a été heureusement rendue. Quant aux disputes du Roi avec son Parlement de Paris qui continuent avec vivacité, rien ne serait plus désirable pour le vrai bonheur de la nation et pour les véritables intérêts du Roi, que s'il prenait le parti de son Parlement dans la querelle dont il s'agit, ce qui lui serait toujours le plus avantageux.
Comme vous m'avez marqué, il y a quelque temps, que le marquis d'Havrincourt pourrait bien être rappelé de son poste en Suède,4-2<5> j'espère que le ministère de France continuera encore dans ce dessein, auquel cas vous devez prendre l'occasion d'insinuer de ma part à M. de Contest adroitement et avec cette délicatesse que vous savez qu'il faut qu'on en use, qu'il serait bien à souhaiter que M. d'Havrincourt fût remplacé par quelque sujet sage et éclairé dont les instructions porteraient qu'il ne se mêlât aucunement des petites affaires qui ne regardaient particulièrement que celles de la famille royale, et qui prît à cœur de concilier au possible les dissensions entre le Roi et le Sénat de Suède, sans se déclarer ouvertement ni pour l'un ni pour l'autre parti, et qui traitât les affaires avec douceur. Vous ajouterez encore que je serais charmé, si M. de Contest voulait diriger l'affaire, supposé qu'un autre ministre fût envoyé en Suède au lieu de M. d'Havrincourt, que celui-là prît son chemin, s'il était possible, par Berlin, pour que je puisse m'expliquer tant soit peu avec lui sur ma véritable façon de penser touchant les affaires de Suède, qui à tous égards convenait à la France.
Federic.
Nach dem Concept.
5949. AU CONSEILLER PRIVE DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Klinggräffen berichtet, Wien 27. Juni: „Je me suis tourné de tous côtés pour savoir de source de quelle façon on s'explique ici sur les mouvements des Tartares et des troupes turques. Tout ce que j'en ai pu tirer indirectement, se réduit à dire qu'on n'entend rien du tout de ce côté-là, que les nouvelles qu'on a de là bas sont toutes bonnes et que les bruits des gazettes ne signifient rien. Cette façon de s'expliquer me paraît des plus suspectes et prouve plutôt qu'on veut dérober, tant qu'il sera possible, la véritable situation des affaires. En attendant, il arrive des courriers successivement de Moscou, et le comte Keyserlingk continue5-1 ses fréquentes et longues conférences. Il a dépêché avant-hier un courrier à sa cour. L'ambassadeur de Venise paraît très intrigué et ne manque pas d'être fort long dans ses conférences avec le comte Kaunitz. Plusieurs lettres et surtout d'Italie parlent des mouvements des Turcs d'une façon à craindre une rupture avec les Russes.“ | Potsdam, 7 juillet 1753. Tout ce que vous continuez de me mander par votre rapport du 27 de juin dernier relativement aux affaires concernant la Turquie, mérite beaucoup d'attention de ma part. C'est aussi par cette raisonlà que vous ne vous épargnerez aucune peine possible pour les approfondir de plus en plus, et vous me marquerez les connaissances ultérieures que vous aurez su vous procurer à ce sujet; d'autant plus que vous comprendrez le mieux à quel point il m'importe d'en être parfaitement au fait. Federic. |
Nach dem Concept.
<6>5950. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Potsdam, 7 juillet 1753.
De la manière que le baron de Bernstorff se prend dans le maniement des affaires en conséquence de ce que vous m'en marquez à la date du 30 dernier, il ne saura manquer qu'il mettra sa cour dans les plus grands embarras, dont à la suite elle aura bien de la peine à se tirer.
Quant à vous, il conviendra que vous profitiez de ses fautes, de manière que vous tâchiez adroitement et sans que vous paraissiez en aucune façon, de charger ce ministre de tout l'odieux et de faire inspirer adroitement aux gens d'affaires, et même, si cela se peut, au public, que tous ces désastres arrivés depuis peu au Danemark n'étaient qu'une suite du peu de ménagement que le ministre Bernstorff avait pour des puissances des plus respectables, et de la façon étrange dont il maniait les affaires du Danemark, qu'il embrouillait à tous égards en se souciant peu des suites qui en arriveraient au grand préjudice du royaume. Qu'il n'était aussi pas à espérer que ces désordres cesseraient, tandis que les affaires resteraient en mains d'un homme né hors du pays, qui n'avait en vue que d'assouvir son orgueil et son ambition et auquel d'ailleurs les vrais intérêts du royaume étaient assez indifférents. Qu'aussi le pays ne serait jamais heureux, avant que la direction des affaires ne fût remise à une personne sage et éclairée des familles distinguées de la nation qui prenne véritablement à cœur son bonheur et les vrais intérêts du Roi.
Je laisse à votre dextérité de faire un bon usage de tout ce que dessus, de la façon que vous la trouverez la plus convenable, sans que vous vous exposiez. Au surplus, vous déchiffrerez vous même le postscriptum que je fais joindre à la suite de cette lettre.
Federic.
P. S.
C'est dans la dernière confidence et sous le sceau du plus grand secret, dont vous me répondrez de votre honneur, que je veux bien vous dire qu'au retour du prince François de Brunswick6-1 j'ai appris que tout ce qu'on [a] débité sur les offres qu'on lui avait faites pour entrer dans le service du Danemark, était absolument controuvé et qu'il n'en avait été jamais question. Que le Roi s'était expliqué assez confidemment envers lui sur l'état des affaires de sa cour, que c'était un prince très bon, plein de sentiment et assez éclairé sur ses affaires, qu'il voyait très bien que ses affaires n'étaient bien maniées par ses ministres, mais qu'il ne savait comment y remédier; qu'il comptait Bernstorff pour un fougueux, Berckentin pour un homme prévenu au<7> parti autrichien et anglais, Dehn pour un babillard et Holstein pour un très honnête homme, mais stupide.
Que, malgré cela, il lui ferait de la peine de faire du changement dans le ministère, vu qu'il ne savait par qui remplacer celui qu'il congédierait, et qu'en conséquence il ne prenait à tâche que de concilier les différents sentiments de ses ministres et de les gouverner ensemble.
Dès que vous aurez déchiffré vous-même et lu ce post-scriptum, je veux absolument que vous le brûliez à l'instant, pour qu'il n'en puisse jamais transpirer la moindre chose; aussi vous défends-je sur votre honneur de n'en parler jamais à qui que ce soit, ni d'en faire la moindre mention.
Nach dem Concept.
5951. AN DEN ETATSMINISTER GRAF FINCKENSTEIN IN BERLIN.
Potsdam, 7. Juli 1753.
Zufolge Ew. Excellenz Befehl habe bei Sr. Königl. Majestät angefraget, ob es Dero Intention entgegen sein dörfte, wann Ew. Excellenz an den Chevalier de La Touche dasjenige communicireten, was ohngefähr an Mylord Maréchal wegen der drei Expedientien7-1 zu Begleichung des Différends mit Engelland, so des Königs Majestät an Frankreich vorschlagen, geschrieben worden. Worauf Höchstdieselbe mir befohlen, an Ew. Excellenz zu melden, wie Dieselbe allerdings an den Chevalier de La Touche Communication thun könnten, jedoch dergestalt, dass zuforderst die an Mylord Maréchal deshalb gerichtete Dépêches wirklich abgegangen wären und eher an Ort und Stelle kommen könnten als dasjenige, so M. de La Touche deshalb an seinen Hof schreiben würde; demnächst aber und insonderheit, dass Ew. Excellenz von erwähntem Chevalier die Versicherung nähmen, dass er niemanden als seinem Hofe davon Communication thun und das grosseste Secret davon menagiren, auch an niemanden davon sagen, noch mit dem schwedischen Gesandten oder dem schwedischen Legationssecretar7-2 daraus sprechen und selbigen Confidence deshalb machen wollte; alsdenn Ew. Excellenz ihm die behörige Communication thun könnten. Ich bin etwas surpreniret worden, als des Königs Majestät den schwedischen Minister und dessen Legationssecretär genannt; es haben aber Höchstdieselbe solches wiederholet und hinzugefüget, dass Ew. Excellenz selbige gegen den Chevalier de La Touche wohl nennen könnten.
Eichel.
Nach der Ausfertigung.
<8>5952. AN DEN ETATSMINISTER GRAF FINCKENSTEIN IN BERLIN.
Michell berichtet, London 26. Juni, nach Eingang der Immediaterlasse vom 8., 16. und 17. Juni:8-1 „Quoiqu'il semble par leur contenu que la France aurait pu faire connaître les sentiments de Votre Majesté sur Ses différends avec cette courci, il ne me revient cependant pas que le marquis de Mirepoix ait reçu encore aucune instruction là-dessus ni que le comte d'Albemarle mande non plus rien d'intéressant à cet égard par ses dernières dépêches au ministère … Pour peu que le ministère français sache s'y prendre, ces différends s'accommoderont et n'auront aucune suite, puisqu'on est toujours disposé à préférer les moyens de conciliation à ceux de violence; mais l'on continue de dire qu'on ne saurait donner de satisfaction à Votre Majesté que d'une façon indirecte et qui ne serve de motif aux sujets des autres puissances de venir faire à l'Angleterre les mêmes demandes que ceux de Votre Majesté.8-2 C'est là tout l'embarras de l'accommodement et qui pourra ou le tirer en longueur ou le faire échouer, si la France, ainsi que je le répète encore, ne s'y prend pas comme il faut, en se faisant promettre une certaine somme d'argent et qu'en même temps Votre Majesté lève l'arrêt mis sur la dette de Silésie. Car d'ailleurs le ministère n'aura garde, malgré son ton ferme, de se tirer à l'heure qu'il est des troubles sur les bras, à la veille d'une nouvelle élection de Parlement, qui fait aujourd'hui son principal objet d'attention et qui commence à l'inquiéter à cause d'une espèce de fermentation qui se forme dans toutes les provinces au sujet du bill passé à la dernière séance pour la naturalisation des juifs, qui fait crier le peuple et augmente les ennemis des ministres, au point que l'on craint que, si ces clameurs continuent, la nouvelle élection ne coûte non seulement beaucoup d'argent, mais, de plus, ne cause beaucoup d'embarras au gouvernement pour obtenir la majorité dans le nouveau Parlement.“ | Potsdam, 8. Juli 1753. Nachdem auch des Königs Majestät occasione des heute erhaltenen Rapports vom 26. voriges von dem Herrn Michell aus London und denen darin angeführeten verschiedenen Particularitäten das Différend mit Engelland betreffend ein und anderes der von Mylord Maréchal dem Marquis de Saint-Contest desfalls zu thuenden Propositionen8-3 halber näher declariret und solches ersterem fordersamst annoch zu rescribiren befohlen haben, so melde deshalb schuldigst, wie Höchstdieselbe wollen, dass dem Lord Maréchal zuforderst zu seiner Direction dasjenige wohl chiffriret communiciret werden soll, was gedachter p. Michell über die Angelegenheit quaestionis berichtet hat. Diesemnächst soll gedachter Mylord zugleich instruiret werden, dem Marquis de Saint-Contest zu sagen, wie Se. Königl. Majestät von guter Hand wüssten, dass das englische Ministère noch allezeit disponiret sei, die Mittel von einer Conciliation über die Sache wegen der englischen Prisen der Gewalt zu präferiren, dass es aber vermeinete, Sr. Königl. Majestät Kaufleute, so lädiret worden, nicht directement Satisfaction geben zu können, weil gedachtes Ministère sonst zu besorgen hätte, dass alsdenn die Unterthanen anderer Puissances ebendergleichen Prätensiones formiren und das gegen Sr. Königl. Majestät Unterthanen geschehene zu einem Exempel allegiren dörften, welches das |
mehrerwähnte Ministère also gerne evitiren und deshalb lieber die Sache mit Sr. Königl. Majestät Kaufleuten ohne Eclat abmachen wolle. Höchstdieselbe wollen demnach an M. de Saint-Contest noch über vorgemeldete drei Expedientia noch das vierte zu seiner näheren Einsicht und behörigem Gebrauch communiciren, dass nämlich, wann das englische Ministère sich gegen Frankreich engagiren und Frankreich es Sr. Königl. Majestät garantiren wollte, dass ersteres nämlich Sr. Königl. Majestät querulirende Kaufleute binnen zu determinirenden kurzen Zeit auf ein gewisses Quantum à proportion der festgestelleten Liquidation (welche Liquidation deshalb dem Lord Maréchal, woferne es nicht schon geschehen, noch sogleich zugesandt werden sollte) in der Stille bezahlen wolle; alsdenn Se. Königl. Majestät den Arrest auf die schlesischen Gelder gleich heben und solche auszahlen, auch wohl Commissaires schicken wollten, die pro forma wegen letzterer liquidiren sollten. Was das zu determinirende Indemnisationsquantum vor Sr. Königl. Majestät Kaufleute anlangete, da solle Mylord Maréchal dem Marquis de Saint-Contest die desfalls gemachte und bisher festgesetzte Liquidation zustellen und ihm dabei sagen, dass er oder das französische Ministerium solche examiniren und sehen möchten, was billig wäre, dass die Engelländer Sr. Königl. Majestät Kaufleuten gut thun müssten. Se. Königl. Majestät glaubten aber, dass alles bereits so billigmässig gesetzet wäre, dass das französische Ministère insistiren werde, damit von der Totalsumme nicht über 30,000, höchstens 40,000 Reichsthaler abgingen und ausfallen müssten. Alle vorberührte Expedientia communicireten Se. Königl. Majestät dem Marquis de Saint-Contest zu seiner Erwägung und um davon convenablen Gebrauch in Engelland machen zu lassen; nur allein müssten Sie den Marquis de Saint-Contest erinnern und ersuchen, von diesen Expedientien nicht auf einmal zugleich Gebrauch zu machen, sondern solche allgemach und nach einander proponiren zu lassen, indem sonst das englische Ministère, wenn alles auf einmal proponiret werde, solches als ein grosses Empressement annehmen und dadurch noch roider und fièrer werden dörfte. Ew. Excellenz würden also hiernach das erforderliche sehr wohl und deutlich mit dem fordersamsten expediren lassen, auch dabei dem Saint-Contest recommandiren lassen, dass alles mit einer Sr. Königl. Majestät dignen Art geschehen und Dero Gloire in nichts committiret werde. Wobei schliesslich nochmalen das Secret von dieser Sache und Expedition recommandiren soll. Eichel. |
Nach der Ausfertigung.
<10>5953. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Potsdam, 10 juillet 1753.
Je vous sais infiniment gré des particularités que vous m'avez marquées par votre dépêche du 3 de ce mois, d'autant plus que le prince de Brunswick n'en a laissé rien échapper à son retour.10-1 Comme elles sont très intéressantes, vous ne manquerez pas de les poursuivre sous main et de me mander exactement et de manière de pouvoir m'y fier ce que vous pourrez approfondir sur ce sujet.
Federic.
Nach dem Concept.
5954. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE ROHD A STOCKHOLM.
Potsdam, 10 juillet 1753.
J'ai reçu la dépêche que vous m'avez faite du 29 dernier. Vous remercierez le plus poliment le baron de Hœpken de la communication qu'il vous a faite de ce que ce comte de Posse lui avait mandé de Moscou par rapport à l'ordre que la cour de Russie doit avoir donné à un corps de 50,000 hommes de se tenir prêt à marcher en la Livonie. Vous le prierez d'ailleurs de vouloir bien continuer à vous faire part de ce qu'il apprendra à la suite sur ce sujet. Il m'en était arrivé déjà quelque avis de cet ordre par un certain canal, mais jusqu'ici il m'a été difficile à me persuader que cet ordre se réaliserait, vu la distance éloignée des quartiers de ces troupes qui ne sauraient arriver en Livonie que dans une saison fort avancée et que je sais d'ailleurs que la Russie ne veut point se remuer en faveur du roi d'Angleterre, à moins qu'il ne veuille lui accorder un gros subside pour soutenir les frais.
Au surplus, ayez soin que le chiffre ci-clos parvienne de la manière la plus sûre aux mains propres de la reine, de Suède, ma sœur.
Federic.
Nach dem Concept.
5955. A LA REINE DE SUÈDE A ULRICHSDAHL.
[Potsdam, 10 juillet 1753].
Nous venons d'apprendre de très bon lieu une nouvelle qui m'a frappé par sa singularité, mais dont le plus grand secret m'a été demandé avec instance. C'est que le roi de Danemark parle à présent constamment avec ses plus confidents de la guerre et témoigne avoir<11> des desseins sur la Scanie, comme la possession de ses pères, et qu'il en était tout occupé. Il est assez problématique de juger de ce dessein; si on l'envisage réellement, il serait de la dernière imprudence d'en laisser transpirer la moindre chose; mais en comparant ces discours avec l'état où sont les affaires en Danemark, ils sauraient mériter quelque réflexion. Le ministre Bernstorff s'est appliqué à faire naître à son maître le goût militaire; l'on croit qu'il y a parfaitement réussi et que ce ministre pourrait bien lui avoir fait envisager de loin la possibilité de la conquête du patrimoine de ses ancêtres. L'on remarque par les discours qui échappent à ce ministre fougueux, qu'il croit sa cour infiniment supérieure à celle de Suède, et que, selon son sentiment, elle ne devrait plus être liée avec la Suède que le temps qu'il faut pour bien lier la partie en faveur de quelque changement de scène. L'on dit, de plus, que la conduite qu'on tenait actuellement à la cour de Danemark avec les ministres étrangers, y répondait parfaitement; on ne cherchait qu'à endormir le baron Fleming, et l'on remarquait toujours entre les ministres du parti opposé et le ministère danois une intelligence parfaite, le ministre autrichien paraissait même plein d'espérance. L'empressement qu'on témoignait de former une armée, devrait faire croire qu'on se propose quelque objet de plus, et les campements étaient réglés de manière qu'il y en aurait près de Copenhague du temps de la future Diète en Suède.
Federic.
Nach dem Concept. Die Antwort der Königin von Schweden auf dieses Schreiben und auf das vom 3. Juli (Nr. 5947) datirt Drottningholm 31. Juli 1753.
5956. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 10 juillet 1753.
Je me remets à l'ample dépêche que je vous fais aujourd'hui du département des affaires étrangères touchant l'avis qui m'est venu de Londres sur la disposition du ministère anglais par rapport à l'affaire des prises maritimes et à l'expédient que vous aurez encore à proposer à M. de Saint-Contest pour aplanir ce différend sans exposer ma dignité;11-1 aussi exécuterez-vous avec toute l'exactitude possible tout ce dont cette dépêche bien détaillée vous instruira.
De plus, je veux bien vous instruire, quoique sous le sceau du dernier secret, que le prince François de Brunswick, qui est colonel chef d'un régiment d'infanterie en mon service et qui vient de retour ici d'un voyage qu'il a fait avec mon agrément à Copenhague pour y rendre visite à la reine de Danemark sa sœur, nous a appris11-2 que Leurs Majestés de Danemark lui avaient tenu des discours assez extraordinaires par rapport à des desseins que le roi de Danemark doit<12> témoigner avoir conçus sur la Scanie; que Sa Majesté Danoise parlait constamment de la guerre et témoignait avoir des desseins sur la Scanie comme la possession de ses pères; qu'il en entretenait la Reine journellement et qu'il en était tout occupé.
Il est assez problématique de juger dans quel dessein on en a parlé si clairement au Prince; car, si on envisage réellement un pareil dessein, il serait de la dernière imprudence d'en laisser transpirer la moindre chose, de sorte que je n'ai pu d'abord regarder ce propos du roi de Danemark que comme un conte fait à plaisir pour se donner peut-être un air de conquérant; mais en comparant ce propos avec l'état où sont les affaires à la cour de Danemark, j'ai cru qu'il méritait quelque réflexion; c'est pourquoi je veux que vous en instruisiez dans la dernière confidence [le marquis de Saint-Contest], à quelque occasion, quand vous sauriez l'entretenir seul, et après avoir tiré de lui sa parole qu'il m'en garderait le secret le plus absolu là-dessus, ni ne nommerait surtout jamais le prince de Brunswick qui m'a fait part de ce propos, puisque, si jamais la moindre chose en transpirait, je ne saurais que m'attendre à beaucoup d'inconvénients et à perdre tous les canaux par où je puis tirer des avis utiles et intéressants; enfin, que vu l'estime particulière que j'avais pour M. de Saint-Contest, et la confiance sans bornes que j'avais mise en lui, je lui faisais part de cette anecdote, me fiant absolument sur sa discrétion.
Au surplus, l'on remarque à la cour de Copenhague que le baron de Bernstorff s'est appliqué à faire naître au roi de Danemark le goût militaire, en quoi il paraissait qu'il n'avait pas mal réussi. L'on en peut, je crois, inférer que c'est apparemment ce ministre qui pourrait bien lui avoir fait envisager de loin la possibilité de la conquête du patrimoine de ses ancêtres et qu'un tel point de vue eût fait une vive impression sur l'esprit du Roi son maître. Au reste, ces vraisemblances se fortifient par l'avis que j'ai que par les pratiques continuelles du ministre de Bernstorff et par ses insinuations la cour de Danemark se croit à l'heure qu'il est infiniment supérieure à celle de Suède, de sorte que quelqu'un là, confident du ministre et qui est bien informé de ses sentiments, a fait entendre depuis peu que ce n'était plus le temps aujourd'hui où il était de l'intérêt du Danemark d'être lié avec la Suède.
L'on remarque, au surplus, que la conduite qu'on tient là avec les ministres étrangers, y répond parfaitement; qu'on ne cherche qu'à endormir le ministre de Suède et que l'on remarquait toujours entre les ministres du parti opposé et le ministère danois une parfaite intelligence, et que le ministre de l'Empereur12-1 paraissait même plein d'espérance; qu'au reste les campements étaient réglés de manière qu'il y en aurait près de Copenhague du temps de la Diète future en Suède, et<13> que l'empressement qu'on témoignait de former une armée, devrait faire croire qu'on se propose quelque objet de plus.
Je finis en vous remerciant de l'attention que vous avez eue envers moi en m'avertissant d'un moulin portatif de nouvelle invention, et j'attendrai de voir le modèle que vous m'en avez procuré, au retour du sieur Lefebvre.
Federic.
Nach dem Concept.
5957. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 10 juillet 1753.
Ne soyez pas trop en peine des chipoteries et des conférences suivies entre les ministres autrichiens et le comte Keyserlingk. Selon les conjectures que j'en fais, ces conférences peuvent rouler sur deux objets, le premier par rapport aux mouvements des Tartares et aux préparatifs de guerre que font les Turcs, à l'occasion desquels je veux bien vous informer que le ministre de Suède à ma cour vient de nous dire qu'un corps de troupes russes de 10,000 hommes qui s'était tenu jusqu'ici aux environs de Moscou, était actuellement mis en marche, que sa cour en avait eu des avis certains, et qu'on se disait à l'oreille que ce corps dirigeait sa marche vers les frontières de Perse. Comme cette dernière circonstance ne me paraît pas vraisemblable, je suis plutôt tenté de croire que ces troupes marchent du côté des Turcs et qu'on ne parle de la Perse que pour donner le change.
L'autre objet de ces conférences peut être aussi l'affaire des Serviens qui sont sortis de la Hongrie pour aller s'établir dans l'Ukraine russe. Vous vous souviendrez qu'il y a quelques mois déjà que je vous ai averti des bisbilles qui s'étaient élevées à cette occasion entre les deux cours impériales;13-1 j'ai appris du depuis que cette affaire a risqué de brouiller les deux cours, celle de Vienne ayant refusé absolument de laisser sortir ces gens de la Hongrie, malgré les instances que la cour de Russie avait faites de ne point empêcher ces gens attachés à là religion grecque de sortir du pays pour s'établir en Russie. Comme l'impératrice de Russie, poussée par un zèle pour la religion grecque et par les impulsions d'un abbé favori de Russie, a fait répondre fort vivement par un mémoire par écrit à l'occasion de ce refus, et que le ministre autrichien n'a point voulu se charger d'envoyer ce mémoire à sa cour, le grand-chancelier Bestushew, qui était alors à Pétersbourg avec Pretlack, est convenu avec celui-ci qu'on renverrait ce mémoire au comte Woronzow, avec instance de vouloir bien faire en sorte que les termes en fussent changés et plus modérés. Sur quoi, et après que le comte Woronzow en a fait son rapport à sa souveraine, elle a ordonné<14> que non seulement ce mémoire dût rester tel qu'il était conçu, mais qu'on l'avait accompagné d'un second mémoire en termes encore plus durs que le premier, qu'on avait envoyés au comte Keyserlingk avec ordre de les présenter tous deux, tels qu'ils étaient conçus, à la cour de Vienne; ce qui étant exécuté, l'Impératrice-Reine en a été extrêmement mécontente et choquée. Si cette anecdote, que je ne vous communique que pour votre direction seule, est exactement vraie, comme elle me l'a été assurée, il se peut que cela fasse encore le deuxième objet des fréquentes conférences du comte de Keyserlingk.
Je me rapporte, au reste, à la dépêche ordinaire des ministres que vous recevrez à la suite de celle-ci pour ce qui regarde les dernières nouvelles que nous avons eues de Hollande touchant les menées du roi d'Angleterre et le succès qu'elles ont eu à ses cours alliées.
Quant au jeune homme qu'on vous enverra pour lui faire apprendre la pâtisserie et mêts de farine, je serai bien aise que vous le fassiez mettre en apprentissage quelques semaines à Vienne et que vous l'envoyiez à la suite à Munich avec recommandation pour pouvoir s'y perfectionner.
Federic.
Nach dem Concept.
5958. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A COMPIÈGNE.
Potsdam, 13 [juillet 1753].
Enfin mon cher Milord, je me crois sorti d'affaire avec le poète14-1 et sa nièce qui, comme vous le dites, pourrait bien être une aimable carogne aussi malicieuse que monsieur son oncle. Ces gens ont joué des tours pendables à mon résident Freytag à Francfort-au-Main, et ce dernier rend grâces au Ciel d'en être délivré. Le poète a demandé à la reine de Hongrie d'entrer à son service; celle-là lui a fait répondre ingénieusement que Voltaire n'avait de place que sur le Parnasse, et comme il n'y en avait pas à Vienne, on ne pourrait l'y recevoir convenablement. Sur quoi, le poète s'est adressé au Roi mon oncle, en lui demandant une pension de 800 livres sterling par an; c'était demander sa maîtresse à un héros de roman. Le roi d'Angleterre a fait une mine affreuse à cette proposition et a juré de ne jamais lire les vers d'un poète qui voulait ruiner l'Angleterre. On dit que sur cela Voltaire avait écrit en France pour y négocier son retour, mais que d'Argenson la Guerre14-2 lui avait écrit qu'il ferait bien de ne pas remettre le pied dans le royaume. Quant à cette dernière circonstance, vous pouvez en être mieux informé que nous le sommes ici, et je vous la mande sous le nombre des on dit.
<15>Adieu, mon cher Milord; votre frère a eu une petite attaque d'asthme qui est presque passée. Je vous embrasse mille fois.
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig. In dorso von der Hand des Empfängers: „Du Roy 13 juillet 1753.“
5959. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A COMPIÈGNE.
Potsdam, 14 juillet 1753.
Je ne puis aujourd'hui que me remettre au contenu de l'ample dépêche de mes ministres qui vous parviendra à la suite de celle-ci, qui remplit tout ce que j'avais à vous dire touchant les avis qui nous sont parvenus derechef par les dernières dépêches d'Angleterre relativement à mes différends sur les prises maritimes et sur la façon dont les ministres anglais voudraient bien aplanir ces différends. Je trouve cependant nécessaire de rectifier ce que ladite dépêche de mes ministres vous ordonne, savoir que vous ne deviez vous servir de ces avis que pour votre seule direction; car tout au contraire mon intention est que vous devez informer confidemment M. de Saint-Contest de ce que nous avons appris réitérativement des intentions du ministère anglais, pour aplanir les différends avec moi, et que, selon les apparences, la réponse que le duc de Mirepoix aurait d'eux, ne serait point déclinatoire.15-1
Il faut que je vous ordonne la même chose par rapport à ce que la dépêche de mes ministres vous marque touchant l'avis que nous avons reçu de l'arrangement secret qui a été fait par la cour de Vienne avec les ministres du duc de Modène relativement au mariage à faire entre l'archiduc Pierre et la princesse héréditaire de Modène, et je veux qu'indépendamment que M. de Contest soit instruit déjà ou non de cette affaire, vous l'en deviez informer de ma part et le fassiez réfléchir sur les vues, quoique éloignées, de la cour de Vienne d'agrandir ses possessions, et particulièrement en Italie. Au surplus, vous verrez par la copie ci-jointe d'une lettre que le comte de Neal m'a faite touchant un de ses vaisseaux que les gardes-côtes espagnols ont enlevé dans les mers d'Amérique, et de quelle manière il demande mon intercession afin que le vaisseau avec les effets lui soit restitué. Aussi veux-je bien que vous parliez en sa faveur au ministre d'Espagne à là cour de France.15-2
Vous observerez cependant que mon intention n'est du tout que vous parliez ministérialement au ministre d'Espagne de cette affaire, mais seulement par manière d'acquit.
Federic.
Nach dem Concept.
<16>5960. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Michell berichtet, London 29. Juni, der Marquis Mirepoix habe am 27. eine lange Conferenz mit dem Herzog von Newcastle gehabt, ohne bisher von dem letzteren eine Antwort erhalten zu haben. „Comme le propre intérêt et la situation de ces gens-ci exigent qu'on ne fasse pas naître de chicanes pour faire traîner en longueur cette affaire, et qu'on y est toujours disposé à préférer les moyens de conciliation à tout autre, il faut présumer que la réponse que cette cour donnera, ne sera pas déclinatoire.“ | Potsdam, 14 juillet 1753. Je vous sais gré des informations préalables que vous m'avez données relativement à ]a conférence que l'ambassadeur de France a eue avec le duc de Newcastle au sujet de mes différends avec la cour de Londres. J'attends que la France m'instruise de ce qu'elle a fait proposer et des sentiments que le ministère anglais a fait paraître làdessus; car d'autant que j'ai remis cette affaire dans les mains de la France, il ne me convient plus de faire d'autres propositions. Federic. |
Nach dem Concept.
5961. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 14 juillet 1753.
Je ne saurais aujourd'hui que vous renvoyer à l'ample dépêche que le département des affaires étrangères vous a faite sur ce qui regarde les affaires publiques, qui remplit tout ce que j'avais à vous dire. J'ajoute seulement que j'ai été bien aise d'apprendre par votre post-scriptum immédiat que, vu les raisons que vous alléguez, la cour où vous êtes ne se trouve pas à même de songer à des augmentations de ses troupes. Au reste, continuez d'avoir de l'attention sur les nouvelles de Turquie et mandez-moi ce qui vous en reviendra; jusqu'à présent l'on continue à me marquer que les ministres des deux cours impériales sont bien en appréhensions des desseins de la Porte touchant son armement.
Federic.
Nach dem Concept.
5962. AU PRINCE DE PRUSSE A SPANDAU.
[Potsdam, juillet 1753].16-1
Mon cher Frère. Je suis charmé de vous voir si appliqué à votre régiment. Le proverbe dit : L'œil du maître engraisse le cheval; je ne doute point du bien que cela fera à votre régiment d'infanterie, et à celui de cavalerie de même, si vous le voyez. Vous n'avez qu'à<17> recevoir, mon cher frère, La Touche et Glaubitz ; ces gens verront une plaine auprès de Spandau et rien de plus. Il y a peu d'officiers qui se donnent toutes les peines qu'il faut pour examiner le détail d'un terrain; La Touche n'a pas assez de lumières pour cela, et Glaubitz ira pour lui tenir compagnie. Je suis avec une parfaite amitié, mon très cher frère, votre fidèle frère et serviteur
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
5963. AN DAS DEPARTEMENT DER AUSWÄRTIGEN AFFAIREN.
Podewils und Finckenstein überreichen, Berlin 16. Juli, ein Schreiben des Churfürsten von der Pfalz, d. d. Schwetzingen 9. Juli, mit den Protokollen über seine Ausgleichsverhandlungen mit dem wiener Hofe. „L´Électeur, après avoir reconnu dans les termes les plus expressifs qu'il était uniquement redevable à Votre Majesté de la facilité que la cour de Vienne marquait de finir une bonne fois avec lui, proteste qu'il ne fera aucune démarche ultérieure à cet égard que de concert avec ses alliés : que, pour cet effet, il avait déjà envoyé le même détail aux cours de Versailles et de Bonn … II paraît en effet, par les rapports du baron de Beckers, que l'attente de l'Électeur n'est pas mal fondée, quoique nous ne puissions nous dispenser d'observer à Votre Majesté que le projet de la convention que ce ministre a proposé à la cour de Vienne17-1 et qu'il croît qu'elle pourra accepter, diffère en divers points d'avec celui qui a été concerté avec le baron de Wrede à Paris,17-2 particulièrement en ce que le concours de tous les Électeurs n'y est stipulé que comme une promesse volontaire de la cour de Vienne et fort en passant, dans l'article 7, et non pas comme une condition absolument nécessaire et avec tant de force et de précision que dans le premier article du projet arrêté en France.“ | Potsdam, 17. Juli 1753. Die Communication mit beiden Höfen ist recht gut, aber mit der Capitulation bin Ich nicht eines, denn Mein Ceremoniel bei der Hommage oder Lehnsempfängniss ist keine Innovation, sondern schon zu des letztverstorbenen Kaisers Zeiten reguliret, überdem aber in dem Dresdenschen Friedensschluss stipuliret worden, dass es dabei sein Verbleiben hat.17-3 |
Mündliche Resolution. Nach Aufzeichnung des Cabinetssecretärs.
<18>5964. AU SECRÉTAIRE BENOIT A VARSOVIE.
Potsdam, 17 juillet 1753.
Je ne saurais qu'approuver beaucoup la conduite que vous me mandez par votre rapport du 7 de ce mois avoir tenue à l'égard de quelques-uns de nos amis, en leur donnant l'éveil pour qu'ils tâchassent de se procurer des avis sûrs et exacts sur ce qui se passe sur les frontières de Turquie relativement aux mouvements des Tartares et des Turcs, et vous ne sauriez rien faire de mieux que de continuer à me faire vos rapports de tout ce qui en parviendra à votre connaissance
Federic.
Nach dem Concept.
5965. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Michell berichtet, London 6. Juli: „Le ministère s'est enfin expliqué avec M. de Mirepoix sur les moyens que celuici avait proposés pour ajuster les différends qui subsistent entre Votre Majesté et cette cour-ci. La réponse de ces gens-ci n'est ni déclinatoire ni ne porte, suivant moi, non plus à rien, le duc de Newcastle s'étant contenté de déclarer à cet ambassadeur que l'on était prêt à donner ici toute satisfaction raisonnable aux sujets de Votre Majesté, mais qu'on ne pouvait pas s'écarter pour cet effet de la voie des tribunaux, qui seuls pouvaient connaître de la nature de ces affaires.“ | Potsdam, 17 juillet 1753. J'ai été bien fâché d'apprendre par votre dernière dépêche que l'ambassadeur de France ait si mal débuté à la première explication qu'il a eue avec le duc de Newcastle sur les moyens pour ajuster les différends entre moi et la cour où vous êtes, et ne saurais qu'applaudir aux réflexions que vous ajoutez. Il faudra voir Cependant ce que la France me fera parvenir à cet égard. En attendant, je serai bien aise, si vous saviez faire insinuer adroitement, et sans que vous y paraissiez, au duc de Newcastle, par quelqu'un de vos connaissances qui a entrée chez lui, que ce n'était pas le moyen d'accommoder ce différend que de vouloir user de longueurs, et qu'il fallait agir de la bonne manière avec moi pour parvenir au but, vu que je ne me laisserais jamais jeter le frein par-dessus la tête. Federic. |
Nach dem Concept.
5966. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A COMPIÈGNE.
Potsdam, 17 juillet 1753.
Comme le rescrit du département des affaires étrangères à la date d'aujourd'hui vous a déjà informé en partie de ce que nous avons de nouvelles d'Angleterre en dernier lieu relativement à l'explication que le duc de Mirepoix a eue avec le duc de Newcastle pour terminer l'affaire des prises maritimes, j'ai trouvé nécessaire pour votre direction d'y<19> suppléer encore que le langage que le duc de Newcastle a tenu, ne porte à rien, et que ce n'est du tout le moyen de finir l'affaire que de vouloir obliger de nouveau mes sujets de venir plaider leur cause devant les tribunaux de ce pays-là. Si mes lettres de Londres accusent juste, comme je le suis pourtant persuadé, le ministère anglais serait dans le fond charmé d'être quitte de ces différends, et, pourvu que l'ambassadeur lui parle avec tant soit [peu] de fermeté, rien ne serait plus aisé que de faire convenir ces gens-là de l'incongruité du propos du duc de Newcastle et de leur faire prendre un meilleur parti; car, selon mes lettres susdites, le ministère anglais ne voudrait que se mettre à couvert tant des recherches de la nation que des autres puissances. Elles ajoutent que l'expédient le plus convenable pour mettre à l'abri les ministres d'Angleterre de toute recherche et qui pourrait être fort goûté là, serait de convenir d'une certaine somme d'argent pour satisfaire à mes sujets que je leur ferais distribuer moi-même, moyennant quoi je paierais alors le reste de la dette de la Silésie. Comme cet expédient revient à peu près à ce que je vous ai déjà mandé par rapport aux expédients à proposer à M. de Contest,19-1 je laisse à votre discrétion si vous trouvez convenable de l'informer de tout ce que dessus; mais ce que je vous ordonne expressément, c'est d'insinuer de ma part à ce ministre que, bien que je sois persuadé, tout comme lui, que l'affaire en question était un objet de trop peu d'importance pour devoir causer une guerre, néanmoins, après m'être tant avancé dans cette affaire comme j'avais fait par le passé, je ne saurais point me donner un démenti ni faire un pas en arrière sans un accommodement honorable; que je ne saurais jamais gagner sur moi de me faire prescrire des lois des ministres anglais dans une affaire où tout le bon droit était de mon côté, et, bien que je me prêterais à un accommodement, je voudrais cependant que tout se fît avec dignité et avec une décence convenable à ma gloire, et que je n'en voudrais point saigner du nez.
Au surplus, je goûte parfaitement le bon conseil que M. de Contest m'a donné par rapport à l'affaire du prince Louis de Würtemberg.19-2 Du reste, vous communiquerez sans hésiter à ce ministre ce que le rescrit du Département vous marque touchant les particularités du traité fait entre la cour de Vienne et le duc de Modène.19-3
Federic.
Nach dem Concept.
<20>5967. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 17 juillet 1753.
Je vous sais gré des bonnes informations que vous m'avez données touchant la convention arrêtée entre la cour de Vienne et le duc de Modène;20-1 vous me ferez plaisir de continuer à me marquer tout ce qui vous reviendra sur ce sujet.
Des lettres particulières de Russie, tout comme les gazettes publiques, ont débité une nouvelle montre que la Russie voudrait faire encore cette année-ci, en assemblant un corps de troupes de 60,000 hommes en Livonie20-2 et en faisant appareiller sa flotte. Je ne saurais regarder encore ces bruits que comme inventés pour donner apparemment de l'appréhension à moi et à la Suède, et doute fort que la Russie soit en état dans le moment présent de faire une pareille ostentation. Au reste, les bruits par rapport aux mouvements des Turcs et des Tartares continuent, quoiqu'on n'y saurait voir clair et avec précision là-dessus.
Federic.
Nach dem Concept.
5968. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Potsdam, 17 juillet 1753.
De la manière mal avisée avec laquelle le baron de Bernstorff continue à conduire les affaires de la cour de Danemark, en conséquence de ce que vous m'en rapportez par votre dépêche du 10, il est fort à présumer qu'il attirera bien des méchantes affaires à cette cour et qu'on fera force de sottises. Quant au dessein d'envoyer des officiers à ma cour ou au campement que j'assemblerai pour voir une partie de mes régiments en revue,20-3 j'approuve la conduite que vous avez tenue pour faire évanouir ce dessein; aussi vous vous donnerez tous les mouvements que vous trouverez les plus convenables pour qu'on n'y songe plus. Mais dans le cas [qu'on voulût] envoyer des gens déguisés, vous vous appliquerez à bien vous imprimer la taille, le port, les visages de ces gens, tout comme la manière dont ils se coiffent, pour m'en faire une description de chacun de ces gens tout en détail et aussi circonstanciée et exacte, comme si c'étaient des portraits faits d'un peintre d'après nature et aussi bien caractérisés que, malgré tout déguisement, on sache les reconnaître d'abord par la description que vous m'en aurez faite.
Federic.
Nach dem Concept.20-4
<21>5969. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 21 juillet 1753.
J'abandonne pour cette ordinaire à mes ministres le soin de vous instruire sur les nouvelles que nous avons par rapport aux affaires publiques; je me borne à vous dire que, selon nos lettres d'Angleterre, de France et de Suède, les cours respectives déclarent de n'avoir jusqu'ici aucune nouvelle que les Turcs remuent actuellement contre la Russie, ainsi que tout ce que nous avons appris sur ce sujet, reste encore douteux. J'espère d'avoir au premier jour de sûres nouvelles des frontières de Pologne là-dessus, que je ne manquerai pas de vous communiquer, dès qu'elles m'arriveront; en attendant, je vous saurais tout le gré possible, quand vous saurez apprendre et me communiquer quelque chose de précis à ce sujet là où vous êtes.
Quant à mes différends avec la cour de Londres, je me persuade que l'affaire sera aimablement aplanie; car, autant que je sais, le ministère anglais voudrait bien être quitte de bonne grâce de ces différends.
Au surplus, le premier vaisseau de la compagnie d'Emden est déjà de retour à Emden,21-1 et pour ce qui regarde le second vaisseau de cette compagnie, il ne saurait être de retour que l'année qui vient.
Federic.
Nach dem Concept.
5970. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A COMPIÈGNE.
Potsdam, 21 juillet 1753.
C'est ne point à nous de nous mêler des intrigues que celles de travailler à faire déplacer Madame de Pompadour par mademoiselle de Murphey ou autrement; aussi je n'y songerai jamais, mais, si la chose arrivait, nous pourrions bien nous en consoler.
Comme des lettres de particuliers en Angleterre, tout comme les gazettes publiques, débitent qu'il y a eu depuis peu plusieurs émeutes du peuple dans différentes contrées et villes dans le royaume, et qu'on remarque un grand mécontentement contre le Roi, vous qui connaissez parfaitement la carte du pays, vous m'obligerez, si vous voulez bien me marquer si toutes ces émeutes ne sont que des bagatelles qui ne tirent nullement à conséquence, ou si elles sauront embarrasser le Roi et son Conseil. J'attends le rapport que vous n'adresserez qu'à moi seul et immédiatement.
Federic.
Nach dem Concept.
<22>5971. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Potsdam, 21 juillet 1753
D'autant que vous faites mention dans votre rapport du 10 de ce mois des fréquentes conférences qu'il y a à Vienne entre le comte Kaunitz et le comte Keyserlingk et des nouvelles que le comte de Tschernyschew attend de sa cour pour recommencer ses chipoteries, je veux bien vous faire part dans la dernière confidence et sous le sceau d'un secret impénétrable d'un avis très secret22-1 que j'ai eu dernièrement sur ce sujet de Russie de très bonnes mains.
Il s'agit de la négociation du sieur Guy Dickens avec le chancelier Bestushew par rapport à un corps de troupes russiennes contre un subside à payer, prêt à marcher sur la réquisition de la cour d'Angleterre en cas d'attaque de ma part, dont on me marque que ladite négociation était avancée au point qu'il ne s'agissait actuellement que de faire signer à l'Impératrice les propositions mises en avant par ses ministres et déjà préalablement approuvées de cette Princesse touchant la manière et les conditions sous lesquelles la cour de Russie s'engagerait à tenir en Livonie et près de la Mer Baltique un corps de troupes prêt à marcher pour le service de la Grande-Bretagne, en suite de quoi il ne resterait aux chanceliers de Russie que de livrer au sieur Guy Dickens par écrit une réponse complète et satisfaisante sur le mémoire qu'il leur avait remis à ce sujet; que les dissipations fréquentes de l'Impératrice avaient empêché jusque là de mettre cela à l'exécution, mais que, cette souveraine ayant ordonné à ses ministres de la suivre à Troiza, ceux-ci avaient espéré qu'ils rencontreraient là le moment favorable de lui faire passer la signature désirée; que ce qu'il y avait de surprenant dans la conduite de cette affaire, était que — nonobstant que cette négociation était actuellement si peu parvenue encore à sa consistance qu'on ne s'était pas même ouvert, encore d'une manière détaillée au ministre anglais sur les demandes qu'on ferait, lesquelles par conséquence n'étaient ni connues ni agréées du roi d'Angleterre — on faisait pourtant déjà des arrangements militaires, comme si l'affaire était entièrement portée à sa maturité. L'on ajoute qu'au cas que l'Angleterre agréerait les conditions qu'on lui demanderait, l'intention de la Russie était d'assembler en Livonie et à la Mer Baltique jusqu'à 70,000 hommes, dont 56,000 seraient donnés à l'Angleterre pour le compte des subsides, et que, quand la réquisition de ceux-ci serait faite, on ferait marcher effectivement pour remplir ses engagements antérieurs avec cette couronne jusqu'à 70,000 hommes, afin de pouvoir agir d'abord en cas d'évènement. Au surplus, l'on m'apprend que l'Impératrice étant revenue de Troiza à Moscou avec les deux Chanceliers dans sa suite, sans y avoir pu voir<23> cette Princesse, la négociation du sieur Guy Dickens en était encore dans les termes ci-dessus rapportés, qu'en attendant le chancelier Bestushew s'était ouvert envers lui que la Russie demanderait à l'Angleterre, le cas existant de la réquisition des troupes, trois millions d'écus de Hollande et un million pour tenir prêtes les troupes, mais qu'on se contenterait, au cas que les mesures vigoureuses qu'on prendrait, dussent rétablir la tranquillité peu de temps après la réquisition faite, de ne toucher ces subsides que jusqu'au temps que le corps des troupes russiennes aurait regagné ses frontières.
Je vous communique tout ce long détail, afin que vous sachiez aviser et me mander fidèlement si les propositions ci-dessus mentionnées sauraient bien être goûtées du ministère anglais, et si on voudra se résoudre à payer la somme de subsides susmentionnée. J'attends votre rapport là-dessus, que vous m'adresserez immédiatement.
Federic.
Nach dem Concept.
5972. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A COMPIÈGNE.
Potsdam, 24 juillet 1753.
Comme un effet d'hasard a fait tomber entre mes mains des dépêches assez importantes et secrètes23-1 au sujet de la commission dont le ministre anglais à la cour de Russie, le sieur Guy Dickens, est actuellement chargé, pour négocier contre un subside à payer un corps de troupes russiennes pour être prêt à marcher sur la réquisition de la cour d'Angleterre, en cas d'attaque de ma part, j'ai trouvé bon de vous tout communiquer à la suite de cette dépêche par l'exprès qui vous la rendra. J'ai fait mettre ces avis sur une feuille séparée ci-jointe qui a été chiffrée avec votre chiffre immédiat de l'année 1751 dont vous ne vous servez plus à présent, et mon intention est qu'après que vous aurez fait déchiffrer cette feuille par quelque main confidente, vous ne devez pas encore en faire communication à M. de Contest, mais la garder soigneusement sous votre clef, jusqu'à ce que je vous enverrai un nouvel ordre de la communiquer à ce ministre. Ce que vous ferez, alors, dans quelque entretien secret que vous lui demanderez, en lui laissant lire d'un bout à l'autre ce que cette feuille contient.
Au surplus, vous me garderez, en attendant mon nouvel ordre à ce sujet, le secret le plus absolu là-dessus et n'en ferez mention dans aucune de vos dépêches, sinon dans celles que vous m'adressez immédiatement. Je serais bien aise cependant de savoir votre sentiment si vous croyez que le ministère anglais saurait bien goûter les propositions que les ministres russiens lui ont faites, et si les ministres anglais oseront charger la nation, sans aucune nécessité pressante et sur des raisons frivoles, d'un subside aussi fort que la Russie demande.
Federic.
<24>La commission dont le sieur Guy Dickens est chargé de négocier contre un subside à payer un corps de troupes russiennes, prêt à marcher sur la réquisition de la cour d'Angleterre en cas d'attaque de la part du roi de Prusse, était si avancée au commencement du mois dernier de juin qu'il ne s'était agi actuellement que de faire signer à l'Impératrice les propositions mises en avant par ses ministres et déjà préalablement approuvées de cette Princesse touchant la manière et les conditions sous lesquelles la cour de Russie s'engagerait à tenir en Livonie et près de la Mer Baltique un corps de troupes prêt à marcher pour le service de l'Angleterre, ensuite de quoi il ne resterait aux chanceliers que de livrer au sieur Guy Dickens par écrit une réponse complète et satisfaisante sur le mémoire qu'il leur avait remis à ce sujet; mais que les dissipations fréquentes de l'impératrice de Russie avaient empêché alors de mettre cela à exécution, et, bien que cette Princesse eût ordonné à ses ministres de la suivre à Troiza, elle en était retournée à Moscou avec ses ministres dans sa suite, sans que ceux-ci avaient pu lui parler d'affaires. Ce qu'il y avait eu de surprenant dans la conduite de ces ministres, c'avait été que — nonobstant que cette négociation était si peu parvenue encore à sa consistance ils ne s'étaient pas même ouverts encore d'une manière détaillée au ministre anglais sur les demandes qu'on ferait, lesquelles n'étaient par conséquent ni connues ni agréées du roi d'Angleterre, — néanmoins les susdits ministres avaient fait déjà des arrangements militaires, comme si l'affaire était entièrement parvenue à sa maturité, apparemment pour suppléer par cette activité à la longueur de la négociation. Que la disposition était que cinq régiments d'infanterie avec autant de régiments de dragons dont les quartiers étaient les plus proches de la Livonie, entreraient au premier ordre dans cette province, tandis que d'autres régiments plus éloignés de la frontière occuperaient immédiatement après les quartiers que ceux-là viendraient de quitter, et que les Cosaques avaient aussi charge d'avancer et de se mettre plus à portée; qu'en même temps on avait expédié des ordres à Pétersbourg pour mettre incessamment les galères qui s'y trouvent, en état de pouvoir mettre à la voile au premier ordre; qu'au cas que l'Angleterre agréerait les conditions qu'on lui demanderait, l'intention des ministres était d'assembler en Livonie et à la Mer Baltique jusqu'à 70,000 hommes de ses meilleures troupes dont cinquante-six seraient donnés à l'Angleterre pour le compte des subsides, et que, quand la réquisition se serait faite, on ferait, pour remplir ses engagements antérieurs avec cette couronne, marcher effectivement jusqu'à 70,000 hommes, afin de pouvoir agir d'abord avec vigueur et force en cas d'évènement; que d'ailleurs on avait résolu, pour avoir une bonne réserve, de lever sans délai 60,000 recrues; qu'au surplus la Russie demandait à l'Angleterre que, le cas de la réquisition des troupes existant, celle-ci lui paierait trois millions d'écus de Hollande et un million pour tenir prêtes, en attendant, les troupes; mais qu'en<25> revanche, aussi, on se contenterait, au cas que les mesures vigoureuses qu'on prendrait, dussent rétablir la tranquillité peu de temps après la réquisition faite, de ne toucher ces subsides que jusqu'au temps que le corps des troupes russiennes aurait regagné ses frontières.
Que le sieur Gross25-1 avait sondé la cour de Saxe sur la conduite qu'elle comptait de tenir dans le cas que la Prusse, en conséquence de ses démêlés avec l'Angleterre par rapport aux prises maritimes et l'arrêt mis sur les dettes de Silésie, en vînt aux voies de fait contre la maison d'Hanovre, et que les ministres de Russie faisaient des instances à ceux des cours de Vienne et de Dresde de faire goûter à celle de Londres ces propositions, pour le bien, à ce qu'ils disent, de toute l'Europe, en tant qu'elle n'était française et prussienne.
Qu'au reste l'impératrice de Russie ayant fait assembler un grand conseil pour lui proposer simplement, et sans entrer dans aucun autre détail, la question s'il était de l'intérêt de la Russie de voir d'un œil indifférent quelque nouvel agrandissement de la maison de Brandebourg et de conniver à ce qu'elle en usât peut-être avec l'Hanovre de la même façon dont elle en avait agi ci-devant avec la Saxe, sur quoi les voix avaient été pour la négative, et que toute l'assemblée avait voté au gré du Chancelier, aussi la levée des 60,000 recrues avait été conclue en conséquence.
Nach dem Concept.
5973. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 24 juillet 1753.
Jusqu'à présent, tout ce que nous savons de nouvelles de Turquie, nous laisse dans de fortes incertitudes là-dessus. D'un côté, des lettres de Pologne nous disent que celles des frontières de l'Ukraine marquent qu'à la vérité les Tartares continuent toujours d'inquiéter les Russes, mais qu'on ne s'apercevait pas que les Turcs voulussent encore prendre ouvertement parti dans ces petits démêlés; que cependant il était évident que ces derniers incitaient à la sourdine les Tartares de ne pas se désister de leurs prétentions contre la Russie. D'un autre côté, l'on marque de Suède que les nouvelles qu'on a eues de fraîche date, ne font nulle mention, non plus que les précédentes, d'aucun mouvement à la Porte qui saurait être relatif à ceux des Tartares en Ukraine; qu'à la vérité de pareils bruits couraient aussi à Moscou, mais qui ne venaient que du dehors, au lieu que le dedans n'annonçait rien, ni par quelque embarras du ministère russien ni autrement, qui pût faire soupçonner qu'on était à la veille d'une rupture avec la Porte. Je serai<26> bien aise, si vous savez développer là où vous êtes ce qui en est véritablement.
Comme l'Empereur et l'Impératrice seront apparemment partis de Vienne pour voir les régiments de hussards campés à Kittsee en revue et manœuvres, vous me rendrez un service bien agréable si vous pouvez me faire avoir un détail exact de tous les manœuvres que ces régiments ont faits pendant le temps de leur exercice.
Je vous prie de déchiffrer vous-même ce qui se trouve dans le postscriptum ci-joint.
Federic.
P. S.
L'application que je me suis donnée pour m'orienter de quoi il saurait s'agir dans ces fréquentes et longues conférences qui en conséquence de plusieurs de vos rapports se tiennent à Vienne entre l'ambassadeur de Russie et les ministres de Vienne, un hasard tout pur m'a fait découvrir des choses assez importantes qui se sont passées entre le ministre d'Angleterre et le ministère russien à Moscou, dont je veux bien vous informer pour votre seule direction et sous le sceau du secret le plus absolu à me garder.
C'est depuis que le roi d'Angleterre a pris des appréhensions, soit feintes et affectées soit réelles, sur les bruits frivoles qui ont autrefois couru d'une invasion que je méditais de faire dans son électorat, qu'il a fait solliciter par Guy Dickens la cour de Russie de vouloir bien assembler derechef contre des subsides un corps de troupes russiennes dans la Livonie, prêt à marcher sur la réquisition de la cour d'Angleterre, en cas d'attaque de ma part. Cette négociation a été, à ce que j'apprends, avancée au point qu'il ne s'agissait actuellement que de faire signer à l'Impératrice les propositions mises en avant par ses ministres touchant la manière et les conditions sous lesquelles la cour de Russie s'engagerait à tenir en Livonie et près de la Mer Baltique un corps de troupes prêt à marcher pour le service de la Grande-Bretagne, en suite de quoi il ne resterait aux chanceliers que de délivrer au sieur Guy Dickens par écrit une réponse complète sur le mémoire qu'il leur avait remis sur ce sujet. Comme les dissipations ordinaires de l'Impératrice n'avaient d'abord permis que cette réponse fût signée d'elle, le ministère russien avait, en attendant, et nonobstant que cette négociation était si peu parvenue à sa consistance, [pris] l'arrangement que, dès que l'Angleterre agréerait les conditions qu'on lui demanderait, un corps de troupes russiennes jusqu'à 70,000 hommes devait s'assembler en Livonie et à la Mer Baltique, et les galères à Pétersbourg se tenir prêtes pour mettre à la voile au premier ordre, et, pour avoir une bonne réserve, de lever 60,000 recrues, mais qu'en revanche la Russie demandait à l'Angleterre un subside de trois millions d'écus de Hollande, le cas de la réquisition existant, et un million, en attendant, pour tenir prêt le corps de troupes.
<27>Que du depuis l'Impératrice avait tenu un grand conseil où elle avait fait proposer simplement la question s'il était de l'intérêt de la Russie de voir d'un œil indifférent quelque nouvel agrandissement de la maison de Brandebourg, sur laquelle on avait décidé par la négative.
Voilà ce que l'hasard m'a fait découvrir; je n'en suis cependant point embarrassé, car je ne saurais point croire que le ministère anglais ne voudrait ni ne saurait charger la nation, sans raison ni sans aucun motif pressant, d'une aussi forte somme que celle que le ministère russien prétend en subsides, car vous savez que tout le différend où je suis encore avec l'Angleterre, n'importe que la somme de 150,000 écus. Au surplus, tout ce qu'on a débité jusqu'à présent d'une marche de 60,000 hommes de troupes russiennes en Livonie, est prématuré et ne sont que des ostentations en bruit de gazettes.
Du reste, cette confidence que je vous fais seul, ne doit vous servir autrement que pour vous mettre à la voie pour pénétrer au possible, sans faire semblant de rien, ce qui peut être l'objet des conférences avec le comte de Keyserlingk et si peut-être la cour de Vienne ne voudrait pas demander à l'Angleterre les mêmes subsides que la Russie, pour avoir, aussi, prêt un corps de ses troupes à la disposition du roi d'Angleterre. Je finis en vous recommandant encore une fois le plus grand secret sur tout ceci et de n'adresser les rapports que vous me ferez à ce sujet, qu'à moi seul et immédiatement.
Federic.
Nach dem Concept.
5974. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.
Potsdam, 25 juillet 1753.
Le hasard ayant fait parvenir à mes mains le précis ci-clos27-1 d'une relation de ce qui s'est passé depuis peu en Russie relativement à la négociation qui y a été mise sur le tapis par le sieur Guy Dickens, depuis que le roi d'Angleterre a pris des appréhensions, soit feintes ou affectées soit réelles, sur les bruits frivoles de l'intention que j'avais d'envahir le pays d'Hanovre, j'ai trouvé bon de vous en faire communication, quoique sous le sceau du secret le plus absolu et avec défense expresse de n'en rien laisser voir ni d'en parler à qui que ce soit sans exception, fût-il même du département des affaires étrangères, ou membre ou subalterne. Au surplus, je ne suis point embarrassé de tout ce que ces avis nous annoncent, étant persuadé que, dans la situation présente des affaires intérieures de l'Angleterre, l'on ne voudra pas charger, sans quelque nécessité bien pressante, la nation d'un aussi grand subside que les ministres de Russie demandent, et qu'aucun<28> ministre anglais voudrait risquer de prendre cela sur la tête. Sur ce, je prie Dieu etc.
Federic.
Nach der Ausfertigung.
5975. AU SECRÉTAIRE PLESMANN A DRESDE.
Plesmann berichtet, Dresden 21. Juli: „Le chevalier Williams, dans l'audience qu'il a eue dernièrement du Roi, a dit à ce Prince que l'on venait d'intercepter à Hanovre des lettres de Votre Majesté par lesquelles Elle pressait la cour de France de seconder le dessein qu'Elle avait de S'emparer d'une partie de la Prusse polonaise. Le Roi n'en a rien voulu croire d'abord, mais, sur les assurances positives du ministre d'Angleterre, Sa Majesté a témoigné à la fin être fort touchée de cette nouvelle. L'ambassadeur de France, de qui je tiens ceci, est persuadé que c'est-là une invention de la façon du comte de Brühl et du chevalier Williams, pour donner une forte alarme à Sa Majesté Polonaise, afin de l'animer peut-être par là à faire quelque démarche assortissante à leurs vues. Ce qui donne un nouveau degré de probabilité à cette conjecture, est que le comte de Brühl, en parlant l'autre jour au Vice-Chancelier28-1 au sujet de l'église que les dissidents voudraient bâtir à Thorn, lui a dit que les ministres de Pologne avaient grand tort de faire tant les difficiles sur cet article, tandis que le roi de Prusse saurait bien appuyer et soutenir les habitants de cette ville, et que lui, Vice-Chancelier, ne savait pas ce qui se tramait à cet égard. Comme l'Ambassadeur m'a prié de ménager le secret de ces avis, j'ai cru être de mon très humble devoir de ne les faire parvenir qu'immédiatement à Votre Majesté.“ | Potsdam, 27 juillet 1753. Les rapports très intéressants que vous m'avez faits depuis le 14 jusqu'au 24 de ce mois,28-2 m'ont tous été fidèlement rendus, et vous ne négligerez rien afin de continuer de m'en faire de semblables, tant que le conseiller privé de Maltzahn se trouvera absent de Dresde.28-3 Vous direz au ministre de France, après lui avoir fait un compliment convenable de ma part sur la confidence que celui-ci vous a faite du procédé malhonnête du chevalier Williams, comme quoi ce dernier avait voulu faire accroire effrontément au roi de Pologne que j'étais en correspondance avec la cour de France au sujet d'une entreprise sur la Prusse polonaise, que toute cette histoire était encore un nouveau mensonge, qui était de la même trempe que tant d'autres que les mal intentionnés et esprits malicieux prétendaient m'attribuer malhonnêtement; que je pouvais l'assurer qu'il ne m'était rien venu dans l'esprit touchant la Prusse polonaise, et qu'ainsi il n'y avait pas un mot de vrai à tout ce conte, de quoi la cour de France saurait rendre le meilleur témoignage. Qu'en attendant je priais le comte de Broglie de vouloir bien transcrire à sa cour ce mauvais tour, afin qu'elle soit non seulement informée de cette calomnie, mais aussi afin qu'elle puisse aviser, si elle jugeait avoir trouvé quelque occasion propre, s'il ne conviendrait pas de désabuser le roi de Pologne à cet égard. Je crois, au reste, que ce |
mensonge est encore un plat de métier du comte Brühl, qui, ayant pris, comme chacun sait, de l'argent des Protestants de Thorn, pour leur procurer la liberté de bâtir une église, rencontrant présentement de grands obstacles à leur procurer cette liberté et étant par conséquent embarrassé pour se tirer d'affaire, prend à cette heure, comme de coutume, son recours à de pareils mensonges grossiers pour en duper le chevalier Williams, et se sert de cette calomnie pour intimider les Polonais, afin de les obliger de crainte de quelque querelle de ma part de conniver à l'extruction de l'église en question. C'est pourquoi aussi que vous ferez bien, en cas que cette calomnie allât en augmentant à Dresde, de la démentir hautement et d'en informer le secrétaire d'ambassade Benoît à Varsovie, pour que, de son côté, il rassure les Polonais sur cet article, en donnant pareillement un démenti formel à ces bruits faux et mensongers. Federic. |
Nach dem Concept.
5976. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A COMPIÈGNE.
Potsdam, 27 juillet 1753.
J'ai été surpris d'apprendre par votre rapport du 15 de ce mois que vous n'avez point reçu de lettre de ma part depuis le 26 du mois de juin dernier jusqu'au 15 du courant, et je veux bien vous avertir ici que je vous ai écrit immédiatement en date du 3 de ce mois concernant mes différends avec l'Angleterre, en date du 7 au sujet du rappel, qui a été sur le tapis, du marquis d'Havrincourt, en date du 10 relativement à certaines vues du Danemark, en date du 14 sur différentes nouvelles et sur l'affaire de la prise du vaisseau du comte Neal, et, enfin, du 16 de ce mois touchant les différends qui continuaient de subsister entre moi et l'Angleterre, et j'espère que toutes ces lettres ci-dessus spécifiées, qui chaque fois ont été jointes aux rescrits du département des affaires étrangères, vous seront toutes parvenues à bon port, de quoi vous n'omettrez pas de me donner connaissance.
Quant à votre dépêche susalléguée du 15 de ce mois, je me persuade facilement que les ennemis de la cour de Londres aideront toujours de leur mieux à animer la nation pour procurer par là, s'il était possible, une brouillerie ouverte entre moi et le roi d'Angleterre, afin de pouvoir pêcher en eau trouble. Je me flatte toutefois qu'ils se mécompteront pour le coup, et que l'affaire concernant les différends qui subsistent actuellement entre moi et l'Angleterre, prendra une tournure à être composée d'une manière amicale, étant dans le fond une trop grande bagatelle pour devoir occasionner une guerre.
Pour ce qui regarde l'insinuation que M. de Saint-Contest vous a faite, savoir qu'il pensait que je pourrais bien me relâcher sur l'article de l'arrêt du payement du reste de la dette de Silésie, après que l'Angleterre aurait donné des sûretés à la France que mes sujets marchands<30> seraient réellement indemnisés des pertes que la marine d'Angleterre leur avait causées, vous direz à M. de Saint-Contest de ma part que c'était là un des expédients pour moyenner une composition amicale avec l'Angleterre que je faisais proposer à la France, et que du moment même qu'on m'aurait donné de bonnes et suffisantes sûretés pour la satisfaction desdits marchands, tout se ferait sans aucune difficulté, et que je ferais lever aussitôt après le séquestre mis sur le reste des dettes de la Silésie.
Federic.
Nach dem Concept.
5977. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Häseler berichtet, Kopenhagen 21. Juli: „Le traité conclu nouvellement entre le roi de Danemark et Sa Majesté Britannique est un traité de limites relativement à quelques disputes entre le duc de Holstein et celui de Saxe-Lauenbourg au sujet du village de Grünau. Je tâcherai de me le procurer.“ | Potsdam, 27 juillet 1753. Vos deux rapports du 17 et du 21 de ce mois me sont bien parvenus. Quand bien l'abbé Lemaire donnerait connaissance à sa cour des découvertes qu'il a faites des desseins que la cour de Copenhague doit avoir formés sur la Scanie,30-1 l'effet qui en résulterait, ne serait, je pense, guère capable de déterminer ladite cour, supposé qu'elle eût réellement formé quelque dessein sur la Scanie, à se désister de son projet, simplement par considération pour la France, vu surtout que, dès que la cour de Versailles cesserait de payer des subsides à celle de Copenhague, cette dernière serait à portée de s'en dédommager par ceux qu'elle tirerait au même instant de l'Angleterre. Ce me sera, au reste, un chose fort agréable que vous puissiez me procurer une copie authentique du traité mentionné qui doit avoir été conclu en dernier lieu entre le roi de Danemark et celui d'Angleterre, comme électeur d'Hanovre, et je m'en rapporte à votre pénétration, au moyen de laquelle vous pourrez vous mettre à même s'il y a eu d'autres arrangements encore de stipuler concernant les États d'Hanovre, et dont les deux parties seraient convenues secrètement entre elles. Federic. |
Nach dem Concept.
5978. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A COMPIÈGNE.
Potsdam, 30 juillet 1753.
Votre rapport que la dernière poste m'a fidèlement rendu, ne m'offrant guère d'affaires au sujet desquelles je saurais vous donner de nouvelles instructions, je me borne à vous dire que je n'ai dit autre<31> chose au chevalier de La Touche31-1 sur les démarches qu'il a faites ici touchant l'affaire des prises, que ce que je vous ai fait communiquer, de sorte que vous pourrez vous expliquer là-dessus avec M. de Contest, afin que les fers soient mis bientôt au feu pour parvenir à un accommodement raisonnable.
Federic.
Nach dem Concept.
5979. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.
Potsdam, 2 août 1753.
Mon ministre à la cour de Vienne, le conseiller privé de Klinggærffen, m'ayant marqué par sa dernière dépêche à la date du 25 du mois dernier qu'il s'attendait encore à ma résolution touchant ma voix à accorder au prince de Thurn et de Taxis pour son admission au Collège des Princes du Saint-Empire à la Diète, j'en ai été bien surpris, d'autant qu'il y a plusieurs semaines déjà31-2 que, sur un rapport du département des affaires étrangères, je me suis assez amplement expliqué que, pourvu qu'il y aurait une majorité des voix pour ce Prince — de laquelle l'on ne saura pas douter, vu les grands mouvements que l'Empereur et l'Impératrice-Reine se donnent pour l'obtenir des États — je ne voudrais point lui refuser ma voix, à la condition annexée par rapport aux réversales qu'il donnera, mais faire plutôt de bonne grâce ce que je ne saurais empêcher, afin de me faire fête auprès de la cour impériale.
Ma volonté est donc que, sans perdre plus de temps ni plus tramer une affaire pour laquelle je me suis décidé, vous devez instruire le sieur de Klinggræffen et faire expédier le nécessaire en conformité de ma volonté déclarée. Et sur ce, je prie Dieu etc.
Federic.
Nach der Ausfertigung.
5980. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A COMPIÈGNE.
[Potsdam], 3 [août 1753].
Mon cher Milord. La scène de Voltaire et de la Denis doit vous apprendre qu'il ne faut juger personne sans l'entendre. Voltaire et la Denis ont fait tant de frasques à Francfort qu'ils se sont attiré de la part de Freytag tous les mauvais traitements qui leur sont arrivés.31-3 Voltaire, armé d'un pistolet, a voulu tuer le secrétaire du résident, et la Denis a voulu réclamer l'autorité impériale contre l'arrêt que j'avais mis sur la personne de Voltaire. Toutes ces particularités me sont revenues depuis que je vous avais écrit. Si cependant Freytag avait été moins juridique dans cette affaire, et qu'il eût eu le bon sens de comprendre qu'il avait affaire à un fol et une folle, il aurait agi moins à la rigueur qu'il n'a fait. Le mal qu'il y a pour lui, c'est qu'il écrit<32> aussi mal que le poète écrit bien, et que la dame Denis peut faire valoir vis-à-vis la foule de ses amants de Paris les efforts qu'elle a employés pour sauver son honneur exposé aux entreprises audacieuses du sieur d'Arnaud. Pour moi, je suis bien aise que toute cette affaire soit finie; bien fin qui m'y rattrape. Adieu, mon cher Milord, je suis comme toujours votre fidèle ami
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig. In dorso von der Hand des Empfängers: „Du Roy, août 3, 1753.“
5981. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A COMPIEGNE.
Lord Marschall von Schottland berichtet, Compiègne 22. Juli: „M. de Saint-Contest est de l'opinion que le meilleur parti qu'on pourra prendre pour jouer à jeu sûr et éviter toute chicane, sera celui d'insister auprès de la cour de Vienne sur l'exécution du projet du 23 de mars,32-1 qui renferme, selon lui, toutes les précautions qu'il paraît possible de prendre, et de déclarer en même temps qu'au cas que Leurs Majestés Impériales voulussent accepter ce projet, les Electeurs alliés de la cour palatine seraient prêts à se joindre à elle et à accorder leurs suffrages pour l'élection.“ | Potsdam, 4 août 1753. Votre dépêche du 22 du mois dernier m'a été bien rendue. Quant au parti à prendre que M. de Contest trouve le meilleur pour jouer à jeu sûr et éviter toute chicane dans l'affaire entre la cour de Vienne et celle de Manheim, je suis parfaitement de son sentiment, mais j'appréhende les inspirations que le baron de Beckers fera à sa cour, pendant qu'il y est présent. Sur ce qui regarde mon différend avec l'Angleterre, il faudra bien attendre la réponse que nous aurons du ministère anglais sur les expédients proposés, et, soit dit entre moi et vous, je crois que la réponse que ledit ministère donnera aux propositions des ministres russiens par rapport aux gros subsides que ceux-ci demandent, et dont je vous ai informé par ma dépêche envoyée par un exprès,32-2 nous servira de boussole pour pénétrer la véritable intention du ministère anglais. Au reste, j'ai été bien surpris de voir par votre lettre à mes mains propres ce que vous m'avez marqué par rapport à un ordre de ma part pour vous intéresser auprès de M. de Rouillé en faveur d'un nommé Du Verge pour nommer celui-ci à une place dans les hôpitaux de la marine. Vous devez être sûr que j'ignore absolument toute cette affaire, et qu'il faut qu'il y ait du malentendu, vu que je ne me mêlerai jamais de recommander des gens que je ne connais point et dont même je n'ai jamais entendu parler, pour être placés à quelque poste en France, pour ne pas dire combien je suis éloigné à me commettre de la moindre chose qui peut avoir rapport aux affaires intérieures et domestiques de la France. Federic. |
Nach dem Concept.
<33>5982. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 4 août33-1 1753.
Je serais bien aise que vous continuiez de votre mieux d'approfondir de quel œil les cours de France, d'Espagne et de Sardaigne auront regardé le traité conclu entre l'Impératrice-Reine et le duc de Modène;33-2 car quant au roi de Sardaigne, j'ai de la peine à me persuader qu'il ait été ravi de la conclusion d'un pareil traité, comme le ministre modénois l'a dit en conséquence de votre rapport du 25 dernier.
Sur ce qui regarde l'accommodement de la cour où vous êtes avec celle de Dresde, je sais de bonne main et positivement qu'il n'est point constaté encore; qu'en attendant la Saxe donne toujours de belles espérances qu'elle y apportera toutes les facilités et qu'elle accèdera au traité de Pétersbourg, dès que le roi d'Angleterre y accèderait pour son électorat d'Hanovre. Au surplus, tout s'accroche sur ces sujets à la résolution que l'Angleterre donnera aux propositions de la cour de Russie par rapport aux subsides qu'elle demande pour tenir un corps de troupes prêt en Livonie à la disposition du roi d'Angleterre; et comme il sera fort difficile à celui-ci et à son ministère de disposer la nation et le Parlement à vouloir se charger gratuitement d'un aussi gros fardeau que les susdits subsides, le terme de l'accession de la Saxe au traité de Pétersbourg et par conséquent son accommodement avec la cour de Vienne saurait être encore assez éloigné.
Je crois savoir à présent ce qui aura fait le sujet des fréquentes conférences que le comte Keyserlingk a eues avec les ministres d'Autriche, puisqu'il m'est revenu de bon lieu33-3 qu'il y a depuis une convention nouvellement conclue entre les deux cours impériales33-4 pour perpétuer les engagements défensifs, stipulés contre la cour ottomane par l'article secrétissime du traité de Pétersbourg, anecdote sur laquelle je vous demande un secret absolu.
Quant aux affaires de Turquie, j'ai appris que rien ne paraît encore à la Porte dont on saurait inférer une rupture prochaine avec la Russie, mais que la fermentation recommençait à paraître dans les intrigues du Sérail, et que le Grand-Visir était de nouveau menacé d'en être pour son poste; qu'il s'y couvait une espèce d'agitation dans l'intérieur du gouvernement, quoiqu'on ne saurait pas prévoir encore contre qui éclaterait l'orage; qu'au surplus le ministère ottoman n'était pas sans inquiétude par rapport aux progrès des établissements russiens en Ukraine, qui ne laissaient pas de lui donner à penser. Mais ce qui mérite une attention particulière, c'était que les ministres de Vienne et d'Angleterre avaient eu ordre de faire expliquer la Porte sur le fond qu'il y avait à faire sur elle, quant au maintien de la paix avec ses voisins respectifs.
<34>Pour ce qui est, au reste, de l'ordre donné à ce corps de troupes russiennes de 60,000 hommes pour entrer dans la Livonie, je suis persuadé que ce n'aboutira autrement qu'à une ostentation toute pure et peut-être encore à rien, vu les raisons que je vous ai déjà indiquées.34-1
Quant à ma voix à accorder au prince de Thum et Taxis pour son introduction au Collège des Princes de l'Empire, vous savez mes intentions et à quelle condition je lui accorderai ma voix,34-2 et comme mon ministère des affaires étrangères ne vous a pas encore donné vos instructions là-dessus, je viens de lui donner mes ordres précis à ne plus traîner l'affaire.
Federic.
Nach dem Concept.
5983. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE ROHD A STOCKHOLM.
Rohd berichtet, Stockholm 24. Juli, dass er das Schreiben vom 3. Juli34-3 der Königin von Schweden zu eignen Händen übergeben habe. „Sa Majesté m'a dit à cette occasion que le baron de Scheffer vient d'écrire au baron de Hœpken que le ministère de France lui a fait entendre que, s'il était vrai que le marquis d'Havrincourt avait eu le malheur de déplaire à la cour de Suède, le Roi Très Chrétien ne s'éloignerait pas de le rappeler et d'en nommer un autre à sa place; que, le baron de Hœpken ayant fait rapport de cette lettre au Sénat, il avait été résolu qu'on y répondrait, en ordonnant à Scheffer d'assurer ledit ministère qu'on débitait sans fondement que le marquis d'Havrincourt déplaisait au roi de Suède, qu'au contraire sa conduite était approuvée, et que cette résolution avait été accompagnée d'un ample éloge de la personne de l'Ambassadeur. Ceci doit s'être passé dans le Sénat, le Roi n'y étant pas et ignorant la lettre aussi bien que la résolution prise là-dessus, quoiqu'on se soit servi de son nom dans les instructions données au baron de Scheffer; mais, le Roi en ayant été ensuite informé par quelqu'un des siens, c'est de lui-même que la Reine m'a assuré le tenir.“ | Potsdam, 7 août 1753. Votre rapport du 24 de juillet dernier m'est bien parvenu, et vous remercierez de ma part bien poliment le baron de Hœpken des avis qu'il vous a communiqués, et du jugement très solide qu'il porte des affaires de la Russie et turques, en le priant de vouloir bien continuer de me faire de pareilles communications. 34-4 Quant à l'anecdote concernant le baron de Scheffer, j'ai encore de la peine à croire que le Sénat eût fait semblable démarche sans le su du Roi, d'autant qu'il n'est presque pas à croire que le premier eût eu une assez grande hardiesse pour s'émanciper jusqu'à ce point. Je souhaiterais ainsi que vous vous expliquassiez plus précisément à ce sujet, savoir si le Sénat est autorisé de fournir des instructions aux ministres de Suède dans l'étranger sans que le Roi en ait une connaissance préalable. Federic. |
Nach dem Concept.
<35>5984. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 7 août 1753.
Je veux bien vous communiquer par la présente, en réponse à votre dépêche du 28 de juillet dernier, ce qui m'est entré de nouvelles par mes dernières lettres de Pologne relativement aux affaires de Turquie; elles me paraissent assez probables et sont : « Que la relation la plus nouvelle qu'on avait par rapport aux mouvements des Turcs et des Tartares vers l'Ukraine, portait en substance que tout ce qu'on a vu faire jusqu'à présent aux Turcs, n'a eu pour but que d'exercer leurs troupes, à l'exemple des puissances de l'Europe; qu'on en avait pour cet effet rassemblé un petit nombre dont on a renforcé les garnisons des villes d'Oczakow et de Bender, et que c'étaient principalement les Janissaires qui ont été distribués dans les places frontières; que comme il y a eu à cette occasion divers changements de bâchas, cela avait dû naturellement causer les différentes marches et contre-marches, qui ont si fort excité l'attention de tout le monde; que les invasions que les Tartares de la Crimée faisaient dans les nouvelles colonies des Russiens, n'étaient pas si considérables, et qu'il en était comme de celles qu'une petite troupe de Haydamaques faisait de temps en temps sur le territoire de la République, pour y venir enlever quelques bestiaux, excepté que l'irruption des Tartares dans la Servie se faisait en plus grand nombre, et que c'était ce qui causait les différentes escarmouches dont on avait tant parlé jusqu'à présent. »
Je conclus de là que les conférences si souvent réitérées qu'il y a entre le comte de Keyserlingk et les ministres autrichiens, auxquelles l'ambassadeur de Venise a eu sa part, peuvent entre autres avoir eu pour objet les affaires en question.
Vous pourrez vous informer, au reste, par la relation ci-jointe chiffrée par votre ancien chiffre immédiat de 1752 numero 3 qui se commence par le mot Allemagne, de ce que le sieur de Hellen y marque concernant les grossières chicanes dont on en usait avec lui à l'occasion de la vente de mes domaines en Hollande.35-1 J'en suis d'autant plus étonné que je ne saurais concevoir la raison qui peut produire des chicanes aussi indécentes dans une affaire que je pouvais à bon titre regarder comme faite et finie.
Federic.
Nach dem Concept.
5985. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A COMPIÈGNE.
Potsdam, 7 août 1753.
La dépêche que vous m'avez faite du 26 du mois dernier, m'a été heureusement rendue. Voyant par son contenu que c'est le second des<36> expédients que j'ai proposés à la France pour accommoder mes différends avec l'Angleterre,36-1 qui est le plus au gré de M. de Contest, vous lui déclarerez de ma part que j'en suis tout content et que je donnerai volontiers les mains à un accommodement, moyennant l'arbitrage ou la médiation de la France conjointement avec quelque autre puissance. Aussi, dès que la France avec l'autre puissance arbitre me donnent leur garantie que mes sujets intéressés dans cette affaire auront une juste réparation des Anglais des dommages qu'ils ont soufferts, selon que les arbitres ou médiateurs le décideront, je ferai d'abord lever l'arrêt mis sur le reste des dettes de Silésie et me tiendrai satisfait et content, pourvu que mes sujets soient assurés d'avoir leur indemnisation.
Que sur ce principe-là, quand l'Angleterre voudra nommer des commissaires, j'en nommerai aussi de ma part, pour discuter ensemble cette affaire, abandonnant, à la suite, à la décision des susdits arbitres les points sur lesquels les commissaires de part et d'autre ne sauraient convenir. Qu'il ne tiendra point, pour accommoder cette affaire, à ce que l'arrêt sur les dettes de Silésie ne soit levé, que l'argent est tout prêt pour être payé, à moins seulement que la France me promette et me donne sa garantie que mes gens auront la satisfaction qui leur est due. Que ce n'est que la seule condition que je mets pour lever incontinent après l'arrêt, condition que M. de Contest trouvera d'autant plus juste et convenable à ma dignité, puisque sans elle, et si je devais lever tout simplement l'arrêt, sans avoir aucune sûreté pour la satisfaction de mes sujets, en conséquence de ce que les arbitres en décideront, ce serait me faire saigner du nez devant toute l'Europe, ce que la France ne voudrait pas elle-même qu'il se fît, contre ma dignité.
Au surplus, vous direz par manière d'acquit à M. de Contest que la France aurait tout sujet de ne pas trop établir le tribunal maritime des Anglais, et qu'il lui importait bien plus qu'à moi de l'empêcher, bien entendu que le commerce par mer que les miens avaient, était peu ou rien en comparaison de celui que les négociants français exerçaient. Vous ajouterez que ce n'était absolument pas mon intention de vouloir avoir de la guerre, mais qu'il ne fallait aussi s'imaginer que la ligue dont l'Angleterre voulait fortifier son parti, était déjà constatée; que ses alliés demandaient tous de l'argent pour entrer dans cette nouvelle ligue, et que je ne saurais que difficilement m'imaginer que pour une simple bagatelle de 200,000 écus tout au plus on voudrait gratuitement jeter en Angleterre quelques millions,36-2 surtout après les propositions les plus raisonnables qu'on lui avait faites touchant l'arbitrage équitable d'autres puissances.
Vous ne manquerez pas de me mander de quelle manière M. de Contest se sera expliqué sur ce sujet; au reste, mes avis de l'Angleterre continuent toujours que, pourvu que la France ferait parler avec<37> quelque fermeté au ministère anglais sur ces différends, celui-ci préfèrerait toujours un accommodement amiable, pour aplanir cette affaire, à des voies plus fortes.
Federic.
Nach dem Concept.
5986. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Potsdam, 7 août 1753.
Vous deux rapports du 24 et du 27 de juillet dernier me sont entrés, tous deux à la fois, et je ne saurais qu'être satisfait de l'exactitude avec laquelle vous me marquez tout ce qui vient à votre connaissance des affaires qui ont du rapport à mes intérêts, et vous ferez bien de continuer de même à l'avenir.
Pour ce qui regarde mes différends avec l'Angleterre sur les prises maritimes en question, je veux bien que vous sachiez pour votre direction que la cour de Versailles a fait proposer par le duc de Mirepoix à la cour où vous êtes, certains tempéraments moyennant lesquels nos différends pourraient être aplanis amiablement, et que, quoique ces propositions m'aient paru des plus raisonnables, il reste toutefois à savoir encore si les ministres anglais s'expliqueront équitablement à ce sujet.
Au surplus, je ne saurais assez vous recommander d'être des plus attentifs et d'employer tout votre savoir-faire pour apprendre quelle sera la résolution que prendra le ministère britannique sur les propositions de la Russie concernant les subsides extrêmement forts que demande cette dernière,37-1 étant assez inutile, selon moi, de se flatter de pouvoir sans argent mettre en mouvement les Russes, qui sans cela ne feront aucun pas de plus.
Federic.
Nach dem Concept.
5987. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Potsdam, 7 août 1753.
J'ai bien reçu votre rapport du 28 de juillet dernier et j'ai toutes les peines du monde de m'imaginer que ce soit le tout de bon des Danois de vouloir exécuter quelque dessein sur la Scanie37-2 et de rompre en conséquence avec la Suède, d'autant plus que la cour de Copenhague manque d'argent, article essentiel sans lequel on ne saurait hasarder de pareille entreprise.
D'ailleurs est-il à considérer que la cour de Danemark ne saurait manquer de s'attirer par là la jalousie tant des Puissances maritimes que de la Russie, étant diamétralement contre leurs intérêts fondamentaux<38> que la couronne de Danemark soit maîtresse des deux rives du Sund et qu'elle ait par là, elle seule, entre ses mains la clef de la Mer Baltique. Vous ferez donc bien d'approfondir soigneusement les avis qui vous reviendront sur les affaires, me semblant presque que vous voyez, pour ainsi dire, un tant soit peu trop noir sur les vues de la cour de Danemark et sur les desseins et entreprises que peut former le baron Bernstorff. Cela n'empêche pas cependant que je ne me remette là-dessus sur votre discernement.
Federic.
Nach dem Concept.
5988. AN DEN ETATSMINISTER GRAF PODEWILS IN BERLIN.
Podewils überreicht, Berlin 8. August, die durch den Ritter La Touche mitgetheilten „Observations sur les réponses de la cour de Vienne au projet du 23 mars 1753.“ 38-1 „Ces observations portent principalement sur deux points : 1° Sur le refus de la cour de Vienne d'admettre la clause touchant le concours de tous les Electeurs à l'élection d'un roi des Romains; 2° Sur la suppression qu'elle demande de la clause des sûretés à donner à l'Electeur palatin pour l'acquit des sommes qui lui doivent revenir de son accommodement … Le chevalier de La Touche ajouta que sa cour souhaitait fort d'être instruite des sentiments de Votre Majesté sur cette matière, et que, si Elle trouvait les réflexions susdites bien fondées … Elle voulût bien les appuyer fortement à la cour de Manheim et faire communiquer à la France, par le retour de son courrier, ce qu'Elle trouverait bon d'écrire là-dessus à l'Electeur palatin, afin de l'encourager à s'en tenir inébranlablement au plan concerté à Versailles avec le baron de Wrede, et de mettre d'autant plus d'uniformité dans le langage qu'on tiendrait sur un objet aussi important.“ | Potsdam, 9. August 1753. Er soll es nur machen, wie es die französische Ministres haben wollen, und dann die Copie des Schreibens an Pfalz38-2 an M. de La Touche geben, um solche an seinen Hof zu schicken. |
Mündliche Resolution. Nach Aufzeichnung des Cabinetssecretärs.
5989. AN DEN GROSSKANZLER FREIHERRN VON COCCEJI UND DIE ETATSMINISTER GRAF PODEWILS UND VON BODEN IN BERLIN.
Potsdam, 10. August 1753.
Nachdem Se. Königl. Majestät aus dem allerunterthänigsten Berichte vom 7. dieses Dero Grosskanzler Freiherr von Cocceji, auch<39> Etatsminister Grafen von Podewils und von Boden mit mehrerem ersehen haben, was dieselbe auf die an sie ergangene Ordre, betreffend die Deposition des Residui derer englischen auf Schlesien hypothecirten Gelder bei dem Kammergerichte, melden und vorstellen wollen, als ertheilen Sie darauf zur allergnädigsten Resolution, wie Höchstdieselbe zufrieden sein, dass dasjenige Quantum, so bisher zu gedachtem Behuf im Neuen Tresor auf die Seite gesetzet worden, bei der Albrechtschen Casse, und zwar nicht in Friedrichsd'or, wie vorgeschlagen werden wollen, sondern vielmehr in Silbermünzen deponiret und dem Kammergerichte daselbst ohne Éclat überliefert werde.
Anlangend den Umstand, so Dero Etatsminister von Boden besonders angezeiget hat, wie zur gänzlichen Erfüllung vorerwähntes Residui annoch 24,291 Rthlr. ermangelten, welche bisher zu solchem noch nicht gesetzet worden, so finden Se. Königl. Majestät noch nicht nöthig, dieses kleine Quantum sogleich baar zufügen zu lassen, vielmehr kann damit angestanden werden, bis sich ein näheres von dem Ausschlage der Sache äussern wird, inzwischen Höchstdieselbe Dero Königliches Wort geben und davor einstehen, dass, wann es zur Auszahlung solcher Gelder kommet, es an nur erwähntem Quanto der 24,000 Rthlr. nicht einen Augenblick fehlen solle, mithin letztere dergestalt genommen werden können, als ob sie schon wirklich dem Deposito beigefüget wären.
Anlangend dasjenige, so gedachte Ministres in dem dritten Punkt ihres Berichtes anfragen,39-1 da wollen Se. Königl. Majestät dem Departement der auswärtigen Affairen zur Erwägung überlassen, wie weit solches nach jetziger Situation der Sache convenable finden wird, ratione dieses Depositi in dem an den Duc de Newcastle abzulassenden Antwortschreiben39-2 Gebrauch zu machen.
Im übrigen müssen Selbige der pflichtmässigen Einsicht Dero Minister überlassen, ob durch die Deposition dieses Residui der Lauf der Zinsen sistiret werde oder nicht, nachdem in der vorhin deshalb geschehenen Declaration das erstere angeführet worden.
Friderich.
Nach der Ausfertigung.
5990. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
[Potsdam], 10 [août 1753].
Je compte, mon cher Milord, que voilà la dernière fois qu'il sera question du fol de poète et de sa Médée.39-3 Je lui pardonne et méchan<40>cetés et friponneries et satires et calomnies; absolution plénière pour tous les péchés passés comme à l'année sainte! Je voudrais qu'il n'eût jamais décoché ses brocards que contre moi, je ne l'aurais pas chassé; mais la façon infâme dont il en a usé envers Maupertuis, est inexcusable. Enfin, c'est une affaire que je regarde comme finie.
Nous jouissons ici d'une profonde paix, malgré tous les camps qu'on fait à droite et à gauche de nos frontières; nous camperons à notre tour,40-1 mais le 12 de septembre nous rentrerons dans nos quartiers d'hiver. Il vient ici beaucoup d'étrangers40-2 dont franchement je me passerais volontiers. Je serai bien aise de voir des Français qu'on dit qui nous viennent; le malheur est que toute l'Europe est le confident de leurs secrets. Adieu, mon cher Milord, portez-vous bien, ne campez pas, gardez-vous d'affaires avec des poètes et de querelles avec les p......, c'est le seul moyen de vivre heureux en ce monde.
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
5991. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 11 août 1753.
Le rapport que vous m'avez fait du 29 du mois dernier, m'a été fidèlement rendu. J'ai tout sujet d'être extrêmement satisfait de la déclaration nerveuse que M. de Contest a fait faire au ministère anglais par M. de Mirepoix, aussi verrez-vous par ce que la dépêche d'aujourd'hui du Département vous marque, par rapport aux dernières lettres que nous avons eues de Londres, combien d'impression cette déclaration ferme a fait sur le susdit ministère. Vous ne laisserez donc pas de remercier le plus affectueusement de ma part M. de Saint-Contest, en glissant par manière de réflexion de combien de poids était, quand la France faisait parler avec dignité, et qu'il ne fallait qu'elle s'expliquât avec fermeté, pour être l'arbitre des affaires, par la grande puissance que les autres souverains reconnaissaient de la France, pourvu qu'elle en voudrait faire usage.
J'attendrai à présent vos nouvelles sur la réponse que le marquis de Mirepoix aura des ministres anglais.
Je vous sait infiniment gré du mémoire que vous m'avez envoyé relativement aux affaires de l'Empire. Comme je trouve les réflexions qu'il contient, fort justes et solides, j'en ferai un bon usage.40-3
Pour ce qui regarde l'affaire du comte Neal,40-4 vous savez mon in tention que je ne veux point que vous la traitiez ministérialement, mais, par manière d'acquit et par des pourparlers particuliers, sans y trop appuyer.
<41>Je viens de recevoir vos dépêches du 2 de ce mois. Comme le temps n'a pas voulu permettre encore de les déchiffrer toutes, je ne puis vous rien dire à présent, sinon que vous pouvez fermement compter sur l'authenticité des nouvelles que je vous ai marquées par rapport au manège des ministres russiens avec le sieur Guy Dickens,41-1 et que je suis absolument sûr de la voie d'où tout m'est parvenu. Au reste, j'apprends que le sieur Guy Dickens a dépêché son courrier le 18 du mois dernier passé et qu'il lui a fait prendre la route par Vienne et La Haye à Londres en compagnie d'un autre courrier, que le ministre autrichien, le baron de Pretlack, a fait passer à sa cour à Vienne. J'espère que nous serons bientôt éclaircis de la manière dont le roi d'Angleterre et ses ministres envisageront les propositions dont vous êtes instruit.
Federic.
Nach dem Concept.
5992. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.
Potsdam, 11 août 1753.
Ne doutant nullement que bien des gens et surtout les ministres des cours étrangères à Berlin se donneront bien des mouvements, soit par eux-mêmes soit par des voies indirectes, pour apprendre et pénétrer notre façon de penser sur la nouvelle qu'on a de la marche d'un gros corps de troupes russiennes dans la Livonie et aux environs, et sur les autres démonstrations qu'on dit que la Russie voudrait faire encore dans le courant de cette année-ci, afin de savoir au juste si ces ostentations nous donneront des alarmes et des impressions, j'ai trouvé bon de vous avertir que, quand des ministres étrangers ou d'autres gens encore, même des nôtres et de vos proches parents, vous parleront, soit en particulier soit par manière de conversation dans des compagnies, sur ces nouvelles, vous devez faire semblant de n'y faire guère attention et ne répondre en tout cas que d'une manière indifférente et sans affectation : que nous ne savions pas ce qui en était, mais qu'il était libre à toute puissance de faire dans son pays tel arrangement qu'elle voudrait et qu'elle trouvait de sa convenance.
Vous instruirez encore les sieurs Vockerodt et Warendorff qu'ils observent la même contenance, s'il arrivait que des ministres étrangers ou d'autres gens encore viennent à leur parler là-dessus, afin qu'ils évitent d'entrer en matière avec eux.
Au reste, milord Maréchal venant de m'envoyer un mémoire par écrit relativement aux affaires de l'Empire qu'un de ses amis en France lui a communiqué, dont j'ai trouvé les réflexions assez justes et solides, j'ai bien voulu vous le communiquer pour votre direction et, bien que je reconnaisse assez les difficultés qu'il y aurait d'en faire usage par rapport à l'affaire de l'élection d'un roi des Romains, je crois cependant<42> qu'il y a de bonnes choses que vous saurez employer fort utilement pour mieux confondre les chicanes que le roi d'Angleterre nous a suscitées par rapport à l'Ostfrise. Sur ce, je prie Dieu etc.
Federic.
Mémoire.
Le traité d'Osnabriick porte qu'à la première Diète on réformerait les abus qui s'étaient glissés dans les Diètes précédentes; qu'on dressera une capitulation perpétuelle; qu'on statuera sur la contestation qui s'était élevée au sujet de l'élection d'un roi des Romains, et, enfin, qu'on réduira à des bornes légitimes les fonctions des directeurs [des différents collèges] de l'Empire.
Pour peu qu'on voudra s'arrêter à réfléchir sur ces objects, on en sentira l'importance. Les États se plaignent qu'on ne les assemblait pas assez souvent; on y a remédié; la Diète d'à présent subsiste depuis près d'un siècle; mais on n'a point corrigé les anciens abus, et il s'en est introduit de nouveaux. Ces abus sont tels que la Diète peut être regardée comme un des bras dont la cour impériale se sert pour enchaîner la liberté des États et pour les opprimer les uns après les autres.
L'union entre les Électeurs et les Princes ferait respecter l'Empire au dehors et assurerait leur liberté. Mais cette union ne pourra jamais avoir lieu, tant qu'on n'aura pas réglé les différends qui les partagent concernant la capitulation et l'élection d'un roi des Romains.42-1 On a souvent travaillé à un accommodement sur cette matière, et il est à croire qu'on en serait venu à bout, si les Électeurs avaient consulté leurs véritables intérêts. La cour impériale a trouvé moyen de les éblouir par de vaines prérogatives; sûre d'avoir la pluralité dans le Collège Électoral, elle a de tout temps cherché à en étendre le pouvoir, afin d'augmenter le sien. C'est par cet artifice que les Ferdinand étaient presque parvenus à subjuguer toute l'Allemagne et à y établir un gouvernement absolu. On ouvrit alors les yeux sur les suites des distinctions dangereuses par lesquelles on s'était laissé séduire. On rechercha l'amitié des Princes et on parvint à réprimer les entreprises de la cour impériale et à assurer la liberté des États etc. Le danger passé, on est retombé dans le même piège et on a éprouvé les mêmes suites pendant le règne des empereurs Léopold, Joseph et Charles VI. Tout ce que nous envisageons comme une prérogative, nous séduit facilement. Les Électeurs n'ont été frappés que des avantages qu'ils remportaient sur les autres États, et ils n'ont pas considéré qu'ils se rendaient par là plus dépendants de la cour de Vienne et que, par des distinctions qui n'ajoutaient rien à leur puissance, ils se privaient des forces qu'ils auraient pu tirer de leur union avec les Princes.
Si ces objets méritent l'attention de tous ceux qui s'intéressent au bien du Corps Germanique, il en est de même de celui qui regarde les<43> fonctions des directeurs des différents collèges de l'Empire. Qui voudra s'instruire à fond des abus qui se commettent à cet égard, n'aura qu'à consulter le commentaire de Henniges sur le traité de la Westphalie.43-1 On observe ici seulement que ces abus sont si énormes que toutes les lois de l'Empire deviendront inutiles, si on n'y remédie pas, et qu'il sera toujours au pouvoir de la cour de Vienne de faire prendre à la Diète telle résolution qu'il lui plaira, si les États ont la faiblesse de souffrir plus longtemps la prévarication des directeurs et la manière impérieuse dont ils agissent à leur égard. Ce qui est arrivé dernièrement dans l'affaire d'Ostfrise,43-2 confirme ce qui vient d'être exposé, et doit réveiller l'attention de tous les États et les exciter à presser l'exécution du traité d'Osnabrück, tant à cet égard que par rapport aux autres objets énoncés ci-dessus.
Les Électeurs et les Princes y sont également intéressés et ils doivent d'autant plus redoubler leurs efforts pour parvenir à un but aussi salutaire qu'il s'agit d'élire un roi des Romains et de perpétuer la couronne impériale dans une nouvelle maison. La cour de Vienne s'est déjà assurée des suffrages de plusieurs Électeurs et elle s'adressera sans doute au roi de Prusse pour lui demander le sien. Sa Majesté s'est déjà expliquée qu'elle ne désirait rien poure le-même; qu'elle ajoute à cette déclaration qu'elle borne tous ses désirs à voir réformer les abus qui détruisent la liberté du Corps Germanique et qui lui font perdre la considération qu'il devait avoir au dehors. Plus elle travaillera à rétablir l'union entre les Électeurs et les Princes et à écarter les sujets de jalousie que la cour de Vienne cherche à entretenir, plus elle s'occupera à maintenir la constitution de l'Empire et a réprimer les entreprises des directeurs, plus elle augmentera son crédit et son influence dans l'Empire, plus elle affermira le Corps Protestant dont elle est le plus puissant appui.
Sa Majesté ne pourra jamais soutenir à la fois une cause plus juste, plus glorieuse, plus utile qu'en insistant sur l'exécution du traité d'Osnabrück et qu'en faisant cause commune avec ceux des États qui en sentiront l'importance. Mais si elle attache son suffrage à cette condition, il en suivra de deux choses l'une : ou la cour de Vienne sera forcée de se prêter à des demandes aussi justes, ou d'abandonner son projet de faire élire un roi des Romains. Dans le premier cas, Sa Majesté aura rempli son projet; dans l'autre, la cour de Vienne n'aura aucun sujet légitime de se plaindre et n'osera même se plaindre, si elle ne veut faire connaître qu'elle cherche à perpétuer des abus qui favorisent le despotisme auquel elle aspire. Il est à présumer qu'elle témoignera d'être disposée à entrer dans les vues de Sa Majesté, mais qu'elle demandera qu'on procède d'abord à l'élection. Les arrangements<44> dont il s'agit, dira-t-elle, ne pourront être faits que de longtemps, et l'élection presse. Il n'y aurait nul fond à faire sur une pareille réponse. Ces arrangements seront bientôt faits, si la cour de Vienne veut s'y prêter de bonne foi ou seulement ne point les traverser. Rien ne presse tant que de rétablir l'union entre les membres de l'Empire et de remettre en vigueur des lois d'où dépend sa constitution. L'Europe est tranquille, l'Empereur est dans la force de l'âge et jouit d'une bonne santé; rien ne presse de lui nommer un successeur; en tout cas on a des chefs pendant la vacance du trône impérial, et les troubles qui peuvent s'élever pendant un interrègne, sont infiniment moins à craindre que les suites funestes qui doivent résulter de la désunion de ses membres et de l'inexécution des lois.
Nach der Ausfertigung.
5993. AU MINISTRE D'ÉTAT DE ROHD A STOCKHOLM.
Rohd berichtet, Stockholm 31. Juli: „La cour de Suède ayant grand besoin d'un homme de tête et sur l'attachement duquel elle pourrait se reposer pour la direction de ses affaires sous le Roi, Sa Majesté la Reine, m'en parlant l'autre jour, eut la grâce de me dire que, tout bien examiné, elle ne connaissait personne plus propre à cela que le baron Hœpken, vu ses talents pour former un plan et ses lumières pour le conseil. Qu'il ne s'agissait seulement que d'en venir à bout, en unissant ses intérêts de si près à ceux de la cour qu'on pût se confier et compter sur lui; qu'elle avait jeté les yeux sur moi, pour le sonder et pour le gagner, s'il était possible, en lui faisant envisager tout ce qui était capable de le flatter, soit du côté de l'ambition, soit par les aisances que l'état de ses affaires domestiques, actuellement borné, pourrait avoir à désirer. Que se doutant bien néanmoins que je ne me chargerais pas de cette commission sans un ordre exprès de Votre Majesté, elle serait bien aise que je le demandasse, et que, Votre Majesté y consentant, j'aurais peut-être encore le temps d'entamer cette affaire avant mon départ, que Votre Majesté pourrait continuer ensuite. La commission est délicate et plus difficile qu'elle ne paraît d'abord, mais les ordres de Votre Majesté | Potsdam, 11 août 1753.44-1 La commission dont la Reine, ma sœur, voudrait bien vous charger au baron de Hœpken, en conséquence de ce que vous m'en rapportez par votre dépêche du 31 du mois dernier, me paraît être un peu délicate; mais comme je ne veux pas que vous vous y refusiez absolument, je crois que le meilleur serait que vous vous preniez adroitement pour insinuer au baron de Hœpken combien le roi de Suède reconnaissait ses talents et ses bonnes qualités et avait mis sa confiance en sa personne, qu'il pourrait parvenir par là à être l'heureux instrument pour rétablir la bonne et parfaite intelligence entre le Roi et le Sénat et contribuer à la réunion désirable, pourvu que seulement il voudrait se plus attacher au Roi. Que ce n'était que votre idée particulière et qui probablement ne manquerait pas de succès, pourvu qu'il gagnerait |
feront ma règle, et mon zèle pour le service de la Reine ne connaît rien de plus flatteur que de pouvoir lui être utile. Il y a pourtant bien des précautions à prendre dans cette démarche, pour qu'elle ne tire pas à conséquence, si la réussite n'y répond pas. … A M. Posse, on a envoyé des instructions pour qu'il ait les yeux ouverts sur tout ce qui s'y passe et particulièrement sur le motif de la conférence mystérieuse qui s'est tenue chez le Chancelier,45-1 laquelle intrigue fort le baron Hœpken. Il serait bon de l'avertir de ce qui en pourrait venir à la connaissance de Votre Majesté, lui de son côté m'ayant promis de m'informer des nouvelles de considération qui lui entreraient sur ces matières. A cette occasion, il me communiqua en confidence une anecdote qui probablement lui était venue du sieur Preis. C'est que le ministre de Hollande en Russie doit avoir écrit, depuis peu de mois encore, à ses maîtres qu'on ne devait point se presser avec l'accession qu'on demande à la République, puisque l'état des affaires en Russie était actuellement dans un si grand abandon qu'on n'avait rien de vigoureux à s'en promettre.“ | plus encore la confiance de ce Prince etc. Enfin, il conviendra que vous ne vous serviez que de propos innocents, de sorte que vous ne soyez aucunement commis, supposé que l'affaire ne réussirait pas à souhait. Quant a la conference mystérieuse qui s'est tenue chez le chancelier de Russie, nous n'en savons guère plus encore que le baron de Hœpken, mais dès qu'il en viendra quelque chose à ma connaissance, je ne manquerai pas de lui communiquer ce qui m'en sera entré. Les dernières nouvelles que nous avons eues de Pologne, nous informent que tout ce qu'on avait vu faire jusqu'à présent aux Turcs, n'avait tendu qu'à exercer leurs troupes, et que les invasions que les Tartares de la Crimée faisaient dans les nouvelles colonies, étaient peu considérables; cependant je viens d'apprendre de très bonnes mains que les deux cours impériales commencent à se bien méfier de la Porte Ottomane et qu'elles sont dans de fortes appréhensions que toutes les corruptions, et qui allaient à des sommes exorbitantes, qu'elle sont employées pour entretenir la Porte dans l'indolence, ne porteraient plus à rien, de sorte qu'on avait presque perdu toute espérance d'obvier à la mauvaise volonté de la Porte contre les deux cours. Au reste, ayant réfléchi sur les longs et fidèles services que vous avez rendus à moi et à ma maison, tandis que vous avez été employé dehors, je viens de vous conférer le poste de ministre auprès de la régence à Kœnigsberg, avec la présidence du collège des mineurs, et le département des affaires de l'université et des églises de la province qui vient de vaquer par la mort du comte de Finckenstein de Schœnberg. Federic. |
Nach dem Concept.
<46>5994. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 11 août 1753.
J'accuse la bonne réception du rapport que vous m'avez fait du 1er de ce mois, et ne puis aujourd'hui que vous renvoyer à mes dernières dépêches touchant la négociation des ministres de Russie avec Guy Dickens, mes différends avec l'Angleterre et la vente des mes domaines en Hollande.46-1 D'ailleurs je viens de recevoir votre dépêche du 4, sur laquelle je n'ai encore qu'à vous dire que j'ai appris par de bonnes lettres de Hollande comme quoi le ministre de la République à Moscou, le sieur Swart, doit avoir écrit depuis peu de mois encore à ses maîtres qu'on ne devait point se presser avec l'accession au traité de Pétersbourg, parceque l'état des affaires en Russie était actuellement dans un si grand abandon qu'on n'avait rien de vigoureux à en espérer.
Au reste, en conséquence des lettres de France, le ministre de Modène à la cour de France, qui n'était point allé à Compiègne depuis que la cour y a fait le voyage, vient d'y apparaître. Il assure le plus fortement que le précis qu'on a publié par les gazettes, touchant le traité conclu entre sa cour et celle de Vienne,46-2 est destitué de tout fondement, à l'exception seule de l'article qui concerne le mariage de l'archiduc Pierre. Il proteste que tous les autres sont absolument faux, qu'on ne recevrait point garnison ni à Mirandole ni dans tout le Modénois; qu'à la vérité, on avait offert au Duc, son maître, le gouvernement du Milanois, mais qu'il s'en était excusé; qu'il pourrait bien arriver qu'il prît soin de ce gouvernement jusqu'à la majorité de l'archiduc Pierre, mais que ce serait sans prendre la qualité de gouverneur et sans passer au service d'Autriche. Au surplus, une pension de 50,000 écus que la duchesse de Modène tire depuis quelques années de la France, faisait supposer que ce frein retiendrait le Duc dans les intérêts de la France.
Federic.
Nach dem Concept.
5995. AU PRINCE DE PRUSSE A BERLIN.
[Potsdam], 13 [août 1753].
Mon cher Frère. Votre jour de naissance46-3 s'est passé sans que je vous en aie fait mes compliments; je vous en demande pardon, j'ai tant d'occupations et tant de distractions qui, jointes à votre absence, m'ont empêché de vous en féliciter.
Vous vous moquez chrétiennement de moi dans votre lettre, mon cher frère, il ne faut pas beaucoup d'efforts pour amasser en temps de paix dans son propre pays de quoi nourrir 40,000 hommes pendant quinze jours, le grand effort est celui de la bourse; mais d'ailleurs il<47> faudrait avoir le cerveau bien chétif pour l'user par une telle bagatelle. Les manœuvres que nous ferons dans le camp,47-1 seront ce qu'il y aura de mieux, parcequ'elles sont toutes adaptées au terrain, et que la connaisance du terrain — cette partie essentielle de la guerre — est peut-être ce qui manque encore à beaucoup de nos officiers. Adieu, mon cher frère, j'ai ici un prince de Zollern47-2 au service d'Autriche et le prince Louis,47-3 qui, dit-on, y veut entrer, qui tous les deux me pèsent mille livres sur les épaules. Je suis avec bien de l'estime, mon cher frère, votre fidèle frère et serviteur.
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
5996. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Potsdam, 14 août 1753.
Je suis très satisfait de votre attention et du zèle que vous me marquez pour me bien informer des choses aussi intéressantes que celles que j'ai apprises par votre dernier rapport, et surtout par le post-scriptum que vous y aviez joint pour moi-seul.
Comme je présume que le courrier dépêché par le sieur Guy Dickens pour porter à Londres les propositions des ministres de Russie sera arrivé, quand la présente vous sera rendue, vu qu'en conséquence de mes lettres il est actuellement passé à Vienne pour continuer son chemin par la Haye,47-4 vous redoublerez d'attention à présent pour être exactement informé du résultat que le ministère anglais prendra relativement à ces dépêches, pour m'en instruire alors sur le champ par un rapport détaillé que vous m'adresserez seul.
Voilà encore le chevalier Williams47-5 arrivé à présent à Londres! Comme vous connaissez l'esprit turbulent et inquiet de cet homme et son animosité contre moi, vous ne laisserez pas d'observer toutes les démarches qu'il fera pendant son séjour à Londres, et de vous appliquer au possible pour pénétrer ses manèges. Puisqu'il est aussi accompagné du jeune comte Poniatowski, qui, à ce qu'on m'a dit, voudrait faire valoir auprès du ministère anglais un plan qu'on a fait pour faire réussir les vues des deux cours impériales relativement à la république de Pologne, vous tâcherez encore de vous orienter à ce sujet.
Au surplus, il y a un traité conclu nouvellement entre le roi de Danemark et celui d'Angleterre comme électeur d'Hanovre, pour régler, dit-on, les frontières entre les possessions du Danemark, du Holsteinois et de celles d'Hanovre;47-6 au sujet de ce traité, il m'est revenu qu'il y a un article en conséquence duquel le roi de Danemark s'engage de faire une diversion à la Suède dans la Scanie dans un temps de guerre en Allemagne, pour empêcher par [là] la Suède à me donner du<48> secours. Je ne saurais vous donner pour tout-à-fait sûrs ces avis;48-1 en attendant, comme des engagements de cette sorte ne sauraient se prendre sans que le ministère anglais en soit instruit, je serai bien aise que vous vous appliquiez de pénétrer ce qui en est et [si] le ministère en a connaissance.
Federic.
Nach dem Concept.
5997. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 14 août 1753.
J'ai reçu votre rapport du 4 de ce mois. Jusqu'à présent je crois qu'on n'a pas lieu de redouter beaucoup les manèges du chevalier Williams en Angleterre; ses compatriotes le connaissent pour un homme inquiet, fougueux et de beaucoup de bruit, mais de peu de solidité et souvent rempli de chimères; ainsi je crois qu'il n'y fera pas grande besogne.
Quant à la lettre de Moscou, je crois qu'elle accuse assez juste dans ce qu'elle contient; il n'est pas douteux que, si l'Angleterre soutient le ministère de Russie par des subsides considérables, les ostentations de Russie iront le même train que par le passé, mais à ce que mes lettres de Londres me disent, s'il ne tenait qu'au roi d'Angleterre et à son ministre [allemand],48-2 on accorderait tout de suite le subside que la Russie demande, mais que jusqu'à présent le ministère anglais s'y refusait constamment et n'osait point ouvrir la bourse pour des motifs pareils; ce qui me fait présumer que ce plan formé entre les ministres de Russie et Guy Dickens ne se soutiendra autrement qu'une maison de cartes que le moindre petit vent renverse. D'ailleurs l'on peut bien acheter au prix d'argent des traités, mais il coûte furieusement d'en payer l'effet, ce qui n'est point si aisé de parfaire que le premier.
Je serais bien aise que vous sachiez tirer quelque avantage pour vous à l'occasion de la négociation touchant la vente de mes domaines en Hollande,48-3 mais la conclusion de cette négociation me paraît assez éloignée encore et même sujet à ne point constater, vu les chicanes grossières que les commissaires hollandais y emploient, en conséquence des rapports que je vous ai communiqués; ce que je trouve indigne, après que je me suis si fortement ravalé sur le prix de ces domaines. J'attribue encore la cause de ce mauvais procédé au conseil qu'on dit que le roi d'Angleterre a inspiré à la Princesse douairière, savoir qu'elle ne devait pas se trop presser pour terminer cette affaire, sur la conclusion de laquelle je ne suis aussi point embarrassé et pourrais bien me résoudre, en cas qu'on continue ces chicanes indécentes, de rompre tout d'un coup la négociation et de garder ce qui m'appartient.
Federic.
Nach dem Concept.
<49>5998. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 14 août 1753.
Pour vous répondre encore sur ce que vous m'avez marqué par votre rapport ordinaire du 2 de ce mois que j'ai déjà accusé, je vous dirai que, quant aux observations marginales que M. de Saint-Contest a faites pour la cour de Manheim sur la dernière réponse de celle de Vienne, je les ai trouvées toutes justes et solides et espère que M. de Contest sera content de la résolution que j'ai prise là-dessus, vu que j'ai ordonné à mes ministres d'agir simplement en conséquence que la France l'avait désiré.49-1
Mes lettres de Copenhague me confirment que, quelque chimérique que soit le plan que la cour de Copenhague a formé sur la Scanie, il n'était pas moins vrai. Comme il y a nouvellement conclu un traité entre le Danemark et le roi d'Angleterre49-2 pour régler les limites et frontières des possessions du Danemark dans le pays de Holstein et celles d'Hanovre, j'ai des soupçons que les deux parties contractantes ont caché sous ce traité un tout autre but et qu'elles sont peut-être convenues secrètement à cette occasion que, s'il arrivait que je fusse en guerre avec le roi d'Angleterre et ses alliés, celui de Danemark tomberait alors sur la Scanie, afin d'empêcher par là que la Suède pourrait me donner le secours stipulé dans notre traité d'alliance. Je ne puis vous donner encore ceci que comme des conjectures, que je ne trouve cependant point destituées de toute vraisemblance, quand je réfléchis sur la mauvaise volonté du baron de Bernstorff, sur son penchant décidé pour le parti anglais et de ce qu'il se soucie peu ou point des véritables intérêts, pourvu qu'il sache faire plaisir au parti opposé à la France et ses alliés, et sur l'envie encore dont, à ce que l'on me marque, le roi de Danemark brûle de former une armée.49-3
Vous ne laisserez de communiquer tout ceci à M. de Contest et de lui dire en confidence que j'avais permis au prince Ferdinand de Brunswick, que vous savez être en mon service, de faire dans le mois d'octobre qui vient un voyage à Copenhague, sur les instances que la reine de Danemark, sa sœur, lui en a faites, et que j'espérais de tirer un bon parti de ce voyage, soit que le Prince approfondira les vrais desseins du Danemark, soit qu'il saurait trouver l'occasion de désabuser le Roi de plusieurs fausses impressions qu'on lui a données. Comme vous connaissez l'aimable caractère du prince Ferdinand et son bon esprit, vous saurez bien en faire un portrait à M. de Contest, quand vous l'entretiendrez confidemment sur ce que dessus.
Federic.
Nach dem Concept.
<50>5999. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Potsdam, 14 août 1753.
J'ai bien reçu vos dépêches du 31 du mois dernier et du 4 de ce mois et approuve parfaitement la réponse que vous avez faite au maréchal de Schulenburg, quand il vous a sondé sur l'accueil que trouveraient ici les officiers étrangers qui contre mon gré50-1 voulaient se trouver présents aux exercices et manœuvres dans le camp qui se formera auprès de Spandau; aussi mon intention est que vous y tiendrez toute fois qu'on en parlera, et que vous en teniez toujours le même langage.
Comme vous soutenez que, malgré tout le chimérique qu'il y a dans le plan d'une entreprise sur la Scanie, la chose n'était pas moins vraie, je commence à soupçonner que le traité nouvellement conclu entre le Danemark et l'Hanovre50-2 ne couvre tout un autre but, savoir la défense du pays d'Hanovre, de façon qu'on soit convenu par quelque article séparé ou secret qu'au cas d'une guerre en Allemagne entre moi et entre le roi d'Angleterre et ses alliés, le roi de Danemark tomberait alors sur la Scanie afin d'empêcher par là que la Suède saurait me donner le secours stipulé dans le traité fait et conclu entre moi et elle.50-3 Je ne vous donne ceci que comme des conjectures, mais comme la chose n'est pas destituée de toute vraisemblance, vous ne laisserez pas d'y réfléchir et de songer à vous éclaircir là-dessus pour m'en faire votre rapport immédiatement et à moi seul.
Je viens de recevoir encore votre rapport du 7 de ce mois. La particularité que vous remarquez qu'on n'a point parlé à M. Lemaire du traité conclu nouvellement avec l'Hanovre, confirme en quelque manière mes soupçons ci-dessus mentionnés, et quant à M. Lemaire, il me paraît qu'il saurait bien demander une explication des ministres de Danemark à l'égard de ce traité, d'autant plus qu'une telle demande n'aurait rien d'extraordinaire et serait tout au contraire dans la règle.
Federic.
Nach dem Concept.
6000. A LA REINE DE SUÈDE A DROTTNINGHOLM.
[Potsdam], 14 août 1753.
Malgré toute la mauvaise volonté que la cour de Danemark nourrit, elle ne saura rien entreprendre, car d'où tirerait-elle l'argent et les moyens nécessaires pour soutenir l'entreprise? Ainsi mon avis est qu'on fasse semblant encore de ne pas s'apercevoir de leur dessein et de n'en parler du tout. S'il arrive jamais que le roi de Danemark se préparerait sérieusement pour réaliser son projet, j'en serais sûrement informé, de sorte que je pourrai vous en avertir à temps encore.
En attendant, comme il enverra sur le champ son général Schmettau avec d'autres officiers de confiance dans la Scanie pour voir les forti<51>fications de Landscrona51-1 et des autres places de cette province, je serais bien aise que mon avis ne vienne pas trop tard, pour qu'on ne puisse plus mettre ordre à ce que ces officiers soient observés et qu'on use de la circonspection de ne leur laisser voir tout.
Il est difficile de comprendre la conduite de votre ministre à la cour de Copenhague,51-2 qui, à ce qu'on dit, ne s'aperçoit de rien et pousse les effets de sa déférence et ses soumissions devant Bernstorff au point d'applaudir fort au susdit envoi.
Federic.
Nach dem Concept.
6001. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 16 août 1753.
Je vous suis bien obligé des informations que vous avez bien voulu me donner par votre dépêche du 6 de ce mois relativement à la situation présente de l'intérieur de l'Angleterre, et me borne aujourd'hui à vous communiquer seulement ce que mes dernières lettres de Londres m'ont appris touchant le chipotage du sieur Guy Dickens avec les ministres de Russie. L'on y m'assure de savoir par un canal très sûr que le ministère anglais a nouvellement dépêché un courrier au sieur Guy Dickens avec des instructions en conséquence desquelles on lui ordonne de remercier la cour de Russie des bons sentiments qu'elle avait témoignés en faveur de l'Angleterre; qu'on se flattait qu'elle s'y maintiendrait, mais que la cour de Russie sentirait que, vu la position actuelle des affaires du pays et à la veille d'une nouvelle élection de Parlement, le ministère anglais ne saurait se prêter à aucun engagement relatif à des subsides, crainte d'indisposer la nation et de s'attirer par sa mauvaise humeur des difficultés sur les bras qui pourraient être sujettes à de grandes conséquences pour lui. Que nonobstant on espérait que la cour de Russie ne laisserait pas de se prêter à tout autre arrangement pour fortifier l'alliance du Nord, et que, si contre attente on avait besoin un jour ou l'autre de profiter des dispositions favorables dans lesquelles on se trouvait en Russie, on espérait qu'on y trouverait également la même façon de penser en faveur de l'Angleterre, que l'on y avait actuellement. Mes lettres ajoutent qu'il n'y avait du tout à présumer qu'il y pourrait avoir de variation de longtemps, malgré même que mes différends avec l'Angleterre qui avaient été les motifs du chipotage en question, ne s'accommodassent de si tôt, vu qu'il serait trop difficile au ministère de prendre des engagements pécuniaires dans le moment présent et de chercher d'obtenir le consentement de la nation pour un traité de subsides, surtout aussi considérable que celui-ci, pour des motifs aussi peu pressants et dans le fond si peu relatifs essentiellement à l'Angleterre, à la dernière séance d'un Parle<52>ment et à la veille d'une nouvelle élection; enfin que, malgré que le roi d'Angleterre fît tous ses efforts pour augmenter la ligue du Nord, son ministère anglais n'entrerait pas dans aucun engagement pécuniaire pour cet effet et laisserait plutôt dormir par prudence mes différends, si on ne les ajustait pas, que de prendre des mesures violentes, avant qu'il n'ait établi solidement sa majorité dans le Parlement.
Voilà de quoi j'ai bien voulu vous informer pour votre direction seule, et ce qui apparemment fera échouer tout le plan du chancelier de Russie et le mettre en mauvaise humeur contre l'Angleterre.
Quant à mes différends, l'on me marque que ces affaires prenaient une tournure plus favorable que ci-devant, et que le sieur Pelham était disposé d'étouffer ces différends avec une somme d'argent que l'on promettrait à la France, moyennant quoi je lèverais le séquestre et paierais en entier le reste des dettes de la Silésie.
Federic.
Nach dem Concept.
6002. AN DEN ETATSMINISTER GRAF PODEWILS IN BERLIN.
Potsdam, 17. August 1753.
Nachdem Se. Königl. Majestät heute Ew. Excellenz Bericht, betreffend die Dépêches wegen der englischen Differentien, welche M. de La Touche aus Frankreich bekommen, erhalten, so haben Dieselbe mir befohlen, Ew. Excellenz sogleich noch zu melden, wie Dieselbe Ew. Excellenz Selbst darüber sprechen würden, inzwischen nichts eher mit Bestand auf Dero Anfrage antworten könnten, bevor Dieselbe nicht Höchstderoselben einige Nachrichten gegeben haben würden, wie hoch sich die Summe der von denen Kaufleuten liquidirten Capital und Interessen belaufet. Welches also sofort gehorsamst melden sollen.
Uebrigens soll ich noch hinzufügen, dass, weil das englische Ministère verschiedentlich sich entfallen lassen, dass, da Se. Königl. Majestät einen Arrest auf die schlesischen Gelder geleget hätte, die Kron Engelland also nicht mehr an die vorhin gegebene Garantie über Sr. Königl. Majestät Possession von Schlesien gebunden wäre, Ew. Excellenz also ohnvergessen sein möchten, es bei Gelegenheit des bevorstehenden Vergleiches dahin einzulenken, dass der französische Hof das englische Ministère dahin vermöchte, damit nach beigelegter Differenz wegen der Seeprisen und nach bezahlten deren schlesischen Schulden durch die hinc inde auszuwechselnde Wechselbriefe, als welchen Vorschlag Se. Königl. Majestät Sich gefallen Hessen, auch die ehemals ertheilte englische Garantie über Schlesien von ihrer beständigen Valeur und Effect zu sein declariret werde.
Eichel.
Nach der Ausfertigung.
<53>6003. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Potsdam, 18 août 1753.
J'ai reconnu avec bien de la satisfaction par la dépêche du 7 que vous m'avez adressée seul, le zèle et l'application avec laquelle vous vous empressez de m'informer au juste sur tout ce qui peut regarder le bien de mon service, et j'ai vu avec plaisir que les affaires en Angleterre qui y ont du rapport, commencent depuis peu de prendre un tour conformément à mes désirs et à mes souhaits.53-1 De la façon que le Pelham s'est expliqué, en conséquence de votre rapport touchant nos différends, il se pourra que nous saurions aisément convenir pour les aplanir de la belle manière et à la satisfaction réciproque, et pourvu que le ministère anglais agisse raisonnablement envers moi, il trouvera tout le retour de ma part, et que je ne me roidirai point contre un accommodement juste et raisonnable.
Au surplus, continuez à me donner de vos nouvelles intéressantes, autant que vous serez à même de le faire.
Federic.
Nach dem Concept.
6004. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 18 août 1753.
Je vous suis bien obligé des informations que vous m'avez donnés touchant les différents jugements qu'on fait là où vous êtes, par rapport à la marche prétendue des troupes russiennes en Livonie et aux environs; mais comme je vous ai assez instruit sur la véritable situation de cette affaire,53-2 vous pourrez aisément discerner le vrai avec le faux dans tout ceci. Quant à moi, je ne suis nullement embarrassé de toutes ces ostentations, supposé même qu'elles se réalisent; d'ailleurs il est bon que je vous informe pour votre direction seule des dernières nouvelles que j'ai eues de Londres et sur lesquelles je puis compter53-3 …
Voilà bien des choses pour confondre le jugement de celui qui en conséquence de votre rapport a compté entièrement que la nation anglaise emploierait ses trésors pour se procurer satisfaction sur les différends avec moi.
Federic.
Nach dem Concept.
6005. AU MINISTRE D'ÉTAT DE ROHD A STOCKHOLM.
Potsdam, 18 août 1753.
Vous remercierez très poliment le baron de Hœpken de ma part de la communication confidente de plusieurs nouvelles de Russie qu'il<54> vous a faite en conséquence de votre rapport du 7 de ce mois, et l'assurerez du parfait secret que je lui en garderai.
Par un retour de confiance, vous lui communiquerez ce que j'ai appris de bon lieu54-1 d'un chipotage qu'il y a eu entre le sieur Guy Dickens et les ministres de Russie par rapport à la marche d'un gros corps de troupes russiennes dans la Livonie et aux environs, savoir que ledit sieur Guy Dickens ayant eu ordre du Roi son maître de négocier contre des subsides un corps de troupes russiennes pour être prêt en Livonie et près de la Mer Baltique à marcher sur la réquisition de ce Prince, en cas que j'attaquerais ses États d'Hanovre, le chancelier Bestushew s'était donné tous les mouvements imaginables pour faire consister ce traité. Comme par ses représentations il obtint l'agrément de sa souveraine afin d'entrer en négociation avec Guy Dickens là-dessus, il proposa à celui-ci que la Russie ferait assembler en Livonie et à la Mer Baltique jusqu'à 70,000 hommes de ses meilleurs troupes afin de pouvoir en cas d'évènement agir d'abord avec vigueur et force, et que pour avoir une bonne réserve on lèverait sans délai 60,000 recrues, tout cela contre un subside de trois millions d'écus d'Hollande que l'Angleterre paierait au cas de la réquisition des troupes, et d'un million d'écus encore pour les tenir prêtes.
Ce qu'il y a eu de plus surprenant dans la conduite des ministres russiens, c'est que nonobstant que l'impératrice de Russie n'avait pas encore signé ces propositions, et que le ministre anglais même n'en fût instruit d'une manière détaillée, et que cette négociation était donc si peu parvenue à sa consistance, n'étant d'ailleurs ni connues, ni agréées du roi d'Angleterre, les ministres de Russie firent néanmoins déjà tous les arrangements militaires, comme si l'affaire était entièrement parvenue à sa maturité, de sorte que la disposition était que cinq régiments d'infanterie avec autant de régiments de dragons dont les quartiers étaient des plus proches de la Livonie, y entreraient au premier ordre, tandis que d'autres régiments, plus éloignés de la frontière, occuperaient immédiatement après les quartiers que ceux-là viendraient de quitter. Que les Cosaques devraient avancer et se mettre à portée, qu'on lèverait pour réserve 60,000 recrues, et qu'on expédierait des ordres à Pétersbourg pour mettre incessamment les galères qui s'y trouvaient, en état de pouvoir mettre à la voile au premier ordre.
En attendant, comme le sieur Guy Dickens n'osa prendre sur soi un engagement d'un si gros subside qu'on demandait, il dépêcha son courrier pour porter ces propositions à sa cour, mais qui, à ce que je viens d'apprendre de bon lieu,54-2 a renvoyé depuis peu ce courrier, portant au sieur Guy Dickens une réponse polie à ces propositions pour remercier la Russie des bons sentiments qu'elle avait témoignés en faveur de l'Angleterre, mais d'ailleurs absolument déclinatoire pour des<55> subsides, en sorte que le Chancelier verra par là son plan échoué et que l'affaire restera là.
En racontant tout ceci au baron de Hœpken dans quelque conversation particulière que vous aurez avec lui, vous le prierez instamment de ma part de vouloir bien me garder un secret inviolable làdessus, tout comme sur les particularités suivantes que vous lui communiquerez encore : c'est que j'ai appris que la cour de Copenhague a un dessein formé sur la Scanie dont elle voudrait dépouiller la Suède à la première occasion qu'elle trouverait favorable pour exécuter son plan. Que quelque chimérique que ce plan paraisse être, on me le soutient malgré cela pour véritable, en m'assurant que le dernier voyage que des officiers danois avaient fait à Landskrona et en Scanie, n'avait eu pour but que de reconnaître ce pays-là. Que malheureusement le baron de Fleming ne s'apercevait pas de ce dessein, se fiant aux paroles flatteuses que le ministre de Bernstorff lui donnait pour l'endormir, mais qu'on se prenait si mal à Copenhague sur ce dessein qu'on ne saurait s'y méprendre, et que les susdits officiers, après leur retour de la Scanie à Copenhague, sauvaient si peu les apparences qu'on les voyait agités et en conférences entre eux et avec leurs chefs relativement à ces affaires.
Quant à moi, qui ne sais pas encore me décider entièrement sur la réalité de ce plan, je suis d'opinion qu'il y a peut-être quelque concert entre le roi de Danemark et celui de l'Angleterre55-1 qu'au cas d'une guerre en Allemagne le Danemark devrait alors attaquer la Suède dans la Scanie, afin de l'occuper par là et l'empêcher à pouvoir se mêler de cette guerre en Allemagne. Je finis en vous recommandant encore un secret impénétrable sur ces sujets et de n'en parler que dans la dernière confidence au baron de Hœpken.
Federic.
Nach dem Concept.
6006. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 21 août 1753.
Vous verrez par la dépêche du département des affaires étrangères qui vous parviendra à la suite de celle-ci, de quelle manière je me suis déclaré sur les nouveaux expédients que M. de Contest m'a fait proposer pour accommoder mes différends avec l'Angleterre par rapport aux prises maritimes, en consequence d'une dépêche qu'un courrier a portée en dernier lieu au chevalier de La Touche.55-2
M'étant expliqué dans la susdite dépêche à vous que ma première demande pour le dédommagement de mes sujets était de 120,000 écus d'Allemagne ou de 20,000 livres sterling, et que, s'il n'y avait pas moyen de porter l'Angleterre à payer cette somme, je voudrais me<56> contenter enfin de celle de 100,000 écus d'Allemagne, comme un ultimatum auquel j'étais résolu de me tenir inébranlablement et en qualité de tout dernier mot, je veux cependant vous dire encore que, nonobstant ce que dessus, si la France trouve le ministère tout-à-fait inflexible sur le susdit ultimatum, en sorte qu'il n'y aurait nul moyen d'en obtenir la somme de 100,000 écus, alors mon plus dernier mot sera la somme de 80,000 ou quatre vingt mille écus comme ultimatum de mes ultimata, mais dont aussi je ne me relâcherai absolument pas. C'est de cette façon-là que je veux et vous autorise par la présente de vous expliquer de ma part envers M. de Contest, en le priant cependant de vouloir bien diriger cette affaire de sorte qu'on ne parvienne à ces offres et surtout à mon tout dernier mot de 80,000 écus qu'à la dernière extrémité, et quand il n'y aura plus aucun autre moyen d'accommoder l'affaire.
Pour ce qui regarde ce que la dépêche du Département vous a marqué au sujet du traité fait entre la cour de Vienne et le duc de Modène, j'ai trouvé bon d'ajouter encore que, selon mes lettres particulières, il se pourrait bien que le roi de Sardaigne se soit expliqué comme s'il approuvait ledit traité, puisque dans le moment présent il n'y a pas d'autre parti à prendre pour lui, n'ayant pas grande liaison actuellement avec la France; mais que, si l'Impératrice-Reine devenait trop puissante, comme elle deviendra sûrement par ce traité, surtout en Italie, ce Prince serait obligé de prendre d'autres mesures. Mon intention est que vous devez communiquer tout ceci à M. de Contest, en lui insinuant de ma part que je laissais à sa réflexion si la France ne pourrait pas profiter de cette occasion assez propre pour ramener à soi la cour d'Espagne ou celle de Turin ou peut-être toutes les deux.
Federic.
Nach dem Concept.
6007. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 21 août 1753.
Le raisonnement que quelqu'un à tenu à un de vos amis au sujet de la marche projetée des troupes russiennes vers la Livonie, est des plus faux, et tout ce qu'on débite comme si j'avais excité la Porte par la France contre l'une ou l'autre des deux cours impériales pour détourner l'Impératrice-Reine de son projet touchant l'élection d'un roi des Romains est une de ces grossières calomnies que mes ennemis prennent à tâche de me charger, et que je ne regarde qu'avec mépris. Au surplus, vous pouvez compter sûrement sur tout ce que je vous mande pour votre direction seule, relativement à la susdite marche, qui restera apparemment en arrière après que les subsides ont été<57> refusés. Je vous renvoie, au reste, à la dépêche ordinaire d'aujourdhui du département des affaires étrangères.
Federic.
Nach dem Concept.
6008. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A DRESDE.
Potsdam, 21 août 1753.
J'ai bien reçu les dépêches que vous m'avez faites du 11 et du 14 de ce mois. Je ne manquerai pas d'instruire milord Maréchal pour parler à M. de Saint-Contest par rapport aux affaires de Pologne dans le sens que vous me l'avez proposé, je souhaiterais seulement de savoir de vous à combien saurait monter la somme en argent pour former et entretenir un parti tel que vous le désirez,57-1 et il faudra d'autant plus que je sois informé du montant de cette somme, afin que je sache d'autant mieux m'arranger avec la France par rapport à ma quote-part.
Quant à ce que le comte de Broglie vous a dit au sujet d'une audience que vous deviez prendre auprès du roi de Pologne pour le détromper du bruit dont on lui a imposé touchant la prétendue entreprise de ma part sur la Prusse polonaise,57-2 je vous dirai que, pourvu que le comte de Broglie veut être de cette audience et confirmer en même temps au roi de Pologne ce que vous lui direz, je vous permets et vous autorise de faire cette démarche; mais dans le cas qu'il refuse d'être présent à cette audience et de confirmer en même temps ce que vous direz à ce Prince, alors je veux aussi que vous ne vous mêliez de rien et ne fassiez point de démarche là-dessus.
Federic.
Nach dem Concept.
6009. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 25 août 1753.
Vous pouvez être parfaitement tranquille sur tout ce qui se dit là où vous êtes, en conséquence de votre dernier rapport du 15, touchant mes différends avec l'Angleterre et les impressions que le rapport du chevalier Williams saurait produire sur l'esprit du Roi son maître, et je veux bien vous dire, quoique pour votre direction seule, que les choses relativement aux susdits différends ont bien changé depuis peu de temps, que le ministère britannique s'est radouci,57-3 et qu'il y a toute l'apparence qu'ils seront accommodées en peu à la satisfaction réciproque des deux partis.
Quant à l'affaire de la vente de mes domaines en Hollande, les commissaires nommés des deux côtés sont à la fin convenus d'un projet<58> du contrat de vente que j'attends au premier jour à ma confirmation. Cela ne s'est point fait sans que les miens ont eu à essuyer mille chicanes et qu'ils ont été obligés de disputer pied à pied pour tout régler conformément aux préliminaires dont on était déjà convenu. Quand tout sera fini, je vous permets très volontiers que vous puissiez accepter le présent de mille ducats qu'on vous destine, en reconnaissance des peines que vous avez eues dans cette affaire,58-1 et je songerai aussi de marquer ma reconnaissance à votre ami, autant qu'il me le sera possible, ce dont je vous instruirai encore.
Federic.
Nach dem Concept.
6010. AU MINISTRE D'ÉTAT DE ROHD A STOCKHOLM.
Potsdam, 25 août 1753.
C'est avec plaisir que j'ai appris par votre rapport du 10 de ce mois que le conseiller privé de Maltzahn58-2 est heureusement arrivé à Stockholm, et vous ne manquerez pas de l'informer à fond de tout ce qui peut avoir quelque rapport à mon service; vous l'en mettrez entièrement au fait et vous n'userez d'aucune réserve et n'aurez rien de caché à son égard.
Je trouve, au reste, qu'on ne saurait mieux faire là où vous êtes que de ne point se mêler des différends qu'il y a présentement entre les cours d'Espagne et de Danemark, et surtout de ne point faire cause commune avec cette dernière là-dessus ; ce que personne de bien intentionné pour la Suède ne voudra ni ne pourra jamais lui conseiller.
Federic.
P. S.
J'ai bien voulu vous informer encore que mes dernières lettres de Copenhague m'ont marqué combien la conduite des officiers danois qui ont été en Scanie, paraissait donner de nouvelles preuves des desseins de cette cour-là, vu que les officiers étaient beaucoup mieux à la cour que par le passé et ne cessaient de conférer avec les ministres et que les premiers avaient dressé le plan de Landskrona. Que d'ailleurs, pour intéresser le public relativement aux vues qu'on témoignait avoir sur la Scanie, l'on faisait courir des bruits par rapport aux fortifications de ladite place en conséquence desquels l'on traitait ces ouvrages de contraires à la sûreté du Danemark et incompatibles avec l'amitié qui subsistait entre les deux couronnes. Qu'au surplus l'on tenait encore de mauvais propos sur le canal de Gothenburg à Stockholm, au sujet duquel l'on concluait qu'il importait de songer à remédier à temps au préjudice qui en résultait au Danemark.
Nach dem Concept.
<59>6011. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Potsdam, 25 août 1753.
J'ai reçu vos rapports du 14 et du 18 de ce mois et serai bien aise que vous continuiez de veiller avec attention sur tout ce qui regarde les vues de la cour où vous êtes sur la Scanie et les menées du ministre Bernstorff, pour m'en faire vos rapports avec exactitude et de sorte que que j'y puisse compter. J'approuve la réponse que vous avez donnée touchant les officiers qu'on a eu envie d'envoyer au campement que je vais former.59-1 Si l'on a pris la résolution de n'y songer plus du tout, c'est la meilleure qu'on aura pu prendre, car sûrement ces officiers auraient eu du désagrément, vu que mes arrangements sont faits qu'aucun officier étranger indistinctement ne sera admis au camp sans ma permission expresse et par écrit. Au reste, je veux bien vous avertir que, sur les instances de la reine de Danemark, son frère, le prince Ferdinand de Brunswick, qui est à mon service, ira faire un tour à Copenhague dans le mois d'octobre qui vient, avec ma permission, et que je me promets de ce voyage du bien pour la cause commune, s'il est possible encore de s'en promettre, vu la solidité et les bons sentiments que je connais à ce digne Prince.59-2
Federic.
Nach dem Concept.
6012. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Potsdam, 28 août 1753.
Votre rapport du 10 de ce mois m'a été bien rendu, et j'attends que vous continuerez à me rendre vos dépêches aussi intéressantes que celles que vous m'avez faites depuis quelque temps.
Pour ce qui regarde ce libelle diffamatoire59-3 dont vous m'avertissez qu'il en court des manuscrits en Angleterre, je vous dirai que vous n'en devez point vous embarrasser et ne pas le révéler ni n'en faire aucun bruit. Ce serait trop honorer la calomnie que si vous vous donnez des mouvements là-dessus, et plus ses traits | [sont] grossiers, plus tôt ils s'émoussent et tombent dans le mépris et dans l'horreur des honnêtes gens. D'ailleurs je ne me soucie jamais de ce que des enragés écrivent sur mon sujet personnel, pourvu que le bien de mon État n'en souffre pas.
Au reste, j'espère de voir à présent bientôt accommodés mes différends avec l'Angleterre, et ma curiosité sera d'apprendre au juste de vous si cet accommodement fera plaisir au roi d'Angleterre, ou si c'est<60> bien contre son gré et contre son intention que le ministère anglais s'y prête.
Federic.
Nach dem Concept.
6013. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Potsdam, 28 août 1753.
J'ai bien reçu votre rapport du 21 de ce mois et suis bien aise d'apprendre que le baron de Fleming a commencé à la fin d'ouvrir les yeux sur ses écarts et de revenir de ses illusions.60-1 Il faudra voir si cela continuera et s'il reviendra à vous et à M. Lemaire de son propre mouvement, car je ne suis point d'avis que ni vous ni M. Lemaire le recherchiez; tout au contraire, il conviendra que vous le voyiez venir.
Federic.
Nach dem Concept.
6014. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 28 août 1753.
J'ai bien reçu votre rapport du 18 de ce mois et trouvé bien justes les réflexions que vous avez faites relativement au traité fait avec le duc de Modène,60-2 et combien ce Prince s'est livré par là à la discrétion de la cour où vous êtes.
Au reste, comme vous me prévenez que je ne saurai m'attendre guère de vous des nouvelles intéressantes pendant une douzaine de jours, je veux bien vous avertir que vous n'en aurez guère aussi de ma part, tandis que je serai dans le camp près de Spandau.
Federic.
Nach dem Concept.
6015. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 28 août 1753
Je vous remercie des informations que vous avez bien voulu me donner par votre dépêche immédiate que vous m'avez faite du 17 de ce mois, relativement au mécontentement qui règne en Angleterre touchant la naturalisation des juifs. Selon mes dernières lettres d'Angleterre, l'embarras du ministère va en augmentant, parceque non seulement il commence à regarder d'un œil sérieux les nouveaux ouvrages qu'il prétend que la France ait fait faire à Dunkerque, contraires à ce qui en avait été stipulé par des traités, de sorte qu'on avait donné ordre au comte d'Albemarle de faire ministérialement des remontrances à la cour de France à ce sujet; mais ce qui embarrasse plus que cela le ministère<61> anglais, ce sont les incidents qui, à ce que l'on me marque, arrivent journellement avec l'Espagne, dont les gardes-côtes nettoient haut à la main la baie de Honduras de tout vaisseau anglais qui paraît dans ces parages; ce qui doit rendre ledit ministère de fort mauvaise humeur, qui voudrait bien entrer en composition là-dessus avec l'Espagne.
Pour moi, je me flatte que tous ces embarras qui tombent sur le ministère, le porteront à se prêter avec d'autant plus de facilité pour composer à l'amiable nos différends par rapport aux prises maritimes.
Quant aux nouvelles de Vienne, tout ce qu'il y a là de gens d'affaires ne doute point que le duc de Modène ne se soit entièrement livré entre les mains de la cour de Vienne, en sorte que celle-ci n'avait pas besoin de mettre garnison dès à présent dans les places fortes appartenantes au Duc; même l'on assure de bonne main que c'était de concert qu'on n'en avait point fait mention dans le traité, mais que l'article secret portait de recevoir garnison autrichienne, en cas de guerre. D'ailleurs, quand on supposerait qu'il n'y en eût point, le Duc sera toujours obligé de les recevoir alors et n'aura plus de choix, à moins de vouloir s'exposer à être écrasé.
Federic.
Nach dem Concept.
6016. AN DEN ETATSMINISTER GRAF PODEWILS IN BERLIN.
Potsdam, 28. August 1753.
Auf allergnädigsten Befehl Sr. Königl. Majestät soll ich an Ew. Excellenz von Höchstderoselben wegen melden, wie Sie in sichere Erfahrung gekommen wäre, dass man im Reiche überall, und insonderheit die kleineren Reichsstände, eine genaue Attention auf dasjenige habe, was auf dem Reichstage zu Regensburg in der bewussten ostfriesländischen Sache vorfalle, und dass die Art, mit welcher Sr. Königl. Majestät und Dero Hauses Dignité daselbst souteniret werden würde, eine grosse Influence auf Sr. Königl. Majestät Credit und Ansehen bei ermeldeten Ständen haben würde, wenn nämlich dem hannöverschen Gesandten bei seinem heftigen Betragen61-1 stark oder faible begegnet werden würde.
Des Königs Majestät wollten dannenhero, dass Ew. Excellenz die Verfügung thun möchten, damit, wenn etwa eine hannöversche Gesandtschaft zu Regensburg oder auch die von anderen Ständen, welche Sr. Königl. Majestät in erwähnter ostfriesischer Sache entgegen, oder auch die von Oesterreich etwas heftig sprächen oder schrieben, alsdann denenselben von Dero dortigem Minister, dem von Pollman, auf gleiche Art begegnet und, wie Sr. Königl. Majestät eigene Expressiones hierunter gewesen, von der Leber weg gesprochen und entgegen bellen müsste ; wie dann überhaupt in dieser Sache die Dignität des Königlichen Hauses gegen diejenigen, so mit Grobheit dagegen anstossen wollten, mit Vigueur souteniret und haut à la main gesprochen werden sollte.
<62>Ich habe nicht anstehen sollen, Ew. Excellenz alles vorstehende, und zwar au pied de la lettre, wie es mir zu wiederholten Malen befohlen worden, zu melden. Wobei mir noch die Freiheit nehme anzufügen, dass des Königs Majestät mir heute zugleich noch befohlen haben, von hier aus ein Schreiben an den p. von Pollman gleiches Einhaltes zu expediren und ihm darin aufzugeben, dass er, wenn wider Sr. Königl. Majestät Dignité in erwähnter Sachen Unanständigkeiten und Illegalitäten geschehen wollten, er nicht mit Faiblesse agiren, sondern haut à la main gehen sollte. Von welcher Expedition ich an Ew. Excellenz eine Abschrift demnächst senden solle, welchem nachzukommen ich meiner Schuldigkeit nach nicht ermangeln werde.
Eichel.
Nach der Ausfertigung.
6017. AN DEN ETATSMINISTER GRAF PODEWILS IN BERLIN.
Potsdam, 29. August 1753.
Mein lieber Geheimer Etatsminister Graf von Podewils. Ich lasse Euch zu Eurer Direction hierbei vermittelst der abschriftlichen Anlage zufertigen, welchergestalt Ich für gut gefunden habe, Meinen Minister zu Regensburg, den von Pollman, immediate zu instruiren, und habt Ihr Euch Eures Orts darnach und nach demjenigen, so Ich Euch deshalb vorhin bereits bekannt machen lassen, gehörig zu achten. Ich bin Euer wohlaffectionirter König
Friderich.
Nach der Ausfertigung.
6018. AN DEN GEHEIMEN RATH VON POLLMAN IN REGENSBURG.
Potsdam, 29. August 1753.
Da Ich sowohl aus Euren zeither an Mich erstatteten Berichten als auch sonsten wahrnehmen müssen, wie in der bekannten ostfriesländischen Sache, welcher wegen hannöverscher Seits auf die ungegründeste und ungerechteste Weise verschiedene Motus auf dem versammleten Reichstage und sonsten gemachet werden wollen, allerhand Unanständigkeiten und Illegalitäten geschehen seind, dabei aber auch von Seiten des hannöverschen Ministers zu Regensburg62-1 sowohl als des mainzischen Directoris, auch wohl von dem österreichischen Minister in dem Fürstlichen Collegio,62-2 wie Ihr dessen noch in Eurem letzteren Bericht vom 20. dieses Erwähnung thut, mit ganz ungebührlicher Heftigkeit und Impertinenz zu Werk gegangen worden, dadurch aber Meine und Meines Hauses Dignité nicht wenig verletzet wird, daferne Ihr Euch dabei gelassen betraget und dergleichen unanständigem Verhalten [nicht] gebührend begegnet, so bin Ich zwar versichert, dass Ihr solchem<63> indecenten Betragen mit gebührender Activité entgegen zu gehen, so viel an Euch ist, es an nichts ermangeln lassen werdet; auf dass Ihr aber von Meiner eigentlichen Intention darunter um so mehr vergewissert sein könnet, so habe ich Euch durch dieses Mein immediates Schreiben (von welchem Ihr doch keine Abschriften geben müsset, sondern Euch den Einhalt dessen bloss zu Eurer Direction dienen lassen sollet) dieserwegen dahin instruiren wollen, dass wann dergleichen Unanständigkeiten und Illegalitäten, auch Impertinentien von Seiten oberwähnter Ministres oder von wem es auch sonsten sein wolle, weiter unternommen werden wollen, Ihr dabei nicht gelassen sein, noch weniger Euch timide betragen, vielmehr, ohne einmal weitere Ordre deshalb zu gewärtigen, reine von der Leber wegsprechen, und obschon ordnungmässig, jedoch haut à la main dergleichen Indécences Euch zuwiderstellen und Meine und Meines Hauses Dignité sowohl in diesen als andern Vorfallenheiten mit allem gebührlichen Nachdruck souteniren sollet; dabei Ihr Euch jedes Mal Meiner gnädigen Protection versichert halten könnet. Ihr habt Euch hiernach wohl zu achten und Ich bin u. s. w.
F riderich.
Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.
6019. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Camp de Spandau, 1er septembre 1753.
J'ai reçu votre rapport du 25 de ce mois. Vous aurez déjà pu vous informer par une de mes précédentes lettres63-1 comme quoi le prince Ferdinand de Brunswick ira faire vers le mois d'octobre prochain un tour à Copenhague; je vous avertis par la présente qu'il partira d'ici le 22 de ce mois, et que son absence sera de deux mois. Mon intention est d'ailleurs que vous n'usiez point de réserve avec ce Prince, mais vous pourrez vous expliquer librement avec lui sur toutes choses, vous avertissant d'avance de ne point ajouter foi ni de regarder comme fondés les bruits qui pourront courir à Copenhague sur son compte, savoir qu'il entrerait au service du Danemark.
Federic.
Nach dem Concept.
6020. AU LORD MARÉCHAL D`ÉCOSSE A PARIS.
Lord Marschall von Schottland berichtet, Paris 20. August, über den Plan zur Veranstaltung einer Königlichen Lotterie. „Cette opération est une nouvelle preuve du dérangement des finances de ce royaume et de l'insuffisance des fonds qu'on a destinés après la paix pour amortir | Camp de Spandau, 1er septembre 1753. J'ai bien reçu le rapport que vous m'avez fait du 20 du mois dernier, et suis bien fâché de ce que la mauvaise administration des |
les dettes contractées pendant la guerre et qu'on a apparemment appliqués à d'autres usages.“ | revenus du roi de France continue au point qu'on se voit obligé à recourir à des moyens aussi extraordinaires que celui que vous marquez, pour subvenir au nécessaire; aussi crains-je que le regret n'y succède, quoique peut-être trop tard alors. Voici ce que je viens d'apprendre de très bon lieu et de source même64-1 par rapport au traité fait à Vienne avec le Modénois. L'on me dit que le ministre de Modène à Paris avait pris beaucoup sur lui d'avancer à son arrivée à Compiègne ce que vous m'avez marqué par votre rapport du 2 dernier; qu'il était vrai qu'il n'était pas expressément stipulé dans le traité que le duc de Modène recevrait garnison autrichienne, mais qu'il ne fallait douter, par la nature de l'engagement, que, quand le cas arrivera, il ne la reçoive, car il ne dépendra plus de lui-même. Indépendamment de cela, il était sûr et constaté qu'en conséquence du traité l'archiduc Pierre serait gouverneur de la Lombardie autrichienne, comprenant les États de Milan et de Mantoue, et le duc de Modène administrateur, ou à son défaut son fils, le Prince héréditaire, jusqu'à l'âge compétent de cet Archiduc. Que toutes les troupes dans cette Lombardie seront sous les ordres du duc de Modène, et sous lui le général de la cavalerie comte Linden, le marquis de Pallavicini devant quitter le Milanois. Que le Duc administrateur se servira pour le militaire du comte Linden, exclusivement les affaires du commissariat de guerre que le dernier aura privativement sous ses ordres, et pour ce qui regarde le civil et la justice du comte de Cristiani; qu'au surplus l'on donnerait au Duc 90,000 florins d'appointements. L'on tire la conclusion de là que le Duc serait ainsi assez lié et qu'il se trouvera en situation de n'être plus le maître chez lui, quand on voudra s'en servir dans l'occasion. Pour ce qui regarde la manière dont les cours de Madrid et de Turin pensent sur ce traité, le ministre modénois avait toujours, bien que faiblement, dit qu'elles n'y trouveraient rien à redire, mais que le ministre d'Espagne à Vienne s'était confié à un homme d'esprit de ses amis qu'il ignorait comment sa cour y pensait, mais, quelque important que fût cet engagement pris avec le duc de Modène, dès que la France et l'Espagne tiendraient ferme ensemble, cela n'aurait nulles suites : façon de s'expliquer du ministre espagnol qui ci-devant n'a pas été trop porté pour la France, qui paraît indiquer que l'Espagne ne serait pas mal aise de renouer à cette occasion avec la France, et qu'on est piqué de l'alliance entre Vienne et Modène. Ce qui confirme d'ailleurs ces conjectures, c'est que le ministre d'Espagne a continué de dire à |
son ami que, quoique le roi de Sardaigne ait voulu paraître en être content, ce n'était que dissimulation, puisqu'il savait que ce Prince ne l'était pas plus qu'on l'était en Espagne. Voilà des notions sur l'authenticité desquelles vous pouvez compter; je serais bien aise que [vous] en communiquiez confidemment, mais en détail, avec M. de Saint-Contest, en tâchant de le persuader combien le temps paraissait favorable pour la France de renouveler avec les deux cours, afin de lui inspirer par là l'envie d'y travailler avec vivacité. Au reste, vous direz au chevalier de Quinsonnas au sujet de la lettre65-1 que vous m'avez envoyée de sa part, que j'étais bien fâché de ne pas pouvoir m'intéresser pour lui auprès de l'ordre de Malte, vu que les conjonctures n'y étaient pas assez propres et que d'ailleurs je n'avais point ou peu de correspondance avec l'ordre, ainsi qu'il serait toujours mieux de s'adresser à la cour de France, dont les recommandations seraient bien plus efficaces pour ce sujet. Federic. |
Nach dem Concept.
6021. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Camp de Spandau, 3 septembre 1753.
Je ne fais qu'accuser aujourd'hui votre rapport du 24 dernier, et comme, en attendant, les choses relativement à mes différends avec l'Angleterre ont pris tout une autre face qu'il n'y avait au temps que je vous faisais mes dépêches du 7 et du 11 du mois passé, et qu'il ne s'agit à présent que de tomber d'accord avec le ministère anglais sur la somme qu'on paiera pour l'indemnisation de mes sujets relativement aux pertes qu'ils ont souffertes par les prises maritimes, je ne puis que vous renvoyer sur les dernières dépêches que je vous ai faites à ce sujet.
Federic.
Nach dem Concept.
6022. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Camp de Spandau, 3 septembre 1753.
Vos dépêches du 21 et du 24 d'août m'ont été bien rendues, au sujet desquelles je suis bien aise de vous faire observer que le ministère se flatte peut-être sans effet qu'il pourrait conduire à son gré la Russie, sans faire à son égard des efforts extraordinaires en argent, de sorte qu'on saurait bien appliquer à cette occasion ce qui se dit communément a l'égard des Suisses, que sans argent point de Russie.
D'ailleurs, comme le seul grief qui a resté à vider entre l'Angleterre et moi relativement aux prises maritimes est sur le point d'être accommodé au gré et à la satisfaction des deux partis par la proposition raisonnable que la France en fera faire par le duc de Mirepoix,65-2 j'ai de la peine à<66> me persuader que le ministère anglais voudrait gratuitement s'exposer en chargeant la nation sans rime ni raison de sommes aussi énormes que celles que les ministres de Russie demandent en subsides, soit en temps de paix aussi bien que de guerre.
Au reste, je vous recommande encore de veiller de bien près sur les menées et sur les allures du chevalier Williams,66-1 qui de l'esprit fougueux et animé injustement contre moi que vous le connaissez, ne souhaiterait mieux que de pouvoir tout brouiller, se dût-il servir des plus atroces imputations et calomnies à mon égard pour y parvenir.
Federic.
Nach dem Concept.
6023. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE ROHD A STOCKHOLM.
Camp de Spandau, 3 septembre 1753.
J'ai bien reçu le rapport que vous m'avez fait du 24 du mois passé. Il s'en faut bien que tout ce qui a couru de bruit sourd en Suède par rapport à une révolution en Russie et à une abdication volontaire de l'Impératrice, ait la moindre apparence de vérité, et vous pouvez compter que ce sont des choses absolument fausses, controuvées apparemment par quelque visionnaire politique en Pologne qui en a imposé à d'autres.
Federic.
Nach dem Concept.
6024. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Camp de Spandau, 3 septembre 1753.
Je vous sais gré du rapport que vous m'avez fait par votre dépêche du 28 dernier de la conversation que vous avez eue avec le comte Dehn, et approuve parfaitement la manière dont vous l'avez tourné pour tirer de lui quelques éclaircissements par rapport aux affaires publiques, et la réponse que vous lui avez donnée. Ce que vous me dites, sur ce que vous l'aviez trouvé préoccupé de ma puissance formidable et des grands desseins que je méditais, m'a confirmé66-2 dans le soupçon qu'il faut bien qu'il y ait eu quelque chose sur le tapis à l'occasion du traité de limites fait entre le Danemark et l'Hanovre relativement à une diversion à faire par le Danemark à la Suède dans la Scanie, quand une guerre s'élèverait contre moi, pour empêcher la Suède à ce qu'elle ne saurait me porter aucun secours. Au reste, vous tâcherez de votre mieux, autant qu'il se pourra faire, sans une affectation marquée, [de cultiver] l'amitié et la confiance du comte Dehn, en attendant l'arrivée du prince Ferdinand de Brunswick,66-3 qui peut-être trouvera moyen de désabuser la<67> cour où vous êtes sur bien des fausses impressions que mes ennemis ont pris à tâche de lui faire sur mon sujet.
Federic.
Nach dem Concept.
6025. AN DEN ETATSMINISTER GRAF PODEWILS IN BERLIN.
Spandau,6. September 1753.
Auf allergnädigsten Befehl Sr. Königl. Majestät soll an Ew. Excellenz melden, wie Höchstdieselbe vor nothwendig erachten, dass der Geheime Rath von Klinggräffen mit nächstem von denen Grobheiten und Impertinentien, so von dem österreichischen Minister zu Regensburg in der ostfriesländischen Sache nach des p. von Pollman Berichten unternommen, und von andern darunter mehr vorgegangenen Illegalitäten instruiret und ihm einige Facta deshalb communiciret werden, mit dem Beifügen, dass er sich deshalben mit den kaiserlichen Ministres, sobald solche wiederum wieder nach Wien zurückgekommen sein würden, darüber expliciren und ihnen convenablement sagen soll, wie des Königs Majestät Sich dergleichen Betragen um so weniger von den österreichischen Ministres zu Regensburg vermuthen können, als Sie in der Sache betreffend das fürstliche Taxis'sche Votum Sich auf Ersuchen des wienerschen Hofes so willfährig erkläret67-1 und man leicht erachten können, wie sehr unangenehm es Sr. Königl. Majestät sein müsste, dass man auf eine so gar unanständige Art, dergleichen wohl gegen einen Reichsstand nie vorhin geschehen, zu Werke gehen wollen. Es wüssten Se. Königl. Majestät sehr wohl, dass man auf solche Weise und zwar durch dergleiche illegale Procédés keinem Reichsstande Provincien, die sie rechtlich besässen, abnehmen könne, inzwischen Se. Königl. Majestät doch allemal Ursache hätten, Sich zu beschweren, dass erwähnte österreichische Ministres zu Regensburg sich so sehr partialisch und impertinent bezeigeten.
Ich habe demnach alles solches Ew. Excellenz hierdurch gehorsamst melden und nur noch beifügen sollen, wie ich befehliget bin, den Herrn von Klinggräffen zu avertiren, dass er dergleichen Rescript erhalten werde.
Eichel.
Nach der Ausfertigung.
6026. AN DEN ETATSMINISTER GRAF PODEWILS IN BERLIN.
Spandau, 8. September 1753.
Ew. Excellenz danke ganz unterthänig vor die gnädige Bemühung, so Dieselbe Sich geben wollen, um mich wegen allen dessen, so zeither in den bekannten ostfriesischen Angelegenheiten ergangen, au Fait zu setzen, und ob mir schon vorhin zur Gnüge bekannt gewesen, dass darunter gewiss nichts versäumet worden, was Sr. Königl. Majestät<68> Dienst und Interesse erfordert hat, so werde mich doch der von Ew. Excellenz mir gegebenen Gelegenheit in Communication derer interessantesten Piècen von dieser Sache bedienen, um selbige zu lesen und Sr. Königl. Majestät gelegentlich in etwas davon zu referiren, damit Selbige um so mehr confirmiret werden mögen, dass nichts in ermeldeter Sache vergessen noch unterlassen worden. Wonächst alles mit unterthänigem Dank remittiren werde. Im übrigen hat es wohl seine Richtigkeit, wie einige Discourse, so der Herr Graf G.68-1 deshalb geführet hat, des Königs Majestät etwas dieserhalb beunruhiget haben, zumalen da Deroselben versichert worden, wie solches eine grosse Influence auf auf Sr. Königl. Majestät Credit im Reiche haben werde. Welches in unterthänigem Vertrauen melde. Von dem Herrn von Pollman habe mir sonst die Freiheit genommen, Sr. Königl. Majestät vorhin schon zu sagen, dass es demselben an Eifer vor des Königs Gerechtsame und Dienst gewiss nicht fehle, sondern derselbe darunter so triebsam sei, dass er zu Zeiten eher etwas zurückgehalten als animiret werden dörfe. Uebrigens sind des Königs Majestät von der heutigen Expedition, so an den Herrn von Klinggräffen ergehet,68-2 besonders zufrieden gewesen.
Der hierbei zurückkommende Bericht von Ew. Excellenz des Herrn von Bülow halber68-3 hat des Königs Majestät so viel Plaisir als zugleich Impression gemachet, und glaube ich, dass dergleichen Kelch ihm künftig passiren werde, nachdem des Königs Majestät Sich nicht enthalten können, gegen meine Wenigkeit Dero Hochachtung gegen diesen geschickten und routinirten Mann zu bezeigen, den Dieselbe gewiss sehr estimiren, obschon ihn in seinem Posten penetranter, mithin gefährlicher wie andere halten.
Was übrigens Ew. Excellenz Verlangen wegen eines Séjours von acht Tagen auf Dero hiesigen Gütern angehet, da bin ich der Meinung,<69> dass des Königs Majestät die Permission dazu Ew. Excellenz nicht refusiren würden, nachdem Sie vorhin so öfters declariret haben, wie lieb es Deroselben sein werde, wenn Ew. Excellenz Sich zur Veränderung der Luft und zu Conservation Dero Gesundheit dergleichen kurzen Séjours zum öfteren bedieneten, auch bei vorkommenden importanten Fällen die Distance zwischen Berlin und Fredersdorf nicht zu rechnen ist. Ueberdem bleiben des Königs Majestät bis kommenden Mittwoch69-1 im hiesigen Lager, als welchen Tages die Regimenter allererst wieder aufbrechen sollen, sodass Se. Königl. Majestät erst Nachmittages oder gegen Abend zu Potsdam eintreffen, wofern solches nicht noch gar später geschiehet, und da Sie alsdann die übrigen Tage der Wochen in Potsdam zu thun finden werden, so glaube nicht, dass Selbige eher als Sonntag oder Montag nach Berlin reisen dörften, woselbst Sie Sich alsdenn, wie man hier sagen will, ein Tage oder drei aufhalten wollen. Es wird also lediglich von Ew. Excellenz Gutfinden dependiren, was vor einen Entschluss Dieselbe desfalls zu fassen geruhen werden.
Eichel.
Nach der Ausfertigung.
6027. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆESELER A COPENHAGUE.
Camp de Spandau, 7 septembre 1753.
Votre dépêche du 1er de ce mois m'a été bien rendue. Il y a de quoi se bien étonner comment le comte Schmettau69-2 à Copenhague ait pu se prendre pour passer à la cour là pour officier de confiance et habile à faire des projets d'opérations, lui qui ne s'y connaît du tout et qu'on a de tout temps connu comme un esprit éventé, manquant absolument de jugement solide et d'expérience.
Ce que vous m'apprenez d'ailleurs du crédit que la Reine prend, m'a fait plaisir, et j'ai lieu d'espérer que, pourvu que son crédit s'établisse, le reste ira bien.
Au surplus, j'apprends d'Hanovre que le baron de Wedell, chambellan du roi d'Angleterre, vient de partir de là pour aller à Copenhague, sous prétexte de voir là ses amis et parents; mais comme je n'ignore pas que c'est du ministère d'Hanovre qu'il a été appelé de ses terres dans le pays d'Oldenbourg à Hanovre, et que c'est peu de jours après qu'il a déclaré son voyage pour Copenhague, j'ai bien voulu vous en avertir, afin que vous éclairiez sous main cet homme-là et tâchiez de pénétrer le propre sujet qui a pu l'amener à Copenhague.
Federic.
Nach dem Concept.
<70>6028. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Lord Marschall von Schottland berichtet, Paris 27. August: „L'ambassadeur d'Espagne en Angleterre mande à M. de Soto-Major par les dernières lettres ce qui suit, relativement aux prises :70-1 Faites mes compliments au vieux Valencien,70-2 son affaire s'accommodera à son avantage, car l'oncle70-3 n'est pas d'humeur à entrer en procès.“ | Camp de Spandau, 8 septembre 1753. J'ai reçu votre rapport du 27 du mois dernier qui m'a fait plaisir par la saillie que l'ambassadeur d'Espagne a eue dans sa lettre à M. de Soto-Major relativement à l'affaire des prises. Comme ce sont toujours les mêmes avis que nous avons de Londres, j'espère que, quand M. de Mirepoix se sera expliqué avec le ministère anglais au sujet de mon ultimatum, nous verrons cette affaire finie. Au reste, il faudra bien que vous suiviez la cour, quand elle partira pour Fontainebleau. Federic. |
Nach dem Concept.
6029. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A DRESDE.
Camp de Spandau, 8 septembre 1753.
L'exprès que vous aviez chargé de m'apporter votre dépêche du 1er de ce mois, s'est fort bien acquitté de sa commission, et j'ai reçu avec toute la satisfaction possible les pièces très intéressantes que vous y aviez jointes70-4 et qui me seront fort utiles à plusieurs égards. Aussi vous recommandé-je de ménager soigneusement le canal d'où vous avez tiré tout ceci, et de tâcher d'en tirer encore tout le profit que vous pourrez.
L'on doit être frappé, à la vérité, du premier abord qu'on voit le noir complot que mes ennemis ont pensé former contre moi, mais, grâce à Dieu, je sais à présent que le chancelier Bestushew en sera là avec son détestable complot et son projet de convention qu'il aurait souhaité de faire valoir en Angleterre. Car je suis bien aise de vous dire pour votre seule direction que, quand le courrier de Guy Dickens a apporté ce projet détestable au ministère anglais, celui-ci, assez informé déjà de la futilité des bruits qui voulaient m'attribuer un dessein sur le pays d'Hanovre, s'y est refusé constamment et a renvoyé le courrier70-5 au sieur Guy Dickens avec des instructions qui lui ont enjoint de remercier la Russie des bons sentiments qu'elle avait témoignés en faveur<71> de l'Angleterre, dans lesquels on se flattait qu'elle se maintiendrait, mais qu'on sentirait à Moscou que, vu la position actuelle des affaires intérieures de l'Angleterre et à la veille d'une nouvelle élection de Parlement, le ministère ne saurait prendre aucun engagement relatif à des subsides, crainte de mettre la nation de mauvaise humeur et de s'attirer par là des difficultés sur les bras qui pourraient être sujettes à de grandes conséquences pour lui; qu'on espérait nonobstant que la cour de Russie ne laisserait pas de se prêter à tout autre arrangement pour fortifier l'alliance du Nord, et que, si contre tout attente on avait besoin un jour ou autre de profiter des dispositions favorables dans lesquels on se trouvait à Moscou, on espérait qu'on y trouverait également la même façon de penser en faveur de l'Angleterre que l'on y avait actuellement.
Voilà le langage poli, mais déclinatoire pour des subsides, que le ministère anglais a tenu vis-à-vis de la Russie; aussi les subsides énormes que celle-ci a demandés, ont opéré sur le ministère anglais qu'on a pris des mesures de se raccommoder avec moi au sujet des différends par rapport aux prises maritimes qu'on avait faites autrefois sur mes sujets, de sorte que j'ai tout lieu d'espérer que ces différends seront accommodés au premier jour. Ce que je ne vous dis cependant que pour votre direction seule.
Au surplus, quelque désir que j'aie de fortifier mon parti et celui de la France en Pologne,71-1 il faudra toujours que vous me proposiez une certaine somme en argent qu'il faudrait employer en Pologne pour fortifier et augmenter notre parti afin que je sois à même par là de me concerter là-dessus avec la France, ce qui me restait encore de vous dire sur votre dépêche du 28 dernier. D'ailleurs, en fortifiant notre parti en Pologne je n'aimerais pas que les choses vinssent à des éclats, ni qu'on les poussât au point qu'elles dégénérassent en confédérations, ni à des ruptures ouvertes. J'attends que vous vous expliquiez sur tout ceci.
Federic.
Nach dem Concept.
6030. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Michell berichtet, London 28. August, dass Mirepoix ihm am 22. mit- getheilt habe : „Qua sa grande surprise le duc de Newcastle avait changé de ton … et lui avait déclaré, le mercredi71-2 auparavant, que l'on ne pouvait pas ac- cepter les expédients proposés par Votre Majesté71-3 … et donner aucune satisfaction à Votre Majesté que préalablement Elle n'eût levé l'arrêt mis sur la dette de Silésie; que tout le Conseil du Roi était | Camp de Spandau, 11 septembre 1753. Vos dépêches du 28 et du 31 du mois dernier m'ont été ren dues à la fois. Je me suis douté que l'arrivée du courrier que le sieur Guy Dickens a dépêché au ministère anglais avec la réponse et les propositions des ministres |
unanime là-dessus, et que ce qu'il lui avait témoigné ci-devant,72-1 ne saurait avoir lieu présentement. M. de Mirepoix m'avoua en même temps qu'il n'avait pu s'empêcher de déclarer tout de suite à ce ministre que Votre Majesté ne ferait jamais une telle démarche et que le Roi son maître ne la Lui conseillerait pas non plus; qu'il ne comprenait rien dans la conduite que l'on tenait en cette occasion vis-à-vis de sa cour.“ | de Russie, relèverait le ton à celuilà,72-2 comme je vous en ai déjà averti par mes lettres antérieures; mais je n'ai point cru que cela irait au point qu'il s'expliquerait d'une manière aussi déraisonnable que celle que vous me marquez que le duc de Newcastle a fait en dernier lieu au duc de Mirepoix. Cela ne m'embarrasse cependant nullement, vu que les offres que la France a faites et fera peut-être encore,72-3 sont aussi équitables et conformes aux propos du sieur Pelham72-4 qu'il faut estimer que le susdit ministère reviendra à la raison, à moins qu'il ne veuille s'exposer à être l'objet de l'indignation de la nation et de tout le monde raisonnable s'il arrivait jamais qu'il en fût instruit de tout le détail. Au surplus, comptez que la France ni moi faiblirons là-dessus et n'accepterons jamais de propositions aussi déraisonnables que celles en question. Aussi suis-je bien aise de vous dire pour votre direction qu'en conséquence de mes lettres de France, quand le comte Albemarle s'est voulu expliquer de la même manière aux ministres de France, on lui a répondu du haut ton, en lui déclarant que la France se garderait bien de me porter le message de pareilles indignités, de sorte que le comte Albemarle en avait paru bien déconcerté. Au reste, soyez bien attentif et employez tous vos canaux pour savoir au juste la réponse que les ministres feront à la dépêche du sieur Guy Dickens72-5 par rapport aux propositions du ministère de Russie et ses demandes énormes, afin de pouvoir m'en informer à temps avec toute la justesse possible. Ne négligez pas, d'ailleurs, d'observer les allures du chevalier Williams;72-6 quelque petit rôle qu'il joue à Londres, il ne faut souvent qu'un petit individu pour faire plutôt du mal que du bien. Quant au traité des limites conclu entre le Danemark et l'Hanovre,72-7 il n'y a point à douter de son existence, quoiqu'il puisse être ignoré à Londres. Federic. |
Nach dem Concept.
6031. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Camp de Spandau, ii septembre 1753.
Mes occupations ne me permettant pas aujourd'hui de m'expliquer amplement envers vous sur le contenu du post-scriptum de votre rapport<73> du 1er de ce mois, je n'ai qu'à vous dire que, quant à la marche des troupes de Russie, vous pouvez compter sûrement sur ce que je vous ai marqué par ma dépêche antérieure que je vous avais envoyée par un exprès.73-1 Et, bien qu'on me marque en dernier lieu de Londres que le courrier du sieur Guy Dickens y est arrivé, portant la résolution et les demandes des ministres de Russie par rapport au corps de troupes à assembler dans la Livonie, et que le sieur Guy Dickens avait fait entendre dans ses dépêches que les ministres de Russie pourraient bien se relâcher de quelque chose sur le montant des subsides qu'ils avaient prétendus, l'on me confirme cependant que le ministère anglais persisterait dans sa façon de penser sur ce sujet, savoir de remercier la la Russie de sa bonne volonté, d'autant plus que ce ministère n'était pas en état de prendre aucune mesure violente dans le moment présent.
Pour ce qui regarde la pièce imprimée que vous avez jointe audit post-scriptum, vous en avez bien jugé, et de la manière qu'on s'y est pris, cela aboutira à fort peu de chose. Je me réserve de vous parler dans une autre dépêche qui va suivre celle-ci, de la reconnaissance que je destinerai à votre ami en Hollande.73-2
Federic.
Nach dem Concept.
6032. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Camp de Spandau, 11 septembre 1753.
J'ai bien reçu votre dépêche du 31 du mois dernier. Vous remercierez de la manière la plus affectueuse de ma part M. de Contest de la fermeté avec laquelle il a répondu au comte d'Albemarle, quand celui-ci lui a parlé des étranges propositions que les ministres anglais ont voulu faire au sujet de mes différends avec l'Angleterre; vous prierez d'ailleurs M. de Contest qu'il voudrait bien continuer de leur parler avec fermeté et d'un ton haut, attendu que c'était le moyen le plus sûr pour parvenir au but que nous désirions. Qu'au surplus, je me flattais que, quand le roi d'Angleterre et son ministère auraient réfléchi plus mûrement sur l'incongruité de la proposition, ils en reviendraient eux-mêmes et se rendraient à la raison; qu'au reste, j'abandonnais au jugement et à la pénétration de M. de Contest s'il trouverait à propos d'instruire le duc de Mirepoix de s'ouvrir convenablement tant soit plus aux ministres anglais sur mon ultimatum que je lui avais communiqué.73-3
D'ailleurs, je ne veux pas vous laisser ignorer que mes dernières lettres de Londres du 18 passé me marquent, que, quoiqu'en effet il soit arrivé là la semaine dernière un courrier de Guy Dickens, portant la réponse de la cour de Russie dont je vous ai déjà averti par ma dépêche que le dernier exprès vous a portée,73-4 et que le sieur Guy Dickens<74> ait même fait entendre par le contenu de sa dépêche que les ministres de Russie pourraient bien se relâcher de quelque chose sur le montant des subsides qu'ils avaient demandés, les ministres anglais ne laissaient pas que d'y persister dans la façon de penser que je vous ai expliquée dans la dépêche que je vous ai faite du 16 du mois d'août passé,74-1 et qu'il y avait toute l'apparence que le susdit changement de résolution74-2 du ministère anglais ne serait pas de durée, si la France reprenait le ton haut, vu que l'on n'était pas là en état d'y prendre aucune mesure violente dans le moment présent, où surtout il convenait aux intérêts particuliers des Pelham — pendant l'absence desquels les ministres anglais s'étaient avisés de faire la déclaration étrange au duc de Mirepoix — que les différends en question s'étouffassent, et que ce n'avait été que pour faire plaisir au roi d'Angleterre que le Grand-Chancelier et le lord Carteret voudraient soutenir la légalité des tribunaux, afin d'éviter d'un côté de donner une satisfaction à moi et d'avoir de l'autre une prétention en réserve à ma charge pour s'en servir dans les circonstances plus favorables qu'aujourd'hui.
Mon intention est que vous devez communiquer tout ceci à M. de Saint-Contest; aussi veux -je bien abandonner à votre discernement si vous croyez convenable de faire entrevoir quelque chose de ce que je vous ai marqué par ma dépêche ci-dessus alléguée et par le mémoire y joint des chipoteries que le sieur Guy Dickens a eues avec les ministres de Russie -et des subsides énormes que ceux-ci ont prétendus de l'Angleterre.
Federic.
Nach dem Concept.
6033. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 14 septembre 1753.
Quand j'eus reçu votre dépêche immédiate du 2 d'août dernier, il me paraissait que vous vous doutiez sur la réalité des avis qui m'étaient parvenus sur la négociation que le sieur Guy Dickens avait entamée en Russie touchant un corps considérable des troupes de Russie que le roi d'Angleterre désirerait avoir à sa disposition en Livonie contre des subsides, dans le cas que ses États en Allemagne fussent attaqués de moi. Comme du depuis j'ai trouvé l'occasion d'avoir de très bon et sûr lieu74-3 des copies exactes et bien authentiques de tous les mémoires qu'on s'est donnés de part et d'autre pendant cette négociation, tout comme le projet de convention à faire entre les parties contractantes que le chancelier Bestushew a donné au sieur Guy Dickens pour le faire approuver en Angleterre, et encore le résultat d'un conseil secret qu'à l'instigation et par les intrigues dudit chancelier Bestushew l'impératrice de Russie avait assemblé à Moscou, je n'ai pas hésité de vous<75> communiquer toutes ces pièces in extenso, exactement conformes à leurs originaux.
Ce que je vous demande à ce sujet, c'est que vous me gardiez un souverain secret sur toutes ces pièces, de sorte que vous les gardiez seul sous votre clef, afin qu'il n'en puisse absolument rien transpirer, et que vous n'en fassiez que le seul usage dont je vous instruirai ci-après. Je fais joindre encore pour votre seule direction un mémoire chiffré du chiffre …75-1 concernant divers éclaircissements par rapport aux susdites pièces et de ce qui s'est passé là-dessus, que vous garderez avec le même soin ci-dessus mentionné sous votre propre clef.
Quant à l'usage donc que je vous permets de faire des pièces alléguées, mon intention est que vous prierez M. de Contest de vous donner une heure où vous puissiez l'entretenir seul et en secret; que, cette heure donnée, vous le prierez d'abord qu'il voudrait bien vous donner sa promesse d'honneur sur le secret inviolable qu'il vous garderait sur tout ce dont vous l'entretiendrez et sur les communications que vous lui ferez, après quoi vous lui ferez ouverture de tout ce que je vous ai marqué par le mémoire que vous eûtes de moi par l'exprès que je vous envoyais en dernier lieu,75-2 et que vous lui fassiez lire tout à son loisir toutes les pièces, l'une après l'autre, que je vous adresse à la suite de cette dépêche. Vous observerez cependant que, supposé que M. de Contest vous demandait de vouloir lui laisser ces pièces pour les lire plus à son loisir, ou qu'il demandait de lui permettre d'en faire tirer des copies, vous vous excuserez alors de la manière la plus polie avec le défaut d'instruction là-dessus et de l'ordre positif que je vous avais donné pour m'en garder le secret le plus absolu. Je compte cette précaution pour nécessaire, parceque vous n'ignorez pas combien le secret risque en France75-3 et que je ne voudrais pas exposer le mien, afin de ne pas perdre le bon canal d'où des avis aussi intéressants que ceux-ci me sont parvenus, ce que je ne dis cependant que pour votre seule direction.
Au surplus, il ne vous sera pas malaisé à présent de pénétrer d'où le langage fier peut venir que les ministres anglais ont tenu en dernier lieu à ceux de la France relativement à l'affaire des prises,75-4 parceque ce sont justement les mêmes pièces que le dernier courrier de Guy Dickens leur a apportées.
Malgré cela, je suis toujours de l'opinion que le ministère anglais n'osera prendre sur soi, surtout vers le temps d'un nouveau Parlement, de charger la nation de subsides aussi forts et énormes que ceux que Bestushew leur demande, et qu'un objet d'environ 80,000 ou 100,000 écus tout au plus ne pourrait jamais balancer les frais d'une guerre qui dès la première année coûterait des millions en préparatifs de guerre et en<76> subsides tels que Bestushew les veut. Ainsi, tout ce qui resterait à appréhender, ce serait, selon moi, que le ministère anglais fournirait, des sommes qu'il a toujours à sa disposition, une centaine mille livres sterling à la Russie sans le moindre éclat, pour l'aider à la marche des troupes de Russie en Livonie, afin d'appuyer par là les prétentions que le roi d'Angleterre forme à ma charge, et que le susdit ministère, le marché une fois fait, animât le Parlement prochain à accorder alors vers le printemps des subsides réels.
Comme vous vous connaissez [aussi] bien que moi sur les affaires anglaises et jusqu'où le pouvoir d'un ministère anglais peut aller en pareils cas, je laisse à votre discernement si mes conjectures pourront être justes ou non.
En attendant, j'aurais bien souhaité que le ministère de France eût plus tôt fait ouverture à celui d'Angleterre de l'ultimatum que je lui avais confié.76-1
Au reste, quand l'occasion se trouve assez favorable pour que vous puissiez parler M. de Saint-Contest au sujet du prince Louis de Würtemberg, vous lui direz confidemment de ma part que ledit Prince était actuellement à Berlin76-2 et qu'il se tenait clos et réservé jusqu'à l'excès envers le ministre impérial, le comte Puebla; mais que, malgré cela, je savais de très bon lieu qu'un général autrichien, qu'on me nommait Cless, avait été envoyé, il y a quelque temps, sous d'autres prétextes à Stuttgard pour sommer le Prince de son ouverture faite d'entrer en service autrichien; que celui-ci lui avait répondu qu'il n'y saurait entrer au moment présent, d'autant que ses affaires domestiques ne le permettaient pas encore, et que d'ailleurs son secret était évaporé à la cour de France et à celle de Berlin; mais qu'il n'abandonnerait pas pour cela son dessein, quand le moment favorable pour l'exécuter serait venu, et qu'en attendant il méditait un projet qui serait avantageux également à la cour impériale qu'à lui, qu'il ne communiquerait à personne que quand le moment propre pour se déclarer serait venu.
Comme je vous fais porter cette dépêche par un exprès, il ne dépendra que de vous de le garder auprès de vous jusqu'à ce que vous serez à même de me répondre sur tout le contenu de la dépêche.
Au reste, je n'ai pas voulu laisser passer cette occasion sans vous envoyer un nouveau chiffre pour votre correspondance immédiate avec moi.
Federic.
Mémoire.
C'était dans des conférences que Guy Dickens eut le 25 et le 26 du mois d'avril de cette année avec les deux ministres de Russie, Bestushew et Woronzow, [qu'il] présenta le mémoire coté de la lettre A, en conséquence des ordres de sa cour qu'un courrier lui avait apportés. Comme le baron Pretlack avait reçu en même temps des ordres de<77> Vienne d'appuyer en tout la négociation du ministre anglais, et que le chancelier Bestushew prétendit un mémoire par écrit signé de lui moyennant lequel Pretlack déclarerait que sa cour était prête de reconnaître le casus foederis, dans le cas dont il s'agissait, et de vouloir entrer en toutes les mesures que les ministres de Russie prendraient avec Guy Dickens, le baron de Pretlack s'y prêta par un mémoire fort ample qu'il donna au Chancelier, mais dont celui-ci fut bien indigné, n'y trouvant que des protestations vagues sur la bonne volonté de l'Impératrice, sans promettre quelque chose de positif, en sorte que, sans communiquer ce mémoire au comte Woronzow, il le rendit au baron de Pretlack, comme nullement propre pour faire succéder la négociation, et l'obligea, après bien des brouilleries, de lui donner le mémoire coté sous B.
Pendant toutes ces entrefaites, Bestushew avait laissé absolument ignorer à l'impératrice de Russie ce que Guy Dickens avait proposé, et n'en avait communiqué, outre le comte Woronzow, qu'avec ses créatures, en attendant qu'il travaillait à une pièce par écrit sous le nom de remarques, de commentaire et de réflexions politiques dont il voulut accompagner le mémoire de Guy Dickens, quand il le remettrait à l'Impératrice. Il profita même de cet intervalle de temps pour gagner par des voies secrètes en sa faveur le nouveau favori de l'Impératrice, le jeune Schuwalow.
Ce n'était que le 18 de mai que le chancelier Bestushew, accompagné du vice-chancelier Woronzow et du premier secrétaire du collège de l'Empire, put trouver l'occasion de remettre le mémoire de Guy Dickens à l'Impératrice, qui d'abord marqua qu'elle n'était nullement d'humeur d'entrer en aucune manière dans ce que Guy Dickens demandait; sur quoi, le Chancelier lui lut le susdit commentaire qu'il avait composé avec tout l'artifice et rempli de tant de calomnies contre la Prusse, la France et la Suède qu'il en opéra un changement subit auprès de l'Impératrice, en sorte qu'elle goûta les propositions de Bestushew et approuva la demande qu'il lui fit de faire assembler secrètement un conseil extraordinaire composé des principaux membres du Sénat et du collège de guerre et de l'amirauté, tels que Bestushew les choisirait, auquel l'on ferait quelques ouvertures sur l'affaire dont il s'agissait, en lui cachant cependant, sous prétexte du secret à garder, les principales circonstances.
Ce conseil, ayant été assemblé le 25 et le 26 de mai, prit le résultat coté sous la lettre C, qu'on envoya à l'Impératrice, qui était absente à cause de quelques voyages de plaisir, en attendant que le Chancelier se donna tous les mouvements possibles pour faire approuver ce résultat de sa souveraine. Ce qui ne se fit cependant que le 20 de juin, après que l'Impératrice fut de retour à Moscou, où, à la fin, après bien des mouvements que Pretlack, Guy Dickens et surtout le ministre de Saxe, Funcke, s'étaient donnés, l'Impératrice autorisa le Chancelier de projeter la réponse au mémoire de Guy Dickens, qu'on lui rendit dans une<78> conférence entre les ministres de Russie, Guy Dickens et Pretlack, le 9 juillet, telle qu'elle est ci-jointe sous la lettre D, avec un projet de convention à faire, coté sous E.
Quand on avait lu, dans la conférence, ledit mémoire avec le projet de convention, Guy Dickens en parut être assez content, mais, après que Guy Dickens avait le loisir d'y penser et réfléchir mûrement, il fut effrayé des sommes énormes qu'on prétendait en subsides, et des autres conditions exorbitantes qu'on prétendait stipuler dans le projet de convention. Il était d'opinion que sa cour pourrait bien donner une certaine somme, une fois pour toutes, pour aider la Russie par rapport aux frais de la marche de ses troupes en Livonie, mais que sa cour accorderait difficilement des subsides annuels à ce sujet, vu que cela pourrait continuer plusieurs années de suite. D'ailleurs, il trouvait un subside de trois millions en cas de guerre, et même le nombre de troupes qu'on voudrait employer, trop forts; il désirait encore qu'on eût omis dans le projet de convention les articles 8, io et 18, comme trop onéreux à l'Angleterre, et dont le cas serait bien éloigné encore. Mais le chancelier Bestushew y insista, en relevant les fortes dépenses que la Russie serait obligée de faire en cas de guerre, pour écraser, à ce qu'il disait, tout d'un coup et avec toute la vivacité possible le roi de Prusse, avant qu'il eût le temps de se reconnaître ou d'avoir des avantages sur les alliés de la Russie. Il conclut que c'était l'unique moyen pour mettre au roi de Prusse telles bornes qu'il plaisait aux alliés de la Russie, et de parvenir par là à ce que l'Angleterre pourrait donner la loi à la France dans le système général de l'Europe. Il ajouta que, si l'Angleterre laissait échapper ce moment favorable, il ne répondrait point, malgré toute la bonne volonté qu'il aurait, de pouvoir jamais remettre les choses sur un aussi bon pied qu'elles étaient actuellement. Comme aussi Guy Dickens avait remarqué qu'on n'avaitt point fait mention, dans le mémoire des ministres de Russie, qu'on reconnaîtrait de la part de la Russie le cas présent avec la Prusse comme un casus fœderis, le Chancelier convint avec lui qu'il lui en écrirait, sur quoi Guy Dickens a eu la réponse cotée sous la lettre F.
Ce qu'il y a de plus extraordinaire dans cette affaire, c'est que le chancelier Bestushew a opéré que les troupes ont eu l'ordre de marcher vers la Livonie, avant même que Guy Dickens fût instruit de la réponse que les ministres de Russie lui feraient sur son mémoire, et avant que ceux-ci sussent si l'Angleterre accepterait le projet de convention ou non.
Quant au résultat pris par le conseil secret assemblé à Moscou, il est à remarquer que le chancelier Bestushew a avoué lui-même à un de ses amis intimes78-1 qu'il avait trouvé moyen pour faire nommer un de ses gens affidés de sa chancellerie, nommé Wolkow, pour tenir les protocoles sur les déliberations de ce conseil, lequel il avait instruit que,<79> pendant que le conseil, qu'il a qualifié du mot polonais de pospolite ruszenie, débattrait les propositions, il n'y coucherait rien autrement que selon les vues du Chancelier et conformément aux instructions qu'il lui avait données préalablement. Que ledit Chancelier s'est glorifié que par ses remarques ou commentaire qu'il avait faits, et dont il a été fait mention ci-dessus, il avait mené l'Impératrice à ce qu'elle avait qualifié le susdit résultat de son testament politique, quand elle avait remis ce résultat entre ses mains. Qu'outre cela il se trouvait couvert de ne plus être responsable des démarches qu'il avait faites de son propre mouvement dans cette affaire et surtout de l'ordre donné par lui au nom de l'Impératrice de se mettre d'abord en mouvement pour marcher en Livonie; que par ce résultat la bouche serait fermée à tous ses ennemis, et que ledit résultat servirait d'ailleurs de système politique établi en Russie.
Au surplus, comme ce résultat n'a point été encore publié, et que le Chancelier a refusé absolument d'en donner copie ou extrait au baron de Pretlack, ne voulant point qu'il en transpirât quelque chose, avant que la convention projetée ne fût acceptée, signée et ratifiée de l'Angleterre, il n'y a eu que le ministre saxon Funcke qui a trouvé moyen de l'avoir du Chancelier, sous la condition expresse de n'en rien communiquer aux ministres Guy Dickens et Pretlack que tout au plus par forme d'extrait; sur quoi cependant Funcke n'a point hésité de le communiquer auxdits ministres, en tirant la promesse d'eux de vouloir lui en garder le secret.
Pour ce qui regarde ce ministre saxon, il est constaté qu'il a été dans tout ce manège du Chancelier son vrai suppôt et le Mercure dont il s'est servi pour mener les choses conformément à ses vues, auquel sujet il est à remarquer encore79-1 que, quand le Chancelier lui a demandé pour combien la Saxe entrerait au jeu, quand on viendrait à faire la guerre au roi de Prusse, et que Funcke avait représenté là-dessus l'embarras où sa cour serait pour ne point s'exposer à la première insulte, mais qu'il prendrait tout ad referendum, le Chancelier lui avait répondu que la Saxe n'avait qu'à rompre sa lance quand le chevalier serait ébranlé de la selle, et que, quant à l'accession de la cour de Dresde au traité de Pétersbourg, il en serait assez temps, quand l'Angleterre aurait accepté et signé le projet de ratification — circonstance qu'on n'ajoute que pour la seule direction de mylord Maréchal, dont il ne touchera cependant rien dans ses entretiens avec le ministre de France, bien attendu que ce n'ont été que de vains pourparlers entre le Chancelier et le ministre Funcke qui ne tirent pas aux suites.
<80>
A.
Promemoria.
Moscou, 15 avril 1753 styli veteris.
Il n'y a que peu de temps que le soussigné envoyé extraordinaire de Sa Majesté Britannique eut l'honneur de remettre à Leurs Excellences, le haut ministère de Sa Majesté Impériale de toutes les Russies, une copie imprimée d'un mémoire80-1 présenté au duc de Newcastle par M. Michell, secrétaire d'ambassade de Sa Majeste le roi de Prusse, de même qu'un autre imprimé intitulé Exposé des motifs du Roi etc. etc.,80-2 touchant les prétendus torts et injustices faits aux sujets de Sa Majesté Prussienne, pendant la dernière guerre, par des armateurs anglais qui s'étaient saisis de quelques vaisseaux ou effets, que lesdits sujets prussiens avaient réclamés comme leur appartenants, en conséquence de quoi et des procédures d'une cour et jurisdiction étrangère que le roi de Prusse, contre la pratique notoire de toutes les nations dans des cas semblables, avait érigée, il a jugé à propos, comme Leurs Excellences, le haut ministère de Sa Majesté Impériale, l'auront vu, de faire arrêt sur les capitaux dus aux sujets britanniques sur la Silésie. Le même envoyé extraordinaire accompagna en même temps ces deux pièces de la réponse qui y avait été faite par le duc de Newcastle par ordre du Roi,80-3 et du rapport des personnes à qui Sa Majesté Britannique avait envoyé l'examen de ces plaintes.
Quiconque examinera mûrement toutes les pièces ci-dessus mentionnées, ne saura s'empêcher, l'on s'en flatte, de convenir de l'irrégularité du procédé de la cour que le roi de Prusse a érigée, pour prendre connaissance de cette affaire, et de la conduite qu'il a tenue en conséquence, de même que de la manière amiable avec laquelle Sa Majesté Britannique tâche de porter le roi de Prusse à remédier au tort fait à ses sujets et à prévenir par là les dangers auxquels la tranquillité publique pourrait être exposée; mais, nonobstant toutes les peines que Sa Majesté Britannique s'est données, provenant de son désir ardent de maintenir la paix, il y a lieu de craindre que, parceque Sa Majesté Britannique ne peut et ne veut pas sacrifier les justes droits et intérêts de ses sujets de la Grande-Bretagne aux dispositions arbitraires de ce Prince, qu'il ne médite de soutenir une injustice par une autre plus criante, s'il est possible, en attaquant les États du Roi en Allemagne; du moins les préparatifs qu'il fait sur les frontières desdits États, favorisent beaucoup et confirment en quelque manière ce sentiment; car, selon les avis du Roi, l'on y achète grand nombre de chevaux d'artillerie et y forme des magasins considérables de fourrage et de provisions de toutes sortes, ni doit-on passer sous silence le campement qui doit sûrement se former cet été près de Berlin de 50,000 hommes, qui pourra vraisemblablement avoir le même objet.
<81>Toutes ces raisons ci-dessus alléguées ont engagé Sa Majesté Britannique d'envoyer ordre à son soussigné envoyé extraordinaire d'exposer aux yeux de Sa Majesté Impériale de toutes les Russies et de ses ministres la présente situation des affaires entre elle et la cour de Berlin et de leur représenter en son nom que, si, nonobstant tous les soins imaginables dont on se sert pour l'empêcher, le roi de Prusse, pour soutenir ses violences contre les droits et intérêts des sujets de la Grande-Bretagne et en conséquence des ces violences — colorées de quelques autres prétextes que ce puissent être — vînt attaquer les États du Roi en Allemagne, Sa Majesté Britannique se croit en droit de réclamer l'assistance et les secours spécifiques stipulés dans les alliances défensives qu'elle a avec les puissances les plus considérables de l'Europe, et d'insister qu'elles reconnaissent — comme le Roi ne doute point qu'elles le feront — aucunes voies de fait commises par le roi de Prusse contre aucune partie de ses États en Allemagne, pour casus fœderis.
Le cas parle de lui-même, car la présente dispute étant uniquement entre la Grande-Bretagne et la cour de Berlin, Sa Majesté serait privée de l'assistance réciproque stipulée entre elle et ses alliés, si elle lui manquait, lorsqu'il était question de soutenir les droits de sa couronne contre ceux qui voudraient les enfreindre ou envahir sous quelque prétexte que ce fût. De plus, rien n'est plus fort ni plus formel que les engagements dans lesquels l'Impératrice est entrée par les alliances défensives des années 1741 et 174281-1 et par l'accession du Roi au traité de 1746,81-2 par lesquels Sa Majesté Impériale s'est mise sous l'obligation de venir à l'assistance du Roi et de fournir les secours stipulés par ces traités, en cas que Sa Majesté Britannique fût attaquée de la manière dont il a été fait mention.
Nonobstant cet exposé, le soussigné envoyé extraordinaire doit cependant avoir l'honneur de faire savoir au haut ministère de Sa Majesté Impériale que l'amitié et la considération du Roi son maître pour l'Impératrice sont telles qu'il souhaite rendre cette même assistance, à laquelle il a droit de prétendre de la part de Sa Majesté Impériale, la moins onéreuse qu'il est possible.
Le Roi veut toujours se flatter que le roi de Prusse prêtera l'oreille aux représentations qui lui ont été faites; mais, si le contraire arrivait et qu'en conséquence des violences qu'il a commencées contre les justes droits des sujets britanniques et de la protection que le Roi ne peut leur refuser, ce Prince se déterminât à attaquer les États d'Hanovre, le soussigné a ordre de s'informer si, dans ce cas, l'Impératrice serait disposée de venir au secours de Sa Majesté Britannique avec un corps de 30 à 40,000 hommes, en y joignant un corps de Cosaques et de Kalmouks, et faire une diversion dans les États du roi de Prusse du<82> côté de Courlande. En même temps, Sa Majesté Britannique souhaiterait, aussi, qu'une autre diversion se fît du côté de la Poméranie par un corps convenable de troupes, qui pourrait être transporté sur les galères. Si Sa Majesté Impériale, par son égard pour la justice et pour le soutien de ses alliés et de la bonne cause, est portée à se prêter à des arrangements semblables, Sa Majesté Britannique promet que, du jour que ces troupes sortiront de leurs quartiers pour commencer de telles opérations, soit par terre soit par mer, elle donnera un subside proportionné au nombre des troupes qui seront employées à ces expéditions, lequel subside sera continué aussi longtemps que ces troupes resteront au service de la Grande-Bretagne, et, s'il arrivait heureusement par ce moyen que les troubles cessassent bientôt, alors et dans ce cas-là même le Roi consent qu'une partie de ce subside soit encore payée pendant un certain terme dont on pourra convenir.
Combien les intérêts et l'indépendance de plusieurs autres puissances et en particulier ceux de Sa Majesté Impériale souffriraient par l'agrandissement ultérieur du roi de Prusse, ce qui arriverait immanquablement, si Sa Majesté Britannique n'était pas efficacement soutenue et secourue, est trop clair pour échapper à la pénétration de Sa Majesté Impériale et de ses ministres. C'est pourquoi les alliés du Roi ne sauraient que sentir la nécessité de pourvoir à la sûreté de Sa Majesté Britannique, puisqu'autrement elle se verrait hors d'état de contribuer à la leur, quand les circonstances le requerraient
Toutes ces considérations ne manqueront pas, l'on est persuadé, d'accélérer la résolution de Sa Majesté Impériale, et comme d'un côté il paraît par ce que le soussigné a eu l'honneur de détailler ci-dessus, que Sa Majesté Britannique renonce en quelque partie et manière aux secours qu'elle est en droit de réclamer par les traités, l'on veut se flatter de l'autre que cela induira cette cour à rendre le moins onéreux qu'il est possible les nouveaux engagements dans lesquels le Roi est prêt d'entrer, d'autant plus que ces troupes ne causeront aucune dépense extraordinaire jusqu'à ce qu'elles sortent de leurs quartiers. Sa Majesté Britannique ne juge pas à propos de fixer elle-même le subside pour le corps de troupes qu'elle demande, comme cela dépend du nombre dont il sera composé; mais, pour ne pas perdre de temps, le soussigné a ordre d'en venir, le plus tôt qu'il sera possible, à des éclaircissements précis avec le haut ministère de Sa Majesté Impériale sur ces deux points, à savoir
1° Du nombre des troupes, tant infanterie que cavalerie ou troupes légères, que l'on peut fournir ici, et
2° Du subside que l'on en demande, auquel le Roi sera prêt à donner son consentement au retour du courrier qui portera la réponse de Sa Majesté Impériale, si les conditions sont telles qu'il a lieu de l'espérer de son amitié et de son équité.
<83>Le grand éloignement des deux cours et les cas soudains et imprévus qui peuvent arriver, feront sentir ici, l'on espère, comme en Angleterre, la nécessité d'une prompte résolution et expédition dans la négociation dont le soussigné a l'honneur d'être chargé. Un autre point qui ne mérite pas moins d'attention, est que, quand Sa Majesté Impériale aura les sûretés nécessaires touchant les subsides que le Roi doit payer, le général qui commandera en chef les troupes en Livonie, ait ordre de marcher à la première réquisition qui lui en sera faite de la part de Sa Majesté Britannique, ce qui n'arrivera pas très assurément, à moins que les États du Roi ne soient actuellement attaqués par le roi de Prusse.
Le zèle que Sa Majesté Impériale a si souvent fait voir pour le soutien de ses alliés et de l'équilibre de l'Europe, ne manquera pas, l'on est sûr, de se manifester avec la même ardeur dans cette occasion. Son honneur, sa gloire, les forces respectables que la Providence lui a mises en main, le service, l'intérêt et la sûreté de ses propres États et certaines autres considérations qui ne sont pas inconnues ici, font voir la nécessité qu'il y a que Sa Majesté Impériale concoure sans délai dans les mesures salutaires qui ont été proposées pour le maintien de la paix et de sa propre indépendance, aussi bien que de celle de ses alliés.
Le soussigné, en se recommandant très humblement à la haute bienveillance de Sa Majesté Impériale, ne saurait s'empêcher de réitérer sa prière, à savoir que, vu le grand éloignement des deux cours et les cas soudains et imprévus qui peuvent arriver, le haut ministère de Sa Majesté Impériale veuille bien lui faire avoir, le plus tôt qu'il sera possible, une réponse aux importantes représentations qu'il vient de faire par ordre du Roi son maître. Il est inutile, à ce que le soussigné croit, de faire remarquer le grand secret avec lequel il sera nécessaire de conduire cette négociation jusqu'à sa conclusion, crainte que le roi de Prusse, s'il en a le moindre vent, ne prévienne Sa Majesté Britannique et ses alliés, comme il l'a fait avec la Saxe pendant la dernière guerre.
M. Guy Dickens.
Moscou, 27 avril 1753 [styli veteris].
Le soussigné envoyé extraordinaire, en relisant les dépêches que le dernier courrier lui a apportées, trouve qu'il est nécessaire qu'il ajoute ce supplément au promemoria qu'il eut l'honneur de présenter à Leurs Excellences, le haut ministère de Sa Majesté Impériale, le 15 du courant, pour leur faire savoir que M. Keith, ministre de Sa Majesté Britannique à Vienne, ayant fait les mêmes représentations et réquisitions là que le soussigné a faites ici touchant le casus fœderis, en cas que Sa Majesté Britannique fût attaquée dans ses États d' Allemagne par le roi de Prusse, pour avoir soutenu les justes droits<84> de ses sujets de la Grande-Bretagne, Leurs Majestés Impériales y ont répondu de la manière la plus amiable et la plus cordiale et déclaré en termes précis et formels qu'elles étaient prêtes d'entrer dans aucunes mesures que Sa Majesté Britannique jugerait à propos pour maintenir la tranquillité publique et pour sa propre sûreté et défense contre aucunes violences que Sa Majesté Prussienne lui pourrait faire.
Telles étant les dispositions de la cour de Vienne, le soussigné envoyé extraordinaire ne saurait avoir le moindre doute que cette cour ne soit portée à concourir avec le même zêle et ardeur à assister efficacement Sa Majesté Britannique contre aucunes entreprises hostiles de la part du roi de Prusse et à contribuer par là au maintien de la tranquillité publique, laquelle il y a lieu de croire que Sa Majesté Prussienne ne hasardera pas de troubler à la légère, si elle voit qu'une Princesse d'une puissance aussi formidable que Sa Majesté Impériale est dans la ferme intention de la soutenir.
Guy Dickens.
B.
Note.
Moscou, 13/24 mai 1753.
Comme il a plu au ministère impérial de Russie de faire à l'ambassadeur de Leurs Majestés Impériales et Royales des Romains, dans la conférence d'hier, les deux demandes suivantes :
1° Si à l'occasion de l'ouverture confidente faite par la cour britannique à la cour impériale romaine touchant une négociation pour un corps de troupes qui doit être entamée ici, et de la réquisition préalable faite à Vienne que si, en cas que l'on en vînt à des hostilités entre les cours britannique et prussienne, on voulût reconnaître de la part de la cour impériale romaine le casus fœderis, et
2° A combien montait de la part de la cour impériale romaine le corps auxiliaire stipulé par les alliances avec la cour britannique et celle d'Hanovre —
l'ambassadeur impérial romain n'a pu manquer de faire savoir au susdit ministère impérial de Russie qu'à l'égard de la première question les avis dudit ambassadeur, correspondant avec le promemoria présenté ici le 27 avril par l'envoyé d'Angleterre, M. de Guy Dickens, à savoir que, lorsque Sa Majesté Britannique a fait faire à Leurs Majestés Impériales Romaines la réquisition pour l'assistance stipulée par les traités et alliances entre les deux cours, Leurs Majestés Impériales Romaines, pour faire voir qu'elles sont toujours accoutumées à satisfaire pleinement à leurs engagements, ont d'abord le lendemain après la réquisition faite par le ministre britannique donné la réponse suivante, à savoir : « Que Leurs Majestés Impériales, toujours empressées à donner à Sa Majesté Britannique les preuves les plus convaincantes de leur cordiale amitié, ne manqueront jamais de remplir très religieusement et au<85> pied de la lettre les engagements contractés avec Sadite Majesté, tant en qualité de Roi qu'en celle d'Électeur, pleinement persuadées d'un parfait retour de sa part, tant dans l'une que dans l'autre qualité. »
Concernant la seconde demande, à savoir à combien montait le nombre des troupes avec lesquelles la cour impériale romaine était obligée d'assister Sa Majesté Britannique, comme Roi et comme Électeur, lorsque le cas pourrait exister, l'ambassadeur impérial peut assurer avec certitude que le nombre des troupes dues par les engagements de la cour impériale romaine avec Sa Majesté Britannique, comme Roi, monte à 12,000 hommes; mais, pour ce qui est des engagements de Leurs Majestés Impériales Romaines avec Sa Majesté Britannique comme électeur d'Hanovre, et quel est, en cette qualité, le nombre de troupes stipulé, l'ambassadeur impérial ne saurait dire avec certitude, mais il croit avec beaucoup de vraisemblance que le nombre des troupes auxiliaires peut monter à 20,000 hommes.
C.
Sur ce qui a été proposé par ordre de Sa Majesté Impériale aux membres de la conférence, tenue à la cour le 14 et le 15 mai [styli veteris], les soussignés ont donné leur avis suivant:
Comme, selon les avis que l'on a, et plus encore par l'expérience du temps passé, il est effectivement à craindre que le roi de Prusse pourrait parvenir à un nouveau degré d'accroissement de puissance par une nouvelle attaque d'un ou d'autre des alliés de Sa Majesté Impériale, par où en conséquence ledit Roi se rendrait encore plus redoutable et dangereux à cet empire-ci, on juge en général et sans contradiction qu'il est de la dernière nécessité de ne pas permettre qu'il y parvienne, mais que plutôt il faut tâcher de toutes forces de le réduire à l'état ancien et modique où il a été, dans lequel il ne nous sera pas tant à charge et dangereux. C'est pourquoi
2° L'assemblée dès à présent ordonnée par Sa Majesté Impériale de 60,000 hommes de troupes régulières sur les frontières de la Livonie est non seulement extrêmement nécessaire pour contenir en tranquillité et en bride ce plus proche voisin; mais encore sera-t-il nécessaire d'y joindre 4,000 Cosaques du Don, 1,000 Kalmouks de Tschougoujew et 500 Kalmouks des nouveaux baptisés de Stawropol, comme aussi de tenir prêt à cet effet tout ce qui sera besoin, en sorte qu'au cas que le roi de Prusse fît un jour quelques mouvements pour attaquer, soit l'Hanovre soit la Saxe, comme alliés de Sa Majesté Impériale, ledit corps de 60,000 hommes à assembler présentement sur les frontières de la Livonie puisse faire dès aussitôt de ce côté-ci une diversion en Prusse, sous le nom d'un corps auxiliaire, afin de tâcher par là défendre celui des alliés de Sa Majesté Impériale qui aurait été attaqué<86> par le roi de Prusse, et de ne pas permettre au roi de Prusse de parvenir à une plus grande puissance.
3° Quoiqu'il paraisse qu'un pareil corps de 60,000 hommes à envoyer pour faire alors une diversion en Prusse serait assez suffisant pour atteindre et exécuter le point de vue ci-dessus mentionné, savoir nommément d'empêcher le roi de Prusse de parvenir à un plus grand degré de puissance ou d'empêcher et de ne pas permettre que quelqu'un des alliés de Sa Majesté Impériale soit ruiné, la véritable sûreté et tranquillité des dominations de Sa Majesté Impériale ne demande cependant pas moins pour l'avenir que le roi de Prusse soit encore davantage remis dans ses anciennes bornes. C'est pourquoi il convient de tenir prêt, autant pour appuyer le corps qui de la manière susdite sera envoyé sur les frontières de la Livonie, pour être en état de faire une diversion, que pour la sûreté présente de ces frontières, lorsque ce premier corps se mettra en marche pour quitter ces frontières, un autre corps de 60,000 hommes de troupes régulières et d'irrégulières à proportion, selon que ces dernières pourraient être trouvées nécessaires, afin que cedit dernier corps puisse au plus tôt remplacer en partie le premier corps, lorsque celui-ci serait envoyé en Prusse, et en partie se trouver plus à portée et voisin pour appuyer le premier, et même afin qu'il puisse, selon que la nécessité le demanderait, être envoyé au plus tôt aux postes à ordonner.
4° Pour surplus de précaution on reconnaît et juge nécessaire d'avoir en même temps un corps d'observation de 30,000 hommes de troupes régulières en Finlande et de le tenir assemblé dans ces contrées, afin d'être en sûrêté contre les Suédois.
5° Il est extrêmement utile et nécessaire d'apprêter et d'entretenir autant de galères à Reval, pourvues de tout pour pouvoir mettre en mer, qu'il en serait nécessaire pour pouvoir y embarquer, en cas de besoin, 10,000 hommes.
6° Mais parcequ'il y a non seulement un déficit dans les troupes régulières qui présentement se trouvent sur pied dans les dominations de Sa Majesté Impériale et qui y peuvent être employées, mais puisqu'aussi en général dans le nombre des troupes régulières entretenues jusqu'ici il faut ajouter, pour compléter entièrement les trois corps susmentionnés, savoir celui de 60,000 hommes que l'on destine présentement sur les frontières de la Livonie, le second du même nombre pour réserve, et le troisième de 30,000 hommes à assembler en Finlande et dans ces contrées, lesquels trois corps font ensemble 150,000 hommes, il est premièrement de nécessité indispensable de compléter par des recrues ce qui manque présentement dans le nombre complet de l'armée entière, de la flotte et de l'artillerie; secondement, de faire venir de la Sibérie les deux régiments d'infanterie qui y sont, pour les avoir de là plus à portée ici; troisièmement, de faire revenir et joindre à leurs régiments tous ceux qui en sont absents, hors ceux qui ont des per<87>missions, lesquels on peut toujours avoir assez à temps, et par l'absence desquels les caisses profitent; comme aussi de faire joindre à la première occasion au corps de Finlande les quatre bataillons de Seewsky qui se trouvent présentement ici à Moscou. Mais malgré cela, pour suppléer entièrement à ce qui pourra manquer au nombre tout complet et à la formation complète des trois corps susmentionnés, il sera toujours nécessaire d'établir une levée de recrues et de fixer celle-ci sur un homme sur cent, à commencer le 1er novembre de cette année, vu qu'une pareille levée, selon un calcul en gros, ira toujours au delà de 60,000 hommes. Mais en exceptant de ceux-ci 30,000 pour rendre complet le nombre manquant du vrai complet, on pourra avec le reste rendre complet ce qui peut manquer au nombre complet des trois corps désignés ci-dessus.
7° Pour que le recruement devienne, s'il est possible, encore plus facile et moins onéreux à l'Empire, il serait salutaire d'enrôler tous les hommes capables de servir, qui jusqu'à présent se trouvent dispersés dans tout l'Empire dans les villes aux tribunaux et places de judicature où ils ont été distribués, de même que tant d'autres personnes pareilles propres à servir, et de remplacer leurs places par des invalides, et c'est ce que le Sénat doit examiner et en disposer.
8° Pour ce qui concerne le nombre susexprimé de recrues à lever par-dessus ce qui sera nécessaire à rendre complets les régiments, le très humble avis des soussignés est que l'augmentation de l'armée qui en résultera, soit uniquement restreinte au temps présent de la nécessité de brider le roi de Prusse, et que cette augmentation n'aura pas toujours lieu, mais que plutôt en après, et lorsqu'on aura vu premièrement qu'elle n'est plus nécessaire, cette augmentation ne doit servir que pour rendre par là ensuite complets les anciens régiments. Qu'en outre toute cette augmentation à faire ne doit pas servir pour en former de nouveaux régiments, savoir nommément que, parceque chaque régiment d'infanterie consiste en trois bataillons qui n'ont qu'une compagnie de grenadiers, pendant que l'extrême utilité des grenadiers est assez constatée, les esprits les plus faibles même sont obligés de convenir de la nécessité et de l'utilité de former dans chaque régiment d'infanterie une compagnie de grenadiers pour chaque bataillon, afin qu'il y en ait trois compagnies dans chaque régiment, chaque compagnie de 200 hommes tant nouveaux qu'anciens, joignant à chacune des dernières 50 hommes nouveaux. Pour ce qui regarde ces compagnies de grenadiers et leur nombre, il doit rester inaltérablement pour l'avenir, en le supputant ou comprenant dans le nombre auquel les régiments de trois bataillons sont établis et fixés actuellement.
9° Mais comme, après tout, et selon le calcul qu'on en a fait, il y aura encore un reste suffisant de recrues nouvellement à lever, on est d avis que, pour éviter des dépenses superflues, ce reste sera réparti auprès des régiments d'infanterie dans les compagnies des fantassins,<88> hors desquelles peut être tiré par la suite ce qui sera nécessaire en après pour tenir l'armée complète, comme il est dit ci-dessus.
10° En augmentant de cette manière chaque compagnie de grenadiers avec 50 hommes et la compagnie des fantassins avec autant d'hommes qu'il sera besoin selon la supputation à faire, il sera indispensablement besoin d'augmenter aussi le nombre de leurs officiers commandants et de leurs bas-officiers, nommément de mettre présentement chaque compagnie de grenadiers sur 200 hommes avec un lieutenant, un sous-lieutenant, un sergent, un capitaine d'armes et deux caporaux; chaque compagnie de fantassins avec un sous-lieutenant, un sergent, un capitaine d'armes et deux caporaux.
11° En augmentant de cette façon les compagnies et le nombre de ceux qui les commandent, il est encore inévitablement nécessaire d'y joindre encore un adjudant du régiment et un sous-chirurgien.
12° En augmentant les régiments, l'armée de Sa Majesté Impériale devient également plus forte. Par conséquent sera-t-il aussi extrêmement nécessaire d'augmenter le nombre des généraux commandants. C'est pourquoi on propose très respectueusement au gracieux bon plaisir et décision de Sa Majesté Impériale qu'il lui plaise d'ordonner — pour tenir l'armée en d'autant meilleur ordre et pour mieux pouvoir vaquer aux commandements qui pourront avoir lieu — d'augmenter aussi l'état jusqu'à présent fixé de la généralité, nommément, outre le général-feldzeugmeister, encore avec un général en chef, afin qu'il y en ait cinq avec les quatre précédemment établis; de joindre aux cinq lieutenantsgénéraux encore cinq autres, afin qu'il y en ait en tout dix; de joindre aux dix majors généraux encore autant, afin qu'il y en ait vingt, et aux dix brigadiers encore dix autres nouveaux.
13° En augmentant le nombre des hommes des régiments, il paraît être nécessaire d'augmenter aussi le nombre de l'artillerie qui se trouve auprès de chaque régiment, avec un haubitz et ses appartenances; comme aussi de faire telle augmentation de poudre à tirer afin d'exercer encore mieux les soldats; que la quantité fixée en soit toujours toute prête pour une armée entière dans les caissons, et que la première quantité de la poudre à tirer soit uniquement employée à l'exercice, et que pour tout cela on fixât une certaine somme. De plus laisse-t-on à la décision de Sa Majesté Impériale s'il ne lui plairait pas d'ordonner que le collège de guerre, examinant de concert avec la généralité ce qui serait le meilleur et le plus salutaire, établît les exercices sur un pied uniforme, et que lesdits exercices soient de même manière observés dans toute l'armée.
14° On formera des rapports séparés des dépenses qui seront causées par ces augmentations, aussi examinera-t-on de plus près par la suite s'il conviendra de défendre la sortie des grains de la Livonie.
15° Mais en même temps on est d'avis qu'à moins qu'on se mette effectivement dans un état aussi redoutable et puissant qu'il est détaillé<89> ci-dessus, il serait et incommode et dangereux de se charger tout seul de tout le poids de la diversion à faire en Prusse, si ce n'est qu'on fût d'avance assuré avec fondement et certitude par les ministres de Sa Majesté Impériale que les autres alliés, et nommément les cours de Vienne et de Saxe, ne resteront pas non plus en tranquillité de leur côté, mais qu'elles donnent en même temps leurs secours au roi d'Angleterre, selon leurs engagements, et agissent aussi contre la Prusse. A rencontre, dès aussitôt que nos forces se trouveront dans l'état qu'il est dit ci-dessus, on peut alors avec assurance non seulement — au cas que la Prusse attaque l'Hanovre — faire seul une diversion en Prusse, mais aussi on peut — lorsque, pour brider ce voisin inquiet et pour la sûreté de cet Empire à l'avenir, on le jugera nécessaire — de soi-même déclarer la guerre contre lui et la commencer.
16° Les soussignés ont encore examiné si par là il n'y aurait pas de danger à craindre de l'autre côté et nommément des Turcs, au cas que l'on assemblât, comme il est dit ci-dessus, tant de forces régulières seulement vers les côtes de la Baltique; mais on trouve que les 20 régiments de milice qui sont de ce côté et encore 5 régiments de dragons et toute l'armée de l'Ukraine, tout comme aussi les régiments Saporogiens et Slobodiens, sont suffisants pour la sûreté de ces contrées.
Pour le reste ils soumettent tout ceci très humblement au souverain bon plaisir et ordres de Sa Majesté Impériale.
Était signé:
Comte Alexei Bestushew-Rumin. Knès N. Trubezkoi. Alexandre Buturlin. Comte Michaila Woronzow. Knès Boris Jusupow. Stephan Apraxin. Comte Alexandre Schuwalow. Comte Pierre Schuwalow. Piètre Sumorokow. Knès Jacob Schachowskoi. Iwan Bachmetow. Knès Iwan Schtscherbatow. Knès Alexei Golizyn. Knès Iwan Odujewski. Wassili Suworow. Iwan Poguwischnikow. Adam Olsuwiew. Knès Michaila Beloselskoi.
Pour présenter l'avis ci-dessus à Sa Majesté Impériale, on l'a remis, cacheté sous une enveloppe, au comte Alexandre Iwanowitz Schuwalow le même jour de la conférence, c'est-à-dire le 15/26 mai 1753 styli novi.
D.
Promemoria.
Moscou, 28 juin 1753 [styli veteris].
En réponse au promemoria de M. l'envoyé extraordinaire de Sa Majesté le roi de la Grande-Bretagne du 15 avril, le ministère de Sa Majesté Impériale de toutes les Russies a ordre de faire connaître à M. l'envoyé que, si d'un côté l'Impératrice a appris avec un grand déplaisir les fâcheuses circonstances qui menacent les États du roi de<90> la Grande-Bretagne d'une attaque ennemie et toute l'Europe de nouveaux troubles, elle n'est pas de l'autre côté moins sensible à la confiance que Sa Majesté Britannique met en même temps en son amitié et alliance; aussi Sa Majesté Impériale embrasse-t-elle avec joie cette occasion pour donner au Roi de nouvelles preuves des sentiments qu'elle lui conserve en sincère amie et fidèle alliée.
M. l'envoyé extraordinaire verra par le ci-joint projet d'une convention à conclure avec sa cour, et lequel on lui remet également par ordre de l'Impératrice, avec quelle facilité Sa Majesté veut entrer dans toutes les mesures qu'il a proposées ici, moyennant ledit promemoria, par ordre du Roi son maître, comme un expédient pour prévenir la ruine inévitable à laquelle seraient exposés les pays d'Hanovre, si la guerre vient à s'allumer. On espère que M. l'envoyé extraordinaire remarquera avec une égale satisfaction les conditions aussi généreuses que désintéressés auxquelles Sa Majesté Impériale veut accorder un si puissant secours à Sa Majesté le roi de la Grande-Bretagne; car, quoique les subsides qu'on demande tant pour l'entretien de 55,000 hommes sur les frontières de Livonie, avec 40 à 50 galères en état d'agir, en cas que ce corps dût effectivement marcher et faire diversion en Prusse ou en Poméranie, surpassent considérablement ceux qui ont été stipulés par les conventions de l'année 1747, mais, pour peu que M. l'envoyé extraordinaire fasse attention à l'éclaircissement suivant, il trouvera que la somme que l'on demande à présent, loin de surpasser celle desdits subsides, en est encore beaucoup plus modique. C'est que Sa Majesté Impériale ne cherche en cette occasion qu'à pouvoir convaincre le roi de la Grande-Bretagne par des preuves réelles de la sincère amitié qu'elle lui porte.
Par la convention du 12 juin de l'année 1747 Sa Majesté Britannique a été obligée de payer pour l'entretien de 30,000 hommes de troupes russiennes sur les frontières de Livonie un subside de 100,000 livres sterling par an, qui, à raison de 10 florins et 15 stuvers courants de Hollande pour chaque livre sterling, faisaient la somme de 430,000 écus courants de Hollande, et qui furent payés sur ce pied dans le même pays, suivant qu'on en était convenu. Si on demande à présent aussi pour l'entretien d'un corps consistant presque en deux fois autant de troupes un million d'écus courants de Hollande, par conséquent environ 200,000 écus de plus, il faut prendre en considération que les dépenses que l'on sera obligé de faire dans le cas en question, sont sans comparaison plus grandes que ne le pouvaient être celles du cas passé.
Dans ce temps-là, la plupart des troupes de Sa Majesté Impériale se trouvaient déjà d'elles-mêmes en Livonie ou aux environs; mais à présent, à cause de la paix générale en Europe, elles se trouvent dispersées au dedans de l'Empire et pour la plupart dans les provinces éloignées où elles ont les vivres en plus grande abondance et à meilleur marché. On comprend bien, sans qu'on l'observe, ce qu'il coûte pour<91> faire marcher de si loin un si grand corps de troupes, surtout les Cosaques et les Kalmouks, qui sont obligés de traverser quasi tout l'Empire d'un bout à l'autre. On se contente de faire remarquer que dans l'intérieur de l'Empire une mesure — tschetwert — de seigle ne se paie jamais au delà d'un rouble, l'avoine presque toujours à la moitié de ce prix, le foin à trois copeks le poud, et à proportion tous les autres vivres [sont] aussi à très bon marché. Au contraire, toutes ces choses sont sans comparaison plus chères en Livonie : un poud de foin se paie quelquefois 15 à 20 copeks; mais elles y seront naturellement encore plus chères, quand on y assemblera un aussi grand corps de troupes avec 15,000 hommes de cavalerie, consistant la plupart en des troupes légères, dont chaque cavalier doit être pourvu de deux chevaux.
Dans le cas passé, on n'avait pas besoin d'y transporter une grande partie d'artillerie avec ses servants, à présent, on est obligé de faire tout ceci.
Quant à la somme qu'on demande en subsides pour le temps que les troupes de Sa Majesté Impériale seront employées de faire diversion, en cas que le roi de Prusse attaquât le pays d'Hanovre, on espère que M. l'envoyé extraordinaire la trouvera encore plus raisonnable par rapport à celle que les deux Puissances maritimes ont d'elles-mêmes accordée par la convention du 19 novembre 1747 pour le corps de 30,000 hommes qu'elles avaient pris à leur service.
On a payé, alors, pour ce corps de 30,000 hommes 1,290,000 écus courants de Hollande — comptant toujours la livre sterling à raison de 10 florins et 15 stuvers. On en demande, à présent, trois millions, par conséquent 1,710,000 écus de plus, ce qui paraît en effet faire un objet considérable; mais, si l'on en déduit encore ce qui est à payer pour les 25,000 hommes qu'on veut présentement donner de plus et qui, en considération de 15,000 hommes de cavalerie y compris, et dont la plupart sont à deux chevaux, peuvent passer pour 30,000 hommes, il n'en restera pour tout le surplus que 420,000 écus.
Outre que cette somme en elle-même fait déjà un très petit objet, M. l'envoyé extraordinaire verra aussi par ce qui sera dit plus bas qu'elle est trop insuffisante à compenser les frais qui tombent à présent à la charge de l'Impératrice, et que par ladite convention du 19 novembre 1747 les deux Puissances maritimes étaient cependant obligées de porter elles-mêmes.
Par exemple l'équipement et l'expédition de 40 à 50 galères pour faire descente dans le pays ennemi, et l'armement de deux vaisseaux de ligne et autant de frégates pour leur escorte sont des articles tout nouveaux, mais de la dernière importance, et qui exigent de grandes dépenses.
On en omet ici plusieurs autres de même nature, il suffit de dire qu'excepté la seule provision de vivres, Sa Majesté Impériale se charge à présent de tout, au lieu que dans le cas passé les Puissances maritimes,<92> lorsqu'elles avaient pris à leur service le corps de troupes de 30,000 hommes, étaient obligées à faire transporter à leurs frais toutes sortes d'amunitions de guerre et autres choses qu'on avait besoin d'envoyer d'ici à ces troupes; à leur fournir la poudre et le plomb; à se charger de l'entretien des malades et des blessés et à les faire soigner et traiter par leurs propres chirurgiens et médicaments; à faire conduire jusqu'en Russie, également à leurs frais, les malades qui ne pourraient suivre l'armée, et ceux qui seraient laissés pour les servir; à rançonner ceux de ce corps qui tomberaient prisonniers entre les mains de l'ennemi, et enfin à faire chercher et rendre les déserteurs au général commandant le corps auxiliaire.
C'est aussi un grand article que ces troupes auxiliaires de Sa Majesté Impériale allaient alors se joindre aux autres armées alliées, avec cette expresse condition qu'elles ne seraient pas exposées aux fatigues plus que les autres troupes, et qu'on observerait en tout une juste égalité entre elles, de sorte que les troupes russiennes pouvaient alors espérer beaucoup de délassement dans leurs travaux. Au contraire, dans le cas présent, le corps de troupes que Sa Majesté Impériale veut donner au secours de Sa Majesté Britannique, ne peut espérer aucun de ces avantages, mais doit seul porter tout le poids de la diversion à faire. On doit aussi compter pour un article extraordinaire et bien considérable l'artillerie dont il est nécessaire de pourvoir le corps auxiliaire; car, au lieu que, dans le cas passé, il n'y avait que deux pièces de campagne par régiment, il faut à présent non seulement en doubler le nombre, mais y ajouter une bonne partie de gros et de petit canon. Enfin, ne pouvant se fier sur aucun secours d'ailleurs, on est obligé de pourvoir à tout, de crainte que le défaut de quelque chose nécessaire ne fût trop nuisible.
Cette dernière considération produit une autre de beaucoup plus grande conséquence; c'est que Sa Majesté Impériale, se privant d'un corps de troupes si considérable qu'elle donne au roi de la Grande-Bretagne par un effet de son amitié pour lui, non seulement pour le secourir contre le roi de Prusse, mais aussi pour faire une grande diversion dans les États de ce Prince, sera nécessairement obligée pour la sûreté-de ses propres frontières, et pour pouvoir, en cas de besoin, donner un prompt secours audit corps, d'en tenir un autre pareil en voisinage et tout prêt à se mettre en marche. On laisse aux propres lumières de Sa Majesté Britannique à juger s'il n'est pas juste de concourir aux dépenses onéreuses qu'il faudra faire pour assembler et entretenir ce second corps de troupes.
Quant au seizième article du projet ci-joint, par lequel on engage Sa Majesté Britannique, en cas que, pendant la guerre en question, Sa Majesté Impériale vînt à être attaquée par quelque puissance étrangère, à payer durant tout le temps de cette attaque un subside d'un million d'écus courants de Hollande par an, on se flatte que, loin de trouver<93> extraordinaire ou superflue une telle demande, on reconnaîtra en ce cas la générosité particulière de Sa Majesté Impériale et les soins sincères qu'elle prend, en amie fidèle, des intérêts du roi de la Grande-Bretagne, puisqu'en cas même d'une nouvelle et propre guerre à soutenir, elle est fermement résolue de n'abandonner jamais son allié, mais de le soutenir toujours avec force et vigueur; aussi ne demande-t-on ce peu de subside que pour subvenir en quelque manière aux frais dans lesquels l'augmentation et les levées de troupes doivent indispensablement engager Sa Majesté Impériale.
Enfin, on est dans une forte persuasion que Sa Majesté le roi de la Grande-Bretagne, après avoir examiné le projet susmentionné, n'aura pas sujet de se repentir de la confiance avec laquelle il s'est adressé à Sa Majesté Impériale de toutes les Russies et a remis à sa générosité d'indiquer en ce cas la somme des subsides et les autres conditions; car M. l'envoyé extraordinaire pourra être le témoin qu'aussitôt que ledit projet de convention sera de retour ici avec le consentement du Roi son maître, Sa Majesté Impériale ordonnera d'augmenter son armée de 60,000 hommes, pour se mettre en état d'exécuter les mesures qu'elle va prendre ensemble avec Sa Majesté Britannique.
On espère que M. l'envoyé extraordinaire verra en son particulier aussi avec plaisir la condescendance qu'on témoigne ici, pour faciliter une négociation dont le succès lui acquerrait une gloire proportionnée à la grandeur et à l'importance du sujet.
C. Bestushew. Woronzow.
E.
Projet de convention à conclure entre Sa Majesté Impériale de toutes les Russies et Sa Majesté le roi de la Grande-Bretagne.
Au nom de la sainte et indivisible Trinité!
Comme Sa Majesté Impériale de toutes les Russies et Sa Majesté le roi de la Grande-Bretagne se sont expressément engagées par le traité d'alliance défensive conclu l'année 1742, et qui subsiste encore si heureusement entre elles, de s'appliquer avec zèle à ce qui peut avancer leurs intérêts communs et pourvoir à leur défense mutuelle; et, c'est en vue de procurer par de tels engagements non seulement leur avantage et leur sûreté réciproque, mais de contribuer, autant qu'il dépend de leurs soins, à la conservation de la paix de l'Europe en général et de la tranquillité du Nord en particulier, tellement qu'en cas que les secours stipulés par le susdit traité n'y fussent pas suffisants, on est convenu d'y délibérer sans délai et de les augmenter, selon que le besoin et les occurrences du temps l'exigeront.
Et comme Sa Majesté le roi de la Grande-Bretagne a fait représenter par M. Guy Dickens, son envoyé extraordinaire résidant à la<94> cour de Sa Majesté Impériale de Russie, que dans la présente situation de ses affaires, à l'égard de Sa Majesté le roi de Prusse, il n'est que trop à craindre que ce Prince n'entreprît d'attaquer les États d'Allemagne de Sa Majesté Britannique, uniquement à cause des torts qu'il prétend que les armateurs anglais ont faits aux sujets prussiens pendant la dernière guerre, et sous prétexte desquels il a déjà fait mettre arrêt sur les capitaux dus aux sujets de la Grande-Bretagne sur la Silésie, et que dans ces circonstances critiques Sa Majesté le roi de la Grande-Bretagne espère de l'amitié de Sa Majesté Impériale de toutes les Russies et du zèle généreux avec lequel elle s'est toujours prêtée à appuyer ses alliés et à maintenir l'équilibre de l'Europe, qu'elle ne sera pas éloignée à prendre sans délai, de concert avec Sa Majesté Britannique, des mesures capables de retenir le roi de Prusse de toute entreprise sur l'Hanovre et de prévenir une nouvelle rupture de la paix générale de l'Europe, Sa Majesté Impériale, pour donner à Sa Majesté Britannique une nouvelle et réelle preuve de l'amitié sincère et de la considération qu'elle lui conserve, ainsi que de son zèle continuel de détourner tout ce qui puisse porter la moindre atteinte à la paix ef à la tranquillité de l'Europe rétablie depuis peu après tant de troubles et de ruines, et étant très disposée à prendre de concert avec Sa Majesté Britannique, le plus tôt qu'il serait possible, des mesures aussi vigoureuses qu'efficaces contre de semblables entreprises à craindre de la part du roi de Prusse et si nuisibles à la tranquillité et à la sûreté publiques, a bien voulu ordonner à ses ministres NN. d'entrer en conférence sur cette affaire avec ledit M. Guy Dickens, envoyé extraordinaire de Sa Majesté le roi de la Grande-Bretagne, lesquels ministres, en vertu de leurs pleins pouvoirs respectifs, et après avoir conféré et délibéré entre eux, sont convenus des articles suivants.
Art. 1. Nonobstant les soins que Sa Majesté Britannique, conjointement avec ses alliés, veut employer auprès de Sa Majesté le roi de Prusse, et sans faire attention à quelque espérance qu'on pourrait en avoir que ce Prince, se prêtant aux propositions qui lui ont été faites touchant les capitaux dus aux sujets britanniques sur la Silésie, s'abstiendra d'attaquer l'Hanovre, comme il est à présent à craindre, et que par conséquent la paix et la tranquillité publiques ne seront point troublées, Sa Majesté Impériale de toutes les Russies s'engage, afin de se mettre en sûreté contre toute entreprise imprévue et subite de ce Prince, d'assembler sur les frontières de la Livonie attenantes à la Lithuanie, aussitôt après l'échange des ratifications de cette convention, un corps de 40,000 hommes d'infanterie de ses troupes réglées, muni de l'artillerie nécessaire et de 15,000 hommes de cavalerie, composés de trois régiments de cuirassiers, de vingt compagnies grenadiers à cheval, de deux régiments d'hussards, et le reste de troupes légères, savoir de Cosaques et de Kalmouks, chacun à deux chevaux, autant qu'il y aura besoin pour rendre complets ces 15,000 hommes de cavalerie, de sorte<95> que le tout, infanterie et cavalerie, formera un corps de 55,000 hommes, et de tenir les troupes sur lesdites frontières de Livonie, de même que 40 à 50 galères avec l'équipage requis sur les côtes du même duché, en état de pouvoir agir au premier ordre et jusqu'à ce que le danger présent subsistera, ou que les deux hautes parties contractantes ne jugeront pas nécessaire de les tenir plus longtemps sur les frontières, comme cela sera expliqué plus amplement par les articles suivants.
Art. 2. Pour subvenir aux frais que l'entretien desdites troupes et galères causera à l'Impératrice de toutes les Russies, Sa Majesté Britannique s'engage de sa part à lui payer un million d'écus courants de Hollande — de 50 stuvers — par an, à compter du jour des ratifications de cette convention, toujours à Pétersbourg et en entier pour chaque année d'avance. Le payement pour la première année se fera dans le même temps que l'échange des ratifications.
Art. 3. Comme il est incertain quand le danger cessera tout-à-fait, et qu'il est impossible de prévoir d'autres incidents qui pourraient survenir dans cet intervalle et contre lesquels il est mieux de se précautionner d'avance, on ne borne pas le temps que ledit corps et les galères doivent rester sur les frontières et sur les côtes de Livonie; mais comme les évènements passés et l'état présent des affaires font voir combien il est utile et avantageux tant aux intérêts des deux parties contractantes qu'à ceux de leurs alliés communs de tenir sur lesdites frontières un pareil corps de troupes de Sa Majesté Impériale, et combien cela peut contribuer à l'affermissement même de la paix et tranquillité désirée, Sa Majesté Impériale de toutes les Russies et Sa Majesté le roi de la Grande-Bretagne s'engagent, savoir Sa Majesté Impériale à tenir sans interruption, aussi lontemps qu'il sera possible, le susdit corps de troupes sur les frontières de Livonie attenantes à la Lithuanie et le susdit nombre de galères équipées sur les côtes, toujours en état de marcher et d'agir au premier ordre d'un côté, et de l'autre Sa Majesté le roi de la Grande-Bretagne à payer pendant tout ce temps les subsides stipulés d'un million d'écus courants de Hollande par an, payables en entier pour chaque année d'avance, avec cette seule exception qu'en cas que Sa Majesté Impériale fût la première qui, suivant les conjonctures du temps et pour son propre besoin, jugeât à propos de retirer le susdit corps de troupes des frontières de Livonie et de ne l'y plus tenir pour le service de Sa Majesté Britannique, Sa Majesté le roi de la Grande-Bretagne ne sera tenue alors de payer les subsides stipulés que pour le temps que ces troupes seront restées sur les frontières pour son service. Mais, si c'est Sa Majesté Britannique qui jugera à propos et de sa convenance de déclarer à Sa Majesté Impériale qu'elle n'aurait plus besoin d'un pareil corps sur lesdites frontières, et que Sa Majesté Impériale pourrait l'employer et en disposer selon son bon plaisir, en tel cas Sa Majesté Britannique est obligée de payer les subsides stipulés encore pour trois mois après la déclaration.
<96>Art. 4. Quoique l'on espère que, par les représentations amiables qui seront faites de la part de Sa Majesté Britannique au roi de Prusse, et plus encore par les mesures si vigoureuses qu'on va prendre moyennant cette convention, Sa Majesté Prussienne sera retenue de tout procédé ennemi envers les États d'Allemagne de Sa Majesté Britannique, de sorte que les deux hautes. parties contractantes n'auront pas besoin, pour leur défense et par justes représailles, de mettre en exécution ces mesures, qu'on a prises uniquement par précaution et pour sa propre sûreté, mais si, contre toute attente, il arrive au contraire que Sa Majesté Britannique sera attaquée dans ses États d'Allemagne par le roi de Prusse, en ce cas Sa Majesté Impériale de toutes les Russies s'engage et, aussitôt que Sa Majesté Britannique l'en aura informée et lui aura donné le secours d'argent effectif, donnera ordre à son général commandant le corps qui sera assemblé sur les frontières de Livonie, de faire, le plus tôt qu'il sera possible, une diversion dans les États du roi de Prusse avec un corps de 30,000 hommes d'infanterie muni de l'artillerie nécessaire et avec tous les 15,000 hommes de cavalerie ci-dessus mentionnés, et de tenir les autres 10,000 hommes d'infanterie tout prêts à être transportés sur les mentionnées 40 ou 50 galères pour faire une descente, soit en Prusse soit en Poméranie, suivant le besoin et l'exigence des cas.
Art. 5. Par contre, Sa Majesté Britannique s'engage à payer à Sa Majesté Impériale de toutes les Russies, pendant que ce corps de 55,000 hommes sera effectivement employé dans les opérations militaires pour son service, un subside annuel de 3 millions d'écus courants de Hollande, à compter du jour que ce corps se sera mis en marche des frontières de la Russie, jusqu'à son retour sur les mêmes frontières, de quelle manière que ce retour se puisse faire, soit que la guerre sera finie ou que Sa Majesté Britannique le juge à propos ellemême. Ce subside sera toujours payé en entier, pour chaque année d'avance, et remis à Riga entre les mains de celui qui sera exprès autorisé de Sa Majesté Impériale.
Art. 6. Et, comme cette diversion à faire par les troupes de Sa Majesté Impériale de toutes les Russies dans les pays de la Prusse en faveur des États d'Allemagne de Sa Majesté Britannique doit être exécutée tout d'un coup et avec toute la vigueur et activité possibles, et par cette raison il est d'une nécessité indispensable que tout ce qu'il y faudra, fût alors prêt et appareillé, afin que le défaut des choses absolument nécessaires à une entreprise de cette nature ne fît perdre du temps en vain et ne donnât au roi de Prusse, comme attaquant l'Hanovre, assez de loisir pour y faire des progrès considérables, avant que les troupes russiennes pussent venir et faire une diversion dans ses États, pour cet effet Sa Majesté Britannique promet, sitôt qu'elle verra la marche des troupes russiennes indispensable, d'envoyer audit corps un ou quelques commissaires qui le recevront, lui paieront<97> sur le champ pour une année entière de subsides les trois millions d'écus de Hollande et se chargeront de son entretien à leurs propres frais, tant sur la marche que pendant tout le temps qu'il sera au service de Sa Majesté Britannique, jusqu'à son retour sur les frontières de Russie, et les commissaires feront livrer à ce corps auxiliaire les portions et rations in natura, savoir aux bas-officiers, soldats et autres en portion à chaque homme par jour deux livres de pain de seigle, une livre de viande en argent, un quart de livre de gruau, comme aussi deux livres de sel par mois, et en ration pour chaque cheval par jour six livres deux tiers d'avoine et 16 livres deux tiers de foin et, en outre, le hachis de paille sur le même pied qu'il est généralement de coutume, le tout au poids de Hollande. Mais, en cas que quelqu'une de ces provisions, par quelque raison que ce soit, ne puisse pas être livrée in natura, il sera permis de s'accorder et de convenir avec le général commandant les troupes impériales russiennes et de lui payer les provisions en argent comptant qu'on aura réglé avec lui. Au reste, la solde desdites troupes leur sera toujours payée, de même que ce corps sera recruté et pourvu de munitions de guerre et d'artillerie, de la part de Sa Majesté Impériale de toutes les Russies.
Art. 7. Le grand éloignement du lieu où l'attaque du roi de Prusse est à craindre, de celui où la diversion doit être faite par les troupes impériales russiennes, ne permettant pas que ces troupes puissent se joindre à celles de Sa Majesté Britannique, Sa Majesté Impériale se charge seule de tout le poids de la diversion, et Sa Majesté Britannique s'engage seulement, comme il a été dit ci-dessus, de payer le subside stipulé de trois millions d'écus de Hollande, chaque année d'avance, et d'entretenir ces troupes de la manière susmentionnée.
Art. 8. Quant aux galères à armer et aux 10,000 hommes d'infanterie qu'on destine à une descente en Prusse ou en Poméranie, comme il est dit ci-dessus, Sa Majesté Impériale s'engage non seulement de les tenir prêtes et proches de Courlande, mais, aussitôt que le besoin et la convenance le requerront, de leur faire entreprendre cette descente en faisant escorter et soutenir ces galères dans leur expédition en question par deux vaisseaux de ligne et deux frégates de sa flotte. Mais, comme il est à présumer qu'en ce cas la Suède de son côté, en vertu de ses engagements avec le roi de Prusse, pourrait au lieu de troupes lui fournir le secours stipulé en vaisseaux, dont ce Prince se servira contre les galères impériales russiennes pour les inquiéter et pour empêcher la descente qu'elles auront à faire, pour cet effet Sa Majesté le roi de la Grande-Bretagne s'engage d'envoyer dans la Baltique une escadre de 10 vaisseaux de ligne et de 4 frégates équipées en guerre, non seulement pour rendre plus sûre la navigation des gaères russiennes et le transport des troupes qui y seront embarquées, et pour soutenir la descente avec plus de force et de vigueur, mais aussi afin que le chef qui commandera cette escadre, puisse recevoir ces<98> troupes russiennes embarquées sur les galères et se charger de leur entretien en vivres, pareillement aux frais de Sa Majesté Britannique, dès qu'elles seront sorties en mer du premier port jusqu'à ce qu'elles seront de retour dans le même port où ledit chef les aura reçues, de la manière suivante, savoir pendant le temps que ces troupes seront en mer, tant en allant qu'en retournant, elles recevront la provision en tout sur le pied comme il est de coutume de la donner aux autres gens de marine; mais, après avoir fait la descente, tant qu'elles resteront en terre ferme, on leur livrera les portions comme aux autres troupes de terre, ainsi qu'il a été stipulé dans l'article 6 de cette convention, excepté toutefois le monde et autres servants que l'on sera absolument obligé à laisser pour la garde des galères, de même que ceux qui seront au bord, des vaisseaux et frégates russiennes, et auxquels tous on donnera toujours la provision comme aux gens servant actuellement sur mer.
Art. 9. Le chef d'escadre de Sa Majesté Britannique sera tenu en cas de descente à pourvoir les troupes impériales russiennes de l'artillerie nécessaire avec tout son attirail et autres munitions de guerre dont il sera convenu préalablement avec le général commandant les troupes russiennes, et ce même chef doit toujours tenir son escadre, autant qu'il sera possible, le plus à portée des galères russiennes, soit en temps de leur trajet, soit pendant qu'elles seront à l'ancre, afin de pouvoir leur donner en tout cas un prompt secours et assistance. Cependant il sera libre audit chef de détacher par deux ou trois bâtiments de son escadre, ou pour aller prendre information de la flotte suédoise ou pour conduire d'autres bâtiments qui devront lui porter les provisions de Danzig et d'autres endroits.
Art. 10. Et s'il arrive, comme il y a lieu de s'en douter, que la France envoyât pareillement dans la Mer Baltique quelque nombre de vaisseaux ou même une partie considérable de sa flotte au secours du roi de Prusse, pour inquiéter les galères russiennes et pour les empêcher de faire descente en Prusse ou en Poméranie, en ce cas Sa Majesté Britannique s'engage et promet de la manière la plus forte d'envoyer dans la Mer Baltique sur le premier avis qu'elle aura d'un pareil dessein de la France, un nombre plus considérable de ses vaisseaux de guerre, pour renforcer sa première escadre et pour mieux couvrir la descente.
Art. 11. Il dépendra de Sa Majesté Britannique de faire agir toute sa flotte susmentionnée offensivement ou défensivement contre les escadres française et suédoise, en cas qu'elles vinssent d'être envoyées au secours du roi de Prusse, ainsi qu'on le présume.
Quant aux vaisseaux et frégates russes, elles ne seront employées qu'à couvrir leurs propres galères, sans les laisser jamais de vue, indépendamment de ce que les vaisseaux de Sa Majesté Britannique seront obligés à défendre de toute leur force les vaisseaux et les galères russiennes et à soutenir la descente des troupes.
<99>Art. 12. Comme l'éloignement où les deux cours contractantes sont l'une de l'autre, et la distance spacieuse qu'il y a entre le pays où la guerre est à craindre, et celui où la diversion est, en ce cas, à faire, mettent des obstacles à toute délibération préalable sur les plans et les opérations à exécuter, les deux hautes parties contractantes s'engagent d'agir de toute leur force et vigueur; à cette fin elles chercheront par tous les moyens imaginables à porter dommage à leur ennemi et à prévenir qu'en s'apercevant de la langueur d'un côté, il ne tournât contre l'autre toutes ses forces.
Art. 13. Ces troupes auxiliaires seront commandées uniquement par le général que Sa Majesté Impériale de toutes les Russies mettra à leur tête, et duquel dépendra aussi celui qui commandera sur les galères; cependant le commissaire de Sa Majesté Britannique qui sera constitué à pourvoir à l'entretien de ces troupes, de même que le chef de son escadre, seront toujours invités et admis aux conseils généraux de guerre qui seront occasionnés par les évènements et les circonstances du temps.
Art. 14. Tout le butin que les troupes russiennes feront sur l'ennemi, de quelque nature et nom qu'il puisse être, restera au profit de ces mêmes troupes.
Art. 15. Comme il peut facilement arriver que les troupes auxiliaires impériales russiennes seront obligées de toucher dans leur marche les terres de la république de Pologne, Sa Majesté le roi de la Grande-Bretagne s'engage et se charge du soin d'obtenir de Sa Majesté le roi et la république de Pologne le libre passage pour ces troupes par lesdites terres.
Art. 16. En cas que, durant cette guerre à faire en commun, Sa Majesté Impériale de toutes les Russies vînt d'être elle-même attaquée par quelconque autre puissance, nonobstant cela Sadite Majesté Impériale veut remplir ses engagements pris par cette convention, et elle est intentionnée de ne point rappeler, même dans ce cas-là, ses troupes auxiliaires, mais de continuer sans cesse la guerre contre le roi de Prusse, communément avec Sa Majesté Britannique. Par contre Sa Majesté le roi de la Grande-Bretagne, pour concourir aux dépenses extraordinaires que naturellement causeront à Sa Majesté Impériale les nouvelles levées et l'augmentation des troupes, s'engage à payer à Sadite Majesté Impériale, indépendamment des subsides de trois millions d écus de Hollande stipulés ci-dessus dans le 5me article, encore un autre subside annuel d'un million d'écus de Hollande pendant tout le temps que Sa Majesté Impériale sera en guerre avec la puissance dont elle sera attaquée.
Art. 17. Les deux hautes parties contractantes s'engagent et se promettent de ne faire avec l'ennemi commun aucune paix séparément, l'une sans l'autre, et par conséquent de n'entrer avec lui en aucune négociation sans le consentement préalable de l'autre part; mais les<100> deux parties contractantes tâcheront de toutes leurs forces de se procurer la paix à des conditions honorables et avantageuses à leurs intérêts réciproques.
Art. 18. Mais, au cas qu'après même que la paix sera conclue du consentement unanime des deux hautes parties contractantes, et que Sa Majesté Impériale, nonobstant le titre de parti auxiliaire sous lequel elle fera la guerre, y sera admise comme une puissance principalement contractante, le roi de Prusse voulût cependant rompre cette nouvelle paix, en haine d'un si puissant secours à donner contre lui de la part de Sa Majesté Impériale, et attaquer l'empire de Russie, soit lui seul ou conjointement avec la Suède, en ce cas Sa Majesté le roi de la Grande-Bretagne en juste réciproque d'une assistance si réelle que Sa Majesté Impériale veut lui donner, s'engage et promet de la secourir alors d'un million d'écus courants de Hollande de subside par an, autant que cette attaque durera, et par le nombre de vaisseaux de guerre stipulé par le traité de l'année 1742, bien entendu que Sa Majesté Britannique sera tenue de donner à Sa Majesté Impériale tout ce secours, en subsides et en vaisseaux, seulement en cas que le roi de Prusse fît cette attaque conjointement avec la Suède, et de ne lui payer que le simple subside d'un million d'écus courants de Hollande par an, s'il la fait tout seul; bien entendu aussi que ce secours ne sera prêté qu'en cas de la guerre que le roi de Prusse déclarerait à Sa Majesté Impériale dans le cours des deux premières années après la conclusion de la paix, toute autre guerre qui puisse survenir après n'y étant point comprise.
Art. 19. Cette présente convention sera approuvée et ratifiée des deux parts, et les lettres de ratification seront échangées à Moscou dans l'espace de pp.
F.
Promemoria.
Moscou, 2 juillet 1753 styli veteris.
Si dans le promemoria que l'on a remis à M. Guy Dickens, envoyé extraordinaire de Sa Majesté le roi de la Grande-Bretagne, dans la conférence le 28 juin, on n'a pas donné une réponse particulière sur son promemoria du 27 d'avril touchant le casus fœderis, le ministère de Sa Majesté Impériale se trouve cependant d'autant plus en état d'y suppléer par le présent, qu'ayant un ordre exprès de l'Impératrice à promettre un beaucoup plus grand secours que celui du casus fœderis, on est encore plus autorisé d'assurer M. l'envoyé extraordinaire que Sa Majesté Impériale reconnaît ledit cas dans toute son étendue, et que c'est dans cette considération qu'elle fonde toutes les démarches vigoureuses qu'elle est intentionnée de faire conjointement avec Sa Majesté Britannique, et dont on peut se promettre tout l'effet désiré, vu que Sa Majesté, non contente d'avoir promis simplement dans le projet d'une convention à conclure qu'on a remis à M. l'envoyé extraordinaire dans ladite conférence, d'assembler, d'abord après la conclusion de ladite<101> convention, un corps de 55,000 hommes de ses troupes sur les frontières de Livonie, elle a déjà effectivement ordonné d'y assembler 60,000 hommes de troupes réglées qui sont effectivement en marche pour y venir, et d'y ajouter encore 6,000 hommes de troupes légères.
Il n'en est pas difficile à comprendre combien Sa Majesté Impériale est fermement résolue de secourir Sa Majesté le roi de la Grande-Bretagne, en cas que ses États fussent attaqués par le roi de Prusse. Car, si elle ordonne à présent et sans attendre le consentement de Sa Majesté Britannique sur le projet de la convention, d'assembler un corps plus nombreux que celui pour lequel on demande des subsides, il est aisé de s'assurer avec combien plus de force elle fera agir, quand le besoin le requerra, Sa Majesté Impériale étant accoutumée de ne rien faire à demi. D'ailleurs M. l'envoyé extraordinaire a déjà remarqué dans le mémoire et dans le projet qu'on lui a remis, toutes les autres mesures que l'Impératrice veut prendre sans délai conjointement avec le roi de la Grande-Bretagne, pour n'avoir rien à craindre de la part du roi de Prusse.
C. Bestushew. Woronzow.
Nach dem Concept. Die Actenbeilagen A—F nach den von Maltzahn unter dem 1. September aus Dresden eingesandten Abschriften.101-1
<102>6034. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 15 septembre 1753.
J'ai bien reçu le rapport que vous m'avez fait du 5 de ce mois. J'avoue que j'avais cru, tout comme vous, que la présence du chevalier Williams en Angleterre saurait contribuer quelque chose à l'avantage de la cour de Dresde, et que ses rapports pourraient avoir de l'influence dans les affaires; l'on vient cependant de me marquer le contraire, et mes lettres de Londres m'assurent qu'à quelques anecdotes satiriques près il n'avait rien appris de nouveau aux ministres et que, s'il n'était méprisé là, il jouait au moins un trop petit rôle pour y être remarqué.102-1 Au surplus, vous devez compter que, si des troupes russes marchent pour entrer dans la Livonie, c'est aux dépens de la Russie, qui sûrement n'a pas reçu un sou de l'Angleterre;102-2 aussi, quand mes avis accusent juste, les ministres anglais n'ont jusqu'à présent nulle envie de se mettre en frais à ce sujet, de sorte qu'il faudra voir s'ils persisteront dans cette façon de penser. Du reste, je serais bien aise que vous vous informiez, autant que vous pourrez le faire, plus précisément sur ce qu'on a fait de manœuvres à Tein, car, pour ce qu'on vous en a dit, il me paraît qu'on l'a furieusement brodé.
Federic.
Nach dem Concept,
6035. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A DRESDE.
Potsdam, [15 septembre]102-3 1753.
Je viens d'avoir des lettres de Vienne qui m'apprennent que le comte de Starhemberg, qui va de la part de la cour impériale en France, est parti le 3 de ce mois pour Dresde, sans qu'on ait entendu qu'il eût médité un pareil voyage, et qu'on y soupçonnait du mystère, puisqu'il s'y arrêterait quelque temps, quoique d'autres présument que ce voyage n'aurait peut-être d'autre but que de voir là sa sœur, la comtesse de Sternberg,102-4 et d'arranger avec elle des affaires de famille. Quoi qu'il en soit, j'ai bien voulu vous en instruire, afin que vous ayez l'œil sur lui et tâchiez de pénétrer le vrai objet de ce voyage.
J'accuse la bonne réception de votre rapport du 8 de ce mois. Quant à l'accommodement que vous me proposez relativement aux affaires de la Steuer, je le goûterais parfaitement et ne hésiterais point d'y donner les mains, ne fût-ce que cela arrivait justement dans un temps qu'on fait du bruit de la marche des troupes de Russie en Livonie. Comme je ne voudrais point qu'on me supposât de l'inquiétude à ce sujet, et que j'en avais faibli, il faut bien que je remette à un autre<103> temps plus convenable, pour faire traiter sur le susdit accommodement.
En attendant, vous tiendrez le même langage que ci-devant au comte de Brühl par rapport aux affaires de la Steuer, quoique toujours en termes honnêtes et sans user de menaces.
Pour ce qui regarde le cas arrivé avec le sieur Sandelhjelm, vous vous expliquerez poliment sur ceci audit ministre, que, si cet officier avait eu du chagrin à Berlin, ç'avait été bien par sa propre faute, vu qu'il n'avait jamais dit qu'il était en service de Saxe, ni n'en porté l'uniforme, mais qu'il s'était qualifié pour être officier suédois, jusqu'à ce qu'il avait été reconnu pour ne point être dans ce service; que c'était par cette raison-là qu'on l'avait soupçonné et prié de vouloir bien quitter la ville, mais point du tout dans un temps de vingt-quatre heures, comme il paraissait qu'on l'avait marqué au comte de Brühl; qu'il n'avait dépendu que de lui de se dire officier saxon, et qu'on aurait eu tous les égards dus à ce caractère, mais que l'ayant déguisé, il s'était fait soupçonner par sa propre faute; que tout officier qui agissait de la sorte, courrait risque d'être traité de la même façon, et que, si jamais un de mes officiers voulait user d'un pareil déguisement en Saxe, je ne saurais être fâché, si l'on agissait envers lui de la même manière.
Federic.
Nach dem Concept.
6036. AN DEN ETATSMINISTER GRAF FINCKENSTEIN IN BERLIN.
Finckenstein berichtet; Berlin 12. September : „Le chevalier de La Touche, ayant reçu hier un courrier, est venu ce matin me communiquer le contenu de ses dépêches, dont la principale regarde le différend qui subsiste entre Votre Majesté et la cour d'Angleterre au sujet des prises faites sur Ses sujets. Tout ce que ce ministre m'en a dit, revient assez à ce que milord Maréchal a mandé en dernier lieu, et porte en substance que le marquis de Mirepoix s'était trompé dans ses conjectures, que les dispositions favorables que messieurs de Newcastle et Pelham lui avaient marquées pour les ouvertures qu il leur avait faites, avaient été changées par la contrariété des opinions de leurs collègues, qu'en conséquence le duc de Newcastle s'était retourné et venait de déclarer à M. de Mirepoix103-1 que l'Angleterre ne pouvait pas accepter l'expédient de la compensation, qu'il fallait que Votre Ma- | Potsdam, 16. September 1753. Se. Königl. Majestät haben auf den hierbei zurückerfolgenden Bericht zur mündlichen allergnädigsten Resolution zu melden befohlen, wie dem Chevalier M. de La Touche zu antworten sei, dass des Königs Majestät Sich billig über die Langage, so die englische Ministres gegen die von Frankreich in der Deprädationssache letzthin halten wollen, sehr verwundern müssten, deren Ursach aber nicht anders als denen dem Vernehmen nach jetzigen Mouvements derer russischen Truppen nach Livland attribuiren könnten, als wodurch man Höchstdieselbe inquiet und zu |
jesté commençât par lever l'arrêt mis sur les dettes silésiennes, et qu'alors les tribunaux anglais examineraient de nouveau les prétentions des sujets prussiens et leur rendraient justice, selon les exigences des cas; que le marquis de Mirepoix avait relevé cette déclaration comme il le fallait, et n'avait pas dissimulé le mécontentement avec lequel sa cour la recevrait, mais que cela n'avait empêché que milord Albemarle ne tînt le même langage à la cour de France, qu'il y avait même ajouté qu'on donnait quatre semaines à Votre Majesté pour se prêter aux désirs de la cour d'Angleterre ou pour suggérer quelque nouvel expédient. Mais que le marquis de Saint-Contest n'avait pas répondu avec moins de fermeté que sa cour se garderait bien de se charger d'un pareil message : que fixer un terme sans restriction, c'était vouloir se refuser à toute voie d'accommodement, et qu'un aussi grand Prince que le roi de France aurait raison d'être surpris de ce qu'au lieu de conciliateur on voulait simplement le rendre interprète des volontés de la cour d'Angleterre, pour les faire passer à Votre Majesté.“ | fürchten machen zu können vielleicht geglaubet habe. Wann aber Se. Königl. Majestät au Fait und informiret wären, wie weit es mit erwähnten Mouvements derer russischen Truppen gehe oder nicht, als wovon Sie auch bereits dem Marquis de Saint-Contest durch Mylord Maréchal Communication thun lassen, so wären Dieselbe deshalb nicht en peine, sondern blieben vielmehr ohnveränderlich bei Dero an Frankreich declarirten letzteren Ultimato, so wie solches Mylord Maréchal letzthin noch an M. de Saint-Contest gesaget habe.104-1 Es sei bekannt, dass das englische Ministerium von selbst bei der Kron Frankreich um die Arbitrage oder auch bons Offices in gedachter Sache angetragen hätte,104-2 dass Frankreich solche übernommen, und dass das englische Ministère sich endlich gegen letzteres offeriret habe, die Differenz durch eine zu gebende mediocre Summe Geldes gegen Bezahlung der von der schlesischen Schuld noch rückständigen Gelder schlichten und beilegen zu wollen. Diese Proposition habe Frankreich angenommen und Sr. Königl. Majestät communiciret, welche solche gleichfalls acceptiret und Sich vermittelst Dero Ultimati auf das billigste darüber erkläret habe. Wenn aber in der Zeit, da Dero Antwort und Erklärung in Frankreich einlaufen können, das englische Ministerium von Langage ändern wollte, so wäre solches wider alles, was in dergleichen Fällen unter respectablen Puissances gebräuchlich wäre, und vor der Welt nicht zu justificiren. Se. Königl. Majestät hielten Sich also an die von Engelland selbst verlangete Mediation und bons Offices von Frankreich und an Dero letzteren Ultimato, von welchem Sie nicht changiren würden; Sie würden Sich allemal dasjenige gefallen lassen, was Frankreich darunter vor recht fände. Wollte aber wider Vermuthen das englische Ministerium bei seiner letzteren Langage bleiben, so wäre es nicht anders, als seines Ortes alle Mediation und bons Offices von Frankreich refusiren und von keinem billigen Vergleich wissen zu wollen. Wobei dem Chevalier M. de La Touche gesaget werden könne, dass, falls auch 200,000 Russen in Livland ständen, Se. Königl. |
Majestät deshalb dennoch nicht einen Titel von Dero billigem Ultimato changiren würden. Im Uebrigen verlangeten Se. Königl. Majestät zugleich, dass Mylord Maréchal von allem vorstehenden auf das fordersamste ganz umständlich informiret werden solle. Welches alles des Herrn Grafen von Finckenstein Excellenz bestens besorgen würden. Eichel. |
Nach der Ausfertigung.
6037. AU PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK A POTSDAM.
Potsdam, 17 septembre 1753.
Monsieur mon Cousin. C'est avec bien du plaisir que j'agrée à la demande que vous m'avez faite, par votre lettre du 15, de pouvoir vous arrêter quelques jours à Berlin, pour y arranger vos affaires relatives au voyage en Danemark que vous allez faire.105-1 Comme Votre Altesse a fixé le jour de Son départ au 20 de ce mois, je La prie de vouloir bien Se charger du paquet ci-clos que j'adresse à mon ministre à Copenhague, le sieur de Hæseler; l'importance du paquet105-2 qui demande qu'il lui parvienne sûrement, et qu'il ne le reçoive que des mains propres de Votre Altesse, est la seule raison pourquoi je L'en charge, sans quoi je n'aurais osé de L'en incommoder. J'aurai la satisfaction d'entretenir encore Votre Altesse avant Son départ de ce qui regarde mes affaires en Danemark,105-3 étant d'ailleurs avec l'estime et l'amitié la plus invariable de Votre Altesse le bon et très affectionné cousin
Federic.
Nach dem Concept.
6038. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A DRESDE.
Potsdam, 17 septembre 1753.
La présente n'est que pour vous dire que je vous saurai tout le gré du monde, si vous pouvez presser au possible l'homme de confidence et même l'aiguillonner par quelque extraordinaire pour qu'il vous fasse avoir les pièces dont vous faites mention dans votre dépêche du 4 du mois présent. Vous jugerez vous-même de l'impatience que j'ai d'être bien instruit de la suite de la correspondance de Russie,105-4 de même que de celle d'Angleterre, et combien il m'importe de voir clair dans toutes ces affaires, tandis que les forces de Russie se fortifient de plus en plus dans la Livonie, et que leur nombre s'augmente, sans qu'on sache jusqu'à présent d'où les ministres de Russie tirent les frais qu'il faut de toute nécessité qu'ils emploient, et si ce n'est pas au moyen de quelques remises en argent qu'on leur a faites secrètement, soit de<106> Londres soit d'Hanovre. Appliquez-vous donc bien de me satisfaire sur des sujets si intéressants, afin que je sache régler mes mesures là-dessus, sans que je fasse quelque fausse démarche.
Federic.
Nach dem Concept.
6039. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Potsdam, 18 septembre 1753.
Ayez soin et appliquez vous bien sous mains pour approfondir si peut-être le ministère anglais a fait parvenir secrètement quelques remises en argent à la Russie. Selon mes avis, les troupes russes s'augmentent de plus en plus en Livonie; il n'est pas bien à comprendre d'où les ministres de Russie tirent les fonds qu'il faut de toute nécessité qu'ils y emploient. J'ai eu une lettre de Vienne106-1 en conséquence de laquelle la marche des Russes se faisait à l'instigation du roi d'Angleterre et lui coûtait déjà réellement, quoiqu'il n'en eût transpiré dans le public, plus de cinq fois que le restant des dettes de Silésie. Bien que je ne fasse pas fond sur cet avis, je voudrais que vous réfléchissiez si le ministère anglais ne peut disposer d'une pareille somme sans éclat, et s'il ne l'a fait peut-être secrètement. Employez votre habilité pour approfondir ce qui en est, vu que mon service demande que vous m'en instruisiez avec toute l'exactitude.
J'accuse vos rapports du 4 et du 7 qui m'ont été bien rendus.
Federic.
Nach dem Concept.
6040. AN DEN HOFRATH UND GEHEIMEN LEGATIONSSECRETÄR LANGSCHMID IN HANNOVER.
Potsdam, 18. September 1753.
Es will verlauten, als ob ohnlängst eine beträchtliche Summe Geldes aus dem königlichen Tresor zu Stade nach Hamburg gezahlet worden sein soll, um von dar aus nacher Norden durch Wechsels remittiret zu werden; damit Ich nun einige zuverlässige Nachricht davon haben und Meine Curiosité darunter satisfaciren möge, so wird es Mir zu besonders gnädigstem Gefallen gegen Euch gereichen, wenn Ihr alle Geschicklichkeit anwenden werdet, um durch Eure habende Connaissances unter der Hand zu erfahren, ob es mit der oberwähnten Nachricht seine Richtigkeit habe oder nicht, und wohin ersteren Falls gedachte Gelder von Stade aus weitergegangen sind. Ich werde Euren zuverlässigen Bericht desfalls baldmöglichst erwarten.
Friderich.
Nach der Ausfertigung.
<107>6041. AN DEN ETATSMINISTER GRAF PODEWILS IN BERLIN.
Potsdam, 18. September 1753.
Mein lieber Etatsminister Graf von Podewils. Ich will, dass Ihr noch heute des Prinz Ferdinand von Braunschweig Liebden sprechen und Dieselbe von der jetzigen Situation der Bentinckschen Sache107-1 umständlich informiren, dabei aber alles Odiöse auf den p. Bernstorff werfen sollet. Ich bin Euer wohlaffectionirter König
Friderich.
Nach der Ausfertigung.
6042. AN DEN ETATSMINISTER GRAF PODEWILS IN BERLIN.
Potsdam, 19. September 1753.
Denjenigen Bericht an Se. Königl. Majestät, welchen Ew. Excellenz mir heute frühe zu adressiren geruhen wollen, habe Höchstderoselben sofort zugesandt und zweifele nicht, dass Dieselbe davon recht sehr wohl zufrieden gewesen sein werden, wiewohl ich solchen nicht wieder zurückerhalten habe.
Ew. Excellenz habe hierbei im grössesten Vertrauen unterthänig melden wollen, wie des Königs Majestät aus Preussen jüngsthin ein Schreiben mit ein und andern Nachrichten von den Bewegungen der russischen Truppen in Livland erhalten haben, worin Deroselben unter andern mit gemeldet worden, dass sich im Monat Julio oder August ein gewisser französischer Brief, von Moskau aus datiret, in Hamburg herumgetrieben haben solle, welcher durch den dortigen russischen Residenten nach Moskau geschicket worden, und welcher zu selbiger Zeit ohngefähr in das teutsche übersetzet der berlinischen gedruckten Zeitung mit inseriret worden sein soll.107-2 Welches, als solches der russischen Kaiserin hinterbracht worden, dieselbe zum höchsten entrüstet haben solle, dergestalt, dass sie befohlen, solches Schreiben öffentlich und auf das Stärkeste zu refutiren. Des Königs Majestät, welcher von dieser ganzen Sache nicht das geringste bekannt, haben mir also aufgetragen, an Ew. Excellenz deshalb zu schreiben, mit dem Vermelden, dass Dieselbe doch die zu Berlin in solchen Monaten herausgekommene gedruckte Zeitungen insgesammt genau nachsehen lassen möchten, um zu wissen, ob ein dergleichen Schreiben oder sonsten etwas darin enthalten, so der Kaiserin anstössig sein können, oder aber was es damit vor Bewandtniss habe. Wie dann, wann sich dergleichen Brief darin finden sollte, Ew. Excellenz an mich ein Exemplar solcher Zeitung einsenden möchten, um Sr. Königl. Majestät solches zeigen und vorlegen zu können. Wobei Dieselbe dennoch ersuchen soll, von angeführten Ursachen dazu und sonsten Sich gegen niemanden etwas äussern zu lassen. Ew. Excellenz melde hierdurch alles dergestalt, wie es mir befohlen worden, und werde Dero weitere Befehle desfalls gehorsamst erwarten.
Eichel.
Nach der Ausfertigung.
<108>6043. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 22 septembre 1753.
J'ai bien reçu votre dépêche du 12 de ce mois. Il est vrai que la convention faite et projetée entre les commissaires de ma part et ceux de la Princesse douairière gouvernante touchant la vente de mes terres en Hollande, a été envoyée ici; mais comme, malgré cela, toutes les difficultés ne sont pas encore levées, et qu'il en reste des choses à régler, il faut bien que j'attende la parfaite conclusion de l'affaire, avant que de pouvoir me décider finalement sur la reconnaissance à faire à votre ami, ce que je n'oublierai cependant pas.108-1
Au reste, comme des gens de Hongrie qui ont passé ici en dernier lieu, ont voulu nous assurer qu'on levait du monde en Hongrie, et qu'on s'y empressait pour compléter les régiments de hussards qui y sont en quartiers, qu'on voudrait remettre incessamment de six compagnies qu'ils ont, à dix compagnies, je voudrais bien que vous tâchiez de savoir au juste si ce que les gens susdits nous ont dit, est exactement vrai ou non, afin de pouvoir m'en informer bientôt. Au reste, je me crois assuré que vous continuerez de veiller toujours avec attention sur tout ce qui regarde les dispositions militaires qui se font dans vos contrées, afin de ne m'en laisser rien ignorer.
Federic.
Nach dem Concept.
6044. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 22 septembre 1753.
J'ai reçu votre rapport du 10 de ce mois. Dans l'attente où je suis à présent d'apprendre de vous la façon de penser de M. de Contest sur ce qu'en conséquence de la dernière dépêche qui vous a été faite du département des affaires étrangères, j'ai répondu aux propos que les ministres anglais ont tenus à ceux de France par rapport à l'affaire des prises,108-2 et l'usage que le susdit ministre en fera afin de remettre cette affaire dans le train d'un accommodement, il m'est venu encore une idée sur cette affaire que je ne vous communique cependant que pour savoir votre sentiment là-dessus; c'est que je voudrais mettre en dépôt auprès de la France tout l'argent qui revient encore en capital et intérêts à l'Angleterre des dettes hypothéquées sur la Silésie, et laisser le soin alors à la France d'accommoder l'affaire des prises de la manière qu'elle le trouverait bon et convenable aux circonstances.
Je serai bien aise que vous réfléchissiez sur telle proposition et me marquiez, au plus tôt possible, ce que vous en sentez, et si le ministère de France voudrait en tout cas s'y prêter. Faites m'en votre rapport immédiatement, le plus tôt, que je puisse aviser là-dessus.
Federic.
<109>P. S.
J'ai appris de très bon lieu109-1 que la Reine-Impératrice ayant donné avis à l'impératrice de Russie, par un courrier qu'on a dépêché au baron de Pretlack, du mariage stipulé du troisième Archiduc avec la princesse de Modène, a fait déclarer à l'impératrice de Russie qu'elle l'avait fait pour empêcher la France de s'enraciner davantage en Italie, comme plusieurs indices avaient fait craindre l'alliance de la maison de Penthièvre avec celle de Modène, en facilitant les moyens. Voilà en propres mots ce que j'ai appris à cet égard, et je veux bien que vous communiquiez cette particularité à M. de Contest, qui pourra compter sur son authenticité.
Nach dem Concept.
6045. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A DRESDE.
Hans Dietrich von Maitzahn berichtet, Dresden 15. September : „Autant que l'ambassadeur de France et moi avons pu fixer en Pologne,109-2 en faisant la revue des principaux membres dont on formerait un parti, la somme qu'il faudrait destiner pour lui donner la vigueur nécessaire, cela roulerait sur 25,000 à 30,000 ducats, ce qui fera 12,000 à 15,000 pour Votre Majesté, objet très modique vis-à-vis des avantages qui en résulteront, lorsqu'on aura un parti assez respectable pour faire craindre les suites à ceux qui voudraient commencer des troubles.“ | Potsdam, 22 septembre 1753. Les dépêches que vous m'avez faites du 15 et du 18109-3 de ce mois, m'ont été bien rendus. J'approuve parfaitement ce que vous me proposez par rapport au concert à prendre entre la France et moi touchant les affaires de Pologne; aussi continuerez-vous d'en communiquer avec M. de Broglie, tout comme je m'en expliquerai en France par milord Maréchal. Au surplus, serai-je bien aise, quand vous pourrez avoir le rapport du sieur Gross sur les affaires de Pologne avec les réflexions dont le Grand-Chancelier l'a accompagné, le remettant à sa souveraine. Cependant, ce qui m'est actuellement le plus pressé de savoir, c'est d'être encore plus à fait sur la négociation entamée entre Guy Dickens et les ministres de Russie et de son succès, savoir si le ministère anglais a accordé à la Russie les subsides, soit en tout ou en partie, que celle-ci a demandés. Ainsi, vous tâcherez de vous informer au possible sur ces circonstances, qui m'intéressent le plus dans le moment présent, afin de pouvoir m'en instruire le plus exactement. Quant à l'accommodement à faire relativement aux billets de la Steuer, je goûte de plus en plus la proposition que vous m'en avez faite, et j'y donnerais d'abord les mains, ne fût-ce cette circonstance que |
je vous ai marquée par ma lettre antérieure qui m'en arrête encore. Cependant, que cela ne vous empêche pas de tenir en haleine le comte de Brühl par des assurances vagues et générales que vous lui ferez sur la proposition qu'il vous en a faite, tout au contraire, je serais bien aise que vous fissiez, en attendant, vous-même un canevas qui pourrait servir de plan d'accommodement, et que vous pourriez m'envoyer, dès que je vous le demanderai. Federic. |
Nach dem Concept.
6046. AU SECRÉTAIRE VON DER HELLEN A LA HAYE.
Potsdam, 24 septembre 1753.
J'ai reçu votre rapport du 18 de ce mois. Comme il m'est revenu que la cour de Vienne a fait passer, il y a quinze jours, à peu près, la somme de 300,000 florins ou 200,000 écus à Amsterdam, et qu'elle s'est servie du nom du premier commis du bureau du comte de Kaunitz, le sieur de Binder, pour y faire passer cet argent, afin que le secret en soit ménagé, mon intention est que vous devez employer sous main tous vos soins et votre adresse pour bien pénétrer à quel usage cet argent a été remis à Amsterdam. Vous n'oublierez rien pour vous bien orienter là-dessus, et m'en ferez votre rapport, le plus tôt possible.
Federic.
Nach dem Concept.
6047. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 25 septembre 1753.
J'ai bien reçu le rapport que vous m'avez fait du 14 de ce mois. Quant au traité fait entre la cour de Vienne et le duc de Modène, je ne puis en bon et fidèle allié de la France que lui communiquer ce qui m'en est revenu;110-1 c'est après à son ministère d'en faire tel usage qu'il lui plaira.
J'attends à présent votre rapport sur la réponse que vous aurez de M. de Contest touchant ma dernière réponse110-2 relativement aux mauvais procédés des ministres anglais touchant l'affaire des prises.
Si mes lettres de Londres110-3 accusent juste, la cour de Vienne cherche à engager cette dernière de donner des subsides à la Russie, et le comte Colloredo doit avoir détaillé au duc de Newcastle tous les mouvements que l'Impératrice-Reine s'était donnés pour engager celle de Russie d'entrer dans les vues du roi d'Angleterre, mais que la cour de Moscou ne voudrait rien faire sans subsides, qu'on croyait cependant à Vienne qu'elle rabattrait quelque chose de ce qu'elle avait demandé d'abord, et que, pourvu qu'on accordât la valeur de 70,000 livres sterling par<111> année, elle entretiendrait un corps de 60,000 hommes en Livonie à la disposition du roi d'Angleterre, et que, si on venait à l'employer, on paierait alors un autre subside proportionné au premier projet remis au sieur Guy Dickens.111-1
L'on m'assure cependant que ces insinuations n'avaient pas fait fortune, et que la plupart du ministère persistait à ne pas vouloir ouvrir les cordons de la bourse. L'on m'ajoute que, bien que le ministre anglais paraissait fier de ce qu'il se trouvait fort assuré d'une grande majorité dans le prochain Parlement, et sur ce qu'il se croyait assuré de pouvoir mettre en jeu les deux cours impériales d'abord qu'il voudrait leur donner de l'argent, qu'en outre il faisait sa cour au Roi leur maître, qui n'avait jamais vu avec trop de plaisir les apparences d'un accommodement avec moi, de ne pas vouloir démentir leur tribunaux; mais que, malgré tout cela, le susdit ministère ne pouvait ni osait demander dans le moment présent satisfaire aux subsides que la cour de Moscou demandait, et qu'il ne saurait qu'à se tenir au langage pour prier la Russie par de beaux compliments de rester dans les mêmes sentiments où elle était, et de s'excuser auprès d'elle de ce qu'on ne saurait lui donner de l'argent dans les circonstances présentes. Enfin, qu'il convenait au ministère d'étouffer les différends avec moi à cause de leurs intérêts particuliers, et, pourvu que la France leur parlerait du haut ton, il y aurait tout apparence que les différends seraient accommodés, sans quoi le ministère anglais saurait laisser tramer l'affaire sur le tapis comme un germe à des suites sérieuses.
Je laisse à votre discernement l'usage que vous voudrez faire des susdites circonstances envers M. de Contest, auquel vous laisserez adroitement et avec toute la délicatesse requise glisser la réflexion, pour le piquer d'honneur, que du temps de Louis XIV un ministère anglais ne se serait point émancipé d'agir, dans un cas pareil de négociation que celui dont il est question, avec si peu de ménagement envers la France.
Au reste, je ne saurais point m'imaginer encore que le ministère anglais voudrait tout de bon aller commencer la guerre pour un objet de si mince importance.
Federic.
Nach dem Concept.
6048. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Potsdam, 25 septembre 1753.
J'ai reçu à la fois vos rapports du 11 et du 14111-2 de ce mois et vous en renvoie sur ce que la dépêche ordinaire du département des affaires étrangères à la date d'aujourd'hui vous marquera sur différents sujets. Ce qui me reste encore de vous dire pour votre direction, c'est,<112> comme jamais le corps de troupes de Russes assemblé en Livonie ne m'embarrassera fort, ni me portera, en fût-il au nombre double, à faire des démarches point conformes à ma dignité, je voudrais cependant savoir de vous, pour mon information seule, si le roi d'Angleterre, malgré la situation présente des affaires de l'Angleterre et son crédit pas encore tout-à-fait rétabli, saurait porter son Parlement à accorder les subsides de guerre que les ministres de Russie ont demandés, et soutenir, en même temps, les autres dépenses d'une guerre qui immanquablement s'en entraînerait. Je parle des subsides de guerre, car, pour ce qui regarde ceux qu'on donnerait en temps de paix à la Russie, pour avoir un corps de troupes assemblé, je ne m'en soucie pas beaucoup.
Federic.
Nach dem Concept.
6049. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Potsdam, 25 septembre 1753.
Les dépêches que vous“ m'avez faites du 15 et du 18 de ce mois, m'ont été bien rendues, et la tournure que les affaires commencent à prendre à la cour où vous êtes relativement au ministre Bernstorff, laisse espérer qu'à moins qu'il n'y ait du nouveau changement, comme l'on a à craindre d'une cour aussi inconstante et variable dans son système que celle-là s'est montrée jusqu'à présent, l'arrivée du prince Ferdinand de Brunswick n'apportera pas de mal à la bonne cause. Cependant, je veux bien vous dire que ce Prince sage et modéré, qui a été instruit de tout ce qu'il faut avant son départ de Berlin,112-1 qui s'est fait depuis cinq jours, n'agira en tout qu'avec prudence et ne s'avancera plus dans le ruisseau qu'il n'y verra fond; aussi ne saurais-je que bien approuver le plan qu'il s'est formé à ce sujet, car de vouloir entreprendre témérairement une affaire dont on ne sait pas juger de succès, ce serait gâter plutôt les choses que de les remettre.
Quant au baron de Fleming, je suis bien aise de vous marquer, pour votre direction, que ceux qui le connaissent bien, me l'ont dépeint comme un sujet de mauvais caractère auquel l'on ne saurait jamais se fier qu'à très bonnes enseignes.112-2
Au reste, il n'y a nul obstacle qui vous saurait empêcher que vous ne vous prêtassiez pas à la demande que le ministre d'Espagne vous a faite d'entretenir avec lui, pendant son absence de Copenhague, une correspondance sur les démêlés de sa cour avec celle de Danemark,112-3 sous des précautions requises. Ce que vous pouvez lui déclarer le plus obligeamment de ma part.
Federic.
Nach dem Concept.
<113>6050. AU MINISTRE D'ÉTAT DE ROHD A STOCKHOLM.
Potsdam, 25 septembre 1753.
Vos dépêches du 11 et du 14 de ce mois m'ont été fidèlement rendues, sur lesquelles je suis bien aise de vous dire que ce que j'ai communiqué confidemment par vous au baron de Hœpken113-1 touchant le dessein du Danemark sur la Scanie, ne sont point des soupçons ni de simples conjectures, mais des réalités sur lesquelles l'on peut compter. En attendant, je ne saurais pas disconvenir que le parti que ce ministre a pris sur ce sujet,113-2 est tout-à-fait raisonnable et juste, vu que le danger de l'exécution d'un pareil dessein n'est pas encore fort près; et ce que vous pourriez bien apprendre d'ailleurs confidemment audit ministre, c'est que j'ai appris de bon lieu que ce dessein doit proprement se fonder sur une convention secrète faite entre le roi de Danemark et celui d'Angleterre113-3 qu'au cas qu'une guerre s'élevât en Allemagne entre moi et le dernier au sujet des prises maritimes, alors le Danemark ferait une entreprise sur la Scanie pour faire une diversion à la Suède et l'empêcher par là à ce qu'elle ne saurait me porter le secours stipulé dans notre traité.
Quant au conseiller Bohlen, je veux bien vous avertir que c'est le même qui, à cause des brouilleries qu'il a eues avec mon feld-maréchal Schwerin, a tant remué pour indisposer la Suède contre moi, en y portant des plaintes, quoique frivoles et mal fondées, par rapport à mes levées de recrues.
Vous communiquerez de tout ceci avec le sieur de Maltzahn,113-4 à qui je n'ai rien eu d'intéressant à mander jusqu'à présent.
Federic.
Nach dem Concept.
6051. AU CONSEILLER PRD7É DE POLLMAN A RATISBONNÉ.
Potsdam, 25 septembre 1753.
J'ai bien reçu la lettre que vous m'avez faite, bien que sans date, et suis bien aise de vous témoigner ma satisfaction sur les sentiments de zèle et d'attachement que vous marquez pour mes intérêts et pour la gloire de ma maison. Vous devez continuer dans ces sentiments de fidélité et aller toujours votre droit chemin en tout ce qui regarde ma dignité, tout comme celle de ma maison, sans rien craindre, surtout quand le ministre d'Hanovre à la Diète y voudra entreprendre par des attentats impertinents et contraires à la constitution de l'Empire et aux prérogatives de ses États. Soyez assuré que vous n'aurez jamais du<114> démenti de ma part là-dessus, mais que je vous soutiendrai dans toutes les démarches justes et zélées que vous ferez dans de pareilles occasions.114-1
Federic.
Nach dem Concept.
6052. AN DEN ETATSMINISTER GRAF PODEWILS IN BERLIN.
Potsdam, 26. September 1753.
Ew. Excellenz melde wegen des hierbei zurückerfolgenden Entwurfs zu einem denen berlinschen Zeitungen zu inserirenden Article,114-2 dass, nachdem des Königs Majestät ich solchen vorgezeiget und das nöthige zugleich hinterbracht habe, Höchstdieselbe darauf declariret haben, wie Sie am convenablesten fänden, dass solches nicht denen Zeitungen inseriret werde, sondern am besten sei, zu thun, als ob man auf dergleichen nicht einmal Attention nähme, sondern es mit Mépris ansähe.
Hierbei soll auf allergnädigsten Befehl Sr. Königl. Majestät wegen der heute eingegangenen Depeschen an Ew. Excellenz annoch melden, wie zuforderst der von Klinggräffen auf dessen hierbei liegendes Postscriptum instruiret werden solle, sich gegen den Grafen von Kaunitz114-3 wegen aller Irregularitäten, so von dem österreichischen Minister zu Regensburg sowohl als auch von dem hannoverschen Minister zeither bei dem Reichstage unternommen worden, ingleichen was von dem mainzischen Directorio, auch wegen Verschliessung der Stube, wo die Secretarien zusammenkommen, nach des von Pollman Bericht geschehen sei, [zu] expliciren, und ihm der nöthige Stoff dazu gegeben werden solle, mit dem Beifügen, dass wenn gedachte Ministres so grob verführen, man nicht wohl fordern könne, dass der von Sr. Königl. Majestät sie höflich begegnen solle, und dass wenn jene belleten, Se. Königl. Majestät auch diesen lâchiren müssten.
Was die von dem p. von Maitzahn zu Dresden unter dem 22. dieses wegen Bezahlung der Steuerscheine gethane Anfrage anbetrifft, worüber er nach Leipzig beschieden zu werden gebeten, da wollen Se. Königl. Majestät, dass ihm geantwortet werden solle, wie er wegen aller Steuerscheine der königlichen Unterthanen, deren Termine gefällig wären, die gehörige Instances thun, Wegen derer aber, so aus dem Quanto, so die Sachsen gäben, bezahlet würden, dahin sehen solle, dass die Bezahlung alter und neuer indistinctement geschähe.
Eichel.
Nach der Ausfertigung.
<115>6053. AN DEN GEHEIMEN RATH HANS DIETRICH VON MALTZAHN IN LEIPZIG.
Potsdam, 30. September 1753.
Ihr werdet aus der abschriftlichen Anlage mit mehrerm ersehen, was bei Mir der in der Churmark wohnende von Adel, Namens von Görtzke, wegen einer Summa von 1990 Rthlr. 12 Gl. 6 Pf. in sächsischen Steuerscheinen, welche ihm bei einer seiner Frauen, einer geborner von Leipzigerin, aus dem Sächsischen zugefallenen Erbschaft angegeben und extradiret worden, vorgestellet und gebeten hat.
Da solche Steuerscheine nunmehro insgesammt zur Bezahlung fällig seind, so will Ich, dass Ihr Euch bestens bemühen sollet, auf dass instehende leipziger Messe solche gedachtem von Görtzke richtig und gebührend ausgezahlet werden müssen, und zwar ohne dass selbige, wo möglich, mit unter das ordinaire Quantum, so auf jeder Messe Meiner Unterthanen halber ausgezahlet wird, kommen, als weswegen Ihr Euren besten Fleiss anzuwenden habet.
Ihr sollet zugleich von diesem Cas den Gebrauch machen, um dem Premierminister Grafen von Brühl dadurch zu zeigen, wie gross die Unbilligkeit sein würde, wann Meine Unterthanen in Fällen, da sie Erbschaften aus Sachsen thun, statt baaren Geldes sich mit Steuerscheinen begnügen müssten, die man dorten nachher entweder gar nicht oder jedoch mit grossem Verlust bezahlen wolle, wohergegen, wann sächsische Unterthanen allhier Erbschaften ziehen, selbige alle Mal das baare Geld empfangen, mithin deshalb sonder Hasard und Verlust nehmen. Ich recommandire Euch alles dieses bestens und bin p.
Friderich.
Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.
6054. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 2 octobre 1753.
La dépêche ordinaire du département des affaires étrangères qui vous parviendra à la suite de celle-ci, ayant tout rempli ce que j'aurais pu vous dire au sujet de votre rapport du 21 du mois passé, je vous y renvoie et me borne d'ajouter seulement que, pourvu que le ministère anglais reste inflexible, malgré les instances turbulentes que la cour de Vienne fait faire par son ministre à Londres, à ne point vouloir donner actuellement de l'argent à la Russie, je ne désespère pas encore que les ministres de France ne sauraient trouver des moyens encore pour amener les choses entre moi et l'Angleterre à une bonne composition.
Federic.
Nach dem Concept.
<116>6055. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Michell berichtet, London 18. und 21. September, über die Motive des englischen Ministeriums zu der dem Marquis von Mirepoix ertheilten Antwort116-1 und fasst in dem Berichte vom 21. September die Summe seiner Informationen, für deren Authenticität er sich verbürgt, in den Worten zusammen: „On ne veut entrer dans aucune mesure violente dans le moment présent n'y prendre d'engagement qui y puisse conduire, et, quoiqu'on prétende être insulté, par l'arrêt que Votre Majesté a mis sur la dette de Silésie, l'on préférera de laisser traîner cette affaire sur le tapis à en témoigner un ressentiment prompt dans les circonstances présentes. Quelques ministres se sont même lâchés dans la conversation jusqu'à dire que, quand même Votre Majesté donnerait une réplique à leur réponse,116-2 ils étaient d'avis qu'on n'y répartît pas, et qu'on attendît des occasions plus favorables pour en marquer le ressentiment qui convenait à l'honneur de la couronne et de la nation.“ | Potsdam, 2 octobre 1753. J'ai bien reçu vos rapports du 18 et du 21 du mois passé, et vous sais parfaitement gré des informations exactes que vous m'avez données au sujet de l'état présent des affaires relativement à mes différends avec l'Angleterre. Comme il faudra voir quel en sera le dénouement, je souhaite que vous continuiez, en attendant, à me donner des nouvelles les plus exactes sur tout ce qui pourra regarder mes intérêts, et particulièrement si les ministres anglais resteront inflexibles à ne point vouloir donner ni argent ni subsides à la Russie, ou si à la fin ils plieront. Du reste, soyez assuré du secret que je vous garderai des anecdotes que vous me marquez. Pour ce qui regarde la demande que vous me faites pour quelque augmentation de vos appointements, j'entre dans vos raisons et ne laisserai pas de songer à vous aider là-dessus; continuez seulement de me servir avec le même zèle et fidélité que j'ai reconnus en vous jusqu'ici. Au reste, on m'a montré l'autre jour une lettre d'Angleterre selon laquelle l'on doit avoir fait sortir une escadre en vaisseaux de guerre d'un des ports d'Irlande. Comme vous ne m'avez rien marqué à ce sujet, j'attends que vous me mandiez encore ce qui en est ou non. Federic. |
Nach dem Concept.
6056. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A LEIPZIG.
Potsdam, 2 octobre 1753.
Les plaintes qu'a portées le sieur Gross au vice-chancelier de Pologne116-3 sur le sujet du colonel Ortinski, et les contestations qui en sont résultées entre le premier et l'Écuyer tranchant de la couronne,116-4 dont vous me faites votre rapport par votre post-scriptum du 25 de septembre dernier, sont des choses que vous devez vous marquer soigneusement, pour en pouvoire faire usage un jour à aigrir sous main<117> les Polonais contre les Russes et à les fortifier dans leur méfiance contre ceux-ci, qui d'ailleurs n'est que trop fondée.
Federic.
Nach dem Concept.
6057. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A LEIPZIG.
Potsdam, 3 octobre 1753.
En conséquence de votre rapport du 28 dernier, et vu les motifs que vous y alléguez, je veux bien permettre que vous disiez avec un compliment convenable, mais qui ne sente point de faiblesse,117-1 au comte Brühl que, porté que j'étais de convaincre le Roi son maître des sentiments d'égard et d'amitié que j'avais invariablement pour lui dans toutes les occasions où il m'était possible de me livrer à mon inclination, je voudrais bien consentir qu'on s'arrangeât sur ce plan d'accommodement que lui, comte de Brühl, avait proposé relativement à tous les billets de Steuer qui étaient entre les mains de mes sujets, en sorte qu'il dépendrait de lui de nommer et d'autoriser quelqu'un qui confèrerait avec vous sur ce plan d'accommodement et des conditions à y convenir, que vous m'enverrez alors, afin que je puisse aviser jusqu'où j'y saurais entrer; mais que, si l'on y fixait le nombre des billets de Steuer dont mes sujets indistinctement étaient en possession, il fallait qu'on exemptât les billets de Steuer qui tôt ou tard parviendraient à mes sujets par des cas de successions, de dots qui leur écherraient en Saxe.
Vous savez déjà toutes les raisons qui m'obligent à faire exempter ces cas,117-2 et que la perte serait trop forte à l'égard des successions et des dots, si mes sujets devaient se contenter dans de pareils cas des billets de Steuer qu'on ne leur paierait pas, au, lieu que, quand des sujets de Saxe retirent des héritages ou des dots de mon pays, on les leur paie en argent comptant. Par conséquence, si de la part de la Saxe on voulait se refuser reconnaître payables ces billets qui dans de pareilles occasions reviendraient à mes sujets, je ne saurais faire autrement que de mettre arrêt sur toutes les successions qui écherraient de mon pays aux Saxons, pour en satisfaire les miens qui dans de pareils cas avaient eu des billets de Steuer qu'on ne voudrait pas reconnaître. Ce qui ne laisserait que de causer des difficultés et des discussions innombrales et entraînerait la ruine des particuliers.
J'attends que vous fassiez valoir tout ceci au comte de Brühl comme la seule condition que je demandais, et à laquelle l'on ne saurait se refuser raisonnablement; aussi me marquerez-vous de quelle manière il se sera expliqué là-dessus.
Federic.
Nach dem Concept.
<118>6058. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 6 octobre 1753.
Le rapport que vous m'avez fait à la date du 24 du mois dernier, m'a été fidèlement rendu, tout comme celui du 7 de ce mois dont vous avez chargé le lieutenant Elsner à son retour. Comme mes lettres d'Angleterre, en conséquence de ce que je vous en ai appris par la dernière dépêche du département des affaires étrangères, sont que les ministres anglais, malgré qu'ils s'étaient refusés aux propositions d'accommodement que le duc de Mirepoix leur avait faites, ne voulaient cependant entrer dans aucune mesure violente contre moi dans le moment présent, ni donner un sou en subsides à la Russie, nonobstant les efforts extraordinaires et même turbulents que le ministre autrichien, le comte Colloredo, leur faisait pour les y obliger, j'envisage cela comme une marque que le ministère anglais voudra préférer de laisser traîner l'affaire sur le tapis, sans en témoigner un ressentiment prompt de la prétendue insulte par l'arrêt que j'ai mis sur le reste des dettes de Silésie, de sorte que je crois qu'en traînant un peu l'affaire et la tenant en haleine, on viendra encore à bout de l'accommoder paisiblement. Mais, supposé que l'Angleterre s'aviserait à procéder violemment par le moyen que M. de Contest paraît craindre, et qu'elle se saisît du vaisseau en mer de la compagnie d'Emden, il ne faudra croire que je tomberais pour cela tout d'un coup sur l'Hanovre; ce que je ne ferai pas, ayant d'autres moyens encore pour m'en indemniser.
Car, primo, il faut considérer que ce vaisseau a été mis sous des assurances, et qu'au cas de ce revers ce seraient apparemment les sujets anglais mêmes qui en porteraient les frais, par les assurances qu'ils seraient tenus de payer. En second lieu, j'ai entre mes mains encore l'argent qui reste à payer au Anglais des dettes de Silésie, indépendamment de celui sur lequel l'arrêt a été mis, et, le cas existant que le susdit vaisseau serait saisi, je pourrais faire déclarer que je défalquerais encore le montant des dettes de Silésie. Le troisième expédient serait, pour prévenir du malheur audit vaisseau, que la cour de France permît qu'à son retour il arborât le pavillon de France.
Indépendamment de tout ceci, j'avoue que j'ai de la peine à me persuader que le roi d'Angleterre, aussi avancé en âge qu'il est, voudrait commencer des troubles et la guerre, surtout sachant que son décès doive être suivi d'une tutelle et d'une régence.
J'ai d'ailleurs appris par de bonnes lettres des frontières de Livonie que, jusqu'à présent, il n'est entré de nouvelles troupes de Russie ni dans la Livonie ni dans la Courlande, mais qu'elles s'arrêtaient encore dans les provinces de Russie limitrophes à la Livonie, parceque la cour de Moscou s'attendait préalablement que de faire marcher ces troupes à une réponse favorable touchant les prétendus subsides.
En combinant donc ces circonstances et voyant que, jusqu'à présent, malgré les grands mouvements du ministre autrichien à Londres, les<119> ministres anglais ont constamment refusé de donner de l'argent en subsides, je présume qu'on ne veut encore procéder à des voies de fait. Pour mon particulier, j'estime qu'on verra plus clair sur les vrais desseins du roi d'Angleterre, quand le Parlement viendra à s'assembler dans le mois prochain, et la harangue qu'il fera à son Parlement, pourra servir de boussole sur les mesures qu'il y aura à prendre alors par rapport à ses vues.
Vous ne laisserez pas de vous expliquer, en conséquence de tout ce que dessus, avec M. de Contest — en lui faisant le compliment le plus affectueux sur les assurances positives qu'il m'a fait donner par vous de ce que la France prendrait parti pour moi, quand l'évènement arriverait qu'on viendrait m'attaquer — et me marquer ses sentiments là-dessus.
J'attends, au reste, votre rapport sur la résolution que les ministres de France prendront au sujet des dépêches du chevalier de La Touche que son dernier courrier leur a apportées relativement à cette affaire, comme aussi sur la dépêche que je vous fis en même temps à ce sujet.119-1
Federic.
Nach dem Concept.
6059. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 6 octobre 1753.
J'ai reçu votre rapport du 26 du mois dernier et vous renvoie à la dépêche de mes ministres pour ce qui regarde la négociation du sieur Beckers et la situation où se trouve actuellement l'ouvrage de l'élection.119-2 Pour ce qui est des entretiens que vous avez eus avec le ministre d'Espagne touchant l'affaire de Modène,119-3 j'approuve tout ce que vous lui avez dit, et serai bien aise que, quand vous le trouverez disposé à vous parler encore sur ce sujet, vous lui missiez plus martel en tête làdessus, en lui représentant toutes les suites que la vouvelle alliance avec le duc de Modène et les arrangements qu'on y a pris, entraîneront au grand préjudice des cours d'Espagne et de Sardaigne.
Federic.
Nach dem Concept.
6060. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Potsdam, 6 octobre 1753.
J'ai été bien aise d'apprendre par votre dépêche du 29 dernier les assurances que le comte Moltke a données au sieur d'Ogier sur la persévérance du Roi son maître au bon système. Quoique je n'aie jamais<120> douté des bonnes intentions dudit comte, je ne saurais cependant bien concilier ses protestations avec ce que vous m'avez marqué autrefois120-1 du dessein qu'on méditait sur la Scanie. Il faut croire que, quand une fois le prince Ferdinand de Brunswick sera arrivé à Copenhague,120-2 et qu'il sera assez heureux pour se concilier l'amitié et la confidence du Roi, il pourra désabuser celui-ci, tout comme le comte de Moltke, de plusieurs fausses impressions que le ministre infidèle leur a données, et ôter la masque à celui-ci.
Federic.
Nach dem Concept.
6061. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION HELLMUTH- BURCHARD DE MALTZAHN A STOCKHOLM.
H. B. von Maitzahn berichtet, Stockholm 25. September: „Le ministre de France continue de me prévenir par des démonstrations de politesse auxquelles j'ai toujours répondu avec beaucoup d'empressement … Il y a deux jours que, dans un entretien que j'eus avec lui à sa campagne, où il m'avait invité de venir passer quelques jours, il me parla encore de la nécessité de porter remède aux maux qui affaiblissaient ce pays-ci, et, comme il me disait que, comme ministre de Prusse, j'y pourrais faire beaucoup, je lui répliquai que je m'y employerais avec le plus grand empressement, puisque le grand objet de tout ce que je pouvais avoir à faire dans ce pays-ci, tendait à maintenir et à affermir notre système; que, toutes les fois qu'il croyait que j'y pouvais contribuer, je le priais de me le dire et de me donner ses conseils, dont je ne ferais jamais que l'usage qu'il me prescrirait.“ | Potsdam, 6 octobre 1753. J'ai reçu votre rapport du 25 du mois dernier et suis très content des explications que vous avez eues avec le ministre de France, tout comme des réponses que vous lui avez données. Vous avez d'ailleurs sagement fait de prendre vos précautions afin que la Reine, ma sœur, n'y saurait prendre ombrage de l'apparence de liaison entre vous et ce ministre, ombra'ge que vous éviterez soigneusement, en vous ménageant au possible la confidence dudit ministre. Federic. |
Nach dem Concept.
6062. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A LEIPZIG.
Potsdam, 7 octobre 1753.
Dans votre dernière dépêche du 3, vous demandez encore mes ordres si je veux que la distribution de la somme qu'on paiera cette foire-ci à mes sujets créanciers de la Steuer, doive se faire indistinctement, et comment vous vous gouvernerez, au cas que le comte de Brühl refuse de la faire. A cela, je vous réponds que mes ordres antérieurs<121> à vous sont assez précis,121-1 que je n'entends autre distribution de cette somme que sans distinction de vieux ou de nouveaux créanciers, distinction que je n'admettrai jamais.
Au surplus, quand je vous ai instruit que vous deviez éviter d'user de paroles menaçantes dans les entretiens que vous aurez audit sujet avec le ministre, il ne s'en suit point que vous ne deviez parler énergiquement à lui, dans le cas qu'il voudrait être déraisonnable. Il me paraît qu'on peut parler avec force et dignité, sans menacer de guerre ouverte; aussi vous dirigerez-vous en conséquence. Vous êtes trop au fait des raisons que j'ai pourquoi je ne veux actuellement me servir de menaces dans l'affaire dont il s'agit, mais encore une fois, je ne veux point aussi plier devant le ministre, ni entendre autre payement que sans distinction des créanciers, sur quoi vous vous dirigerez absolument.
Au reste, vous aurez actuellement mes ordres par rapport à l'accommodement proposé par Brühl, auxquels je n'ai qu'à ajouter que vous vous conduirez également avec prudence et dignité dans cette négociation, sans faire paraître de la faiblesse.
Federic.
Nach dem Concept.
6063. AN DEN ETATSMINISTER GRAF PODEWILS IN BERLIN.
Potsdam, 8. October 1753.
P.S. Da ich auch gestern die Ehre gehabt, an Ew. Excellenz das Duplicat der von dem Herrn von Maltzahn zu Leipzig per Estafette anhero gekommenen Dépêche [Leipzig 6. October] zu übersenden, so soll ich auf allergnädigsten Befehl Sr. Königl. Majestät an Ew. Excellenz deshalb vermelden, wie Ew. Excellenz nebst des Herrn Grafen von Finckenstein Excellenz das Projet der Convention121-2 und alle darin enthaltene Passages, Clausein und Ausdrücke mit der grossesten Attention examiniren und erwägen und das Projet dergestalt einrichten möchten, damit alles darin sehr klar, deutlich und positive ausgedrücket und nach dem rechten Sinn der teutschen Sprache exprimiret werde, auf dass nichts darin équivoque und zweideutig bleibe und nachher Gelegenheit zu neuen Chicanen und Missdeutungen geben könnte; zu dem Ende jede Passage nach aller ihrer Deutung erwogen, alles nöthige geändert und beigefüget und auf das klareste eingerichtet werden müsste.
2) So viel das Prooemium anlangete, da hätte Maltzahn in seiner deshalb gethanen Erinnerung ganz recht, und könnten Se. Königl. Majestät den in dem Projet befindlichen Ausdruck nicht passiren lassen: „vor Dero beiderseitigen Lande und Unterthanen erspriesslichen Absicht p.“ , vielmehr müsste es heissen, dass des Königs Majestät solches aus einer besonderen Complaisance gegen des Königs von Polen Majestät gethan hätten.
<122>3) Könnten Se. Königl. Majestät den Einhalt des zweiten Articuls nicht so schlechterdings approbiren, noch gestatten, dass darin Dero Unterthanen wegen ihrer noch in Händen habenden und noch nicht producirten Steuerscheine auf ein namentliches Quantum reduciret werden, weil deren noch verschiedene sein könnten, die theils wegen der weiten Entfernung, theils wegen anderer Hinderungen ihre Steuerscheine bisher noch nicht produciren können. Vielmehr sei billig, eine Zeit von zwei à drei Monaten zu setzen, damit man eine exakte Recherche deshalb anstellen, alles in eine richtige Summe bringen und alsdenn ein ordentliches Liquidum setzen könne. Dieses sei um so nöthiger, wenn man sonst aufrichtig in der Sache gehen und allen sonst künftig zu besorgenden Chicanen und Disputen vorbeugen wolle. Die Besorgniss, dass währenden Termines noch mehrere Steuerscheine zugekaufet werden könnten, wollte nichts releviren, und wären allenfalls Mittel zu finden, solchem vorzubeugen, nicht zu gedenken, dass wohl jedermann Bedenken haben würde, sein Geld deshalb so anzulegen, dass er solches allererst nachher in langen Terminen wieder erhalten sollte.
Was die Geldsorten anlangete, in welchen den Königlichen Unterthanen sowohl Capital als Interessen bezahlet würden, da müsste denenselben kein anderes Geld noch Münzsorten aufgedrungen werden als dasjenige, so in jedem Steuerscheine enthalten, oder auch wie ehemals die Steuer zu Leipzig oder Dresden zur Zeit der ausgestelleten Steuerscheine bezahlet habe; allenfalls müsste die Zahlung in Friedrichsd'or oder in wichtigen guten Louisd'or geschehen.
Welches alles und was sonsten zur Sicherheit und Avantage derer Königlichen Unterthanen nöthig oder diensam sein könne, Ew. Excellenz nebst des Herrn Grafen von Finckenstein Excellenz reiflich erwägen und bestens besorgen möchten.
Welches denn hierdurch au pied de la lettre und wie Se. Königl. Majestät solches befohlen haben, hierdurch schuldigst melde. Im übrigen lege auf allen Fall, und wann etwa der Herr von Maitzahn in dem Duplicat etwas beizulegen vergessen hätte, dessen Relation an des Königs Majestät und Projet de convention hierbei, welches jedoch nach Ew. Excellenz Gefälligkeit mir hiernächst zurück erbitte.
Eichel.
Nach der Aasfertigung.
6064. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 9 octobre 1753.
Le rapport que vous m'avez fait du 29 du mois dernier, m'a été fidèlement rendu, tout comme celui du 28, avec la liste de la nouvelle dislocation des troupes autrichiennes, dont je vous sais infiniment gré, me remettant, au surplus, quant aux affaires publiques, sur ce que la dépêche ordinaire du département vous en marquera.
<123>Comme je me vois obligé par le décès du défunt comte de Münchow123-1 d'aller faire encore un tour, vers la fin de ce mois, à Breslau, et que j'ai trouvé bon d'ordonner au sieur de Fürst de s'y rendre à ce temps-là, afin d'apprendre de lui-même la situation où sa négociation se trouve actuellement, je veux bien vous en avertir, afin que, si vous avez quelque chose secrète à me communiquer, vous sauriez le faire par son canal, soit que vous me l'adressiez par lui, soit que vous vous expliquiez de bouche envers lui pour qu'il m'en fasse son rapport.
Federic.
Nach dem Concept.
6065. AN DEN ETATSMINISTER GRAF PODEWILS IN BERLIN
Berlin, 11. October 1753.
P.S. Auch soll ich annoch auf expressen Befehl Sr. Königl. Majestät an Ew. Excellenz melden, wie Höchstdieselbe von dem bisherigen Betragen des Königlich dänischen Legationssecrétaire Herrn John sehr übel zufrieden zu sein alle Ursachen hätten, indem man auf die Spur gekommen und verschiedene Handwerker und Seidenfabrikanten, an welche er Tentatives gethan, sich nicht ohndeutlich geäussert hätten, wie derselbe sich seit einiger Zeit her fast ein Fait daraus gemachet, dergleichen Professionisten und andere Leute zu debauchiren und zu induciren von hier weg und nach Dänemark zu gehen. Des Königs Majestät verlangeten dannenhero, dass Ew. Excellenz erwähnten Herrn John desfalls zu Sich kommen lassen und denselben darüber énergiquement besprechen, ihn auch bedeuten möchten, wie er sich dergleichen Menées, wegen welcher Se. Königl. Majestät versichert wären, dass des Königs von Dänemark Majestät solche niemalen gut heissen, vielmehr sehr improbiren würden, hiefüro enthalten, mithin seinen habenden Charakter nicht aviliren und Gelegenheit geben möchte, dass man keine Égards weiter vor ihn haben werde. Wonächst dann Ew. Excellenz den Herrn von Häseler zugleich von solchem Vorfall benachrichtigen und demselben aufgeben möchten, bei dem dänischen Hofe dahin anzutragen, dass dieser vor das gute Vernehmen beider Höfe nicht allerdinges wohl intentionirte John von hier weggenommen werden möchte.
Eichel.
Nach der Ausfertigung.
6066. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Berlin, 13 octobre 1753.
Autant que j'ai été satisfait de tout ce que vous m'avez marqué par votre dépêche en date du 6 de ce mois, il ne m'a point fait plaisir d'apprendre que ce pourrait être quelque militaire, savoir le colonel de<124> Hauch ou le colonel de Gehler qu'on me voudrait envoyer pour remplacer le sieur de Thienen, et j'avoue que je souhaiterais qu'on changeât de résolution à leur égard, par les raisons que vous savez.
Au reste, la dépêche du département des affaires étrangères qui vous parviendra à la suite de celle-ci, vous informera combien j'ai lieu de me plaindre des mauvais procédés du sieur de John.124-1 Comme il y a longtemps que je me suis aperçu que cet homme n'a point eu de bonnes intentions pour entretenir la bonne harmonie entre les deux cours, je ne serais point fâché, si je pouvais en être quitte tout-à-fait.
Federic.
Nach dem Concept.
6067. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A LEIPZIG.
Berlin, 13 octobre 1753.
J'ai bien reçu votre rapport du 6 de ce mois. Vous recevrez au premier jour, par un exprès que mes ministres vous dépêcheront, vos instructions touchant l'accommodement à faire par rapport au différends de la Steuer,124-2 auxquelles je vous renvoie. Cependant mon intention est que, quand vous aurez reçu ces instructions et que vous en parlerez au comte de Brühl, vous lui direz convenablement que, malgré que j'avais tout lieu d'être mécontent de la conduite que la cour de Dresde avait observée à mon égard, et des menées sans fin dont on avait usé contre moi, je m'étais cependant prêté de bon cœur à ce qu'elle avait désire de moi au susdit sujet, afin d'éprouver si par toutes mes complaisances je ne pourrais gagner sur elle qu'elle userait mieux à mon égard. Que je priais lui, comte de Brühl, de vouloir se souvenir de tous les mauvais procédés qu'on avait faits contre moi, dont je n'étais que trop informé, et réfléchir un peu si je n'avais lieu d'appréhender que cette dernière complaisance, par laquelle au fond mes sujets perdraient, ne serait encore déplacée.
Federic.
Nach dem Concept.
6068. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Berlin, 13 octobre 1753.
J'ai reçu votre rapport du 1er de ce mois et ne veux point vous dissimuler que ce sont principalement ceux que j'attends à présent de vous sur mes dépêches antérieures du 18,124-3 du 22 et du 25 du mois passé dernier, parcequ'elles remplissent tout ce que j'ai à présent d'objets principaux, et ce qui doit occuper toute votre attention, afin de pouvoir m'en faire des rapports bien circonstanciés et fort détaillés là-dessus, sur lesquels je pourrai me régler.
<125>Dans ce que j'ai eu de dernières lettres d'Angleterre, l'on continue à la vérité de me dire que la cour persistait encore à ne vouloir pas donner de l'argent à la Russie, et que les Pelham s'en défendaient fortement, en disant que c'était trop hasarder que d'en donner cette année-ci et avant l'assemblée du nouveau Parlement; mais l'on ne me cache pas qu'outre que le Roi, soutenu par Carteret, souhaitait fort que ces gens-là ouvrissent la bourse, le ministre autrichien, Colloredo, pressait vivement le ministère anglais pour s'y prêter; il était par conséquence encore très douteux de quelle manière l'on se déterminerait là-dessus, de sorte que le comte Colloredo, se flattant d'avoir gagné du terrain depuis quelques jours et croyant que, quand même le ministère n'en trerait pas tout-à-fait dans les vues du Roi, ils promettraient du moins quelque chose d'assez précis pour encourager la Russie d'augmenter ses troupes en Livonie, retenait encore son courrier, jusqu'à ce qu'il saurait le renvoyer à sa cour avec la résolution finale du ministère anglais.
Il y a une circonstance qu'on ajoute encore, mais laquelle je ne voudrais pas garantir pour authentique : c'est que la cour de Vienne avait fait des avances à ce sujet à celle de Moscou, et que c'était un des motifs pourquoi le comte Colloredo pressait si fort les ministres anglais des subsides, afin que la première s'en saurait rembourser. Au surplus, je veux bien que vous communiquiez à M. de Contest ces avis.
Federic.
Nach dem Concept.
6069. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Berlin, 13 octobre 1753.
Si mes lettres de Londres accusent juste, comme je le crois, l'on n'a fait de là aucune remise en argent sous main à la Russie; tout au contraire, les ministres persistent encore à ne point vouloir donner de l'argent, et bien que le Roi, appuyé de Carteret, le désire ardemment, les Pelham soutiennent fermement que ce serait trop hasarder que de vouloir s'y engager avant l'assemblée du nouveau Parlement et finir la dernière séance de celui-ci, qui s'assemblera le 10 novembre, en proposant un traité de subsides. Ce qui me paraît le plus singulier dans ceci, c'est que le ministre autrichien, le comte Colloredo, continue de presser les ministres anglais à lâcher les cordons de la bourse pour donner de l'argent à la Russie. Vous verrez par la dépêche du département ce qu on a dit d'une avance en argent faite de la cour où vous êtes à celle de Moscou, et ce que l'on présume du motif dudit ministre pour engager le ministère anglais à se charger de toute cette dépense. Je m'a attends d'apprendre bientôt quel succès son empressement marqué a eu à ce sujet, et ne manquerai pas de vous en informer.
Federic.
Nach dem Concept.
<126>6070. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Berlin, 13 octobre 1753.
En conséquence de votre dernier rapport du 2 de ce mois,126-1 il faut que j'apprenne bientôt par vous comment le ministère anglais se sera décidé sur l'affaire des subsides prétendus de la Russie. Si le Roi le souhaite aussi ardemment que vous le dites, je crois que les Pelham seront obligés de plier, et c'est alors qu'il faut que vous vous appliquiez bien d'approfondir si les ministres anglais se borneront à promettre quelque chose de précis pour l'année prochaine, et quand le nouveau Parlement sera assemblé, ou si effectivement ils donneront de l'argent à la Russie, et, dans ce cas-là, s'ils s'engageront à payer des subsides pour un temps de paix, ou s'ils pousseront au point de vouloir donner même des subsides pour un temps de guerre et ratifier par conséquence toute la convention telle que les ministres de Russie l'ont proposée, et dont je vous ai déjà informé de son contenu.126-2 Songez à m'en instruire bien précisément de tout ceci.
Federic.
Nach dem Concept.
6071. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A FONTAINEBLEAU.
Potsdam, 16 octobre 1753.
J'accuse la bonne réception de la dépêche que vous m'avez faite en date du 5 de ce mois. Si M. de Contest persiste à ne point vouloir parler le premier au lord Albermarle sur mes différends avec l'Angleterre et sur les conditions que j'ai confiées à la France comme mon ultimatum,126-3 je suis persuadé qu'il a ses bonnes raisons pour cela, et je ne disconviens pas de celles qu'il vous en a alléguées; je souhaiterais cependant que, si l'occasion se trouvait, et que le ministère parût devenir plus docile qu'il ne paraît actuellement, alors M. de Contest ne la laissât point passer pour mettre le ministère anglais au pied du mur.
L'ordinaire dernier, je n'ai point eu des lettres de Londres; mes dépêches antérieures vous ont instruit que c'est principalement le ministre autrichien, comte Colloredo, qui remue, pour ainsi dire, ciel et terre afin de disposer les ministres d'Angleterre de lâcher les cordons de la bourse et de donner de l'argent à la Russie, ne fût-ce qu'un subside de paix de 70,000 livres sterling. Quoique jusqu'à présent les susdits ministres ont tenu ferme et n'ont point voulu s'y prêter, le grand empressement du Roi pour avoir un corps de troupes de Russie à sa disposition en Livonie, les discours du lord Carteret qui l'appuient, et les mouvements forts que le comte Colloredo se donne, ont toujours ébranlé le ministère anglais, de sorte que, selon mes dernières lettres de<127> Londres, dont je vous ai déjà communiqué le contenu, l'affaire a paru douteuse. J'ai observé d'ailleurs qu'il paraît que la cour de Vienne voudrait faire la médiatrice entre celles de Londres et de Russie par rapport aux subsides exorbitants que celle-ci a prétendus, afin de faire convenir les deux partis, sans que la cour de Vienne y soit pour son argent.
Au surplus, quand M. de Contest n'a point eu d'indices de tout ce que vous lui avez communiqué touchant cette négociation, je n'en suis pas étonné, mais je puis lui répondre de l'authenticité des pièces que vous lui avez montrées.127-1
Quant à l'expédient que j'ai proposé,127-2 de remettre l'argent et l'affaire des déprédations entre les mains de la France, je suis bien aise que vous l'ayez trouvé bon et faisable; je suis encore d'avis que vous pressentiez les ministres de France là-dessus, mais, par la raison que vous m'indiquez, je fais joindre à la suite de celle-ci un post-scriptum chiffré du chiffre immédiat ordinaire, ostensible, comme vous le désirez, pour vous mettre à même d'offrir franchement le dépôt en argent à la France, pour en agir, selon qu'elle le trouvera juste et honorable à ma dignité. C'est à votre discernement que j'abandonne de faire tel usage que vous trouverez convenable, de ce post-scriptum et de son contenu.
Federic.
P. S.
Le ministère anglais s'étant avisé de retirer l'offre qu'il avait proposée de son propre gré à la France pour accommoder le différend où je suis avec l'Angleterre relativement aux prises maritimes,127-3 j'ai songé à un autre expédient convenable, en tout cas, pour parvenir à la fin désirée et pour prévenir les suites qui sauraient arriver, supposé le cas que le ministère anglais voudrait procéder à des violences, malgré que tout le bon droit soit de mon côté : c'est de faire remettre toute la somme en argent que j'ai à payer encore aux créanciers anglais par rapport aux dettes hypothéquées sur la Silésie, de même que l'affaire des captures, entre les mains de la France, pour en user, selon qu'elle le trouvera convenable à ma dignité et au bon droit de mes sujets lésés par les captures qu'on a faites injustement sur leurs effets. Ma volonté est donc que vous deviez en faire la proposition à M. de Saint-Contest, en lui faisant remarquer toute l'étendue de la confiance que je mets à l'amitié de la France, la droiture de mes intentions pour la conservation de la paix et mon désintéressement parfait à l'égard du susdit différend. Vous me ferez un rapport circonstancié de ce que M. de Saint-Contest vous aura déclaré en conséquence.
Nach dem Concept.
<128>6072. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 16 octobre 1753.
Je vous sais gré des éclaircissements que vous m'avez donnés par rapport aux augmentations prétendues des régiments de hussards en Hongrie. Quant aux pertes que vous me mandez que vous les faisiez de vos appointements par la différence des monnaies, vous savez que la caisse de légation est tout-à-fait épuisée actuellement; mais soyez sûr que je songerai de vous soulager et que je vous tiendrai compte des pertes réelles que vous avez faites à ce sujet, dès que ladite caisse se sera un peu plus relevée de son épuisement.
Au reste, m'étant informé sous main de l'argent que vous m'avez marqué dans une de vos dépêches antérieures que la cour de Vienne avait fait passer secrètement à Amsterdam, l'on vient de m'assurer que ç'avait été un terme de remboursement qu'elle faisait d'un capital que du temps de la dernière guerre elle avait fait dans la susdite ville, en donnant pour hypothèque le revenu le plus clair de ses domaines en Bohême. Ce sera à vous de juger si cet avis accuse juste ou non.
Federic.
Nach dem Concept.
6073. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A LEIPZIG.
Potsdam, 16 octobre 1753.
J'ai bien reçu les rapports que vous m'avez faits du 10 et du 13 de ce mois et ne doute pas que vous n'ayez actuellement reçu les instructions que mes ministres vous ont dépêchées par un exprès touchant l'accommodement par rapport aux affaires de la Steuer. Vous savez, de plus, mes intentions que je veux agir droitement là-dessus avec la cour de Saxe et payer de bonne foi et avec des complaisances tous les mauvais procédés dont elle s'est fait une coutume d'agir à mon égard.
Pour ce qui regarde l'affaire touchant les distinctions entre les ministres étrangers que le comte de Wackerbarth a tenté d'introduire à la table du Roi et à celle du Prince électoral, je ne trouve pas convenable que vous en fassiez un point de votre négociation, ni une affaire sérieuse; car, dès qu'on commence d'être pointilleux sur ces sortes de choses auprès d'une cour, il le faut être également auprès de toutes les autres, ce qui me causerait des embarras dont je n'aime pas d'être chargé sur des choses que je n'envisage que comme de pures bagatelles, de sorte que, si les insinuations que vous ferez particulièrement là-dessus au comte de Brühl, n'opèrent pas de changement sur lui, je ne veux point en être mêlé, et il faudra laisser l'affaire telle qu'elle est.
<129>Au reste, je serais bien aise que vous suiviez la cour à Hubertsbourg, en conséquence de l'invitation qu'on vous en a faite.
Federic.
Nach dem Concept.
6074. AN DEN ETATSMINISTER GRAF PODEWILS IN BERLIN.
Berlin, 19. October 1753.
Da Ew. Excellenz das Duplicat des von dem Herrn von Häseler zu Kopenhagen unter dem 9. dieses erstatteten Berichtes sonder Zweifel zugekommen sein wird, so habe hierdurch ganz gehorsamst melden sollen, dass, weilen nach solchem des Königs von Dänemark Majestät in der mit des Prinzen Ferdinand Durchlaucht gehabten Unterredung auch unter andern einer von Sr. Königl. Majestät formirten Prätension auf das Sachsen-Lauenburgische129-1 erwähnet und geglaubet haben, dass Höchstdieselbe solche gelegentlich gelten machen wollten, des Königs Majestät also vor nothwendig finden, dass gedachter Herr von Häseler mit der nächsten Post annoch umständlich instruiret werde, wie Höchstdieselbe niemalen an eine Prätension auf das Sachsen-Lauenburgische gedacht, noch weniger jemalen eine Entreprise darauf formiren wollen, als dergleichen man Deroselben calomnieuser Weise attribuiret habe. Wobei erwähnter Herr von Häseler dennoch zugleich umständlich von denjenigen Umständen informiret werden solle, welche bei der Gelegenheit als die hannoversche Prätension auf Ostfriesland bei dem Reichstage zu Regensburg in Bewegung gewesen, wegen Sachsen-Lauenburg vorgekommen seien, und wie viel davon, auch aus was Ursachen in denen Schriften, so dermalen von Sr. Königl. Majestät wegen an das Reichscollegium gekommen, mit berühret worden. Mehrerwähntem Herrn von Häseler solle zugleich aufgegeben werden, des Prinzen Ferdinand Durchlaucht von der ganzen Connexion solcher Sache genau zu informiren und zugleich von Sr. Königl. Majestät wegen zu versichern, dass Höchstdieselbe nicht einen Gedanken auf das Sachsen-Lauenburgische gehabt, und dass, wenn jemalen einiger Krieg mit Hannover entstehen solle, solcher gewiss gedachter Lande halber nicht entstehen, noch einige Prätension darauf zum Objet haben würde.
Was die Bentincksche Sache anbetreffe,129-2 da solle der Herr von Häseler instruiret werden, dass, nachdem man einmal diese Sache in die Hände von Frankreich gestellet, man nunmehro auch sonder Verletzung des Wohlstandes, und ohne selbiges sehr zu choquiren, nicht wohl davon zurückgehen könnte und sich sonsten gerne gefallen lassen würde, wenn man dortiger Orten darüber weiter mit Frankreich tractiren werde. Dero Ortes wären Sie alle mögliche Facilité zur Componirung der Sache geneiget beizutragen, und würden nichts lieber sehen, als wenn solche mit guter Art auf das baldigste geendiget werden könnte.
<130>Sonsten melde auf Ew. Excellenz Befehl gehorsamst, wie dass, so viel den Disput wegen des Ranges, davon der Herr von Maitzahn zu Leipzig in seiner vorigen Relation mit Erwähnung gethan, angehet, des Königs Majestät denselben bereits bescheiden lassen, wie Höchstdieselbe nicht wollten, dass davon eine Affaire bei Gelegenheit des Accommodements wegen der Steuersachen mit gemachet werden sollte, und da Sie dergleichen Rangdispute ohnehin wie die grösseste Bagatelle ansähen, Sich um so weniger directement davon meliren wollten, da, wenn Sie an einem Hofe desfalls pointilleux sein würden, Sie solches bei allen übrigen Höfen gleichfalls sein müssten, in dergleichen Embarras aber Sie Sich nicht setzen wollten.
Uebrigens vermelde noch, wie des Königs Majestät dem Gesuche des ehmaligen magdeburgischen Regierungspräsidenten von Plotho deferiret haben und die Ordre deshalb heute noch erfolgen wird.
Eichel.
Nach der Ausfertigung.
6075. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Berlin, 20 octobre 1753.
J'ai bien reçu les dépêches que vous m'avez faites du 9 et du 13 de ce mois, et vous renvoie sur l'ample dépêche que je vous ai fait faire aujourd'hui du département des affaires étrangères touchant les insinuations malicieuses qu'on a faites au roi de Danemark par rapport à des vues qu'on m'a prêtées sur le Saxe-Lauenbourg; aussi mon intention est que vous informiez bien et en détail le prince Ferdinand de Brunswick, afin que celui-ci puisse en faire usage auprès du roi de Danemark pour rectifier son esprit sur les fausses idées qu'on lui a données sur ce sujet. Au surplus, assurez le prince Ferdinand de ma part que je n'ai jamais songé à me commettre avec le roi d'Angleterre par rapport au pays de Saxe-Lauenbourg, et que, quant à l'affaire de la comtesse de Bentinck,130-1 j'écouterai avec plaisir toutes les propositions pour accommoder l'affaire, pourvu qu'elles soient tant soit peu raisonnables. Dites-lui encore de ma part que j'avais pu à peine garder mon sérieux, quand j'avais appris qu'on avait inspiré des ombrages au roi de Danemark par rapport à la marine que je pensais à établir, et que le Prince savait lui-même que toute ma marine ne consistait que dans une vingtaine de petites barques pour transporter le sel et les grains des magasins sur l'Oder et sur l'Elbe d'un lieu à l'autre. Ce que je souhaiterais qu'il pourrait faire entendre, à quelque occasion convenable, à Sa Majesté Danoise.
Federic.
Nach dem Concept.
<131>6076. AU MINISTRE D'ÉTAT DE ROHD A STOCKHOLM.
Berlin, 20 octobre 1753.
Pour vous répondre à ce que vous m'avez marqué par votre dépêche du 5 de ce mois adressée à moi immédiatement, je vous dirai que, si j'ai été d'avis dans une de mes lettres à la Reine, ma sœur,131-1 qu'il convenait de faire rappeler le baron de Fleming, j'ai supposé que la chose fût praticable. Comme je vois à présent que l'affaire rencontre des difficultés presque insurmontables, et qu'elle ne saurait pas se faire de bonne manière, il faut bien qu'on renonce à ce dessein. Au surplus, je veux bien que vous parliez, bien que seulement par manière d'acquit, à M. de Hœpken touchant le sieur de Fleming, pour lui insinuer combien j'avais lieu d'être mécontent de la conduite qu'il avait observée jusqu'ici en se prêtant aveuglément aux insinuations du baron de Bernstorff et en témoignant point de confiance ni au ministre de France ni au mien.
Federic.
Nach dem Concept.
6077. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Berlin, 20 octobre 1753.
Outre ce que je vous fais répondre par la dépêche du département des affaires étrangères sur celle que vous m'avez faite du 5, je veux bien vous faire observer encore que j'appréhende que le ministère anglais ne se fasse entraîner par le Roi et par les vives sollicitations du ministre autrichien de faire un pas après l'autre relativement aux subsides que la Russie a prétendus. J'attends le rapport que vous me promettez, qui apparemment répandra plus de lumières sur ce que je présume.
Au surplus, mandez-moi votre sentiment si vous croyez que le ministère anglais pourra se laisser entraîner jusqu'à user des violences contre quelqu'un des vaisseaux de mes sujets,131-2 et si le roi d'Angleterre est autorisé par les lois du pays de faire une pareille démarche de son propre avis, ou s'il faut qu'il en consulte préalablement le Parlement.
Federic.
Nach dem Concept.
6078. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Berlin, 23 octobre 1753.
Le rapport que vous m'avez fait du 9 de ce mois, m'a été fidèlement rendu, et j'attends surtout celui que vous me faites espérer, pour me marquer précisément le résultat des ministres relativement aux propositions faites par la cour de Russie, et de quelle manière les susdits<132> ministres se sont expliqués au comte Colloredo touchant les subsides que la Russie a demandés; ce que vous ferez le plus distinctement et de la manière la plus détaillée qu'il vous sera possible. N'oubliez point, d'ailleurs, de me mander si les ministres „ont actuellement renvoyé au sieur Guy Dickens le courrier qui leur avait apporté les dernières dépêches de celui-ci par rapport à cette négociation.
Vous me faites observer dans votre susdit rapport que le ministère anglais, après avoir une fois solidement établi sa majorité dans le nouveau Parlement, serait à même de faire fournir au Roi tous les subsides que ce Prince voudrait avoir; aussi n'en veux-je point disconvenir, mais la seule chose sur laquelle je voudrais bien que vous vous expliquiez exactement envers moi, est de quels moyens on pourrait se servir alors pour avoir les fonds nécessaires à payer tous ces subsides; car, si je suis bien informé de l'état actuel des finances de l'Angleterre, la nation est encore chargée de tous les mêmes impôts qu'on lui a fait payer du temps de la dernière guerre contre la France et l'Espagne, et la somme des dettes de la nation ne s'est presque pas amoindrie depuis la paix faite, de sorte que je voudrais bien que vous m'éclairassiez nettement si, le cas supposé que le Roi demandât encore de gros nouveaux subsides à la nation, on en pourrait tirer, sans la trop surcharger, soit des impôts ou des dettes. Au reste, je verrai indifféremment et avec tranquillité, quand même le nombre des troupes de Russie s'augmentera jusqu'à 100,000 hommes, et vous pouvez être sûr que ce ne sera point moi qui romprai le premier la paix, mais qu'aussi, si l'on veut absolument et contre rime et raison me faire la guerre, je me défendrai vigoureusement, et qu'on trouvera à qui parler.
Federic.
Nach dem Concept.
6079. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Berlin, 23 octobre 1753.
Je vous sais infiniment gré des anecdotes que vous m'avez mar quées touchant le traité entre la cour où vous êtes et le duc de Modène.132-1 Tâchez, au possible, d'en pénétrer davantage, et m'en informez, le plus exactement que vous pourrez, de la manière que vous l'avez fait cette fois-ci; soyez persuadé que les soins que vous vous donnerez là-dessus, me seront des plus agréables. Je suis très satisfait de ceux que vous avez pris, pour faire sentir au ministre d'Espagne les conséquences dudit traité.
Federic.
Nach dem Concept.
<133>6080. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Berlin, 23 octobre 1753.
J'ai reçu le rapport que vous avez fait du 16 de ce mois, et vous sais gré du compte que vous m'avez rendu touchant la situation présente des affaires de là où vous êtes, de sorte que vous n'avez qu'à continuer de m'en faire des rapports exacts.
Quant à l'ordre que vous me demandez, pour savoir si vous communiquerez avec le ministre de France de ce que le prince Ferdinand de Brunswick vous a confié par rapport aux mesures que la France aura à prendre pour le renouvellement de son alliance avec le Danemark, je vous dirai que vous devez absolument vous conformer à ce que le Prince a exigé de vous là-dessus, d'autant plus que j'informerai moi-même directement la France133-1 de ce que je jugerai nécessaire qu'il en parvienne à sa connaissance.
Federic.
Nach dem Concept.
6081. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A FONTAINEBLEAU.
Berlin, 23 octobre 1753.
La dépêche que vous m'avez faite en date du 12 de ce mois, m'est heureusement parvenue. Vous vous rappellerez ce que je vous ai déjà marqué par mes dépêches antérieures au sujet du traité fait entre la Reine-Impératrice et le duc de Modène. Comme je viens d'apprendre, par un très bon et sûr canal,133-2 deux anecdotes curieuses et intéressantes à ce sujet, je n'ai point voulu vous les laisser ignorer, pour que vous les communiquiez confidemment à M. de Saint-Contest, savoir que ledit traité a été arrangé, comme vous le savez déjà, avec beaucoup de mystère et de secret, et que la signature a été faite à la droite par les ministres de Vienne et à la gauche par ceux de Modène, et que le ministre anglais, le sieur Keith, a signé entre les deux, comme le ministre de la cour qui a ménagé tout ce traité. En second lieu, l'on me marque que ce traité n'a pu être signé que le 11 du mois de juin, mais qu'en suite on a fait réflexion qu'il aurait été trop immédiatement après la mort du jeune Prince, fils du prince héréditaire de Modène, et que par là on a cru devoir antedater le traité d'un mois, savoir le 11 de mai, temps où ce jeune Prince vivait encore. En communiquant tout ceci à M. de Contest, vous lui abandonnerez à ses réflexions sur les conséquences d'un traité fait avec des circonstances aussi singulières.
Quant à l'affaire des prises et les avis que nous avons eus en dernier lieu sur ce sujet de Londres, je veux bien vous renvoyer sur tout ce que la dépêche jointe à celle-ci du département des affaires étrangères vous en marquera amplement; j'ajouterai seulement que<134> peut-être M. de Saint-Contest accuse juste en présumant qu'effectivement le ministère anglais ne voudrait pas engager l'Angleterre dans une guerre pour un objet de si peu d'importance, ni _qu'il veuille charger la nation des subsides exorbitants que la Russie demande. Mais, quand on réfléchit sur le malin vouloir du roi d'Angleterre, qui ne cherche qu'à engager son ministère anglais d'entrer dans ses vues et qui, toujours prêt à sacrifier les intérêts d'Angleterre à ceux de ses possessions en Allemagne, voudrait éloigner l'accommodement par rapport aux prises, tant qu'il pourra : quand d'ailleurs on considère les grands mouvements que le comte de Colloredo s'est donnés auprès des ministres anglais pour les disposer à donner des subsides à la Russie, vu que sa cour n'aimerait mieux que de pouvoir engager les affaires contre moi, pour pêcher en eau trouble : quand on y combine encore la rage du grand-chancelier de Russie contre tout ce qui porte le nom de France et de Prusse — l'on n'en saurait conclure de tout ceci, sinon qu'il conviendrait à tous égards, pour rompre tout pernicieux dessein, que la France songeât plus sérieusement que jamais aux moyens d'aplanir, le plus tôt le mieux, mes différends avec l'Angleterre, avant que les choses s'embrouillent de manière qu'on ne saurait plus les démêler que très difficilement. Vous ne laisserez pas de faire entrevoir toutes ces considérations à M. de Saint-Contest et me faire votre rapport de la manière qu'il a pensé là-dessus.
Au surplus, il n'est point encore entré de nouvelles troupes de Russie en Livonie,134-1 bien qu'on en a fait avancer des provinces intérieures de Russie aux frontières de Livonie, mais il n'est pas à douter que, dès qu'on aura donné des subsides à la Russie, elle y pourra assembler un corps de ses troupes au nombre de 60 jusqu'à 70,000 hommes. D'ailleurs, je suis assez informé que le premier plan constaté entre la Russie et la cour de Vienne a été que les troupes russes entreraient, d'abord et sans me faire aucune déclaration préalable, en Prusse, et qu'en même temps un corps de troupes autrichiennes se joindrait par la Saxe avec des troupes saxonnes et hanovriennes pour m'assaillir de tous les côtés. Comme il paraît qu'on a actuellement changé dans ce plan, je ne manquerai pas de faire avertir la France de tout ce qui m'en reviendra. En attendant, je resterai bien tranquille sur tout ceci et n'inquiéterai point la France, avant qu'il ne soit d'une nécessité absolue de réclamer son secours :
Pour ce qui regarde le Danemark, le prince Ferdinand de Brunswick est arrivé à Copenhague et a été assez heureux de désabuser le Roi de plusieurs sottes et ridicules impressions que le parti anglais et autrichien lui avait faites sur mon sujet; car on lui avait fait accroire que je ne cherchais qu'à le mater, que j'avais conçu le projet d'établir une marine au préjudice de celle de Danemark, et plusieurs autres insinuations aussi<135> ridicules que malicieuses,135-1 dont le susdit Prince a fait revenir entièrement le roi de Danemark. Il a développé d'ailleurs qu'il s'est agi de quelque chose à la cour de Danemark contre les intérêts de la cause commune, sans cependant pouvoir dire au juste ce dont il a été question ; il lui paraît maintenant qu'on a rompu cette négociation, bien qu'on voudrait ménager la chèvre et le chou, et que le Roi avait déclaré qu'il voudrait garder les bras libres. Enfin, j'ai tout lieu d'espérer que la présence de ce Prince à la susdite cour ne laissera pas de faire du bien aux intérêts communs de la France et de moi. Au reste, l'on m'avertit que, dans les circonstances où les affaires étaient là, où il s'agissait d'un renouvellement d'alliance avec la France, il serait de la dernière importance que celle-ci s'assurât de la cour de Danemark, le plus [tôt] qu'il serait possible; car, selon la disposition où étaient les principaux de cette cour, ils seraient capables d'agir dans les occasions directement contre les intérêts de la cause commune. Vous donnerez avis de ceci à M. de Saint-Contest, en le priant de vouloir bien me ménager la confidence que je lui en fais faire par vous.
Federic.
Nach dem Concept.
6082. AU LORD MARECHAL D'ÉCOSSE A FONTAINEBLEAU.
[Berlin], 23 [octobre 1753].
J'ai le bonheur, mon cher Milord, d'être très indifférent sur tous les propos et sur tous les écrits qu'on débite sur mon compte,135-2 et même je suis tout glorieux de valoir des honoraires à un pauvre auteur qui mourrait peut-être de faim sans toutes les injures qu'il me dit. J'ai toujours méprisé les jugements du public et je n'ai considéré dans ma conduite que l'aveu de ma conscience. Je sers l'État avec toute la capacité et toute l'intégrité que la nature m'a départies; quoique mes talents soient faibles, je n'en suis pas moins quitte envers l'État, car on ne saurait donner plus qu'on a soi-même, et d'ailleurs c'est une des choses attachées au caractère de personne publique que de servir de plastron à la critique, à la satire, souvent même à la calomnie. Tous ceux qui ont gouverné des États sous les titres de ministres, de généraux, de rois, ont essuyé des brocards; je serais fort fâché d'être le seul qui eût un sort différent, je ne demande point de réfutation du livre, ni punition de l'auteur, j'ai lu ce libelle avec beaucoup de sang-froid et l'ai même communiqué à quelques amis. Il faut être vain plus que je ne suis pour se fâcher de ces sortes d'éclaboussures que tout passant peut recevoir en son chemin, et il faudrait être moins philosophe que je le suis pour se croire parfait et au-dessus de la critique. Je vous assure, mon cher Milord, que les injures de l'auteur anonyme n'ont pas répandu le moindre nuage sur la sérénité de ma vie, et qu'on ferait encore dix<136> brochures polémiques de ce genre, sans déranger en rien ma façon de penser et d'agir.
La mort inopinée du comte Münchow m'oblige de faire un voyage en Silésie pour y régler mes affaires,136-1 ce qui fera que vous serez peut-être dix jours sans recevoir des nouvelles de moi détaillées; mais, comme les affaires reposent à présent, je me flatte que ce petit intervalle d'inaction ne dérangera pas les miennes. Adieu, mon cher Milord, je vous embrasse de tout mon coeur.
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig. In Dorso von der Hand des Empfängers: „Du Roy du 23 octobre 1753.“
6083. AN DEN GEHEIMEN CABINETSRATH VOCKERODT IN BERLIN.
[Berlin], 23. October 1753.
Des Herrn Geheimen Rath Eichel Wohlgeboren seind diesen Vormittag bei mir gekommen und haben die einliegende Vorstellung an Se. Königl. Majestät wegen der mit dem chursächsischen Hofe zu errichtenden Convention,136-2 die Bezahlung der in der Königlichen Unterthanen Händen befindlichen Steuerscheine betreffend, mir wieder zugestellet, mit dem Vermelden, wie Se. Königl. Majestät von allem, was darin vorgeschlagen worden, allergnädigst wohl zufrieden wären, wie denn Höchstdieselbe die Praecaution, dass diese Convention auf beider höchsten Paciscenten Successoren und Nachfolger in der Regierung extendiret und mit in ihrem Namen geschlossen werden möchte, insonderheit sehr approbiret und um so viel nöthiger gefunden, als der künftige Successor in dem Churfürstenthum Sachsen an dem itzigen Dérangement der Finanzen daselbst allen vernünftigen Muthmassungen nach keinen Theil würde nehmen wollen, mithin es so viel nöthiger wäre, sich hierunter zu prospiciren.
Hiernächst verlangten Se. Königl. Majestät, dass der Articul wegen der Sicherheit der Bezahlung der hiesigen Creditoren, so an sächsische Unterthanen, sei es auf Wechsel oder Obligation, Geld geliehen oder ex concursu etwas zu fordern hätten, mit grosser Behutsam- und Deutlichkeit dergestalt gefasset werden möge, dass ihnen zu keinen Zeiten die sächsische Steuerscheine statt baaren Geldes obtrudiret werden mögen, welches wegen der in gleichen Fällen zu observirenden Parität, da die chursächsische Unterthanen in hiesigen. Landen von ihren Creditoribus136-3 allhier oder in Concursprocessen baares Geld empfingen, absolute nöthig wäre und von dem Herrn von Maltzahn bestens gelten gemacht werden müsste.
Se. Königl. Majestät wären auch zufrieden, dass man, um diesseits zu zeigen, wie man in allem bona fide mit Chursachsen in dieser Sache<137> zu Werke gehen wollte, dem dresdenschen Hofe das Project des hiernächst zu publicirenden Edicts wegen dieser Steuerscheine vor desselben Publication fidèlement communicirte, welches der Herr von Maltzahn dem dresdenschen Ministerio versprechen könnte, und wäre derselbe übrigens in allem nach unseren in der Einlage enthaltenen Vorschlägen vollenkommen und en détail citissime zu instruiren und zur Zeichnung des Projects der Convention auf solchen Fuss zu autorisiren, welches Instructionsrescript Se. Königl. Majestät gerne vor Dero Abreise nach Schlesien, wie alle übrige Dépêchen, längstens künftigen Freitag137-1 frühe zur Unterschrift zu haben verlangeten, dahero wohl ohne Zeitverlust das benöthigte dieserhalb an den Herrn von Maitzahn zu expediren sein würde.
H. Graf von Podewils.
Nach der Ausfertigung.
6084. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A HUBERTSBOURG.
Potsdam, 26 octobre 1753.
Votre dépêche en date du 19 de ce mois, m'a été fidèlement rendue, au sujet de laquelle, et pour ce qui regarde l'affaire de l'accommodement des différends par rapport aux billets de la Steuer, je vous renvoie simplement aux ordres qui vous seront expédiés de la chancellerie du département des affaires étrangères,137-2 de sorte qu'il ne me reste à cet égard que de vous dire que j'approuve parfaitement et vous autorise en vertu de celle-ci que vous parliez également au roi de Pologne, en conséquence de l'ordre que je vous ai fait du 13 de ce mois137-3 touchant ce que vous direz de ma part au comte de Brühl, relativement au susdit accommodement. Je compte pour superflu de vous faire observer que vous ne me marquerez qu'au clair ce que le Roi et son ministre vous auront répondu à ce que vous leur aurez dit, pour ne point exposer le secret de vos chiffres.
Au reste, vous animerez au possible et ferez talonner votre homme confident à ce qu'il vous fasse avoir les dernières dépêches de Russie, tout comme celles de Vienne et surtout celles de l'Angleterre, puisqu'il m'importe extrêmement, dans le moment présent, d'être exactement instruit de leur contenu, vu que mes lettres de Londres me marquent que le ministère anglais pourrait bien se résoudre de sacrifier quelque somme d'argent à la Russie pour augmenter ses troupes en Livonie, bien que lesdits ministres ne voudraient point encore signer le traité de subsides que ceux de Russie leur ont proposé.
Federic.
Nach dem Concept.
<138>6085. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Potsdam, 26 octobre 1753.
Je vous sais infiniment gré des particularités que vous m'avez marquées par votre dépêche du 12 de ce mois, touchant le résultat pris par les ministres de la cour où vous êtes dans les conférences qu'ils ont eues avec le comte Colloredo,138-1 et soyez assuré que je vous en garderai le plus religieux secret. Comme il m'importe extrêmement que je sois parfaitement au fait des conséquences qui arriveront dudit résultat, mandez-moi tout naturellement et sans me cacher et sans me dissimuler la moindre circonstance : si les ministres anglais n'écouteront plus aucune proposition pour composer amiablement l'affaire des différends que j'ai avec l'Angleterre par rapport aux prises maritimes injustement faites sur mes sujets; si vous croyez qu'après avoir fait le premier pas d'assurer aux deux cours impériales qu'ils entreraient l'été prochain dans leurs vues et dans les plans proposés, ils continueront d'en faire d'autres, jusqu'à me déclarer une guerre ouverte; et, supposé qu'ils en ont le dessein, s'ils trouveront assez de facilité auprès du nouveau Parlement de seconder leur dessein, et si celui-ci pourra trouver assez disposée la nation pour s'en charger des frais assez forts pour soutenir une nouvelle guerre, qui embrasera apparemment toute l'Europe? D'ailleurs, je voudrais bien savoir de vous : si les ministres anglais ne pensent qu'à lâcher une somme d'argent à la Russie, pour ne point rebuter les deux cours impériales, ou si effectivement ils sont résolus de se prêter à donner tous les subsides que la Russie leur a prétendus, en temps de paix et en temps de guerre?
Je connais toute la difficulté que vous aurez à me répondre précisément sur toutes ces questions, mais, comme vous connaissez tous les êtres de la cour où vous êtes, et que je reconnais votre zèle et fidélité pour mes intérêts, faites de votre mieux de me répondre exactement sur tout ce que je désire de savoir de vous à ce sujet.
J'attends votre rapport sur ce que vous aurez approfondi par rapport à la conférence que le comte Colloredo a eue avec le duc de Newcastle et le ministre Münchhausen, la veille du départ de son courrier pour Vienne.
Au surplus, comme les gazettes publiques annoncent des émeutes qu'il avait eu dans différentes provinces de l'Angleterre touchant l'élection des membres du nouveau Parlement, et qu'on proposerait, à la prochaine séance de celui qu'on congédierait, la révocation de l'acte de naturalisation des juifs, l'abolition de l'entretien des troupes trop nombreuses, la liberté des élections des membres du Parlement et la suppression de plusieurs taxes trop à charge au peuple, je fais à la vérité peu de cas de pareilles nouvelles, cependant je serai bien aise que vous m'éclaircissiez sur ces objets, et que vous me mandiez tout natu<139>rellement la vraie situation des affaires présentes de l'Angleterre par rapport à son intérieur.
Federic.
Nach dem Concept.
6086. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 27 octobre 1753.
J'ai reçu votre rapport du 17 de ce mois et abandonne les soins à mes ministres de vous répondre sur ce qui en fait le sujet. Mais, ce qui m'importe plus que tout cela, c'est que je viens d'apprendre par un canal sur lequel je puis compter, que le résultat que les ministres d'Angleterre ont pris dans les conférences qu'ils ont eues avec le comte Colloredo, a été que de la part de l'Angleterre on ne signerait pas cette année-ci le traité de subsides avec la Russie dont je vous ai communiqué le contenu par la dépêche qui vous fut apportée par un exprès,139-1 mais qu'après bien des débats dans le conseil du roi d'Angleterre, l'on était convenu de donner aux deux cours impériales les plus fortes assurances que l'on entrerait l'été prochain dans leurs idées et dans les plans proposés, parcequ'on ne le saurait faire, à présent, à cause de la position actuelle des affaires intérieures de la nation; qu'en attendant on verrait avec plaisir que la Russie continuât à faire défiler insensiblement son armée et seulement régiment par régiment en Livonie, afin qu'elle serait au but que l'on se propose, dès qu'on viendrait à signer le traité, et qu'elle y fût alors toute transportée, et que d'ailleurs on était bien aise de déclarer aux susdites cours que le roi d'Angleterre accéderait, en qualité d'électeur d'Hanovre, au traité de Pétersbourg, et qu'il n'y avait presque nul doute que la Saxe ne fît autant, sans plus de difficulté.
Je vous communique tout ceci sous le sceau du dernier secret et pour votre unique direction, afin que vous redoubliez d'attention sur les vues pernicieuses de la cour de Vienne, qui, en cherchant de cacher son jeu au possible et de prôner son amour pour la conservation de la paix, ne cherche que plaie et bosse. C'est aussi en conséquence que vous devez être extrêmement attentif sur tous les arrangements militaires qu'elle fera à la sourdine, apparemment pour me trouver à l'impourvu, mais dont j'espère qu'elle se trompera furieusement, à moins que vous veillerez bien sur ses démarches.
Federic.
Nach dem Concept.
<140>6087. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A FONTAINEBLEAU.
Potsdam, 27 octobre 1753.
J'ai reçu votre rapport du 15 de ce mois. En conséquence de la promesse que j'ai faite dans ma dernière dépêche, de vouloir fidèlement informer la France de ce qui parviendrait à ma connaissance touchant le plan de subsides proposé par les ministres de Russie à ceux d'Angleterre, je veux bien vous dire que j'ai appris de très bonne main et par un canal sur lequel je puis fermement tabler, que le résultat que les ministres anglais ont pris avec le comte Colloredo, est qu'on ne signera point cette année-ci le traité de subsides avec la Russie, mais qu'après bien des débats dans le Conseil, on y est convenu de donner aux deux cours impériales les plus fortes assurances que l'on voudra entrer l'été qui vient dans leurs idées et dans les plans proposés, ce qu'on ne saurait faire actuellement, vu la situation présente des choses intérieures de la nation; qu'en attendant on verrait avec plaisir que la Russie continuât — nota bene — d'augmenter, insensiblement et seulement régiment par régiment, ses troupes en Livonie, afin que son armée serait toujours prête d'agir au but que l'on se proposait, et que, lorsque l'on viendrait à signer le traité, elle y fût toute transportée. Qu'outre cela on était bien aise de déclarer aux cours susdites que le Roi était prêt d'accéder en qualité d'Électeur au traité de Pétersbourg, et qu'on avait tout lieu de présumer qu'aussi la Saxe ne ferait plus de difficulté d'en faire autant.
C'est avec ce résultat que le susdit comte Colloredo a renvoyé son courrier à Vienne, sur quoi l'on me fait observer encore que, la veille du départ de ce courrier, le comte Colloredo avait eu encore une longue conférence avec le duc de Newcastle et le ministre hanovrien Münchhausen dans la maison de ce dernier, dans laquelle, selon toutes les apparences, on serait convenu de lâcher quelque somme d'argent sous mains aux Russes, qui peut-être serait avancée du trésor d'Hanovre à Stade; conjecture qui me paraît assez vraisemblable par les avis que j'ai eus depuis peu par des lettres de Hambourg qu'on avait averti là sous mains quelques marchands de la part des ministres d'Hanovre de s'arranger en sorte qu'ils puissent remettre en Russie quelques sommes en argent, dès qu'on les leur enverrait de Stade.
Vous avertirez de tout ceci bien distinctement, et avec tout le détail que je vous marque, M. de Saint-Contest, en le conjurant cependant de ma part de m'en vouloir garder le secret le plus religieux, afin qu'à mon grand préjudice rien n'en saurait transpirer, et que je regarderais le secret qu'il m'en garderait, comme une marque de son amitié et de sa confiance. En attendant, vous lui relèverez surtout le passage où je vous ai dit qu'on voudrait que la Russie fît passer, insensiblement et régiment par régiment, son armée en Livonie, afin d'être prête au but proposé, dès que le traité serait signé.
<141>Vous ferez d'ailleurs bien remarquer à M. de Contest combien il était à présumer que la cour de Vienne, après avoir fait faire le premier pas aux ministres anglais conformément à ses vues, ne laisserait pas de leur faire faire encore un pas après l'autre, jusqu'à ce qu'elle fût parvenue à ses pernicieux desseins; car, pour le présent, il est aisément à comprendre que d'un côté le ministère anglais n'a cherché qu'à gagner du temps par la résolution ci-dessus mentionnée, afin de ne pas rebuter les deux cours impériales, et que d'un autre côté le ministère veut parvenir à son but, sans s'exposer vis-à-vis de la nation, Reste à voir encore ce qui s'est passé dans la conférence secrète qui s'est tenue, comme j'ai dit ci-dessus, dans la maison du ministre Münchhausen.
Au reste, mes lettres de Londres m'assurent toujours que, pourvu qu'on saurait ôter cette pierre d'achoppement par rapport à la dette de Silésie et s'en accommoder avant l'été prochain, l'on ôterait par là aux ministres anglais mal intentionnés contre moi tout prétexte et motif pour entraîner la nation dans leurs vues et abandonnerait peut-être le projet de la ligue du Nord.
Enfin, vous vous entretiendrez sur tout ceci avec M. de Saint-Contest et me ferez un rapport bien circonstancié et avec tout le détail possible comment il a avisé sur toutes ces circonstances, qui méritent la plus grande attention.
Federic.
Nach dem Concept.
6088. AU SECRÉTAIRE VON DER HELLEN A LA HAYE.
Von der Hellen berichtet, Haag 19. October : „Il m'est revenu que le sieur Swart a mandé depuis peu, dans une de ses lettres secrètes, qu'il était arrivé à Moscou un Français nommé Monbrun qui avait demandé d'abord avec beaucoup d'empressement après le ministre de Suède, et qu'il courait un bruit qu'il se trouvait chargé d'une commission particulière auprès du Grand-Duc de la part de Votre Majesté.“ | Potsdam, 27 octobre 1753. J'ai compassion des gens qui sont dans le cas d'ajouter croyance aux bruits pitoyables qui, selon votre rapport du 19 de ce mois, courent sur le sujet des commissions dont le nommé Monbrun, arrivé à Moscou, devait être chargé de ma part. Ceux qui connaissent ledit Monbrun, ne sauraient ignorer son caractère, et il s'ensuit naturellement que ce ne sauraient être que d'indignes calomniateurs qui m'attribuent de pouvoir prendre sur moi d'employer dans mes affaires des gens d'un tel caractère et même de les envoyer en Russie. Au reste, je me repose sur vous que vous ferez tout ce qui dépendra de vous, pour pénétrer quel peut être le grand objet sur lequel devra rouler la déliberation des États de Hollande dont la convocation vient d'être renvoyée au 7 de novembre prochain, et vous ne manquerez |
pas non plus de me marquer, ce que vous avez oublié de faire jusqu'à présent, à quoi peuvent avoir été destinées proprement les sommes d'argent que la cour de Vienne a fait remettre, il y a quelque temps, à Amsterdam,142-1 et s'il ne vous a pas été possible d'en apprendre quelque chose de plus précis que ce que vous en avez marqué jusqu'ici. Federic. |
Nach dem Concept.
6089. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Breslau, 2 novembre 1753.
Le conseiller privé de Fürst m'a bien rendu la lettre que vous m'avez faite du 22 dernier, et je vous sais gré de l'attention que vous m'avez marquée en y joignant la liste de l'état effectif des troupes autrichiennes. Vous me ferez bien du plaisir, si vous savez m'envoyer un jour une liste exacte par rapport aux finances de la Reine-Impératrice.
Comme je n'ai d'ailleurs rien trouvé dans vos dépêches du 20, du 24 et du 27 du mois passé, — qui m'ont été toutes bien rendues à mon arrivée ici, — qui me fournît l'occasion de vous donner de nouvelles instructions, je veux seulement vous faire observer que l'éternel nom de sieur de Beckers m'ennuie présentement tant que je ne sache plus le lire dans vos dépêches sans bâiller.
Quant à l'affaire de la vente de mes domaines en Hollande,142-2 je suis bien aise de vous informer que, loin qu'elle soit dans une situation aussi désespérée que votre ami la dépeint, je me flatte qu'elle sera finie et la convention signée, après que j'ai renoncé aux deux conditions que mes ministres, par un motif de zèle pour mes intérêts, avaient demandées encore à la Princesse, et que je ne demande plus rien qui ne soit exactement conforme à mon ultimatum, ne voulant d'ailleurs autre chose sinon la sûreté du prix de la vente, et que l'argent soit remis entre mes mains, sans prétendre à quelque éviction, et sans qu'on en fasse le moindre décourt sous quelque titre ou prétexte que ce soit, de sorte que vous vous verrez encore satisfait par rapport au présent qu'on vous a destiné.
Pour ce qui regarde la proposition que vous m'avez faite relativement à ce qui vous est dû encore d'arrérages de la [caisse] de légation, je l'ai agréée et donnerai mes ordres en conséquence, dès que je serai de retour à Berlin, et vous pouvez compter que je tâcherai de vous soulager, autant que les circonstances le permettront, par rapport aux pertes que vous avez souffertes par la différence des monnaies.
Au reste, je profite de la présente occasion pour vous envoyer cijoint un nouveau chiffre immédiat, duquel vous vous servirez à l'avenir,<143> sans néanmoins qu'il ne doive vous être permis d'employer encore, pendant quelque temps, celui qui vous a été remis en dernier lieu, et dont vous vous servez actuellement, quand vous le jugerez convenable aux affaires.
Federic.
Nach dem Concept.
6090. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A FONTAINEBLEAU.
Lord Marschall von Schottland berichtet, Fontainebleau 18. October: On mande au marquis de Saint-Contest „qu'on inclinait en Angleterre à exercer des représailles sur mer envers Votre Majesté, mais que, comme on prévoyait les suites qu'une pareille démarche pourrait avoir, on voulait aussi, avant de s'y porter, lier un parti assez considérable pour tenir les États de Votre Majesté en échec et L'empêcher de prendre Sa revanche sur les pays d'Hanovre; que la cour de Vienne et celles de Russie et de Saxe étaient les puissances sur lesquelles on avait jeté les yeux pour cet effet, et que la première travaillait de toutes ses forces pour tâcher de donner de la consistance à ce projet et en préparer les ressorts. Tous ces préparatifs n'alarment cependant pas M. de Saint-Contest à un certain point. Il persiste à se flatter que le ministère anglais ne se déterminera jamais à accorder à la Russie les subsides exorbitants qu'elle demande, et que sa fierté se ralentira avec le temps.“ | Breslau, 2 novembre 1753. J'ai bien reçu la dépêche que vous m'avez faite en date du 18 de ce mois, et ne veux point vous dissimuler, avant tout, qu'il m'a fait bien de la peine d'y voir que tout ce que l'on a marqué de Londres à M. de Saint-Contest touchant la disposition du ministère anglais à mon égard, n'ait point été capable de lui donner des alarmes. Cependant, comme les choses deviennent de jour en jour plus sérieuses, de sorte que je crois que, si l'on pense en France à prévenir les suites, [il n'est que temps], ma volonté est que vous direz de ma part à M. de Saint-Contest dans quelque entretien que vous chercherez exprès d'avoir avec lui, qu'il m'était revenu des avis de Londres tout conformes à ceux qu'il en avait reçus, hormis que les miens ajoutaient que le roi d'Angleterre et les ministres paraissaient très contents des arrangements pris à ce sujet et s'imaginaient que, dès qu'ils avaient la Reine à leur disposition, ils auraient les mains libres d'agir selon leurs vues, sans avoir à craindre l'insulte; qu'on ne saurait plus se flatter que le ministère anglais ne se déterminerait jamais à donner de gros subsides aux Russes; que les assurances toutes positives qu'ils avaient données aux deux cours impériales de le faire dans le courant de l'année qui vient, témoignaient tout le contraire, et que le roi d'Angleterre, ayant fait faire aux ministres le premier pas, saurait bien les pousser plus loin, surtout ayant le nouveau Parlement à sa disposition. Qu'en conséquence de tout ceci je laissais juger à M. de Saint-Contest si le moment n'était pas venu où il serait de la dernière nécessité de prévenir un feu caché sous les cendres, mais bientôt prêt à éclater, et qui, une fois pris l'air, ne manquerait pas d'entraîner une combustion |
presque générale de toute l'Europe; que, si la France laissait aller plus longtemps les affaires avec indifférence, il en arriverait que, dès que l'Angleterre aurait lié tout-à-fait ses parties avec les deux cours impériales, de concert avec l'Angleterre, [elles] me mettraient les choses d'aussi près que, poussé à bout et lassé de patience, je me verrais obligé par honneur de rompre avec eux. Que, pour prévenir donc à temps encore ces fâcheuses suites, je croyais convenir que la France fît dès à présent, et avant que l'Angleterre serait d'accord avec les deux cours impériales, quelque déclaration vigoureuse aux Anglais par rapport aux démarches qu'on lui voyait faire, et qu'on leur fît comprendre que la France ne les verrait point indifféremment. Qu'il était sûr qu'une telle déclaration, faite à propos et à temps encore, donnerait bien à penser aux ministres anglais et préviendrait bien des suites, et que j'avais mis en mains de la France tant d'expédients144-1 pour aplanir mes différends avec les Anglais, qu'on ne saurait douter du succès, pourvu que la France en ferait un bon et convenable usage; mais qu'aussi, si l'on continuait à laisser prendre les choses tel train qu'elles voudraient, j'appréhendais qu'alors la guerre ne fût inévitable, qui d'ailleurs ne convenait ni à la France ni à moi, bien entendu que pas à pas les affaires s'embrouilleraient de la sorte qu'il n'y aurait plus moyen d'y remédier. Vous ajouterez, quoiqu'avec adresse et délicatement, qu'en conséquence de tout ce que dessus M. de Saint-Contest verrait que je n'avais pas eu tout-à-fait tort, quand j'avais été d'avis qu'il fallait exciter la jalousie de la Porte Ottomane contre les Russes et les Autrichiens,144-2 et qu'on s'apercevait assez clairement que, quand ils avaient à présent les mains libres de ce côté - là et que la Porte ne leur faisait plus d'ombrage, ils les tournaient de notre côté. Qu'au surplus, si l'Espagne pouvait être animée de parler de haut ton par rapport au commerce dans l'Amérique, cela rendrait plus attentifs les Anglais pour user de plus de considération envers la France. Je finis en vous disant que je comprends bien toute la difficulté que vous aurez à faire ces insinuations, mais vous vous appliquerez au moins de faire envisager à M. de Saint-Contest que la situation présente des affaires est telle qu'il convient de se servir des moyens pour conserver la paix, quand les circonstances le permettent encore, que de vouloir y procéder, quand il n'y aura plus temps de le faire. Au reste, je serais bien aise que vous imprimiez bien en votre mémoire tout ce qui est dessus, afin de l'exprimer convenablement à M. de Contest, et vous serez bien attentif sur la réponse qu'il vous fera, pour m'en pouvoir faire un rapport exact et bien détaillé. Federic. |
Nach dem Concept.
<145>6091. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A FONTAINEBLEAU.
Berlin, 6 novembre 1753.
J'ai bien reçu votre dépêche du 21 du mois dernier et vous renvoie à celle qui vous a été faite du département des ministres des affaires étrangères en date du 3 de ce mois pour vous communiquer l'avis que j'ai de Londres par un bon canal que le ministère anglais ne ferait jamais le traité de subsides aux conditions proposées par les ministres de Russie, et que tout ce que l'on avait promis au comte Colloredo,145-1 se bornait à un traité de subsides simplement défensif, moyennant lequel la Russie entretiendrait en Livonie 60,000 hommes pour la défense du roi d'Angleterre et de ses alliés, et qu'en cas de besoin on augmenterait raisonnablement le subside de 70,000 livres sterling par année de quelque chose de plus, mais point jusques aux sommes demandées par les ministres russiens; et qu'au surplus autant le roi d'Angleterre que son ministère, en attendant la signature de ce traité, s'en nattaient de grands avantages qu'ils en retireraient tant à mon égard, qu'on croit brider par là, que par rapport à l'élection d'un roi des Romains, que l'on se proposait de brusquer par la majorité des voix, dès que le traité dont il s'agit, serait conclu.
Mon intention est donc que vous communiquerez tout ceci encore à M. de Saint-Contest, en continuant de lui faire les réflexions que je vous ai suppéditées par ma dépêche antérieure à celle-ci, pour lui faire convenir de la nécessité absolue qu'il y a que la France parle à temps encore d'un ton sérieux au ministre d'Angleterre à Paris, pour prévenir toutes les suites fâcheuses qui en résulteront, si l'on veut regarder avec indifférence toutes les menées de l'Angleterre et des deux cours impériales.
Quant aux affaires du Palatin,145-2 je veux bien que vous disiez à M. de Saint-Contest que, pour prévenir les ministres anglais à ce qu'ils se sauraient brusquer l'élection d'un roi des Romains par la majorité des voix, selon le dessein qu'ils en ont conçu, il conviendrait, selon mon idée, qu'on passât de bonne grâce ce que l'on ne saurait empêcher, afin de ne pas donner lieu aux suites qui apparemment en arriveraient. Au reste, je serai bien aise que vous ne me marquiez plus, dans les dépêches que vous m'adresserez immédiatement, tout le petit détail par rapport aux affaires du Palatin, vu qu'il suffit que vous y entreriez dans celles que vous adresserez au département des affaires étrangères, à moins qu'il s'agisse de quelque chose qui saurait avoir rapport à une élection brusquée, auquel cas vous m'en ferez aussi votre rapport immédiatement.
Federic.
Nach dem Concept.
<146>6092. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION HELLMUTH- BURCHARD DE MALTZAHN A STOCKHOLM.
Rohd berichtet, Stockholm 19. October, über eine Conferenz mit Höpken, der ihm u. A. gesagt hat: „Que le roi de Danemark était porté personnellement pour le maintien de son alliance avec la Suède, et que le comte de Moltke, son favori, était tout-à-fait dans les mêmes sentiments, qu'ainsi le baron de Bernstorff se ruinerait dans la confiance du Roi, s'il osait heurter de front ce système, et qu'au pis-aller il lui faudrait bien du temps, avant que de pouvoir y arriver … Qu'il croyait très nécessaire de cacher ces soupçons, autant que faire se pourrait, vu que déjà on faisait des insinuations de différents endroits que le ton sur lequel la cour de Berlin traitait les affaires, était si impérieux qu'il n'y avait pas moyen d'y tenir; qu'on y était trop entreprenant, qu'on ne s'y souciait plus d'aucune balance dans le système de l'Europe, et que, vis-à-vis d'elle, la France ne jouait plus que le second rôle. Que ces sortes d'insinuations venaient d'être faites à lui-même, d'où il pouvait aisément conclure qu'on avait bon soin de les semer de tous côtés, et qu'il n'avait pas cru pouvoir se dispenser d'en avertir Votre Majesté, pour mieux faire sentir la nécessité de cacher les soupçons contre le Danemark, quelque bien fondés qu'ils pourraient être.“ | Berlin, 6 novembre 1753. J'ai reçu le rapport que vous m'avez fait du 19 du mois passé. Comme je crois M. de Rohd actuellement sur son retour et ne doute pas qu'il ne vous ait communiqué la minute de son rapport à la même date qu'il m'a adressé immédiatement, je veux vous dire seulement là-dessus que j'ai été un peu frappé du pitoyable raisonnement que le baron de Hœpken, dont j'estime d'ailleurs infiniment les qualités personnelles, a tenu à lui, de Rohd, touchant le baron de Bernstorff, et que ce que le susdit ministre a d'ailleurs dit à M. de Rohd par rapport aux insinuations de différents endroits touchant la manière dont je traitais avec la cour de France, m'a fait mal au cœur par cet amas de calomnies des plus grossières dont on veut me charger, de sorte que vous ne devez point entrer sur de pareilles misères; aussi ce que je vous marque à ce sujet ne doit être que pour votre direction seule. Federic. |
Nach dem Concept.
6093. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A FONTAINEBLEAU
Potsdam,8novembre 1753.
Les rapports que vous m'avez faits du 25 et du 28 du mois dernier d'octobre, me sont heureusement parvenus. Il sera nécessaire qu à la fin vous parliez bien sérieusement à M. de Saint-Contest; comme le biais que le roi d'Angleterre prend, commence a devenir sérieux, il faut nécessairement entrer en explication avec le susdit ministre. Je me suis tu bien longtemps, lorsque les Russes ont été assemblés sur mes frontières, et je n'en ai dit aucun mot, pour ne point inquiéter les Français mal à propos; mais à présent, comme il s'agit de voir éclater une nouvelle guerre ou de travailler incessamment pour l'éviter, je suis oblige<147> de parler bon français au roi de France et à son ministère, au hasard de les mettre de mauvaise humeur.
Le projet de la grande alliance du roi d'Angleterre roule sur deux points principaux : l'un, l'élection d'un roi des Romains, qu'il veut brusquer à la faveur de cette formidable alliance; l'autre, c'est l'affaire des déprédations des vaisseaux prussiens, qu'il croit, à la faveur de la Russie, soutenir haut à la main.
A l'égard du premier article, mes sentiments vous sont connus, et je vous ai déjà informé que j'étais fortement du sentiment qu'il ne nous convenait point de laisser brusquer l'élection, mais de porter plutôt l'Électeur palatin à un accommodement qui procurera une élection unanime. Comme cette matière s'est débattue, il y a longtemps, nous sommes convenus avec la France que le sujet ne valait pas la peine de faire la guerre;147-1 mais il serait contre la dignité de la France, aussi bien que contre celle des États de l'Empire, que l'élection se fît avec force et contre les constitutions du Corps Germanique. Pour éviter, par conséquent, toutes les suites fâcheuses que pourrait avoir la force et la violence employées dans cette élection, il est de la prudence de les éviter, à présent qu'il en est temps encore, en conseillant ou en instigant l'Électeur palatin de signer son traité avec la cour de Vienne.
Quant au second point, qui me regarde personnellement, je me trouve obligé de m'expliquer assez sérieusement et confidemment avec eux. Je leur rappelle le projet du roi d'Angleterre que je vous ai déjà marqué par ma dépêche du [2 novembre]. Quant à moi, j'assure positivement la France que je ferai de mon côté tous les pas que je pourrai faire avec honneur, pour éviter la guerre, mais qu'aussi aucune considération de l'univers, ni la formidable alliance de mes ennemis, ni la supériorité de leurs troupes, ni le nombre de leurs ressources ne m'obligeront à plier devant la fierté du roi d'Angleterre; ainsi que, si la France est dans le sentiment de vouloir maintenir la paix, je la prie de penser bien sérieusement et réellement aux moyens de la conserver, et je crois qu'il en est temps encore, mais je ne jurerais pas que ce qui est possible à présent, le serait encore en six semaines ou en deux mois. L'alliance n'est pas conclue à présent avec la Russie; les Anglais se sont offerts à payer 70,000 livres sterling de paix. Il faudra savoir si ces propositions seront reçues de la Russie. Le projet est d'ailleurs d'y engager la Saxe après, et je sais de bon lieu que le comte Brühl a déclaré que la Saxe était prête à signer, dès que le roi d'Angleterre y serait accédé pour son électorat.
Les deux seuls moyens donc que je crois pour arrêter le roi d'Angleterre, sont que la France voudrait bien faire une déclaration bien ferme au ministre d'Angleterre, auquel la France pourrait confier<148> ses sentiments et lui parler net et clair, et de remuer d'ailleurs les Turcs contre les Russes.
En expliquant bien intelligiblement tout ce que dessus à M. de Saint-Contest, vous ajouterez que je priais les Français de suivre toutes les manières artificieuses de la cour de Londres depuis la dernière paix faite à Aix, et que je ne doutais pas qu'ils n'y trouveraient un système suivi et bien arrangé pour affaiblir la France.148-1 Que l'Angleterre et ses alliés avaient trouvé moyens d'en détacher l'Espagne;148-2 que la cour de Vienne, pour augmenter ses forces et pour avoir la supériorité en Italie, avait fait un traité avec le duc de Modène;148-3 que le roi d'Angleterre travaillait actuellement à la grande alliance entre la cour de Vienne, la Russie, la Hollande, la Saxe et l'électeur d'Hanovre; que, non content de cela, il tâchait encore de remuer le Danemark et de détacher cette puissance de l'alliance de la France et des intérêts de ses alliés.148-4 Que, s'il tombait sur moi et cherchait à m'abîmer, le contre-coup ne manquerait pas de se faire ressentir à la France, mais que je n'avais pas besoin de faire sentir à des ministres aussi habiles et éclairés qu'eux les intérêts de la France; qu'ainsi je me bornais simplement à leur conseiller de prévenir les maux de la guerre, puisqu'il en était encore temps, et de ne pas laisser échapper des moments qui ne reviendraient jamais; que j'avais lieu de présumer que la politique jusqu'à présent timide des Pelham serait arrêtée par une déclaration ferme et verte de la part de la France, et que je ne croyais pas que ces gens voudraient entreprendre une guerre générale, en cas que la France voudrait leur déclarer quelles en seraient les suites, si l'on m'attaquait.
Au reste, ma volonté est que, quand vous parlerez en conséquence de tout ce qui est dessus, à M. de Contest ou d'autres ministres français, vous ne devez point faire la petite bouche, mais leur parler avec franchise et énergiquement, puisque, dans une occasion aussi importante et critique que celle-ci, il n'y a rien à dissimuler : aussi leur glisserez-vous que, s'ils voulaient continuer à ne rien faire ni dire à l'Angleterre à mon égard, je serais forcé, à la fin, de faire parler le sieur Michell, mon chargé d'affaires, à Londres.
Au reste, je ne sais si vous trouvez convenable de dire encore à M. de Contest combien les suppôts de l'Angleterre à la cour de Copenhague s'étaient donné des mouvements pour remplir de fausses idées de la France l'esprit du roi de Danemark, savoir du mauvais état du militaire et des finances, de la faiblesse du gouvernement présent et des affaires du Parlement, impressions qu'on ne manquait pas de donner audit Prince, pour l'éloigner de la France et le faire entrer dans un système opposé. J'abandonne à votre pénétration si vous<149> croyez convenable d'informer M. de Contest de ces menées, auquel cas cependant vous ménagerez les termes sur cette confidence, de manière que vous ne l'en sachiez fâcher, M. de Contest, par de pareilles confidences.
C'est avec impatience que j'attendrai votre rapport ample et détaillé sur les insinuations susdites à faire à M. de Contest et sur le résultat dont il sera convenu là - dessus avec vous.
Federic.
Nach dem Concept.
6094. AN DEN ETATSMINISTER GRAF PODEWILS IN BERLIN.
Michell berichtet, London 26. October : „Le duc de Mirepoix me dit avant-hier qu'ayant appris par le bruit public que cette cour-ci chipotait avec la Russie pour engager cette dernière à tenir un corps de troupes en Livonie, il avait cru nécessaire. quoique sans instruction de sa cour, de déclarer au duc de Newcastle que, si les Russes s'augmentaient en Livonie, on pouvait compter que le Roi son maître ferait autant dans les Pays-Bas; que le duc de Newcastle lui avait répondu que chacun était le maître de faire chez lui tel arrangement qu'il voulait, mais que 1 Angleterre et ses alliés n'en prenaient aucun qui pût troubler la tranquillité publique. Je ne sais pas trop si le duc de Mirepoix a bien fait de tenir ce langage sans ordre, qui est déplacé et semble trop faire voir à ces gens-ci qu'une telle mesure pourrait produire l'effet dont ils se flattent, et, pour ainsi dire, intimider la France et ses alliés. Cependant, comme cet ambassadeur m'a prié de mander son langage à Votre Majesté, je m'en acquitte.“ | Berlin, 9. November 1753. … „Anlangend den letzteren Bericht des p. Michell, da haben Se. Königl. Majestät darauf zu antworten befohlen, wie Sie gar nicht unzufrieden davon wären, wenn der Duc de Mirepoix sich etwas énergiquement gegen das englische Ministère declariret habe; es sei auch von demselben nicht zu vermuthen, dass er dergleichen Pas sonder Vorbewusst seines Hofes gethan, allenfalls wäre es seine Sache, die gethane Démarche bei seinem Hofe zu justificiren. Im übrigen wollten Se. Königl. Majestät wohl geschehen lassen, dass [mit] der Duplik149-1 in der Deprädationssache noch etwas angestanden werde“ 149-2 … Eichel. |
Auszug aus der Ausfertigung.
6095. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Berlin, 10 novembre 1753.
J'ai reçu vos rapports du 23 et du 26 du mois dernier et vous renvoie à la dépêche ordinaire d'aujourd'hui qui vous arrivera à la suite de celle-ci,149-3 de sorte qu'il ne me reste qu'à vous faire observer que, quand vous me dites que telle et telle chose pourrait faire de l'impression à la nation, je ne regarde proprement le mot de nation comme<150> un nom vain, puisque c'est à présent le Roi qui donne telle impression qu'il veut à la nation, conformément à ses vues, et qui la gouverne en souverain et maître absolu.
Federic.
Nach dem Concept.
6096. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Berlin, 10 novembre 1753.
J'ai bien reçu votre rapport du 31 du mois dernier, au sujet duquel je veux bien vous dire que je me lasse à la fin de voir toujours le nom de Beckers dans vos rapports,150-1 de sorte que vous me ferez plaisir de n'en faire plus mention dans ceux que vous m'adresserez immédiatement, à moins qu'il ne s'agisse en même temps de quelque circonstance de la dernière importance.
Quant aux conjectures que vous faites par rapport aux menées du roi d'Angleterre pour parvenir à fortifier la ligue du Nord, elles ne sont que parfaitement justes et fondées, comme vous le verrez par la dépêche d'aujourd'hui du Département.
Au surplus, je veux bien me prêter à l'expédient que vous me proposez pour vous indemniser des pertes prétendues sur vos appointements et sur vos extraordinaires, en vous faisant présent de la somme en argent qui est encore en dépôt auprès le sieur de Diest, auquel j'ordonne dans l'ordre ci-joint de vous la payer contre votre quittance. Je vous fais ce don sous la condition expresse que vous vous en contenterez et ne me fatiguerez plus de quelques plaintes de cette nature et par quel sujet que ce soit; car il faudra absolument que vous vous contentiez de vos appointements ordinaires, vu que l'état délabré de la caisse de légation ne me permet pas de songer à augmenter vos appointements, et que je ne saurais point vous fournir des extraordinaires de quelque autre fonds. Sur quoi vous vous règlerez.
Federic.
Nach dem Concept.
6097. AU CONSEILLER PRIVE DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A HUBERTSBOURG.
Berlin, 10 novembre 1753.
J'ai bien reçu la dépêche que vous m'avez faite du 4 de ce mois, et vous renvoie, pour ce qui regarde la convention faite touchant les prétentions de mes sujets créanciers de la Steuer, à la dépêche ordinaire qui vous parviendra à la suite de celle-ci. Quant aux propos que vous avez tenus conformément à mes ordres au premier ministre,150-2 j'ai été surpris en quelque manière de sa réponse et de ce qu'il a prétendu<151> ignorer les plaintes que j'ai eues jusqu'à présent contre sa cour. Entre bien d'autres que sa conscience lui dictera, vous n'avez qu'à le faire souvenir, selon mes intentions que je vous ai marquées par mes dépêches antérieures, du procédé peu amiable de sa cour, quand elle a fait voter par ses ministres à la diète de Regensburg, même à son grand préjudice, en faveur d'Hanovre151-1 dans l'affaire de la prétention frivole que le roi d'Angleterre a formée sur l'Ostfrise. Ma volonté est donc que vous releviez encore cette circonstance auprès du premier ministre, en l'accompagnant des insinuations convenables.
Federic.
Nach dem Concept.
6098. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 13 novembre 1753.
Pour ne pas faire des redites, je vous renvoie à ce que je vous fais marquer par la dépêche ordinaire du département des affaires étrangères jointe à celle-ci touchant la nouvelle qui m'a été marquée par rapport aux mouvements que le comte Colloredo à Londres se donne pour prêcher au ministère britannique la nécessité de ne pas laisser les Pays-Bas dégarnir d'un corps considérable de troupes et de songer plutôt d'y avoir une armée nombreuse que de rétablir des fortifications que la France ne donnerait pas le temps d'achever; enfin, d'accorder plutôt des subsides à la cour de Vienne que de convenir des contingents pour le rétablissement de la Barrière. Aussi mon intention est que vous devez communiquer ces nouvelles avec toutes leurs circonstances à M. de Saint-Contest, en ajoutant cependant que je les lui donnais telles que je les avais reçues, sans vouloir encore garantir leur authenticité, et que je laissais à sa pénétration s'il trouvait convenable d'en faire part au ministre de France à Londres, afin qu'il saurait approfondir jusqu'où les nouvelles en question étaient fondées ou non.
Federic.
Nach dem Concept.
6099. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 13 novembre151-2 1753.
J'espère que, quand cette dépêche vous sera rendue, le conseiller privé de Fürst sera de retour à Vienne.151-3 J'ai été bien satisfait du caractère que vous m'avez fait du nouveau ministre de France à Vienne;151-4 aussi, pourvu qu'il continue dans les sentiments où il paraît être à présent, je me flatte que vous et lui pourriez vous aider bien mutuellement dans vos recherches. Appliquez-vous, en attendant, à lui faire remarquer<152> les allures et les menées de la cour où vous êtes, afin de parvenir par là à ce que la France prenne de justes ombrages et de la jalousie des vastes desseins de la cour impériale.
Je vous fais communiquer par la dépêche ordinaire du département des affaires étrangères à la suite de celle-ci ce qui m'est revenu en dernier lieu par mes lettres de Londres des propos que le comte Colloredo y doit tenir, pour prêcher aux Anglais la nécessité de pourvoir les Pays-Bas d'une nombreuse armée et d'accorder plutôt des subsides à la cour de Vienne que de convenir des contingents pour le rétablissement de la Barrière. J'attends encore la confirmation de ceci, avant que d'y donner entièrement foi; l'on m'assure, en attendant, que ces propos n'avaient pas fait jusqu'à présent tout-à-fait fortune, et que la plupart des ministres anglais n'avaient donné que malgré eux leur consentement au traité qu'on signerait avec la Russie, et qu'ils avaient avoué à leurs amis qu'ils seraient charmés d'avoir un prétexte pour en éluder la conclusion.
Au reste, plus vous saurez indisposer le ministre d'Espagne contre la cour de Vienne, plus vous rendrez service à mes intérêts.
Federic.
Nach dem Concept.
6100. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Potsdam, 13 novembre 1753.
J'ai bien reçu à la fois les rapports que vous m'avez faits du 30 d'octobre dernier et du 2 de ce mois, et vous sais parfaitement gré des avis que vous m'avez donnés sur différents sujets qui intéressent mon attention. Cependant, je dois trouver un peu étranges les discours que vous attribuez à quelques-uns des ministres anglais, qui, selon vous, ont été entraînés de donner malgré eux leur consentement au traité à signer avec la Russie, mais qui déclarent à leurs amis que la conduite que j'avais tenue vis-à-vis de la nation, leur avait fermé la bouche et [les avait] obligés à donner tête baissée dans de telles mesures, de sorte que j'aurais été bien aise que vous vous fussiez expliqué plus intelligiblement là-dessus, vu que la conduite que j'ai tenue envers l'Angleterre par rapport à mes différends avec elle, est celle que tout souverain aurait tenue, quand il aurait été dans le cas où je suis relativement à elle, et que je ne trouve rien à changer là-dessus. Aussi, quand les susdits ministres ne voudront point accommoder ces différends par les voies que la France leur proposera, je ne vois plus moyen d'y parvenir.
Au surplus, je serai bien aise que vous sachiez leur faire insinuer adroitement que c'était depuis assez de temps que j'avais confié à la France mon ultimatum par rapport à mon différend avec l'Angleterre,152-1 qu'ils trouveraient bien raisonnable, pourvu qu'ils voulussent s'expliquer<153> avec les ministres français si cela leur accommodait ou non. Que ce n'était proprement moi qui avait choisi de faire notre accommodement par les bons offices de la France, mais que c'étaient les ministres anglais mêmes qui avaient entamé pareille négociation et recherché les bons offices de la France.153-1 Qu'à présent je ne saurais raisonnablement m'en départir, après qu'eux-mêmes avaient cru leur convenir de préférer cette voie à tout autre, et que, si présentement ils y trouvaient de l'inconvenance, c'était bien leur faute. Au reste, vous vous prendrez bien adroitement pour faire ces insinuations là où vous croirez les convenir.
Au reste, il y en a qui m'ont voulu confirmer que ce n'était point du trésor d'Hanovre que le roi d'Angleterre avait fait remettre des sommes à la Russie,153-2 pour l'aider à fortifier ses troupes dans la Livonie, mais bien de la liste civile d'Angleterre dont ce Prince avait fait remettre sous mains des sommes à Riga et Pétersbourg, sur quoi je veux bien attendre vos éclaircissements.
Federic.
Nach dem Concept.
6101. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A HUBERTSBOURG.
Potsdam, 13 novembre 1753.
Les raisons que je vous ai indiquées dans ma dépêche d'aujourd'hui qui vous parviendra du département des affaires étrangères, font que je souhaite que vous animiez bien à présent l'homme de confidence à faire en sorte que nous puissions être bien informés de ce qui se passe en Russie et surtout de ce qui s'est tramé à Vienne entre les ministres autrichiens et ceux de Russie et de l'Angleterre, et dont le comte de de Flemming a été du secret. C'est aussi en conséquence que je souhaite souvent que vous fussiez plutôt à Dresde qu'à Hubertsbourg, afin de pouvoir vous orienter plus dans des moments si critiques que ceux-ci, ce qui se trame avec la cour où vous êtes.
Au reste, j'ai mes raisons secrètes pourquoi ma volonté est que vous avanciez par mois une gratification de 66 écus 6 gros, à compter du 1er du mois où nous sommes, au major Henning,153-3 qui vous est bien connu; mais qu'il faut absolument que vous preniez vos mesures làdessus, de sorte que vous ne voyiez jamais ce major, ni qu'il entre même dans votre maison, mais que le secrétaire Plesmann fournisse, secrètement et sans pouvoir être le moindrement remarqué, cette gratification par mois audit major. Au surplus, le conseiller privé Eichel vous tiendra compte des avances que vous ferez à ce sujet.
Federic.
Nach dem Concept.
<154>6102. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.
Potsdam, 13 novembre 1753.
Des avis qui me viennent de très bons lieux, me confirment à n'en pouvoir douter que le prince Louis de Würtemberg reste invariablement dans le dessein de quitter le service de la France pour entrer en celui de la Reine-Impératrice,154-1 quoiqu'il cache infiniment son jeu là-dessus et se tienne extrêmement clos et boutonné même envers ceux qui sont du parti autrichien, pour ne point laisser apercevoir quelque chose de son dessein, en attendant, que ses chipoteries secrètes avec la cour de Vienne vont toujours leur train, et que celle-ci vient de lui assurer le premier régiment de cavalerie qui viendra à vaquer. J'ai bien voulu vous informer de ces particularités, quoique sous le sceau du dernier secret, que vous ménagerez de la sorte que rien en puisse transpirer mal à propos, afin que vous songiez aux moyens les plus sûrs pour faire informer le duc régnant de Würtemberg, sous main et sous le secret nécessaire, du susdit dessein de son frère, le prince Louis, et pour lui insinuer que, s'il croyait de sa convenance de traverser ce dessein, il ne fallait guère perdre du temps, vu que les chipoteries avec la cour de Vienne à ce sujet étaient assez avancées pour que le Prince mettrait en exécution son projet. Je laisse à votre pénétration s'il convient que vous parliez là-dessus au sieur Hochstetter, afin qu'il se charge d'informer sous main et avec toutes les précautions requises le Duc régnant son maître de tout ce que dessus, ou quelle autre voie vous jugerez la plus convenable pour faire parvenir au Duc cet avis. Sur ce, je prie Dieu etc.
Federic.
Nach der Ausfertigung.
6103. AN DEN ETATSMINISTER GRAF PODEWILS IN BERLIN.
Podewils berichtet, Berlin 14. November: „Comme le sieur Hochstetten tout honnête homme qu'il est d'ailleurs, est trop intimement lié avec le prince Louis, qui loge chez lui, étant ensemble presque toute la journée, je n ai pas voulu hasarder de lui confier cette commission, mais j'ai cru que le canal le plus sûr pour faire parvenir immédiatement au duc régnant de Würtemberg cet avis important, était celui du sieur de La Noue, ministre de France à Stuttgart, qui est parfaitement bien dans l'esprit de ce Prince; mais, comme je n'ai pas la moindre connaissance et liaison avec ce ministre, et qu'il faudra, outre cela, avoir un chiffre avec lui, pour que le secret | Potsdam, 15. November 1753. Wegen einliegender Vorstellung haben des Königs Majestät Dero allergnädigste Resolution mündlich dahin gegeben, dass Ew. Excellenz darunter thun könnten, wie Sie wollten und wie Sie es convenable fänden. Man könne sonsten ganz dreist sich darauf beziehen, wie der Avis von Sr. Königl. Majestät käme. Dieselbe Hessen den Herzog davon avertiren als ein guter und wahrer Freund; obschon auch Sie nicht wüssten, |
n'en transpire point, j'ai cru que, sans rien risquer, le plus court serait de charger de cette commission pour le sieur de La Noue le chevalier de La Touche, qui est de ses amis et en correspondance avec lui, ayant d'ailleurs un bon chiffre avec le premier.“ | ob solches dem Herzog gelegen sei oder nicht, so Hessen Sie ihn dennoch davon avertiren. Eichel. |
Nach der Ausfertigung
6104.. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION HELLMUTH- BURCHARD DE MALTZAHN A STOCKHOLM.
H.B. von Maltzahn berichtet, Stockholm 30. October, über eine Conferenz des Freiherrn von Höpken mit ihm und Rohd: „Il ne fit que nous répéter ce qu'il m'avait déjà appris . . . sans nous donner d'autres particularités que celle que le corps de Cosaques dont j'ai fait mention dans mon dernier rapport, devait être de 20,000 hommes, et que c'était Votre Majesté qui faisait le grand objet de tous les mouvements qu'on donnait aux cours alliées à l'Angleterre . . . Je me suis rencontré depuis avec le baron de Hœpken et je n'ai pas tardé de le remettre sur la même matière, en le faisant souvenir de ce qu'il m'avait dit précédemment qu'on se ressentait jusques en ce pays-ci des mouvements que la cour d'Angleterre se donnait. Il me répondit qu'il comptait m'entretenir sur ce sujet, mais, comme ce serait une conversation de longue haleine, il la remettrait a un moment plus commode; qu'il serait bien aise de me parler à fond sur la situation présente des affaires, qu'il regardait comme extrêmement délicate, et qu'à commencer par le Danemark, il croyait qu'il était indispensablement nécessaire de se coûduire envers cette cour avec une circonspection infinie. Il me fit un assez long raisonnement là-dessus, qui tendait à me faire voir qu'il fallait éviter, autant que possible, de marquer à la cour de Danemark qu'on se méfiait d'elle, puisque ce serait fournir au baron de Bernstorff un moyen dont il se servirait contre nous auprès de son maître; que d'ailleurs ce ne serait pas une chose si aisée au ministre danois, tout mal intentionné qu'il était, de faire changer de système à son maître et surtout de l'engager à une rupture avec la Suède.“ | Potsdam, 17 novembre 1753. Les rapports que vous m'avez faits depuis le 30 du mois dernier jusqu'au 6 de ce mois, m'ont été bien rendus, tout comme ceux que le ministre de Rohd m'a adressés encore. Comme je sais tout le gré possible au baron de Hœpken des confidences qu'il a bien voulu me faire de tout ce qui lui est revenu par rapport aux mouvements qui se font présentement entre les cours de Londres et de Moscou, vous l'en remercierez le plus affectueusement de ma part et le prierez de vouloir bien continuer à me faire parvenir par vous de pareilles communications. Au surplus, je crois convenir à mes intérêts que vous fassiez confidence de tous ces avis à M. d'Havrincourt, afin qu'il s'en puisse expliquer avec le baron de Hœpken et en faire après son rapport à la cour de France. Federic. |
Nach dem Concept.
<156>6105. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 17 novembre 1753.
L'avis que vous avez reçu touchant le dessein d'assembler un corps fort considérable l'été prochain en Bohême et d'un séjour de trois mois de la Reine-Impératrice dans ce pays-là, mérite que vous y donniez toute votre attention, afin de bien approfondir ce qui se passera à ce sujet, et, supposé que cet avis se constatera, vous tâcherez de pénétrer au possible à quel dessein l'on voudra se mettre en frais là-dessus, si ce sera, comme je présume, pour protéger l'élection d'un roi des Romains qui se fera à ce temps-là, ou si peut-être on a conçu des desseins plus vastes encore. L'affaire m'est si intéressante que vous n'épargnerez ni adresse ni savoir-faire pour vous orienter bien là-dessus et pour m'en informer exactement. Voilà tout ce que j'ai à vous dire sur votre rapport du 27 dernier, me référant, au reste, à la dépêche ordinaire du Département.
Federic.
Nach dem Concept.
6106. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 17 novembre 1753.
J'attends avec beaucoup d'impatience que vous m'instruisiez bien en détail sur la véritable façon de penser de la France par rapport à mon différend avec l'Angleterre et aux autres affaires de conséquence que je lui ai communiquées par votre entremise. Car je ne saurais pas vous dissimuler, Milord, que vos dernières dépêches à la date du 4 de ce mois n'ont pas assez rempli mon attente là-dessus, par la manière un peu trop générale avec laquelle vous vous y êtes expliqué.
Observez donc, je vous le demande avec instance, que le rapport que j'attends de vous sur la dépêche très intéressante du 8 de ce mois,156-1 que je vous ai faite moi-même, soit bien circonstancié et parfaitement instructif, et pour que vous soyez à même de le faire de la sorte, entrez en bien des détails avec M. de Saint-Contest, dans les conférences que vous aurez avec lui sur le contenu de ladite dépêche et sur les deux points que j'y traite principalement. Dites-lui de mot en mot, s'il se peut, ce que je vous y ai marqué, et faites-le clairement expliquer là-dessus et ne me laisser plus languir après des réponses positives sur ces points. Songez que, pour me faire bien juger de la façon de penser des ministres de France, il faut bien que vous entriez avec eux dans de grands détails et que je n'y saurais parvenir, à moins que des dépêches bien circonstanciées et remplies de détails nécessaires ne m'y conduisent. Il ne se passe présentement aucun jour, soit dit pour<157> votre direction seule, qu'il ne m'arrive des avis de différents endroits sur les arrangements très sérieux que les cours alliées du roi d'Angleterre font sans bruit et sous mains. Il m'en paraît qu'il n'est plus temps de biaiser, mais qu'il faut bien que je sache à m'en pouvoir diriger si la France veut la guerre, en laissant prendre les affaires tel train qu'elles voudront, ou si elle veut employer efficacement les moyens qu'il faut, pour la prévenir à temps et de bonne heure encore; c'est sur quoi vos dépêches circonstanciées m'instruiront.
Quant aux nouveaux expédients que M. de Saint-Contest souhaite que je les proposasse pour concilier mon différend avec l'Angleterre au contentement des deux partis, je crois en avoir beaucoup et suffisamment fourni, pourvu qu'on y veuille réfléchir et en faire un bon usage, sans compromettre ma dignité; car quant à cet article, je demande que vous fassiez bien remarquer à M. de Saint-Contest ce que j'ai mis à ce sujet dans ma dépêche dessus alléguée, et que tout prêt que je suis à aplanir ce différend, je ne veux point ramper devant le roi d'Angleterre.
Au surplus, j'ai ordonné à mes ministres de faire attention sur ce que M. de Saint-Contest a désiré touchant le terme d'étrange qui s'est glissé dans le mémoire157-1 à présenter par mon chargé d'affaires à Londres, et d'y substituer un autre plus doux et convenable.157-2
Federic.
Nach dem Concept.
6107. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION HELLMUTH- BURCHARD DE MALTZAHN A STOCKHOLM.
H. B. von Maltzahn berichtet, Stockholm 9. November: „Le marquis de Puenta-Fuerte, qui pendant son séjour à Copenhague a montré beaucoup de zèle pour l'affermissement du bon système …, vient de me communiquer une idée sur les affaires du Danemark et sur les caresses qu'on fait présentement à cette cour au sieur Ogier, qui est que le sieur Ogier, ne pouvant s'empêcher de paraître satisfait des caresses et des belles Paroles que le baron de Bernstorff lui fait, pourrait par là lui-même contribuer à augmenter le crédit de ce ministre | Potsdam, 20 novembre 1753. J'ai bien reçu votre dépêche du 9 de ce mois. L'avis que le marquis Fuerte [a donné] au ministre de France, au baron de Hœpken et à vous, pour mettre à l'épreuve les belles promesses que le baron de Bernstorff fait au sieur Ogier, me paraît très bon et très sensé; je souhaiterais seulement que M. d'Havrincourt en profitât, |
auprès du roi de Danemark, s'il continuait à se contenter de belles paroles, sans exiger des effets. Ainsi, que son idée était que M. Ogier le poussât de prouver la sincérité de son repentir et de ses promesses, que, pour cet effet, il ne pourrait mettre à une meilleure épreuve et qui fût plus naturelle qu'en exigeant qu'il tînt à l'égard de la Suède une conduite plus conforme aux liaisons que le Danemark a contractées avec cette couronne, et qu'il travaillât à rapprocher sa cour de celle de Votre Majesté.“ | pour en écrire au sieur Ogier, tout comme à sa cour, et peut-être serait-il d'un bon effet, si le marquis de Fuerte trouvait bon d'en écrire aussi au dernier. Au reste, j'approuve que vous en ayez communiqué au sieur de Hæseler. Federic. |
Nach dem Concept.
6108. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 20 novembre 1753.
Il m'a fait beaucoup de plaisir de voir par votre dernier rapport que le sieur Aubeterre pénètre, aussi bien qu'il le fait, la cour de Vienne et ses artifices, et qu'il n'en est point la dupe.158-1 Je vous sais parfaitement gré de l'avoir averti du dessein de la Reine-Impératrice de vouloir séjourner, l'année qui vient, trois mois en Bohême et y assembler 50,000 hommes de ses troupes;158-2 je souhaiterais qu'il en eût écrit à sa cour. Quant à vous, vous ne discontinuerez pas de veiller avec toute l'attention possible sur tout ce qui regarde ce dessein, afin de le bien développer et m'en instruire exactement; je vous garderai le secret que vous désirez.
Quand vous saurez faire des intelligences dans le cabinet, pour en tirer des découvertes intéressantes, je vous tiendrai compte des frais, mais il ne faut que vous perdiez votre argent pour des nouvelles générales et de peu d'importance. Au reste, si le comte Kaunitz a paru gai et content à l'occasion de l'arrivée du dernier courrier d'Angleterre, je pense que c'est par la nouvelle qu'il en a eue que le ministère anglais a trouvé dans les épargnes du Roi un fonds de 25,000 livres sterling qu'on veut avancer à la Russie, pour subvenir aux frais de la marche de 50,000 hommes en Livonie, en attendant qu'on pût faire résoudre la nation de faire davantage.
Federic.
Nach dem Concept.
6109. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Potsdam, 20 novembre 1753.
Vos dépêches du 6 et du 9 de ce mois me sont heureusement parvenues. Je reconnais d'abord votre zèle pour mes intérêts et votre<159> fidélité envers moi, quand vous me représentez les choses telles qu'elles le sont effectivement et sans me rien cacher; aussi ai-je été bien satisfait de la façon que vous m'avez expliqué la situation présente des affaires en Angleterre.
Cependant, comme vous dites que le ministère n'est du tout point porté à chercher la guerre, et que c'est avec répugnance que la plupart des ministres ont donné leur consentement au traité qu'on signera, de sorte qu'ils ne s'étaient pas cachés à leurs amis pour leur avouer qu'ils seraient charmés d'avoir quelque prétexte pour en empêcher la conclusion, mais qu'encore ils ne voudraient pas s'entendre avec la France sur ce qui regardait mes différends par rapport aux prises maritimes, de crainte que celle-ci n'en voulût tirer avantage pour elle-même, je veux bien que, dans ces suppositions, vous m'expliquiez nettement et clairement quelles sont proprement vos idées moyennant lesquelles vous estimez que je pourrais parvenir encore à un accommodement raisonnable avec l'Angleterre par une autre voie que celle que j'ai suivie jusqu'à présent, afin que l'affaire des prises marcherait d'un pas égal avec celle de la levée de l'arrêt mis sur les dettes de la Silésie, de la sorte que tout serait aplani à l'amiable et à la satisfaction réciproque par une composition équitable.
Vous vous expliquerez d'ailleurs sur la voie la plus sûre et convenable pour entamer une telle négociation sous mains, et si c'est peut-être par le sieur Pelham qu'il en faudrait commencer le pourparler secret. Enfin, vous me communiquerez un plan assez circonstancié sur votre façon de penser pour pouvoir assoupir ces différends, afin que je puisse y réfléchir et vous faire savoir mes intentions là-dessus. Au surplus, je vous enjoins le secret le plus absolu sur tout ce que je vous dis à ce sujet, et que vous n'en laissiez rien apercevoir à qui que ce soit. Vous observerez encore qu'en me faisant votre rapport là-dessus, vous ne l'adresserez qu'à moi seul et immédiatement.
Federic.
Nach dem Concept.
6110. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 20 novembre 1753.
La dépêche que vous m'avez faite du 8 de ce mois, m'a été fidèlement rendue. Bien que les nouvelles que vous y avez marquées, sont assez intéressantes, j'avoue cependant qu'elles me deviennent assez indifférentes, après que les affaires de l'Angleterre sont parvenues à un point aussi sérieux qu'elles le sont actuellement, et qu'elles occupent toute mon attention, de sorte que vous vous appliquerez principalement de me mander tout ce qui en viendra à votre connaissance.
Au surplus, on débite ici que la France faisait défiler des troupes vers les frontières des Pays-Bas. Tâchez d'approfondir ces nouvelles et<160> mandez-moi ce qui en est ou non. Si effectivement les Français s'avisaient de le faire, cela pourrait faire un bon effet; en attendant, vous ne les solliciterez pas pour cela.
Federic.
Nach dem Concept.
6111. AU PRINCE DE PRUSSE A BERLIN.
[Potsdam], 23 [novembre 1753].
Mon cher Frère. Je souhaite que vous vous amusiez bien aux noces de notre nièce,160-1 et je ne doute pas que notre Jean-Farine de beau-frère160-2 ne vous donne la comédie. Faites, s'il vous plaît, mille amitiés de ma part à ma sœur,160-3 et assurez bien que je suis tout mortifié de ne pouvoir me trouver aux noces de sa fille, qu'il m'a été impossible de m'y résoudre, sachant que de nécessité le père s'y trouverait. Je re sterai ici assez seul, mais dans le fond fort aise de me trouver dans cette situation; mon inclination me porte assez à la solitude, et, de plus, le temps dont je jouis à présent, est bien nécessaire pour me préparer au rôle difficile que j'aurai à jouer l'année qui vient. Mon temps n'est pas perdu pour le public, et je le donne tout entier à faire les arrangements que les conjonctures m'obligent à prendre d'avance.
Je vous embrasse de tout mon cœur, mon cher frère, en vous assurant que je suis avec toute la tendresse imaginable votre fidèle frère et serviteur
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
6112. AU SECRÉTAIRE VON DER HELLEN A LA HAYE.
Potsdam, 24 novembre 1753.
Comme en conséquence de votre rapport du 16 du mois où nous sommes, des gens du parti anglais ne cessent de faire envisager à ceux du gouvernement l'accession au traité de Pétersbourg comme une démarche absolument nécessaire et comme une condition sine qua non pour obtenir satisfaction de la cour de Vienne au sujet de la Barrière,160-4 je crois convenable à mon service que vous fassiez transpirer dans le public là, de façon à ce que vous n'en soyez nullement soupçonné, ni en aucune manière remarqué, que le roi d'Angleterre ne cachait en ceci que de me faire la guerre et de se rendre maître d'Ostfrise, sur des titres frivoles, et surtout de la ville d'Emden, où il pensait d'établir un commerce considérable au préjudice de la Hollande, et que c'était son grand plan.160-5
<161>Vous vous appliquerez, avec toute l'adresse que je vous connais, à faire ébruiter partout là où vous êtes ces avis, bien que toujours de la sorte à ce que personne ne vous en puisse soupçonner.
Federic.
Nach dem Concept.
6113. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A FONTAINEBLEAU.
Potsdam, 24 novembre 1753.
La dépêche que vous m'avez faite du 11 de ce mois, m'a été fidèlement rendue. La faiblesse du gouvernement de la France n'est, hélas, que trop reconnue des puissances ennemies et jalouses d'elle, et il est bien à regretter que le roi d'Angleterre ne compte que trop làdessus dans les démarches qu'il fait, et qui, à parler vrai, ne tendent proprement qu'à humilier la France et à lui ôter absolument toute influence dans les grandes affaires de l'Europe,161-1 en quoi ledit Prince n'est pas mal servi par les dissensions intérieures qui déchirent actuellement la France.161-2 Malgré cela, dans la situation présente où je me trouve, ce ne sera pas de ma faute qu'au cas que l'Angleterre, soufflée par la cour de Vienne, me pousse trop, je parvienne, bon gré mal gré moi, à une nouvelle guerre, dont le contre-coup se ressentira à la France, quand même elle la ferait de mauvaise grâce. Marquez-moi, je vous prie, si les ministres de France ne songent pas que la France pourrait être entraînée, bon gré mal gré qu'elle en ait, en guerre, et, s'ils y songent et qu'ils n'en aient pas l'envie, je devais croire qu'ils travailleraient de toutes leurs forces afin de la contrecarrer.
J'ai été extrêmement surpris de voir par votre dépêche qu'un ministre tel que M. de Contest est aussi mal informé des véritables forces de la Russie; il a des Chétardie, des d'Aillon161-3 et d'autres personnes en France qui ont été en Russie, desquels il n'a qu'à prendre des informations là-dessus et leur demander si je lui ai imposé à ce sujet. Aussi, comme il m'est arrivé justement la répartition tout nouvellement faite des troupes de l'armée de Russie pour les quartiers d hiver de cette année-ci161-4 qu'un ministre d'une cour étrangère à Moscou a envoyée à sa cour, et qui vient de m'être communiquée confidemment, je vous la fais envoyer sous une enveloppe particulière, sous l'adresse du banquier Splitgerber à son correspondant de Paris, afin de ne point exposer votre chiffre, à laquelle je fais joindre un sommaire, écrit de la main propre de votre frère,161-5 du nombre des forces de l'armée de Russie, pièces dont vous ne laisserez pas de faire votre usage auprès de M. de Contest, en lui en assurant l'authenticité.
Au reste, j'ai la satisfaction de vous dire que le voyage que le prince Ferdinand de Brunswick a fait à Copenhague, a été d'un assez<162> heureux succès, et que les affaires là commencent à prendre une tournure très favorable, de sorte que j'ai tout lieu d'espérer que l'affaire assez fâcheuse par rapport à la Comtesse162-1 se terminera à la satisfaction réciproque de la cour danoise et de la mienne. Selon le plan que la cour de Copenhague s'est fait, elle travaillera désormais à réconcilier le comte de Bentinck et sa femme; elle prendra pour base les articles d'accommodement projeté déjà du temps que feu M. de Tyrconnell résidait à Berlin,162-2 et engagera d'ailleurs le comte de Bentinck à proposer et fournir les sûretés nécessaires. Elle recourra en tout ceci aux bons offices de la France, pour faire agréer cet arrangement à moi et à elle, et mènera les choses par son entremise à une issue heureuse. Quant à moi, je n'y mettrai aucune opposition en tout ceci et tâcherai de faciliter en tout cette affaire, pour la voir finir une bonne fois, d'autant plus que j'ai lieu d'espérer de pouvoir convenir alors avec le Danemark d'un traité d'amitié et de neutralité,162-3 pour le conserver dans le bon système, ce qui, dans la situation présente où je me trouve, serait un coup assez bon à mon égard. J'ai ordonné à mes ministres, au reste, de vous informer plus amplement et en détail sur tout ce qui regarde l'affaire de la Bentinck et la façon dont le Danemark pense la finir.
Federic.
Nach dem Concept.
6114. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Potsdam, 24 novembre 1753.
J'ai bien reçu les dépêches que vous m'avez faites du 13 et du 17 de ce mois. Je suis charmé de la tournure favorable que les affaires commencent à prendre à la cour où vous êtes, et que les soins que le prince Ferdinand a employés par rapport à l'affaire de la comtesse de Bentinck, ont succédé au point que la cour de Copenhague a pris la résolution de la finir d'une manière raisonnable et à laquelle je ne m'opposerai en rien, mais y apporterai plutôt toute facilité. Je laisse, au surplus, à mes ministres le soin de vous informer plus en détail de mes intentions favorables à ce sujet, et avec combien d'empressement je contribuerai au possible à ce que cette affaire soit terminée à la satisfaction réciproque des deux cours.
Si le baron de Bernstorff a parlé de cœur au prince Ferdinand en lui assurant que, l'affaire de Bentinck terminée, il n'y aurait plus d'obstacle pour procéder à des liaisons plus étroites entre la cour de Danemark et moi, et que, sans vouloir les étendre à des garanties ou à de pareils engagements, il pouvait bien y avoir des traités d'amitié et de neutralité, je m'y prêterai de bon cœur, et un traité d'amitié et de neu<163>tralité me suffirait, en sorte que je m'engagerais au réciproque. Mais, comme je ne me fie pas tout-à-fait aux bonnes paroles et aux belles promesses du baron de Bernstorff, qui peut-être en déploie au Prince tandis qu'il le voit présent, mais qui pourrait bien retourner à ses maximes antérieures dès qu'il le verra parti, je serais bien aise que le Prince saurait tirer du roi de Danemark même quelque promesse par rapport à un traité d'amitié et de neutralité à faire entre les deux couronnes. Ce que vous ne laisserez pas de dire de ma part au Prince, en lui expliquant mes idées et mes intentions à cet égard.
Federic.
Nach dem Concept.
6115. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A HUBERTSBOURG.
Potsdam, 24 novembre 1753.
Ce sont des misères toutes pures que tout ce que le premier ministre vous a répondu au sujet des plaintes que vous lui avez faites touchant le mauvais procédé de la cour de Dresde envers moi, quand l'affaire de l'Ostfrise fut traitée à la Diète de l'Empire.163-1 Aussi mon intention est que vous ne le devez pousser plus loin là-dessus. Supposé cependant qu'il reviendrait à la charge et qu'il vous en parlerait encore de son propre mouvement, j'ai ordonné à mes ministres du département des affaires [étrangères] de vous faire parvenir une information exacte de tout ce qui s'est passé à cet égard avec la cour de Dresde au temps que la susdite affaire fut agitée à Ratisbonne;163-2 ce sera pour confondre absolument le premier ministre, s'il revient à vous en parler.
Il n'y a aucune difficulté que vous communiquiez au ministre de France la convention sur les affaires de la Steuer.163-3
Au surplus, dès que vous serez de retour à Dresde, faites bien fouiller l'homme confident là où il faut, pour que vous puissiez me fournir de bonnes notices sur l'état présent des affaires dans le moment critique où nous en sommes. H est sûr que, depuis votre départ de Dresde, il s'est traité beaucoup d'affaires à Vienne, à Londres et à Moscou dont il m'intéresse extrêmement d'être informé pour ma direction.
Federic.
Nach dem Concept.
<164>6116. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 24 novembre 1753.
La dépêche que vous m'avez faite du 14 de ce mois, m'a été bien rendue, sur laquelle je n'ai rien aujourd'hui à vous mander que ce que j'ai fait par mes précédentes, n'ayant eu du depuis d'autres nouvelles de dehors, sinon que les affaires restaient au même état où elles avaient été, et qu'il n'y avait eu point de changement.
Au surplus, le colonel comte de Gelhorn, engagé depuis longtemps en mon service comme mon vassal de Silésie, ayant eu avis que son père, établi dans la Moravie, était à l'agonie, et ayant eu pour cela ma permission d'aller en Moravie et même, s'il le faut, à Vienne, pour avoir soin de la succession qui lui reviendra, au cas que son père meure, mon intention est que vous devez lui prêter votre assistance, autant qu'il se pourra faire, quand il viendra la réclamer de vous, et de le protéger dans ses justes demandes.
Federic.
Nach dem Concept.
6117. AN DEN ETATSMINISTER GRAF PODEWILS IN BERLIN.
Potsdam, 25. November 1753.
… Ew. Excellenz werden sonsten auch ausser Zweifel die Duplicata derer beiden letzten Berichte vom 13. und 17. dieses Monates des Herr von Häseler zu Kopenhagen bereits zugekommen seind, wegen welcher dann Se. Königl. Majestät mir heute befohlen haben, an Ew. Excellenz zu melden, dass bei der guten Disposition, welche der dänische Hof jetzo in der Bentinckschen Sache164-1 als sonsten bezeiget, Ew. Excellenz bei dem Departement besorgen möchten, damit alles nur möglichste geschehe und gegen den dänischen Hof alle Facilität beigetragen werde, um diese Sache zur einmaligen Endschaft zu bringen und dadurch ein näheres Vernehmen mit erwähntem Hofe zu herstellen, allermaassen Höchstdieselbe gegen den Vorschlag, einen particulieren Vergleich zwischen dem Grafen und der Gräfin von Bentinck zu vermitteln, und dass ersterer über die richtige Erfüllung des getroffenen Vergleiches solide und zuverlässige Caution an einem neutralen Orte machete, Dero Ortes nichts zu sagen hätten. Es haben auch Se. Königl. Majestät zugleich erwähnet, wie Dero Pleinpouvoirs vor denjenigen, welcher von Deroselben solches Accommodement mit dem dänischen Hofe zeichnen würde, expediret und solchem zugesandt werden könnten.
Ausser diesem haben Se. Königl. Majestät noch befohlen, an Ew. Excellenz zu melden, wie Dieselbe besorgen möchten, dass ein Précis von der Correspondance, welche vorhin mit dem dresdenschen Hofe wegen der ostfriesländischen Sache,164-2 als auf die von Hannover deshalb<165> gemachte Motus die Sache auf dem Reichstag zu Regensburg in Bewegung gewesen, und Se. Königl. Majestät den dresdenschen Hof um dessen favorables Votum ersuchen lassen, dieser aber solches refusiret, fertigen lassen und solches dem Herrn von Maltzahn zu Dresden nächstens chiffriret zusenden möchten, wiewohl nur zu seiner alleinigen Direction und zu keinem anderen Gebrauch, als welchen Se. Königl. Majestät ihm in einem Dero immediaten Schreiben165-1 befohlen hätten. Welches alles also bei dieser Gelegenheit hierdurch schuldigst vermelden sollen. Uebrigens melde noch gehorsamst, wie der Herr von Klinggräffen in einem immediaten Postscriptum seiner heute eingegangenen Relation sehr auf einen guten und neuen Chiffre pressiret.
Eichel.
Nach der Ausfertigung.
6118. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 27 novembre 1753.
Votre rapport du 17 de ce mois m'a été bien rendu. J'ai bien de la peine encore à me persuader qu'on ait accusé juste, quand on vous a appris que, malgré que la cour de Saxe insistât à l'accession du roi d'Angleterre, comme électeur, à la ligue du Nord,165-2 la cour où vous êtes voudrait bien cependant, s'il était possible, se dispenser de la garantie de ces États, qu'on regardait trop exposés. Comme cette anecdote me paraît des plus extraordinaires, vu que c'est proprement la cour de Vienne qui a été la promotrice principale de la ligue du Nord, et qu'il me paraît d'ailleurs que ce soit son jeu que d'y entraîner la Saxe, vous me rendrez un service essentiel, quand vous vous appliquerez a pénétrer plus loin cette circonstance et à l'approfondir au possible, afin de pouvoir m'instruire exactement combien elle est fondée ou non.
Autant que je puis présumer ici du dessein qu'on a d'assembler, l'année qui vient, un gros corps de troupes en Bohême,165-3 je crois qu'il se rapporte principalement à l'élection d'un roi des Romains qu'on voudra appuyer par là, et, le cas exigeant, la brusquer par la pluralité des voix. C'est aussi à quoi j'attribue l'indifférence avec laquelle la cour de Vienne voit sur le retardement du retour du baron de Beckers. Je compte, en attendant, sur les assurances que vous me donnez, de m'instruire exactement et à temps si ce corps s'assemblera et si cela se fera pour quelque chose de plus sérieux que l'exercice des troupes; mais dès que vous en serez informé, je voudrais bien que vous en avertissiez également alors le sieur d'Aubeterre, pour le mettre à même d'en informer sa cour.
Federic.
Nach dem Concept.
<166>6119. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Potsdam, 27 novembre 1753.
J'ai reçu les rapports que vous m'avez faits du 13 et du 16 de ce mois. J'attends le rapport et le plan que vous me détaillerez ea conséquence de la lettre que je vous ai faite à la date du 20 de ce mois,166-1 et espère que vous vous y expliquerez solidement et sans réserve, mais que vous ne voudriez pas aussi proposer des choses qui seraient absolument incompatibles à ma dignité et à ma gloire, et qui aboutiraient à me faire plier honteusement devant la fierté du roi d'Angleterre.
Federic.
Nach dem Concept.
6120. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
[Potsdam], 29 [novembre 1753].
Mon cher Milord. Je ne sais pas trop comment j'ai fait la conquête du bailli de Froullay166-2 dont vous me flattez; c'est le meilleur homme du monde : il est sage, je ne le suis guère; il est dévot, j'ai l'honneur d'être mécréant; il a eu pour son ordre des prétentions que je n'ai pas pu toutes lui accorder, ainsi ce ne peut être que par surcroît de bonté qu'il me veut du bien. Il a trouvé toute notre compagnie ici bien tranquille; depuis que le fol166-3 n'y est plus, tout le monde vit en union et en paix. Je voudrais que l'Europe en fît autant et qu'on pût traiter les politiques turbulents de même que les poètes émancipés; mais, mon cher Milord, nous autres rois nous avons brevet d'impunité pour nos sottises, aussi voyez-vous le bel effet que cela produit, et combien nous nous donnons carrière depuis les Georges jusqu'aux Neuhof.166-4 C'est un vilain métier que la politique, elle vient se fourrer très mal à propos dans toutes les actions de ceux qui s'escriment d'elle. Je pourrais m'en être passé dans ma lettre; je me souviens que le cardinal de Richelieu s'avisa un jour de composer une tragédie, la pièce était intitulée L'Europe; mais elle tomba, quoique faite par un ministre. Adieu, mon cher Milord, ne faisons point de tragédies, mais réjouissons-nous [de la vie], autant que le destin nous en prolonge le terme.
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig. In dorso von der Hand des Empfängers: „Du Roy, novembre 29, 1753.“
6121. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Lord Marschall von Schottland berichtet, Paris 19. November: „Je joins ici la copie d'une prétendue lettre de Votre Majesté au roi de France qui s'est ré- | Potsdam, 30 novembre 1753. J'ai reçu à la fois les rapports que vous m'avez faits du 16 et du |
pandue dans le public depuis quelque temps.“ Lettre prétendue du roi de Prusse au roi de France. Mon Frère. La bonne intelligence qui règne entre nos deux couronnes m'oblige de vous avertir qu'il est de votre intérêt d'apaiser sans délai les troubles de votre royaume. Les prêtres sont dangereux dans toutes sortes de sectes de religion, et surtout dans celle de Rome. Je fais tout ce que je peux pour contenir les miens, et j'ai bien de la peine. J'ai appris par mes ambassadeurs que nos ennemis communs veulent tirer parti de vos divisions intestines, mais je ne doute point qu'ils ne trouvent dans votre prudence un obstacle à leurs malignes espérances. | 19 de ce mois. Vous pouvez donner hautement et partout le démenti à la lettre qu'on m'a supposé avoir écrite au roi de France, à laquelle je n'ai point songé, et que j'ai même absolument ignorée jusqu'à ce que vous m'en ayez envoyé la prétendue copie. Comptez d'ailleurs que je me garderai bien de me mêler jamais à donner des conseils à ce Prince sur tout ce qui peut regarder ses affaires domestiques ou intérieures de son État. Je ne puis laisser passer cette occasion, sans vous réitérer mes instances à ce que vous fassiez un rapport bien ample et circonstancié sur la dépêche très importante que vous avez reçue de ma part à la date du 8 de ce mois. Il m'est d'une trop grande conséquence à savoir au fond la façon de penser de la France par rapport à tous les points que cette dépêche comprend, et, pour que je sache y voir clairement, il est d'une nécessité absolue qu'après que vous vous en serez éclairci avec M. de Contest sur chaque point et proposition, vous entriez dans le rapport que vous m'en ferez dans tout le détail de la conversation que vous aurez eue avec lui à ces sujets. Au surplus, mon service demande que, dans les circonstances bien critiques des moments où nous sommes, vous ne laissiez passer aucune occasion, autant qu'il se peut faire de bonne grâce, pour donner du réveil aux ministres touchant les pernicieux desseins des ennemis communs de la France et de moi, dont je vous ai assez informé jusqu'ici. Comme le roi d'Angleterre viendra passer encore au printemps de l'année prochaine à Hanovre, et que c'est là ordinairement que les mauvais complots et intrigues se brassent ou éclosent,167-1 vous devez tâcher de disposer dans des occasions convenables et [de] bonne manière les ministres à ce qu'ils s'avisent d'envoyer, au temps que le roi d'Angleterre arrivera à Hanovre, quelque personne de confiance et de pénétration là, pour y veiller sur toutes ces intrigues et pour voir ce que se passe durant le séjour que le roi d'Angleterre fera en ses États d'Allemagne. Les gazettes publiques viennent de nous annoncer un malheur qu'on prétend être arrivé au roi de France en tuant à la chasse par un effet |
de hasard un homme d'un coup d'armes; je voudrais savoir de vous si ce qu'on en a marqué, est vrai ou non.168-1 Federic. |
Nach dem Concept.
6122. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 30 novembre 1753.
Ce que vous me marquez à la date du 21 touchant de ce qui vous est revenu par rapport à la négociation qui est sur le tapis pour resserrer les liens entre les deux cours impériales et celle de Londres, est parfaitement vrai; vous vous souviendrez de tout ce que je vous ai communiqué à ce sujet par mes différentes dépêches antérieures immédiates, sur quoi vous pouvez sûrement compter. Le grand point de cette négociation, qui n'est pas décidé encore entre les parties, est celui des subsides, que les deux cours impériales voudraient avoir également de celle de Londres, mais que celle-ci ne voudrait donner à la Russie qu'à une somme bien plus modique à celle que la dernière demande, et n'en rien donner à la cour de Vienne. Il est probable qu'on voudra tâcher à s'en arranger pendant l'hiver qui vient.
Au surplus, si je dois me fier à quelque rapport que j'ai eu, il doit être présentement vingt-sept régiments des troupes de Russie en Livonie, aux environs de Riga, dont douze avaient passé la Duna; que ces régiments faisaient leur équipage de campagne, et que l'argent n'y manquait pas. C'est pour votre seule direction que je vous communique ceci, afin de vous mettre sur la voie de vous orienter plus si ces avis s'accordent avec ceux qu'on en a à Vienne.
Quant au corps d'armée qu'on a le dessein d'assembler l'année qui vient en Bohême,168-2 je suis encore dans l'idée qu'on en a le but d'appuyer l'élection d'un roi des Romains. Je suis persuadé que vous n'oublierez rien pour bien approfondir tout ce qui y a de rapport, et à bien développer tous ces mystères.
Au reste, la harangue pacifique que le roi d'Angleterre a faite à son Parlement présentement assemblé, ne me surprend point; vous savez par ce que je vous ai marqué antérieurement168-3 qu'il ne voudrait pas confier ses intentions à celui qu'il voudra congédier tantôt, mais bien au nouveau Parlement qu'on assemblera l'année qui vient.
Federic.
Nach dem Concept.
<169>6123. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Michell berichtet, London 20. November: „Le style pacifique et modéré avec lequel Sa Majesté Britannique s'explique envers son Parlement, joint à l'empressement qu'ont eu les ministres de faire révoquer l'acte pour la naturalisation des juifs,169-1 sont deux traits de politique qui vont assurer de plus en plus l'élection du nouveau Parlement en faveur de la cour. Il en aurait été autrement, c'est-à-dire les dépenses169-2 auraient été plus fortes, si le Roi avait insinué quelque chose, dans sa harangue, des arrangements subsidiaires qu'on se propose de prendre avec la Russie, et si les ministres avaient attendus que leurs antagonistes eussent fait la proposition de la révocation de l'acte en question; le premier point aurait effrayé une bonne partie des amis du ministère, et l'autre aurait été une marque de faiblesse de sa part, si l'acte des juifs avait été rappelé à la sollicitation de ses ennemis, au lieu que, les choses étant sur le pied où elles sont, cela occasionne non seulement une satisfaction générale dans la nation, mais, de plus, va épargner beaucoup d'argent à la cour.“ | Potsdam, 3 décembre 1753. Vos rapports du 20 et du 23 du mois dernier m'ont été bien rendus, et je me suis d'abord aperçu, quand j'ai vu cette harangue pacifique que le roi d'Angleterre a tenue à son Parlement, qu'il y aurait des raisons cachées qui ont fait prendre ce biais à ses ministres, de sorte que je vous sais parfaitement gré de m'avoir donné vos explications là-dessus. Continuez à m'informer exactement de tout ce qui se [fait] tant au Parlement que sur tout ce qui peut regarder mes intérêts, et cela toujours d'une manière que j'y puisse compter sûrement, et soyez persuadé que je m'y tiens préférablement à tous autres avis. Il y a une chose encore sur laquelle je voudrais bien que vous m'instruisiez, savoir si le roi d'Angleterre ne saurait demander à son Parlement, soit à celui qui est assemble, soit au nouveau qu on convoquera, a ce que vous croyez, au mois d'avril ou de mai, pour la forme au moins — si, dis-je, le roi d'Angleterre ne saurait se faire donner un bill de crédit, pour avoir en mains les sommes qu'il lui faut pour donner des subsides aux Russes, quand il viendra à Hanovre pour finir son traité avec ceux-ci. Federic. |
Nach dem Concept.
6124. AN DEN GENERALFELDMARSCHALL VON LEHWALDT IN KÖNIGSBERG.
Potsdam, 3. December 1753.
Mein lieber Generalfeldmarschall von Lehwaldt. Es ist Mir Euer Schreiben vom 27. voriges richtig und wohl eingeliefert worden.
Da Ich aus solchem ersehen habe, wie Euren dort habenden Nachrichten nach in Liv- und Kurland noch alles derer dortigen Truppen halber ganz ruhig und stille ist, so finde Ich nöthig, Euch von den<170> wahren Ursachen und von den eigentlichen Umständen der neuerlichen Bewegung derer russischen Truppen hierdurch zu Eurer alleinigen Direction, jedoch als das grösseste Geheimniss, so Ihr Mir gegen Jedermann auf das ohnverbrlichlichste observiren müsset, au Fait zu setzen und über alles deutlich zu instruiren.
Der Anfang dieser Sache ist gewesen, dass, als man in dem Frühjahre dieses Jahres dem König von Engelland malitieuser und falscher Weise eine grosse Furcht wegen des von Mir im Monat September bei Spandow geordneten Campements beigebracht und demselben imponiret hatte, wie Meine geheime Absicht unter solchem Campement diese wäre, dass Ich mit denen dahin zu versammelnden Truppen auf einmal die hannöverschen Lande überfallen und dadurch eine von Mir formirete Prätension auf die lauenburgische Lande,170-1 welche Mir doch niemalen in die Gedanken gekommen ist, gelten machen wollte, so hat erwähnter König, ohnerachtet allem, was Ich thun können, ihn von dieser vergeblichen Furcht zu desabusiren, dennoch durch seinen in Russland habenden Minister bei dem Hofe zu Moskau ingeheim auf einen neuen Subsidientractat antragen [lassen], nach welchem Russland gegen englische Subsidien jedesmal ein Corps von etliche fünfzig Tausend Mann in Livland nebst einer Anzahl Galeeren zu des Königs von Engelland Disposition parat halten sollen, um auf den Fall, dass Ich die hannöversche Lande attaquiren würde, Mir sogleich und auf den ersten Wink eine nachdrückliche Diversion in Preussen damit zu machen.
Diese Negociation ist durch gedachten englischen Minister, welchem der österreichische und andere Ministres darunter getreulichst assistiret, dahin gebracht worden, dass endlich im letzteren Monate Julii die russischen Ministres dem englischen Minister Guy Dickens ein Projet zu einer zu treffenden Convention170-2 zugestellet haben, nach welcher Russland auf gewisse Jahre, und so lange der König von Engelland es nöthig finden würde, eine Anzahl von 60,000 Mann Truppen in Livland und da herum zu des letzteren Disposition bereit zu halten sich offeriret, dergestalt, dass auf den Fall Ich die hannöversche Lande attaquiren würde, solches [Corps] sogleich marschiren könne; dahergegen die russischen Ministres ein jährliches Subside, und zwar in Friedenszeiten, und so lange das Corps in Livland stehen werde, von einer Million holländischer Thaler, in Kriegeszeiten aber, und wenn es zur Ruptur käme, von drei Millionen Thaler verlanget haben.
Als darauf der englische Minister dieses Projet der Convention an seinen Hof geschicket, hat das englische Ministerium diese Subsides enorm und bedenklich gefunden, sich darauf einzulassen, und, als der österreichische Minister zu London sehr desfalls en faveur von Russland remuiret, endlich dahin geantwortet,170-3 wie es zwar wohl einiges, aber nicht höheres Subside als von ohngefähr 70,000 Pfd. Sterling in Friedens<171>zeiten, und wie Wartegelder, geben, auch wenn es zu einer Ruptur kommen sollte, alsdenn noch solche auf ein proportionirtes vermehren wollte, vorjetzo aber darunter noch nichts thun könne, sondern erst die Convocation eines neuen Parlements in Engelland abwarten müsste, um von solchem alsdenn die Einwilligung zu solchen Subsides zuwege zu bringen; inzwischen man sich den Winter hindurch über eine Convention hiernach verstehen könne; inzwischen es dem König von Engelland lieb sein werde, wenn Russland, dieses Anstandes ohnerachtet, seine Truppen nach und nach und ohnvermerket nach Livland defiliren lassen werde, damit um die Zeit, wenn im Frühjahr die Convention geschlossen werden würde, selbige in Livland versammelt wären.
Wie nun Russland diese Antwort aufnehmen, und ob es sich mit dem geringen Subside contentiren würde, stehet noch zu erwarten. Inzwischen ist zu glauben, dass man den kommenden Winter über diese Sache negotiiren, selbige aber nicht eher als etwa im Junio künftigen Jahres zu Stande bringen werde, wenn der König von Engelland nach Hannover gekommen sein wird.
Was vor Truppen nach Livland und Esthland destiniret worden, solches könnet Ihr aus dem beikommenden Extraits einer Dislocationsliste derer Winterquartiere vor dieses Jahr erfahren, welche Mir von guter Hand communiciret worden.171-1 Die Stärke eines Regiments Ca- vallerie wird gemeiniglich auf 1000 Köpfe und ein Regiment Infanterie zwar zu 3 Bataillon, jedes à 600 Mann, gerechnet, so aber selten mehr als 400 ausmachen.
Sonst werde Ich Euch die Zelter und Feldéquipages vor zwei derer dortigen Garnisonregimenter zusenden lassen, welche Ihr, wenn sie dort ankommen werden, hinlegen und wohl verwahren lassen sollet, ohne jemanden, auch selbst denen Officiers derer Regimenter, vor welche solche destiniret seind, das geringste davon zu sagen.
Bei den Nachrichten, so man haben will, als ob in Eurer dortigen Nachbarschaft sich die Truppen mehr und mehr verstärken sollten, ist es nothwendig, dass Ihr die Précaution nehmet, damit Fremden nicht erlaubet sei, in die Forteresses von Memel und Pillau ganz frei aus und ein zu gehen und alles nach Gefallen zu besehen. In der Stadt Memel kann solches Aus- und Eingehen nicht wohl verhindert werden; was die Forteresses aber von Memel, Pillau und Friderichsburg angehet, da müsset Ihr verbieten, dass niemanden als der Garnison erlaubet werde, darin ein- und auszugehen noch etwas davon zu besehen. Welches Ihr dann zu besorgen, und übrigens allen Eclat dabei, so viel möglich, zu menagiren habet.
Friderich.
Nach dem Concept.
<172>6125. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 3 décembre 1753.
J'ai bien reçu votre rapport du 24 du mois passé dernier. Je doute fort que l'avis qu'ont eu mes ministres du département des affaires étrangères et dont ils vous ont fait part relativement aux démonstrations de la France vers les frontières du Pays-Bas,172-1 soit bien fondé; au moins, ce que j'ai de rapports de France jusqu'à présent, n'en fait pas la moindre mention. Et, quoiqu'en Angleterre l'ambassadeur de France, le duc de Mirepoix, ait dit, il y a quelque temps,172-2 par manière de conversation au duc de Newcastle que, si la Russie faisait marcher nombre de troupes en Livonie, le Roi son maître le ferait également aux Pays-Bas, il a avoué cependant, après, que ce qu'il avait dit làdessus, n'était que sorti de sa tête, sans avoir des ordres exprès de sa cour à ce sujet.
Comme il me semble de m'apercevoir par vos dépêches que vous mettez en doute encore la réalité de la marche des troupes russes en Livonie, je [veux bien] vous faire observer que vous ne devez avoir le moindre doute sur tout ce que je vous avais communiqué, il y a quelques mois,172-3 moyennant ce précis de la négociation du ministre Guy Dickens à Londres que je vous envoyais par un exprès, et je vous garantis toutes les circonstances qui y sont marquées, pour authentiques et réelles, et de sorte que je puis vous y renvoyer hardiment encore aujourd'hui. Je viens encore de recevoir la liste de la dislocation de l'armée de Russie172-4 publiée depuis peu et de leurs quartiers d'hiver de l'année 1753, que je communiquerais in extenso, si la sûreté des postes le permettait, mais en conséquence de laquelle il y a des quartiers d'hiver assignés en Livonie, en Esthonie et en Courlande, trois régiments de cuirassiers, deux de dragons, vingt et trois d'infanterie, deux de hussards et un de Cosaques, outre quatre mille Cosaques du Don, sans compter les quartiers dans le district de Pétersbourg, où on en a assignés pour quinze régiments d'infanterie et trois de dragons. L'on compte ordinairement chaque régiment de cavalerie, l'un portant l'autre, de mille têtes, et un régiment d'infanterie de trois bataillons, chacun de 600 têtes. Quoique ces régiments ne soient pas entrés effectivement dans leurs quartiers d'hiver, et qu'il y en ait beaucoup en arrière encore dans les provinces intérieures de la Russie, parceque la Russie n'a point pu convenir encore avec l'Angleterre du nombre des subsides, circonstance sur laquelle vous ne devez point douter, il faut cependant croire que, si l'Angleterre leur eût accordé les subsides, ce qu'elle ne saura faire cependant avant que le nouveau Parlement ne soit mis en activité, il pourrait bien arriver que la Russie assemblât un corps assez<173> considérable de troupes en Livonie, ce qui ne se saurait effectuer que dans le mois de juillet de l'année qui vient.
Quant au corps des troupes autrichiennes qu'on a le dessein d'assembler en Bohême, je persiste encore à croire que c'est principalement dans la vue pour soutenir l'élection d'un roi des Romains.
Au reste, il y a des raisons pourquoi je désire de savoir de vous si vous êtes content du secrétaire d'ambassade Holtzendorff qu'on a placé chez vous, et si vous avez lieu d'être satisfait de sa conduite, de son intégrité et de sa fidélité, s'il est bon économe ou dissipateur.
Federic.
Nach dem Concept.
6126. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Lord Marschall von Schottland berichtet, Paris 23. November: „Je suis fort embarrassé sur la façon dont j'exécuterai l'ordre que Votre Majesté m'a donné d'engager le ministère de France à parler fermement à milord Albemarle sur les affaires et projets que les Anglais trament contre Elle depuis quelque temps. Je dois et voudrais obéir à Votre Majesté sans réserve, comme ayant beaucoup plus de pénétration et de lumières que je n'en ai. Mais d'un autre côté voyant M. de Saint-Contest de plus près que Votre Majesté, je crois non seulement qu'il rejetterait cette proposition, et que je Vous commettrais ainsi, mais aussi qu'il pourrait bien prendre de là de l'ombrage et soupçonner qu'on veuille entraîner la France à une démarche qui pourrait devenir fâcheuse pour elle par la suite. Selon toutes les apparences, milord Albemarle ne conviendra jamais du fait et M. de Saint-Contest n'aura que des soupçons à alléguer. De plus, ne seraitil pas à craindre qu'une pareille démarche de la part de la France n'obligeât l'Angleterre à s'assurer de la Russie à quelque prix que ce fût, et ne fourniraitelle pas au ministère anglais un prétexte très spécieux pour obtenir à cet effet 1'approbation du Parlement, en lui représentant que les menaces de la France l'avaient contraint à recourir à cette puissance et à lui accorder des subsides? En attendant donc de nouveaux ordres de Votre Majesté à ce sujet, je ne parlerai a M. de Saint-Contest sur le contenu de Sa lettre du 2 de ce mois que comme | Potsdam, 3 décembre 1753. La dépêche que vous m'avez faite du 23 du mois dernier, m'a été fidèlement rendue. Parceque je trouve assez bonnes les raisons que vous alléguez, et qui vous embarrassent sur la façon de proposer à M. de Contest ce que je vous ai ordonné, de sorte que vous voudriez mes nouveaux ordres à ce sujet, je veux bien vous dire que, quand vous croyez que toutes les raisons que je fais alléguer à ce ministre pour lui faire comprendre la situation où je me trouve, n'opèreront rien sur son esprit et lui inspireront plutôt de la méfiance à mon égard, vous n'avez qu'à surseoir encore de lui faire ces propositions et attendre un autre moment plus favorable. La grande question reste si alors il ne sera pas trop tard, quand même on voudrait faire quelque chose, vu qu'en attendant le roi d'Angleterre va toujours en continuant son train, et, quand une fois l'Angleterre se sera entendue avec la Russie par rapport aux subsides à payer à celle-ci, le traité sera fait et conclu, et il n'y aura plus moyen de re- |
de mon propre chef. S'il goûte la proposition qui y est renfermée, il l'exécutera, et s'il ne l'approuve point, on n'aura pas au moins à se plaindre de Votre Majesté.“ | médier à quelque chose, ni à faire des propositions. Federic. |
Nach dem Concept.
6127. AN DEN ETATSMINISTER GRAF PODEWILS IN BERLIN.
Potsdam,6.December1753.
Die von Ew. Excellenz mir gnädig communicirte beide Berichte des Herrn Geheimen Rath von Fürst [Wien 23., 28. November] erfolgen hierein schuldigst wiederum zurück, nachdem des Königs Majestät solche Selbst durchgelesen und mir darauf zu melden befohlen haben, wie gedachtem Herrn von Fürst darauf zu antworten wäre, dass die Aeusserungen derer wienerschen Ministres wegen der Schulden zwar ganz gut wären, er aber, der von Fürst, die Commerciensachen mit solchen zugleich tractiren und beide également gehen müssten; denn es vergebens wäre, etwas wegen der Schulden zu adjustiren, daferne nicht die Commerciensache zugleich mit und fast vorher reguliret werde.174-1
Eichel.
Nach der Ausfertigung.
6128. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÄFFEN A VIENNE.
Potsdam, 8 décembre 1753.
Le rapport que vous m'avez fait du 28 du mois dernier, m'a été fidèlement rendu. J'estime que vous pensez bien juste sur l'état présent des affaires générales, quand vous observez que les démonstrations guerrières des Russes ne paraîtront guère qu'après que l'Angleterre sera convenue de son traité, et que la cour où vous êtes, qui voudrait bien voir mis le feu aux étoupes par les Russes, n'y voudrait paraître qu'à sa convenance.
J'apprends avec satisfaction ce que vous me marquez par rapport à la pénétration et à la façon juste de penser du ministre de France.174-2 Guidé par vos conseils et aidé par le ministre d'Espagne, il ne saurait manquer guère que vous ne réussissiez à surmonter toutes les difficultés pour percer au secret. Comme le comte de Kaunitz travaille par quatre commis, il est bien difficile de garder le secret qui passe par plusieurs mains, et supposé qu'ils soient inébranlables, il y a des amis, des femmes et autres gens qui sont en liaisons avec eux, aux moyens desquels l'on pourra tirer leur secret, quand même ne ce fût que par la troisième, quatrième main.
Federic.
Nach dem Concept.
<175>6129. AU CONSEILLER DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.
[Potsdam], 8 decembre 1753.
Quoique j'aie tout lieu d'être fort satisfait du zèle et de l'application que milord Maréchal emploie dans tout ce qui regarde mon service et les affaires importantes dont il est chargé, de sorte qu'il ne me reste rien à désirer là-dessus, néanmoins, comme j'ai été accoutumé autrefois d'avoir régulièrement des nouvelles de ce qui se passait à la cour de France et ailleurs là-bas, des anecdotes et des particularités, moins importantes à la vérité que ce qu'on dit les grandes affaires, mais qui ne laissaient pas d'intéresser ma curiosité et de m'être utiles, je vous fais cette lettre pour vous ordonner que vous devez vous appliquer à vous bien instruire sur de pareilles choses et m'en faire, le plus souvent que vous pourrez, votre rapport immédiatement et à moi seul, en vous servant, pour le secret, du chiffre immédiat dont milord Maréchal se sert avec moi.
C'est donc en conséquence que vous commencerez à me faire en détail le caractère de M. de Saint-Contest. Puis, vous me marquerez ce qui se passe présentement dans l'affaire qui regarde les démêlés entre la France et l'Angleterre par rapport aux prises maritimes qui ont été faites à l'occasion de la dernière guerre. De plus, si l'Espagne commence à se rapprocher à la France par rapport à leurs intérêts communs et à cette étroite intelligence qui régnait autrefois entre elles, ou si le refroidissement continue; si la cour de Turin revire vers la France; ce qui se traite avec les Hollandais; les caractères des ministres des cours étrangères et quels sont leurs partisans, et combien ils sont goûtés à la cour; tous les arrangements militaires qui se font de temps en temps en France, tant par rapport à ses forces terrestres que maritimes; les personnes les mieux écoutées du Roi; si la favorite penche du côté de l'Angleterre ou du côté du parti lorrain; s'il y a des intrigues à ce sujet, et qui sont ceux qui ont principalement sa confiance; enfin, toutes autres pareilles anecdotes et faits intéressants qui peuvent mériter ma curiosité, dont vous me marquerez les détails, au sujet desquels vous vous modèlerez sur les rapports que feu baron Le Chambrier me fit régulièrement par rapport à ce qui se passait là-bas, et dont apparemment vous trouverez les minutes entre les papiers qu'il a laissés.
Tout ceci servira non seulement à me tenir en une certaine connexion des choses qui se passent en France, mais encore à vous former et vous routiner dans les affaires, afin que vous puissiez remplir dignement un jour les postes auxquels je vous destine; c'est pourquoi vous vous appliquerez soigneusement, afin de pouvoir me faire ces rapports d'une manière détaillée et judicieuse, ce que vous ferez cependant sous les yeux et la direction de milord Maréchal, que vous ne laisserez de consulter en ceci et de vous former par là sous ses yeux aux grandes<176> affaires, bien que je désire que vous me fassiez régulièrement par semaine un de ces rapports sous votre signature.
Federic.
Nach dem Concept.
6130. AN DAS DEPARTEMENT DER AUSWÄRTIGEN AFFAIREN.
Podewils und Finckenstein berichten, Berlin 7. December: „Le sieur de Wulfwenstjerna nous est venu voir pour communiquer à Votre Majesté par ordre de sa cour les mêmes nouvelles dont le baron de Hœpken a fait part au sieur de Rohd176-1 … touchant les desseins pernicieux que les deux cours impériales paraissent avoir formés contre Votre Majesté, par la demande qu'elles ont faite à l'Angleterre de fournir un subside de 500,000 livres sterling pour l'entretien de 60,000 Russes, qui doivent, suivant ces avis, attaquer en suite les Etats de Votre Majesté du côté de la Prusse, tandis que l'Impératrice-Reine en ferait autant à l'égard de la Silésie, et les promesses que le roi d'Angleterre leur a données là-dessus de vouloir faire tout son possible d'engager pour cet effet le nouveau Parlement à un traité de subsides, en lui faisant envisager la nécessité d'un pareil engagement par l'intérêt que la nation anglaise devait prendre à l'affaire des prises maritimes.“ | Potsdam, 8. December 1753. Man muss ihm deshalb ein obligeantes Compliment von Meinetwegen machen; sehr lieb aber würde es Mir sein, wenn er es auch an den Chevalier de La Touche sagen wollte. |
Mündliche Resolution. Nach Aufzeichnung des Cabinetssecretärs,
6131. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION HELLMUTH- BURCHARD DE MALTZAHN A STOCKHOLM.
H. B. von Maltzahn berichtet, Stockholm 27. November: „La Reine me demanda comment j'étais avec l'ambassadeur de France, si j'avais sa confiance, ou s'il paraissait que je ne serais pas mieux avec lui que le sieur de Rohd. Je lui répondis que, pour sa confiance, je ne pouvais pas m'en flatter jusqu'ici, mais que j'espérais cependant que je serais assez bien avec lui. La Reine me dit là-dessus qu'elle me priait de faire tout mon possible pour avoir sa confiance. Je répliquai que je ferais tous mes efforts pour me mettre d'autant plus en état de lui pouvoir être utile. Je | Potsdam, 11 décembre 1753- J'ai reçu vos dépêches du 27 du mois dernier. Je me persuade que ce que la Reine, ma sœur, vous a demandé par rapport à ce que vous deviez faire tout votre possible pour avoir la confiance de M. d'Havrincourt, est entièrement conforme à ses intentions, au moins crois-je que c'est à tous égards conforme à ses vrais intérêts; ce que je ne vous dis cependant que |
crois avoir gagné un point par ceci, puisque maintenant la Reine, bien loin de prendre ombrage des liaisons que je prendrais avec l'Ambassadeur, ne pourra les prendre que comme une suite de ce qu'elle a bien voulu me prescrire ellemême.“ | pour votre direction seule. Au surplus, si vous pouvez vous prendre adroitement avec ce ministre pour lui inspirer des sentiments de modération à l'égard de la cour où vous êtes, vous rendrez à la Reine, ma sœur, également qu'à moi, un service essentiel. Vous remercierez bien obligeamment le baron de Hœpken des communications confidentes qu'il veut bien me faire de ce qui lui revient de Londres touchant ce qui m'en peut intéresser. Federic. |
Nach dem Concept.
6132. AN DEN ETATSMINISTER GRAF PODEWILS IN BERLIN.
Podewils berichtet, Berlin 10. December, über die Antwort des französischen Ministers La Noue an den Chevalier de La Touche:177-1 „Que le Duc Régnant était sensible au dernier point aux attentions gracieuses de Votre Majesté par rapport au prince Louis son frère, qu'il savait que ce dernier avait eu ces idées-là il y a trois ou quatre mois, mais qu'il lui paraissait entièrement revenu de ce dessein, que le Duc reconnaissait comme entièrement contraire et incompatible avec les véritables intérêts de sa maison, de sorte qu'il se flattait toujours d'en détourner ce Prince, en cas que la même idée devrait lui revenir; que le ministère de Würtemberg pensait de même, surtout le sieur de Hardenberg, qui avait le plus de crédit auprès du Duc, et sur lequel le sieur de La Noue croit pouvoir compter comme sur un ministre bien intentionné.“ | Potsdam, 11. December 1753. Es ist recht sehr gut; weiter verlange Ich nichts, als nur dass der Herzog von der Sache informiret sei, das übrige überlasse ihm lediglich zu seinem eigenen Gefallen und Gutfinden. |
Mündliche Resolution. Nach Aufzeichnung des Cabinetssecretärs.
6133. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Potsdam, 11 décembre 1753.
Le rapport que vous m'avez fait du 27 dernier, m'a été bien rendu. Comme il en paraît que le ministère anglais ne voudrait plus entendre aucune proposition par rapport à un accommodement à faire sur nos différends et qu'il veut prendre des arrangements subsidiaires avec la<178> Russie, il faut bien les laisser faire; mais ce que je souhaiterais de vous, c'est que vous tâchiez de pouvoir m'informer exactement de ce que ce ministère pense de faire par ses arrangements subsidiaires avec la Russie, s'il veut procéder à la suite et en conséquence de ces arrangements à l'offensive et à user des représailles injustes contre moi et mes sujets, ou s'il veut se tenir à la défensive. Comme c'est un article qui m'importe, j'espère de votre fidélité reconnue envers moi que vous vous orienterez à fond sur ce point et m'en informerez de la manière la plus naturelle et de façon que j'y puisse tabler.
Federic.
Nach dem Concept.
6134. AU BAILLI DE FROULLAY A PARIS.
Der Bailli de Froullay178-1 meldet, Fontainebleau 22. November: „J'exécutai hier dans une audience secrète et sans témoin ce dont Votre Majesté m'avait chargé pour le roi de France. Sa Majesté Très Chrétienne m'ordonna de vous assurer, Sire, de sa sensibilité et d'un sincère retour de sa part. Si Votre Majesté daigne agréer les hommages du cœur, je Lui présenterai avec confiance ceux d'attachement, de reconnaissance et d'admiration dont je suis pénétré pour Sa personne.“ | Potsdam, 14 décembre 1753. J'ai reçu votre lettre avec un vrai plaisir. Je ne doutais pas que vous ne vous acquittassiez exactement de la commission dont je vous avais chargé, et que vous ne rendissiez fidèlement au roi de France les sentiments que j'ai pour lui, et dont je vous avais fait part; je suis persuadé de la sincérité de son retour à mon égard. Je vous remercie de l'attachement que vous me témoignez dans votre lettre et je puis vous assurer que je conserverai toujours pour vous l'estime que vous méritez par la droiture de votre cœur et les agréments solides de votre esprit. Sur ce, je prie Dieu etc. Federic. |
Nach dem Concept.
6135. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A DRESDE.
Potsdam, 15 décembre 1753.
J'ai appris avec bien de la satisfaction les particularités intéressantes que vous m'avez marquées par vos deux dernières dépêches178-2 et que vous avez puisées de votre canal secret. Songez de continuer au possible à me bien informer là-dessus, et, si le temps et les circonstances le veulent permettre, tâchez de prendre des copies in extenso ou au moins des extraits circonstanciés des dépêches que vous trouverez les plus importantes,178-3 afin de pouvoir me les envoyer un jour, quand une occasion pour le faire avec toute sûreté s'y présentera.
<179>Au reste, je vous ferai instruire au premier jour [de] ce que vous direz au Nonce179-1 par rapport aux insinuations qu'il vous a faites touchant le nouveau règlement qui a été publié en Silésie regardant le clergé.
Federic.
Nach dem Concept.
6136. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Potsdam, 15 décembre 1753.
Je m'étonne que, selon votre rapport du 30 du mois dernier, le dernier ordinaire ne vous ait apporté la dépêche que je vous ai faite du 20 dudit mois,179-2 dont je ne comprends pas bien la raison, vu que régulièrement elle aurait dû vous être rendue par la susdite ordinaire. Quant à celle que vous m'avez faite du 30, [je vous avoue] que j'ai ignoré parfaitement jusqu'ici ce que vous m'avez marqué au sujet des dernières dépêches du sieur Porter arrivées à Londres,179-3 de sorte que je vous en sais bien du gré et que je serai bien aise que vous tâchiez de plus approfondir encore ces nouvelles, pour m'en faire votre rapport.
Je souhaiterais d'ailleurs que vous tâchiez à pénétrer de bonne heure combien le ministère là-bas voudrait bien demander de subsides du nouveau parlement, quand on l'aura assemblé, pour en donner à la Russie.
Federic.
Nach dem Concept.
6137. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Lord Marschall von Schottland berichtet, Paris 30. November: „J'ai enfin vu M. de Saint- Contest lundi dernier et je me suis acquitté des représentations que Votre Majesté m'a ordonné de lui faire parvenir par Ses lettres immédiates des 2, 6 et 8 de ce mois … M. de Saint-Contest me répliqua qu'il ne saurait croire que la cour de Vienne voulût s'exposer à brusquer ainsi l'élection, parceque'une pareille démarche donnerait lieu à une scission dans l'Empire, et que Votre Majesté conjointement avec l'Électeur palatin et celui de Cologne protesteraient en pareil cas contre la validité de l'élection, ce qui ne ferait point un événement indifférent; que cependant il adoptait l'opinion de Votre Majesté, et qu'il était prêt à écrire en conformité à | Potsdam, 15 décembre 1753. J'ai reçu à la fois les dépêches que vous m'avez faites du 30 du mois dernier et du 3 du courant, dont j'ai été très satisfait, par tout le détail que vous m'avez marqué de la manière que je l'ai souhaité, et qui m'a mis parfaitement au fait sur des affaires bien intéressantes dont j'avais très besoin d'être exactement instruit. Quant à celle de l'élection d'un roi des Romains, vous direz à M. de Saint-Contest que je convenais que c'était un point très |
l'Electeur palatin, mais, afin qu'il fût autorisé d'ouvrir un pareil avis qui était totalement opposé aux exhortations qu'on avait faites jusqu'à présent au ministère de Manheim, il serait nécessaire que Votre Majesté m'envoyât une lettre ostensible pour lui, attendu qu'il faudrait entrer en négociation là - dessus avec l'électeur de Cologne et se concerter avec ce Prince en conséquence. Je ne dois point, au demeurant, cacher à Votre Majesté que j'ai sujet de présumer que M. de Saint - Contest demande cette lettre non seulement pour en faire usage vis-à-vis de la cour de Cologne, mais aussi pour sa propre justification dans le Conseil, où il est contrecarré en tout avec beaucoup d'animosité par le comte d'Argenson et son parti, et où, pour faire passer un pareil avis, il aura besoin d'être étayé de l'autorité de Votre Majesté. Du reste, il ajouta qu'il prévoyait un inconvénient qui pourrait bien s'ensuivre, si on laissait à l'Électeur palatin la liberté de conclure son accommodement avec la cour de Vienne, avant qu'elle lui eût payé la somme qui lui était stipulée, parceque ce payement était une amorce dont on pourrait se servir ensuite pour détacher ce Prince de la France, et qu'en pareil cas on lâcherait et on resserrerait à Vienne les cordons de la bourse proportionnellement aux dispositions dans lesquelles on y trouverait la cour palatine. Après que M. de Saint-Contest se fut ainsi entretenu avec moi sur les différents expédients proposés par Votre Majesté pour contenir le roi d'Angleterre et ses alliés, il me dit qu'il était très persuadé que ce Prince n'avait nulle envie d'attaquer Votre Majesté, et que le voyage qu'il méditait de faire dans ses États héréditaires lui en paraissait être une preuve évidente, parcequ'il n'était point vraisemblable qu'il voulût s'exposer à s'en faire chasser. Que ce qu'il appréhendait le plus, comme il me l'avait déjà dit plusieurs fois, était qu'on ne saisît par représailles quelque vaisseau portant pavillon de Votre Majesté. Je me servis de cette occasion pour lui représenter combien il importait de prévenir une pareille démarche et renouer la négociation qui était suspendue depuis | délicat à ménager. Que, si l'on était assuré que la cour de Vienne, de concert avec le roi d'Angleterre, appuyés par les forces de Russie, voudraient brusquer l'élection, alors mon avis serait qu'on tâchât d'accommoder de bonne grâce l'affaire du Palatin, pour prévenir tout inconvénient. Mais que, si ce n'était point, aussi, l'intention de la cour de Vienne, et qu'elle ne voulût pas s'exposer, comme M. de Contest paraît être persuadé, à brusquer ainsi l'élection, j'avouais que la démarche de conseiller à l'Électeur palatin d'accepter les conditions que la cour de Vienne lui offrait, et de conclure son accommodement, serait précipitante, puisqu'il était sûr que par l'amorce du payement de la somme qu'on stipulerait à l'Électeur, on l'entraînerait pas à pas à se conformer à toutes les volontés de la cour de Vienne et à quitter ses anciens amis. Qu'ainsi j'étais d'accord avec M. de Contest que l'on ne faudrait point se précipiter dans une affaire de pareille conséquence, mais attendre jusqu'à ce qu'on saurait voir plus clair sur les intentions des deux susdites cours, pour prendre alors une résolution convenable aux conjonctures. Vous direz d'ailleurs confidemment de ma part à ce ministre que, selon des avis secrets que j'avais eus en dernier lieu, le ministère anglais était bien résolu à donner une somme d'argent en subsides à la Russie, mais qu'il ne s'était encore point décidé sur la somme qu'on voudrait offrir; que la Russie demandait des sommes énormes, et que le ministère anglais n'en |
quelque temps, pour tâcher de moyenner au plus tôt un accommodement entre Votre Majesté et l'Angleterre. Il me dit que je n'ignorais pas qu'on avait rejeté à Londres tous les expédients qu'on avait proposés jusqu'à présent, et qu'il n'en avait pu imaginer aucun encore qui lui eût paru praticable, quoiqu'il eût combiné de différentes façons les ouvertures que Votre Majesté avait faites à la France à ce sujet,181-1 mais qu'il y avait environ une quinzaine de jours qu'il avait fait une tentative auprès de milord Albemarle pour exciter la cour d'Angleterre de continuer la négociation qu'elle avait commencée. Qu'en parlant à cet ambassadeur de l'accommodement qui venait d'être conclu entre Votre Majesté et la Saxe,181-2 il avait ajouté par manière de conversation que l'Angleterre devrait aussi chercher à terminer une fois ses différends avec la cour de Prusse, d'autant plus qu'il n'est question que d'une bagatelle de 100,000 écus ou environ. Sur quoi milord Albemarle lui avait répondu qu'il y avait longtemps que sa cour ne lui avait rien écrit sur ce sujet. Ce ministre croit donc qu'avant de se porter à aucune nouvelle démarche, il sera bon d'attendre quel succès aura cette insinuation, et de voir si l'Angleterre jugera à propos d'en profiter pour renouer sa négociation.“ | voudrait donner que de médiocres, de sorte qu'on n'était point du tout d'accord sur cet article. Qu'en second lieu j'avais appris que la cour de Vienne tâchait de décliner la garantie des États d'Hanovre que le roi d'Angleterre lui avait demandée, en ce qu'elle regardait trop éloignés ces États pour pouvoir les soutenir efficacement,181-3 et qu'en troisième lieu le roi de Pologne, comme électeur de Saxe, demandait au préalable de son accession aux liaisons étroites que les deux cours impériales et l'Angleterre voulaient prendre, que le roi d'Angleterre y accédât comme électeur, et que d'ailleurs la Saxe fût satisfaite de ses prétentions pécuniaires à la charge de la cour de Vienne,181-4 à quoi celle-ci ne voudrait guère entendre. Qu'ainsi les partis n'étaient point d'accord encore entre eux, et que je croyais en conséquence que nous n'avions point lieu encore de nous presser à l'égard de l'Électeur palatin. Qu'au surplus je serais extrêmement attentif sur tout ce qui se passerait par rapport aux négociations entre les susdites cours et ne laisserais point d'en avertir la France, dès que j'en saurais quelque chose de plus précis. Pour ce qui regarde mes différends avec l'Angleterre, je croyais qu'à moins qu'il n'y eût pas moyen d'accommoder cette affaire dans le cours de cet hiver, l'intention des ministres anglais se découvrirait à l'ouverture du nouveau Parlement qu'on assemblerait dans le mois d'avril de l'année qui vient, et qu'on verrait clair alors sur les vraies intentions du roi d'Angleterre en ceci. Quant aux Turcs, je vous renvoie à l'extrait ci-clos, pour vous informer de ce que de bonnes lettres de Londres181-5 viennent de m'apprendre, dont vous pourrez faire usage auprès de M. de Contest, quoique seulement de bouche et sans lui communiquer l'extrait. |
Vous y ajouterez, bien que dans la dernière confidence, que je suis informé de très bonne main que les deux cours impériales ont changé l'article secrétissime du traité de Pétersbourg qui regardait leurs stipulations particulières pour s'assister mutuellement dans le cas de guerre contre la Porte, en convention qui étend à perpétuité les engagements défensifs des deux cours impériales contre ladite Porte, qui par l'article secrétissime étaient restreints au temps du traité de Pétersbourg. L'on m'ajoute que cette convention venait d'être signée et ratifiée depuis peu de semaines entre les deux parties contractantes. Quoique je me sois donné jusqu'ici bien des mouvements pour m'emparer d'une copie authentique du susdit article secrétissime, il m'a été impossible d'y réussir;182-1 si cependant j'en aurai encore, je ne manquerai pas de la communiquer à M. de Contest, pour qu'il avise s'il en pourra faire usage en l'envoyant au ministre de France à la Porte. Au reste, tel que soit le succès de la négociation de la France à la Porte, je suis bien persuadé que le seul avis qu'on en a, fera assez d'impression sur ceux du parti de la ligue. Je finis en vous marquant que le prince Ferdinand de Brunswick a laissé, en partant de Copenhague, le roi de Danemark dans une assez bonne disposition, de sorte qu'il y a de l'espérance de pouvoir parvenir à un traité d'amitié entre moi et lui, dès que l'affaire de la comtesse de Bentinck sera arrangée, à quoi j'apporterai toutes les facilités pour pouvoir convenir alors dudit traité d'amitié, dans lequel je me contenterai de peu de choses.182-2 Vous ferez part de ceci à M. de Contest, en le priant cependant de vouloir bien m'en garder un secret absolu. Au reste, le zèle et l'attachement que je vous connais pour ma personne et pour mes intérêts, me font espérer que vous voudriez bien continuer au poste où vous êtes et vous y conserver au moins jusqu'au temps que les grandes affaires se seront éclairées et que le roi d'Angleterre sera de retour en Angleterre du voyage qu'il médite de faire l'année prochaine à Hanovre. Federic. |
Extrait.
Le sieur Porter nous mande par ses dernières lettres arrivées de Constantinople ici le 20 de novembre, que le ministre de France s'intriguait beaucoup à engager la Porte à prendre quelque parti en faveur du système de sa cour relativement aux affaires de l'Europe. Que<183> Porter n'avait pas pu découvrir encore jusqu'à quel point ces insinuations avaient fait impression sur les ministres de la Porte, mais qu'il travaillerait de son mieux pour tirer au clair cette affaire. Qu'il serait plus à même d'y réussir d'abord qu'il serait secondé par le nouveau ministre que la cour de Vienne envoyait là.183-1
Nos ministres affectent de ne pas paraître inquiets sur cet avis; ils s'expliquent à leurs amis qu'ayant prévu que la France ne manquerait pas de donner de fausses couleurs aux arrangements que l'Angleterre pensait de prendre avec la Russie, ils avaient eu soin d'envoyer des instructions à Porter pour qu'il fût à même de détailler aux ministres de la Porte les véritables motifs de cette démarche, qui n'était que défensive et ne tendait qu'à mettre l'Angleterre et ses alliés dans une situation respectable.
Malgré tout ce langage, nous nous apercevons aisément que, si la France pouvait engager les Turcs à prendre quelque résolution en faveur de son système, cela déconcerterait furieusement les projets de nos ministres et ceux des deux cours impériales lesquelles exécuteront sûrement leurs arrangements, à moins de pareils incidents.
Nach dem Concept.
6138. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Klinggräffen berichtet, Wien 5. December: „Il faut que je me sois mal expliqué, puisque je vois que Votre Majesté pense183-2 que cette cours-ci tâche de décliner la garantie de la Saxe, parcequ'elle est trop exposée; mais c'est pour celle des États d'Hanovre qu'elle n'est pas trop empressée, puisqu'on les regarde pour trop exposés et qu'on fait une différence entre les États d'Hanovre et la Saxe, quoiqu'également exposés, en ce qu'on peut porter plus facilement secours à la dernière qu'aux premiers. En attendant, la Saxe persiste encore à ce que le roi d'Angleterre accède comme électeur, et sur la satisfaction de ses prétentions d'ici,183-3 sur quoi cependant on ne paraît pas encore plus avancé que par le passé, il y a quelques mois.“ | Potsdam, 15 décembre 1753. Selon ce que vous me marquez par le post-scriptum de votre dernier rapport, et ce que d'autres avis qui me sont revenus, confirment, les parties intéressées au traité de Pétersbourg ne doivent point être d'accord encore par rapport à leurs différentes vues. Il est singulier que la cour de Vienne voudrait que ses alliés sacrifiassent tout pour elle, qui ne veut rien faire à leur égard. Je suis cependant persuadé qu'elle aimerait bien de brouiller les cartes pour parvenir à ses desseins contre moi; c'est aussi pourquoi vous ne vous laisserez point endormir par les propos que le campement à assembler en Bohême183-4 n'aurait pas lieu, vu la trop grande cherté des vivres. |
Je vous sais gré de l'explication que vous m'avez donnée par rapport à la différence que la cour de Vienne fait entre les États d'Hanovre et de Saxe. Au surplus, comme on m'a dit que les gazettes publiques annoncent la marche d'un corps de troupes autrichiennes de 20,000 hommes vers l'Italie, je voudrais savoir au moins ce que vous en savez; car, pour moi, supposé que la chose fût vraie, je ne comprendrais pas d'où la cour de Vienne tirerait ces troupes, ni à quel usage elle les voudrait employer en Italie. Federic. |
Nach dem Concept.
6139. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION HELLMUTH- BURCHARD DE MALTZAHN A STOCKHOLM.
Potsdam, 15 décembre 1753.
J'ai bien reçu le rapport que vous m'avez fait du 30 du mois dernier, qui m'a fait plaisir par les anecdotes différentes dont vous m'avez instruit. Il est sûr et avéré que la cour d'Hanovre a fait des tentatives à celle de Copenhague pour entraîner celle-ci à des engagements préjudiciables à mes intérêts, et je sais que cela a été le principal objet de la mission du sieur de Wedell à Copenhague; mais je suis aussi informé que ce projet a échoué et que le roi de Danemark a refusé tout engagement de cette sorte.
Je suis bien aise que le ministre de France continue de vous marquer sa confiance,184-1 aussi devez-vous la ménager et cultiver avec cette prudence qu'il faut employer là où vous êtes. Je souhaiterais seulement que vous puissiez disposer M. de Havrincourt, et que vous vous y emploieriez vous-même, autant que les circonstances le permettent, à ce que la nouvelle tracasserie qui s'est élevée entre la Suède et le Danemark en Norwège par rapport à un passage sur des lacs situés sous la domination suédoise, où les Norwégiens danois ont transporté jusqu'à présent leur bois, et que la Suède a fait interdire à ceux-ci, pour des contrebandes en bois que les Norwégiens suédois y faisaient, étant aidés par ceux des Danois, fût assoupie ou amiablement composée, parceque le roi de Danemark a paru prendre fort à cœur cette affaire, qui, selon lui, est arrivée, et l'interdit publié, dans le temps qu'il avait songé à remédier à cet abus.
Federic.
Nach dem Concept.
6140. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 18 décembre 1753-
Je n'ai aujourd'hui rien à vous dire de nouveau, en accusant la bonne réception de votre rapport du 9 de ce mois, les choses se trou<185>vant encore sur le même pied qu'elles ont été jusqu'ici, les Russes demandant de gros subsides et les Anglais n'en offrant que de médiocres, et il n'y aura guère moyen, je pense, de développer avec précision le pli que prendra la négociation sur ces subsides, avant que le roi d'Angleterre n'aura assemblé son nouveau Parlement.
Federic.
Nach dem Concept.
6141. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 22 décembre 1753.
Nous ne sommes point informés encore du succès que la négociation entre l'Angleterre et la cour de Russie a eu jusqu'à présent; tout ce que nous en savons, c'est qu'il n'y a rien encore convenu là-dessus, que la Russie voudrait avoir de forts subsides et que les Anglais les voudraient marchander à fort bon prix. L'on vient même de m'assurer185-1 que le sieur Guy Dickens, ayant reçu son courrier à Moscou avec la réponse de sa cour au projet de la convention que les ministres de Russie lui avaient donné, n'a pas osé la communiquer au chancelier Bestushew, se flattant de recevoir par un nouveau courrier une réponse plus favorable de sa cour.
Pour ce qui regarde le camp à former en Bohême,185-2 je m'imagine que la cour où vous êtes ne voudra guère s'en mettre en grands frais, à moins qu'elle ne sache d'accord le roi d'Angleterre avec la Russie. Enfin, l'on peut conclure de tout ceci que le projet de nouvelles liaisons est fait, mais que les sentiments sont bien éloignés encore par rapport aux sommes.
Au surplus, bien qu'il soit vrai que la guerre ne convient point encore à la Reine-Impératrice et qu'il lui faille opter préalablement la paix, cependant il ne faut point douter qu'elle ne regarde la conjoncture trop favorable à ses desseins pour qu'elle ne voudrait pas y sacrifier ses autres intérêts. Ce qui doit vous rendre bien attentif sur toutes les menées de cette cour et sur les moindres arrangements qu'elle prend, même en voulant les dérober à la connaissance publique.
Quant à la négociation en Hollande touchant la vente de mes do maines,185-3 j'espère qu'en conséquence des dernières instructions que j'ai données à mes commissaires, votre ami sera content, et me persuade d apprendre au premier jour que l'affaire que je désire sérieusement, sera finie et le traité signé, où alors votre ami ne sera point oublié.
Federic.
Nach dem Concept.
<186>6142. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Potsdam, 22 décembre 1753.
J'ai bien reçu les dépêches que vous m'avez faites du 4 et du 7 de ce mois, et vous sais bien du gré de la manière ouverte et précise dont vous m'avez représenté tout au naturel la façon présente de penser du ministère anglais par rapport à mes différends au sujet des prises maritimes.
Quelque envie que j'aie eue et que je conserverai encore de m'accommoder aimablement avec l'Angleterre sur ces différends, néanmoins, de la façon que vous dites qu'on prétendrait que je m'y prisse,186-1 ne pensez pas que j'y entrerai jamais; aussi, indépendamment du secret que je vous ai enjoint de ce que j'ai voulu savoir de vous là-dessus, je vous ordonne que vous devez garder là où vous êtes un profond silence sur toute cette affaire-ci et n'en parler plus du tout.
Selon que je m'imagine, il faut que le ministère anglais ait actuellement pris sa résolution. S'il s'est déterminé pour le parti de violence et de la guerre, toute proposition d'accommodement qu'on lui ferait, serait gratuite et même préjudiciable, en augmentant sa fierté. Si, au contraire, il n'est point porté pour le parti violent, il faut attendre qu'il revienne de la déclaration hautaine qu'il a faite en dernier lieu aux ministres de France à ce sujet, et que peut-être il s'avise de lui-même à écarter de son chemin cette affaire à la vérité de très peu d'importance, mais qui ne laisse, malgré cela, de lui causer des inconvénients par rapport aux suites. Enfin, mes sentiments resteront toujours justes et équitables, mais aucune considération humaine ne me fera ramper et parvenir à des bassesses.
Au surplus, je suis bien fâché que l'état délabré en quelque façon de la caisse de légation ne me permette pas que je puisse vous marquer toute l'étendue de la reconnaissance que j'ai des fidèles services que vous m'avez rendus, et du zèle que je reconnais en vous pour mes intérêts; cependant, pour vous en donner quelque marque au moins, je viens de donner mes ordres à ladite caisse qu'à compter du 1er de janvier qui vient, vous devez en tirer une augmentation de 400 écus par an, en attendant que je saurais m'arranger pour vous soulager au delà encore.
Federic.
Nach dem Concept.
6143. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Lord Marschall von Schottland berichtet, Paris 7. December: „Je me suis rendu mardi dernier186-2 à Versailles pour m'entretenir avec M. de Saint-Contest | Potsdam, 22 décembre 1753. Après avoir appris par votre dépêche du 7 la façon dont M. |
sur le contenu des dépêches de Votre Majesté des 17 et 20 du mois passé.187-1 Mais n'ayant pas voulu manquer de faire ma cour au Roi, qui a été indisposé pendant plusieurs jours d'une petite fièvre de fluxion, j'ai chargé le baron de Knyphausen de parler à M. de Saint-Contest à ma place. Ce ministre a été fort aise d'apprendre qu'on eût substitué un autre mot à la place de celui d'étrange187-2 qu'on avait employé dans le projet du mémoire que Votre Majesté Se propose de faire remettre à Londres par le sieur Michell, lorsqu'il fera usage de la réplique qui a été communiquée à la cour de France en dernier lieu. Il ne saurait se décider sur le temps qui sera le plus propre pour présenter ces deux pièces au ministère britannique, parceque ce choix dépend de certaines combinaisons que personne ne saurait faire avec autant de sûreté que ceux qui se trouvent sur les lieux et qui sont à portée par conséquent de juger des dispositions du ministère et de la nation et de profiter des changements qui y peuvent arriver d'un moment à l'autre. Il croit donc que Votre Majesté ne saurait mieux faire que de Se rapporter, à ce sujet, au jugement du sieur Michell, qui pourrait se concerter là-dessus avec le duc de Mirepoix et remettre ces deux pièces de la manière qu'ils croiront être la plus favorable à la cause et aux intérêts de Votre Majesté. Quant à ce qui concerne l'opinion dans laquelle Elle Se trouve qu'il sera à propos de profiter à cette occasion pour renouer avec le ministère d'Angleterre la négociation qui est suspendue depuis quelque temps, M. de Saint-Contest n'est nullement porté pour cet avis, quoiqu'il soit résigné d'ailleurs à en agir comme Votre Majesté voudra. L'objection principale qu'il oppose à cette démarche, est que, tous les expédients que Votre Majesté a suggérés pour porter la France à accommoder ce différend, ayant été épuisés, et l'Angleterre les ayant rejetés tous, sans avoir témoigné le moindre penchant pour aucun,187-3 on s'attirerait infailliblement un refus en renouvelant les mêmes propositions et augmenterait la roideur et la | de Contest pense sur l'affaire de mes différends avec l'Angleterre, je veux bien revenir à son sentiment pour ne point faire de nouvelles démarches par rapport à quelque accommodement, jusqu'à ce que peut-être le ministère anglais fait remarquer plus de docilité à écarter cette pierre d'achoppement. Je suis d'autant plus déterminé de laisser aller ces affaires le train qu'elles voudront prendre et aussi bien que mal qu'elles peuvent, que mes lettres de Londres m'assurent que, quoique les ministres anglais seraient charmés de n'avoir plus ces différends sur les bras, et qu'une partie d'entre eux ne se soit livrée qu'avec répugnance aux arrangements des subsides à offrir à la Russie, malgré cela ils voudraient, dans les circonstances présentes peu favorables, ne point faire marcher d'un pas égal mes prétentions avec la levée de l'arrêt mis sur la dette de Silésie, mais exiger celle-ci pour préalable et prétendre qu'elle n'a rien de commun avec mes prétentions et que la légalité des tribunaux anglais n'en souffrait pas. Ce qui me confirme dans l'intention de laisser couler doucement cette affaire et prendre tel train qu'il pourra. Quant au nouvel expédient que M. de Contest voudrait que je fournisse à la France pour reprendre le fil de la négociation sans affectation et avec espérance de succès, j'avoue qu'après tous ceux que j'ai suppédités dans mes dépêches antérieures que je vous ai faites, je |
fierté du ministère britannique, qui ne manquerait pas d'attribuer un pareil empressement à des motifs pernicieux pour les intérêts de Votre Majesté et qui, dès lors, deviendrait moins traitable que jamais. Il voudrait donc que Votre Majesté voulût fournir quelque nouvel expédient à la France d'où elle puisse prendre prétexte de reprendre le fil de sa négociation sans affectation et avec espérance de succès. Il ne se présente aucun à son esprit dont il puisse se flatter qu'il convienne aux deux parties, et il croit d'ailleurs que personne ne saurait mieux réussir dans ce choix que Votre Majesté, non seulement par l'effet de Sa sagacité et de la supériorité de Ses lumières, mais aussi parcequ'Elle sait mieux qu'aucun autre comment et jusqu'à quel point Elle veut Se relâcher sur Ses droits. Il croit être sûr, au reste, que l'Angleterre ne se portera point à des extrémités et qu'elle n'a aucune envie d'enfreindre la paix et d'entreprendre une nouvelle guerre, qui — a-t-il ajouté — deviendrait bientôt générale en vertu des engagements qui subsistent entre le roi de Prusse et ses alliés. Il n'attribue même les ostentations que la Russie fait depuis quelque temps, à l'instigation de l'Angleterre, qu'à la peur qu'a le roi d'Angleterre que Votre Majesté ne tombe sur ses pays héréditaires en haine des différends qu'Elle a avec lui, et il conjecture que son but est uniquement de La contenir par là et non de L'attaquer.“ | n'en connais point de nouveau. Vous vous souviendrez que j'ai offert de payer préalablement le reste de la dette de Silésie avec ses intérêts et de me contenter, si après l'on payait à mes sujets lésés, soit publiquement soit sous main, la somme de 80,000 écus, que j'avais réduit à ceci comme mon ultimatum.188-1 Vous n'ignorez pas qu'en après encore188-2 je m'étais offert de mettre en dépôt toute la somme de la dette de Silésie qui reste à ma charge, à la France, pour qu'elle en agisse, selon qu'elle le trouverait convenable et conformément à ma dignité. Si tous ces moyens, à ce que M. de Contest vient de vous assurer, ont été proposés à l'Angleterre, et qu'elle les a rejetés tous, sans avoir témoigné le moindre penchant, comme il dit, pour aucun, j'avoue que je me trouve épuisé pour pouvoir en fournir de nouveaux. Au surplus, je me tranquilliserai d'autant plus aisément en ne faisant plus de démarche envers l'Angleterre, si elle, à ce que M. de Contest paraît être assuré, ne se veut point porter à des extrémités et qu'elle n'a aucune envie de rompre la paix. A cette occasion, je ne veux point vous cacher que je viens d'apprendre de fort bon lieu188-3 que, quand le sieur Guy Dickens à Moscou a reçu son courrier avec la réponse de sa cour sur le projet de la convention à faire que les ministres de Russie lui avaient donné, il a trouvé cette réponse, avec les sommes des subsides que l'Angleterre voudrait offrir, si peu satisfaisante aux ministres de Russie qu'il n'a pas osé d'en parler au chancelier Bestushew, et que, de concert avec le ministre autrichien Pretlack, il a pris sur soi d'attendre de nouvelles instructions de sa cour; anecdote que vous communiquerez confidemment à M. de Contest, en lui demandant le secret, avec qui vous vous entretiendrez |
d'ailleurs sur tout ce que cette ma dépêche contient, pour pouvoir m'en faire votre rapport. Federic. |
Nach dem Concept.
6144. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A DRESDE.
Potsdam, 23 décembre 1753.
La dépêche que vous m'avez faite du 18 de ce mois, m'a été fidèlement rendue par l'exprès auquel vous l'aviez confiée, et je vous sais un gré infini de la pièce importante que vous y avez jointe,189-1 qui ne saura que m'être d'une grande utilité et me servir de direction dans bien des affaires. Tout ce qui m'intéresse à présent, c'est de savoir comment cette pièce a été reçue de la part du ministère de Russie, et quel en a été le succès de la négociation du sieur Guy Dickens. C'est pourquoi vous tâcherez d'être bien informé par notre canal de ce qui en est revenu à la cour où vous êtes par ses dépêches de Russie, et, dès que vous en aurez des informations précises, vous ne manquerez de me les faire parvenir le plus tôt le mieux par des voies bien sûres.
Pour ce qui regarde les représentations que le comte de Loss vous a faites par rapport aux disputes qui subsistent entre les possesseurs des terres de Schcenefeld et de Schidlo, j'ai ordonné à mes ministres de vous instruire tout en détail sur les vraies circonstances de ces disputes, qui ne laisseront pas de causer toujours de grands embarras, à moins qu'on ne prête la main de deux côtés que ces deux terres soient réunies, tout comme elles ont été de tout temps autrefois, sous un même possesseur, où alors toutes les disputes embarrassantes tomberont d'elles-mêmes.
Je ne saurais qu'applaudir parfaitement à la réponse que vous avez donnée au sieur Saul, quand il vous a été envoyé pour vous prévenir sur les précautions que le comte de Brühl a prises pour empêcher les mauvaises opérations des sujets saxons touchant les billets de la Steuer; aussi déclarerez-vous nettement à ce premier ministre que nous exécuterons fidèlement nos engagements pris à ce sujet, sans user d'aucunes mauvaises chicanes, mais que nous nous attendions d'un parfait retour de leur part, et que je me promettais qu'ils n'agiraient que droitement en ceci et conformément à la bonne foi et à l'équité.
Federic.
Nach dem Concept.
<190>6145. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 23 décembre 1753.
Je vous avais déjà prévenu, quoique assez vaguement, par ma dépêche d'hier combien le ministre anglais à Moscou, le sieur Guy Dickens, avait été embarrassé de la réponse que son dernier courrier lui avait apportée de Londres au sujet du projet de convention des subsides que les ministres de Russie lui avaient rendu, et dont à son temps je vous ai envoyé une copie190-1 en son entier. Comme je viens d'avoir du depuis par un canal secret, mais tel que j'y puisse absolument compter,190-2 des amples informations sur toutes ces entrefaites et même la copie in extenso du contre-projet que les ministres anglais ont envoyé à Guy Dickens sur celui que ceux de Russie lui avaient donné, je n'ai pas balancé un moment de vous envoyer par un exprès tout tellement que je l'ai reçu, afin que vous cherchiez d'avoir au plus tôt possible un entretien secret avec M. de Contest pour lui faire lire en son entier ce contre-projet et lui expliquer toutes les informations que j'ai sur ce sujet, telles que je vais vous les marquer. Vous lui demanderez cependant de ma part le secret le plus absolu, par les mêmes raisons que je vous ai déjà marquées autrefois.
C'est au sujet de ce contre-projet du ministère britannique qu'on me marque qu'il a été envoyé au sieur Keith à Vienne; que le conseil de l'Impératrice-Reine avait été assemblé immédiatement là-dessus, pour l'examiner et pour délibérer sur son contenu en présence de ladite Princesse, et qu'il avait été résolu de dresser d'abord un mémoire à envoyer au ministère de Russie par le courrier que le sieur de Keith dépêcherait à Moscou, pour tâcher de faire goûter ce contre-projet audit ministère.
L'on m'ajoute à ce sujet que, quelque zélé que le roi d'Angleterre ait été pour entrer dans des engagements plus étroits et plus précis avec la Russie, toutefois l'énormité des demandes contenues dans le projet de convention l'avait frappé, et qu'on avait d'abord agité dans son Conseil s'il ne valait pas mieux de laisser entièrement tomber cette affaire que de s'amuser longtemps à une négociation que l'avidité d'un côté empêcherait de parvenir à quelque consistance, mais que le duc de Newcastle avait su à la fin ramener les esprits à la formation du contre-projet. Que personne n'avait été si difficile que le roi d'Angleterre, qui avait été persuadé que le danger était passé et qui avait déclaré que ce contre-projet était son dernier mot.
Que le duc de Newcastle s'était exprimé de la manière suivante dans une lettre du 24 d'août dernier au sieur Guy Dickens que le Roi son maître n'ayant d'autres vues par ce traité que d'affermir la paix publique, maintenir les justes droits des deux parties respectives et rendre l'union entre lui et l'impératrice de Russie plus solide, les de<191>mandes et propositions faites dans le projet que le sieur Guy Dickens avait envoyé en date du 18 juillet,191-1 étaient tout-à-fait incompatibles avec ces principes et, par conséquent, inadmissibles en tous points.
L'on remarque que c'est cette lettre du duc de Newcastle qui avait mis Guy Dickens dans un extrême embarras, de sorte qu'il avait été fort sensible et chagrin contre le ministre de ce qu'il appuyait si peu les vues salutaires et les dispositions favorables que la Russie avait montrées; qu'aussi après avoir consulté là-dessus avec le baron Pretlack et autres intimes, l'on était convenu avec lui qu'on cacherait encore au chancelier Bestushew le contenu de la susdite lettre.191-2 Que néanmoins le courrier qui avait porté à Vienne le contre-projet anglais, avait été chargé d'une autre lettre du ministre pour Guy Dickens, contenant des instructions pour ce dernier sur la façon de s'expliquer avec les ministres russes au sujet des changements qu'on avait faits au projet délivré par ceux-ci, en leur disant que leur projet paraissait être appuyé sur un tout autre principe que le contre-projet; qu'ils s'étaient imaginés que l'attaque des États du roi d'Angleterre en Allemagne était inévitable, et que, regardant le cas extrêmement pressant, ils avaient réglé là-dessus le nombre des troupes auxiliaires et le subside énorme, mais que cette idée était entièrement fausse, et, comme l'unique vue du roi d'Angleterre n'était que celle ci-dessus marquée, le contre-projet était sans doute d'autant plus raisonnable qu'il remplissait ces vues salutaires, et que les propositions y contenues étaient de nature à pourvoir amplement aux frais qu'il en coûterait à la Russie. Qu'au reste on avait joint les pleins-pouvoirs au sieur Guy Dickens pour cette négociation, avec ordre exprès de ne pas conclure absolument qu'aux conditions énoncées.
Vous ferez un compte fidèle à M. de Saint-Contest de tout ce que dessus, en lui insinuant de ma part combien je prétendais d'aller droit avec la France et ne lui jamais causer plus d'embarras que les circonstances ne demandèrent; que c'était en conséquence de ce principe que je lui faisais par vous un récit exact de ce qui m'était revenu, et que j'agirais toujours en conséquence, en ne lui demandant que le dernier secret de mes confidences.
Qu'au surplus il restait à voir si l'avidité du chancelier Bestushew se contenterait des subsides aussi modiques que ceux que l'Angleterre offrait, et qui du moins différaient beaucoup de ceux qu'il avait demandés.
Qu'au reste tout ceci me confirmait dans le sentiment que je lui avait fait déjà déclarer par vous, qu'il ne fallait pas se précipiter pour conseiller à l'Électeur palatin l'accommodement avec la cour de Vienne,191-3 et que d'ailleurs il n'y avait rien du tout qui pressait pour faire de nouvelles propositions aux ministres anglais touchant l'accommodement sur mes différends avec l'Angleterre.
<192>Vous me ferez votre rapport à son temps sur tout ceci et observerez, au reste, les mêmes précautions envers M. de Contest que celles que je vous avais recommandées, quand je vous envoyais la copie du projet de convention des ministres de Russie.
Federic.
P. S.
Je crois nécessaire, Milord, de vous répéter encore qu'il faut que vous recommandiez le dernier secret à M. de Contest sur toutes les ouvertures que vous lui ferez, et que vous ne vous désaisissiez de la copie du contre-projet, quoique vous la laissiez lire à M. de Contest à son gré et toutes et quantes fois qu'il le souhaitera. Il sera persuadé que ce n'est point par un manque de confiance que je crois devoir user de ces précautions, il connaît lui-même combien il coûte de pouvoir trouver des canaux d'où l'on tire des pièces de cette importance, et que la moindre chose qui en transpire, ou le moindre accident, nous les fait perdre sans retour. C'est aussi pourquoi je prétends qu'après que vous aurez fait lire la pièce à M. de Contest, vous la gardiez vous-même soigneusement sous votre clef.
Au reste, dites à ce ministre que je me conforme en tout à ses sentiments pour ne point nous précipiter avec l'Électeur palatin, mais de lui inspirer plutôt de la fermeté. Et qu'au surplus nous ne fassions point de nouvelle démarche pour accommoder mes différends avec l'Angleterre, mais la voyions plutôt revenir à nous, en attendant des conjonctures plus favorables pour reprendre la négociation.
Projet de Convention.
D'autant que l'amitié sincère et intime qui unit Sa Majesté Britannique et Sa Majesté Impériale de toutes les Russies, aussi bien que les engagements qu'elles ont contractés par le traité d'alliance défensive de l'année 1742, les obligent en tout temps de veiller à la tranquillité publique et à leur sûreté réciproque; et que dans la conjoncture présente des affaires la conservation de la paix générale et la défense de leurs États, droits et sujets respectifs leur ont paru exiger nécessairement qu'elles se garantissent contre les attaques dont elles pourraient être menacées de la part de quelque puissance que ce soit, en s'assurant d'un corps de troupes capable de faire une puissante diversion en cas de telles attaques; et, comme vu la situation présente les contingents des secours stipulés par le traité susmentionné ne rempliraient point tous les objets susdits, Sa Majesté Britannique et Sa Majesté Impériale de toutes les Russies ont jugé convenable de concerter d'avance les mesures ultérieures de prévoyance que la tranquillité générale et leurs intérêts et sûreté commune paraissent demander, et pour cet effet ont autorisé le sieur … p. p., lesquels sont convenus des articles suivants.
<193>Art. 1. Les hautes parties contractantes renouvellent expressément par cette convention le traité d'alliance défensive conclu entre elles le 11 décembre 1742 à Moscou193-1 dans tous ses articles et confirment les stipulations des secours à donner réciproquement, comme elles sont contenues dans l'article 4 dudit traité, lesquels secours seront fournis de part et d'autre de la manière et aux conditions y énoncées.
Art. 2. Comme il est porté par l'article 17 de l'alliance susmentionné « que, si les secours y stipulés ne suffisent point, alors les parties contractantes conviendront, sans différer, des secours ultérieurs qu'elles devront se donner, » et comme cela n'atteindrait pas les buts proposés, et qu'il pourrait arriver des cas qui ne leur laisseraient pas le temps de convenir là-dessus, afin d'obvier aux inconvénients qui résulteraient nécessairement d'un pareil délai, elles se sont accordées à fixer dès à présent à tout évènement les moyens de leur défense. Dans cette vue, Sa Majesté Impériale de toutes les Russies a non seulement fait marcher vers les frontières de la Livonie attenantes à la Lithuanie, mais s'engage aussi d'y tenir, tant que cette convention durera, aussi près de ces frontières que les quartiers pourront le permettre, un corps de ses troupes montant à 55,000 hommes, c'est-à-dire 40,000 hommes d'infanterie de ses troupes réglées, munis de l'artillerie nécessaire, et 15,000 hommes de cavalerie, composés de trois régiments de cuirassiers, de 20 compagnies de grenadiers à cheval, de deux régiments de hussards et le reste de troupes légères, savoir de Cosaques et de Kalmouks, chacun à deux chevaux, autant qu'il faudra pour rendre complets ces 15,000 hommes de cavalerie, de sorte que le tout, infanterie et cavalerie, formera un corps complet de 55,000 hommes.
Art. 3. Sa Majesté Impériale s'engage, en outre, de faire tenir prêtes durant le temps marqué ci-dessus sur les côtes de la province susmentionnée 40 à 50 galères avec l'équipage requis, en état d'agir au premier ordre.
Art. 4. Le corps de troupes et les galères mentionnées dans les deux articles précédents ne devront être mis en activité que dans le cas où Sa Majesté Britannique ou aucun de ses alliés serait attaqué. Dans ce cas-là, le général commandant en chef ledit corps, qui pour cet effet sera muni d'avance des ordres de Sa Majesté Impériale de toutes les Russies, se mettra en mouvement, dès qu'il recevra la réquisition de la part de Sa Majesté Britannique, et fera, le plus tôt qu'il sera possible, une diversion avec un corps de 30,000 hommes d'infanterie, pourvu de l'artillerie nécessaire, et avec tous les 15,000 hommes de cavalerie susmentionnés, et embarquera en même temps les autres 10,000 hommes d'infanterie sur les 40 à 50 galères, pour faire une descente suivant 1'exigence du cas et l'utilité du service.
Art. 5. En cas que les États de Sa Majesté Britannique en Alle<194>magne soient envahis pour les intérêts ou les démêlés qui regardent ses royaumes, Sa Majesté Impériale déclare qu'elle considèrera une telle invasion comme un cas de l'alliance susdite de 1742, et que lesdits États y seront compris à cet égard.
Art. 6. En considération d'une augmentation si importante du secours stipulé par le traité d'alliance défensive mentionné ci-dessus, Sa Majesté Britannique promet et s'engage de faire payer à Sa Majesté Impériale de toutes les Russies la somme de 300,000 livres sterling par an, à compter du jour que le corps de ses troupes aura passé les frontières de ses États en conséquence de la réquisition faite par Sa Majesté le roi de la Grande-Bretagne. Cette somme sera payée à Riga et toujours quatre mois en avance par le commissaire que Sa Majesté Britannique tiendra auprès du corps auxiliaire, comme sera dit ci-après, et le premier payement s'en fera le jour que ce corps sortira des États de Sa Majesté Impériale.
Art. 7. De plus, en considération de l'utilité que les intérêts de Sa Majesté Britannique et le service commun pourront retirer du corps de cavalerie irrégulière et des galères dont Sa Majesté Impériale renforce ce secours, Sa Majesté Britannique consent de lui faire payer, outre ce qui est accordé dans l'article précédent, une somme annuelle de 50,000 livres sterling, à compter du même jour que ci-dessus et payable de la même manière. #Art. 8. Comme Sa Majesté Impériale de toutes les Russies est particulièrement intéressée à la conservation de la tranquillité du Nord et à ce qu'il n'arrive point d'innovation dans le voisinage de ses États, vu aussi la proximité des pays où la diversion dont il s'agit doit probablement se faire, et la facilité que ses troupes auront de subsister d'abord en pays ennemi, elle se charge seule, pendant une telle diversion, de la subsistance et du traitement desdites troupes par mer et par terre, comme aussi des détails qui y appartiennent.
Art. 9. Sa Majesté Impériale s'engage à continuer la diversion à faire et de ne point rappeler ses troupes, quand même elle serait attaquée par quelque autre puissance. De l'autre côté, Sa Majesté Britannique promet qu'en cas que Sa Majesté Impériale soit troublée dans ladite diversion ou qu'elle soit attaquée elle-même, Sa Majesté Britannique lui fournira d'abord le secours stipulé par le traité de 1742.
Art. 10. En cas que contre toute attente la guerre vînt à s'allumer, Sa Majesté Britannique s'engage d'envoyer dans la Mer Baltique une escadre de ses vaisseaux d'une force convenable aux circonstances, et l'amiral de cette escadre agira de concert avec l'armée impériale russienne, autant qu'elles seront à portée l'une de l'autre.
Art. 11. Pour faire les payements susdits et pour la commodité et la promptitude de la correspondance, Sa Majesté Britannique tiendra auprès du corps auxiliaire — qui sera commandé uniquement par le général que Sa Majesté Impériale mettra à leur tête, duquel dépendra<195> aussi celui qui commandera sur les galères —, un commissaire lequel, aussi bien que l'amiral de l'escadre britannique, en cas qu'il y en ait, sera toujours invité et admis aux conseils généraux de guerre et aura d'ailleurs communication de tout ce qui peut regarder le service commun.
Art. 12. Tout le butin que les troupes russiennes feront sur l'ennemi, de quelque nature et nom qu'il puisse être, restera au profit de ces mêmes troupes.
Art. 13. En cas que ces troupes auxiliaires fussent obligées de toucher dans leur marche les terres de la république de Pologne, Sa Majesté Britannique se charge du soin de leur obtenir de Sa Majesté Polonaise et de la république de Pologne le libre passage par lesdites terres.
Art. 14. Cette convention durera l'espace de quatre années, à compter du jour que les ratifications en seront échangées.
Art. 15. En cas que la paix se fît, ou que l'objet de la diversion à faire n'existât plus avant l'expiration des quatre années mentionnées ci-dessus, le susdit corps auxiliaire retournera aussi avant ce temps-là dans les États de Sa Majesté Impériale, et Sa Majesté Britannique consent qu'après le retour il jouisse de trois mois du subside accordé. Mais, dans le cas que la paix ne se fît point avant ce terme, alors les parties contractantes conviendront ultérieurement de la prolongation de cette convention.
Art. 16. La présente convention sera ratifiée p. p.
Article secret.
Comme Sa Majesté Impériale de toutes les Russies a fait représenter à Sa Majesté Britannique que la marche des troupes, tant infanterie que cavalerie, stipulées dans le traité signé aujourd'hui, vers les frontières de la Livonie, comme aussi l'artillerie, avec ce qui y appartient, dont Sa Majesté Impériale s'est chargée, et la dépense requise pour les y entretenir pendant quatre années, aussi bien que les préparatifs nécessaires pour tenir prêtes les galères durant ledit terme, ont déjà coûté et doivent coûter encore de grands frais, par-dessus ce qu'il aurait fallu autrement pour le service ordinaire de ces troupes, en considération de ce que dessus et de la grande utilité dont sera le séjour d'un tel corps de troupes dans la province susdite, pour le terme de quatre années, et pour mettre Sa Majesté Impériale d'autant plus en état d'en suppléer les frais, Sa Majesté Britannique a bien voulu s'engager par cet article de fournir la somme de 200,000 livres sterling, indépendamment du subside promis par le traité, pour ces troupes, lorsqu'elles seront en activité, de laquelle somme 100,000 livres sterling, seront payées une année après l'échange des ratifications et les autres 100,000 livres sterling à l'expiration des quatre années que ce traité doit durer : bien entendu qu'il sera libre à Sa Majesté Britannique d'envoyer, une fois chaque année, dans ladite province de Livonie un commissaire pour voir et examiner le nombre et l'état desdites troupes.
Nach dem Concept. Das Projet de convention nach der von Maltzahn unter dem 18. Decemher aus Dresden eingesandten Abschrift.
6146. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 25 décembre 1753.
J'ai reçu votre rapport du 16 de ce mois. Vous pouvez compter que ni la cour de Vienne ni celle de Londres n'ont donné jusqu'ici un sol en argent à la Russie pour faire marcher des troupes. Je suis trop bien informé et souhaiterais que vous voudriez compter avec assurance sur les avis que je vous donne par mes dépêches immédiates; ils dérivent de trop bons canaux, et vous n'aurez jamais lieu d'en douter, quand je vous les donne pour des faits sûrs et avérés.
Il y a du vrai et du faux dans le propos que le sieur de Keith vous a tenus, mais ce que je puis vous dire pour votre direction seule, c'est que j'ai appris de fort bon lieu que dans tout ce que le roi d'Angleterre a fait négocier en Russie par rapport à une convention de subsides à conclure, il n'y a pas eu autant d'humeur de sa part que d'appréhension que la cour de Vienne lui a inspirée sur le dessein qu'elle m'a malicieusement attribué, en simulant d'ajouter foi aux prétendues découvertes du coquin nommé Berkenmeyer,195-1 de vouloir envahir les États d'Hanovre et de Saxe-Lauenbourg;195-2 que là-dessus le roi d'Angleterre a cherché avec empressement le secours de la Russie, pour me faire une diversion, le cas existant; mais que, s'étant aperçu de la fausseté de l'insinuation, et ayant été frappé d'ailleurs de l'énormité des demandes contenues dans le projet de la convention que les ministres de Russie avaient donné à Guy Dickens et dont je vous ai fait part à son temps,195-3 son conseil privé a d'abord agité s'il ne valait pas mieux de laisser entièrement tomber cette affaire que de s'amuser longtemps à une négociation qui, par l'avidité d'un côté, ne saurait jamais parvenir à sa consistance; mais que le duc de Newcastle avait su à la fin ramener les esprits à former un contre-projet de convention, qu'on avait envoyé au sieur Guy Dickens, qui différait infiniment par rapport aux sommes des subsides de ceux que la Russie avait prétendus. L'on m'ajoute même que personne n'avait été si difficile que le roi d'Angleterre pour agréer même le mince subside qu'on offrait à la Russie, en déclarant que le péril était passé; que ce contre-projet était son dernier mot, et qu'il paraissait par le projet des ministres de Russie qu'on s'était imaginé là que l'attaque des États du roi d'Angleterre était inévitable, et que, regardant le cas extrêmement pressant, l'on avait réglé là<196><197>dessus le nombre des troupes et le subside énorme qu'on demandait, mais que cette idée était entièrement fausse, et que l'unique vue du roi d'Angleterre n'était que d'affermir la paix publique et de rendre son union avec l'impératrice de Russie plus ferme et plus solide.
Voilà le vrai état où sont à présent ces affaires, auxquelles l'on verra plus clair, quand on pourra savoir comment les ministres de Russie auront envisagé le contre-projet de l'Angleterre, et de quelle façon ils se seront décidés là-dessus.
En attendant, il est aisé de s'apercevoir à présent pourquoi la cour où vous êtes a sursis son dessein par rapport au grand campement qu'elle méditait de faire le printemps prochain en Bohême,197-1 et je crois être en droit de m'imaginer que, s'il arrive que la négociation en Russie au sujet de la convention susdite, sur laquelle la cour de Vienne avait mis son espoir, échoue, elle ne voudra perdre les frais d'un grand campement en Bohême et en Hongrie, quoique, pour sauver les apparences, elle y fera assembler des campements pour exercer les troupes comme à l'ordinaire.
Au surplus, vous m'observerez le secret le plus absolu sur toutes ces confidences, qui ne sont que pour votre unique direction; vous continuerez d'ailleurs de surveiller bien sur les menées et les allures de la cour où vous vous trouvez.
Du reste, je vous avertis que j'ai donné mes ordres à mes ministres du département des affaires étrangères afin qu'ils rappellent votre secrétaire197-2 et me proposent un autre à sa place dont vous aurez lieu d'être content.
Federic.
Nach dem Concept.
6147. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Potsdam, 25 décembre 1753.
Les dépêches que vous m'avez faites du 11 et du 14 de ce mois, m'ont été rendues à la fois, au sujet desquelles je ne saurais que vous renvoyer sur la dernière que je vous ai faite et vous dire que vous devez continuer à veiller soigneusement sur tout ce qui pourra avoir le moindre rapport à mes intérêts ou qui pourrait d'ailleurs mériter mon attention, pour m'en faire régulièrement vos dépêches.
Au surplus, je suis bien aise de vous faire observer que, selon un avis qui m'est revenu de fort bon endroit, le roi d'Angleterre, bien que toujours zélé pour les intérêts de la cour de Vienne, a été néanmoins frappé de l'énormité des demandes des ministres de Russie contenues dans leur projet de convention, dont je vous marqué le précis autrefois,197-3 et, quoique le duc de Newcastle eût su ramener les esprits, dans le conseil ou la question avait été agitée s'il ne valait mieux de laisser<198> tember cette négociation, au point de faire un contre-projet à celui de Russie qui différait de beaucoup à l'égard des conditions prétendues des ministres de Russie, personne n'avait été si difficile que le roi d'Angleterre, qui avait déclaré que le péril était passé, et que les ministres de Russie avaient mal compris ses intentions, qui n'étaient point de passer aux extrémités, mais au contraire d'affermir seulement la paix publique et de rendre l'union entre lui et l'impératrice de Russie plus solide et plus utile, et qu'en conséquence le contre-projet serait son dernier mot. Je ne vous marque tout ceci que pour votre unique direction, en vous enjoignant le secret le plus absolu la-dessus.
Au reste, tâchez au possible de pouvoir me marquer avec précision si le voyage du Roi à ses États d'Allemagne se fera encore au printemps prochain, ou si ses [ministres] trouveront moyen de le contrecarrer.
Federic.
Nach dem Concept.
6148. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Potsdam, 25 décembre 1753.
J'ai reçu votre dépêche du 11 de ce mois. Ce sera principalement au comte de Moltke, de Dehn et d'autres bien intentionnés que vous vous adresserez pour leur dessiller les yeux des fausses illusions que le parti hanovrien leur a voulu donner par rapport aux prétentions prétendues qu'on m'a attribuées de les vouloir faire valoir au pays de Saxe-Lauenbourg.198-1 Quant au nouveau différend survenu entre la Suède et le Danemark, touchant le flottage du bois de Norwège, je suis bien aise de vous dire là-dessus que je n'ai point desservi le Danemark à ce sujet et que j'ai ordonné à mon ministre de Maltzahn à Stockholm de contribuer au possible à ce que cette affaire soit accommodée et traitée avec modération.198-2
Pour ce qui regarde le baron de Bernstorff, il faut bien que vous dissimuliez à son égard, que vous agissiez avec bienséance et que vous vous gardiez de faire des démarches pour vouloir le culbuter, mais que vous soyez également en garde contre lui et ne lui marquiez point de confiance, afin que le public ne commence à présumer que vous pliiez devant lui, ni que vous fassiez sa dupe; en quoi je me repose sur votre bonne conduite, pénétration et savoir-faire.
Federic.
Nach dem Concept.
<199>6149. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Berlin, 27 décembre 1753.
Mon ministre à Stockholm, le conseiller privé de Maltzahn, ayant eu dans quelque conversation confidente avec le baron de Hcepken des notions bien précises sur le vrai état de la bisbille qui s'est élevée entre la Suède et le Danemark touchant le flottage du bois norwégien dont la Suède ne veut plus permettre le passage par son territoire,199-1 voici ce que mon dit ministre m'en a marqué.
Pour m'en mettre au fait, il reprend les choses d'un peu loin, en m'informant que le commerce avantageux que les Norwégiens faisaient de leurs bois, avait été la cause que toutes les forêts qui se trouvaient autour de leurs ports avaient été abattues, et que, pour continuer leur commerce, ils étaient dans la nécessité de faire venir du bois du fond de la Norwège, d'où, la voie de terre étant trop coûteuse, ils ne pouvaient le faire venir que par eau, mais que dans ce cas le bois passait par des rivières et des lacs appartenants à la Suède. Que fort anciennement, et du temps de Charles XI, la permission n'avait été donnée qu'à un seul Danois de faire flotter les bois qu'il avait coupés en Norwège, à travers des lacs suédois, et que du depuis, le bois étant devenu plus rare dans les environs des ports de mer de Norwège, on y avait pris le parti de faire venir le bois nécessaire pour le soutien du commerce du fond de la Norwège et à travers des lacs suédois. Que, comme cela n'avait eu aucun inconvénient pour la Suède, on y avait connivé, mais qu'on avait remarqué du depuis que les Danois chemin faisant coupaient une prodigieuse quantité de bois sur le territoire suédois et le mettaient à flot avec celui qui venait de Norwège, comme on en avait des preuves, puisqu'on avait fait compter plusieurs fois le bois qui était arrivé de Norwège sur le territoire suédois, et qu'en ayant fait le compte une seconde fois au sortir des lacunes suédoises, on avait trouvé que pour mille pièces qui étaient entrées, il en sortait dix mille. Qu'on en avait fait des plaintes, mais toujours inutilement.
Que pendant le temps que le comte Tessin avait été président de la chancellerie,199-2 il avait négocié pour cette affaire et proposé divers moyens au Danemark, comme celui de faire compter à l'entrée des lacunes suédoises les bois qui venaient de Norwège et de faire le compte une seconde fois au sortir de là et de ne point permettre qu'il en sortît davantage qu'il n'y en était entré; que cependant cette proposition, toute naturelle qu'elle était, avait été rejetée ainsi que plusieurs autres.
Que l'affaire en était restée en ce terme, quand le baron de Hcepken était parvenu au poste de président de chancellerie. Qu'ayant<200> su tout ce qui s'était passé, il avait cm qu'il n'y avait autre chose à faire que de défendre absolument le passage du bois norwégien; que cependant, avant que de prendre ce parti, il avait fait avertir le baron Bernstorff six mois auparavant qu'on était obligé d'en venir là pour lui donner le temps de faire des propositions et finir l'affaire par une négociation, mais que, le baron de Bernstorff ne lui ayant pas fait faire la moindre réponse, on n'avait pas pu s'empêcher de procéder à la défense, et qu'au printemps prochain on ne permettrait plus aux Danois de flotter leurs bois sur les rivières suédoises, ce qui entraînerait la ruine du commerce avantageux des bois que la Norwège faisait. Que le baron de Bernstorff avait fait parler présentement le comte Wedell-Friis au baron de Hœpken, en lui faisant insinuer que cela pouvait altérer l'amitié qui régnait entre les deux cours, mais que le baron Hœpken lui avait répondu qu'il avait lu et relu tous les traités que la Suède avait avec le Danemark, mais qu'il ne trouvait nulle part qu'il y fût stipulé ou dit que l'amitié entre les deux cours dépendrait de la dévastation des forêts suédoises, que cependant il s'était offert envers le comte de Wedell-Friis de retarder l'expédition de la susdite défense, en cas qu'il en fût encore temps, mais que, s'en étant informé, il avait été trop tard, ce qu'il avait fait savoir au comte Wedell-Friis. Qu'au surplus le baron de Hœpken avait fait une dépêche bien détaillée et telle qu'il la fallait, au baron Fleming, en lui mettant devant les yeux comment le baron de Bernstorff se servait en toute occasion d'un argument aussi frivole que plein de hauteur; que, s'il s'agissait de fortifier Landskrona,200-1 l'amitié des deux cours en serait altérée : que, s'il était question d'empêcher la dévastation des forêts suédoises, lui se servait du même argument, et qu'il était difficilement à comprendre quelle connexion de pareils arrangements pouvaient avoir avec l'amitié qui subsiste entre les deux couronnes, et qu'il espérait au surplus de la prudence du baron Fleming que dans les conférences qu'il pourrait avoir sur ce sujet, il ne prendrait pas ad referendum des propositions auxquelles on ne pouvait point faire réflexion, et que la manière dont Bernstorff se comporterait en cette occasion, servirait peut-être à découvrir ses intentions.
Qu'au surplus, autant que mon ministre de Maltzahn a entendu du baron de Hœpken, il distingue bien les sentiments du roi de Danemark d'avec ceux du baron de Bernstorff, mais que pour cela il ne veut point être la dupe du dernier, et qu'il croyait que dans cette affaire-ci Bernstorff ne voudrait pas le prendre sur un pied de vivacité, puisqu'il avait bien vu dans l'affaire d'Espagne200-2 qu'elle n'était pas toujours bonne.
Voilà ce que mon susdit ministre m'a marqué à ce sujet, et que j'ai trouvé bon de vous communiquer, quoique pour votre information<201> et direction seule. Néanmoins, comme je crois convenir que vous informiez le ministre de France de ces détails, pour qu'il reconnaisse d'autant mieux le mauvais caractère du baron de Bernstorff, et combien cet esprit fougueux attire des affaires fâcheuses au Roi son maître par une suite des mauvaises intentions qu'il a contre la France et ses amis et alliés, ma volonté est que vous devez lire vous-même à M. d'Ogier cette dépêche de mot en mot, pour autant qu'elle regarde le différend par rapport au flottage, après lui avoir fait vos instances de vouloir bien vous en garder le secret.
Federic.
Nach dem Concept.
6150. AN DAS DEPARTEMENT DER AUSWÄRTIGEN AFFAIREN.
Podewils und Finckenstein berichten, Berlin 28. December: „L'affaire de l'introduction du prince de Thum et Taxis201-1 ayant excité l'attention de tant d'autres maisons des Princes qui n'ont pas joui jusqu'ici de cette prérogative, que quelques-uns d'eux se sont adressés pour l'obtenir aussi bien à la Diète de l'Empire qu'en particulier à Votre Majesté, savoir les princes de Nassau-Saarbrück, de Waldeck, de Lœwenstein-Wertheim et celui de Schwarzbourg-Rudolstadt, nous avons jugé de notre devoir d'en faire le très humble rapport a Votre Majesté et de Lui exposer avec toute la soumission possible que Ses intérêts semblent demander d'augmenter dans le Collège des Princes le nombre de ceux d'entre les Protestants qui sont a Sa dévotion, et de favoriser, dans ce cas-là, le prince de Schwarzbourg-Rudolstadt, dont la maison, aussi bien par son ancienneté que par son attachement pour la maison royale de Votre Majesté, nous paraît mériter la préférence sur toutes les autres, et qui pourrait contre-balancer en quelque façon les princes créatures de la maison d'Autriche qui depuis un siècle ont été introduits dans le Collège des Princes, et qui outre les différents liens par lesquels ils tiennent à la cour de Vienne, y sont attachés encore par ceux de la religion, tandis que depuis ce temps-là on a soigneusement éloigné du Collège des Princes ceux de la religion protestante, de sorte qu'il n'y a pas un seul prince de cette religion qui ait pu obtenir jusqu'ici l'introduction dans le Collège des Princes de l'Empire.“ | Berlin, 29. December 1753. Das ist Mir einerlei und mögen sie darunter machen, was sie vor Meinen Dienst und Interesse am convenablesten finden. |
„Milord Maréchal venant de marquer par sa dépêche du 14 ce mois arrivée hier au soir que le marquis de Contest pensait toujours de la même manière sur l'affaire des déprédations, et qu'il regardait surtout comme une chose très problématique s'il convenait aux intérêts de Votre Majesté de faire délivrer Sa réplique202-1 au ministère britannique pendant l'assemblée présente du Parlement, ou s'il ne vaudrait pas mieux de différer cette démarche jusqu'à sa séparation, qui ne pourra pas être bien éloignée, qu'il inclinait même fortement pour le dernier de ces partis, à cause des inconvénients qui pourraient résulter, si l'affaire venait à être communiquée au Parlement, ce qui la rendrait tout-à-fait nationale et mettrait le ministère hors d'état de se prêter à aucun accommodement sans le concours de la nation — nous avons cru qu'il était de notre devoir … de demander les ordres de Votre Majesté.“ | Sie sollen die Sache wegen der zu übergebenden Duplique noch ruhen lassen und damit warten, bis das jetzige Parlement vorbei sein und man sehen wird, was die Sachen weiter vor einen Pli nehmen werden. Die Raisons, so M. de Contest deshalb anführet, seind zu solide, als dass man sich nicht darauf confirmiren sollte. |
Mündliche Resolutionen. Nach Aufzeichnung des Cabinetssecretärs.
6151. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Berlin, 29 décembre 1753.
La dépêche que vous m'avez faite du 14 de ce mois, m'a été hereusement rendue. Vous pouvez assurer M. de Contest que je ne changerai point des dispositions où je suis à l'égard de l'affaire de la comtesse de Bentinck, et que je désire avec empressement que cette affaire soit finie au plus tôt. Quant aux liaisons à prendre avec le Danemark, je me réfère à ce que je vous ai marqué par une de mes dépêches antérieures par rapport au prince Ferdinand de Brunswick.202-2
Sur ce qui regarde mes différends avec la cour de Londres, assurez M. de Contest que je me conformerai entièrement sur son sentiment et que je ne remettrai point cette affaire en mouvement, ni ne ferai délivrer ma réplique au ministère britannique pendant l'assemblée présente du Parlement. Enfin, je ne m'y précipiterai en rien à ce sujet, mais attendrai à voir plus clair dans les intentions et les vues du roi d'Angleterre, avant que de faire quelque nouvelle démarche à ce sujet.
Quant à la négociation en Russie touchant un traité de subsides, je sais202-3 que le chancelier Bestushew s'est extrêmement emporté contre le contre-projet du ministère anglais que le sieur Guy Dickens lui a délivré; qu'il y a eu malgré cela une conférence là-dessus le 3 de ce<203> mois entre celui-ci et les ministres de Russie, du résultat de laquelle je ne suis point informé, aussi n'a-t-il point de courriers dépêchés encore, ni du sieur Guy Dickens, ni du baron de Pretlack, qui, malgré les audiences de congé qu'il a eues de la cour de Russie, y continue son séjour, pour appuyer les négociations du sieur Guy Dickens.
Federic.
Nach dem Concept.
6152. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION PLAN-DIDIER DE MALTZAHN A DRESDE.
Berlin, 29 décembre 1753.
J'ai reçu vos dépêches du 22 et du 25 de ce mois et ne doute pas que M. le comte de Broglie n'ait informé sa cour de l'avis qu'il a eu du vicomte d'Aubeterre sur le traité de subsides qui se négocie à Moscou.203-1
Quant à vous, tâchez de vous informer de plus en plus par votre canal de ce qui se passe en Russie par rapport aux termes où se trouve cette négociation, vu que c'est à présent le point le plus principal qui fixe toute mon attention, et la boussole sur laquelle je dois me diriger.
Quant aux appréhensions que le Grand-Général203-2 commence d'avoir sur le renforcement des troupes russiennes en Livonie, vous savez bien mieux que lui quel en est proprement le motif; en attendant, il faudra bien que vous vous concertiez avec M. de Broglie afin qu'il soit inspiré du courage audit Grand-Général, pour qu'il ne se laisse point abattre le cœur par de vaines appréhensions.
Federic.
Nach dem Concept.
6153. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Berlin, 29 décembre 1753.
J'ai bien reçu la dépêche que vous m'avez fait du 19 de ce mois, et suis bien aise d'apprendre le bon concert qu'il y a actuellement entre vous et les ministres de France et d'Espagne,203-3 dont je souhaite avec empressement la continuation.
Il me conviendrait d'ailleurs que les inquiétudes que vous croyez avoir remarquées à la cour où vous êtes pour les affaires de l'Italie, continuassent et augmentassent même. Quant à la remonte qu'on fait en Bohême pour les régiments de cavalerie, il me paraît, par le nombre que vous m'en marquez, que ce ne soit qu'une remonte ordinaire pour<204> recruter les chevaux que les régiments ont perdus depuis quelque temps, et je sais que le nombre en a été assez considérable, de sorte que, tandis qu'on ne fera une remonte, pour ainsi dire, de guerre, afin de compléter entièrement en chevaux les régiments, je ne m'imagine pas qu'on ait un dessein extraordinaire. Cela ne vous empêchera pas, en attendant, d'y porter toujours une attention exacte.
Federic.
Nach dem Concept.
6154. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Berlin, 31 décembre 1753.
J'ai reçu votre rapport du 22 de ce mois. J'ai ouï dire à des gens qui prétendaient en être instruits, que la cour de Vienne avait résolu d'envoyer de ses régiments nationaux de Hongrie en Italie,204-1 et qu'effectivement quatre de ces régiments, qui avaient eu jusqu'ici leurs quartiers en Moravie, avaient ordre d'y marcher. Si ces avis étaient fondés, ce serait une marque peu douteuse qu'il y a quelque chose dans ce pays qui inquiète ladite cour.
Nous n'avons pas encore des nouvelles précises du train que prend la négociation du sieur Guy Dickens avec les ministres de Russie au sujet du projet de convention de subsides L'on sait qu'il y a eu des conférences, mais l'on ignore encore quel en a été le résultat.204-2 Des lettres particulières marquent comme quoi le comte Esterhazy avait renvoyé depuis peu deux de ses courriers à même temps, mais qui, à ce qu'on présumait, ne portaient que des dépêches de peu d'importance à Vienne.
Federic.
Nach dem Concept.
6155. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A DRESDE.
Berlin, 5 janvier 1754.
J'accuse la bonne réception des rapports que vous m'avez immédiatement adressés du 29 dernier et du 1er de ce mois, et vous dirai que, quant aux affaires de Pologne, il faut bien que M. le comte de Broglie songe de sa part à donner du réveil là-dessus au ministère de France pour y avoir plus d'attention que les insinuations que je lui ai fait faire là-dessus,204-3 ne lui ont pu inspirer jusqu'à présent. Au surplus, vous direz convenablement à ce ministre que, quelque satisfaction que sa cour ait eue relativement à la convention que j'avais eu la complaisance de faire avec la Saxe sur la Steuer,204-4 malgré cela celle-ci<205> n'allait pas moins son train ordinaire contre moi par des voies sourdes, comme j'en étais bien informé.
Pour ce qui est des découvertes que vous avez faites en conséquence de votre dernier rapport,205-1 je les ai trouvé admirables et très intéressantes, de sorte que vous travaillerez à présent d'être informé du résultat de la conférence qui, à ce que j'ai appris d'autre lieu,205-2 a été tenue entre les ministres là où vous savez, afin de pouvoir me marquer ce qui s'y est passé.
Federic.
Nach dem Concept.
6156. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Berlin, 5 janvier 1754.
Je n'ai reçu qu'hier les deux rapports que vous m'avez faits du 17 et du 21 du mois dernier, sur le dernier desquels je suis bien aise de vous informer que, selon de bonnes notions205-3 que j'ai eues par rapport à ce qui se négocie entre les ministres de Russie et le sieur Guy Dickens en Russie, touchant le projet de convention de subsides,205-4 cette négociation paraissait aller fort en longueur; qu'il n'y avait pas eu encore de la conférence entre les ministres, mais que le grandchancelier Bestushew paraissait très mal édifié de la réponse de la cour anglaise, et que l'offre de 200,000 livres sterling205-5 lui paraissait être trop mince pour l'entretien d'un corps de troupes aussi considérable et lui semblait avoir perdu à ses yeux tout son agrément; que les ordres expresses du sieur Guy Dickens de s'en tenir à la simple communication d'une copie du contre-projet et de ne s'expliquer absolument sur rien par écrit, et une maladie arrivée au baron de Pretlack qui l'empêchait d'employer le crédit qu'il avait sur l'esprit du Chancelier à acheminer l'affaire, seraient, encore, des anicroches, de sorte qu'il y avait à présumer que, malgré l'envie qu'on avait en Russie de se procurer de l'argent, toute cette négociation serait suspendue au croc pour bien du temps.
D'ailleurs, j'apprends par mes lettres de Londres205-6 que le projet des arrangements subsidiaires paraissait là comme suspendu, que les ministres étaient peu occupés des affaires étrangères, mais que les parlementaires fixaient au contraire leur attention, et que celles d'Irlande, où il y avait une assez forte fermentation, leur donnaient toujours de l'inquiétude. Qu'ils tâchaient d'expédier celles-ci, autant qu'ils pouvaient, afin de pouvoir mettre à même le Roi de passer la mer au printemps, qui continuait d'être de mauvaise humeur dans l'incertitude où il était sur ce voyage, dont on ne savait dire rien de positif, soit pour ou contre,<206> que de quelque temps. Que le comte Colloredo pressait en vain les ministres de s'expliquer sur ce qu'ils voudraient faire, en cas que la Russie n'accepterait pas leurs propositions, qu'il n'en tirait que des réponses vagues et qu'il ne désavouait pas à ses intimes que, du ton chancelant que le ministère anglais s'expliquait actuellement envers lui sur ces affaires, il craignait beaucoup que, si je venais à un accommodement avec l'Angleterre et que la France continuât d'autre côté de leur donner bonnes paroles sur les contestations qu'ils avaient ensemble, tout le chipotage avec la Russie ne s'en allât en fumée; et qu'enfin le comte Colloredo était fort surpris de voir qu'on se ralentissait si fort sur tous les arrangements que sa cour avait fait insinuer là avec bien du succès, et qu'il craignait que cela n'allât en augmentant.
Vous ne manquerez pas d'informer confidemment M. de Contest de toutes ces particularités, en lui insinuant de ma part que, selon ces circonstances, il me paraissait, et que je me conformais parfaitement à son sentiment, qu'il ne faudrait rien toucher de mes différends avec l'Angleterre, tandis que le Parlement présent resterait assemblé,206-1 mais que mon avis était que, pendant l'intervalle du temps entre le Parlement présent congédié et un peu avant l'ouverture du nouveau Parlement, il faudrait prendre bien à propos le moment pour faire la proposition aux ministres anglais, afin de remettre la négociation sur mes différends avec l'Angleterre et tâcher de l'accommoder à l'amiable, pour ne plus laisser lieu à la cour de Vienne de parvenir à ses vastes vues. Quant à cet horloger qui a envie d'aller s'établir à Berlin, vous pourrez lui dire qu'il sera accommodé du titre d'horloger [de la cour],206-2 et qu'on lui fera toutes les aisances possibles, pourvu qu'il ne demande que ce titre.
Federic.
Nach dem Concept.
6157. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Berlin, 5 janvier 1754.
Les dépêches que vous m'avez faites du 18 et du 21 du mois dernier,206-3 m'ont été bien rendues, dont j'ai été d'autant plus satisfait que les avis qui me sont arrivés d'autre part au sujet des arrangements subsidiaires qu'on veut prendre avec la Russie, me confirment parfaitement ce que vous m'avez marqué à cet égard. Aussi veux-je bien vous dire, bien que pour votre direction seule, que l'offre d'un subside annuel en temps de guerre de 350,000 livres sterling206-4 que le ministère anglais a faite à celui de Russie, a bien mécontenté le chancelier Bestushew et lui paru trop mince pour l'entretien d'un corps de troupes<207> aussi considérable qu'on désire de stipuler, de sorte que, selon lui, la chose a perdu à ses yeux tout son agrément. Vous ne laisserez pas de continuer à vos lieux sur ce sujet et sur d'autres encore qui méritent mon attention, afin de pouvoir m'en faire des rapports aussi intéressants que ceux que j'ai reçus jusqu'à présent à ma satisfaction entière de vous.
Federic.
Nach dem Concept.
6158. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Berlin, 5 janvier 1754.
Soyez assuré du secret que je vous garderai sur la confidence que vous m'avez faite en conséquence du post-scriptum de votre dépêche du 26 dernier.207-1 Si la cour où vous êtes compte à ce sujet sur le succès de la négociation entre la Russie et l'Angleterre, elle aura tout le loisir d'éprouver sa patience, vu que je sais que ces deux cours sont encore bien différentes par rapport aux conditions touchant la convention à faire, que la première demande de forts subsides, soit en temps de paix qu'en temps de guerre, que l'autre trouve exorbitants et ne veut donner que tout au plus 200,000 livres [sterling]207-2 une fois pour toutes par rapport aux arrangements à faire pour assembler et entretenir les troupes en Livonie, et ne veut d'ailleurs payer que 300,000 livres207-3 par an en temps de guerre.
Voilà des avis bien sûrs que j'ai reçus et que je ne vous communique que pour votre direction seule, en attendant que je pourrais vous apprendre le résultat de tout ceci, et que vous continuerez de veiller avec toute l'attention imaginable sur les mesures secrètes que la cour de Vienne prendra.
Federic.
Nach dem Concept.
6159. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Berlin, 5 janvier 1754.
Les rapports que vous m'avez faits depuis le 18 jusqu'au 25 dernier, m'ont été fidèlement rendus, au sujet desquels je suis bien aise de vous dire que c'est avec bien de la satisfaction que j'ai appris que M. d'Ogier207-4 commence à ouvrir les yeux sur les mauvaises intentions du baron de Bernstorff et sur sa duplicité et sa façon d'agir pour brouiller le Roi son maître avec ce qu'il a d'alliés et d'amis, afin de l'entraîner, même contre son gré, dans le parti contraire. Vous con<208>tinuerez aussi de dessiller de plus en plus les yeux au susdit ministre, quoique toujours sans marquer ni de la passion ni de la prévention.
Federic.
Nach dem Concept.
6160. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION HELLMUTH- BURCHARD DE MALTZAHN A STOCKHOLM.
Berlin, 5 janvier 1754.
J'ai bien reçu les dépêches que vous m'avez faites du 14, du 18 et du 21 du mois dernier, au sujet desquelles je suis bien aise de vous dire pour votre direction que je trouve trop chargé d'humeur et de soupçons peut-être pas tout-à-fait fondés les discours que M. d'Havrincourt vous a tenus relativement à la situation actuelle entre la cour et le Sénat, de sorte que j'ai de la peine à m'imaginer que les choses fussent parvenues à ce point extrême sous lequel ce ministre vous les a voulu représenter. Je crois plutôt qu'il n'y en a plus à présent que ce qu'il y a eu toujours, depuis que la forme présente du gouvernement de Suède a été introduite, savoir que le Roi a son parti tout comme le Sénat, qui se sont disputé leurs prérogatives, et que de pareils démêlés ne sauront finir, tant que la forme présente de ce gouvernement existera. C'est aussi en conséquence que j'aurais aimé que vous ne fussiez entré dans un si long détail dans vos dépêches sur des choses qui me sont assez connues, et que je ne saurais envisager autrement que rebattues. Au surplus, toutes les dépêches antérieures que j'ai faites à votre prédécesseur, et qu'il vous aura apparemment toutes délivrées, vous montreront combien je suis éloigné de toutes mesures violentes, et que je n'ai jamais fait que prêcher de la modération à la cour où vous êtes.
Quant à M. d'Havrincourt, je dois vous faire observer, quoiqu'absolument pour votre unique direction, que c'est un sujet qui ne sait pas peser tout-à-fait bien les choses et qui, prévenu contre la cour, donne trop légèrement dans toutes les insinuations dont quelques fougueux du Sénat ou quelques-uns des mal intentionnés contre la cour lui en veulent imposer.208-1
Au reste, je veux bien permettre que vous lui disiez que m'ayant informé de quelques-unes des particularités qu'il vous avait communiquées par rapport à la fermentation entre la cour et le Sénat, je vous avais répondu que j'avais toute la peine du monde à ajouter croyance à ce qu'on lui avait rapporté à ce sujet; que je m'imaginais qu'on attribuait à faux de certaines démarches à la Reine, ma sœur, mais qu'aussi je ne voudrais répondre que la cour, poussée peut-être trop à bout par le peu de ménagement qu'on lui marquait, ne saurait à la fin se jeter dans un parti où elle trouverait plus de ménagement et de considération<209> pour elle, et que c'était aussi pourquoi j'étais d'avis qu'on ne la devrait pas heurter ouvertement de front, mais agir sagement là-dessus avec elle et la traiter avec douceur et ménagement, pour ne pas lui donner trop d'ombrage, ce qu'à mon avis la prudence demandait absolument.
Au reste, tâchez de ne point me faire de trop amples relations pour des choses ordinaires et quand il ne s'agit pas des affaires de la dernière conséquence, qui alors demandent des détails étendus.
Federic.
Nach dem Concept.
6161. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Berlin, 8 janvier 1754.
J'ai reçu votre rapport du 29 de décembre dernier. Les arrangements que l'Impératrice-Reine continue de faire dans son état militaire, ne semblent pas devoir m'embarrasser du tout dans le courant de cette année, lesdits arrangements se rapportant simplement à la négociation qui est présentement sur le tapis en Russie, qui ne saurait prendre couleur de si tôt, par la très grande différence qui subsiste jusqu'ici entre les parties qui sont en traité à cet égard.
Je me réfère, au reste, sur les particularités que je vous en ai marquées par ma dernière dépêche, lesquelles, tout ainsi que la communication que je vous ai faite du mécontentement du comte Colloredo du ministère anglais,209-1 vous mettront en état de juger sans peine du sujet sur lequel peut avoir roulé l'entretien dont vous parlez dans votre rapport susallégué, qu'il y a eu en dernier lieu entre le sieur Keith et les comtes de Kaunitz et de Colloredo.
Federic.
Nach dem Concept.
6162. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Berlin, 8 janvier 1754.
Votre rapport du 24 de décembre dernier m'est bien entré. De la façon dont j'envisage l'affaire du traité entre les cours de Vienne et de Modène,209-2 il se pourrait bien que cette affaire causât encore beaucoup d'embarras et d'inquiétude à la première. Le bien qui en résultera pour mes intérêts, sera que de cette manière je ne me trouverai pas commis seul avec les Anglais et les Autrichiens, puisqu'il faudra que les premiers prêtent leur attention aux démêlés sur les fortifications de Dunkerque, et que les Autrichiens se verront obligés d'avoir égard aux affaires d'Italie, ce qui obligera les uns et les autres de partager leur attention et de ne plus diriger leurs pensées sur moi uniquement.
Federic.
Nach dem Concept.
<210>6163. AU CONSEILLER DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.
Berlin, 8 janvier 1754.
Je ne saurais approuver le projet que vous me marquez par votre rapport du 24 de décembre dernier avoir conçu, de vouloir étendre les rapports que vous me ferez,210-1 sur les affaires intérieures de la France. Vos dits rapports en seraient trop longs et diffus, pendant que les affaires qui concernent l'intérieur de la France, me sont suffisamment et pour la plupart connues. Donc, ce que je désire de vous, n'est autre chose, sinon que vous me mandiez des caractères de personnes, des avis sur les intrigues qui sont jouées à la cour de France, et sur les évènements qui peuvent arriver et qui pourraient changer la face des affaires à la cour de France.
Federic.
Nach dem Concept.
6164. AU CONSEILLER DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.
Berlin, 12 janvier 1754.
Le caractère que vous avez fait du sieur de Contest et que j'ai reçu à la suite de votre lettre du 31 du mois dernier passé, m'a fait plaisir; j'estime que vous avez réussi heureusement à le bien rencontrer. A présent mon intention est que vous me fassiez ceux encore, savoir du contrôleur général des finances210-2 et du prince de Conty, qui sont ces deux personnes de la cour de France dont les qualités et les caractères ne me sont pas encore bien connus.
Federic.
Nach dem Concept.
6165. AU LIEUTENANT-GÉNÉRAL MARQUIS DE VALORY A ESTAMPES.
Berlin, 12 janvier 1754'
Vous ne devez pas douter que je ne reçoive toujours avec plaisir de vos nouvelles et que je ne vous conserve la même amitié que j'avais pour vous, lorsque vous étiez ici.210-3 Vous devriez en être convaincu, quand vous n'auriez d'autre garant que la façon dont vous vous y êtes conduit. Si la sincérité de vos vœux répondait de leur accomplaissement, je serais assuré de me bien porter toute l'année, et je vous rendrais autant de santé que vous m'en donneriez. Je vous souhaite tout ce que vous désirez et tout ce que vous méritez.
Federic.
Nach dem Concept.
<211>6166. AU CONSEILLER PRIVE DE GUERRE DE KLINGGRÅFFEN A VIENNE.
Berlin,211-1 12 janvier 1754.
Tous les avis que j'ai reçus des différents lieux, se conforment entièrement à ce que vous m'avez marqué par votre rapport du 2 de ce mois touchant les dispositions du roi d'Angleterre peu conformes aux sentiments de la cour de Vienne. On m'apprend que les arrangements que les ministres anglais s'étaient proposé de prendre avec la Russie, bien que simplement défensifs, paraissent être comme suspendus au croc, et que le motif qui avait fait qu'ils s'étaient prêtés aux insinuations de la cour de Vienne, cessait d'exister. Que malgré tous les mouvements que le ministre autrichien, le comte Colloredo, se donnait pour réchauffer le ministère anglais, celui-ci ne prêtait son attention qu'aux affaires intérieures du pays, dont surtout celles d'Irlande les inquiétaient,211-2 sans se donner la moindre application aux affaires étrangères. Qu'on parlait toujours avec incertitude du voyage du roi d'Angleterre en Allemagne, et que son ministère anglais serait même bien aise de pouvoir trouver des motifs pour faire suspendre ce voyage. Qu'enfin tous les vastes projets que la cour de Vienne s'était imaginés, en comptant que l'Angleterre tirerait les cordons de la bourse, pourraient bien s'en aller en fumée.
D'autre part, j'apprends que la France a assemblé au delà de 40,000 hommes dans le Languedoc et Dauphiné, qu'elle mettra sous les ordres du maréchal de Richelieu; que les affaires d'Italie commencent à exciter son attention et que le traité fait entre la cour de Vienne et le duc de Modène211-3 lui donne de fortes jalousies pour la balance d'Italie.
Comme je ne saurais point vous dire les vrais motifs qui ont opéré sur la France pour qu'elle vienne d'augmenter si considérablement le nombre de ses troupes dans les provinces ci-dessus énoncées, je souhaiterais bien que vous sachiez tourner adroitement le ministre de Sardaigne à Vienne,211-4 afin de pouvoir vous orienter, autant que possible, sur sa façon de penser là-dessus et m'en faire votre rapport immédiatement.
Pour ce qui regarde le cas arrivé au cuisinier Sievert, je suis content des démarches que vous avez faites à ce sujet, et vous abandonne de le démêler aussi bien que vous le pourrez; mais ce qui me donnerait le plus de satisfaction, ce serait si vous saviez combiner celle211-5 qu'on me doit à ce sujet, avec celui du bas-officier Schmidt du régiment de mon frère, le prince Henri, afin qu'il fût relâché et rendu audit régiment.
Federic.
Nach dem Concept.
<212>6167. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Berlin, 12 janvier 1754.
Les dépêches que vous m'avez faites du 28 et du 31 du mois dernier, m'ont été heureusement rendues. Je vous sais parfaitement gré des explications que vous m'avez données au sujet des troupes nombreuses que la France entretient dans ses provinces de Languedoc et de Provence, de même que touchant les ouvertures qu'elle a faites au roi de Sardaigne. Les avis qu'on vous en a donnés, me paraissent être bien justes, je suis même porté de croire que la cour de France est plus avancée avec celle de Turin qu'il n'en paraît encore, sans quoi j'estime que la première ne se serait pas mise en frais pour assembler tant de troupes dans les provinces ci-dessus mentionnées; d'ailleurs, je suis assez instruit du mécontentement que le roi de Sardaigne a pris au sujet des arrangements que la cour de Vienne a faits avec le duc de Modène.
Quant à vous, vous tâcherez au possible de confirmer adroitement les ministres de France dans le dessein qu'ils ont pris d'entrer avec le roi de Sardaigne, en leur inspirant que ce serait le grand intérêt de la France et un vrai coup de politique que de se lier avec ce Prince, vu qu'en premier lieu, quelque chose qu'il arrive après en Italie, la France aurait toujours fait un grand pas en avant, et qu'en second notre parti en serait fortifié, ce qui était la vraie politique.
Au reste, j'approuve parfaitement ce que vous m'avez proposé touchant les deux tabatières que vous achèterez pour en faire présent à deux de vos amis, et le conseiller privé Eichel vous tiendra compte de 400 écus de Berlin que vous avancerez pour en faire l'emplette.
Federic.
Nach dem Concept.
6168. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Berlin, 12 janvier 1754.
J'ai reçu vos rapports du 25 et du 28 du mois dernier de décembre, qui m'ont fait plaisir par les circonstances intéressantes dont vous m'avez instruit. Bien que je continue dans les mêmes dispositions favorables que ci-devant pour un accommodement amiable relativement à mes différends avec l'Angleterre au sujet des prises maritimes, je veux bien cependant vous réitérer212-1 que nulle considération humaine ne me portera à me faire l'indignité de me livrer, pour ainsi dire, bras et poings liés à la discrétion d'Angleterre, de la manière que son ministère pensait l'obtenir de moi en conséquence du post-scriptum de la dépêche que vous me fîtes du 4 du mois de décembre passé. Aussi mon intention est-elle de vous tenir tranquille là-dessus.
<213>Le seul moyen que je crois qu'il conviendrait pour aplanir ces différends, serait que le ministère anglais convînt secrètement avec moi d'une certaine somme raisonnable qu'il paierait pour tenir lieu d'indemnisation à mes sujets lésés, et que pour le reste l'on conviendrait, pour la forme et pour sauver les dehors, de tel moyen qu'on croirait convenable, et c'est à cette occasion qu'il m'est venu la pensée s'il n'y avait moyen que vous sachiez détacher quelqu'un de vos amis anglais bien intentionné pour ma cause au duc de Newcastle, sous mains et sans que vous y paraissiez aucunement, qui lui inspirerait l'idée que tout espoir d'un accommodement avec moi n'était pas perdu et qu'apparemment on me trouverait assez facile à ce sujet, pourvu [qu'on voulût] s'entendre làdessus avec moi et ne point prétendre à des choses absolument incompatibles avec ma dignité, et que peut-être toute cette affaire serait assoupie avec une somme assez mince qu'on donnerait pour indemniser mes sujets. Je laisse à votre considération combien vous estimez convenable de mettre en exécution ce moyen adroitement, pour parvenir au but désirable, sans que j'y sois aucunement compromis, ni vous, avant que de savoir la façon de penser du susdit ministre.
Federic.
Nach dem Concept.
6169. AU SECRÉTAIRE VON DER HELLEN A LA HAYE.
Berlin, 12 janvier 1754.
Le colonel de Tottleben m'ayant fait la lettre dont vous trouverez la copie à la suite de celle-ci, pour demander mon appui dans l'affaire des prétentions qu'il prétend avoir à la charge des États-Généraux touchant le régiment qu'il avait levé pour leur service, ma volonté est qu'après que vous aurez pris toutes les informations nécessaires pour être entièrement au fait de l'affaire, vous le secondiez dans ses prétentions, pour autant que vous les trouverez justes et que les circonstances vous le permettront.
Au reste, je veux bien vous dire pour votre direction que, vu l'état délabré où se trouvent actuellement les finances des États-Généraux, je n'ai pas trop bonne opinion du succès de la demande du comte de Tottleben, de sorte que je crois que les remontrances que vous saurez faire à ce sujet, seraient à pure perte. C'est aussi pourquoi mon intention est que vous n'y agirez que tout froidement dans cette affaire, sans y presser beaucoup, ni en donner des mémoires par écrit, et sans en faire une affaire ministériale.
Federic.
Nach dem Concept.
<214>6170. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Berlin, 12 janvier 1754.
J'ai bien reçu vos dépêches du 29 dernier et du 1er de ce mois. J'applaudis parfaitement à la résolution que vous avez prise de ne point entrer directement avec la cour de Danemark sur ce qui regarde l'affaire de la comtesse de Bentinck,214-1 et à la réponse que vous avez donnée à ce sujet à M. d'Ogier. Aussi agirez-vous toujours en conséquence.
Au surplus, je suis bien aise que la cour susdite reconnaisse à présent la sincérité de mes intentions sur cette affaire, et combien je suis prêt à y apporter toutes les facilités possibles pour la mener à une fin désirée; mais ce que je veux que vous disiez aux ministres danois bien intentionnés, c'est que je craignais et envisageais d'avance que le baron de Bernstorff mettrait tout ce qu'il saura imaginer d'entraves en chemin pour faire échouer ou traîner au moins la négociation, et qu'en conséquence je souhaiterais bien que le comte de Moltke voudrait se mêler lui-même de l'affaire, afin de la voir terminer par là heureusement et au plus tôt possible.
Federic.
Nach dem Concept.
6171. AU PRINCE LOUIS DE WÜRTEMBERG A BERLIN.
Berlin, 12 janvier 1754-
Monsieur mon Cousin. J'ai reçu avec toute la sensibilité possible la lettre que Votre Altesse a bien voulu prendre la peine de me faire, et La prie de vouloir bien me permettre que, par un parfait retour de confiance et d'amitié, je m'explique naturellement sur les différents sujets qu'Elle y a compris.
Il ne me convient point d'entrer dans des choses autrefois passées, et qui regardent uniquement votre personnel, vu l'indépendance où vous vous trouvez à mon égard. Cependant, par la part sincère que je prendrai toujours à ce qui peut contribuer à votre gloire, tout comme à celle de votre maison, je ne saurais point vous dissimuler que des bruits assez publics ont couru à Vienne comme si vous aviez fait faire des ouvertures à la cour de prendre parti dans le service autrichien,214-2 et on commence à y dire que ce n'était que par l'impossibilité où ladite cour s'était trouvée de vous accommoder d'abord avec quelque régiment et des pensions, sur le pied que vous étiez établi en France, que vous aviez changé de sentiment. Mais, comme je connais assez combien il entre ordinairement de la médisance dans de pareils bruits populaires et combien ils sont incertains, j'aime toujours mieux de me fier sans réserve à ce que vous voulez me protester là-dessus,<215> ne souhaitant rien plus ardemment, sinon que la conduite de Votre Altesse soit toujours irréprochable et qu'elle ait approbation de toute l'Europe.
Quant aux bruits que j'apprends avoir couru par rapport à quelque dessein qu'on vous avait attribué relativement à Madame votre mère,215-1 je proteste à Votre Altesse que je les ai absolument ignorés jusqu'ici et que d'ailleurs j'y serais entré pour rien, n'ayant jamais eu envie de me mêler des affaires qui ne regardent proprement que l'intérieur des familles. Au surplus, je prie Votre Altesse de vouloir être parfaitement assurée que je m'occuperai toujours à ce qui pourra contribuer à la gloire et à la prospérité de Lui et de Sa maison, autant que l'amitié, le parentage et notre alliance le demandent, et que je serai avec des sentiments d'estime invariables, Monsieur mon Cousin, de Votre Altesse le bon cousin
Federic.
Nach dem Concept.
6172. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A DRESDE.
Berlin, 15 janvier 1754.
J'ai bien reçu votre rapport du 8 de ce mois. Ce que je désire à présent avec empressement, c'est que vous soyez bientôt à même de me donner des nouvelles précises et détaillées au sujet du résultat de la négociation en Russie, où il faut bien qu'il en ait été pris d'une ou d'autre manière, vu que, selon des lettres de particuliers que j'ai vues, le baron de Pretlack est parti le 26 dernier de Moscou pour retourner à Vienne.
D'ailleurs, je serais bien aise que vous puissiez vous instruire de ce que le comte de Flemming a marqué à sa cour des affaires qui ont été agitées, en attendant, à Vienne, parceque mes lettres m'en ont appris qu'il y était arrivé depuis peu un courrier de Londres, et un autre parti ensuite de Vienne pour Moscou, et que les comtes Kaunitz et Colloredo avaient eu des entretiens fort sérieux avec le ministre d'Angleterre, le sieur de Keith.215-2 Faites de votre mieux pour contenter ma curiosité sur ces sujets, dès que les circonstances vous le permettront.
Federic.
Nach dem Concept.
<216>6173. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
[Berlin], 17 janvier [1754].
Je vous avoue, mon cher Milord, que je me fais une secrète joie de vous revoir;216-1 pour plus de sûreté votre frère vous marquera un itinéraire216-2 dont je crois que votre prudence fera son profit. On dit que le Cäpten216-3 n'honorera pas cette année son peuple chéri de sa présence; en ce cas, nous pourrons nous arranger ensemble sur votre départ.
Nous avons ici une foule d'Anglais, mais je ne vois parmi eux aucune semence des Chesterfield ni des Bolingbroke; ils logent chez M. Cari216-4 et ils vont à Hénouvér.
Le fol s'est dit mort et s'est fait annoncer comme tel dans les gazettes; cela lui a valu l'épigramme que je vous envoie pour vous amuser :
Ci-gît le seigneur Arouet,
Qui de friponner eut manie;
Ce bel esprit toujours adroit
N'oublia pas son intérêt
En passant même en l'autre vie:
Lorsqu'il vit le sombre Achéron,
Il chicana le prix du passage de l'onde
Si bien que le brutal Charon
D'un coup de pied au ventre appliqué sans façon
Nous l'a renvoyé dans ce monde.
Malheur à l'auteur de l'épigramme, si le poète le découvre; ce serait alors qu'il ferait des Akakia.217-1 Mais l'épigramme ne risque rien entre vos mains. Adieu, mon cher Milord, je vous embrasse de tout mon cœur, en vous souhaitant santé, prospérité et vie.
Fr.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
6174. AN DAS DEPARTEMENT DER AUSWÄRTIGEN AFFAIREN.
Podewils und Finckenstein berichten, Berlin 18. Januar, über eine durch den Chevalier de La Touche auf Befehl seines Hofes gemachte Mittheilung, wonach Lord Albemarle in Paris dem Marquis de Saint-Contest erklärt hat: „Que l'Angleterre ne songeait pas à faire un traité de subsides avec la Russie, qu'elle se tenait à son traité d'alliance de l'an 1746 conclu avec la dernière, et qu'elle ne ferait jamais une démarche qui pût troubler la tranquillité de l'Europe, qu'elle était obligée de maintenir pour ses propres intérêts. A quoi le marquis de Saint-Contest a ajouté que, si après des assurances si positives et contre toute attente Votre Majesté fût attaquée dans Ses États, Elle pouvait compter sur tous les secours de la France que les circonstances pourraient exiger.“ | Berlin, 19. Januar 1754. Recht sehr gut. Ich glaube, dass die Nachricht richtig ist, und dass der König von Engelland die Negociation wird fallen lassen. Inzwischen muss dem Chevalier de La Touche sehr gedanket und ein convenables Compliment gemachet werden. |
Mündliche Resolution. Nach Aufzeichnung des Cabinetssecretärs.
6175. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Berlin, 19 janvier 1754.
Vos dépêches du 1er et du 4 de ce mois m'ont été fidèlement rendues, dont j'ai été bien aise, par les différents éclaircissements que vous m'avez donnés sur plusieurs sujets. Quant à celui de la négociation à Moscou entre les ministres de Russie, je n'en saurais vous donner d'autre nouvelle, sinon que, selon toutes les apparences, ceux de Russie refuseront rondement d'accepter les conditions que l'Angleterre leur a fait proposer par le contre-projet217-2 d'une convention à faire pour<218> des subsides, à moins que le ministère de Russie ne regarde un subside de 50,000 livres sterling être un objet trop important pour être refusé, et croie pouvoir se permettre des licences en faveur de l'éloignement,218-1 qui seront difficiles au roi d'Angleterre de contrôler.
Au surplus, soyez attentif aux intrigues que le ministre autrichien, le comte Colloredo, emploiera pour pousser le ministère anglais à prêter plus de faveur à une liaison plus étroite avec la Russie. Je suis informé que la cour de Vienne n'oubliera ni mensonges ni choses controuvées pour inspirer au roi d'Angleterre de nouvelles appréhensions contre moi; tâchez d'être instruit de ce manège, mais traitez de ridicule et de controuvé tous les bruits des appareils de guerre que je faisais actuellement, quand on vous en parlera.
Federic.
Nach dem Concept.
6176. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Berlin, 19 janvier 1754.
Les dépêches que vous m'avez faites du 3 et du 4, tout comme celle du 7 de ce mois, m'ont été heureusement rendues, qui m'ont appris à ma satisfaction extrême que M. de Saint-Contest et les autres ministres de France reconnaissent à la fin par mes procédés à leur égard combien j'agis rondement avec eux, ce que je compte toujours pour un avantage et pour autant gagné avec eux. Ce qui me fâche, avec cela, c'est que le crédit du ministère de France est tant tombé auprès des cours de Vienne et de Londres qu'on n'a guère plus de considération pour lui, de sorte que ces cours ne regardent autrement ledit ministère que divisé et occupé entièrement de disputes parlementaires et peu à même de prendre aucune résolution soutenue avec vigueur.
Pour ce qui regarde le résultat des ministres de Russie touchant le contre-projet218-2 de convention subsidiaire, je n'en ai point de nouvelles encore, auxquelles je m'attends cependant bientôt, et que je ne manquerai pas de vous communiquer, dès qu'elles m'arriveront.
Federic.
Nach dem Concept.
6177. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Berlin, 19 janvier 1754'
Je vous sais gré des éclaircissements que vous m'avez donnés par votre rapport du 9 sur les bruits qui avaient couru touchant la marche de quelques régiments de Moravie en Italie.218-3 Je suis persuadé que, si<219> jamais il en arrive quelque chose, vous en serez averti et m'en informerez à temps.
Nous sommes ici également que vous dans une parfaite ignorance encore sur le résultat de la négociation à Moscou entre les ministres de Russie et Guy Dickens.
Il n'est du tout question à présent en Angleterre des affaires étrangères, toute l'attention du ministère s'y borne sur celles du pays et à concilier les différends que le vice-roi d'Irlande219-1 a avec la Chambre des Communes de ce pays-là.219-2 Au surplus, si la réussite de l'affaire de l'élection d'un roi des Romains tient à l'arrivée du roi d'Angleterre dans ses États héréditaires d'Allemagne, elle paraît être bien douteuse pour cette année-ci, vu que le ministère anglais en pense bien différemment encore et continue d'assurer à ses amis qu'il est impossible de pouvoir rien dire de positif là-dessus, avant que le Parlement n'ait repris ses séances.
Au reste, j'apprends que mes envieux font aller des bruits d'augmentations de mon armée que je méditais actuellement, tout comme d'autres arrangements de guerre que je faisais. Comme tous ces bruits sont destitués de fondement, vous n'en parlerez point le premier, mais supposé qu'on vous en parle, vous les traiterez de controuvés et de chimériques.
Federic.
Nach dem Concept.
6178. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A DRESDE.
Maltzahn berichtet, Dresden 15. Januar: „On parle ici d'une augmentation que Votre Majesté doit faire actuellement de Son armée, de même que d'un transport d'artillerie et de munitions qui doit s'être fait depuis peu à Magdebourg et en Silésie“ … „Je viens d'avoir un entretien encore avec l'ambassadeur de France sur les affaires de Pologne, où je me suis aperçu assez clairement qu'il croit que, quand son ministère lui a écrit que milord Maréchal n'avait rien proposé là-dessus,219-3 il faut que ce qu'il a dit n'ait pas été assez pressant pour faire prendre quelque résolution au Conseil du roi de France. Il m'a donné assez à entendre que, si Votre Majesté voulait faire proposer l'affaire à présent et insister absolument sur la nécessité de prendre quelque arrangement, on s'y prêterait volontiers, et que même | Berlin, 19 janvier 1754. J'ai bien reçu les rapports que vous m'avez faits du 12 et du 15 de ce mois. Vous pouvez traiter tout ce qu'on a dit d'une augmentation que je devais faire actuellement de mon armée, comme des bruits de ville que des têtes chimériques ont fait courir pour en faire illusion au public: enfin, comme une chose à laquelle je n'ai nullement songé jusqu'à présent. Quant aux transports d'artillerie et de munitions de guerre qui se font de temps en temps ici, je suis bien aise de vous dire qu'il n'y a rien d'extraordinaire là-de- |
on ne ferait plus la difficulté qu'on a faîte d'abandonner le détail et l'arrangement de cette affaire à nous deux, en cas que Votre Majesté le demandât encore. Je soupçonne quasi qu'on a écrit au comte de Broglie de me faire entendre tout cela, sans me le dire expressément — car je sais qu'il a une correspondance secrète avec une personne220-1 qui lui signifie immédiatement les sentiments de son maître, qui, à ce qu'il m'a dit ci-devant, est très porté à prendre quelque arrangement de concert avec Votre Majesté — et que le roi de France voudrait peut-être que Votre Majesté fasse parler assez vivement, pour que M. de Saint-Contest soit obligé de proposer l'affaire dans le Conseil. Mais comme ce n'est qu'une conjecture, qui pourrait faire tort à l'Ambassadeur, si on en parlait, j'ose supplier Votre Majesté de n'en rien marquer à milord Maréchal ni d'en faire remarquer quelque chose au sieur de La Touche. Si, au reste, Votre Majesté veut faire de nouvelles propositions, et avec la vivacité que le comte Broglie m'a témoigné être nécessaire pour tirer son ministère de sa léthargie, Votre Majesté jugera Elle-même si Elle veut en charger milord Maréchal ou le chevalier de La Touche, et je crois qu'il Lui sera plus agréable que l'affaire se fasse ici entre l'Ambassadeur et moi, puisqu'il y aura plus de facilité d'éloigner les objections que le ministère de France pourrait faire, l'Ambassadeur s'étant occupé comme moi, autant que nous devions, de ces affaires-là.“ | dans, et, pour peu qu'on ait pris garde à ce qui s'est fait à ce sujet dans le temps passé, on trouvera que ce sont des transports qui se font annuellement, en conséquence de certains arrangements que j'ai pris depuis bien d'années, de sorte que, si on en veut tirer des conséquences, l'on en tirera encore l'année future et d'autres qui succèderont, quand on verra exécuter les mêmes arrangements. Pour ce qui regarde les insinuations que le comte de Broglie vous a faites relativement aux affaires de Pologne, j'en ferai parler mon ministre, le comte de Podewils, au chevalier de La Touche, quoique toujours de manière que le secret du comte de Broglie qu'il vous a demandé, n'en soit point exposé.220-2 Federic. |
Nach dem Concept.
6179. AN DEN ETATSMINISTER GRAF PODEWILS IN BERLIN.
Berlin, 21. Januar 1754.
Ich würde nicht ermangelt haben, bei Ew. Excellenz mich heute Vormittag selbst zu melden und gehorsamst anzufragen, ob Deroselben meine unterthänige Aufwartung machen könne, daferne ich nicht heute früh mit einem starken Katarrhe auf der Brust befallen worden wäre, welcher mir sowohl das Sprechen als die Respiration sehr beschwerlich gemachet hätte und davon ich zwar etwas soulagiret, aber noch nicht gänzlich befreiet bin.
<221>Ich sehe mich also genöthiget, Ew. Excellenz hierbei diejenige höchst secrete Pièce221-1 zu übersenden, welche Sr. Königl. Majestät Intention zufolge Ew. Excellenz gerne selber präsentiret haben würde, um allenfalls noch ein und anderes Éclaircissement desfalls mündlich zu geben. Ich erachte sonsten überflüssig zu sein, das sonst mir anbefohlene grösseste Secret deshalb und dass Ew. Excellenz erwähnte Pièce niemanden auf der Welt sehen lassen, noch etwas davon communiciren möchten, zu recommandiren, da die Pièce selbst am Tage leget, wie sorgfältig darunter zu verfahren, damit sonst dergleichen sehr rarer Canal, wodurch man solche erhalten kann, nicht gänzlich ruiniret werde, wenn das geringste davon transpiriren sollte.
Ew. Excellenz gnädigem Wohlwollen empfehle ich mich übrigens und wünsche nichts mehr, als dass Dieselbe geruhen wollen, mir noch einmal einen Tag und Zeit zu nennen, da ich Deroselben unterthänig aufwarten und wegen der nunmehr herannahenden Zeit zur Rückreise nach Potsdam beurlauben kann.
Eichel.
P. S.
Da Se. Königl. Majestät auch occasione dessen, so M. Benoît zu Warschau in seinem letzteren und ehegestern hier eingelaufenen Berichte221-2 von der jetzigen Fermentation in Polen zwischen beiden grossen Partien [berichtet], mir befohlen haben, Ew. Excellenz zu melden, wie Dieselbe einmal Gelegenheit nehmen möchten, den Chevalier de La Touche über die polnische Affaires zu sprechen, um die Sentiments seines Hofes zu erfahren, ob nicht einiges Concert zwischen Frankreich und Sr. Königl. Majestät in Zeiten zu treffen sei, wodurch man die gute Partie in Polen souteniren und nach Möglichkeit fortifiiren, auch wegen des künftigen Reichstages in Polen einige vorläufige Mesures nehmen könne.
Ich ermangele demnach nicht, solches schuldigst auszurichten und zweifele zugleich nicht, dass Ew. Excellenz das Duplicat der Relation von dem Herrn von Maltzahn zu Dresden erhalten haben werden, worin derselbe sich auch über dieses Sujet expliciret hat.221-3
Eichel.
Nach der Ausfertigung.
6180. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A DRESDE.
Berlin, 22 janvier 1754.
Comme il m'est parvenu un rapport bien intéressant du sieur de Benoît à Varsovie à la date du 12 de ce mois, et que j'ignore s'il vous a informé en droiture de ce qui se passe à présent par rapport à<222> la fermentation qui règne actuellement entre les deux partis, j'ai cru nécessaire de vous faire communiquer ce rapport in extenso en forme de post-scriptum chiffré d'un de vos chiffres dont vous ne vous servez plus pour la correspondance. Je laisse à votre discrétion si vous jugez convenable de faire part à M. de Broglie de ces avis-là.
Federic.
De Varsovie, 12 janvier 1754.
On travaille plus que jamais à l'union des deux partis opposés de ce royaume, et l'on ne discontinue pas de tendre toutes sortes de pièges à celui des Potocki, pour l'attirer dans les intérêts de la cour, Le palatin de Belcz et celui de Smolensko222-1 reçoivent les lettres les plus flatteuses du comte de Brühl, qui ne cesse pas de cajoler tout le reste des Potocki. La méfiance qu'on veut leur inspirer à toute force contre Votre Majesté, n'est pas un des moindres remèdes qu'on emploie pour cet effet, par l'instigation des Anglais et des Saxons, à chaque occasion. Ceux du bon parti résistent encore assez bien, mais, comme ils ont affaire à des adversaires extrêmement fins et déliés, qui outre cela travaillent infiniment mieux, avec beaucoup plus d'ordre et bien plus assidûment, dans les conférences qu'ils tiennent le plus souvent qu'il leur est possible, il est toujours plus difficile aux bons patriotes de se maintenir, principalement si les autres viennent à recourir à quelque moyen violent; le secours d'argent et de troupes que les bien intentionnés attendent en pareil cas de leurs alliés, est l'unique espérance qui les fait encore agir.
Il paraît qu'on doit certainement s'attendre à quelque coup d'éclat à la Diète prochaine. Le parti de la cour témoigne même vouloir prendre de telles mesures qu'elles ne seront plus traversées, comme elles l'ont été à la dernière diète de Grodno.222-2 On emploie promesses et menaces, et le général Mokranowski vient d'être averti encore une fois de la part de la cour de Saxe que, s'il continuait à tenir le parti de la Prusse et celui de la France, en inspirant au Grand - Général de l'armée de la Couronne222-3 tant d'aliénation pour les intérêts du roi de Pologne et de ses alliés, on serait obligé de lui retrancher sa pension de chambellan. Celui-ci a répondu en bon citoyen que, n'étant voue à aucune cour étrangère, il ne tenait que le parti des bien intentionnés et qu'il ne laisserait jamais d'agir conformément aux intérêts de toute la République et pour la conservation de sa liberté; que, comme les plus grands avantages qu'on pourrait lui offrir, ne le feraient jamais changer à cet égard, il ne cesserait pas d'entretenir le Grand-Général de l'armée dans les bonnes intentions où il était que rien ne se fît jamais au préjudice des privilèges de la nation. On recommence depuis à filer doux, et il n'y a pas lieu de douter qu'on n'emploie le vert et le sec pour réussir.
<223>Il est certain que l'unique but qu'on se propose en cherchant l'union de la nation, est de la porter à se choisir un jour un successeur tel que les Anglais et les Russes voudraient le leur donner. L'aveuglement dans lequel le comte de Brühl a soin d'entretenir la cour de Saxe, fait croire à celle-ci que c'est en sa faveur qu'on travaille, tandisque son premier ministre est de concert sur tout un autre sujet avec les deux cours susmentionnées.223-1 Le temps fera voir que je ne me trompe peut-être pas dans mes réflexions, et les menées que j'ai vu faire dans les maisons des princes Czartoryski et du comte Poniatowski, me confirment de plus en plus dans mes opinions.
Benoît.
Nach dem Concept; die Beilage nach der Ausfertigung des Berichtes von Benoît.
6181. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION HELLMUTH- BURCHARD DE MALTZAHN A STOCKHOLM.
Berlin, 22 janvier 1754.
J'ai bien reçu les dépêches que vous m'avez faites du 8 et du 11 de ce mois. Comme vous m'y apprenez que le crédit de Madame Horleman auprès de la Reine, ma sœur, et celui du général Lieven auprès du Roi est entièrement tombé,223-2 mandez-moi confidemment et de manière que j'y puisse compter, qui sont donc les personnes auxquelles le Roi, tout comme la Reine, ont rendu actuellement leur confiance, et me marquez leur caractère. Je ne suis pas sans appréhensions que ce sont des gens dont on pourrait révoquer en doute la bonne intention. Observiez, au surplus, que vous n'adresserez autrement qu'immédiatement à moi le rapport que vous m'en ferez, sans en envoyer des doubles au ministère.
Federic.
Nach dem Concept.
6182. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Berlin, 22 janvier 1754.
A mon opinion, tous les arrangements que la cour où vous êtes a faits au sujet de la remonte de sa cavalerie en conséquence de votre dernier rapport du 12, ont été faits dans la supposition d'une réussite infaillible de la négociation entamée en Russie par Guy Dickens et Pretlack; mais, comme celle-ci pourrait bien manquer, et que la cour de Londres ne paraît pas disposée de s'épuiser en subsides pour l'amour de celle de Vienne, je m'imagine que la dernière s'arrêtera dans ses desseins, par la raison qu'elle ne se trouve pas en état encore d'entre<224>prendre elle-seule quelque affaire de conséquence; article que vous devez cependant bien examiner.
Au surplus, il paraît décidé à présent que le roi d'Angleterre ne passera pas la mer cette année-ci.
Federic.
Nach dem Concept.
6183. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Berlin, 26 janvier 1754,
Vous avez rencontré juste dans votre rapport du 16 de ce mois que la cour de Vienne ait demandé des subsides à l'Angleterre.
Il faudra voir, au reste, quel pourra être le résultat de la négociation qui se traite à Moscou, le sieur Guy Dickens ayant, selon ce qui m'en est revenu, renvoyé son courrier par Vienne à sa cour.
Federic.
Nach dem Concept.
6184. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A DRESDE.
Berlin, 26 janvier 1754.
J'ai bien reçu vos rapports du 19 et du 22 de ce mois, sur lesquels je veux bien vous dire que vous devez tâcher au possible de vous procurer une parfaite connaissance de ce que le comte de Flemming à Vienne a mandé à sa cour touchant les affaires que vous savez qu'elles me sont de la dernière importance.
Au reste, je suis bien aise de vous informer que le baron de Pretlack, après être arrivé à Knigsberg, a continué son chemin en dirigeant sa route sur Bialystock, pour y rester quelques jours, bien que le Grand-Maréchal de la Couronne224-1 en doive être absent.
Au reste, de la manière que le premier ministre s'est déclaré envers vous en conséquence du post-scriptum de votre rapport du 22 de ce mois au sujet des transports des recrues par la Silésie, les passeports seront d'abord expédiés.
Federic.
Nach dem Concept.
6185. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Lord Marschall von Schottland berichtet, Paris 11. Januar: „Il paraît que les cours de France et de Turin songent à se rapprocher insensiblement. Elles viennent de conclure entre elles une convention relativement à un certain droit de mer que le port de Villefranche était | Berlin, 26 janvier 1754. J'ai reçu à la fois les dépêches que vous m'avez faites du 11 et du 14 de ce mois, et vous sais gré des particularités dont vous avez bien voulu m'instruire touchant la |
en possession, depuis des temps immémoriaux, d'exiger des vaisseaux français qui passaient à sa portée. La perception de ce droit a donné occasion à de fréquentes contestations entre les deux cours … Après qu'on fut convenu des points principaux d'une pareille convention, l'expédition de l'acte donna occasion à de nouveaux débats, qui en retardèrent longtemps la conclusion. La cour de Turin prétendait alterner avec celle de France dans les titres et dans la signature, prérogatives qu'on n'a pas voulu lui accorder ici, et sur lesquelles elle a insisté longtemps, en alléguant l'exemple de l'Espagne dont elle avait obtenu l'alternative dans le traité d'Aranjuez225-1 … A la fin, on s'est arrêté au tempérament que la convention serait passée au nom de la ville de Marseille.“ | convention faite entre la cour où vous êtes avec celle de Turin par rapport à l'affaire de Villefranche. Ce que je veux bien vous recommander à ce sujet, c'est que vous ne devez perdre aucune occasion pour insinuer aux ministres de quelle conséquence il est pour la France de s'accrocher le roi de Sardaigne, pour conserver la balance en Italie, et que, sans s'être attaché ce Prince, la France ne saurait jamais contre-balancer en Italie la maison d'Autriche, qui, après son traité fait avec le duc de Modène,225-2 aspirait ouvertement à se rendre dépendante toute l'Italie. Federic. |
Nach dem Concept.
6186. AU CONSEILLER DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.
Berlin, 26 janvier 1754.
Le rapport que vous m'avez fait du 11 de ce mois, m'a été fidèlement rendu, qui m'a assez instruit sur le sujet que vous y avez traité,225-3 de sorte que je vous demande à présent un mémoire raisonné sur les avis qu'on a en France sur les différends entre l'Espagne et l'Angleterre, si ces différends s'aigrissent et s'ils pourront aboutir, à la fin, à une guerre ouverte. Vous observerez que, quant à la dernière circonstance, vous demanderez l'avis de milord Maréchal, pour me le marquer.
Federic.
Nach dem Concept.
6187. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Berlin, 29 janvier 1754.
J'ai bien reçu votre dépêche du 18 de ce mois. Pour ce qui regarde l'affaire par rapport à mes différends avec l'Angleterre, je crois que le meilleur serait que M. de Saint-Contest laisse dormir tout-à-fait la négociation à ce sujet, et que nous gardions le même silence avec les ministres anglais qu'ils gardent avec nous, jusqu'à ce que l'on sache<226> voir clairement sur le tour que prendra la négociation de Guy Dickens à Moscou.
Si l'Angleterre ne prend point de nouveaux engagements avec la Russie, et si le Roi, à l'ouverture du nouveau Parlement, ne fait point entrer dans sa harangue qu'il fera, quelques mauvais propos au sujet des susdits différends, alors j'estime qu'on saura renouer la négociation avec succès, dont on ne peut pas se flatter dans le moment présent, vu que le ministère anglais n'a d'autre attention à présent que sur les affaires intérieures du pays.
Vous ne manquerez pas de vous entretenir dans ce sens-là avec M. de Saint-Contest et de me marquer ce qu'il vous en aura dit.
Federic.
Nach dem Concept.
6188. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Berlin, 29 janvier 1754.
Le rapport que vous m'avez fait du 15 de ce mois, m'a été heureusement rendu, sur lequel je n'ai rien à vous dire, sinon que vous devez tâcher à pouvoir me marquer précisément et avec certitude si le roi d'Angleterre ne passera point cette année-ci à ses États d'Allemagne. Informez-moi d'ailleurs si les affaires d'Irlande continuent encore d'embarasser le ministère anglais, ou si elles commencent de s´apaiser
Federic.
Nach dem Concept.
6189. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Berlin, 29 janvier 1754.
La dépêche que vous m'avez faite du 19 de ce mois, m'a été bien rendue. Comme il faut bien qu'à présent le courrier que le comte Esterhazy a dépêché avec le résultat des conférences que Guy Dickens a eues avec les ministres de Russie, arrive bientôt à Vienne, vous observerez avec attention la contenance des ministres de la cour où vous êtes, afin de pouvoir faire vos conjectures sur la situation de cette négociation. Veillez au surplus avec toute l'attention possible à ce que ladite cour fait d'arrangements dans son militaire.
Federic.
Nach dem Concept.
6190. AU SECRÉTAIRE VON DER HELLEN A LA HAYE.
Berlin, 29 janvier 1754.
Le rapport que vous m'avez fait du 22 de ce mois, m'a été bien rendu, au sujet duquel je veux vous dire que, quoiqu'il y ait des cir<227>constances dans ce qui vous est revenu des négociations du sieur Guy Dickens en Russie, qui ne sont pas exactement conformes à ce qui m'en est revenu d'autre part, vous devez cependant continuer de tirer toutes les informations que vous saurez sur cette négociation et de m'en faire vos rapports.
Au reste, mandez-moi s'il n'est pas arrivé jusqu'à présent de nouveau ministre du roi de Portugal227-1 auprès les États-Généraux, et s'il n'y a pas apparence qu'il en arrivera bientôt.
Federic.
Nach dem Concept.
6191. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Berlin, 29 janvier 1754.
J'ai bien reçu votre rapport du 19 de ce mois et me réfère pour ce qui regarde l'affaire de la comtesse de Bentinck aux instructions que je vous ai fait donner successivement par mes ministres.
Quant aux sentiments que la reine de Danemark vous a marqués à mon égard, et dont j'ai été vivement touché, je suis bien aise de vous faire observer que vous ne perdrez point les occasions où vous saurez dire à cette Princesse des choses obligeantes de ma part.
Federic.
Nach dem Concept.
6192. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A DRESDE.
Potsdam, 1er février 1754.
Le rapport que vous m'avez fait du 26 du mois passé, m'a été heureusement rendu. Comme il y a dans le précis que vous faites de la pièce en question,227-2 différentes choses que je ne sais concilier que difficilement avec ce que portent les instructions autrefois données par le duc de Newcastle au sieur Guy Dickens et avec ce que vous m'en avez appris autrefois227-3 à ce sujet, je voudrais bien que vous m'eussiez envoyé par quelque homme de confiance la copie de la pièce entière et in extenso, afin que j'eusse été à même d'en juger en y combinant les autres circonstances qui y sont relatives. C'est aussi pourquoi je désire que vous m'envoyiez encore la pièce en son entier.
Au surplus, j'approuve parfaitement que vous informiez le ministre de France de tout ce qui nous est revenu par rapport aux arrangements pris en Russie relativement aux affaires de Pologne, sans cependant lui donner la moindre ouverture par rapport au canal d'où nous avons<228> puisé ces avis, et de sorte qu'il ne puisse pas même s'en douter. Sur quoi vous userez de toute précaution imaginable.
Federic.
Nach dem Concept.
6193. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A DRESDE.
Potsdam, 2 février 1754.
J'ai reçu votre dépêche du 29 dernier touchant les avis qui vous sont venus par rapport aux chipotages entre les cours de Dresde, de Vienne et de Moscou. J'en ferai faire communiquer un extrait à mon ministre comte de Podewils,228-1 quoiqu'en lui cachant avec soin tout ce qui pourrait lui faire soupçonner les canaux desquels ces avis vous dérivent, afin qu'il en puisse parler au chevalier de La Touche, et je vous permets d'ailleurs que vous puissiez toucher dans vos rapports que vous ferez au département des affaires étrangères, les choses qui regardent les affaires de Pologne, bien que vous le feriez toujours de sorte que mes ministres ne sauront absolument s'apercevoir du canal d'où ces avis secrets vous sont revenus, ce que vous leur masquerez avec toute l'adresse possible.
En attendant, je veux bien vous communiquer les réflexions que j'ai faites sur votre dépêche ci-dessus accusée, savoir que je crois que les Russes ne voudront rien faire par rapport aux affaires de Pologne, quand ils n'auront pas des subsides, et que la négociation sur ce sujet avec Guy Dickens échouera. Je remarque d'ailleurs que vous envisagez la France et la Hollande de la manière qu'elles étaient il y a quarante ans, où la France prodiguait des sommes pour ses intérêts d'État, et où la seconde était une puissance respectable. C'est ce qui s'est bien changé du depuis, où la France se fait bien tirer à la manche pour dépenser même le nécessaire, et où la république de Hollande trouve à peine les moyens de soutenir son intérieur, vu ses finances ruinées et la désunion entre les Régents.
Quant aux Anglais, je doute fort qu'ils voudront se mettre en grands frais à l'égard des affaires de Pologne et pour une succession au trône de ce pays assez éloignée encore, et je m'imagine que peut-être le chevalier Williams s'est plus avancé là-dessus que sa cour ne l'a chargé. Au reste, toutes les propositions que vous faites pour nous former un parti en Pologne, sont bonnes et solides; mais souvenez-vous que je ne saurais pas le faire moi seul, et que, quand j'ai fait parler jusqu'ici à la France sur ce sujet, on m'a renvoyé toujours la balle, en me faisant entendre que, comme le plus proche voisin de ce pays, j'avais à voir ce qu'il y aura à faire selon les occurrences. Ainsi, comme de fortes pensions demandent de gros fonds, et qu'on ne peut tout-à-fait<229> compter sur une nation aussi inconstante que celle de Pologne, je crois encore que le plus convenable sera d'empêcher que la République n'entre en alliance ni en concert avec la Russie, et de rompre pour cet effet les Diètes, aussi souvent qu'il y en a. J'ajoute d'ailleurs la réflexion que les cours de Dresde et de Moscou se sont épuisées en donnant de grandes pensions à leurs partisans en Pologne, et que, malgré cela, nous avons heureusement réussi depuis bien d'années à faire rompre ou filer les Diètes.
Federic.
Nach dem Concept.
6194. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 2 février 1754.
J'accuse la bonne réception du rapport que vous m'avez fait à la date du 21 dernier. Quoique je n'aie guère de nouvelles intéressantes du dehors à vous mander, je ne veux point cependant laisser partir cette ordinaire, sans vous dire qu'en conséquence de nos lettres de Londres le comte Colloredo continue de presser le ministère anglais de persévérer dans leurs promesses vis-à-vis de la cour de Moscou et de les exécuter d'abord qu'on aurait engagé celle-ci à finir sur un pied raisonnable et conforme, au possible, aux intentions où on était. L'on marque que le ministère d'Hanovre et le duc de Newcastle continuent à donner les plus belles assurances audit comte, mais qu'il paraissait par la conduite du sieur Pelham qu'il ne cherchait qu'à traîner, autant qu'il pourrait faire, cette négociation, à laquelle il s'était prêté bien à contre-cœur, et qu'il ne [se] souciait guère que des affaireses parlementaires.
Vous aurez sans doute appris déjà les troubles qui sont arrivés depuis peu à Amsterdam à l'occasion de l'enterrement d'un nommé Raap, fameux partisan du feu prince d'Orange. L'on vient de me marquer à ce sujet que des gens qui croient être au fait des affaires de ce pays-là, prédisent que tout ceci n'était qu'un commencement, et que le feu de la sédition éclaterait de plus en plus. Que le peuple était revenu du stathoudérat, et que l'autorité de la Princesse-Gouvernante était chancelante, en sorte qu'il y avait beaucoup d'apparence que le jeune Prince ne parviendrait pas tranquillement à la tête de la République. L'on prétend avoir remarqué que même à la Haye la populace commençait déjà à s'attrouper pendant la nuit par centaines, criant dans les rues Vive, en faisant en même temps mille imprécations de vouloir assommer celui qui oserait ajouter le mot d'Orange.
Bien que je ne compte pas trop sur de pareilles émotions populaires, je souhaiterais cependant que, si le cas d'une révolution arrivait là, la France tâchât de profiter d'un pareil moment pour s'attacher ces gens-là, de sorte que les affaires dudit pays revinssent au même etat qu'elles ont été du temps de Jean de Witt, ce qui ne saurait être qu'un grand avantage pour la France et ses alliés. Je laisse à votre<230> discrétion, si vous trouvez bon d'en glisser adroitement quelque chose à M. de Contest dans les entretiens confidents que vous aurez avec lui.
Federic.
Nach dem Concept.
6195. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Potsdam, 2 février 1754.
Votre dépêche du 18 du janvier dernier m'a été fidèlement rendue. Jusqu'à présent il est bien douteux encore si la Russie voudra entrer au traité de subsides tel qu'il lui a été proposé par le contre-projet230-1 des ministres anglais, et il faudra attendre le résultat que ceux de Russie y prendront. A la vérité, l'on m'apprend que ceux-ci penchent de tirer leur profit de cette négociation, mais jusqu'ici tout est resté indécis.
En attendant, l'on voit assez clair par ce que vous me marquez de l'empressement du comte de Colloredo pour recommander la persévérance aux ministres anglais, et par tous les autres mouvements dont je suis informé que les ministres autrichiens en Russie se sont donnés pour faire goûter à ceux de Russie le contre-projet anglais, que tout cela n'est qu'un jeu de la cour de Vienne, qui voudrait brouiller les affaires, afin de pêcher en eau trouble aux dépens de ses alliés. Mais je crois le ministère anglais trop clairvoyant pour ne pas s'en apercevoir et pour n'avoir pas trop d'envie d'en être la dupe. Ce qui me confirme dans cette pensée-là, c'est la déclaration qu'il a fait faire à la France, dont je vous ai déjà fait communication,230-2 savoir que l'Angleterre ne voudrait point prendre de nouveaux engagements avec la Russie, mais qu'elle se tiendrait à ceux qu'elle avait pris avec celle-ci à l'année 1746.230-3 J'ai de la peine à croire que l'Angleterre voudrait abuser aussi grossièrement la France en agissant contraire à une déclaration aussi positive que celle qu'elle a faite de son propre gré; le démenti qu'elle s'en donnerait, intéresserait trop son honneur et sa dignité. Cependant, vous qui êtes sur les lieux, examinez et marquez-moi si je me trompe dans mes conjectures ou non.
Federic.
Nach dem Concept.
6196. AN DEN GEHEIMEN RATH VON FÜRST IN WIEN.
Potsdam, 2. Februar 1754.
Mir ist Euer Bericht vom 18. richtig eingeliefert worden. Zuforderst finde Ich nöthig, Euch zu erinnern, wie es Mir allemal lieber sein wird, wenn Ihr dergleichen Berichte durch den Etatsminister von Massow230-4 gehen und denselben über das erforderliche anfragen lassen werdet,<231> als dass Ihr Mir solche immédiatement adressiret, um dadurch zu evitiren, dass nicht aus differenten Principüs agiret werde.
So viel demnächst die in Eurem Berichte angeführete Sachen selbst anbetrifft, da kann es Mir nicht anders wie ohnangenehm sein, dass der wienersche Hof seine Forderungen wegen gewisser von uns zu habenden Nachrichten und sonsten mehr und mehr vergrössert. Ich habe beständighin declariret, dass wenn auch Ich Meine hiesige Provincien mit zu der schlesischen Commercienconvention ziehen lassen wollte, Ich davon die clevischen exprès ausnähme,231-1 ingleichen dass Ich die Consumtionsaccisen Meiner Lande mit dieser Negociation nicht meliret wissen wollte. Will man nun österreichischer Seits fordern, so kann Ich es nicht anders ansehen, als ob man nicht Lust habe, jemalen zu schliessen, vielmehr nur intendire, Schwierigkeiten mit Schwierigkeiten zu häufen, um sich, und wenn man zuforderst die Nachrichten hat, so man von Mir zu haben verlanget, auf einmal abzubrechen, welches aber Meine Sache nicht ist. Ich lasse es dahero auch lediglich bei denen Resolutionen, so Ich Euch bei Eurer letzteren Anwesenheit zu Breslau231-2 ertheilet, bewenden, zumalen da Ich aus dem verfänglichen Betragen des wienerschen Hofes ersehe, wie es ihm noch zur Zeit wenig Ernst ist, in der Sache etwas gedeihliches zu schliessen.
Friderich.
Nach dem Concept.
6197. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION HELLMUTH- BURCHARD DE MALTZAHN A STOCKHOLM.
Potsdam, 2 février 1754.
Comme je souhaiterais bien d'avoir quelque habile ouvrier suédois pour la fonte des canons ou des mortiers de fer, avec quelque habile modeleur pour y faire ce qu'on appelle les formes, mon intention est que vous devez employer vos soins afin d'engager sous mains et sans que cela fasse de l'éclat, un de pareils ouvriers habiles dans leur métier. Sur quoi mon conseiller privé des finances à Berlin, Zinnow, vous expliquera mes intentions, avec lequel vous pourrez entretenir correspondance à ce sujet, supposé que vous vous croyiez à même de pouvoir remplir mes intentions à cet égard.
Federic.
Nach dem Concept.
6198. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Potsdam, 4 février 1754.
Il est surprenant que les ministres de la cour de Vienne ne cessent de m'imputer effrontément des choses aussi fausses et absolument controuvées que celles que vous marquez dans votre dépêche du 22 dernier<232> par rapport aux obstacles que je devais mettre à l'accommodement de l'Électeur palatin avec la cour susdite, et, ce que je trouve plus étrange encore, c'est que ces gens puissent trouver crédit encore sur de pareilles calomnies, après que l'évènement a fait voir que tout ce qu'ils m'avaient endossé de pareilles imputations, s'est trouvé au bout du compte absolument faux; réflexion que vous ne laisserez pas de faire valoir modestement dans des occasions convenables.
Au surplus, quoique je sois bien aise que les ministres anglais ne se soient point réchauffés à cette occasion, cependant je veux bien vous faire observer si ce n'est pas une espèce de trêve de leur part pour voir préalablement comment l'affaire des élections pour le nouveau Parlement succèdera à leur gré, et, supposé qu'elles leur succèdent favorablement, si alors, en reconnaissance de ce que le roi d'Angleterre ne sortira point du royaume dans le cours de cette année-ci à leurs instances, ils ne voudraient entrer dans ses vues et parler alors du haut ton; problème sur lequel je demande que vous vous expliquiez envers moi.
Federic.
Nach dem Concept.
6199. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Lord Marschall von Schottland berichtet, Paris 25. Januar, dass er im Sinne des Immediaterlasses vom 5. Januar (S. 205) mit dem Marquis Saint-Contest in Betreff der preussisch-englischen Differenzen gesprochen habe. „Ce ministre me répliqua que le duc de Mirepoix avait des ordres exprès de ne point laisser échapper les occasions qui pourraient servir à la pacification de ces différends, mais d'en profiter avec empressement; qu'il lui semblait, au reste, que, supposé que le voyage du roi d'Angleterre eût lieu, ce serait là le vrai temps pour travailler avec succès à cette négociation; car, ajouta-t-il avec un sourire malin, ce Prince sera peut-être plus traitable dans le voisinage du roi de Prusse qu'il ne l'est dans son île.“ | Potsdam, 5 février 1754. J'ai bien reçu votre dépêche du 25 du mois dernier. Je suis bien aise de la réponse que M. de Saint-Contest vous a donnée tant au sujet des instructions données à M. de Mirepoix touchant mes différends avec l'Angleterre que par rapport au payement du quartier des subsides dû au duc de Brunswick,232-1 qui continue de m'en faire les plus vives instances. Comme mes lettres d'Angleterre me marquent que, bien qu'on n'ait encore reçu quelques avis intéressants touchant les arrangements subsidiaires à prendre avec la Russie, néanmoins le ministre autrichien ne cessait point de prêcher aux ministres anglais la nécessité de cette mesure, en se servant de mille mensonges pour les y fortifier — j'ai bien voulu vous en avertir et vous dire que je commence d'envisager la tranquillité des ministres anglais comme une trêve ou bonace pour mieux finir leurs affaires parlemen- |
taires, mais que, quand ils auront achevé à leur gré les élections, ils parleront alors du haut ton et se prêteront aux vues de leur Prince, ne fût-ce qu'en reconnaissance de ce qu'il a eu bien [voulu] avoir la complaisance, à leurs instances, de ne point passer dans ses États d'Allemagne; réflexion que vous ne devez point oublier de glisser à M. de Saint-Contest, à la première occasion que vous y trouverez convenable, en ajoutant qu'en conséquence de mes lettres le ministère anglais recommençait d'envisager très sérieusement l'affaire des travaux de Dunkerque et les altercations des Indes orientales entre la France et l'Angleterre, et que ces objets, étant plus nationaux que mes différends, pourraient peut-être obliger ces gens-là d'entrer dans les idées des deux cours impériales. Qu'on ferait des déclarations bien sérieuses aux ministres de France, et que, si malgré celles-ci la France continuait d'aller son train, surtout dans l'affaire de Dunkerque, les ministres anglais, pour leur propre sûreté, la porteraient au Parlement et étaient résolus, quant aux altercations des Indes orientales, d'y envoyer au plus tôt une escadre dont on équipait actuellement les vaisseaux pour les faire mettre à la voile dans le courant de ce mois, en cas que les choses restassent sur le pied où elles le sont. Au surplus, l'on m'informe qu'il était décidé que le roi d'Angleterre ne passerait pas la mer cette année-ci. Federic. |
Nach dem Concept.
6200. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 5 février 1754.
J'accuse le rapport que vous m'avez fait du 26 dernier. Je ne sais d'où le bruit d'une nouvelle levée de troupes aux Pays-Bas autrichiens est venu; il en a couru, à ce que je m'en souviens, mais je n'y ai pas fait attention, sachant bien que la cour où vous êtes serait en peine d'y fournir de ses propres fonds. Il se peut encore qu'en formant ce plan, on ait compté sur les subsides qu'on se flatte que l'Angleterre fournirait233-1 en conséquence des sollicitations que le comte Colloredo en a faites, pour entretenir un corps de 40,000 hommes dans les Pays-Bas; mais, comme les ministres anglais n'y ont fait guère attention, je crois qu'on a laissé tomber ce plan.
Quant à votre ami en Hollande, il me doit revenir des arrérages de mes terres vendues233-2 là jusqu'au jour de la tradition, et c'est de ce fonds que je lui ai destiné ma gratification, dont, à ce que j'espère, il aura lieu d'être content, quoique je croie que le prix assez médiocre auquel je vends ces terres, ne m'oblige pas à une reconnaissance extra<234>ordinaire à son égard, auquel je perdrais sûrement, si par mon industrie je ne savais employer le capital qui m'en revient, avec avantage.
Federic.
Nach dem Concept.
6201. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION HELLMUTH- BURCHARD DE MALTZAHN A STOCKHOLM.
Potsdam, 5 février 1754.
J'ai été fâché d'apprendre par votre rapport du 22 dernier que le feu des dissensions entre la cour de Suède et le Sénat va encore en augmentant. N'étant pas assez informé des affaires de ce pays-là, il faut que j'en suspende mon jugement et que je me fie à ce que vous m'en marquez en conséquence des propos que M. d'Havrincourt vous en a tenus. En attendant, je veux qu'à la première occasion que vous [vous] entretiendrez avec lui, vous lui direz modestement, mais d'une manière qu'il y prête attention, que, bien que je ne fusse pour rien dans toutes ces altercations, néanmoins je m'imaginais que, quand le roi de Suède voyait que le Sénat le contrariait toujours et jusqu'à des bagatelles, il ne saurait manquer que l'aigreur pousserait de plus en plus; que, selon moi, lui, M. d'Havrincourt, en ministre de France à la cour d'une puissance alliée et attachée à la dernière par plus d'un lien, devrait s'employer à adoucir la fougue des membres du Sénat et les arrêter de toute voie de violence, tout comme de ma part j'inspirerais toujours à la Reine, ma sœur, des sentiments de douceur et de modération. Que si lui, M. d'Havrincourt, voulait trop appuyer les personnes du Sénat et que de ma part je voudrais souffler à la Reine de continuer dans le train tel que M. d'Havrincourt lui impute, l'on ne ferait que verser de l'huile dans le feu et mettre bientôt en combustion intérieure tout le royaume, ce qui donnerait beau jeu aux ennemis de la France et de la Suède pour parvenir à leur but, auquel ils avaient depuis longtemps visé, et qu'au surplus je priais M. d'Havrincourt de songer à ceci pour prendre un bon parti pendant ces occurrences.
Au reste, vous aurez soin que la lettre ci-close que j'ai faite à la Reine, ma sœur,234-1 lui passe sûrement et le plus tôt le mieux.
Federic.
Nach dem Concept.
6202. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
[Potsdam], 8 février [1754].
Vous me faites grand tort, mon cher Milord, si vous croyez que je vous prends pour un radoteur : je vous trouve un homme très aimables et je crois que, dégoûté du métier que vous faites, vous soupirez après<235> votre liberté.235-1 Ces sentiments sont si naturels à l'homme que je ne puis y trouver à redire; si j'étais, aussi, maître de mes actions que vous l'êtes des vôtres, il y a longtemps que j'aurais pris un parti semblable, mais dans mon métier on est condamné à porter le joug toute sa vie. On s'acharne contre l'indifférence ou l'esprit philosophique qui a fait quitter le trône à quelques princes, et l'on censure l'ambition de ceux qui veulent augmenter leur puissance; ainsi point de moyen de contenter le public, et, sûrs d'être blâmés quoi que nous pussions faire, ce nous est encore une nécessité de nous exposer à la censure du public, quand nous sentons notre esprit et nos forces déchoir. Il n'y a d'heureux dans la monde, croyez-moi, que les personnes qui ont eu assez de sagesse de renoncer dès leur jeunesse à toute ambition, et dont les noms [sont]235-2 inconnus souvent de la malignité publique [et]235-3 ceux qui savent les leur dérober. La vie est si courte qu'il ne faudrait vivre que pour soi et non pas pour des ingrats qui ne vous tiennent aucun compte de vos peines, et qui critiquent aigrement vos actions.
Vous trouverez ma lettre d'un goût trop stoique, mais comptez que ce sont mes véritables sentiments. Quand on a vu longtemps de près les objets de la cupidité publique, le charme s'évanouit, et l'on ne tarde point à se détromper de la valeur chimérique que leur attribue le vulgaire. Cela ne m'empêche pas de faire par devoir ce que mon métier exige de moi, mais je vous assure que c'est en jurant souvent contre mon destin de ce qu'il ne m'a pas mis en situation de pouvoir mener une vie plus agréable.
Nous n'avons pas ici, à la vérité, de tracasseries de prêtres ni de Parlements obstinés,235-4 mais un autre sorte de souci en tient lieu. Vous me renverrez peut-être à l'épître d'Horace à son jardinier235-5 et vous n'aurez pas tort; il faut se trouver bien où l'on est, et ne point chercher le bonheur parfait dans ce monde, supporter le chagrin, quand il vient, et jouir du plaisir, lorsqu'on peut l'attraper. Je vous en souhaite beaucoup, mon cher Milord, et je vous prie d'être persuadé que personne ne prend plus de part au bien qui vous arrive, que votre fidèle ami
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
6203. AN DEN ETATSMINISTER GRAF PODEWILS IN BERLIN.
Potsdam, 8. Februar 1754.
Nachdem Se. Königl. Majestät mir exprès befohlen haben,235-6 beiliegenden aus verschiedenen letzteren Depeschen des Herrn Geheimen Rath von Maltzahn zu Dresden zusammengezogenen Extract die polnische Affairen betreffend an Ew. Excellenz zu übersenden, und dabei<236> zu vermelden, wie Dieselbe nach davon gemachtem eigenen Gebrauch solchen sorgfaltigst und unter Dero eigenen Beschluss asserviren, auch denselben niemanden weiter sehen lassen noch communiciren möchten, als nur einig und allein des Etatsministers Herrn Grafen von Finckenstein Excellenz, so habe solchem mir anbefohlenen hierdurch schuldigst nachkommen sollen. Wobei mich noch zu melden unterstehe, dass im Fall Ew. Excellenz desfalls etwas an des Königs Majestät gelangen zu lassen vor nöthig erachteten, ich sehr wünschete, dass solches an Höchstdieselbe immediate ohnvorgreiflich geschehen könnte.
Eichel.
Extraits des dernières dépêches du conseiller privé de Maltzahn à Dresde faites immédiatement au Roi.
Ce qu'il y de bien certain dans le raisonnement du sieur Benoît,236-1 c'est que la cour de Saxe a grande envie de prendre à la prochaine Diète de Pologne des mesures pour s'assurer de la succession au trône. Je n'ignore point les démarches qu'on a faites à Vienne et en Russie pour former une confédération, mais j'ai aussi appris qu'on s'est peu positivement expliqué là-dessus à la première cour.
Il m'est revenu que le sieur Gross a envoyé un rapport sur les affaires de Pologne, après que le chancelier Bestushew lui en avait demandé, et promis à la cour de Dresde qu'il l'accompagnerait de ses réflexions. Mais il faut bien que le comte Brühl n'ait trouvé lesdites réflexions de telle importance que les promesses du Chancelier les avaient fait imaginer, puisqu'il s'en est ouvert à un de ses amis confidents que le Chancelier y regardait comme décidé qu'un prince de Saxe est toujours préférable à tout prince étranger, pour être élu roi de Pologne, et même à un Piaste, d'autant qu'il serait difficile de pouvoir jamais se fier à un Polonais dont l'élévation coûterait beaucoup de dépenses et causerait bien des troubles, comme la Prusse et la France voudraient placer sur le trône un Polonais de leur parti et chercheraient à y intéresser la Porte Ottomane. Que, si celui qu'on élèverait à la royauté, était pauvre, il serait bientôt acheté par l'argent de la France et chercherait par l'instigation de cette cour, et en partie par son propre mouvement, l'appui des Turcs. Qu'on trouverait, au contraire, d'abord de la part des Polonais moins d'opposition à l'élévation d'un prince de Saxe que si l'on donnait la foi à un de la nation plutôt qu'à l'autre; que la Saxe pouvait s'aider elle-même par ses troupes et son argent et serait soutenue par les cours de Vienne et de Londres et des Hollandais. Que l'inclination par laquelle un prince saxon devait être porté à s'attacher à la Russie, serait appuyée par la nécessité de s'assurer contre ce qu'il serait obligé de souffrir du roi de Prusse dans ses États de Saxe et contre le parti que conjointement avec la France il236-2 tiendrait toujours en Pologne contre lui. Que la Saxe n'avait au<237>cune liaison avec la Porte Ottomane et que le parti qu'elle se ferait en Pologne devait être censé toujours plutôt russe que saxon.
Au reste, j'ai appris de bon lieu que, dans une conférence que le sieur Gross a eue avec le chevalier Williams, avant le départ de celui-ci de Dresde, sur les affaires de Pologne et la confédération à former à la prochaine Diète, le sieur Gross a déclaré que, bien qu'il convînt de la nécessité d'un pareil arrangement, néanmoins l'Impératrice sa souveraine, sur un rapport que le Chancelier lui en avait fait, avait déclaré son étonnement sur ce que l'on mettait à tout bout de champ une élection au trône sur le tapis, tandis que le roi de Pologne jouissait de la meilleure santé et que le Prince Électoral était non seulement d'une constitution faible, mais avait encore à encourir le risque de la petite vérole, de sorte qu'après avoir tout fait pour lui, il se trouverait peut-être, à cause de l'état de sa santé, qu'on aurait travaillé en vain; qu'au reste, quelque efficace que serait le secours qu'elle donnerait en pareille occassion, elle ne voulait pas être chargée seule de tout, mais savoir à quoi on pourrait s'attendre des autres alliés.
Malgré tout cela, je viens d'être informé que le chancelier Bestushew ne laisse pas de presser la cour de Saxe sur un concert à prendre avec la cour de Vienne et de l'assurer qu'en attendant des démonstrations plus efficaces de la bonne volonté de la Russie, on avait pris la résolution de s'assurer des principaux Polonais par des pensions et des présents; que pour cet effet il avait fait assurer au Primat237-1 une pension annuelle de 7,000 roubles, au grand-chancelier Malachowski une de 3,000 roubles, au Vice-Chancelier237-2 un présent de martes zibelines et au chancelier de Lithuanie237-3 l'ordre de Russie; que ledit Chancelier avait marqué d'ailleurs au sieur Gross qu'il était nécessaire qu'il fît encore un rapport en conséquence pour presser là-dessus le ministère russe, ce qui ne pouvait se faire trop souvent, et dans lequel il appuierait principalement, en conséquence des insinuations que le comte de Brühl lui aurait faites, que la cour de Moscou fasse des représentations à celle de Vienne pour s'arranger sur cette affaire, ce que lui, Chancelier, ferait effectuer de la manière la plus efficace.
Au reste, il est constaté que la cour de Saxe sollicite avec une vivacité, comme elle n'a point fait encore, le concours de ses alliés pour former une confédération à la Diète de cette année, et qu'elle n'épargne rien de son côté pour intimider ceux qu'elle ne peut pas gagner des Polonais, et que, quand la Russie ne ferait pas autre chose que ce qu'elle fait, de donner des pensions, ce que peut-être l'Angleterre fera également, tout cela fortifiera le parti anti-républicain et affaiblira le nôtre, qui ne serait soutenu d'aucune façon par les cours qu'il devrait regarder comme le soutien de la patrie. J'ai informé Votre Majesté combien on a insisté auprès de M. de Broglie et de moi sur des déclarations qu'on soutiendrait leur liberté contre les attentats que la cour<238> de Saxe, soutenue par ses alliés, voudrait lui porter, et que les assurances générales que nous avions données, n'étant pas autorisés d'en donner de positives de la part que la France et Votre Majesté prendraient toujours aux intérêts de la République, de rendre compte à nos cours, ont autrefois fait naître une confiance en nous et à eux-mêmes qu'on ne connaissait pas, mais que les plus considérables personnes du bon parti commencent à ne regarder les bonnes paroles dont nous les avons payés, avec quelques milliers de ducats qu'on a distribués à la Diète, que comme tendantes à les séduire pour rompre la Diète, de peur qu'il ne s'y fît quelquechose de contraire à nos intérêts; que, si donc on n'achève pas de donner à notre parti la consistance qui lui manque, et sans laquelle il n'y aura jamais que les semences d'un parti, mais qui deviendront plus rares, à mesure qu'on perdra le temps à les négliger, non seulement on perdra la confiance, mais on avancera peut-être des évènements qu'on éviterait en rendant à ce parti la considération qu'il doit avoir; car plus il sera obligé de travailler par des souterrains, plus il paraîtra faible à la cour de Saxe et plus celle-ci se fortifiera dans l'espérance de réussir par quelque coup de main, comme elle l'a tenté à la Diète de Grodno de l'année passée.
Il est très sûr que Votre Majesté et la France ne doivent pas négliger de faire autant de leur côté que les autres en font, qui est de rassembler les matériaux des principaux personnages pour en construire un parti qui puisse agir selon les desseins et les intérêts qu'il convient de soutenir. Toute la facilité de la réussite est du côté de la bonne cause, puisque nous ne voulons rien faire, mais seulement empêcher que rien ne se fasse contre la liberté de la Pologne.
Il y a longtemps que le comte Mniszech, à qui le ministre Brühl persuade ce qu'il veut, s'est mis en tête d'établir le crédit des Potocki à la cour sur la ruine de celui des Czartoryski, qu'il hait mortellement, et c'est sur ce ton-là que les lettres que le comte Brühl écrit aux palatins de Belcz et de Smolensko seront stylisées. Je ne doute, au reste, pas que les palatins de Belcz et de Smolensko n'aient dit là-dessus des merveilles au sieur Benoît, pour se faire valoir davantage. Tout ce que celui-ci insinue, comme si le comte Brühl trompait son maître en lui faisant accroire que ce soit en faveur de ses enfants qu'on travaille, tandis qu'il serait d'accord sur un tout autre sujet avec les cours de Londres et de Pétersbourg, est suffisamment désavoué par les démarches qui se font à ces cours pour le Prince Électoral, et plus encore par la persuasion dans laquelle doit être la cour de Russie qu'aucun prince ne lui convient mieux sur le trône de Pologne qu'un prince saxon; d'ailleurs, ses intentions pour tel sujet ou un autre sont très indifférentes; il s'agit de quoi avoir à opposer à l'exécution de toutes celles qui sont contraires aux intérêts de Votre Majesté, et c'est de quoi l'on sera sur par les arrangements qui sont à prendre.
Nach der Ausfertigung.
<239>6204. AU SECRÉTAIRE VON DER HELLEN A LA HAYE.
Potsdam, 9 février 1754.
J'ai reçu le rapport que vous m'avez fait du 1er de ce mois. Après que vous aviez bien relevé dans vos rapports antérieurs les émotions populaires à Amsterdam et la fermentation qui commençait d'apparaître à la Haye,239-1 je m'étonne que vous passiez tout en silence, dans celui que je viens d'accuser, ce qui en est arrivé du depuis. Aussi, pour satisfaire à ma curiosité, me marquerez-vous si ces tumultes continuent ou si l'on a trouvé moyen, à ce que je crois, de les apaiser.
Federic.
Nach dem Concept.
6205. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Potsdam, 9 février 1754.
Dans votre dernière dépêche du 25 passé vous souhaitez d'être instruit de ma part de la somme d'argent qu'en composant avec l'Angleterre sur nos différends, je voudrais qu'on me promît. La confiance sans bornes que j'ai en votre droiture et en votre zèle pour mes intérêts, m'engage de vous confier mes intentions là-dessus, savoir que je demanderai au commencement la somme de 200,000 écus d'Allemagne, et, quand elle paraîtrait trop forte, celle de 150 ou 120,000 écus, et que, dans le cas qu'il n'y aurait moyen de les obtenir, mon ultimatum serait 100,000 écus et, à la fin 80,000 écus,239-2 mais ce qui serait aussi mon dernier ultimatum où je fixerais le montant, quand il n'y aurait absolument moyen d'en obtenir un plus considérable. Au surplus, je vous recommande bien d'aller extrêmement bride en main sur tout ceci et de ne pas exposer ni moi ni vous, supposé que les tentatives que vous ferez, selon mon ordre antérieur,239-3 n'étaient pas de réussite; aussi je crois superflu de vous dire que vous n'avancerez pas d'abord mon dernier mot. Enfin, je me remets sur tout ceci sur votre prudence et votre fidélité.
Federic.
P. S.
Songez de m'informer exactement sur le train que les différends entre l'Angleterre et la France touchant les Indes orientales prendront; il m'est trop important d'avoir de bonnes informations si ces choses s'aigrissent, ou si elles viennent d'être apaisées pour que vous m'en laissiez manquer. Observez la même chose par rapport aux différends entre les Anglais et les Espagnols sur les affaires d'Amérique et mandezmoi si les marchands anglais sont inquiets des suites, et si ces différends vont en augmentant, ou s'ils s'accommodent.
Nach dem Concept.
<240>6206. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Klinggräffen berichtet, Wien 30. Januar: „ C'est le tout de bon de l'Angleterre de ne point faire de nouveau traité de subsides avec la Russie. Sans doute que cela dérangera bien des vastes projets, et le camp considérable qu'on voulait former en Bohême,240-1 dont les arrangements, ainsi que je l'ai marqué il y a quelque mois, ont été conduits si mystérieusement, s'en ira en fumée. Il m'est revenu, depuis trois jours, de source que peut-être on y rassemblerait un camp d'exercice ordinaire; car, pour que cette cour-ci commence elle seule quelque chose de sérieux, en combinant sa situation actuelle de finances, il n'y a encore rien à craindre, et elle ne s'exposera pas. Autre chose serait, si la Russie eût été mise en mouvement par l'Angleterre : encore cette cour-ci n'aurait-elle pas commencé d'abord par agir, mais aurait suivi insensiblement, se contentant d'abord par une démonstration guerrière qui eût para tout-à-coup, ce qui aurait obligé Votre Majesté de partager Ses forces.“ | Potsdam, 9 février 1754. J'ai reçu votre dépêche du 30 dernier et me rapporte, quant aux nouvelles ordinaires qui me sont entrées depuis ma dernière lettre, à la dépêche de mon ministère. Je crois que ce que vous tirez de conséquence dans le post-scriptum de votre dépêche ci-dessus alléguée par rapport à la modération de l'Angleterre, qui jusqu'à présent ne paraît pas bien pressée à conclure avec la Russie, est fort juste; mais ce qu'il faut que le temps nous apprenne, c'est si cette modération du ministère anglais continuera après qu'il se sera assuré à son gré du nouveau Parlement, et si alors il ne reprendra le haut ton. En attendant, je veux bien vous faire observer que la cour de Vienne continue à remuer tant à Londres qu'à Moscou avec le dernier empressement pour faire arrêter encore la nouvelle convention entre la Russie et l'Angleterre. Federic. |
Nach dem Concept.
6207. AU PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK A POTSDAM.
Potsdam, 9 février 1754.
Monsieur mon Cousin. J'ai reçu la lettre du 7 de ce mois que vous avez voulu prendre la peine de me faire au sujet du terme des subsides dûs au Duc régnant, votre frère, dont la France lui est encore en arrière.240-2 Votre Altesse peut compter que je n'ai rien oublié, en conséquence de la garantie que j'ai promise au Duc sur le payement exact de ces subsides, de faire presser au possible les ministres de France pour acquitter le terme en arrière, et que ces efforts ont à la fin opéré qu'on a fait la promesse de vouloir acquitter le terme passé sans plus de délai et s'arranger de la sorte, pour que les arrérages ne<241> s'accumulassent plus et que chaque quartier fût acquitté avant l'échéance de celui qui le suivrait. Après cela, il faut bien que nous nous attendions qu'on remplisse au plus tôt, comme je le suis persuadé, ces promesses. Je suis avec estime, Monsieur mon Cousin, votre bon et affectionné cousin
Federic.
Nach dem Concept.
6208. AU BARON D'ASSEBURG, GRAND-MAÎTRE DE LA COUR DE COLOGNE, A BONN.
Potsdam, 12 février 1754.
Monsieur le Grand-Maître Baron d'Asseburg. J'ai reçu la lettre que vous m'avez écrite le 27 de janvier passé, et j'ai été charmé de la communication confidente que l'Électeur votre maître vient de me faire de la situation actuelle de l'affaire de l'élection, mais particulièrement des dispositions favorables où Son Altesse Électorale continue d'être à mon égard. Vous n'ignorez pas le prix que je fais de son amitié, et qu'ainsi je ne négligerai rien de mon côté de tout ce qui peut contribuer à la cultiver soigneusement et à en resserrer les nœuds de plus en plus. C'est ce dont vous voudrez bien assurer Sadite Altesse de ma part et être d'ailleurs persuadé de toute l'étendue de mon estime pour vous, dûe à un ministre aussi bien intentionné et si zélé pour l'entretien d'une parfaite intelligence entre nos deux cours.
Federic.
Nach dem Concept.
6209. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 12 février 1754.
J'ai reçu à la fois les dépêches que vous m'avez faites du 28 janvier et du 1er de ce mois. Quand M. de Contest vous a dit que le traité de subsides qu'on négociait avec la Russie, ne lui paraissait pas être un objet de grande importance, vu que Bestushew serait toujours dévoué aux cours de Londres et de Vienne, il a raisonné à son aise, parcequ'il n'a pas les Russes sur ses frontières, et, pour ce qui est du sentiment où il est que les deux cours ne sauraient avoir dans ce moment-ci des vues offensives, je réponds qu'il y a une grande différence entre une alliance à faire et une qui est faite et constatée, qu'on est modéré pendant la négociation, mais que, l'affaire faite, l'on change de modération et un pas suit l'autre. Au reste, la distance éloignée entre ces cours, qui demande toujours un temps de plus de six mois, avant qu'ils puissent conclure, est encore une heureuse circonstance pour nous, vu que six mois de temps gagné est encore beaucoup gagné. Voilà des réflexions que vous me ferez plaisir de faire entendre toutes à M. de Contest dans des occasions convenables.
<242>Quant au sieur de Wernicke,242-1 je suis bien aise que vous vous soyez attaché cet homme, qui pourra nous rendre des services bien utiles auprès de M. de Contest, et dont on pourra se servir pour faire des insinuations à ce ministre dont les miens seraient en peine pour lui en faire. C'est aussi en conséquence que vous en ferez indirectement votre usage.
Au surplus, je me remets à ce que je marque dans la lettre ciclose au baron de Knyphausen par rapport aux armements que les Anglais font actuellement pour appuyer leur commerce aux Indes orientales contre la France : affaire qui mérite attention, par les suites qui en sauraient succéder.
Federic.
Nach dem Concept.
6210. AU CONSEILLER DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.
Potsdam, 12 février 1754.
La lettre que vous m'avez faite du 28 du janvier passé, m'est heureusement parvenue, et je vous sais parfaitement gré de l'attention que vous m'avez marquée en m'informant des nouvelles intéressantes que la compagnie française des Indes a reçues par rapport aux affaires de Pondichery.
Tous ces succès heureux de ladite compagnie pourraient cependant avoir des suites, par la grande jalousie qu'ils donnent aux Anglais, et, en conséquence de mes dernières lettres de Londres, la cour y prépare des armements assez considérables pour les Indes orientales et continue d'être dans l'idée que celle de Versailles, en faisant proposer la convention à faire pour terminer l'espèce de guerre entre les deux compagnies de commerce aux Indes, n'a cherché qu'à gagner du temps, pour gagner si fort le dessus que les Anglais ne seraient plus en état d'y remédier et restassent pour en être la dupe. L'on m'ajoute que les ministres anglais étaient fortifiés dans cette façon de penser d'autant qu'ils prétendaient savoir que les Français avaient fait passer de gros secours aux Indes à la sourdine, depuis le mois d'octobre dernier, et tandis qu'on négociait à Londres et qu'on était convenu du contraire.
Comme aussi d'ailleurs la cour de Londres a fait déclarer à celle de Versailles qu'elle était convaincue que les travaux que celle-ci avait fait faire à Dunkerque,242-2 étaient directement contraires aux traités, il se pourrait que ces différends [pussent] devenir un motif d'une rupture ouverte entre les deux États; aussi me marque-t-on que, quand même la négociation reprendrait vigueur et que la cour de Versailles s'expliquerait favorablement, malgré cela l'escadre de neuf à dix vaisseaux de guerre qu'on avait armée, sans compter les transports, ne laisserait<243> pas pour cela de faire voile au milieu de ce mois : enfin que, si encore les Français continuaient d'aller leur train à Dunkerque, le ministère anglais paraissait être déterminé d'augmenter bien davantage les arrangements et de ne faire moins que d'en donner part au Parlement, pour que celui-ci autorise le Roi à prendre toutes les mesures vigoureuses qu'il jugera [convenables] pour s'y opposer. C'est pourquoi aussi vous prêterez une attention particulière sur ces affaires et tâcherez de m'informer régulièrement de ce que vous en aurez appris.
Au reste, je viens d'apprendre qu'un certain abbé de Saint-Cyr doit être fort en entrée auprès du Dauphin, de sorte qu'il y a de l'apparence que, quand ce Prince succèderait un jour au trône, ledit abbé pourrait bien parvenir à jouer le rôle du feu cardinal de Fleury. Comme je crois convenir à mes intérêts que vous tâchiez de faire sa connaissance et vous lier d'amitié avec lui, en le flattant convenablement, j'ai bien voulu vous en avertir et me persuade que vous obtiendrez sa confiance d'autant plus aisément qu'il ne se trouve point encore dans son élévation, qu'il se verra flatté de votre amitié et qu'il vous en pourrait tenir compte un jour.
Federic.
Nach dem Concept.
6211. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Potsdam, 12 février 1754.
Votre rapport du 29 du mois dernier m'est heureusement parvenu, qui m'a donné de la satisfaction, par l'attention que vous avez eue à m'instruire sur les suites du différend relativement à l'affaire de Dunkerque et aux mesures que prend l'Angleterre pour soutenir son commerce aux Indes orientales.243-1 Comme je serais bien [aise] de pouvoir poursuivre ces affaires, vous devez continuer de me mander à chaque ordinaire tout ce qui vous en sera revenu.
Au surplus, si le chipotage avec les Russes reprenait de la vigueur à cette occasion, je n'en serais au moins pas autant embarrassé que quand ces chipotages ne regarderaient que moi directement.243-2 Ce qui cependant ne soit dit que pour votre direction seule.
Federic.
Nach dem Concept.
6212. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
[Potsdam, 12 février 1754].
Votre dépêche du 2 de ce mois m'a été fidèlement rendue. Si là ou vous êtes l'on se flatte que, malgré les apparences présentes, le roi d'Angleterre ne laisserait pas de faire un voyage en Allemagne, ne fût-ce qu'au milieu de l'été, toutes mes lettres de Londres m'assurent
16*<244> du contraire et continuent à me marquer que les affaires intérieures du pays ne sauraient permettre à ce Prince de passer la mer dans le courant de cette année-ci.
Sur ce qui regarde le comte de Canales, ce n'est pas lui heureusement qui compose la cour de Turin, qui, à ce que je m'imagine, pense bien différemment que l'autre.244-1
Je vous sais parfaitement gré de la communication que vous m'avez faite de ce que vous avez appris par les dernières lettres que le sieur Celsing a faites au comte de Barck; il est toujours bon d'être instruit sur le système en conséquence duquel la Porte se gouverne maintenant.
Federic.
Nach dem Concept. Das Datum ergiebt der Bericht Klinggräften's, Wien 20. Februar.
6213. AN DEN ETATSMINISTER GRAF PODEWILS IN BERLIN.
Podewils überreicht ein eingehendes Gutachten, Berlin 10. Februar, über den ihm mitgetheilten Auszug aus den Berichten Maltzahns.244-2 … „Le point capital est de savoir si le sieur de Maltzahn ne se trompe point dans ses idées et conjectures par rapport aux découvertes qu'il prétend avoir faites de ce que la Russie trouve maintenant qu'un prince saxon convient mieux que tout autre prince étranger et qu'un Piaste même, pour remplir un jour le trône de Pologne, puisque, si cela est, il faudra que la cour de Pétetsbourg, et même celle de Vienne, avec laquelle la première veut toujours aller de concert dans les affaires de Pologne, aient entièrement abandonné le plan de procurer la couronne de Pologne, un jour, au duc Charles de Lorraine,244-3 s'il est bien avéré que ce projet a réellement existé … Il restera à savoir si la France, délivrée de la crainte de voir la couronne de Pologne sur la tête du frère de l'Empereur d'aujourd'hui, voudra s'opposer bien sérieusement à l'élection future du frère de la Dauphine, pour être un jour roi de Pologne. J'ose en douter, s'il m'est permis de le dire, d'autant plus que la France a souvent fait insinuer ici que de tous les princes étrangers le Prince électoral de Saxe était le moins à craindre pour elle et pour Votre Majesté, pour le trône de Pologne, puisqu'on le pouvait toujours tenir en bride par ses pays héréditaires.'' | Potsdam, 13. Februar 1754. Wegen einliegenden Berichtes haben Se. Königl. Majestät mündlich zur allergnädigsten Resolution ertheilet, wie Ew. Excellenz Sich des Einhaltes halber, sobald nur der neue Chiffre fertig sein würde, mit dem von Maltzahn weiter expliciren könnten. Eichel. |
Nach der Ausfertigung.
<245>6214. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 16 février 1754.
La dernière poste ne m'a point apporté de dépêche de votre part, et je ne vous écris celle-ci que pour vous dire que j'avais oublié d'ajouter à la réponse que je vous ai faite en dernier lieu, que vous pouviez assurer M. de Saint-Contest que l'avis que je lui avais fait parvenir touchant les subsides que la cour de Vienne a demandés à celle de Londres pour l'entretien d'un corps de 40 à 60,000 hommes aux Pays-Bas,245-1 afin de pouvoir tenir en échec la France, n'avait point été aventuré, mais qu'il était des plus avérés, de sorte que je pourrais le lui garantir comme authentique, mais que les ministres anglais avaient rejeté la proposition qui leur avait été faite à cet égard, et n'avaient pu être portés à y réfléchir.
Federic.
Nach dem Concept.
6215. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 16 février 1754.
J'ai bien reçu votre rapport du 6 de ce mois. On ne pourra guère juger avec fondement de la négociation qui se traite actuellement à Moscou, qu'après l'arrivée du courrier qu'on en attend depuis quelque temps. Comptez toujours que je ne laisserai que de vous informer de ce qui pourra m'entrer de plus particulier touchant le résultat de cette négociation.
Au reste, je dois vous dire en confidence, et uniquement pour vous avertir, que, si vous croyez, comme il paraît par le contenu de votre post-scriptum de votre dépêche susalléguée, que le roi de Sardaigne ait mis ses troupes sur un pied respectable, vous vous faites illusion sur cet article, puisqu'elles n'ont jamais été tellement négligées, depuis la dernière paix, qu'elles le sont à l'heure qu'il est. Je conviens cependant qu'il m'est fort probable que la cour de Turin tâchera de ménager et la cour de Vienne et celle de France, jusqu'à ce qu'elle voie, à la suite du temps, de quel côté ses intérêts lui conseilleront de se tourner avec le plus d'avantage.
Federic.
Nach dem Concept.
6216. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Potsdam, 16 février 1754-
Il m'a été fort agréable d'apprendre par votre rapport du 5 de ce mois que les différends entre les deux cours de Suède et de Danemark<246> commencent à prendre un assez bon pli pour en pouvoir espérer un raccommodement prochain par rapport au flottage de bois des Danois par la Norwège.246-1
Il m'a également fait plaisir de voir par le même rapport que les dispositions favorables où se trouve la cour où vous êtes pour l'accommodement de l'affaire de Bentinck,246-2 en laissent entrevoir une prompte fin. Après tout, il ne s'agit pas tant dans cette affaire qu'elle soit terminée huit à dix jours plus tôt ou plus tard, pourvu seulement qu'on pense sérieusement à la finir, sans y faire intervenir de nouveaux incidents.
Federic.
Nach dem Concept.
6217. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 19 février 1754.
Je vous fais la présente pour vous dire dans le plus grand secret qu'il nous est arrivé ici depuis peu de jours à l'incognito un certain baron de Leutrum, ci-devant capitaine de cavalerie en mon service, à présent colonel au service de Russie, qui m'a fait connaître dans la dernière confidence qu'étant chargé de diverses commissions en Allemagne et en France immédiatement de la part de l'Impératrice, il y avait entre autres celle de faire entendre ici et en France que, par des raisons particulières, et principalement parceque l'Impératrice ne saurait plus voir tranquillement le pouvoir despotique que les ministres autrichiens à sa cour prétendaient y exercer, elle saurait bien changer de système et renouer avec la France et avec moi, pourvu que nous nous prenions avec quelque adresse, afin de faire réussir ce dessein. Quoique cet émissaire n'ait été point pourvu de quelque plein-pouvoir par écrit, ni de quelque autre lettre, et qu'il ait dit que ses ordres ne portaient que de nous annoncer secrètement ce dessein et qu'il passerait en conséquence en France, prenant sa route par Manheim, afin de voir et parler secrètement à quelqu'un des ministres de France sur le même propos, j'ai néanmoins bien voulu vous en avertir, afin que vous cherchiez l'occasion pour prévenir M. de Contest à ce sujet, après l'avoir conjuré de vouloir bien me garder le secret le plus absolu là-dessus.
Vous ajouterez que, quoique je ne comptais absolument sur ce que cet émissaire nous annonçait, il me paraissait cependant qu'on ferait bien de l'entendre et de le payer au moins de paroles honnêtes et de propos vagues, tout comme j'ai fait ici, en l'assurant, au reste, du secret inviolable qu'on lui garderait sur sa commission. J'attends à son temps votre rapport sur tout ce qui se sera passé à cet égard.
Federic.
Nach dem Concept.
<247>6218. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 19 février 1754.
J'ai bien reçu le rapport que vous m'avez fait du 9 de ce mois. Comme il n'y a rien qui demande de nouvelles instructions de ma part, et que la même stérilité de nouvelles intéressantes règne chez nous, j'ai bien voulu vous marquer, en attendant, que j'ai ouï dire à des gens ici qui prétendent en être instruits que, par la grande application que le prince de Liechtenstein, grand-maître de l'artillerie, mettait à perfectionner ce métier, et par l'encouragement qu'il donnait à ceux qui se distinguaient par de nouvelles inventions, l'on était parvenu à inventer une nouvelle espèce de poudre à canon qui augmentait la force ordinaire et faisait porter plus loin les coups que la poudre ordinaire. L'on m'a ajouté qu'on était continuellement occupé à Vienne, tout comme en Moravie et en Styrie, à refondre les vieux canons pour en faire de nouveaux qui étaient fondues en masse et troués, après, selon leur calibre, mais qu'on était fort mystérieux sur tous ces nouveaux arrangements et ne permettait à personne de voir les fonderies et les poudrières. Vous me ferez donc un plaisir particulier, quand vous vous appliquerez, sans faire semblant de rien, à approfondir bien ce que c'est que de ces arrangements, et surtout et principalement ce qu'il y a de vrai ou non de la susdite nouvelle invention de la poudre à canon, afin de pouvoir m'en faire votre rapport.
Federic.
Nach dem Concept.
6219. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Potsdam, 19 février 1754.
La dépêche que vous m'avez faite du 5 de ce mois, m'a été fidèlement rendue, dont les nouvelles que vous m'avez marquées au sujet de celles que la cour où vous êtes a eues de Russie,247-1 m'ont fait d'autant plus de plaisir qu'elles sont presqu'entièrement conformes à celles qui m'en sont revenues par d'autres bons canaux. Si j'ose me fier tout-àfait à ces dernières, il y a toute l'apparence que cette négociation pourrait bien ou être suspendue pour quelque autre temps ou entièrement rompue, surtout quand le roi d'Angleterre ne saurait pas passer, pendant le cours de cette année-ci, dans ses États d'Allemagne. Continuez, en attendant, de vous instruire exactement des résolutions que le ministère britannique prendra en conséquence, afin de savoir m'en informer précisément. Au reste, je suis bien aise de ce que vous m'avez appris par le post-scriptum de votre dépêche ci-dessus alléguée. Ce que je vous recommande encore à ce sujet, c'est d'user de toute la<248> prudence possible à cet égard, pour ne point commettre mal à propos ni moi ni vous, avant que vous n'ayez bien reconnu le terrain.
Federic.
Nach dem Concept.
6220. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A DRESDE.
Potsdam, 19 février 1754.
Les deux dépêches que vous m'avez faites du 9 de ce mois, m'ont été fidèlement rendues, d'ont j'ai été extrêmement satisfait, par les particularités intéressantes et instructives que j'en ai apprises,248-1 de sorte qu'il ne me reste que de vous prier à vous donner tous les soins possibles, sans cependant trop exposer votre homme à quelque désastre, afin que je sois exactement informé du résultat de la négociation en Russie et de la manière dont la cour de Vienne s'y conduit.
Mes dernières lettres de Londres du 5 de ce mois m'apprennent que la cour y a enfin reçu des nouvelles de Moscou qui n'ont pas été conformes aux désirs du roi d'Angleterre, et que la Russie, ainsi qu'on l'avait craint à Vienne et que le ministre autrichien à Londres, le comte Colloredo, l'avait annoncé, n'avait pas pu accepter les conditions que le ministère anglais lui avait offertes248-2 pour le traité de subsides proposé par les ministres russiens et appuyé par ceux de Vienne. L'on m'ajoute que les ministres anglais étaient fort boutonnés sur la façon dont la cour de Moscou avait refusé les offres des Anglais, si elle marchande ou si la réponse était tout-à-fait déclinatoire; mais qu'il était certain que le Conseil du roi d'Angleterre n'avait pris encore aucune nouvelle résolution à cet égard et qu'il n'y avait pas même de l'apparence qu'on se réchaufferait si tôt pour la poursuite de cette affaire, tant que le ministre Pelham, qui tient les cordons de la bourse d'Angleterre entre ses mains et qui ne s'était livré au contre-projet du ministère anglais par rapport à la convention de subsides que bien à contrecœur, n'aurait pas des motifs plus pressants pour entrer dans de tels arrangements.
Au demeurant, mon ministre comte de Podewils vous fera par mon ordre au premier jour, et dès que le chiffre nouveau que vous<249> trouverez à la suite de ma lettre, vous sera parvenu, une dépêche relativement aux affaires de Pologne, pour s'expliquer avec vous là-dessus.249-1 C'est à vous que de vous expliquer sur les doutes qu'il vous proposera; mais ce que je vous recommande à ce sujet, c'est d'éviter soigneusement dans vos réponses au département des affaires étrangères de n'y faire rien apparaître qui puisse donner les moindres soupçons sur l'homme confident et sur le canal dont nous avons heureusement tiré jusqu'à présent tous ces avis et ces nouvelles d'importance; vous ne ferez même aucune mention nommément de l'instruction secrète du comte de Flemming que nous tenons entre nos mains.249-2 Il m'importe trop de tenir le secret dudit canal entre aussi peu de mains qu'il est possible, et qu'on ne s'en doute de rien là-dessus.
Au reste, je vous envoie encore ci-clos un nouveau chiffre de ma part, afin de pouvoir vous en servir tour à tour, dans votre correspondance immédiate à moi, avec celui dont vous vous êtes servi jusqu'ici à cet égard, afin de désorienter d'autant plus les curieux impertinents.
Federic.
Nach dem Concept.
6221. AU PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK A POTSDAM.
Potsdam, 20 février 1754.
Monsieur mon Cousin. J'ai reçu votre lettre avec les pièces que je vous fais remettre à la suite de celle-ci. Vous conviendrez que, si la France a traîné jusqu'à présent de payer le dernier quartier de subsides au Duc régnant votre frère, il n'y va point de ma faute et que je n'ai manqué en rien pour en faire souvenir et presser les ministres de France;249-3 je pense aussi que mes représentations faites à ce sujet opèreront que le Duc aura lieu d'être satisfait du payement plus exact de ces subsides de la part de la France, dont je suis persuadé qu'elle ne songera jamais à abuser le Duc par rapport aux engagements qu'elle a pris avec lui. Il me paraît d'ailleurs digne de quelque attention que quant à moi, je ne me suis jamais chargé de faire des avances à raison de ces subsides, aussi souvent que la France ne s'en acquitte précisément au terme stipulé, bien que, pour plus de secret de l'affaire, l'argent des subsides passe par mes mains, et que, s'il y a eu des cas que je l'ai fait, ç'a été par un motif de mes bonnes intentions pour le Duc, et quand les circonstances me l'ont permis, sans me déranger moi-même.
Il y a, je crois, de la prudence de ménager un peu la France, s'il arrive quelquefois qu'elle reste en arrière une couple de mois à ce sujet, en considération que ces subsides sont effectivement un assez agréable revenu extraordinaire, sans qu'il se voie obligé de faire la moindre chose à cet égard qui le saurait déranger aucunement dans ses<250> arrangements ordinaires, et qu'au demeurant il faut considérer que les exemples sont assez rares, au sujet des subsides, qu'ils ont été acquittés aussi exactement que la France l'a fait, au moins jusqu'ici, à l'égard du Duc, qui en aura apparemment fait lui-même l'expérience avec ceux avec qui il a contracté autrefois de pareils traités et qui peut-être lui en sont encore en arrière.
Je ne fais point autrement ces réflexions qu'à Votre Altesse seule, ne doutant pas qu'Elle n'en voudra faire usage que pour autant que pour tranquilliser le Duc Son frère sur cet article, en l'assurant de ma parfaite amitié et la considération invariable que je lui garderai. Je suis avec estime, Monsieur mon Cousin etc.
Federic.
Nach dem Concept.
6222. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
[Potsdam], 22 [février 1754].
Vos réflexions au sujet de l'épigramme250-1 sont fort justes, mon cher Milord; quoique je le cède à Voltaire en tant que poète, je serais très fâché de pouvoir lui être comparé pour le caractère, et certainement ce ne sera jamais ma morgue d'attaquer ces sortes de serpents dans leur repaire. J'aimai déjà beaucoup le soleil et le printemps, vous me les rendrez plus agréables encore, comme vous me faites espérer qu'à la naissance des fleurs et à l'arrivée des hirondelles je pourrai avoir le plaisir de vous revoir.250-2
Je vous prie, mon cher Milord, de me faire avoir un bien bon cuisinier qui ait le goût très fin et qui sache faire ces sauces légères et fines qui sont si fort à la mode à présent. Si le bonheur pouvait vous faire trouver l'habileté jointe à la sagesse, ce n'en serait que mieux; mais je sens bien que c'en est demander trop de gens de cette profession et qu'il faudra se contenter qu'il ait le goût fin.
Adieu, mon cher Milord, je suis honteux de la commission que je vous donne; je compte un peu sur votre amitié, et peut-être me direz-vous: traitez-moi plus en étranger et incommodez-moi moins.
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
6223. AN DAS DEPARTEMENT DER AUSWÄRTIGEN AFFAIREN
Podewils und Finckenstein berichten, Berlin 22. Februar, über den Stand der Ausgleichsverhandlungen250-3 zwischen dem Churfürsten von der Pfalz und dem wiener | Potsdam, 23. Februar 1754. Davon bin Ich überall sehr wohl zufrieden, und können sie |
Hofe.251-1 Frankreich besteht in Mannheim auf der Abgabe einer Erklärung folgenden Wortlautes an den wiener Hof: „Que les trois Electeurs alliés donneront leur suffrage pour l'élection du roi des Romains en faveur du l'archiduc Joseph lorsque le traité formel d'accommodement à faire entre la cour de Vienne et Son Altesse Electorale aura été signé et ratifié, avec la condition expresse que le dépôt de l'argent aura été assuré et que la clause du concours de tous les Électeurs aura été inséré dans ledit traité d'accommodement, telle qu'elle a été stipulée dans le projet concerté le 23 mars dernier à Paris, sans diminution ni addition quelconque, comme aussi lorsque la satisfaction à donner à l'électeur de Cologne aura été solidement assuré; que les lettres amiables auront été envoyées par la cour de Vienne pour la réquisition des suffrages des trois Électeurs, et que les égards dûs selon l'usage auront été préalablement pris.“ Durch ein Schreiben, d. d. Mannheim 11. Februar, ersucht der Churfürst von der Pfalz den König, sein Einverständniss mit dieser Erklärung durch ein ostensibles Schreiben an den Churfürsten oder durch seinen Gesandten in Wien ausdrücklich zu erkennen zu geben. Die Minister befürworten die erste Modalität, da man mit dem wiener Hof direct in dieser Sache zu verhandeln bisher vermieden habe. | dergleichen Schreiben expediren lassen.251-2 |
Mündliche Resolution. Nach Aufzeichnung des Cabinetssecretärs.
6224. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Potsdam, 23 février 1754.
D'autant que depuis ma dernière dépêche que je vous ai faite nous sommes actuellement dépourvus ici de toute nouvelle intéressante, je ne saurais qu'accuser votre rapport du 8 de ce mois et vous renvoyer à mes dépêches antérieures du 2, du 4, du 9, 12 et 19 de ce mois, qui, j'espère, vous auront été tout bien rendues, chacune à son temps. Au demeurant, c'est de vous principalement que j'attends d'apprendre les nouvelles les plus intéressantes sur les affaires des Indes orientales entre l'Angleterre et la France,251-3 sur la résolution que les<252> ministres prendront au sujet des dernières dépêches que le courrier de Moscou leur a apportées, et sur la résolution finale du Roi s'il voudra passer la mer dans le courant de cette année ou non.
Quant aux nouvelles de Russie,252-1 il y en a que le 10 du mois passé les deux chanceliers de Russie n'ont point pu faire encore leur rapport à l'Impératrice touchant le contre-projet du ministère anglais, malgré tout ce que le sieur Guy Dickens, appuyé du ministre autrichien, avait fait pour les y presser, et que les apparences étaient que cette négociation pourrait bien échouer, malgré que le chancelier Bestushew avait donné des espérances de faire de son mieux auprès de sa souveraine que les propositions fussent goûtées d'elle, sauf des articles séparés à y joindre encore. Ce que ne soit dit que pour votre direction seule.
Federic.
Nach dem Concept.
6225. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 23 février 1754.
J'ai bien reçu le rapport que vous m'avez fait le 13 de ce mois, sur lequel je n'ai aujourd'hui rien à vous dire, sinon qu'en conséquence des nouvelles qui me sont entrées de différents lieux, la négociation des ministres anglais et autrichien à Moscou pourrait bien, sinon échouer tout-à-fait, au moins traîner encore bien du temps, de sorte que les aspects sont assez pacifiques.
Au surplus, mes ministres ne m'ont point encore fait leur rapport sur la dépêche allemande que vous accusez par le post-scriptum joint à votre rapport;252-2 il faut que je l'attende pour me décider sur la proposition que vous m'y faites, d'autant plus que je crois vous avoir déjà fait présent de cet argent dont la veuve de Græve était en arrière.
Federic.
Nach dem Concept.
6226. AN DEN ETATSMINISTER GRAF PODEWILS IN BERLIN
Potsdam, 23. Februar 1754.
Ew. Excellenz gnädigem Befehl zur ganz gehorsamsten Folge habe Sr. Königl. Majestät die hierin zurückkommende Dépêche des Herrn von Fürst vorgeleget. Höchstdieselbe, nachdem Sie Sich daraus informiret, haben mir zu melden befohlen, wie Sie billig befremdet sein müssten, dass man österreichischer Seits bei dieser Negociation so sehr<253> veränderlich wäre und dasjenige, worüber man vorhin längstens conveniret sei, nachher von neuem in Zweifel ziehen und in Bewegung bringen wolle.253-1 Bekannt genug sei es, dass Se. Königl. Majestät von Anfang dieser Negociation her sowohl durch den seligen Herrn von Dewitz als nachher gleich durch den p. von Fürst declariren, auch beide positivement dahin instruiren lassen,253-2 dass die Negociation wegen eines zu convenirenden Tarifs mit der von den schlesischen Schulden wegen zu gleichen Schritten geschehen und beide nicht separiret, sondern eine mit der andern auf einmal tractiret und geendiget werden müssten. Sowie die schlesische Schuldensache einen Articul vom Friedenstractat ausmache, so sei der Status quo und ein zu convenirender Commercientractat gleichmässig ein Articul von dem Friedenstractat, weshalb man dann auch vorhin zu Wien an beiden Sachen zugleich gearbeitet habe. Es solle demnach der von Fürst nachdrücklich erinnert werden, darunter nicht von seinen Instructionen abzugehen und sich induciren zu lassen, wegen der Schuldensachen etwas vorzunehmen, wann die wegen des Commercii nicht zugleich tractiret und beide finalisiret würden, widrigenfalls Se. Königl. Majestät ihn darunter Schlechterdinges desavouiren würden. Wann auch wienerscherseits man auf diejenige Aeusserungen, so er in seinem Berichte desfalls meldet, bestehen wolle, so solle er alsdenn nur ohnverholen sagen, dass, wenn sie es auf den Fuss nehmen wollen, er bald Ordre bekommen würde, sich zu retiriren.
Was auch das neue wienerscherseits gemachte Incident anbetreffe, wegen vorläufiger Bezahlung derer Interessen von denen zu convenirenden jederseitigen Capitalien, so wären Se. Königl. Majestät nicht intentioniret, dem wienerschen Hofe etwas vorzuschreiben, als Sie Sich darunter gleichfalls was vorschreiben lassen wollen, wie dann die Erwägung dergleichen neuen Incidentien, ehe man einmal in beiden Hauptsachen zu einigem Schluss gekommen, keine gute Opinion von der wahren Intention, etwas mit Bestand zu schliessen, geben könne.
Welches also Ew. Excellenz schuldigst zu melden nicht ermangeln sollen.
Uebrigens ist heute ein Bericht an des Königs Majestät von des Herrn von Massow Excellenz, verschiedene Umstände wegen des Tarifs betreffend, eingelaufen, wegen welches, wann des Königs Majestät solchen gesehen, und darauf resolviret haben werden, Ew. Excellenz ein näheres zu melden mir die Freiheit nehmen werde.
Eichel.
Nach der Ausfertigung.
<254>6227. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 23 février 1754.
J'ai reçu à la fois les dépêches que vous m'avez faites depuis le 4 jusqu'au 11 de ce mois, au sujet desquelles je ne saurais que vous renvoyer à celle qui vous parviendra ci-clos du département des affaires étrangères et d'y ajouter que j'ai été bien satisfait d'apprendre que M. de Contest a paru content des facilités que j'ai portées pour terminer l'affaire de la comtesse de Bentinck, et qu'il ait goûté mon idée par rapport aux liaisons de prendre avec le Danemark,254-1 si d'ailleurs les menées du baron de Bernstorff n'y mettent pas des entraves. En attendant, vous ne manquerez de témoigner par un compliment affectueux de ma part à M. de Contest combien j'avais été sensible en apprenant les instructions qu'il avait données au sieur d'Ogier à cet égard, et des assurances qu'il avait ajoutées par rapport à la persévérance de la France pour remplir ses engagements envers moi.
Federic.
Nach dem Concept.
6228. AU CONSEILLER DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.
Potsdam, 23 février 1754.
J'ai bien reçu les deux lettres que vous m'avez faites du 4 et du 11 de ce mois. Toujours satisfait de la manière que vous vous exprimez dans ces rapports, et de la façon que vous me détaillez les particularités au sujet desquelles je désire d'être instruit, j'espère que vous vous acquitterez avec la même dextérité de celles que je vous ai demandées encore. Au reste, vous n'oublierez pas de rechercher milord Maréchal pour vous communiquer ses avis sur le mémoire que je vous ai commandé de m'envoyer touchant les différends des Anglais avec l'Espagne relativement au négoce à l'Amérique et sur les suites qui vraisemblablement en sauraient résulter à la fin.254-2
Federic.
Nach dem Concept.
6229. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION HELLMUTH- BURCHARD DE MALTZAHN A STOCKHOLM.
Maltzahn berichtet, Stockholm 5. Februar: „Le comte de Tessin vient de quitter la cour et est rentré jeudi passé254-3 avec toute sa maison en ville. Une rup- ture aussi publique a attiré l'attention de tout le public … Le fond de cette brouillerie est une grande bagatelle, qui naturellement n'aurait pas dû produire cet éclat, si les esprits n'avaient été aigris auparavant de part et d'autre.“ 254-4 | Potsdam, 23 février 1754. Je vous sais gré des particularités que vous m'avez marquées par votre rapport du 5 de ce mois au sujet de ce qui s'est passé avec le comte Tessin. Quoique j'en sois fâché pour le crédit qu'on dit que ce ministre a dans la nation, et |
que je ne saurais pas juger s'il n'a pas agi avec trop de vivacité dans cette affaire, je me flatte cependant que tout cela ne tirera guère à conséquence, ni n'augmentera les dissensions qui règnent entre la cour et le Sénat. Federic. |
Nach dem Concept.
6230. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 26 février 1754.
J'ai reçu vos dépêches du 15 de ce mois. Je serais bien fâché, quand M. de Contest ne voudra se fier aux avis que je lui fais communiquer par votre entremise, qu'à moins que les lettres des ministres de France aux cours étrangères ne les lui confirment. Qu'il réfléchisse sur plusieurs avis que je lui ai fait venir, que l'évènement a vérifiés et qui d'abord l'ont tenu en suspens s'il y pouvait ajouter foi; la même chose lui arrivera apparemment par rapport aux avis que je lui ai fait parvenir touchant les vues vastes et téméraires du comte Kaunitz. Qu'il compte que la cour de Vienne ne cherche, malgré toutes ses démonstrations pacifiques, que de faire à la France et à moi tout le mal possible, qu'elle s'y arrange sous mains et que, si elle n'en éclate, que ce n'est que par l'impossibilité de pouvoir exécuter le mal qu'elle nous médite. Au surplus, j'ai appris par l'expérience qu'ordinairement le ministère est si mal instruit des affaires souvent les plus importantes que régulièrement, quand il n'en est instruit le premier, je puis les tenir pour sûres, quand j'en suis averti, par le peu de soins qu'il y met d'avoir de bonnes informations.
C'est peut-être le même cas par rapport aux affaires de la Suède. Je ne puis que présumer que le ministère de France ne se fie que sur les rapports que M. d'Havrincourt lui en fait. Néanmoins les affaires de ce pays-là s'embrouillent de jour en jour, par la trop grande prédilection que ce ministre fait apparaître pour le parti du Sénat, qu'il prend à chaque occasion ouvertement contre la cour,255-1 sans songer à faire le médiateur de ces différends, comme sa charge et les intérêts de sa cour le demanderaient. Je ne parle point de ceci sans de bonnes épreuves, je ne prétends point d'ailleurs à donner des conseils au Ministère de France sur le choix qu'il doit faire de ses ministres aux cours étrangères, mais je serais bien aise que vous sachiez insinuer à M. de Contest que, pour ne pas ruiner absolument nos affaires en Suède, il conviendrait d'en rappeler M. d'Havrincourt255-2 et d'y envoyer, s'il était possible, quelque autre sujet plus conciliant que celuici. C'est à votre prudence que j'abandonne de faire le plus convenablement ces insinuations, mais il est sûr qu'à moins qu'on ne songe en France de remédier à ces inconvénients, nous en verrons arriver du mal.
<256>Au reste, quant aux affaires de l'Angleterre, je m'imagine que le ministère anglais n'est actuellement si doux et si tranquille par rapport aux affaires étrangères que parcequ'il est tout appliqué à ses affaires intérieures du pays et pour arranger un nouveau Parlement qui lui soit tout-à-fait dévoué, mais que la grande question est si, après s'être assuré d'un nouveau Parlement, il continuera dans sa modération, et si alors il ne retournera à parler du haut ton, chose sur laquelle j'aimerais bien de savoir votre sentiment.
Federic.
P. S.
Parlez affectueusement à M. de Contest et dites-lui de ma part que je le faisais avertir en confidence qu'il était certain que M. Havrincourt outrait son éloignement pour la cour de Suède et son penchant pour tout ce qui regardait le Sénat : enfin, que sa fougue l'emportait et que son exemple faisait augmenter les mauvais procédés des sénateurs contre la cour. Qu'il ne faudrait pas penser en France que je sois à même d'arrêter moi seul la Reine, ma sœur, quand, poussée à bout, elle prendrait le parti de se jeter entre les bras de la Russie; qu'une patience usée faisait prendre des résolutions extraordinaires: enfin, qu'il importait extrêmement que, pourvu que la France ne voudrait pas en Suède un ministre plus modéré, on briderait au moins Havrincourt par des ordres très positifs.
Nach dem Concept.
6231. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION HELLMUTH- BURCHARD DE MALTZAHN A STOCKHOLM.
Maltzahn berichtet, Stockholm 8. Februar, dass er für die in Gemässheit des Immediaterlasses vom 22. Januar256-1 von ihm entworfenen Charakteristiken der vornehmsten Anhänger der Hofpartei (Baron von Ungern, Baron Erich Wrangel, Oberst Sterniel, Graf Bielcke, Dahn) sich bei der Kürze seines bisherigen Aufenthaltes in Stockholm zum grossen Theile auf die Urtheile anderer habe verlassen müssen. Der Führer der Hofpartei, Baron Ungern „a été de tout temps partisan déclaré du système russien … Ce n'est que depuis les brouilleries entre le Roi et le Sénat et depuis que la cour a adopté le parti russien, qu'il a su s'insinuer dans les bonnes grâces de la Reine.“ 256-2 Quand même je voudrais croire que le caractère des personnes que je viens | Potsdam, 26 février 1754. J'ai bien reçu les dépêches que vous m'avez faites à l'ordinaire dernier. Je conviens parfaitement que dans les caractères que vous m'avez faits de quelques personnes de la cour de Suède, vous n'ayez pu faire autrement encore que de vous modeler sur les informations que vous en avez tirées de M. d'Havrincourt, vu que le temps que vous avez séjourné en Suède a été jusqu'ici trop court pour que vous eussiez pu vous régler sur vos propres lumières. C'est aussi en conséquence que je veux bien vous |
de dépeindre, m'ait été représenté du mauvais côté, il sera toujours indubitable que leurs intérêts demanderont de culbuter les gens portés pour le bon système qui sont en possession aujourd'hui des premières dignités du royaume … Au reste, il me paraît indubitable que, si à la Diète prochaine le Sénat a la supériorité, le pouvoir du Roi sera restreint dans des bornes plus étroites. Le marquis d'Havrincourt n'en a pas fait la petite bouche envers moi, en me disant, quoique dans la plus grande confidence, que ce qu'on pourrait faire de mieux, c'était bien lier les mains du Roi, pourqu'il fût dans l'impossibilité de faire du mal, et que ce n'était que de cette façon, et en éloignant les personnes dangereuses, qu'on pourrait espérer de voir revenir la cour à ses vrais intérêts, et qu'ainsi il fallait espérer que d'un grand mal il arriverait un grand bien.“ | faire observer que dans tout ce que M. d'Havrincourt vous a dit relativement aux démêlés entre la cour et le Sénat, j'ai remarqué beaucoup d'humeur et de passion, de sorte que je ne saurais point adopter pour la plupart ses sentiments, ni vous conseiller de régler votre conduite là-dessus, mais de continuer plutôt, comme je vous ai déjà ordonné, d'adoucir les humeurs des personnes du Sénat et d'inspirer également à ma sœur des sentiments de modération, aussi souvent que les occasions s'offriront de le faire convenablement. Federic. P. S. Ayez soin que la lettre ci-close parvienne bien à sa direction. |
Nach dem Concept.
6232. A LA REINE DE SUÈDE A ULRICHSDAHL.
Chiffrirte Beilage zu einem eigenhändigen Schreiben der Königin von Schweden, Ulrichsdahl 12. Februar: „La retraite subite du comte de Tessin257-1 fournit sans doute matière à divers raisonnements sur ce qui peut l'avoir occasionnée. Comme il importe fort qu'on ne soit pas dans l'erreur au sujet d'un évènement auquel bien des personnes s'empresseraient de donner un tour désavantageux à la cour, j'ai cru devoir faire un détail circonstancié qui mettra dans son jour combien, à cette occasion, on a opposé de la modération à des emportements et à des procédés très répréhensibles dans un sujet.
Le 30 du mois passé, le Roi étant entré dans ma chambre, le comte Tessin, qui s y était rendu un moment auparavant, pour se plaindre de la conduite du Prince Royal, s'adressa tout de suite au Roi, en renouvelant ses plaintes, quoique fondées sur un sujet très léger, et ajoutant que, comme le Prince ne voulait plus lui obéir, il se voyait dans la nécessité de demander son congé.
Le Roi lui répondit qu'il était fâché que son fils lui eût donné lieu de se plaindre, mais qu'on devait avoir quelque indulgence pour son âge,257-2 et, en attendant, on ne manquerait pas de le punir pour cette fois-ci de sa désobéissance.
Le comte Tessin répliqua avec véhémence qu'il ne se trouvait plus en état exercer sa charge auprès du Prince Royal, qui ne pouvait avoir aucun égard pour lui, le voyant maltraité au point qu'il l'était.
Sur la demande que le Roi lui fit alors en quoi consistaient ses griefs, il répondit que c'était de ces choses qui ne pouvaient se dire, et qu'il ne lui convenait pas de se plaindre de ceux qui étaient au-dessus de lui; mais, ajouta-t-il, « je suis mecontent et je puis le dire à tous ceux qui voudront m'entendre. »
<258>Le Roi lui ayant fait remarquer qu'il était dangereux de parler de mécontentement, sans en pouvoir alléguer aucun sujet valable, le comte Tessin dit qu'il était instruit combien on avait désapprouvé ses lettres écrites au Prince Royal pendant les deux étés qu'il avait été absent de sa personne, et que pour sa justification il les avait fait imprimer; on avait poussé les choses jusqu'à vouloir intimider l'imprimeur pour empêcher leur publication.
Sur quoi, le Roi lui dit: « C'est moi, Monsieur, qui ai fait savoir à l'imprimeur qu'il aurait dû supprimer ces lettres; c'est moi qui suis en droit de me plaindre, puisque vous avez mal fait de publier sans mon aveu votre correspondance avec mon fils, qui ne contenait que des allusions aux affaires de la cour et des raisonnements politiques, matières peu convenables à discuter avec un enfant. »
Le comte Tessin interrompit alors le Roi avec beaucoup de véhémence, disant: « Comment, j'ai mal fait, Sire? Je ne puis donc plus servir; je veux avoir une commission qui juge de ma conduite, » et, continuant avec le même emportement, il dit qu'il fallait se plaindre au Sénat, qu'il voulait avoir sa démission. Que jusqu'ici il avait cru vivre dans un pays libre, mais qu'il voyait bien qu'il n'y avait plus ni loi ni justice et que la liberté était sur son déclin.
Le Roi lui répondit avec beaucoup de modération : « Vous avez toute liberté, vous vivez dans un pays libre et plus libre qu'on ne pense; je souhaite que cette liberté ne dégénère en licence et n'entraîne la ruine du royaume. »
Le comte Tessin insistant toujours plus fort sur sa démission, dit que dès ce moment il ne pouvait plus rester ni auprès du Prince ni à la cour. Il demanda aussi la permission de se rendre en ville et de passer encore quelques jours au château jusqu'à ce qu'il eût trouvé une maison.
A quoi le Roi lui répondit qu'il avait sa maison ici et au château et qu'il pouvait, au reste, s'en aller ou rester, comme il le jugerait à propos. Le comte Tessin sortit alors de mon appartement et s'en alla en ville le même jour, après avoir pris un adieu du Prince Royal.
Un éclat de cette nature ne permet plus au Roi de conserver le comte Tessin dans la charge qu'il occupait auprès du Prince Royal. Aussi ne balança-t-il pas a lui accorder son congé; mais croyant devoir concilier dans cette occasion les mouvements de sa bonté naturelle avec les égards dus à sa dignité, le Roi remit en même temps un écrit contenant le précis de tout ce qui s'était passé dans cette affaire, pour être mis devant les yeux des États à la Diète prochaine.“
[Potsdam, 26 février 1754.]
J'ai appris par les nouvelles de Suède et par celles que vous me donnez, l'extravagante conduite du comte Tessin. Le Roi s'est conduit envers lui comme un ange, Tessin est un michaut fol qui, si la Diète était prochaine, pourrait par son manège vous causer bien de l'embarras; mais, comme la Diète est éloignée, il aura le temps de mettre de l'eau dans son vin et de se calmer. De la façon que cette affaire m'est revenue,258-1 il en veut au sous-gouverneur et au précepteur258-2 du Prince, mais, comme je l'ai dit, il y a encore du temps jusqu'à la Diète, et alors vous pouvez opposer vos batteries aux siennes. J'ai fait écrire en France au sujet d'Havrincourt et je leur ai si bien fait sentir les conséquences de la mauvaise conduite de ce ministre que je me flatte qu'on le rappellera ou du moins qu'on le bridera davantage; c'est, autant que j'en peux juger, la fougue de cet homme qui encourage te Sénat, et, pour peu qu'on puisse avoir là-bas un ministre plus mo<259>déré, il y a grande apparence, que les mauvais procédés des Sénateurs finiront.
Fr.
Nach dem eigenhändigen Concept. Das Datum aus der Abschrift der Cabinetskanzlei.
6233. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Haseler berichtet, Copenhagen 12. Februar: „Je dois informer Votre Majesté d'un évènement qui me fait une peine infinie. Le sieur de Juel, grand-maître de la Reine et ci-devant ambassadeur en Suède,259-1 vient d'être démis de sa charge, ainsi que sa femme, qui était grand-gouvernante. Sa Majesté lui a donné celle de directeur de l'académie de Soroë, qui est fort au dessous de lui et qui l'éloigne de la cour. On ne saurait douter que le baron de Bernstorff ne lui ait attiré cette disgrâce, mais l'on ne saurait comprendre comment Sa Majesté Danoise et le grandmaréchal de Moltke s'y sont prêtés. C'est sans contredit une des meilleures têtes de ce pays-ci, un homme qui a du mérite, qui tient à la nation par plusieurs titres, qui seul pouvait avec raison aspirer et bien remplir le poste du baron de Bernstorff, et dont la façon de penser n'est pas équivoque. Sa Majesté la Reine a eu toute sa confiance en lui, et c'est un coup qu'on porte à Sa Majesté. On avait tramé son éloignement depuis quelque temps, et on lui destinait le gouvernement de Fionie après la mort du comte de Rantzau. En dernier lieu, qu'on s'est aperçu de l'ascendant que la Reine gagnait de jour en jour sur l'esprit du roi de Danemark et qu'elle était bien conseillée, on a cru ne devoir plus attendre cette mort.“ | Potsdam, 26 février 1754. J'ai reçu votre rapport du 12 de ce mois. Je suis fâché du revers qui vient d'arriver au sieur de Juel, d'autant que vous me l'avez qualifié d'honnête homme, bien intentionné pour la bonne cause et attaché à la reine de Danemark; mais c'est aussi tout ce que je saurais faire pour lui que de le plaindre, bien que j'espère encore que cette Princesse trouvera moyen de le ramener un jour de l'une ou de l'autre manière et de faire peut-être regretter ceux qui ont contribué à son éloignement la démarche qu'ils ont faite à ce sujet. Federic. |
Nach dem Concept.
6234. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 26 février 1754.
J'ai reçu votre rapport du 16 de ce mois. Quand vous ne vous trouvez pas à même de me mander des choses intéressantes touchant la négociation du sieur Guy Dickens, je me trouve actuellement dans le même cas, mais comptez que, dès que j'en aurai quelques avis im<260>portants et qui mériteront de vous être mandés, je vous en communiquerai. Quant aux bisbilles entre la France et l'Angleterre relativement aux affaires des Indes- orientales,260-1 l'on doit croire, par les avis que j'en ai eus, que la négociation entre les deux cours reprendra faveur et que tout se passera tranquillement. Soyez, au reste, bien attentif sur les menées de la cour où vous êtes; la manière peu honnête et juste dont elle se prend actuellement dans la négociation avec le sieur de Fürst, et les chicanes qu'elle y met,260-2 m'éclaircissent de plus en plus sur ses mauvaises intentions, et qu'elle médite des desseins dont peut-être rien que l'impossibilité de les faire succéder avec succès ne l'empêche. Enfin, tâchez au possible d'approfondir mes soupçons et ne laissez point vous tromper par les apparences ; une attention continuée vous en orientera, et je ne présume pas la cour où vous êtes assez habile pour vous en faire la dupe.
Federic.
Nach dem Concept.
6235. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Potsdam, 26 février 1754.
J'ai reçu votre rapport du 12 de ce mois et ne saurais point encore cette fois-ci vous marquer des nouvelles de quelque conséquence et m'en remets ainsi à mes lettres antérieures. Au surplus, je suis bien curieux de savoir ce que c'est proprement ce qu'en conséquence du post-scriptum de votre rapport est arrivé au sujet de l'arrêt d'un homme au service de la compagnie d'Emden et de cinquante matelots anglais qu'on prétend avoir été enrôlés pour le service. Il faut absolument qu'il y ait du malentendu, et je ne saurais point me persuader que la compagnie d'Emden voulût jamais engager à son service ni matelots ni autre mariniers anglais, après avoir renvoyé tous ceux de cette nation qui autrefois lui ont offert leurs services.260-3 Enfin, vous vous informerez du fait et m'en ferez votre rapport exact, sans vous en mêler ouvertement jusqu'à nouvel ordre.
Federic.
Nach dem Concept.
6236. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 2 mars 1754.
Votre rapport du 20 du mois passé m'est heureusement parvenu, Je serai bien aise, quand vous pourrez me marquer de temps en temps des nouvelles intéressantes de Constantinople, bien que je ne doive pas laisser de vous faire observer que je ne saurais m'attendre à des résolutions vigoureuses de la part de la Porte, tandis que le Prince actuellement régnant260-4 sera en vie, prince faible et timide, qui de même que son ministère ne suit aucun plan et met dans toutes ses opérations une<261> variété bizarre, et qui craint d'ailleurs que la guerre ne puisse bien occasionner une révolution à son égard, de sorte qu'on ne sache point établir de système avec lui, ni faire fond sur ses promesses et sur celles de son ministère, qui n'a des vues qu'à demi.
Federic.
Nach dem Concept.
6237. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A DRESDE.
Potsdam, 2 mars 1754.
Le rapport que vous m'avez fait du 23 du mois passé, m'a été fidèlement rendu, qui ne me laisse que de vous dire que ce que le sieur Funcke a marqué261-1 par rapport à l'inaction extrême de la cour où il se trouve, ne me déplaît aucunement.
Pour ce qui regarde les billets de Steuer des deux princes d'Anhalt-Dessau,261-2 mon intention est que, vu qu'ils se trouvent déjà sur vos anciennes listes, vous pouvez bien les insérer dans la désignation générale, mais ne pas vous donner trop de mouvements, supposé que les ministres de Dresde s'en récrient.
Federic.
Nach dem Concept.
6238. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 2 mars 1754.
J'ai bien reçu votre rapport du 23 de février passé. Je vous sais parfaitement gré de ce que vous tâchez à m'aider de vos conjectures au sujet des dispositions de l'Angleterre à entrer dans les vues des deux cours impériales, en attendant que j'en puisse vous marquer des nouvelles authentiques que j'espère d'avoir bientôt. Selon celles qui m'en sont revenues, il n'y a pas encore pris aucun résultat en Russie par rapport au contre-projet du ministère anglais que le sieur Guy Dickens a présenté aux ministres de Russie, et les apparences sont que cette négociation pourrait bien échouer.
Je doute fort que le régiment du feu général de Schulenburg soit destiné au prince Louis de Würtemberg, qui a entièrement rompu avec la cour où vous êtes.261-3
Les nouvelles de Turquie méritent toute votre attention, afin de m'en pouvoir informer exactement; je suis persuadé cependant que celle qui a couru à Vienne au sujet d'une grande révolution à Constantinople, n'est point fondée.
Federic.
Nach dem Concept.
<262>6239. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 5 mars 1754.
La dépêche que vous m'avez [faite] du 22 de février dernier, m'a été bien rendue. Je laisse à mes ministres le soin de vous informer de ce qui regarde l'affaire de l'élection d'un roi des Romains. Quant à celle touchant les différends entre la France et l'Angleterre, mes lettres de Londres portent qu'on n'y est nullement content avec ce que la France a fait déclarer sur ce sujet, que cette négociation ne prenait point la tournure dont M. de Mirepoix s'était flatté, et que l'accord là-dessus ne serait pas si aisément à faire que l'on se l'était flatté; qu'on continuait à préparer l'armement destiné pour les Indes orientales, qu'apparemment l'on ferait partir dans le courant de ce mois.
Quant à la négociation en Russie, elle paraît être encore suspendue au croc, et il y a bien de l'apparence jusqu'à présent qu'elle saurait entièrement échouer.
Federic.
Nach dem Concept.
6240. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Michell berichtet, London 15. Februar: „L'ami que j'avais détaché auprès du duc de Newcastle pour lui insinuer que, si on était dans des dispositions fa- vorables d'accommoder les différends qui subsistent entre Votre Majesté et cette cour, on trouverait pareillement Votre Majesté dans de semblables dispositions,262-1 s'est acquitté de sa commission. Il m'a informé ce matin qu'à la première insinuation qu'il en avait faite à ce secré taire d'Etat, il avait d'abord remarqué qu'elle avait été bien reçue, mais que le duc de Newcastle n'avait pas voulu lui donner aucune réponse là-dessus qu'après en avoir consulté avec ses collègues; ce qu'ayant fait, il avait prié cet ami de retourner chez lui, et lui avait témoigné que le Roi et ses ministres ne souhaiteraient rien de mieux que de voir finir les différends en question, et qu'il lui allait dire tout naturellement, après tout ce qui s'était passé là-dessus vis-à-vis de la France, jusqu'où l'on pouvait aller ici pour pouvoir les ajuster, savoir qu'il était impossible pour le Roi et pour ses ministres de dé- | Potsdam, 5 mars 1754. J'ai reçu à la fois vos rapports du 15, du 19 et du 22 du mois de février passé. Je suis bien content de la manière dont vous vous êtes pris pour faire faire adroitement au duc de Newcastle les insinuations que je vous avais commandées; je suis même assez satisfait de la réponse que votre ami en a tirée. Mais, comme la chose mérite que j'y songe mûrement, et que d'ailleurs il me paraît convenir de ne pas marquer trop d'empressement, mon intention est que vous devez tenir en train votre ami et tâcher de le conserver dans la bonne volonté qu'il a marquée, sans lui faire faire de nouvelles insinuations, en attendant que je puisse faire quelques considérations |
terminer d'avance et secrètement la satisfaction que les sujets de Votre Majesté pourraient exiger, pour indemnisation des prises faîtes sur eux par la marine anglaise; mais que, si Votre Majesté voulait lever l'arrêt mis sur la dette de la Silésie, Elle pourrait compter sur une satisfaction aussi étendue et aussi équitable qu'il serait possible de la donner. Que le Conseil des prises aurait ordre d'examiner sommairement et d'abord après l'arrêt levé toutes les prétentions des sujets de Votre Majesté, et qu'Elle aurait lieu d'être contente de cet examen. Voilà, Sire, la réponse à la simple insinuation que j'avais fait faire, et, comme elle ne se trouve pas conforme aux idées de Votre Majesté, je n'ai pas jugé à propos d'aller plus loin et resterai tranquille. J'ajouterai cependant que m'étant entretenu assez longtemps là-dessus avec mon ami, il m'a fait connaître qu'on avait réellement beaucoup d'envie de voir terminer ici cette affaire, mais que l'on ne pouvait pas la finir sur un autre pied, et que les ministres joueraient trop gros jeu de convenir d'avance d'une certaine somme pour satisfaction vis-à-vis de Votre Majesté. Qu'il fallait considérer d'ailleurs la froideur qu'il y avait entre Votre Majesté et Sa Majesté Britannique, et combien le système britannique était contrecarré par Votre Majesté, pour que les ministres pussent et osassent dans de semblables circonstances se prêter à aucune démarche dont ils pourraient être un jour ou autre responsables vis-à-vis de la nation, et que, si les différends en question restaient sur le pied où ils sont, on préférerait plutôt de perdre le reste des dettes de la Silésie à travailler de les accommoder par le moyen de quelque expédient qui pût mettre cette couronne à découvert vis-àvis des autres puissances263-1 et exposer les ministres au ressentiment de la nation“ … | à ce sujet et vous instruire sur ma résolution à prendre finalement, Federic. |
Nach dem Concept.
6241. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 9 mars 1754-
La stérilité des nouvelles où nous continuons d'être dans cette saison-ci, ne me permet encore que d'accuser la réception de votre dé<264>pêche que l'ordinaire dernier m'a apportée, et de vous dire que, quant aux affaires tant en Angleterre qu'en Russie, [elles sont] tout encore dans le même état. Au reste, la dépêche allemande à la suite de celle-ci vous apprendra la manière indécente et malhonnête dont un de mes officiers hussards a été traité, en faisant un voyage en Hongrie pour y voir ses proches parents; aussi mon intention est-elle de relever bien l'affaire et de déclamer bien énergiquement là-dessus.
Federic.
Nach dem Concept.
6242. AN DEN GEHEIMEN KRIEGSRATH VON KLINGGRÄFFEN IN WIEN.
Potsdam, 9. März 1754.
Fester, besonders Lieber und Getreuer. Aus der hierbei kommenden Specie Facti habt Ihr mit mehrerm zu ersehen, wie so gar hart und ohnfreundlich einem Meiner Officiers, dem Premierlieutenant von Czepitz vom Wechmarschen Husarenregiment, in Ungern sowohl wie zu Wien begegnet worden, als derselbe von Mir den Urlaub erhalten nach einer langen Abwesenheit aus seinem Vaterlande einmal wieder auf wenige Monate dahin zu gehen, um seine Anverwandte daselbst zu besuchen und seine kleine domestique Angelegenheiten zu besorgen. Das harte und fast ohnerhörte Verfahren, so gegen denselben geschehen ist, hat derselbe sich auf keine Weise zugezogen, da er sich in allem sehr moderat bezeiget und allem dem, so an denen verschiedenen Orten von ihm gefordert worden, sich auch zum Ueberfluss willig unterworfen hat, welches dennoch ihm nicht zu Wege bringen können, dass man ihm nicht auf das übelste und unanständigste begegnet hat, sondern es auch als eine Folge solcher Begegnungen endlich dahin ausgeschlagen ist, dass er seine Gesundheit darüber verloren und in die erbärmlichste und mitleideswürdigste Umstände gesetzet worden.
Mein Wille und Befehl an Euch ist demnach, dass Ihr deshalb Eures Ortes dem dasigen Ministerio die nachdrücklichste Vorstellung thun und repräsentiren sollet, wie Mich ein so gar ausserordentliches Verfahren gegen einen in Meinen Diensten stehenden Officier, der mit Meiner Permission die Seinigen nur sehen und sprechen wollen und der durch sein Betragen nicht die geringste Gelegenheit zu einigem Verdacht gegen ihn, noch weniger zu einem ihm begegneten so üblen Procédé Gelegenheit gegeben, auf das äusserste befremden müsste, da ganz bekanntermaassen allen und jeden in der Kaiserin-Königin Majestät Diensten stehenden Officiers, wenn solche nach Schlesien, auch allen andern Meiner Provincien kämen und sich verschiedentlich darin aufhielten, mit allen ihnen zukommenden Égards begegnet werde, und man alle Attention gegen dieselbe habe. Es würde auch von keiner vernünftiger und ohnparteiischer Welt Mir verdacht werden können, wenn Ich dergleichen, wider alles, was unter gesitteten und in Freundschaft und Frieden<265> stehenden Puissances deshalb observiret wird, laufende Verfahren ressentirete und deshalb Représailles exerciren liesse. Ich bin aber von der Kaiserin-Königin Majestät bekannten Droiture und Gemüthsbilligkeit zu sehr persuadiret, als dass Ich nicht glauben sollte, wie gedachter Vorfall sonder aller Dero Vorbewusst geschehen, und dass solches also lediglich aus einem Missverstand geschehen, der von einigen der Ihrigen ohne Ueberlegung geschehen sei. Dahero Ich dann noch zur Zeit entfernet davon wäre, den Anfang von einigen Représailles deshalb zu machen und andern, an diesem Facto vielleicht ganz unschuldigen solches entgelten zu lassen. Ich versähe Mich dahergegen aber auch, dass der Kaiserin-Königin Majestät nicht nur dasjenige, so von Ihrigen darunter geschehen, höchstens improbiren und diesen Dero gerechtestes Missfallen darüber empfinden lassen, zugleich aber die Verfügung machen würde, dass auch in solchen Fällen forthin ein gutes freundliches nachbarliches Vernehmen unterhalten und denen Meinigen, wenn deren Geschäfte erforderten, eine Reise derer Orten zu thun, mit aller Humanité und ihnen zukommenden Égards begegnet werden müsste.
Was Euch dieserwegen in Antwort zukommen wird, darüber werde Ich Euren Bericht gewärtigen. Ich bin Euer gnädiger König
Friderich.
Nach dem Concept.
6243. AN DEN ETATSMINISTER GRAF PODEWILS IN BERLIN.
Podewils berichtet, Berlin 7. März: „Le chevalier de La Touche reçut un courrier, hier an soît, de sa cour avec des dépêches relatives à la négociation de l'élection d'un roi des Romains et aux déclarations que les électeurs de Cologne et le Palatin en allaient faire faire à la cour de Vienne conformément au projet que la France en a déjà communiqué à Votre Majesté,265-1 et qu'elle recommande de nouveau … Mais, comme Votre Majesté l'a déjà fait, ainsi que le chevalier de La Touche l'a reconnu d'abord, la France aurait pu se passer de l'envoi de ce courrier … Je lui ai demandé à cette occasion pourquoi on n'avait point profité de l'envoi de ce courrier pour faire parvenir ici la lettre de change du premier terme des subsides de cette année pour une certaine cour voisine.“ 265-2 | Potsdam, 9. März 1754. Es ist alles recht gut; nur muss fleissig erinnert werden, dass die Zahlung der bewussten Subsidien nach denen Versicherungen des Marquis de Saint-Contest auf einen sicheren und prompten Fuss arrangiret werde. |
Mündliche Resolution. Nach Aufzeichnung des Cabinetssecretärs.
<266>6244. AN DIE ETATSMINISTER GRAF PODEWILS UND GRAF FINCKENSTEIN IN BERLIN.
Potsdam, II. März 1754.
Meine liebe Geheime Etatsminister Grafen von Podewils und Finckenstein. Mein Minister von Massow hat Mir beikommenden Entwurf, wie der Geheime Rath von Fürst auf seine Relation vom 23. des letztern Monats Februarii, in Sachen die schlesische Schulden betreffend, zu bescheiden sei, eingesandt. Da Ich Meines Ortes nichts dagegen habe, vielmehr alles darin recht und billig und denen Umständen gemäss finde, so habet Ihr gedachten von Fürst in einem bei Eurem Departement auszufertigenden wohl chiffrirten Rescript zu bescheiden, dabei aber ohnvergessen zu sein, demselben nochmalen ernst und nachdrücklich einzubinden, dass er diese Negociation von der des schlesischen Commercii und Tarifs halber durchaus nicht von einander separiren lassen,266-1 noch darunter die Dupe von den wienerschen Ministres sein, sondern schlechterdings beide Négociations zusammen und auf gleichem Fuss fortführen und in keiner ohne die andere etwas concludiren, vielmehr die wegen des schlesischen Commercii préférablement vor jene tractiren müsse. Ihr habt Euch hiernach zu achten, und Ich bin Euer wohlaffectionirter König
Friderich.
Nach der Ausfertigung.
6245. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 12 mars 1754.
J'ai bien reçu votre rapport du 2 de ce mois. Je ne me saurais persuader que la poste de Constantinople dût apporter des nouvelles de conséquence, et si elle a tardé d'arriver à Vienne, je crois que ce n'est que par les chemins mauvais et impraticables, causés par la saison, que l'empêchement est arrivé. Nous avons reçu des lettres de Londres qui nous ont appris que dans les débats qu'il y a eu dans le Parlement présentement assemblé, le parti contre la cour a fait de fortes harangues de ce que le ministère anglais avait souffert que la France eût relevé impunément les ouvrages à Dunkerque,266-2 à quoi les ministres avaient répondu que c'était vrai, mais qu'ils n'avaient pu prendre des mesures vigoureuses à ce sujet faute de fonds en argent, que la dernière guerre avait épuisés. Que, les antagonistes du ministère ayant répliqué là-dessus que la dernièrre guerre qui n'avait duré que huit ans à peu près, avait coûté infiniment plus à l'Angleterre que toutes celles que feu le roi William et la reine Anne avaient soutenues pendant douze ou treize années, et qu'il n'y avait aucune bonne raison de la différence, les ministres anglais ont répondu qu'il y en avait une assez forte et claire,<267> parceque dans la dernière guerre l'Angleterre avait été obligée de porter sur ses épaules, comme un corps mort, la reine de Hongrie. Je ne vous fais tout ce récit que pour vous faire observer que, si on m'a accusé juste sur tout ce que dessus, l'Angleterre ne voudrait pas aisément ouvrir les cordons de la bourse pour fournir aux subsides que la cour de Vienne et ses alliés demandent.
Federic.
Nach dem Concept.
6246. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Potsdam, 12 mars 1754.
J'ai bien reçu votre rapport du 26 du mois février. Quoique je convienne parfaitement de tout ce que vous me mandez par rapport au système présent que les ministres anglais ont adopté, je ne sais cependant pas assez concilier ce que vous soutenez par rapport aux fonds que vous croyez que le ministère anglais trouverait toujours en cas de guerre pour la soutenir vigoureusement, avec ce qui m'a été dit par rapport aux forts débats qu'il y a eu dans le Parlement actuellement assemblé, où le parti antagoniste du ministère a reproché à celui-ci qu'il n'avait point agi avec la vigueur qu'il aurait fallu pour obliger la France à raser les nouveaux ouvrages qu'elle avait relevés à Dunkerque, sur quoi le ministère était convenu hautement qu'il n'avait pas pu agir avec vigueur contre la France, vu qu'il n'avait les fonds qu'il y aurait fallu employer, vu l'épuisement des finances en Angleterre. Je serai bien [aise] que vous m'expliquiez vos pensées là-dessus par quelque dépêche immédiatement adressée à moi, afin de m'orienter à ce sujet.
Federic.
Nach dem Concept.
6247. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 12 mars 1754.
J'ai reçu votre dépêche du 1er de ce mois. Comme la dépêche ci-close du département des affaires étrangères comprend tout ce que nos dernières lettres d'Angleterre nous ont marqué, je vous renvoie et n'ajoute que la réflexion qu'il me semble que je vous ai déjà fait observer dans une de mes dépêches antérieures,267-1 savoir que le ministère anglais ne voudrait acheter à trop grand prix la Russie; que son système est actuellement pacifique, à moins que des évènements ne le réchauffent contre la France; que son unique attention est à présent d'avoir le Parlement futur à sa disposition, mais qu'il restait à savoir si alors le dit ministère ne changera pas de ton et reprendra toute son arrogance. Il est vrai que des lettres particulières de Londres ont marqué que, parmi les débats du Parlement présent, le parti contraire à la cour ayant<268> extrêmement poussé le ministère de ce qu'il n'avait pas agi vigoureusement contre la France par rapport à l'affaire de Dunkerque, celui-ci s'en était défendu par le défaut des fonds en argent pour pousser vigoureusement la France, et que ses antagonistes ayant demandé la raison pourquoi une guerre d'à peu près huit ans, comme la dernière, avait plus coûté en frais que celles que l'Angleterre avait soutenues du temps du roi Guillaume et de la Reine, les ministres avaient répliqué que, dans la guerre dernièrement passée, l'Angleterre avait été obligée de porter sur ses épaules la reine de Hongrie comme un corps mort, ce qui avait tant épuisé le trésor de l'Angleterre. Nonobstant cela, mes lettres m'assurent qu'apparemment le langage que les ministres anglais avaient fait tenir à la France par rapport au chipotage avec la Russie, avait été mal entendu ou mal rendu, puisque, si la Russie acceptait les propositions des ministres anglais, on contracterait certainement avec celle-là, et que ni le langage du comte d'Albemarle, ni l'argent ne les en retiendrait.
Federic.
Nach dem Concept.
6248. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.
Potsdam, 12 mars 1754.
J'ai lu avec satisfaction le portrait que vous m'avez envoyé268-1 à la suite de votre lettre du 1er de ce mois. Je serai bien aise, si à présent vous continuez à me faire ceux des ministres français, que j'attends de vous préférablement à ceux des ministres étrangers qui résident à la cour de France. Au reste, ne manquez pas de m'acheter et de m'envoyer ce livre qu'on imprime à présent sous le titre d'Histoire militaire de Flandre,268-2 dont vous m'avez envoyé le plan, et tâchez [d'avoir] d'ailleurs, à la première occasion que vous trouverez, le livre du sieur de Bombelles sur les évolutions militaires.
Federic.
Nach dem Concept.
6249. AU SECRÉTAIRE VON DER HELLEN A LA HAYE.
Potsdam, 12 mars 1754.
Le rapport que vous m'avez fait du 5 de ce mois, m'a été fidèlement rendu, à sujet duquel je ne saurais m'empêcher de vous dire que, de la manière que vous me marquez le grand dérangement des finances de la Hollande, les dissensions sans fin pour leur redressement, les fonds épuisés et point suffisants pour fournir aux dépenses ordinaires, le comptoir général de l'union fermé, le crédit public en décadence,<269> enfin autant de projets proposés que rejetés, me font présumer que tout cela ne saurait finir à la fin que par une banqueroute générale.269-1 Sur quoi, je serai bien aise que vous m'expliquiez, par quelque dépêche immédiate et à moi seul, votre sentiment, et ce que vous croyez des suites qui en résulteraient, si le dérangement des finances allait au point qu'on le verrait finir par la banqueroute.
Federic.
Nach dem Concept.
6250. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Potsdam, 12 mars 1754.
J'ai reçu votre rapport du 2 de ce mois, sur lequel je suis bien aise de vous faire observer que, pour ce qui regarde l'affaire de M. de Juel,269-2 je viens d'apprendre de bon lieu que c'est depuis longtemps déjà que le roi de Danemark a eu de l'aigreur contre lui, et que c'est en conséquence que vous devez aller bride en main à cet égard et éviter avec prudence à ce qu'il ne paraisse pas que vous vouliez vous trop mêler des affaires domestiques du Roi et de ce qui regarde ses ministres.
Federic.
Nach dem Concept.
6251. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION HELLMUTH- BURCHARD DE MALTZAHN A STOCKHOLM.
Potsdam, 12 mars 1754.
Je vous sais tout-à-fait gré des particularités que vous m'avez apprises par vos deux dépêches du 26 dernier. Je ne saurais absolument décider des malentendus qui règnent malheureusement entre la cour de Suède et le Sénat; tout ce que j'y puis faire, c'est de prêcher la modération à la Reine, ma sœur, et de souhaiter que le Sénat de sa part ne pousse trop la cour, afin de prévenir les extrémités. Je veux bien convenir, qu'entre ceux qui paraissent avoir présentement la confiance de la cour, il en peut être des gens pas tout-à-fait bien intentionnés;269-3 mais par quel moyen pourrais-je y remédier :
Quant aux confidences que M. de Hœpken vous a faites par rapport aux manœuvres du système anglais et des tentatives qu'on avait faites pour le sonder si la Suède resterait passive, en cas qu'on vînt aux prises avec moi, je veux bien vous dire, quoique pour votre direction seule, que je n'ai jamais trop compté sur l'assistance de la Suède, supposé que le cas aurait existé. D'ailleurs j'estime que, dans la situation où la Suède se trouve, il se pourrait bien arriver qu'elle eût plutôt besoin de mon assistance que moi de la sienne, et que mes vues, en Prenant des liaisons avec la Suède, ont été principalement de vouloir<270> contribuer au mieux au soutien de la liberté et à l'indépendance de la Suède et à ce qu'elle ne soit opprimée de ses ennemis.
Au reste, vous pouvez protester à M. de Hpken que, s'il y a des excès commis sur le territoire de la Suède en Poméranie,270-1 c'est absolument contre mon gré et contre mes ordres, mais que je ne saurais lui cacher que, par toutes les recherches que j'avais fait faire jusqu'à présent à ce sujet, je n'avais trouvé guère qu'une piquanterie forte et bien de l'humeur de quelques-uns de la régence suédoise à Stralsund contre le feld-maréchal comte de Schwerin, ce que nous saurions bien pénétrer ici qu'on ne le saurait faire en Suède.
Federic.
Nach dem Concept.
6252. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION HELLMUTH- BURCHARD DE MALTZAHN A STOCKHOLM.
Potsdam, 13 mars 1754.
Le rapport que vous m'avez fait du 2 de ce mois, m'est heureusement parvenu, au sujet duquel je suis bien aise de vous dire, quoique pour votre direction seule, que vous devez bien vous garder de vous faire entraîner par les impulsions des partisans de la cour pour inspirer des conseils violents à ma sœur, la Reine, parceque je crois qu'on n'a que trop de penchant à la cour pour en prendre de soi-même.
Federic.
Nach dem Concept.
6253. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A DRESDE.
Maltzahn berichtet, Dresden 9. März, über drei von ihm eingesehene Schreiben des Grafen Brühl an Funcke in Moskau, vom 6., 13. und 20. Februar, durch welche Funcke beauftragt wird, in Moskau vor den Rüstungen Preussens zu warnen, welche ein Attentat gegen die Republik Polen zu bezwecken schienen. | Potsdam, 15 mars 1754. J'ai reçu la dépêche que vous m'avez faite du 9 de ce mois. J'avoue que j'ai été surpris de la malice et de la noirceur de mes ennemis, de ce qu'ils ne laissent pas de me blâmer et calomnier a toutes les occasions, quand même il n'y a pas la moindre vraisemblance et que l'évènement leur a si souvent appris combien ils se sont prostitués au public par les mensonges qu'ils y ont débités.270-2 C'est en particulier que j'y remarque le déchaînement de la cour de Dresde et de son premier ministre, qui ne peut point se lasser de débiter à mon sujet les calomnies aussi noires |
que ridicules en soi-même, dans le même temps qu'ils me font toutes les protestations possibles d'amitié. Mon intention est donc que vous ne devez point hésiter de donner hautement le démenti à tout ce qu'on a débité de faussetés sur mes desseins sur la Pologne, de même que sur un concert prétendu avec le Grand-Général de la Couronne touchant l'affaire de l'ordinatie,271-1 dans laquelle je n'ai pas pensé un moment de me mêler, comme aussi sur ce qu'on a faussement débité sur les grands armements que je préparais en Prusse. Pour ne point aussi laisser en doute le comte de Broglie sur les soupçons qu'on tâche de lui inspirer à ces sujets, ma volonté est que vous devez l'en désabuser, en vous expliquant confidemment avec lui sur ce qui regarde les prétendus armements en Prusse et les transports que j'y faisais faire d'artillerie et des munitions qui, loin d'être considérables ou en vue d'aucune offensive, ne consistaient qu'à y rafraîchir mes arsenaux à l'occasion de ce que la Russie avait fait marcher nombre des troupes dans la Livonie et dans la Courlande, afin de ne pas être pris dépourvu en tout pour la défensive, dans le cas qu'on eût quelque mauvais dessein sur cette province. Au surplus, je vous avertis que le sieur Splitgerber vous fera payer au premier jour la somme de 500 écus, sous prétexte qu'on lui en avait remis de la part de vos parents, mais que vous recevrez pour soutenir les dépenses secrètes que vous êtes obligé de faire pour mon service. Je vous remercie de l'opéra Artemisia du sieur Hasse que vous m'avez envoyé, et vous ferai rembourser les frais que vous avez avancés pour le faire copier. Federic. |
Nach dem Concept.
6254. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A DRESDE.
Potsdam, 16 mars 1754.
J'ai reçu votre rapport du 12 de ce mois. De la manière que le vice-chancelier de Pologne271-2 vous a parlé de ce qui regarde l'affaire prétendue touchant les trois villages situés dans le duché de Sévérie où mes troupes devaient marcher pour les occuper, il faut bien qu'il en soit très mal informé et qu'on lui en ait imposé par des avis absolument faux et controuvés. Cependant, pour ne pas vous laisser ignorer les circonstances qui auront pu occasionner ce malentendu, je veux bien vous communiquer par la note ci-jointe ce qui s'est passé en der<272> nier lieu au sujet de quelques villages situés indisputablement dans la Silésie, mais que l'évêque de Cracovie tient en fief de moi, où je me suis obligé de faire marcher quelque peu de troupes afin d'y réprimer l'insolence de quelques petits domestiques qui prétendaient rendre indépendantes ces terres de ma domination et des droits territoriaux.
Au reste, je serai bien aise que vous tâchiez de parler Sa Majesté Polonaise même, afin de la désabuser de toutes fausses impressions qu'on lui aurait voulu donner sur toutes les choses que vous avez traitées dans vos deux dernières dépéches.
Federic.
Euch ist bekannt, wasmaassen der Bischof von Krakau in Schlesien, und zwar in dem plessenschen Kreise, drei Güter, namentlich Chelm, Jemielin und Cojatow, besitze, welcherwegen die vorigen Bischöfe so wenig die sonst im Lande übliche Steuern entrichten, noch weniger sich jemalen zu Ablegung des gewöhnlichen Homagii verstehen wollen.
Als in anno 1746 der Graf von Zaluski Bischof zu Krakau geworden, haben zwar Se. Königl. Majestät declariret, wie Sie aus personellem Egard für denselben geschehen lassen wollten, dass er ad dies vitae von Entrichtung der Steuern dispensiret sein, jedoch dadurch Dero Gerechtsamen und Dero Landeshoheit in keine Weise präjudiciret, vielmehr solche beständig aufrecht erhalten und souteniret werden sollte. Wobei es dermalen geblieben und welches dann auch bisher nach aller Möglichkeit geschehen ist, bis sich wegen dieser drei Dörfer der Umstand ereignet hat, dass, als die plessische Grenzsalzbereiter einem Polen, welcher mit drei Fass oder 18 Centnern fremden Salz im Dorfe Cojatow betroffen, sie demselben solches abgenommen und zur Factorei nach Plesse gebracht, sich der bischöflich krakausche Amtsverwalter darüber beschweren und die Restitution des Salzes aus dem Fundament begehren wollen, dass die Wegnehmung nicht auf schlesischem, sondern auf polnischem Grund und Boden geschehen sei.
Da sich aber auch sonst hervorgethan, wie man wegen dieser Dörfer sich von Zeit zu Zeit einiger Indépendance anmaassen, auch den Egard, welchen Se. Königl. Majestät gegen den zeitigen Herrn Bischof durch die Erlassung der Steuern marquiret haben, zur Ungebühr auf eine gänzliche Exemption von der Landeshoheit extendiren wollen, da die dortige bischöfliche Officianten diejenige Verordnungen und Edicte, welche an alle übrige Landesstände ergangen, sich geweigert haben anzunehmen, und dem damit herumgeschickten Landdragoner untersagen wollen, sich weiterhin mit dergleichen auf diesen Dörfern einzufinden, überdies auch selbige angefangen haben, verschiedene von andern schlesischen Orten ausgetretene junge Leute, die sich dahin begeben, in Protection zu nehmen, so haben Se. Königl. Majestät zu Behauptung Dero landesherrlichen Jurium über gedachte drei Dörfer endlich resolviren müssen, einen nachdrücklichen Actum von Dero Landeshoheit und Souveraineté darin exerciren zu lassen, in welcher Absicht dann Dero<273> Generallieutenant von Kyau beordert worden, ein Commando von seinem unterhabenden Regiment dahin zu schicken, um einige zum Theil aus andern Orten von Schlesien dahin geflüchtete junge Mannschaft ausheben und zu Kriegsdiensten einziehen zu lassen. Welches denn auch den 23. des letztverwichenen Monats dergestalt geschehen ist, dass gedachtes Commando fünf von erwähnten jungen Leuten ausgehoben, mit solchen aber sogleich wiederum zurück marschiret ist, ohne dass der geringste Excess dabei vorgegangen, noch jemandem einiger Tort widerfahren wäre, wie solches die in diesen Dörfern bestellete bischöfliche Bedienten dem Commando schriftlich attestiret haben.
Nach dem Concept.
6255. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Klinggräffen berichtet, Wien 6. März; „Je ne m'écarterai pas le moins de ce principe dont je suis convaincu, ainsi que je l'ai marqué dans les occasions, que tout est calculé ici contre Votre Majesté, et qu'il n'y a que l'impossibilité qui en empêche l'exécution … Malgré tout ce qui se fait ici pour se rendre redoutable, sans un puissant secours d'argent de l'Angleterre et l'assistance de la Russie, je ne vois pas que la mauvaise volonté, qui, comme un feu, couve toujours sous la cendre, puisse être réalisée de quelques années. Les finances de l'Impératrice ne fournissent encore qu'un petit trésor, supposé même que ce dernier soit bien constaté … Elle embrasse trop de choses à la fois et jette de l'argent d'une façon qui étonne. Depuis quatre semaines, deux des dames de la cour se sont mariées; elle a donné 50,000 florins à chacune, outre les bijoux, et une infinité de générosités se font très souvent de cette espèce; des pensions considérables se multiplient tous les jours. J'allègue seulement ceci pour que Votre Majesté puisse juger que la puissance de cette Princesse, qui a la vérité se fortifie de jour en jour, ne peut guère encore être considérée que dans un état naissant, mais qui, avec l'aide de la Russie et avec l'assistance de l'argent d'Angleterre, pourrait devenir formidable dans un court espace de temps, de sorte que c'est de l'Angleterre, la grosse cloche, que tout dépend.“ | Potsdam, 16 mars 1754. Par tout ce que vous me marquez dans le post-scriptum de votre dernière dépêche, touchant la situation présente de la cour où vous êtes, je trouve que vous en êtes admirablement au fait, et tout ce que vous m'y dites, est exactement conforme à tous les autres bons avis que j'en ai, de sorte que vous avez bien attrapé le juste point. Ces circonstances et la vraie situation où ladite cour se trouve actuellement, me font présumer qu'il y a à parier dix contre un qu'elle aura plutôt la guerre avec ses autres voisins qu'avec nous. Quant à son nouveau système et ses arrangements nouveaux, il faudra, autant que je puisse le comprendre, au moins un temps de dix ou de vingt ans pour bien établir et de consolider un nouveau système. Tout cela ne doit point détourner votre attention exacte sur tout ce que cette cour remue et brasse. Federic. |
Nach dem Concept.
<274>6256. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Potsdam, 16 mars 1754.
Les dépêches que vous m'avez faites du 5 et du g de ce mois, m'ont été fidèlement rendues. C'est avec satisfaction que j'en ai vu la bonne disposition où la cour danoise continue, pour finir aimablement l'affaire de Knyphausen, et vous êtes trop instruit sur mes intentions à cet égard que vous ayez à attendre que j'y porterais jamais obstacle. C'est aussi en conséquence que je souhaiterais que vous n'entriez plus dans un si grand détail que jusqu'ici sur cette affaire, dans les dépêches que vous m'adresserez immédiatement, bien entendu que vous pourrez continuer de vous en expliquer, aussi amplement que vous voudrez, dans celles que vous enverrez aux ministres du département des affaires étrangères.
Au surplus, quand des ministres bien intentionnés de la cour où vous êtes vous parleront sur les liaisons étroites à prendre entre moi et le Roi leur maître,274-1 tout comme sur ce mariage à stipuler274-2 dont vous faites mention dans votre dernière dépêche, vous ne devez du tout rejeter ces propositions, mais faire entendre à ces ministres bien intentionnés que c'étaient des affaires sur lesquelles on pourrait bien convenir, dès que l'affaire de Knyphausen serait aplanie.
Federic.
Nach dem Concept.
6257. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION HELLMUTH BURCHARD DE MALTZAHN A STOCKHOLM.
Potsdam, 16 mars 1754.
J'ai reçu votre rapport du 5 de ce mois. Il est toujours bon que. par la présence en Suède du baron de Fleming, les ministres, tout comme M. d'Havrincourt, soient convaincus que ce ne fut point à tort qu'on s'est plaint de la grande prévention du susdit ministre pour le baron de Bernstorff et de son aveuglement pour tout ce dont celui-ci a voulu lui en imposer.274-3 Mais le point le plus principal et le plus désirable serait qu'on s'avisât de le rappeler de son poste à Copenhague.
Federic.
Nach dem Concept.
6258. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 16 mars 1754.
Vous verrez par la dépêche ordinaire du département des affaires étrangères comme les sentiments du ministère anglais sont encore assez<275> pacifiques relativement aux bisbilles qu'il a avec la France touchant les affaires des Indes orientales; mais, ce qui m'importe aujourd'hui plus que tout cela, c'est que je viens d'apprendre que le maréchal comte de Lœwendahl médite sa retraite du service de la France, d'aller en après à Hambourg et de passer en service ou de Russie ou de Danemark. Comme j'ignore jusqu'où il importe à la France de le garder en son service ou non, je serai bien aise cependant que vous preniez l'occasion, le plus tôt le mieux, d'en parler confidemment à M. de Contest et de le prier avec instance de ma part, et de la manière la plus pressée, pour ne pas vouloir permettre que jamais ledit maréchal ne puisse entrer ni au service de Russie ni du Danemark, parcequ'alors il pourrait me faire beaucoup de tort, qui ne laisserait que de rejaillir sur la France. Vous ajouterez que, comme la France m'avait donné tant de marques de son amitié, je regarderais comme une des plus satisfaissantes pour moi, si elle voulait bien prendre attention sur la demande que je lui fais à ce sujet.
Federic.
Nach dem Concept.
6259. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
[Potsdamj, 16 mars 1754.
Je ne m'attendais assurément pas, mon cher Milord, que ce serait un philosophe qui me donnerait des leçons d'ambition, je crois que nous sommes d'accord dans le fond de la chose et qu'il n'y a que les termes qui nous divisent. J'entends par ambition275-1 une passion violente de s'agrandir, de briller, de faire de l'éclat et de s'acquérir une réputation, et c'est un sentiment de l'âme que je réprouve comme vicieux et n'ayant pas pour but la vertu; mais, en m'éloignant de cette passion, dangereuse aux autres et à ceux qui en sont possédés, je ne suis pas du même avis sur l'émulation, qui est un désir vif de s'acquitter de ses fonctions mieux que les autres et de les surpasser en vertu. C'est l'émulation, qui, sans causer de jalousie, aiguillonne l'âme, la tire de son inaction et de son indolence et fit faire au prince de Condé la campagne de Franche-Comté, pour surpasser celle que Turenne avait faite l'année 1672 en Hollande. Je crois qu'un homme retiré du monde en peut même sentir l'aiguillon; c'est, en un mot, le plus noble mobile de toutes nos actions.
Quant aux miennes, elles ne méritent pas, mon cher Milord, les éloges que votre amitié leur donne. On nous regarde nous autres rois comme des enfants, dont on admire le bégayement même [comme] une espèce d'effort qu'ils font à leur âge; on est si étonné, quand nous autres nous ne sommes ni stupides ni fols, qu'on nous sait gré de nos moindres actions raisonnables. Si vous en exceptez peu de souverains,<276> il n'y a guère eu que les fondateurs des empires qui aient été véritablement hommes, il semble que la nonchalance et la mollesse ait été le partage de tous leurs successeurs, et je crois qu'on peut attribuer leur condamnable indolence à la mauvaise éducation qu'on donne généralement aux fils des souverains : on les élève pour obéir et non pour commander. C'est dans le fond, mon cher Milord, de quoi vous vous embarrassez guère, et à moi aussi. Je souhaite que votre santé soit bonne pendant ce mauvais temps. Je ne renonce point au plaisir de vous revoir, en vous assurant que personne ne vous estime ni ne vous considère plus que moi.
Federic.
Nach einer Abschrift von der Hand des Secretärs des Lord Marschall.
6260. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 19 mars 1754.
Je vous sais un gré particulier des circonstances assez intéressantes dont vous avez bien voulu m'informer par votre dépêche immédiate du 8 de ce mois. Il n'y a rien de plus vrai que ce que je vous ai marqué par mes dépêches antérieures touchant les subsides que la cour de Vienne a postulés de celle de Londres,276-1 mais il est vrai encore que la dernière en a rejeté assez loin la proposition et que la cour de Vienne a été de mauvaise humeur contre l'Angleterre à ce sujet, elle qui se croit fondée en droit de ne point être refusée de ses amis et alliés sur les demandes qu'elle leur fait, quelque déraisonnables qu'elles soient, et qui se croit offensée, dès qu'on ne se soumet pas à ses volontés.
Federic.
Nach dem Concept.
6261. AU FELD-MARÉCHAL DE KEITH A BERLIN.
Potsdam, 19 mars 1754.
Je vous remercie bien volontiers de la peine que vous avez bien voulu prendre de me présenter quelques traductions des harangues anglaises de votre façon. Celles que j'ai reçues, me suffisent pour me faire comprendre la manière de penser des membres du Parlement sur l'état du royaume, ainsi je ne veux plus vous donner la peine de faire d'autres traductions, vous sachant bien du gré de celles que vous m'avez envoyées. Sur ce, je prie Dieu etc.
Federic.
Nach der Ausfertigung.
<277>6262. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A DRESDE.
Potsdam, 22 mars 1754.
Je ne vous fais cette lettre que pour y faire joindre les 23 écus et 20 gros que vous avez déboursés pour me faire copier l'opéra Artemisia que j'ai bien reçu à son temps.
Comme des lettres d'un ami confident à Vienne du 13 de ce mois m'instruisent qu'on avait remarqué là depuis huit ou dix jours des pourparlers extraordinaires et longs entre les comtes Kaunitz, Keyserlingk et Flemming, à toutes les occasions, et qu'on présumait qu'il s'y agissait d'un projet du prince Xavier pour le faire succéder au trône de Pologne et le marier à l'Archiduchesse aînée,277-1 j'ai bien voulu vous en avertir, afin de vous orienter bien sur ce qui se passera à cet égard, par le canal connu.
Federic.
Nach dem Concept.
6263. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 23 mars 1754.
Quand vous avez été averti, en conséquence du post-scriptum de votre dernière dépêche, d'un projet en faveur du prince saxon pour lui faire tomber [en partage] le trône de Pologne, quand il deviendra à vaquer, et de faire épouser l'aînée des archiduchesses, vous pouvez compter que l'avis que vous en avez eu, est fondé et que j'ai été instruit, depuis quelque temps déjà, par un bon canal que les instructions du comte Flemming277-2 portent de mettre ces affaires sur le tapis et d'en faire une négociation séparée et secrète. J'estime cependant qu'il y réussira assez mal, vu que je ne saurais point me persuader que la cour de Vienne voudrait condescendre à marier une des archiduchesses à un prince apanage, dont le frère aîné a de la famille, et qui porte aussi bien que l'autre des vues sur la succession à la couronne de Pologne. Supposé même que le projet en question réussît et que le Prince cidessus mentionné succèdât en Pologne, quelles ressources aurait-il pour se soutenir avec dignité que le peu d'apanage que son frère aîné lui paierait peut-être assez mal, par l'envie qu'il aurait de son élevation à ses dépens?277-3 Et peut-on croire que la cour de Vienne voudrait donner du sien pour le faire vivre? Au reste, j'ai mes raisons pourquoi je vous ordonne de ne parler du tout de ce projet au ministre de France.
Federic.
Nach dem Concept.
<278>6264. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A DRESDE.
Potsdam, 23 mars 1754.
J'ai bien reçu vos dépêches du 16 et du 20 de ce mois. Bien que j'ai abandonné à mon ministre de Podewils278-1 le soin de se concerter avec le chevalier de La Touche sur la nécessité et les moyens que vous proposez à entretenir un parti en Pologne et à le soutenir efficacement, cependant je ne veux point vous céler que la France et moi pourrions bien risquer de jeter notre argent au hasard et gratuitement auprès des gens qu'une inconstance naturelle mène à changer au premier évènement et à se jeter à la tête de celui qui paie le dernier. Que d'ailleurs, dans un pays comme celui que la Pologne, il y a toujours deux partis, que les brigues ne cessent pas, et que notre but principal n'est que de rompre toujours des Diètes où l'on voudra constater des choses préjudiciables à nos intérêts communs et à la constitution présente et à la liberté de la nation. Que j'estime que c'est avec bien [plus] de sûreté qu'on dépense son argent alors, que le hasarder en distribuant des pensions qui, dans un cas critique, peut-être n'opèreront guère contre l'éclat d'un argent payé dans le moment qu'il faut. Enfin, c'est à vous de réfléchir sur toutes ces considérations et de me marquer, après, votre sentiment.
Federic.
Nach dem Concept.
6265. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 23 mars 1754.
Votre rapport du 11 de ce mois m'est entré, et je suis bien aise de vous dire que, malgré les difficultés que les ministres anglais paraissent faire à ceux de France, je crois — et mes rapports de Londres m'y confirment — que les premiers pourraient bien mettre de l'eau dans leur vin et se prêter à un accommodement.
Au surplus, comme des lettres particulières de France, tout comme les gazettes publiques, annoncent comme quoi la France faisait acheter 7,000 chevaux de remonte pour sa cavalerie, je serais bien aise que vous m'apprissiez si effectivement ces nouvelles sont fondées et si l'on pense en France à y mettre l'armée dans un état respectable, au cas qu'il arrivât quelque évènement extraordinaire et imprévu.
Federic.
Nach dem Concept.
<279>6266. AN DAS DEPARTEMENT DER AUSWÄRTIGEN AFFAIREN.
Podewils und Finckenstein berichten, Berlin 22. März, über eine von dem Etatsminister von Rohd auf Befehl des Königs aufgesetzte Denkschrift über das Zerwürfniss zwischen Hof und Senat in Schweden, welche auf den Vorschlag hinauskommt: „Que Votre Majesté devrait faire insinuer à la cour de France que le seul moyen de concilier les esprits serait d'engager le Sénat à céder quelques légers avantages à la cour et à lui laisser un peu plus de liberté dans la collation des charges vacantes, afin que la cour de France donnât des ordres en conséquence à son ambassadeur et que celui-ci tâchât de disposer les sénateurs et les chefs de son parti à donner quelque satisfaction à la cour et à faire en sorte que les choses puissent être pacifiées, à la prochaine Diète, par une interprétation juste et favorable de tous les articles qui sont en contestation.“ Die Minister motiviren eingehend, dass sie sich von einem derartigen Schritt in Frankreich wenig Erfolg versprechen, und dass selbst im Falle entsprechender Weisungen des französischen Ministeriums an Havrincourt die Vermittelung des letzteren keine glückliche sein werde. | Potsdam, 23, März 1754. Es kann die Sache in Frankreich tentiret werden. |
Mündliche Resolution. Nach Aufzeichnung des Cabinetssecretärs.
6267. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Berlin, 26 mars 1754.
J'ai reçu à la fois les dépêches que vous m'avez faites du 8 et du 12 de ce mois. Je suis fâché de la mort du sieur Pelham,279-1 par la raison que je l'ai toujours considéré comme le plus disposé entre les ministres anglais à vouloir concilier les différends qui subsistent entre mloi et l'Angleterre.279-2 Comme il ne peut manquer que cet évènement n'ait des conséquences intéressantes, ma grande curiosité est d'apprendre de vous ce qu'il effectuera relativement à moi et à mes intérêts, et de quelle façon ceux qui succèderont aux fonctions de feu sieur de Pelham, penseront sur mon sujet; ainsi que je serais bien aise que vous y dirigiez votre attention principale à présent, afin de pouvoir me donner les informations les plus exactes et bien détaillées à ce sujet. Au<280> reste, mandez-moi si le lord Carteret ne voudra se reproduire pour entrer dans le ministère, quand il arriverait que le duc de Newcastle aurait de la peine à se soutenir dans son poste.
Federic.
Nach dem Concept.
6268. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Berlin, 26 mars 1754.
Je crois n'avoir guère gagné ni perdu à l'évènement de la mort du sieur Pelham. S'il s'est montré le plus disposé entre les ministres anglais à vouloir concilier mes différends avec l'Angleterre, c'est qu'il n'aimait pas de faire faire mal à propos des dépenses à la nation; mais, indépendamment de cela, mes intérêts lui ont été toujours bien indifférents. Ce que je crois que nous avons gagné par cet évènement, c'est l'embarras où le roi d'Angleterre et son ministère [se trouvent] par cette perte, et qu'ils auront à présent à recommencer de travailler, et avec bien de la peine encore, à la besogne des futures élections au nouveau Parlement, dont feu Pelham avait seul le secret et les moyens, et en était la cheville ouvrière, de sorte qu'il aurait acquis une majorité certaine dans ledit Parlement, si sa mort n'en eût interrompu.
Quant à la réponse que le sieur de Knyphausen a eue de M. de Contest par rapport au sieur d'Havrincourt,280-1 je vous dirai que je serais bien à même de convaincre, papier à table, M. de Contest que ce n'est pas moi, mais bien le roi et la reine de Suède qui demandent ou que lui fussent inspirés des sentiments plus modérés ou qu'il soit rappelé. Qu'il était bien naturel, quand le baron de Scheffer n'avait point porté les plaintes que le roi et la reine de Suède avaient contre d'Havrincourt, à M. de Contest, vu qu'il était du parti du Sénat et qu'il était en conséquence bien à douter qu'il se fût toujours acquitté exactement des commissions qu'il avait eues à cet égard.280-2 Que personne n'aurait à contredire, quand le sieur d'Havrincourt avait des déférences pour le Senat et les sénateurs suédois, mais bien à son aigreur, qu'on remarque dans toutes les occasions où il s'agit de la cour de Suède. Que j'en avais moi-même des preuves convaincantes, comme par exemple dans l'affaire de la démission que le comte Tessin avait demandée de sa charge de gouverneur du prince aîné de Suède,280-3 où le sieur d'Havrincourt avait déclamé fortement contre la cour, et, encore, dans une affaire qu'on avait agitée en dernier lieu dans le Sénat entre le Roi et les sénateurs par rapport au rappel de quelques troupes de la Finlande, au sujet de laquelle le sieur Havrincourt avait outré plus les choses que les sénateurs même. Que je me garderais bien de me mêler dans aucune chose qui regardait l'intérieur de quelque puissance que ce soit, mais que je ne saurais cacher à M. de Contest que,<281> pourvu qu'on ne remédiât pas d'une manière ou d'autre aux griefs du roi et de la reine de Suède, je serais dans la plus grande appréhension qu'ils ne se jetassent entre les bras de la Russie, dont alors la France et moi serions également embarrassés. Qu'il me suffirait à présent d'en avoir averti la France, comme de bien d'autres choses qu'on avait eu de la peine à croire, mais qui en après s'étaient vérifiées;281-1 que M. d'Havrincourt méritait l'attention qui lui était due, mais qu'il n'en fallait manquer au roi et à la reine de Suède.
Qu'au reste, afin que M. de Contest soit d'autant plus confirmé que les choses sont sérieuses et dans un état critique, je ferais voir des lettres en original de ma sœur, la Reine, au chevalier de La Touche, pour le convaincre que je n'agis point de mon seul mouvement dans cette affaire. Voilà tout ce que vous aurez à dire convenablement à M. de Contest.
Federic.
Nach dem Concept.
6269. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Berlin, 26 mars 1754.
Nous venons d'apprendre l'évènement de la mort du sieur Pelham, au sujet duquel mes lettres m'assurent qu'il ne pouvait arriver rien de plus embarrassant dans les circonstances présentes au gouvernement anglais, vu que ce fut lui qui avait des ministres le plus d'influence dans le cabinet du Roi, qui était le chef des finances et avait eu depuis longtemps le plus de crédit, et qui était seul chargé de la besogne des futures élections, qui en savait le secret et les moyens et qui, à ce qu on m'assure, aurait acquis à la cour une majorité certaine dans le nouveau Parlement. Aussi dit-on que le Roi est fort sensible à cette perte, qui ne saurait qu'être suivie de circonstances intéressantes, savoir d'altérer en quelque façon le système présent et diminuer le credit du duc de Newcastle, qui avait eu un grand appui dans le défunt.
Au surplus, vous me marquerez [comment] la cour où vous êtes envisage cet évènement; quant à moi, je présume qu'il saurait bien suspendre au croc la négociation qui est sur le tapis à Moscou.
Pour ce qui regarde les nouvelles assez curieuses que vous me marquez dans le post-scriptum de votre rapport,281-2 vous devez continuer, avec toute l'attention possible, l'avis que vous en avez eu, afin de m'en faire des rapports exacts. Cependant, parceque vous ajoutez que la cour était embarrassée pour trouver les moyens à faire former les magasins pour le camp qu'elle médite d'assembler, vous devez conclure que<282> certainement elle n'a point de trésor, vu qu'elle ne serait point en peine, s'il en existait, de fournir au nécessaire à un campement de 50,000 hommes.282-1 Je vous sais bien du gré, au reste, des informations que vous m'avez données par rapport au secret de la préparation de la poudre au canon qu'on a là où vous êtes. 282-2
Federic.
Nach dem Concept.
6270. AU PRINCE RÉGNANT D'ANHALT-CŒTHEN.
Berlin, 29 mars 1754.
Monsieur mon Cousin. J'ai bien reçu la lettre que Votre Altesse m'a bien voulu adresser en date du 23 du courant, à l'occasion de celle que Son Altesse le duc de Brunswick-Wolfenbüttel Lui a faite touchant les représentations que les envoyés de quelques Princes à la Diète de l'Empire ont tenté de faire parvenir à l'Empereur, par le ministère du vice - chancelier de l'Empire, par rapport à l'introduction du prince de Taxis dans le Collège des Princes.282-3 Quoique très sensible aux marques de la confiance que Votre Altesse m'a bien voulu donner, en demandant mon sentiment sur ce sujet pour s'y conformer, je suis fâché de ne pouvoir m'en mêler ni donner mon avis là-dessus, n'ayant nulle part dans cette affaire, ni à la démarche sur laquelle je n'ai point été consulté, de sorte que je remets au bon plaisir de Votre Altesse de quelle manière Elle trouvera bon de répondre au duc de Brunswick et de prendre les mesures qu'Elle trouvera le plus convenables aux intérêts de Sa maison. Je suis avec bien de l'estime etc.
Federic.
Nach dem Concept.
6271. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Potsdam, 30 mars 1754.
La dépêche que vous m'avez faite du 23 de ce mois, m'a été fidèlement rendue. J'attendrai les nouvelles plus précises que vous me faites espérer du sieur Ogier par rapport à la négociation qu'il a entamée avec la cour de Danemark, dont le succès me fera toujours plaisir. Quant à la bonne disposition où Sa Majesté Danoise se trouve, pour prendre des liaisons étroites avec moi par un traité formel, je ne laisserai pas de la cultiver; mais, quant au fond de l'affaire, je veux bien vous dire, quoique pour votre direction seule, que je crois me convenir de ne pas m'empresser là-dessus, mais de voir venir plutôt la cour où vous êtes et me faire rechercher par elle. J'estime d'ailleurs que, pourvu qu'on représente souvent et avec adresse aux ministres bien intentionnés de cette cour l'embarras que celle-ci saurait trouver encore<283> dans l'affaire de la succession de Holstein à l'égard du Grand-Duc, les susdits ministres trouveront aisément qu'apparemment ce serait plutôt le Danemark qui pourrait avoir besoin de moi que moi d'elle.
Federic.
Nach dem Concept.
6272. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 30 mars 1754.
Malgré les apparences que vous croyez avoir comme s'il s'agissait dans les fréquentes conférences du comte Kaunitz avec le comte Flemming et les ministres de Russie et d'Angleterre d'un mariage de l'Archiduchesse aînée avec le prince Xavier, en faveur duquel on destinait ce Prince pour successeur au trône de Pologne après la mort du Roi son père,283-1 je suis nonobstant cela de l'opinion, et des avis de fort bonnes mains m'y confirment, que toutes les susdites conférences ne roulent que sur la négociation de subsides avec la Russie, et qu'il n'est nullement question encore d'un concert relativement à la succession de Pologne; tout au contraire, la cour de Vienne est du sentiment, comme je le sais par un bon canal, que, comme elle et ses alliés étaient maintenant trop occupés par d'autres affaires importantes, comme celle de l'élection d'un roi des Romains et celle de la négociation de subsides de la Russie, ladite cour ne voulût pas embrasser trop d'objets à la fois, de peur qu'on ne puisse agir en tout également avec vigueur; mais, quand on aurait vu l'issue de ces affaires, on pourrait s'expliquer sur celles de Pologne, et comme l'on se flattait que les affaires actuellement sur le tapis auraient un bon succès, la Saxe [ne] devrait, en attendant, qu'affermir et agrandir son parti dans le royaume de Pologne. Je sais que le comte de Kaunitz s'est expliqué de la sorte à un de ses amis les plus confidents.
Au surplus, j'apprends que ce ministre songe de faire rappeler le comte Sternberg de la cour de Dresde, et que peut-être ce rappel ne sera guère éloigné. Comme je pense que le comte Kaunitz ne voudra employer à l'avenir que des ministres qui ne fussent point du système et de l'école du baron de Bartenstein, je souhaiterais bien que vous prêtiez attention, cependant sans vous faire remarquer, sur le changement et que vous me nommiez ceux qui pourraient être les premiers employés comme ministres impériaux dans l'étranger, en me faisant en même temps leur caractère, et quelles gens ce sont.
Observez de me garder bien le secret sur tout ce que dessus et de continuer à veiller de bien près sur toutes les vues et tous arrangements de la cour où vous vous trouvez.
Quant à la [nouvelle] sur l'état actuel de Russie qui, en conséquence du post-scriptum de votre dernier rapport, vous est parvenue,<284> j'observe qu'il y a des choses vraies et fausses. Ce qu'on y dit de la confusion et de l'irrésolution qui règne dans les affaires qui s'y traitent, du militaire négligé et de la vanité de la nation, est tout-à-fait conforme à la vérité, mais il s'en faut beaucoup que les comtes de Bestushew et Woronzow soient réconciliés et dans une étroite intelligence, vu que je sais le contraire, et que l'un ne fait que de contrarier l'autre sous main. Je doute encore de ce qu'on y dit de la grossesse de la Grande - Duchesse.
Au reste, supposé que, malgré toute vraisemblance et les raisons que je vous ai ci-dessus alléguées, il y eût quelque chose sur le tapis relativement à un mariage à concerter entre l'Archiduchesse aînée et le prince Xavier, je ne laisserai pas de vous en informer bientôt, par les soins que je me donnerai afin d'en être éclairci.
Federic.
Nach dem Concept.
6273. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 30 mars 1754.
Le rapport que vous m'avez fait du 18 de ce mois, m'est heureusement parvenu, qui, après que la dépêche ordinaire d'aujourd'hui épuise tout ce que nous avons eu de nouvelles du dehors, ne me laisse rien à vous dire, sinon que ce serait une chose assez fâcheuse et embarrassante pour la France, si elle se trouvait obligée d'user des violences pour réprimer les religionnaires des Cevennes. Aussi une de vos grandes attentions doit être de savoir précisément s'il y aura des brouilleries dans les Cevennes, afin de pouvoir m'en avertir.
Federic.
Nach dem Concept.
6274. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
[Potsdam], 31 mars [1754].284-1
Je vous vois quitter à regret une place,284-2 mon cher Milord, qui sera toujours mal remplie par votre successeur. Vous pourrez choisir tel endroit pour votre demeure qu'il vous plaira, sûr que j'y donnerai les mains toutefois et quand l'endroit se trouvera à ma disposition. Je trouve heureux ceux qui, à un certain âge, peuvent se retirer des affaires, et ce bonheur me paraît d'autant plus grand que je crains fort de n'en jouir jamais. Des projets, des soins, des embarras, voilà tout ce que fournissent les grandeurs humaines; quand on a vu quelquefois cette lanterne magique, on en a tout son soûl, mais malheur au Savoyard qui la porte! Toutes nos peines n'aboutissent souvent qu a vouloir rendre des gens heureux qui ne veulent point l'être, à régler<285> l'incertitude de l'avenir qui renverse nos projets. Quand tout cela s'est fait pendant un nombre d'années, voici le moment où il faut décamper, et, calcul fait, on trouve qu'on a vécu pour les autres et point pour soi-même. Mais chaque machine est faite pour un certain usage : la pendule pour marquer les heures, le tournebroche pour rôtir, les meules d'un moulin pour tourner; tournons donc, puisque tel est mon lot, mais soyez persuadé que, pendant que je tourne malgré moi, personne ne s'intéresse plus à votre repos philosophique que votre ami de tous les temps et de toutes les situations où vous vous trouverez. Adieu.
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
6275. AN DAS DEPARTEMENT DER AUSWÄRTIGEN AFFAIREN.
Podewils und Finckenstein überreichen, Berlin 1. April, ein Schreiben des Markgrafen von Baireuth, Baireuth 20. März, mit dem Anliegen, der König möge für die Belassung des französischen Comitialgesandten Folard auf dem Posten in Regensburg seinen Einfluss in Versailles geltend machen; motivirt wird das Anliegen, abgesehen von der Sachkenntniss und der Vertrauensstellung Folard's, mit den Unzuträglichkeiten, welche ein Wechsel der Person durch die bei dieser Gelegenheit zu gewärtigende Wiederaufnahme der Ansprüche der fürstlichen Gesandten, den churfürstlichen in Bezug auf das Ceremoniell gleichgestellt zu werden, mit sich bringen werde, da Frankreich, statt diese Ansprüche anzuerkennen, eher den neuen Gesandten zurückberufen, dadurch aber mit den dem Kaiserhofe widerstrebenden Ständen jede Fühlung verlieren werde. | Potsdam, 2. April 1754. Die Sache ist etwas embarrassant. Man kann wohl hinschreiben, aber mit einer sehr delicaten Tournure. Was das allerembarrassanteste dabei ist, das ist darum, weil der Abbé Lemaire schon wirklich nach Regensburg ernannt wäre, und wäre noch ehe etwas zu hoffen, wenn derselbe nicht bereits nominiret worden; dass also dieses Mich sehr embarassiret. |
Mündliche Resolution. Nach Aufzeichnung des Cabinetssecretärs.
6276. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Potsdam, 2 avril 1754.
J'ai bien reçu votre rapport du 26 dernier. Quant à ce que le sieur Ogier vous a fait entendre touchant les sentiments des ministres danois par rapport à l'alliance à conclure avec moi,285-1 dites-lui bien clairement, bienqu'en confidence, que, pour lever tout obstacle, je me<286> tiendrai purement à un traité d'amitié à faire avec le Danemark, par la raison que je n'en veux demander ni secours au cas de guerre, ni stipulation de subsides, mais simplement un traité d'amitié, afin que, s'il arrivait que d'autres puissances m'attaquent, celle de Danemark ne saurait point alors se mettre de leur parti, ni favoriser leurs entreprises.
Pour ce qui regarde le mariage en question à stipuler,286-1 bien que vous n'en deviez pas rejeter la proposition, vous ne vous avancerez cependant pas trop là-dessus, parceque je ne voudrais pas marier prématurément le Prince, quoique j'envisage toujours tel mariage bien convenable aux deux cours.
Federic.
Nach dem Concept.
6277. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A DRESDE.
Potsdam, 2 avril 1754.
J'ai reçu les dépêches que vous m'avez faites du 23 et du 26 du mois de mars, dont j'ai eu beaucoup de satisfaction, par les circonstances que vous y avez marquées. Songez de mettre en campagne votre confident au possible, tant par rapport aux nouvelles de Vienne que de Russie; j'ai mes raisons pour présumer qu'il y a actuellement des choses importantes sur le tapis.
Les affaires de Pologne, aussi embrouillées que vous le mandez, me font espérer que te Diète future sera rompue, sans que nous aurons besoin de nous mettre en frais extraordinaires là-dessus.
Je ne sais pas s'il conviendra que votre homme soit du voyage en Pologne; comme il ne connaît pas les allées et les venues pour parvenir à ses desseins, tout comme il les connaît à Dresde, et que vous savez qu'il est extrêmement étourdi, je crains quelque désastre à son égard; c'est pourquoi j'estime qu'il serait mieux à Dresde, pour avertir le sieur Plesmann de ce qui se passe. D'ailleurs, vous aurez en Pologne votre confident polonais qui pourra vous informer de ce qui regarde les affaires intéressantes en Pologne.
Federic.
Nach dem Concept.
6278. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Potsdam, 2 avril 1754-
Je vous sais parfaitement gré des informations exactes que vous m'avez données par votre dernière dépêche par rapport à la nouvelle administration qu'on vient de régler là où vous êtes,286-2 et m'attends que vous continuerez avec la même exactitude.
<287>Comme il vient de passer depuis quelques jours un courrier de Russie, prenant sa route à Hambourg, et que je présume que ce courrier pourrait bien passer de là par la Hollande en Angleterre pour y porter des dépêches intéressantes relatives à la négociation subsidiaire, vu la grande diligence qu'il a faite, et que depuis quelque temps tous les courriers venant de Russie ont évité soigneusement de passer par mes États, mais plutôt fait le grand détour par Vienne, j'ai bien voulu vous en avertir, afin que vous employiez toute votre attention pour vous bien orienter là-dessus, et m'en fassiez votre rapport.
Federic.
Nach dem Concept.
6279. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 2 avril 1754.
J'ai reçu les dépêches que vous m'avez faites du 22 de mars passé. C'est par nos dernières lettres de Londres que nous venons d'apprendre que la nouvelle administration en Angleterre s'est réglée au gré du duc de Newcastle, que ce ministre a obtenu la charge importante de premier commissaire de la trésorerie malgré ses envieux et qu'il sera à la tête de la nouvelle administration avec autant de pouvoir que ci-devant, et qu'on lui laissera pleine liberté de se choisir des ministres au-dessous de lui qui lui soient entièrement dévoués et point à même de le contrecarrer avec quelque succès; aussi était-il actuellement occupé à faire nommer à sa place un secrétaire d'État qui soit tout-à-fait à sa disposition.
Comme il m'importe de savoir de quel oeil les ministres de France envisagent ce changement, dont apparemment ils seront déjà instruits, vous ne manquerez pas de m'en informer exactement, le plus tôt que vous pourrez. Je souhaiterais d'ailleurs que vous y joigniez votre propre sentiment sur l'effet que vous croyez que ce changement saura produire par rapport aux affaires publiques et surtout à mes intérêts.
Federic.
Nach dem Concept.
6280. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 2 avril 1754.
Le rapport que vous m'avez fait du 23 du mois dernier, m'a été fendu. Je pense encore comme vous à l'égard du camp qu'on va former en Bohême et présume qu'il ne sera qu'un camp d'exercice, par la raison de l'état actuel de la cour où vous êtes et de la situation présente des affaires publiques. La dépêche qui vous parviendra â la suite de celle-ci, vous instruira sur l'état où sont à présent les affaires par rapport à la nouvelle administration du gouvernement en Angleterre;<288> j'estime que ces gens-là seront assez occupées de leurs affaires intérieures pour ne pas songer à celles du dehors. Malgré tout cela, vous veillerez avec toute l'attention possible sur le moindre des démarches que la cour de Vienne fait faire. J'ai connu jusqu'à présent sa mauvaise volonté, je ne suis pas sans soupçon qu'elle ne médite actuellement de mauvais desseins, dont elle ne sera retenue que par l'impossibilité de les exécuter à son gré; c'est sur quoi vous devez appliquer présentement votre principale attention jusqu'aux moindres circonstances.
Federic.
Nach dem Concept.
6281. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A DRESDE.
Potsdam, 6 avril 1754.
Les rapports que vous m'avez faits du 30 dernier et du 2 de ce mois, m'ont été fidèlement rendus. Comme j'apprends de très bonnes mains qu'à Vienne les entrevues particulières entre les comtes Colloredo et Kaunitz sont très fréquentes, qu'ils travaillent ensemble la porte fermée et où personne n'est admis que le référendaire privé du comte Kaunitz, nommé Rehbinder; que le comte Keyserlingk voit actuellement avec plus d'assiduité ces deux ministres et fort longtemps, que le comte Flemming en est aussi, que le sieur Keith, qui a reçu un courrier, porte depuis du contentement dans sa physiognomie, et qu'au surplus il se fait tous les apprêts guerriers pour former un camp considérable en Bohême avec tout ce qui lui faut pour entrer en campagne : toutes ces circonstances comprises me font présumer qu'il s'y agit d'un concert à arranger. C'est pourquoi j'ai bien voulu vous en avertir, afin que vous fassiez fouiller votre homme confident avec soin pour avoir des nouvelles de Vienne et pour être précisément au fait de celles du comte Flemming. Il y a un temps de crise au sujet duquel vous ne saurez me rendre un service plus important que de redoubler d'attention pour vous en bien orienter et pour m'en faire des rapports circonstanciés et exacts. Je doute, au surplus, que vous ayez bien fait d'engager l'homme confident à faire le voyage de Pologne, par les raisons que je vous ai dites dans ma lettre précédente.
Federic.
Nach dem Concept.
6282. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 6 avril 1754.
J'ai reçu votre rapport du 25 du mars. Vous connaissez ma façon de penser, à ne pas donner légèrement des alarmes à la France. J'aurais pu déjà vous marquer sans cela que j'ai appris par de bons<289> canaux à Vienne que le commissaire général de guerre de l'Impératrice-Reine, le comte Salabourg, avait présenté un projet à sa souveraine d'assembler une armée de 50,000 hommes, pourvue de tout à pouvoir entrer en campagne, s'il en était averti six semaines d'avance,289-1 que ce projet avait été fort applaudi de la Princesse et qu'il avait été traité fort mystérieusement et dans un profond silence, mais que j'ai appris par le même canal qu'il pourrait bien être mis en exécution vers la fin du mois de mai, à Kolin en Bohême, et qu'on prenait actuellement, quoique avec mystère, des arrangements pour l'achat de 1600 chevaux d'artillerie et de ce qui y a du rapport. Qu'on était, de plus, en pourparlers pour former des magasins suffisants à entretenir une armée de passé 50,000 hommes, pourvue de tout ce qu'il faut, et que huit régiments de cavalerie en Hongrie avaient ordre de joindre vers ce tempslà l'armée en Bohême. Que d'ailleurs des lettres de Russie m'ont appris que les ordres de la cour étaient données pour augmenter le nombre des troupes de Russie dans la Livonie, pour faire marcher un corps considérable de troupes irrégulières de l'Ukraine aux confins de la Lithuanie, et à l'amirauté de Pétersbourg pour appareiller les vaisseaux de guerre et les galères afin de pouvoir sortir en mer.
Tout cela n'a point pu opérer sur moi que j'aurais voulu vous en faire part afin d'en avertir les ministres de France, pour ne point leur donner des ombrages prématurés. Mais, comme je viens d'apprendre à présent que les ordres de l'achat des chevaux d'artillerie subsistent toujours, qu'on s'aperçoit à Vienne du mouvement parmi les généraux autrichiens qui y arrivent successivement, mais qui ne font point de séjour; que d'ailleurs j'apprends d'un bon endroit une conversation qui a été tenue depuis peu entre des personnes qui sont fort à même de savoir la façon de penser de la cour de Vienne, en conséquence de laquelle il paraissait à celle-ci qu'il s'élevait tant de difficultés pour l'élection par unanimité que la pluralité était plus convenable, de sorte qu'il fallait indiquer une assemblée d'Électeurs, y faire la proposition de l'élection, et que ceux des Électeurs qui ne voudraient point être présents, seraient les maîtres de s'absenter sur le pied que cela s'était fait a la dernière élection;289-2 qu'on était bien persuadé que celle-ci réussirait comme la dernière; que la chose en resterait là et qu'à la fin les Électeurs opposants s'accommoderaient et qu'en tout cas il fallait se mettre en état avec ses alliés, si contre toute attente l'affaire devenait sérieuse; qu'au surplus les entretiens, les entrevues particulières entre le comte Colloredo et celui de Kaunitz, qui s'enfermaient pendant plusieurs heures, étaient fort fréquentes, que personne n'y était admis qu'un seul référendaire privé du comte Kaunitz, mais que le ministre de Russie, le comte Keyserlingk, voyait actuellement avec plus d'assiduité les deux ministres susdits; que le ministre saxon, comte Flemming, y était aussi,<290> et que le sieur Keith, après avoir reçu un courrier, portait du contentement dans sa physionomie — j'ai cru de ne pouvoir plus céler aux ministres de France ces avis-là.
C'est aussi en conséquence que vous chercherez d'avoir au plus tôt une audience particulière de M. de Contest pour le bien informer de tous avis susdits et pour lui dire en termes exprès que je ne les lui donnais point pour des choses avérées et sûres, qu'au contraire j'en doutais moi-même jusqu'à présent. Cependant, comme il se passerait bien du temps en attendant que nos lettres sachent arriver et partir réciproquement, je croyais que la prudence demandait que nous supposions pour un moment tous ces avis vrais et constatés, afin de prendre à bonne heure le concert nécessaire entre nous pour ce qu'il fallait que nous fissions, supposé que le cas arriverait et que nos ennemis communs éclateraient pour pousser leurs mauvais desseins. Qu'il fallait y songer de bonne heure, pour ne pas tomber dans le grand inconvénient absolument ruineux et hors de saison de vouloir délibérer et prendre des concerts entre nous, tandis que nos ennemis agiraient par leurs forces, et que je priais donc instamment M. de Contest de vouloir bien m'instruire par vous de ce qu'il y aurait à faire de notre part, dans le cas que nos ennemis voudraient réaliser les susdits projets.
Vous lui ajouterez que mes soupçons sur les vues de ceux-ci augmentaient, parceque des lettres de Hollande marquaient que la cout de Vienne y faisait actuellement négocier par son agent à Rotterdam deux millions de florins à raison de quatre pour cent, sous prétexte d'en vouloir faire relever les fortifications d'Ostende, en donnant pour hypothèque les droits d'entrée des bureaux de Bruges et de Gand, et qu'au surplus je savais à n'en pas pouvoir douter que le duc de Newcastle avait chargé le sieur Guy Dickens, d'insister, le plus fortement qu'il serait possible, auprès de la cour de Russie sur une réponse positive et claire au sujet de l'affaire des [subsides], afin que la Grande-Bretagne puisse prendre promptement son parti.
Je m'attends à votre dextérité et savoir-faire que vous tirerez les explications les plus claires et les plus positives sur tout ce que dessus, afin de m'en faire au plus tôt possible, dans une affaire d'aussi grande importance que celle-ci, votre rapport de manière que je sache m arranger là-dessus.
Federic.
Nach dem Concept.
6283. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 6 avril 1754.
Les circonstances que vous m'avez particularisées par votre dernier rapport, avec ce que vous m'avez appris par les post-scriptums de vos dépêches antérieures, sont de telle importance que je crois absolument<291> nécessaire que vous en communiquiez au sieur d'Aubeterre et que vous l'en mettiez la puce à l'oreille, afin qu'il en instruise sa cour promptement et qu'au moins nos ennemis ne nous trouvent pas impuissants, supposé qu'ils aient un dessein. J'apprends d'ailleurs par des lettres de Russie que les ordres sont donnés pour augmenter les régiments en Livonie, pour faire marcher un corps considérable de troupes irrégulières de l'Ukraine aux confins de la Lithuanie, et à l'amirauté de Pétersbourg pour équiper les vaisseaux de guerre et les galères afin de pouvoir se mettre en mer. Enfin, j'attends avec impatience le rapport que vous me faites espérer pour éclaircir le mystère.
Federic.
Nach dem Concept.
6284. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Michell berichtet, London 22. März, über die Zusammensetzung des neuen Cabinets [Newcastle erster Lord des Schatzes an Stelle des verstorbenen Pelham; Nachfolger Pelham's als Schatzkanzler Legge; Holdernesse Staatssecretär für das nordische Departement statt Newcastle; Robinson Staatssecretär für das südliche Departement statt Holdernesse] und über dessen Aussichten und voraussichtliche Politik.291-1 Michell berichtet, London 26. März: „Je ne comprends pas comment on peut avoir eu l'hardiesse d'entretenir Votre Majesté avec de pareilles inventions que les prétendus débats qu'il a eu dans le Parlement au sujet de l'affaire de Dunkerque,291-2 et surtout de la façon dont on fait parler là-dessus le ministère et le parti de la cour … Les ministres n'ont garde d'aller dire en plein Parlement que les finances du royaume sont épuisées“ … Michell berichtet, London 29. März, über Mittheilungen des Grafen Haslang an den Herzog von Newcastle über die Ausgleichsverhandlungen zwischen den wittelsbachischen Churfürsten und dem wiener Hofe.291-3 | Potsdam, 9 avril291-4 1754. J'ai reçu à l'ordinaire dernier à la fois les dépêches que vous m'avez faites du 22, du 26 et du 29 du mois dernier, et vous sais parfaitement gré des explications instructives que vous m'avez données relativement à des circonstances bien intéressantes, de même que de la candeur avec laquelle vous vous expliquez au sujet de quelques fausses nouvelles qui m'avaient été suggérées. Ce que je souhaiterais encore, c'est de savoir votre sentiment si le duc de Newcastle, malgré la façon de penser que vous lui attribuez présentement comme chef des finances, n'en saurait changer, après avoir sa partie bien liée, par la faiblesse que vous lui connaissez, par sa grande prédilection pour la cour de Vienne et par la complaisance sans borne pour les volontés du Roi son maître, afin de se conserver sa confiance et le poste dont il est revêtu. Federic. |
Nach dem Concept.
<292>6285. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 9 avril 1754.
Outre ce que la dépêche du département des affaires étrangères vous aura marqué touchant les nouvelles d'Angleterre, je veux bien y ajouter pour votre direction qu'on me mande d'ailleurs qu'il n'était point encore question là des affaires étrangères et que le duc de Newcastle était plus occupé que jamais des affaires intérieures et à bien lier sa partie avec la nouvelle administration dont il était à la tête. Qu'il était de même des autres ministres anglais, dont la principale attention était fixée sur les affaires intérieures, qui cependant paraissaient prendre une bonne tournure en faveur de l'administration nouvelle. Que le duc de Mirepoix continuait à négocier au sujet des affaires orientales et se flattait de pouvoir ajuster ces différends malgré le départ de l'escadre anglaise. Qu'au surplus ce serait se faire illusion que de penser que, quand le duc de Newcastle se trouvait aujourd'hui à la tête des finances et sur le pied de premier ministre, il ouvrirait avec cela facilement les cordons de la bourse et donnerait à plein collier dans tous les projets de subsides que les Autrichiens et leurs alliés voudraient fournir; qu'il aurait des vues plus essentielles à remplir pour lier sa partie solidement avec les chefs de la nation et pour bien s'assurer de l'élection du nouveau Parlement, tout comme d'en essayer les forces, avant que de songer à aucune négociation pécuniaire. Que sa nouvelle fonction demandait même plus de précaution vis-à-vis de la nation; que comme secrétaire d'État il pouvait s'avancer plus en avant envers des cours étrangères qu'il ne saurait plus le faire comme chef des finances; qu'il aurait trop de prudence et assez à cœur ses propres intérêts pour ne pas s'embarquer dans des engagements que la fantaisie de son maître et les artifices des Autrichiens sauraient lui suggérer. Qu'au reste, le ministère anglais ne saurait prendre aucune résolution importante sans évènement extraordinaire et à moins des objets nationaux que vers le mois de novembre.
Quant au sieur Robinson, avec qui j'ai traité moi-même autrefois et du temps de la première guerre de Silésie,292-1 je l'ai reconnu alors pour un homme impétueux et de vives passions, comme les gens communs de l'Angleterre.
Mes lettres de Vienne confirment les nouvelles que je vous ai déjà communiquées par ma précédente touchant les préparatifs militaires qu'on y prend, que les ordres pour les chevaux d'artillerie étaient toujours les mêmes, savoir qu'on les cherchait dans le pays, qu'on en faisait des listes pour les acheter, quand on en aurait besoin; que quatre régiments de cuirassiers, deux de dragons et deux d'hussards, tous de Hongrie, étaient destinés pour joindre le camp en Bohême, qu'on travaillait à former des magasins pour ce camp, qui devait être pourvu de<293> tout ce qu'il faut à une armée destinée à opérer. Quoique je vous le répète encore que j'ai toute la peine à m'imaginer que ces gens-là ont un dessein réel de commencer de nouveaux troubles, je suis cependant toujours du sentiment que la bonne prudence et la raison exigent que je me concerte au préalable avec la France sur les mesures à prendre, pour ne point être pris au dépourvu, supposé le cas que la cour de Vienne voudrait éclater inopinément.
Federic.
Nach dem Concept.
6286. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 9 avril 1754.
Pour vous répondre sur votre rapport du 30 dernier, je commencerai par vous informer de ce que j'ai eu de nouvelles d'Angleterre en dernier lieu. Elles m'apprennent que la fermentation qu'il y a eu entre les chefs du gouvernement par rapport à la nouvelle forme à donner à l'administration, après la mort du sieur Pelham, est entièrement dissippée, et que tout a été réglé à l'entière satisfaction du duc de Newcastle; mais l'on me fait observer en même temps qu'il ne fallait point présumer que cette administration ait de longtemps la consistance que du temps du sieur Pelham et qu'elle y parvienne jamais; que ce serait se faire illusion que de penser que, quand même le duc de Newcastle se trouvait à la tête des finances et sur le pied de premier ministre, il ouvrirait facilement les cordons de la bourse et donnerait aveuglément dans tous les projets de subsides que les Autrichiens et leurs alliés sauraient lui fournir. Qu'il avait un point de vue plus essentiel à remplir, savoir de lier sa partie solidement et de bien s'assurer de l'élection du nouveau Parlement, tout comme d'en essayer les forces, avant que de penser à aucun chipotage pécunieux; que, de plus, la nature de son nouvel emploi exigeait en elle-même plus de précaution vis-à-vis de la nation que par le passé; qu'il pouvait comme secrétaire d'État s'avancer plus en avant envers les cours étrangères qu'il ne saurait le faire comme chef des finances, et qu'il aurait trop de prudence et assez à cœur ses propres intérêts pour ne pas s'embarquer dans des engagements que le caprice de son maître et les insinuations artificieuses de la cour de Vienne pourraient lui suggérer. Que, si les Autrichiens ou d'autres s'étaient flattés que, depuis que le duc de Newcastle était parvenu à la tête des finances, il leur tiendrait facilement la bourse ouverte, ils s'en désabuseraient par ce qui venait de passer avec le comte de Haslang, qui, après avoir communiqué au susdit ministre les arrangements pris de sa cour pour s'accommoder avec celle de Vienne et de ce que l'électeur de Cologne demandait pour sa satisfaction, et qu'il avait sondé en conséquence le duc de Newcastle pour savoir qu'est-ce que la cour de Londres voudrait faire, en cas que celle de Vienne ne voulût pas<294> payer les sommes en question, ce premier ministre n'avait pas tardé de lui donner à connaître tout de suite que sa cour ignorait encore de quelle façon le baron de Beckers avait repris sa négociation à Vienne, mais que, si l'on se flattait que l'Angleterre donnerait quelque chose au-delà des 600,000 florins promis pour l'accommodement de l'Électeur palatin, on se tromperait fort, d'autant qu'on y était bien résolu de ne pas donner un sol davantage, ni pour cette affaire ni pour l'élection d'un roi des Romains en général. Au reste, ce que mes lettres cidessus mentionnées m'assurent positivement, c'est que de quelque façon que le susdit premier ministre pense, il ne saurait rien chipoter sur des négociations subsidiaires que vers le mois de novembre prochain, et après que l'on serait bien assuré de la présente administration et des forces que la cour aurait dans le nouveau Parlement, que jusqu'à ce temps-là ces gens-là ne sauraient prendre aucune résolution importante à moins d'évènement extraordinaire et d'objets nationaux; qu'aussi la principale attention des ministres anglais continuait d'être fixée sur les affaires intérieures, qui cependant parraissaient prendre une bonne tournure en faveur de la nouvelle administration.
Toutes ces circonstances font que je commence à croire que, si même la cour de Vienne avec la Russie avaient de mauvais desseins, qu'elles voudraient mettre en exécution, elles ne sauront point les réaliser cette année-ci, faute que l'Angleterre ne saurait pas y concourir; je présume même que l'élection d'un roi des Romains pourrait bien rester suspendue pendant le courant de cette année. Mais, quand je considère, d'un autre côté, ce que vous me confirmez par votre dépêche des arrangements militaires de la cour où vous êtes, des dépenses qu'on met en avance pour le campement à former en Bohême, des conférences sans fin entre les ministres de même qu'entre le marquis de Botta et le comte de Neipperg, avec d'autres circonstances, je souhaiterais fort que vous appliquassiez tous vos soins et tout votre savoir-faire afin de percer ce mystère et de me faire parvenir ce rapport que vous m'avez fait espérer par le post-scriptum de votre rapport antérieur à celui-ci.
Federic.
Nach dem Concept.
6287. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A DRESDE.
Potsdam, 13 avril 1754.
Je vous sais tout le gré possible de la communication que vous m'avez faite par votre dépêche du 6 touchant les nouveaux mensonges dont la cour de Saxe m'a chargé auprès de celle de Vienne par rapport à une négociation de laquelle il ne m'est jamais entré la moindre chose dans l'esprit.294-1 Tâchez au possible de vous en orienter plus encore,<295> afin de pouvoir me mettre entièrement au fait sur toutes les circonstances qui regardent cette noire calomnie.
Comme il n'y a rien plus à changer par rapport au voyage à faire de votre homme en Pologne,295-1 il faut bien que je m'en accommode, tout comme de la condition qu'il a faite touchant son extraordinaire; mais songez de lui bien recommander d'agir avec prudence pour ne pas faire étourdiment quelque mauvais pas.
Quant à ce que vous dites dans votre rapport du 9 qu'il fallût songer à faire passer l'idée à la cour de Dresde et à ses alliés d'employer des moyens extraordinaires, je crois que cette cour et ses alliés ne seront point arrêtés dans leurs idées pour avoir une douzaine de Palatins plus au moins, mais bien par la considération des voisins et des puissances étrangères qui sont en droit de s'en mêler.
Federic.
Nach dem Concept.
6288. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 13 avril 1754.
Je vous sais parfaitement gré de l'avis que vous m'avez donné par le post-scriptum de votre dépêche de l'ordinaire dernier sur ce que le sieur de Celsing a mandé de Constantinople. Il serait bien désirable pour la tranquillité de l'Allemagne, et parceque la cour où vous êtes paraît méditer le dessein de vouloir allumer un nouveau feu de guerre, que de démonstration en démonstration les choses entre les Turcs et les Autrichiens parvinssent à une rupture ouverte. Au surplus, comme vous dites que la Porte a pris des alarmes par rapport aux mouvements faits parmi les troupes autrichiennes en Hongrie, vous ferez bien d'éclaircir sous main, mais de manière à y pouvoir compter, ce que sont que ces mouvements des troupes en Hongrie, afin de pouvoir m'en faire votre rapport.
Au surplus, je veux bien vous communiquer, en confidence et pour votre direction seule, que, par les soins que je me suis donnés pour m'orienter sur le sujet des conférences fréquentes et secrètes qu'il y a eu entre les comtes de Kaunitz et de Colloredo, auxquelles le comte Flemming est intervenu en conséquence de vos rapports antérieurs,295-2 j'ai appris par un très bon canal qu'il s'y est agi d'un nouveau mensonge que la cour de Dresde m'a endossé le plus faussement, savoir que le comte de Flemming avait fait part à celui de Kaunitz des avis et des apparences d'une négociation tramée entre moi et le prince de Saxe-Neustadt, évêque de Leitmeritz, je ne sais pas moi-même sur quel sujet, mais que Flemming a relevée tant que le comte Kaunitz lui a promis d en rendre compte à sa souveraine, en l'assurant d'avance qu'elle con<296>courrait avec empressement à toutes les précautions et mesures que la cour de Dresde jugerait à propos de prendre pour faire échouer et pour contrecarrer cette négociation. De vous dire sur quoi cette prétendue négociation doit avoir roulé, c'est que je ne saurais point vous dire, puisque mes avis ne s'en expliquent pas et que je puis bien vous protester sur mon honneur que je n'ai jamais eu les moindres liaisons, ni correspondance aucune avec le susdit Prince, que je [ne] connais d'ailleurs que par réputation, comme un prince qui n'aime qu'à s'étourdir par la crapule, et d'ailleurs fort emporté. Mais, comme il se doit être agi dans les susdites conférences d'intéresser même le Pape dans cette affaire pour donner son agrément à ce que ce Prince évêque soit confiné dans quelque lieu de sûreté, il faut bien que la cour de Dresde en veuille à sa personne et que peut-être ce Prince, étourdi et emporté qu'il doit être, ait menacé dans des moments de sa colère qu'il se jetterait entre mes bras, pour faire valoir ses droits sur diverses principautés de Saxe dont on l'avait privé de la succession. Je ne vous parle sur ceci que par conjectures, mais il faut bien qu'il en soit quelque chose, puisque les comtes Kaunitz et Colloredo ont fait entendre à Flemming que, si ce projet était réel, il serait très difficile d'y parer et qu'ils ne connaissaient d'autre moyen que de tenter encore les voies de la douceur, en adoucissant ce Prince féroce par des moyens capables à le guérir de ses noires idées, de lui ôter ses mauvais conseillers et de le faire environner par des gens affidés, d'autant plus qu'on ne saurait user des violences contre lui sans exciter force de criailleries, et à moins qu'on n'eût des preuves évidentes et des pièces justificatives en main pour le convaincre pleinement de ses desseins, que le comte Kaunitz a qualifiés de pernicieux et de scandaleux. Voilà tout le roman qui a apparemment effectué tant de conférences secrètes, et dont j'ai bien voulu vous informer pour votre direction.
Federic.
Nach dem Concept.
6289. AU PRINCE DE PRUSSE A SPANDAU.
[Potsdam], 13 [avril 1754].296-1
Mon très cher Frère. Je suis bien aise que l'aventure de vos officiers se soit terminée moins tragiquement qu'on n'avait lieu de le présumer; il faut une punition pour la forme, il faut que le conseil de guerre prononce à la rigueur, mais je modèrerai l'arrêt de façon que les coupables en seront quittes à bon marché.
Si mes conjonctures le permettent, je compte d'assembler encore un camp en automne à Spandau des garnisons voisines et de manœuvrer; je regarde ces sortes de mouvements comme les vrais exercices d'un soldat, et c'est par là que les officiers subalternes acquièrent de l'intelli<297>gence et apprennent à raisonner. Il est bien singulier que, pour devenir cordonnier, on est obligé de se mettre auprès d'un maître pour apprendre à faire des souliers, et que, pour devenir officier, on s'imagine qu'il n'y a qu'à être brave. L'art de la guerre est de tous les arts le plus difficile; jamais aucun homme n'y est parvenu à la perfection, mais pour ne pas être des moindres, il faut beaucoup étudier et s'exercer en temps de paix, pour commettre moins de fautes en temps de guerre. Adieu, mon cher frère, je vous embrasse de tout mon cœur, en vous assurant de la tendresse avec laquelle je suis, mon très cher frère, votre très fidèle frère et serviteur
Federic.
Nach dem Concept.
6290. AN DAS DEPARTEMENT DER AUSWÄRTIGEN AFFAIREN.
Podewils und Finckenstein berichten, Berlin 15. April: „Le sieur de Fürst à Vienne, ayant spécifié ci-joint quelques frais extraordinaires qu'il a eus depuis le mois d'août de l'année passée, faisant en tout la somme de 178 écus et 20 gros, se flatte que, comme Votre Majesté a eu la bonté de lui bonifier ci-devant ces sortes de dépenses, Elle voudra bien lui accorder en cette occasion la même grâce; sur quoi nous attendons les ordres de Votre Majesté avec le plus grand respect.“ | Potsdam, 16. April 1754. Gut, aber Fürst soll nur rompiren und sagen, dass weil sie von Zeit zu Zeit neue Conditiones verlangten und von dem, was vorhin schon einmal festgesetzet worden, wieder abgingen,297-1 also er wohl sähe, dass man keinen Ernst habe, die Sachen zu schlichten, und er sich beurlauben und zurückgehen würde. |
Mündliche Resolution. Nach Aufzeichnung des Cabinetssecretärs.
6291. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION HELLMUTH- BURCHARD DE MALTZAHN A STOCKHOLM.
Potsdam, 16 avril 1754.
La dépêche que vous m'avez faite du 5 de ce mois, m'est heureusement parvenue. J'applaudis parfaitement à la résolution que vous avez prise, quand le comte Duben est venu vous voir, de ne point vous ouvrir envers lui sur les sentiments du marquis d'Havrincourt relativement à l'état présent de la Suède; je trouve votre procédé d'autant plus juste qu'en usant autrement vous auriez pu vous rendre également odieux aux deux partis et courir risque d'être pris pour un porteur de Paquets parmi les tracasseries qui agitent malheureusement ce pays-là. Au reste, j'ai été bien fâché d'apprendre le mauvais état de santé où vous vous trouvez; je souhaite de vous en savoir bientôt soulagé et remis et désire de savoir, en attendant, l'accident qui vous a si dérangé en santé.
Federic.
Nach dem Concept.
<298>6292. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Potsdam, 16 avril 1754.
J'ai bien reçu le rapport que vous m'avez fait du 9 de ce mois. Quant au désir ardent que M. d'Ogier vous marque de voir finir l'affaire de Knyphausen, vous pourrez bien l'assurer que je ne songe pas d'y mettre le moindre obstacle, et que je viens de déclarer tout naturellement à la comtesse de Bentinck qu'après avoir fait pour elle tout ce que j'avais pu, je ne saurais plus me mêler de ses affaires, à moins qu'elle ne souscrirait à l'accommodement convenu.
Je ne suis point fâché d'apprendre d'ailleurs, par rapport aux chipotages qu'il y a eu entre les cours de Danemark et de Russie patrapport au pays de Holstein,298-1 que tout est rompu actuellement; aussi le bon système n'en souffrira pas, si ces affaires restent indécises et embrouillées.
Federic.
Nach dem Concept.
6293. AU SECRÉTAIRE VON DER HELLEN A LA HAYE.
Potsdam, 16 avril 1754.
Je suis bien satisfait de l'attention que vous avez eue pour me rendre un compte fidèle des nouvelles que vous avez eues sur la situation des affaires du Nord et sur les vastes projets de la triple alliance.298-2 Quoiqu'il y ait entre des choses vraies aussi bien des fausses et outrées, vous avez cependant très bien fait de me les mander toutes naturellement et telles que vous les avez eues, aussi serai-je bien aise que vous continuiez à prêter toute votre attention et en redoubliez même sur tout ce que vous sauriez pénétrer des affaires publiques, pour m'en faire vos rapports régulièrement et les rendre intéressants.
Federic.
Nach dem Concept.
6294. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 16 avril 1754.
Je vous saurai infiniment gré, si vous pouvez savoir de source ce qui en est de la nouvelle qu'on a débitée, en conséquence de votre dernier rapport, sur la demande que le ministre anglais à Munich298-3 doit avoir faite de tenir prêt à la disposition du Roi son maître le corps de 6,000 hommes que l'Angleterre paie,298-4 pour marcher en Italie. A vous dire ce que j'en pense, je doute encore de la réalité de cet avis, ne voyant aucun motif encore qui dût obliger l'Angleterre de faire cette démarche d'éclat; tout ce que mon imagination me saurait fournir à ce<299> sujet, supposé que la nouvelle en soit vraie, est qu'il fallût alors que la cour de Vienne eût persuadé à celle de Londres afin qu'elle mît ces troupes dans les États de Modène, pour s'en assurer éventuellement, afin de ne pas donner de l'ombrage au roi de Sardaigne, si les Autrichiens y mettaient des siennes.
Enfin, j'attends avec impatience les éclaircissements que vous me donnerez là-dessus; il serait superflu de vous recommander encore de redoubler d'attention sur tous les manèges et sur toutes les démarches que la cour où vous êtes [fait] actuellement, et de ne pas vous trop fier sur les apparences, mais de pénétrer à fond. Je connais trop votre activité, votre pénétration et votre zèle pour mon service.
Avec tout cela, je ne veux pas vous laisser ignorer ce que mon chargé d'affaires à la Haye me marque, prétendant de le savoir d'assez bon lieu,299-1 par rapport à la situation des affaires du Nord et des vastes projets de la triple alliance, savoir que le règlement des limites entre la Suède et la Russie en Finlande s'étant accroché à des bagatelles, c'était pour l'extérieur, mais que la raison secrète en était de ne rien accorder sur les demandes de la Suède, qu'à moins elle ne renonçât à l'alliance de la France et à celle de moi et que les anciens traités avec la Russie, nommément celui de Nystad, ne fussent renouvelés, que les sénateurs qui ont la réputation d'être du parti françois, ne fussent renvoyés et que la Suède ne s'unirait avec les cours de Vienne et de Londres. Mais, comme on était très éloigné en Suède à souscrire à ces arrangements, le Sénat avait résolu de ne point reprendre l'affaire du règlement des limites et de se tenir à son système présent. Que la cour de Russie augmentait considérablement ses troupes dans les provinces conquises, ayant ordonné une levée de recrues de 30,000 hommes, outre plusieurs mille Cosaques, Kalmouks et autres troupes barbares qu'elle faisait marcher et qu'on lâcherait au premier mécontentement. Que sa flotte bloquerait les ports du royaume de Suède, dès que les choses seraient conduites au point où [elle] voudrait les amener; qu'on se méfiait extrêmement de mes entreprises et que je ne tirerais la Porte Ottomane de sa léthargie, et qu'au surplus la Russie négociait à force auprès du roi de Danemark qu'elle tâchait d'attirer à elle par des menaces ou par un accommodement favorable de ses prétentions sur le duché de Sleswig, mais à condition encore de renoncer à l'alliance de la France et de s'unir avec les puissances de la triple alliance.
Quoiqu'il soit dans tout ceci beaucoup de grossi et même, en partie, de faux, j'ai cependant bien voulu le communiquer, pour vous mettre d'autant plus sur la voie d'approfondir les vrais desseins de la cour où vous êtes.
<300>Au reste, j'apprends par un autre, mais très bon canal,300-1 que le comte de Kaunitz a dit à un de ses amis que sa cour était fermement résolue de ne donner les mains à aucunes propositions faites par les électeurs du Palatinat et de Cologne, à moins qu'elle ne fût assurée de mon suffrage pour l'élection d'un roi des Romains par de bonnes épreuves.
Federic.
Nach dem Concept.
6295. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Potsdam, 16 avril 1754.
Le rapport que vous m'avez fait du 2 de ce mois, m'a été. fidèlement rendu, au sujet duquel je veux bien vous réitérer les assurances de la satisfaction que j'ai de votre exactitude à m'informer des affaires les plus intéressantes de manière que j'y puis compter. Cependant, je ne veux point vous laisser ignorer une nouvelle assez singulière que je viens d'apprendre par une lettre de Vienne, en conséquence de laquelle le ministre anglais à la cour de Bavière doit avoir réclamé ministérialement à. la disposition du Roi son maître les 6,000 hommes que la Grande-Bretagne a en subsides, et que ce corps était destiné à marcher en Italie. Bien que je n'ajouterais point encore entièrement foi à cette nouvelle, avant que d'en apprendre la confirmation, je serais cependant bien aise que vous m'expliquiez ce que vous en pensez, et si le roi d'Angleterre indépendamment de son Parlement saurait bien faire une pareille démarche.
Je ne veux d'ailleurs point vous céler que des lettres de Hollande de bonnes mains nous ont appris qu'on venait d'y être informé des vastes projets que la triple alliance avait conçus par rapport aux affaires du Nord. Que la Russie avait accroché le règlement des limites entre la Suède et les possessions de la Russie en Finlande à de pures bagatelles pour l'extérieur, mais, par la raison secrète, de ne rien accorder sur les demandes de la Suède, en fussent-elles des plus justes, à moins que celle-ci ne renonçât à l'alliance avec la France et avec moi, que les anciens traités avec la Russie et nommément celui de Nystad ne soient renouvelés, que les sénateurs penchants au parti français ne fussent mis hors d'emploi, et que la Suède ne s'unirait avec les cours de Vienne et de Londres, et que c'était principalement le sieur Guy Dickens qui remuait à toutes ces affaires. Et comme le Sénat de Suède était bien éloigné à souscrire à ces arrangements, la cour de Russie faisait augmenter considérablement ses troupes dans les provinces conquises et faisait avancer force de troupes irrégulières pour les lâcher au premier mécontentement, et que sa flotte bloquerait les ports de la Suède, dès que les choses seraient conduites au point où on les voudra amener.
<301>Je ne vous communique tout ceci que pour vous faire observer que, si ces avis sont fondés, soit en partie soit partout, il faut bien que le ministère anglais ne soit pas si tranquille par rapport aux affaires du dehors qu'il le paraît être, et qu'en affectant ne penser qu'aux affaires intérieures du pays, il fasse jouer sous mains bien d'autres ressorts. C'est sur quoi vous devez redoubler d'attention et que ne pas vous fier tout-à-fait aux apparences de dehors afin de ne pas en être la dupe; tâchez plutôt de bien pénétrer ces mystères, afin d'être à même de m'en informer fidèlement.
Federic.
Nach dem Concept.
6296. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 16 avril 1754.
Vous remercierez bien obligeamment de ma part M. de Contest des assurances qu'il m'a fait donner, en conséquence de votre dernier rapport, de ce que la France retiendrait sûrement le maréchal de Löwendahl301-1 et ne permettrait pas qu'il passât au service de quelque autre puissance; article qui me tranquillise extrêmement, par le grand intérêt que j'ai que ledit maréchal ne passe jamais au service de quelqu'un de mes voisins.
Quant à mes nouvelles de Londres, elles me confirment qu'il n'était question pour le moment présent d'aucune affaire étrangère auprès du ministère, et que le duc de Newcastle continuait d'être uniquement occupé à fortifier sa partie et à faire beaucoup d'emplois du second ordre à tous ceux qui pourraient le soutenir; aussi paraissait-il y réussir assez bien; qu'on saurait compter que le ministère ne chercherait à chipoter rien d'importance dans l'étranger, avant qu'il n'eût essayé ses forces et en fait l'expérience dans le Parlement qui s'assemblerait dans le mois de novembre, car pour celui qui serait convoqué dans le mois de juin, il ne durerait pas assez pour les connaître et n'y serait question que des formalités et de donner la consistance requise au nouveau corps.
En attendant, il m'est parvenu un avis fort étrange, et auquel j'ai de la peine d'ajouter foi jusqu'à ce qu'il ne me soit confirmé, mais en conséquence duquel le ministre anglais à la cour de Bavière doit avoir ministérialement demandé à la disposition du Roi son maître les 6,000 hommes que l'Angleterre paie, et que ce corps était destiné pour l'Italie. Je serais bien aise que vous communiquiez cette nouvelle à M. de Contest, en ajoutant cependant que je la lui donnais telle que je l'avais reçue et que je ne lui en saurais point garantir la vérité, mais que j'espérais d'en être plus éclairci au premier jour.
Dites-lui d'ailleurs que je savais par des bonnes lettres de Moscou301-2 que le 19 du mois de mars passé les deux chanceliers de Russie<302> avaient été en conférence avec l'impératrice de Russie, qui avait duré cinq heures de suite; que le jour suivant ces deux chanceliers avaient travaillé ensemble toute la journée; que le 22 dudit mois l'on avait assemblé le Sénat et les membres de tous les collèges présents à Moscou, pour y traiter différents sujets dont mon correspondant ne m'avait, point informé, mais que, durant cette assemblée, l'Impératrice avait fait présent de 50,000 roubles argent comptant au chancelier Bestushew, qui l'en avait remerciée en pleine assemblée, et qu'à la suite l'Impératrice avait signé un ordre pour lever 30,000 recrues dans l'Empire. Que toutes ces circonstances me faisaient juger que l'impératrice de Russie pourra avoir accepté le contre-projet du traité de subsides302-1 que le ministère anglais avait fait présenter par le sieur Guy Dickens.
J'attends ce que vous me marquerez de la réponse que M. de Contest vous fera à ces sujets.
Federic.
Nach dem Concept.
6297. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A DRESDE.
Potsdam, 17 avril 1754.
J'ai été bien aise d'apprendre par votre dernier rapport immédiat que le retour de la cour vous a mis à même d'être bientôt informé de ce qu'elle a eu de nouvelles de dehors, qui ne sauraient être que fort intéressantes, vu qu'on m'a voulu assurer que les conférences avec Flemming à Vienne continuaient d'aller grand train, et que les prétentions entre les cours de Saxe et de Vienne302-2 venaient d'être réglées, sans qu'on ait pu dire si l'accession de la Saxe en est une condition ou [non]. Il nous est d'ailleurs revenu, quoique d'une manière dont je ne sais encore garantir l'authenticité, que le ministre d'Angleterre a Munich avait demandé ministérialement à l'électeur de Bavière à la disposition du roi d'Angleterre les 6,000 hommes que l'Angleterre paie, pour les envoyer en Italie.
De plus, je sais par de bonnes lettres de Moscou que le 19 du mois dernier les deux chanceliers de Russie ont été en conférence avec l'Impératrice cinq heures de suite, que le jour suivant ces chanceliers ont travaillé ensemble toute la journée, et que le 22 tout le Sénat et les membres des collèges à Moscou ont été convoqués pour tenir grand conseil, dans lequel entre autres l'impératrice de Russie a fait un présent de 50,000 roubles au chancelier Bestushew, qui aussi l'en a remerciée en pleine assemblée, et qu'à la suite l'Impératrice a signé un ordre pour une levée de 30,000 recrues dans l'Empire et de renforcer la flotte a Kronstadt de 30 nouvelles galères de Pétersbourg, de même que de faire marcher un corps considérable de troupes irrégulières pour la Livonie.
<303>Songez à bien vous orienter sur toutes ces nouvelles, afin de pouvoir m'en faire un rapport exact combien elles sont fondées ou non.
Federic.
Nach dem Concept.
6298. AN DAS DEPARTEMENT DER AUSWÄRTIGEN AFFAIREN.
Podewils und Finckenstein überreichen, Berlin 19. April, die Abberufungsschreiben für Fürst303-1 zur Königlichen Unterschrift, geben aber zugleich zu ermessen, dass der wiener Hof sich angelegen sein lassen werde, den plötzlichen Abbruch der Verhandlungen als eine Zuwiderhandlung gegen die Verträge darzustellen, und stellen deshalb anheim, die Abberufungschreiben mit unausgefülltem Datum an Fürst zu schicken und denselben anzuweisen, bei nächster Veranlassung zu erklären: „Que Votre Majesté, après avoir tenu à Vienne un ministre pendant plus de quatre ans,303-2 pour applanir les différends qui subsistent entre Elle et l'Impératrice-Reine au sujet du commerce et des dettes de Silésie, et ayant vu avec chagrin qu'au lieu de seconder Ses désirs à cet égard par un prompt accommodement, on accumulait difficultés sur difficultés, Elle avait enfin résolu de faire retourner lui, le sieur de Fürst, à son poste, dont il ne pourrait d'ailleurs rester plus longtemps absent, jusqu'à ce qu'il se présenterait une occasion plus favorable pour réentamer ladite négociation et la porter à sa perfection.“ | Potsdam, 20. April 1754. Recht gut, und ist Mir solches einerlei, |
Mündliche Resolution. Nach Aufzeichnung des Cabinetssecretärs.
6299. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Potsdam, 20 avril 1754.
Le rapport que vous m'avez fait du 13 de ce mois, m'a été fidèlement rendu, dont j'ai appris avec toute la satisfaction possible ce que M. Ogier vous a dit confidemment touchant la conclusion du nouveau traité de subsides qu'il a heureusement finie;303-3 auquel sujet vous ne laisserrez pas de le féliciter de ma part, si vous le trouvez convenable, et de lui témoigner toute ma sensibilité que j'avais ressentie en apprenant que mes intérêts n'y avaient point été oubliés. Assurez-le en même<304> temps de toute ma discrétion sur l'ouverture confidente qu'il a bien voulu m'en faire faire par vous.
Federic.
Nach dem Concept.
6300. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 20 avril 1754.
Il se peut bien que ce que vous présumez, dans le post-scriptum de votre dernière dépêche du 10, que le système de la cour où vous êtes ne soit actuellement, par tous ses grands arrangements militaires, que de ne pas être prise au dépourvu, sans qu'elle pense encore à l'offensive; je suis presque du même sentiment, et encore d'autres avis que je reçois m'y confirment; au moins mes lettres de Londres marquent que tout le monde là est dans la ferme persuasion que le ministère britannique ne chipotera rien d'intéressant pendant cet été et se renfermera uniquement dans ses affaires domestiques, en sorte que les ministres de France et d'Espagne sollicitent auprès de leurs cours respectives le congé, le premier pour aller vaquer à ses affaires en France, l'autre pour passer quelques mois aux eaux de Scarborough. L'on ajoute qu'il n'y avait pas jusqu'au comte Colloredo qui ne s'apercevait de l'inutilité qu'il y aurait de chercher d'engager la cour de Londres à prendre aucune résolution importante qu'après que l'on aura essayé les forces de la nouvelle administration dans le futur Parlement, et si elle restera solidement liée avec elle-même.
Avec tout cela, il faut que vous continuiez sans relâche d'attention sur tous les arrangements militaires de la cour, afin de pénétrer au possible ses vues. Au reste, mes lettres de Hollande portent que la somme de deux millions de florins que l'Impératrice-Reine y a fait négocier, est remplie, et que son agent à Rotterdam, nommé Osel, vient de la remettre au comptoir de Proli à Anvers.
Federic.
Nach dem Concept.
6301. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 20 avril 1754.
J'ai bien reçu le rapport que vous m'avez fait du 8 de ce mois. Comme il n'y a rien d'intéressant qui saurait demander de nouvelles instructions de ma part, je me borne seulement à vous marquer, quoique pour votre direction seule, qu'il m'est revenu d'un très bon canal304-1 que. quand un jour le ministre anglais à Vienne, le sieur Keith, s'est entretenu avec le baron Beckers sur l'élection d'un roi des Romains et sur l'accommodement à faire avec la cour palatine, il a dit à Beckers que l'article de consigner les sommes demandées entre les mains de l'électeur de Mayence était choquant pour la cour de Vienne, vu qu'il<305> attaquait sa bonne foi, celui-ci n'a point hésité de lui insinuer après quelques tergiversations que cette clause n'était pas de sa cour, mais de ses alliés.
Quant à l'avis que je vous ai donné par mes dépêches antérieures305-1 des mouvements entre les troupes de l'Impératrice-Reine, qui marquaient un dessein offensif, je dois vous dire que jusqu'ici les avis que j'en ai eus, ne continuent pas, de sorte que je commence presque d'en présumer qu'il y a eu peut-être une idée momentanée, dont la cour de Vienne cependant se ravise actuellement. Au reste, avertissez le sieur Knyphausen qu'il s'épargne la peine de m'envoyer les caractères des ministres étrangers à la cour de France,305-2 qui ne m'intéressent point, mais qu'il ne m'[en] envoie que des personnes que je lui ai autrefois indiquées nommément.
Federic.
Nach dem Concept.
6302. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
[Potsdam], 21 avril 1754.
Vous vous moquez de moi, mon cher Milord, de mes définitions, de mes distinctions305-3 et de ma philosophie, et vous n'avez pas tort; dans le fond, nous sommes du même sentiment, il n'y a que les mots qui nous ont fait illusion par les significations plus étendues ou plus restreintes que nous leur avons attribuées, et, à le bien prendre, la plupart des disputes ne roulent que sur les mots. Locke et Leibniz l'ont si bien senti qu'ils commencent par définir les sens et les idées qu'ils attachent aux mots, avant de s'en servir; pour moi, qui ne suis qu'un polisson en comparaison de ces gens-là, je me donne quelquefois les airs de les imiter, et il m'arrive d'être un assez mauvais gille.
Ici, mon cher Milord, nous n'avons ni prêtres insolents ni juges ambitieux comme ceux qui vous donnent la comédie à Paris, nous n'avons qu'une troupe d'intermèdes plus amusante et plus folle que tout le clergé de l'Europe, les septante cardinaux et le Pape à leur tête, et qui chantent plus gaîment que tous vos présidents à mortier, conseillers, assesseurs et juges du Châtelet. Les soins d'entretenir la paix entre cette troupe de bouffons sont les grandes affaires qui nous occupent maintenant, et vous pouvez croire qu'on accommoderait plus facilement les compagnies orientales de France et d'Angleterre que le sieur Crica et la signora Paganini. On n'a pas tant négocié à Vienne et à Manheim pour l'élection d'un roi des Romains qu'il a fallu employer d'adresse et imaginer de tempéraments pour faire représenter à cette troupe l'opérette des trois bossus; ce qu'il y a de sûr, c'est que cette pièce sera jouée, avant que les Électeurs aient couronné leur roi des Romains et avant que le roi George ait achevé de corrompre son<306> nouveau Parlement. Je vous souhaite, mon cher Milord, un plus beau temps à Paris qu'il n'en fait ici, bonne santé, surtout du contentement, en vous assurant que je prends plus de part à votre contentement que personne. Adieu.
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
6303. AN DIE ETATSMINISTER GRAF PODEWILS UND GRAF FINCKENSTEIN IN BERLIN.
Potsdam, 22. April 1754.
Meine liebe Geheime Etatsminister Graf von Podewils und Graf von Finckenstein. Aus dem hierbei kommenden Promemoria und angefügten Extract eines von dem Etatsminister Graf von Gotter an Mich erlassenen Schreibens werdet Ihr mit mehrerm ersehen, was derselbe wegen des von dem Fürsten von Thum und Taxis in gewissen Postangelegenheiten gegen Mich ganz unfreundlichen Bezeigen gemeldet und vorgeschlagen hat.
Da Ich nun solches vor Recht und aller Billigkeit gemäss finde, so will Ich, dass Ihr sonder einigen Anstand noch Zeitverlust an vorgedachten Fürsten deshalb schreiben und demselben insinuiren sollet, wie es Mir wohl nicht anders als befremdend sein könne, dass binnen der Zeit, da Ich ihm Meine Stimme zur Introduction in das Reichscollegium ganz desinteressirt gäbe306-1 und alles mögliche bei denen übrigen Reichsstädten employirte, um seine Absichten darunter geltend zu machen, Ich vernehmen müsste, dass er Meinen Posten einen so considerablen Eintrag thun wolle, und dass Ich also nicht zweifelte, er werde, nachdem Ich ihn von solchem Vorfall benachrichtigen liesse, darunter die gebührende Remedur treffen, indem es Mir Selbst leid thun würde, wann er anderergestalt Mich Selbst obligirte von Sentiment zu ändern. Ich bin Euer wohlaffectionirter König
Friderich.
Nach der Ausfertigung.
6304. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 23 avril 1754.
N'ayant point de nouvelles instructions à vous donner sur ce que votre rapport du 13 comprend, il me suffira pour cette fois-ci de vous dire que mes lettres de Londres continuent de m'assurer que le ministère anglais ne prendrait point de mesures sur des affaires d'importance de dehors pendant le courant de cet été, et jusqu'à ce que l'on n'ait fait l'essai des forces de la cour dans le nouveau Parlement, mais<307> qu'aussi, cela fait, on serait peut-être plus difficile et pourrait bien reprendre avec vivacité les chipotages avec les deux cours impériales et continuer les mêmes mesures que ci-devant, sur lesquelles l'on ne s'était ralenti que par les circonstances des nouvelles élections et parceque les Russes s'étaient voulu vendre trop cher en comparaison des motifs pour lesquels l'on voulait les engager. Je vous communique tout ceci pour que vous sachiez vous en diriger dans les recherches que vous ferez là où vous êtes.
Federic.
Nach dem Concept.
6305. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Potsdam, 23 avril 1754.
Le rapport que vous m'avez fait du 9 de ce mois, m'a été fidèlement rendu. Quand vous y dites que le ministère de la cour où vous êtes ne prendrait aucune mesure ultérieure pendant le courant de l'été qui vient, et avant qu'il n'ait essayé ses forces au nouveau Parlement, je veux bien vous faire observer qu'en conséquence des avis qui me sont revenus de Moscou,307-1 il y a toute l'apparence que le grand-chancelier Bestushew ait trouvé moyen de faire goûter à sa souveraine le contre-projet du traité de subsides que le ministère anglais a proposé,307-2 et qu'on l'ait accepté, soit tel qu'il est, soit sous quelques conditions qu'on y a ajoutées. Je n'en suis pas encore si bien informé que je sache vous dire quelque chose avec précision là-dessus, mais, comme j'espère de l'être en peu de temps, je ne manquerai pas de vous en informer alors en détail. En attendant, supposé que le contre-projet du ministère anglais fût accepté tel qu'il a été proposé, je souhaiterais bien de savoir votre sentiment si cet incident ne saurait pas faire changer la façon de penser présente des ministres anglais et les rendre plus difficiles.
Sur ce que vous me dites qu'il était de l'intérêt du duc de Newcastle de se débarrasser dans le moment présent, autant qu'il pourrait, de toute affaire épineuse, et qu'en conséquence il saurait convenir de continuer à faire parler votre ami307-3 sur une composition amiable de mes différends avec l'Angleterre, je vous dirai qu'il me semble que j'ai fait faire déjà toute proposition que j'ai pu faire honnêtement à ce sujet, en conséquence de vos ordres antérieurs; que d'ailleurs il faudrait considérer, le ministère anglais étant tout occupé avec les affaires intérieures du royaume, si le duc de Newcastle voudrait prêter quelque attention sur ce qu'on lui ferait d'insinuations là-dessus; mais indépendamment de cela, et si vous le trouvez convenable, malgré cela je serais bien aise que votre ami continuât à s'expliquer avec le susdit ministre pour le tàter s'il n'avait quelque tempérament moins dur à<308> mon égard, pour parvenir à l'accommodement que celui que vous annoncez par votre dépêche du 15 février. Il y a d'ailleurs une autre considération à faire sur laquelle vous me direz votre sentiment, savoir quelles sûretés j'aurais qu'il soit rendu justice à mes gens commerçants qui ont souffert par les déprédations anglaises, supposé que je sache jamais me résoudre de lever préalablement l'arrêt sur l'argent des dettes de Silésie, et que je ne sois pas la dupe d'une si forte démarche, la seule promesse verbale d'un ministre ne me paraissant pas suffisante, après que j'ai fait l'expérience, dans ce que M. de Carteret avait déclaré autrefois au sieur Andrié, du cas qu'on doit faire de pareilles assurances ministériales.
Federic.
Nach dem Concept.
6306. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 23 avril 1754.
J'ai reçu le rapport que vous m'avez fait du 12 de ce mois. Par ce que vous me marquez relativement à la façon de penser de M. de Contest sur les affaires de la Suède, je crois m'apercevoir qu'il faut bien que le marquis d'Havrincourt ait des parents et des amis puissants en France qui le protègent extrêmement, de sorte que je ne crois pas convenir que vous parliez plus à M. de Contest sur le sujet dudit marquis d'Havrincourt,308-1 mais, s'il vous arrive que M. de Contest vous entretienne des affaires de la Suède, dites-lui qu'il ne fallait du tout s'imaginer que j'avais quelque empire sur ma sœur pour l'obliger à se conformer entièrement aux conseils que je lui inspire; qu'on peut être assuré en France que je lui prêche à toute occasion des sentiments de modération, mais qu'on me répond ordinairement que je n'étais sur les lieux pour voir moi-même les affaires; qu'on y entendait aussi bien qu'ici ses intérêts, mais qu'il faudrait qu'on y fut présent pour comprendre combien de certaines gens se gouvernaient mal envers la cour.
Federic.
Nach dem Concept.
6307. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION HELLMUTH- BURCHARD DE MALTZAHN A STOCKHOLM.
Potsdam, 27 avril 1754.
Vos rapports du 12 et du 16 de ce mois m'ont été bien rendus. Au sujet du premier, je veux bien vous faire observer que, comme le marquis d'Havrincourt ne voit que noir sur tout ce qui a le moindre rapport aux affaires qui arrivent à la cour de Suède, je crois qu'il a<309> trop relevé ce qu'il vous a appris touchant les brouilleries du général Lieven et de sa sœur avec la cour,309-1 de sorte que j'ai lieu de croire que vous devez vous méfier tant soit peu des avis qu'il vous donne pour de pareils sujets.
Federic.
Nach dem Concept.
6308. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 27 avril 1754.
Je vous sais bon gré de l'avis que vous m'avez donné touchant le courrier dernièrement arrivé de Londres à Vienne. Je serais bien aise, quand vous pourrez vous éclaircir sur ce qui a fait le sujet des dépêches qu'il a apportées.
Il y a beaucoup d'apparence, par les raisons que je vous ai déjà marquées par une de mes dépêches antérieures,309-2 que la Russie ait accepté le contre-projet d'un traité de subsides entre l'Angleterre et la Russie que le sieur Guy Dickens avait proposé aux chanceliers de Russie, sur quoi je ne sais point cependant vous dire encore quelque chose avec certitude. Il se peut que les arrangements militaires que la cour de Vienne fait actuellement, aient rapport, comme vous conjecturez, aux affaires d'Italie; j'y trouve même beaucoup de probabilité, quand je pense aux soupçons que la cour de France a pris que celle de Vienne ait envie de s'emparer du Modénois, et à la jalousie que la dernière a conçue par rapport aux troupes nombreuses que la France tient assemblées dans le Languedoc et le Delphinat. Mais tout ceci ne doit point détourner votre attention pour approfondir les vues cachées de la cour où vous êtes dans ses manœuvres. L'on m'a voulu révoquer en doute ce que vous m'avez marqué touchant les troupes de Bavière que l'Angleterre avait réclamées;309-3 j'espère que vous serez à même de me marquer positivement ce qui en est.
Federic.
Nach dem Concept.
6309. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 27 avril 1754.
J'ai bien reçu votre rapport du 15 de ce mois. Bien que l'avis d'un chipotage entre les cours de Vienne et de Dresde par rapport à un mariage à faire entre le prince Xavier et l'aînée des archiduchesses,309-4 en vue de placer le Prince sur le trône de Pologne, quand il viendra à vaquer, me soit venu d'assez bonnes mains à Vienne, je n'ai point pu me persuader que l'avis en soit fondé, vu les grandes difficultés presque<310> inextricables qu'on y recontrerait; au moins j'estime que jusqu'à présent ledit avis est prématuré encore.
Federic.
Nach dem Concept.
6310. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A DRESDE.
Potsdam, 27 avril 1754.
Les rapports que vous m'avez faits du 20 et du 23 de ce mois, m'ont été fidèlement rendus. Quand même il serait d'une nécessité aussi absolue que vous le dites, de former une caisse d'opérations pour le soutien du bon parti en Pologne,310-1 il faut bien que je vous dise confidemment et d'une manière tout naturelle que malgré cela je ne serais pas à même d'y contribuer, vu que les moyens me manquent présentement et pendant un temps aussi critique que celui-ci, où les affaires sont tant embrouillées que j'ai à appréhender les conséquences, et qui m'obligent de faire bien des dépenses pour ne point être pris à l'impourvu, de me tenir fort serré et de me borner, relativement aux affaires de Pologne, à fournir les moyens qu'il faut pour faire rompre les Diètes.
Pour ce qui regarde les représentations que le comte Stubenberg vous a faites, dans le mémoire que vous m'avez envoyé, je veux bien vous dire préalablement, en attendant que mes ministres vous instruiront plus en détail sur ceci, que mon intention n'est point de prétendre de la cour de Dresde qu'elle requière mes passe-ports pour tout ce que le Marschall-Ambt fera passer par la Silésie en Pologne de délicatesses, de fruits, de pâtisseries et de toutes sortes de choses de cette qualité, qui continueront toujours de passer et de repasser comme auparavant, mais que je voudrais seulement que quant aux autres chariots que la cour est accoutumée d'envoyer en Pologne, chargés de tous autres effets, l'on demandât préalablement des passe-ports, mon intention étant, comme je veux bien vous le dire pour votre direction seule, de rendre un peu difficile par là l'envoi que la cour fait des sommes assez considérables de l'argent polonais qu'elle fait à Leipzig, et de me servir à ce sujet du prétexte de défraudation de mes droits qui se passaient à de pareilles occasions.
Federic.
Nach dem Concept.
6311. AN DEN ETATSMINISTER GRAF PODEWILS IN BERLIN.
Häseler berichtet, Kopenhagen 23. April, über seine Bemühungen bei dem vor seinem Abschlusse stehenden Vergleiche zwischen dem Grafen und der | Potsdam, 29. April 1754. Se. Königl. Majestät haben mir befohlen, Ew. Excellenz zu |
Gräfin Bentinck311-1 den preussischen Staatsangehörigen für ihre Schuldforderungen an die letztere Sicherheit zu verschaffen. „Le sieur Ogier n'a pas laissé de s'employer derechef pour porter le ministère de Danemark à engager le comte de Bentinck à se charger de ces dettes, et il vient tout à l'heure m'informer que, par l'examen des états des revenus, des biens et des charges de toute espèce, on se trouvait dans l'impossibilité de charger davantage le comte de Bentinck et qu'il serait injuste de l'exiger; que néanmoins le ministère de Danemark reconnaissait la justice des désirs de Votre Majesté pour le payement de ce qui est dû à Ses sujets, et que la déclaration que ces dettes n'excèderaient pas 7 à 8,000 écus, l'avait mis à portée d'espérer que la cour de Danemark se porterait à prendre des mesures pour procurer sûrement et promptement aux sujets de Votre Majesté le payement de ce qui leur est dû; mais que, si, pour plaire à Votre Majesté et pour entrer dans les vues de justice et de protection qu'Elle daignait accorder à Ses sujets, on en faisait faire les avances, ce ne pourrait jamais être que sous la condition des arrangements à prendre pour en assurer successivement le remboursement sur la pension de la comtesse de Bentinck.“ 311-2 | melden, wie Höchstdieselbe von demjenigen, so der Herr von Häseler in dem an Deroselben heute allhier eingekommenen Bericht vom 23. dieses, betreffend die Bezahlung derer Schulden, so die Frau Gräfin von Bentinck vorhin zu Berlin gemachet, [gemeldet hat], sehr zufrieden seind, auch dasjenige, so der französische Minister M. d'Ogier desfalls, denen Aeusserungen des dänischen Ministerii gemäss, proponiret hat, sehr goutiren, mithin völlig zufrieden sein, wenn Dero Unterthanen nur gedachter Schulden wegen befriediget werden, ohne Sich im geringsten weiter davon zu meliren, wie und welchergestalt sich der Graf Bentinck deshalb hiernächst auf die Pension der Frau Gräfin wieder indemnisiren wird, allermaassen Se. Königl. Majestät wohl einsähen, dass es à pure perte wäre, die Sache weiter zu treiben, und es nur eine vergebliche Arbeit sein würde, darüber weiter hin und her zu schreiben und dem einmal zwischen Frankreich und Dänemark beliebten Accommodement neuerliche Conditiones oder Modificationes beifügen zu wollen; zu geschweige, dass solches nur Gelegenheit gäbe, andere Hauptsachen aufzuhalten oder aber die Sache des Accommodements wieder in die Umstände zu bringen, dass solche gar wieder echouirete und in die vorige Situation geriethe, worin Se. Königl. Majestät fast wider Dero Meinung und Willen entrainiret worden. Und da also Höchstdieselbe erwähnte Bentincksche Sache einmal finalisiret wissen wollten, so möchten Ew. Excellenz sowohl an den p. von Häseler als den Lord Maréchal das nöthige hiernach fordersamst expediren lassen, damit anderergestalt es zu keiner neuen weiteren Correspondance, die ohne den geringsten Effect sein würde, käme. Eichel. |
Nach der Ausfertigung.
<312>6312. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Potsdam, 30 avril 1754.
Le rapport que vous m'avez fait du 23 de ce mois, m'a été fidèlement rendu. J'en ai eu toute la satisfaction possible, tout comme de la proposition que M. d'Ogier vous a faite par rapport au payement de ce qui est dû à mes sujets par la comtesse de Bentinck, de sorte que je viens d'ordonner positivement à mes ministres que, pourvu que les mesures soient prises pour procurer sûrement et promptement à mes sujets le payement de ce qui leur est dû de la comtesse, ils doivent souscrire purement et simplement aux arrangements proposés pour en assurer successivement le remboursement sur la pension de la comtesse, sans se mêler plus d'aucune condition à y ajouter. Ce que vous pourrez dire positivement à M. d'Ogier, et que je regardais de la sorte cette affaire comme finie.
Federic.
Nach dem Concept.
6313. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 30 avril 1754.
Je ne suis pas tout-à-fait de votre sentiment que les Turcs auraient été alarmés pour des sujets de si peu de conséquence et qu'ils sont déjà accoutumés de voir, que celui de simple exercice des Croates et des Esclavons; il me paraît plutôt qu'il faut qu'il y ait eu d'autres remuements plus sérieux parmi les troupes en Hongrie sur le but desquels ils ont pris l'alarme au point de réparer leurs places sur le Danube, de sorte que, comme il faut que rien n'échappe à votre attention sur ce qui regarde en aucune manière les arrangements militaires, je serai bien aise que vous tâchiez à bien pénétrer, s'il est humainement possible, ce qu'il y en a et ce qui peut faire le sujet du voyage de Serbelloni, car tout ce qu'on vous en a allégué de motifs, me paraît fort léger et point satisfaisant. Au surplus, il était toujours bon que la Porte prenne de l'alarme et qu'ils en donnent aux Autrichiens, quoiqu'il ne me paraisse que les choses parviendront à des éclats, pendant la vie du Sultan régnant. Enfin, soyez vigilant et ne vous fiez pas toujours aux apparences, mais tâchez d'approfondir solidement les menées et vues cachées que la cour où vous êtes voudra peut-être masquer, pour se déclarer, si elle le peut, tout d'un coup.
Federic.
Nach dem Concept.
<313>6314. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 30 avril 1754.
J'ai reçu votre rapport du 19 de ce mois. Quoique je sois également du sentiment de M. de Contest que l'évènement de la mort du sieur Pelham et les changements qui en sont arrivés à la suite, n'influeront guère sur les affaires publiques, je sais néanmoins de bonne main que la cour de Vienne en pense bien différemment et qu'elle se flatte qu'elle pourra mener bien plus facilement l'Angleterre à ses vues que par le passé. Au reste, l'on continue de m'assurer qu'on n'est occupé là que des élections parlementaires, sans s'embarrasser d'aucune affaire de dehors du pays, et qu'au lieu de vouloir assembler le nouveau Parlement, comme on avait résolu, dans le mois de juin, on ne le fera convoquer que dans celui de novembre, les ministres ayant fait entendre au Roi que, parceque Sa Majesté restait en Angleterre, il serait inutile de faire venir les membres du nouveau Parlement en ville et de les assembler uniquement pour cet objet.
Comme j'apprends d'ailleurs que le général Wall, ambassadeur d'Espagne à Londres, avait reçu un courrier, pour se rendre sans perte de temps à Madrid, afin d'y remplacer le défunt Carvajal comme ministre des affaires étrangères, je serais bien aise que vous me fassiez, par une de vos dépêches immédiates, le caractère dudit général, qui vous sera apparemment connu depuis longtemps, et que vous me mandiez si la cour de Vienne le trouvera porté pour elle et s'il remplira l'attente des Anglais qui se flattent qu'il contribuera, autant que son prédécesseur, à conserver la bonne intelligence entre les deux cours.
Au reste, faites bien des compliments de ma part à M. de Contest, quand vous trouverez l'occasion de pouvoir le faire convenablement, par rapport à l'augmentation de pension que le comte de Lœwendahl a eue, et dites-lui que je ne prends autre part à lui, sinon qu'il ne sorte pas du service de France pour passer en celui d'une puissance étrangère.313-1
Quant à l'affaire de la comtesse Bentinck, j'approuve absolument le tempérament que le sieur de Reventlow a proposé, et viens de donner mes ordres positifs à mes ministres313-2 que, pourvu que mes sujets soient contentés des dettes que la comtesse Bentinck a contractées jusqu'ici auprès d'eux, ils ne doivent plus insister à aucune nouvelle condition de sa part, mais souscrire à la proposition du remboursement de la somme à payer à mes sujets sur la pension de la comtesse.
Federic.
Nach dem Concept.
<314>6315. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Potsdam, 4 mai 1754.
Le rapport que vous m'avez fait du 27 du mois dernier, m'a été bien rendu. Comme je présume que M. d'Ogier doit être content de ce que je vous ai marqué par ma lettre antérieure314-1 touchant l'affaire de la comtesse Bentinck et de ce que par mon ordre la dépêche du département des affaires étrangères à la suite de celle-ci vous confirmera, j'attendrai ce que l'on fera après; aussi, si je viens de vous faire observer à cette occasion que, pour ce qui regarde les engagements à prendre avec la cour de Danemark, je me contenterai pour le moment présent d'un simple traité d'amitié,314-2 afin de ne pas embarrasser cette cour par des engagements plus précis qui lui sauraient faire de la peine. Ce que vous pourrez bien faire entendre confidemment à M. d'Ogier. J'ajoute, pour votre direction seule, que, pourvu que ce traité lie assez les mains à la cour de Danemark de ne pouvoir pas prendre, après, des liaisons avec mes ennemis, et que je saurais m'en servir comme de parade, et que d'ailleurs mes ennemis restent dans l'appréhension qu'il y aurait peut-être des articles séparés et secrets ajoutés dont on leur dérobait la connaissance, j'en serai entièrement satisfait. C'est aussi pourquoi je souhaiterais que, quand on viendra à négocier sur ce traité, il y aurait quelques dehors mystérieux et bien des allées et des venues, pour d'autant mieux désorienter les envieux et les jaloux.
Federic.
Nach dem Concept.
6316. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 4 mai 1754.
Je me suis douté d'abord qu'il ne serait point agréable à M. de Contest, quand je lui ferais parler en faveur du sieur Folard. Comme les ordres que je vous ai fait donner là-dessus,314-3 n'ont eu d'autre motif que de complaire au margrave de Baireuth sur les instances qu'il m'en a faites, et que votre rapport du 22 dernier me confirme sur le doute que j'ai eu du succès, vous ferez bien de ne plus insister sur cette affaire, qui, au bout du compte, ne saurait que m'attirer un refus de la part de M. de Contest, et que je n'ai entreprise que par manière d'acquit relativement au Margrave.
Federic.
Nach dem Concept.
<315>6317. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A DRESDE.
Potsdam, 4 mai 1754.
J'ai bien reçu les rapports que vous m'avez faits du 27 et du 30 du mois passé. Je suis bien aise d'être éclairci à présent sur ce qui en a été de la négociation supposée entre moi et l'évêque de Leitmeritz dont la cour de Dresde a voulu donner tant de réveil à celle de Vienne.315-1 J'avoue que je ne saurais voir sans indignation le mauvais procédé du comte de Brühl, qui ne rougit point d'inventer jusqu'aux mensonges les plus grossiers et où il n'y a pas même la moindre apparence, pour me noircir partout où il le peut; mais, ce que je trouve de plus ridicule, c'est qu'il veut faire accroire à la cour de Vienne que le chanoine baron de Horst ait été mêlé de la prétendue négociation, après que ladite cour ait en mains les instructions que ce chanoire avait eues autrefois, où il n'y a certainement pas un mot sur tout ce qui regarde ledit épêque, auquel on n'a pas songé ni alors ni après. Ce que je ne vous dis cependant que pour votre direction seule.
Federic.
Nach dem Concept.
6318. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 4 mai 1754.
J'ai bien reçu le rapport que vous m'avez fait du 24 du mois dernier. Il ne m'importe guère que la négociation du baron de Beckers traîne en longueur;315-2 vous connaissez le parti auquel je me suis décidé d'abord relativement à l'affaire de l'élection d'un roi des Romains, aussi je m'y tiendrai invariablement. Cependant, je ne compterais point pour un malheur, si la fin de la négociation avec les cours de Manheim et de Bonn restait encore éloignée, quand ce ne serait que pour en occuper en quelque façon les ministres autrichiens, de sorte qu'ils n'aient pas tout-à-fait le loisir à penser à de nouvelles choses peut-être plus embarrassantes que celle-là.
Pour ce qui regarde la nouvelle des 6,000 Bavarois demandés à l'Électeur,315-3 je doute encore qu'elle ne soit prématurée, je voudrais cependant que vous continuiez à la bien éclaircir, afin de pouvoir m'en faire au plus tôt un rapport juste et exact. Vous continuerez d'ailleurs de veiller de bien près sur tout ce qui se fait d'arrangements militaires soit en Hongrie soit en Bohême, ce qui doit faire actuellement le premier point de votre attention, pour m'en instruire fidèlement. Je sais de source qu'il s'en faut bien que les régiments de cavalerie en Hongrie soient complets en chevaux; malgré tous les efforts que la cour a faits<316> par de fortes remontes, il en manque par régiment jusqu'à 200, l'un portant l'autre, et il y règne d'ailleurs un mécontentement général parmi les gens qui y servent. L'on me confirme encore que ce qui serait assemblé de campements en Bohême et en Moravie, ne serait que des campements pour exercer les troupes; j'en présume le même, je voudrais cependant que vous ne vous fassiez point imposer par des apparences ni par des bruits vagues et sans fondement, mais que vous employiez toute votre adresse, vos soins et votre savoir-faire pour pénétrer à fond de tout ceci, afin de ne point me laisser manquer vos avis, supposé qu'il y ait du sérieux.
Federic.
Nach dem Concept.
6319. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION HELLMUTH- BURCHARD DE MALTZAHN A STOCKHOLM.
Maltzahn berichtet, Stockholm 23. April: „Pendant un moment de conversation que j'ai eu hier au soir avec la Reine, Sa Majesté m'a marqué combien elle était fatiguée des continuelles tracasseries qu'il y avait ici, et combien il lui était difficile à prendre toujours le bon parti, en voyant ordinairement des deux côtés un précipice. Qu'elle était bien aise d'avoir été délivrée du comte de Tessin de la manière que cela s'était fait, qui mettait entièrement ce sénateur dans le tort316-1 … La Reine me demanda ensuite comment j'étais avec le marquis d'Havrincourt, et s'il ne me disait rien des mesures que le parti opposé à la cour comptait de prendre. J'ai répondu à Sa Majesté dans le sens que je l'ai déjà fait, lorsque le comte Düben, qui était venu me parler de la part de la Reine, me fit une pareille question — comme j'ai eu l'honneur de le marquer dans ma dépêche immédiate du 5 avril316-2 — que le marquis d'Havrincourt ne s'ouvrait point envers moi, autant que je le souhaitais sur ces matières, et qu'il m'avait dit une fois pour toutes qu'il ne se mêlait d'aucune affaire particulière, qui n'intéressait pas le sys- | Potsdam, 4 mai 1754- J'approuve fort les mesures que vous avez gardées relativement au marquis d'Havrincourt dans l'entretien que vous avez eu avec la Reine, en conséquence de votre rapport du 23 dernier. J'ai d'ailleurs véritablement compati avec ma sœur sur ce qu'elle vous a dit des continuelles tracasseries qu'il y avait et de la difficulté de prendre toujours le bon parti. Ne manquez pas de vous servir de ces propos pour insinuer convenablement à ma sœur, à la première occasion que vous aurez de le faire, que je la priais d'être un peu en garde de ce qu'elle avait de gens autour d'elle, afin qu'il n'y ait des gens attachés au parti russien,316-3 qui, en dissimulant et en marquant leur jeu, ne cherchaient que de brouiller de plus en plus la cour avec |
tème. J'aurai dans peu une conversation plus longue avec la Reine, Sa Majesté m'ayant dit qu'elle me ferait avertir au premier jour à venir lui parler en particulier.“317-1 | le Sénat, pour en tirer leur parti et leur profit aux dépens de la cour. Federic. |
Nach dem Concept.
6320. AN DEN ETATSMINISTER GRAF PODEWILS IN BERLIN.
Potsdam, 5. Mai 1754.
Auf Sr. Königl. Majestät allergnädigsten Befehl soll an Ew. Excellenz melden, wie Höchstdieselbe nöthig finden, dass der Herr Geheime Rath von Klinggräffen zu Wien mit der nächsten Post ganz umständlich von der vor weniger Zeit in Schlesien mit denen dem Bischof von Krakau zugehörigen Dörfern vorgefallenen Sache317-2 nebst allen Befugnissen und Ursachen, welche Se. Königl. Majestät dazu gehabt, informiret werden solle, nachdem gedachter Herr von Klinggräffen an Se. Königl. Majestät heute besonders gemeldet hat, dass man in Wien bei dem Publico viel Aufhebens davon machen und ganz verkehrt die Sache ausbreiten wollen, so dass er, der von Klinggräffen, deshalb auch von verschiedenen auswärtigen Ministern darüber befraget worden.
Eichel.
Nach der Ausfertigung.
6321. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 6 mai 1754.
Le rapport que vous m'avez fait du 29 d'avril passé, m'a été fidèlement rendu. Il faut que ce soient des gens ou bien mal informés ou très malicieux qui ont donné l'occasion aux bruits qu'on a relevés à Vienne touchant le pont que j'avais fait jeter à Marienwerder sur la Vistule et la tête de pont que je faisais construire sur le terrain de la Pologne. L'un et l'autre est également faux, car je ne connais aucune tête de pont que je faisais construire, et d'ailleurs quelques digues que je fais faire sur mon territoire du côté de Marienwerder pour couvrir le pays contre les inondations de la Vistule, dont les rives de ce côté avec la moitié de la rivière sont de mon territoire, selon les conventions faites avec la République depuis bien d'années, et d'ailleurs quelques prames que je fais construire là pour la commodité du passage et du commerce à Marienwerder, ont donné lieu à quelques têtes écervelées d'en soupçonner du mystère et de grands desseins. Quant à l'autre affaire touchant la prétendue prise de possession des trois villages polonais,317-3 elle est, à ce que je vois, également débitée tout à<318> travers et faussement, et pour vous mettre au fait de ce qui en est, j'ai ordonné à mes ministres de vous faire parvenir à cette ordinaire un détail bien exact de ce qui s'est passé à cet égard, afin que vous puissiez rectifier tout le monde qui vous en parlera. Enfin, j'ai la satisfaction de n'avoir à démêler avec la république de Pologne aucune affaire d'importance, ce qui opère apparemment la rage de ceux qui par des mensonges ci-dessus dits voudraient se soulager de leur bile.
Au surplus, ce qui m'importe plus que tout ce que dessus, c'est un avis que le général Treskow m'a donné à l'ordinaire dernier, qu'il avait parlé à des gens qui prétendent avoir vu passer eux-mêmes plusieurs régiments autrichiens venants de Hongrie et allants en Bohême et en Moravie; qu'ils avaient vu passer entre autres à Nicolsbourg trois régiments nationaux de Hongrie, qui avaient dit qu'ils seraient suivis d'autres régiments de cavalerie et de dragons, comme aussi de Pandours et de hussards. J'ai bien voulu vous avertir de ces avis-là, qui, quand ils se confirment, méritent sûrement une fort grande attention, ce que je vous recommande fort, et d'en prendre d'abord d'exactes informations, afin de pouvoir m'en informer, au plus tôt et même par un exprès, si tant est que ces avis se vérifient. Pour finir, je ne saurais assez vous recommander de veiller extrêmement dans le moment présent sur la conduite de la cour de Vienne qui voudra masquer ses desseins, mais qui, à ce que je crois, vous trompera bien difficilement ni ne vous fera donner le change, soit par les apparences du dehors, soit par de fausses confidences.
Federic.
Nach dem Concept.
6322. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 6 mai 1754.
Après avoir vu, par votre dernière dépêche immédiate, de quelle manière M. de Saint-Contest s'est expliqué sur ce que vous lui avez fait exposer par le sieur de Knyphausen du contenu des lettres que je vous avais faites du 6 et du 9 d'avril dernier,318-1 mon intention est que vous dissiez à ce ministre que j'étais moi-même de son avis sur ce que nous était arrivé de nouvelles relativement aux arrangements militaires de la cour de Vienne, et que je ne croyais pas moi encore qu'il y avait du sérieux de la part des Autrichiens là-dessus; mais que j'avais cru de mon devoir de communiquer à la France les nouvelles qui m'étaient revenues telles qu'elles je les avais reçues, sans les donner pour authentiques, qui, en considérant toutes les circonstances présentes de l'Europe entière, me semblaient incroyables. Cependant, comme tous les avis continuent que la cour susdite faisait faire sans relâche des arrangements tels comme si elle était à la veille de soutenir la plus forte guerre,<319> et que les troupes de Russie s'augmentaient de jour en jour en nombre dans la Livonie, j'attends encore quelques avis de Vienne, que je ne manquerai pas de communiquer fidèlement à la France, et s'ils seront tels qu'on en saurait conclure que la cour de Vienne n'a point de vues offensives, je croyais alors moi-même qu'il serait superflu et prématuré que nous prenions des concerts là-dessus.
Quant à la négociation du sieur de Beckers à Vienne,319-1 je me réfère à la dépêche d'aujourd'hui du département des affaires étrangères et n'ajoute qu'en conséquence de mes lettres de Vienne cette négociation saurait traîner bien du temps encore.
Pour ce qui regarde l'affaire par rapport au sieur Folard, vous aurez déjà reçu mes ordres pour la laisser tomber entièrement.319-2
Je n'ai point eu depuis peu de lettres de Londres, mais, si celles que j'ai eues jusqu'ici, accusent juste, le roi d'Angleterre ne saura point faire dans le cours de cette année-ci un voyage à Hanovre; d'ailleurs, il n'est point à douter que la cour d'Angleterre n'ait la supériorité dans le nouveau Parlement, vu qu'elle saurait employer plus d'espèces que le parti opposé à lui.
Au reste, mandez-moi si la France gagnera ou non, quand le marquis d'Ensenada sera déplacé.
Federic.
Nach dem Concept.
6323. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION HELLMUTH- BURCHARD DE MALTZAHN A STOCKHOLM.
Maltzahn berichtet, Stockholm 26. April, über eine am 24. gehabte Unterredung mit der Königin von Schweden: „La Reine commença par m'exposer le danger qu'il y avait de voir arriver une révolte à la prochaine Diète, si les choses restaient sur le pied où elles étaient, et que, si le feu était une fois allumé, il ne dépendrait pas du Roi de l'arrêter ou de l'éteindre. Qu'elle avait de l'horreur de voir arriver un pareil évènement, où la scène ne manquerait pas d'être ensanglantée, et qu'elle convenait avec moi que le Roi n'en recueillirait peut-être pas tout le fruit qu'il pourrait souhaiter. La Reine me fit sentir qu'elle n'espérait pas de parvenir à son but par le parti qui fait celui de la cour aujourd'hui, et qu'ainsi il serait absolument nécessaire de convenir avec la cour de Versailles d'un plan pour la prochaine Diète, qui serait que cette cour ordonnât à son ambassadeur ici d'agir pour | Potsdam, 6 mai 1754. J'ai bien reçu votre dépêche du 26 du mois d'avril dernier. Je suis très satisfait de tout le détail que vous m'avez marqué relativement à la conversation que la Reine a eue avec vous, et applaudis parfaitement à ce que vous n'avez pas contredit la Reine directement sur son plan, et je trouve les motifs que vous avez eus à vous conduire de la sorte, solides et bien fondés. Quoique le sieur de Rohd ne m'ait tout-à-fait expliqué le détail de ce plan, je le trouve cependant tel qu'il rencontrera des difficultés insurmontables pour le faire valoir. En attendant, j'ai été bien aise que |
les intérêts de la cour de Suède et d'y agir par le parti qui est attaché à la France; que les principaux de ce parti seraient obligés d'y concourir, dès que la France le voudrait, et qu'outre cela on pourrait les y engager par les bonnes conditions qu'on leur ferait de la part de la cour de Suède et nommément au baron de Hœpken qui est à regarder comme l'âme du parti. Que pour obvier à l'inconvénient que les États n'eussent besoin de prononcer entre le Roi et le Sénat sur les sujets de désunion qu'il y a eu, on n'aurait qu'à rejeter toute la faute sur l'obscurité de la forme présente du gouvernement et n'entrer dans aucun détail là-dessus. Que ce serait une chimère que de vouloir songer à la souveraineté, mais que, si la France le voulait, ce serait la chose du monde la plus facile que d'augmenter le pouvoir du Roi, au point qu'il pourrait être utile à son pays et à ses alliés. La Reine m'exposa un plan de forme de gouvernement qui conservât une liberté raisonnable et qui était à peu près semblable au gouvernement d'Angleterre. Je n'entrerai point dans le détail là-dessus, puisque la Reine a parlé sur ce sujet au sieur de Rohd à son départ; que la France devait être bien plus sûre de conserver ce pays-ci, lorsque le pouvoir résiderait dans le Roi, qu'avec la forme présente du gouvernement, puisque les sénateurs attachés à la France n'étaient pas immortels et qu'il pourrait arriver que ceux qui viendraient après eux, ne fussent pas dans les mêmes sentiments à l'égard du système, au lieu qu'un roi de Suède ne pourrait jamais se départir de l'alliance France. Sa Majesté prétendait que la difficulté que je lui proposais que la Russie pourrait s'opposer à un pareil changement de forme de gouvernement, n'était rien et que la Russie ne remuerait pas, dès qu'il ne s'agirait pas de souveraineté. La Reine ajouta que Votre Majesté travaillait présentement à faire rappeler d'ici le marquis d'Havrincourt, mais que la Reine craignait que cela ne pût se faira avant la Diète, puisqu'on ne voudrait pas envoyer ici avant cette époque un ministre tout neuf dans les affaires, qu'ainsi elle songeait quelques fois à se | vous ayez profité de l'occasion pour ramener la Reine à des sentiments de plus de modération envers le marquis d'Havrincourt; aussi me rendrez-vous un service particulier, quand vous pourrez rapprocher la Reine avec ce ministre et moyenner quelque accommodement et bonne intelligence entre eux. Du reste, vous continuerez, dans toutes les occasions qui s'y offriront, d'inspirer des sentiments de modération à ma sœur et de lui insinuer adroitement qu'il ne fallait point croire que la Russie regarderait jamais indifféremment le moindre changement qu'on ferait à la forme présente du gouvernement de Suède. Qu'il était diamétralement opposé à ses vues et à ses intérêts de voir augmenter l'autorité du roi de Suède, vu que son jeu était de rabaisser au possible l'autorité royale, afin que les affaires intérieures de Suède restent toujours brouillées, et que par là elle saurait toujours se mêler de ces affaires et rendre la Suède en quelque façon dépendante de lui, ce qui avait été toujours le grand but de la Russie, et qu'on n'avait qu'à se souvenir de ce qui s'était passé sur ceci du temps de l'avènement au trône du Roi. Vous tâcherez d'ailleurs d'insinuer à cette Princesse que rien ne serait plus désirable pour les intérêts de la maison royale de Suède qu'un accommodement avec le Sénat, que, selon moi, la chose ne serait point impossible, pourvu qu'on s y prenne de bonne grâce; mais de vouloir prendre les affaires avec hauteur, ce serait absolument les gâter. |
rapprocher de l'Ambassadeur, puisqu'également toutes les mesures que la cour de France prendrait, se règleraient sur les rapports du marquis d'Havrincourt. La Reine crut qu'il serait bon que je sondasse dans l'occasion l'Ambassadeur, sans la commettre, en lui faisant sentir que je ne regardais pas comme une chose impossible de moyenner un accommodement en ce pays-ci, et que j'étais dans l'opinion qu'on pourrait mettre les choses sur un pied que les gens du bon parti et le système y trouveraient également leur avantage. Si Votre Majesté juge convenable que je fasse quelque insinuation pareille au marquis d'Havrincourt, je pourrai le faire aisément dans les bornes que Votre Majesté me le prescrira. Quelque difficulté que je prévoie à l'exécution de tout le plan que la Reine m'a communiqué, je n'ai pas jugé à propos de contredire Sa Majesté dans une première conversation et surtout de la contredire sur un plan qui la ralentira, tant qu'elle en sera occupée, sur les démarches trop violentes que son parti pourrait lui conseiller.“ | J'abandonne à votre adresse et à votre dextérité de faire un bon usage de tout ce que dessus et attendrai votre rapport sur le succès que vos représentations auront eu. Federic. |
Nach dem Concept.
6324. AN DEN ETATSMINISTER GRAF PODEWILS IN BERLIN.
Potsdam, 6. Mai 1754.
Ew. Excellenz soll zufolge Sr. Königl. Majestät allergnädigstem Befehl melden, dass, als vor einiger Zeit Höchstdieselbe durch Mylord Maréchal den Marquis de Saint-Contest von der üblen Situation derer Affaires in Schweden wegen der Uneinigkeit zwischen dem Hofe und dem Senat daselbst sprechen und zugleich beifügen lassen, wie der Hof allda von dem Betragen des Marquis d'Havrincourt und dessen gar zu grosser Parteilichkeit gegen den Senat und allen dessen Entreprisen wider die Königliche Autorité zum höchsten unzufrieden wäre, dergestalt, dass es, um den Hof nicht zur Extrémité zu poussiren, fast nothwendig sein dörfte, an den Marquis d'Havrincourt, wenn es die Umstände nicht vergönneten, denselben zu rappelliren, jedoch gemessene Instructions zu ertheilen, dass solcher etwas mehreren Égard vor dem schwedischen Hof bezeigete und mit solcher Moderation zu Werke ginge, damit er nicht in allen Stücken, wo letzterer nur mit dem Senat different wäre, sogleich haut à la main von diesem die Partie nähme, sondern vielmehr als ein publiquer Minister einige Ohnparteilichkeit in Sachen, die lediglich das Intérieur derer schwedischen Sachen affectirten [zeigete], beiden Parteien moderate Sentiments inspirirete und zur<322> guten Harmonie anriethe, widrigenfalls des Königs Majestät nicht davor repondiren könnten, dass nicht der schwedische Hof aus Désespoir und wann er sich zu sehr outriret fände, sich in die Arme von Russland werfen dörfte, und dass man auch in Frankreich nicht glauben [möchte], als ob Se. Königl. Majestät von Dero Frau Schwester, der Königin, disponiren könnten, wie Sie wollten, sondern dass alles, was Sie vermögend wären zu thun, dieses sei, gedachter Dero Frau Schwester bei allen Gelegenheiten die Moderation zu predigen, sowie solches von Höchstderoselben beständig geschähe. Bei welcher Gelegenheit dann auch Mylord Maréchal gegen den Marquis de Saint-Contest sich äussern müssen, dass Se. Königl. Majestät dem Chevalier de La Touche einen Brief von der Königin von Schweden würden vorzeigen lassen, daraus derselbe würde vernehmen können, wie weit der Hof in Schweden von denen Procédés des Marquis d'Havrincourt übel zufrieden zu sein Ursache zu haben glaubete.
Da nun des Königs Majestät eben heute ein eigenhändiges Schreiben von der Königin322-1 erhalten, so Hessen Dieselbe solches Ew. Excellenz hierbei in Original communiciren, in der Intention, dass Ew. Excellenz den Chevalier de La Touche darüber sprechen und ihm die benöthigte Passages daraus, soviel nämlich solche den Marquis d'Havrincourt allein angingen, einmal vorlesen möchten, dabei aber Ew. Excellenz wohl beobachten würden, dass Dieselbe das Schreiben selbst nicht aus Dero Händen geben, auch von allem dem, so auf der ersten Seite desselben322-2 enthalten, nicht das geringste sagen, noch communiciren, vielmehr nur allein von demjenigen, so auf der zweiten und folgenden Seite enthalten und was auf solchen etwas crayonniret wäre, dem Chevalier de La Touche das convenable vorlesen und alsdenn den Brief retiriren möchten, ohne denselben weder von dem vorgelesenen einige Abschrift nehmen zu lassen oder dass er sich etwas daraus schriftlich notirete. Dabei möchten Ew. Excellenz gedachten Chevalier de La Touche von Sr. Königl. Majestät wegen sehr ersuchen, von allem diesem nichts an den Marquis d'Havrincourt zu schreiben, weil des Königs Majestät nicht ausser Hoffnung wären, durch Dero Bemühung denselben mit der Königin in ein besseres Verständniss zu bringen. Das Originalschreiben der Königin möchten Ew. Excellenz alsdann an des Königs Majestät mit Dero Bericht von denen Aeusserungen, so der Chevalier de La Touche darauf gethan, immediate einsenden, auch übrigens alles deshalb vor Sich alleine geheim halten, ohne mit jemandem darüber im geringsten weiter zu communiciren Wobei nur noch anmerken soll, dass die in dem Schreiben crayonnirte Épithète des Predigers zu Åbo bei dem Vorlesen wohl wegbleiben könnte.
Eichel.
Nach der Ausfertigung.
<323>6325. A LA REINE DE SUÈDE A STOCKHOLM.
Eigenhändiges Schreiben der Königin von Schweden, Stockholm 26. April: „J'espère que vous voudrez bien m'excuser, si j'ai tardé pendant quelques postes de répondre à la lettre que vous avez bien voulu m'écrire; mais ayant été absente de Stockholm de quelques lieues, je n'ai point trouvé des occasions assez sûres pour remettre mes lettres entre les mains de Maltzahn. Je suis toujours sensible à la part que vous me témoignez prendre à tout ce qui me regarde et en particulier aux intérêts de l'autre moi-même, qui mérite par plus d'un endroit votre estime et votre amitié. Si quelque chose peut me faire espérer que son sort sera un jour plus heureux, c'est que vous voulez bien vous y intéresser.
J'ai eu une conversation sur ce sujet avec Maltzahn, et je ne doute pas qu'il n'ait l'honneur de vous en faire rapport, dans laquelle je lui ai démontré l'impossibilité qu'il y avait d'écrire une lettre au sujet de l'Ambassadeur que vous auriez pu montrer.323-1 Quelque vrai qu'il soit que sa conduite ait été peu ménagée à la dernière Diète, vous savez, mon cher frère, combien il est difficile de prouver ces vérités à un ministre, et il aurait toujours pour s'excuser le prétexte que ce sont des personnes ennemies du système qui ont dit des calomnies contre sa personne; il n'y a cependant personne ici qui n'ignore que, le Roi ayant perdu le suffrage des voix pour la création des nouvelles charges, l'Ambassadeur à son dîner dit qu'il fallait avouer que les Suédois étaient de vrais Romains et qu'ils l'avaient bien prouvé ce jour-là, outre les distinctions qu'il a faites à un prêtre, évêque Åbo,323-2 le plus grand fourbe qu'il y ait dans le royaume, qui ne parle pas un mot de français et qui par conséquent ne pouvait fréquenter sa maison que pour faire des intrigues; c'est ce malheureux prêtre qui s'était acharné contre le précepteur de mon fils aîné323-3 et qui était sur le point de pousser les choses aux dernières extrémités et qui à la fin de la Diète avait dressé une instruction pour l'éducation de mon fils, dans laquelle il était mis comme en tutelle entre les mains du comte Tessin, et le Roi et moi étions exclus de toute l'autorité que les droits et la nature donnent aux parents.
Vous m'avouerez, mon cher frère, que, quand un ministre allié fait des distinctions dans de pareil cas, il faut assurément que ses intentions ne soient point pour la cour telles qu'elles doivent l'être, et que, quand toutes les personnes qui se sont déclarées pour la cour, sont ceux à qui on fait le moins de politesse, il en résulte que ces mêmes personnes s'en piquent et ne font pas toujours attention qu'un ministre peut manquer de conduite, sans que sa cour l'approuve.
Je suis presque effrayé de la longueur de cette lettre et je vous prie, mon cher frère, de vouloir bien me le pardonner en faveur des raisons qui m'y ont obligé et de la confiance infinie que j'ai en vous, mon cher frère, qui vous est un gage sûr de la tendresse infinie avec laquelle je suis à jamais, mon très cher frère, votre très dévouée sœur et servante Ulrique.“
[Potsdam], 7 mai 1754.
Ma très chère Sœur. Je prends la liberté de vous envoyer un extrait de ce qu'on m'écrit à Paris, par où vous verrez, ma chère Sœur, qu'il n'y a guère apparence de faire réussir ce que vous savez. Je ne disconviens point des sujets de plaintes que vous avez contre une certaine personne, mais je crois, à vous parler avec franchise, que votre intérêt demande que vous tâchiez de vous en rapprocher. J'ai fait écrire aujourd'hui à Maltzahn d'y contribuer de son mieux. Vous avez l'art de gagner les coeurs et avec vos manières engageantes vous parviendrez sûrement à attacher cette personne à vos intérêts, en flattant sa vanité, en lui demandant conseil dans des bagatelles où l'on<324> peut déférer à ses avis, pour le mieux mener dans les grandes choses. Je ne dis pas que ce sera une chose facile, mais d'autant plus est-elle digne de votre attention et de vos soins. Dans la situation où vous êtes, ma chère sœur, il faut avoir la mémoire courte pour oublier bien des choses, qu'il faut même ignorer et dire comme le Christ : Mon heure n'est pas venue! ne point se commettre pour des bagatelles et réserver ses forces, son industrie et ses moyens pour un coup d'importance. Je vous demande bien pardon, mais je vous écris comme à une sœur que j'aime et à qui je parle comme à moi-même, étant avec la plus tendre amitié, ma très, chère sœur, votre très fidèle frère et serviteur
Federic.
Extrait.
Que le marquis d'Havrincourt avait donné des informations nécessaires des discordes qui s'étaient élevées en différents temps entre le Roi et le Sénat de Suède; qu'on avait vu avec douleur l'origine et le progrès de ce mal qui semblait s'envenimer chaque jour; qu'il était hors de doute que les puissances ennemies de la France et de la Prusse cherchaient à faire germer cette division, pour s'en prévaloir dans l'occasion; que, quoique la France désirât avec beaucoup d'ardeur qu'on pût trouver des moyens de concourir pour rétablir dans le gouvernement de Suède l'harmonie, il était impossible cependant qu'elle pût entamer une négociation à cet effet, vu qu'elle n'ignorait pas combien la nation suédoise était jalouse de sa liberté et de son indépendance et combien elle s'était plainte de la Russie toutes les fois que cette puissance avait voulu s'ingérer dans ses affaires intérieures; que c'était d'ailleurs aux États à prononcer sur ces différends et qu'il n'était ni de la compétence du Roi, ni de celle du Sénat d'interpréter les articles de la forme du gouvernement qui faisaient les sujets de leurs contestations. Que tout ce que la France pouvait donc faire, était de faire continuer à faire représenter par son ministre aux sénateurs qui lui étaient attachés combien il était nécessaire pour le bien de la nation que ces contestations fussent terminées et qu'on bannît du Sénat toute aigreur et partialité; que c'était tout ce que l'on pourrait faire et qu'il faudrait se borner à des insinuations indirectes. Qu'au surplus, si les accusations qu'on formait à la charge du marquis d'Havrincourt, étaient fondées, le sieur de Saint-Contest serait le premier à le reprendre et à le faire rentrer dans le chemin du dévouement et du respect qu'il devait à Leurs Majestés Suédoises, s'il lui était arrivé de s'en écarter. Que du reste, ses instructions portaient, et qu'on le lui réitèrerait encore, de ne se mêler en aucune façon de ce qui concernait l'intérieur du royaume, de s'abstenir tant dans ses discours que dans sa conduite de tout ce qui pourrait être désagréable à Leurs Majestés Suédoises et de leur rendre dans toutes les occasions les respects et les hommages qui leur étaient dus.
Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.
<325>6326. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Potsdam, 7 mai 1754.
J'ai reçu votre rapport du 30 d'avril et et vous sais gré de l'information que vous m'avez donnée sur diverses particularités touchant le renouvellement du traité de subsides avec la France. Comme mes lettres antérieures vous ont suffisamment instruit de ma façon de penser sur les liaisons à prendre entre moi et la cour de Danemark et qu'au bout du compte je me contenterai dans le moment présent de faire un simple traité d'amitié avec elle,325-1 il ne me reste que de vous dire que, parceque vous irez, à la suite du roi de Danemark, au camp qu'il va assembler pour l'exercice de ses troupes, vous devez avoir soin à me procurer une idée de ce qu'on fera de dispositions et de manœuvres dans ce camp, à quelle fin vous tâcherez de vous en procurer de quelque militaire entendu de bonnes et d'exactes notices.
Federic.
Nach dem Concept.
6327. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 11 mai 1754.
J'ai reçu le rapport que vous m'avez fait du 29 d'avril. Autant que je puis juger par la situation présente des affaires générales, il faut que le roi de France fasse négocier actuellement avec la cour de Turin. Sans que M. de Contest en prenne des soupçons, voyez si vous pouvez attraper un moment avec lui pour le sonder délicatement làdessus, ou pour le pénétrer au moins, afin d'en tirer quelque chose indirectement dont vous m'informerez.
Remerciez bien de ma part le chevalier de Chabot de l'attention obligeante qu'il m'a voulu marquer en m'offrant son abrégé de Polybe.
Federic.
Nach dem Concept.
6328. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Potsdam, 11 mai 1754.
Les dépêches que vous m'avez faites du 19 et du 26 du mois dernier d'avril, m'ont été fidèlement rendues, au sujet desquelles je suis bien aise de vous faire observer que, si la cour où vous êtes ne veut donner des subsides à la Russie, avant que le nouveau Parlement ne soit assemblé, au mois de novembre, et qu'elle n'aurait essayé ses forces,325-2 il se pourrait bien que toute cette négociation allât en arrière, vu qu'il est impossible à la Russie de faire le moindre effort sans être soutenue par l'argent d'Angleterre.
<326>Au reste, comme je souhaite d'être instruit pour ma curiosité sur ce qu'il y a eu de brouilleries et émotions en Irlande, vous me ferez plaisir de m'en donner des notions exactes et de la situation où les affaires de ce pays sont actuellement.326-1
Federic.
Nach dem Concept.
6329. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 11 mai 1754.
Il serait superflu de vous marquer la satisfaction que j'ai eue en apprenant par les deux post-scriptums de votre dépêche du 1er les nouvelles intéressantes qu'ils comprennent,326-2 parceque vous connaissez assez combien elles me doivent être importantes. Soyez assuré du secret que je vous en garderai, pensez seulement de voir si tout se confirme, et soyez attentif sur tout ce qui a du rapport aux affaires de la Turquie. Jusqu'à présent, tous mes avis de Russie me font présumer que la cour de Moscou est convenue avec le sieur Guy Dickens sur la convention de subsides en conséquence du contre-projet que le ministère anglais avait fait présenter.326-3 Mais mes lettres d'Angleterre ne laissent pas de m'assurer que, quand même la Russie serait convenue de tout, le ministère anglais ne conclurait rien, avant que le Parlement ne serait assemblé, au mois de novembre, et que la cour n'y ait essayé ses forces, de sorte que tout ce chipotage saurait bien s'en aller encore en fumée.
Federic.
Nach dem Concept.
6330. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A LEIPZIG.
Potsdam, 11 mai 1754.
J'ai reçu votre rapport du 4 de ce mois. Il serait bien à souhaiter que M. Desalleurs pût heureusement tirer parti des inquiétudes de la Porte des fortifications des Russes sur les territoires usurpés sur la Pologne, et la lettre aussi verte que bien écrite du Grand-Général de la Couronne326-4 au premier ministre de Saxe me fait augurer qu'il ne coûtera pas beaucoup de peine à disposer le Grand-Général d'entrer dans les vues de M. Desalleurs. Le coup serait d'autant plus important que j'apprends par de bonnes lettres d'un lieu bien sûr326-5 que les Russes et les Turcs étaient actuellement en explication sur les limites et les nouvelles fortifications de l'Ukraine, que les premiers filaient doux en apparence, mais qu'ils voudraient gagner du temps et les achever; que les<327> Turcs marquaient un peu d'humeur et de l'inquiétude, mais dissimuleraient, autant qu'ils pourraient, le Sultan, par sa position particulière, ne voulant faire la guerre qu'à l'extrémité; que le khan des Tartares,327-1 chargé des pouvoirs de la Porte, devait s'ajuster avec le général russe de la frontière; qu'il y avait lieu de croire qu'à moins de quelque nouvel évènement, l'un et l'autre se relâchant de quelque chose par politique et par ordre, la conciliation se ferait, mais qu'elle ne serait que plâtrée et de peu de durée; que, quant à la cour de Vienne, elle ne désirait pour le présent encore que la continuation de la paix avec les Turcs, que ladite cour ne fut point intentionnée de la faire à présent de cette côté-là, et si les Turcs ne la commençaient; qu'à ce sujet la cour de Vienne ne laissait passer aucune occasion de témoigner toute sorte d'attention pour éviter de causer le moindre sujet de plainte à la Porte, sentant trop bien combien une guerre avec les Turcs dérangerait tous ses vastes desseins et lui deviendrait fatale.
Quant au plan général à former avec M. de Broglie pour les afffaires de Pologne, il faudra voir comment vous en conviendrez avec lui, et pour ce qui regarde les passe-ports que la cour de Dresde me demandera pour chaque envoi de monnaies en Pologne327-2 — supposé que je les refuserais, elle s'en trouverait, je crois, bien embarrassée, vu le grand détour qu'elle serait obligée de faire faire en prenant le passage par la Bohême, ce qui diminuerait considérablement le profit qu'elle retire de cette monnaie, et qu'elle ne saurait jamais faire ces transports sans les faire escorter.
Federic.
Nach dem Concept.
6331. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A LEIPZIG.
Potsdam, 12 mai 1754.
J'ai reçu votre rapport du 8 de ce mois. J'approuve parfaitement l'arrangement proposé par le comte de Broglie pour avoir et recevoir également vos lettres avec toute sûreté et diligence deux fois par semaine moyennant des exprès qui remettront vos lettres et recevront celles qui seront adressés à vous deux à moitié chemin entre Wartenberg et Varsovie. Mais, pour que cet établissement saurait être fait avec l'ordre qu'il faut, j'attends que vous m'indiquiez le nom de quelque lieu sûr entre Wartenberg et Varsovie, où, toujours moitié chemin, les courriers sauront échanger les dépêches qu'ils porteront, après quoi je ferai régler tout ce qu'il faut de ma part par le ministre de Massow à Breslau.
Au surplus, quand vous voudrez venir encore ici me parler et recevoir mes instructions de bouche, il faut bien que vous arriviez ici le 7 du mois de juin, envers quel j'espère que vous aurez fait une bonne récolte des nouvelles et des avis sur les affaires les plus intéressantes à<328> moi, par le canal connu. Il me tarde d'avoir surtout bientôt celles qui regardent la négociation du sieur Guy Dickens à Moscou touchant le contre-projet328-1 de la convention des subsides entre l'Angleterre et la Russie que, selon toutes mes conjectures, je crois être accepté par l'impératrice de Russie.
Federic.
Nach dem Concept.
6332. AN DEN ETATSMINISTER GRAF PODEWILS IN BERLIN.
Potsdam, 14. Mai 1754.
Mein lieber Geheimer Etatsminister Graf von Podewils. Wohin des Fürsten von Taxis Liebden sich gegen den Etatsmininister Graf von Gotter wegen künftiger besserer Erfüllung328-2 des zwischen Mir und ihm in anno 1722 getroffenen Weseler Postrecess herausgelassen und anheischig gemacht hat, solches werdet Ihr aus dem abschriftlich beiliegenden Bericht des letzteren mit mehrerm ersehen, und will Ich, dass Ihr das deshalb vorgeschlagene Schreiben an gedachten Fürsten auf das fordersamste dahin besorgen, auch mit gedachtem Graf von Gotter das nöthige Concert nehmen sollet, damit erwähnter Fürst wegen seiner gethanen Versprechen sogleich bei dem Worte genommen werde, auch seinen deshalb Bevollmächtigten dergestalt nach Berlin absende, damit dieser mit Anfang des kommenden Monats Juli allda eintreffen müsse und alles sodann reguliret werden könne. Ich bin Euer wohlaffectionirter König
Friderich.
Nach der Ausfertigung.
6333. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A COMPIÈGNE.
Potsdam, 14 mai 1754.
Je ne doute pas que M. de Saint-Contest ne soit informé de ce que mes lettres de Vienne m'assurent, savoir que la cour de Vienne exige avec les Puissances maritimes que la cour de Munich328-3 mette ses troupes pour le moins au nombre de 10,000 hommes, pour s'en servir, quand et où on en aurait besoin. J'en conclus que, dès que le nouveau Parlement aura pris la consistance requise, les cours alliées aux Autrichiens se développeront, et qu'on verra alors plus clair dans tous leurs projets cachés. Et bien que je sois persuadé qu'il n'y en aura rien à appréhender dans le courant de l'année présente, je crois cependant avoir tout lieu de présumer qu'à moins qu'il n'arrive quelque évènement non attendu encore, la cour susdite éclatera dans l'année qui vient ou au moins dans deux ans d'ici. Elle trahit trop ses vues et les projets qu'elle embrasse, qui ne sont autres que d'obtenir de l'argent de l'Angleterre cet hiver et de se mettre en force de tous côtés pour pouvoir l'été prochain pousser avec vigueur son plan concerté.
<329>Au reste, selon mes dernières lettres de Londres, la cour songe maintenant d'assembler le nouveau Parlement dans le mois prochain de juin, au lieu de renvoyer cette démarche jusqu'en novembre,329-1 plusieurs chefs du gouvernement ayant réfléchi que, si malheureusement le Roi venait à mourir dans cet entre-temps, le vieux Parlement reprendrait séance, vu que le nouveau ne saurait subsister légalement, et que tous frais faits pour les nouvelles élections seraient ainsi perdus. C'est pourquoi le ministère anglais avait pris en délibération s'il ne fallait convoquer le nouveau Parlement dans le mois de juin, bien que pour quelques jours seulement, afin de lui donner par là la consistance requise pour être censé subsister légalement.
Federic.
Nach dem Concept.
6334. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 14 mai 1754.
J'ai bien reçu votre rapport du 4 de ce mois. Si la cour où vous êtes se ralentit sur ses grands préparatifs de guerre, parcequ'elle ne peut sonner actuellement de la grosse cloche, c'est-à-dire disposer de l'argent d'Angleterre, il me paraît que ce qu'elle a différé, n'est pas perdu de vue, de sorte qu'elle ne voudra que gagner le temps pour entraîner l'Angleterre dans ses vues, afin de rompre alors, dès qu'elle croira avoir trouvé l'occasion. C'est pourquoi vous devez continuer d'observer avec bien de l'attention ses démarches.
Mes lettres de Londres me marquent que la cour saurait bien changer de résolution par rapport au temps d'assembler le nouveau Parlement, et le convoquer au mois de juin, bien que pour quelques jours seulement, au lieu qu'on avait résolu de ne le faire qu'au mois de novembre, parceque plusieurs chefs du gouvernement ont réfléchi que, si malheureusement le Roi venait à décéder dans cet entre-temps, ce serait alors le vieux Parlement qui reprendrait séance, le nouveau ne sachant subsister légalement, de sorte que tous frais faits à son sujet seraient perdus.
Au surplus, les susdites lettres m'assurent positivement qu'il s'en fallait bien qu'on ait songé jusqu'à présent en Angleterre à faire la moindre démarche pour réclamer les troupes bavaroises,329-2 et que, si un des papiers politiques anglais en avait parlé, c'était absolument sans le moindre fondement.
Federic.
Nach dem Concept.
<330>6335. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Potsdam, 14 mai 1754.
Après vous avoir suffisamment instruit par la dépêche ordinaire d'aujourd'hui du département des affaires de ce qui m'est revenu par des lettres de Vienne sur ce qui regarde les arrangements militaires de la cour de Vienne qui paraissent suspendus, je me borne présentement à faire mes réflexions sur la situation des affaires générales et sur ce qu'on en doit présumer par rapport à l'avenir.
Je pénètre parfaitement que, tandis que le nouveau Parlement anglais n'aura pas pris consistance, tout restera tranquille, mais, dès que ledit Parlement aura pris consistance et que la cour de Londres sera assurée de sa supériorité dans le Parlament, alors les grosses rubriques commenceront. La cour susdite commencera de parler d'un ton haut, et celle de Vienne emploiera tout, afin de voir si elle ne pourra disposer l'Angleterre de lui fournir les moyens et les subsides nécessaires, afin de pouvoir m'envelopper partout, et alors il ne faut plus douter que les troubles commenceront et que la combustion embrasera la plus grande partie de l'Europe. Il est vrai que la cour de Vienne commence peu à peu d'être intriguée sur les affaires de l'Italie et d'en appréhender les suites, de sorte qu'il est à voir encore ce que cela effectuera, et c'est pourquoi je désire aussi que vous vous appliquiez bien à approfondir bien tout ce qui se négocie en Angleterre relativement aux affaires d'Italie, afin de m'en faire souvent des rapports exacts. La seule chose qui saurait arrêter encore un nouveau feu de guerre, est que le roi d'Angleterre ne se sente pas assez de santé pour être en peine qu'il ne pourrait assez vivre pour voir la fin des nouveaux troubles.
En attendant, je me [persuade] que dans le cours de cette année-ci tout restera tranquille, parceque la grosse cloche, savoir l'argent d'Angleterre, ne saura pas sonner.
Voilà en raccourci le système que vous devez vous mettre devant les yeux afin de diriger en conséquence vos recherches et d'appliquer toute votre attention, pour me faire vos rapports à ces sujets.
Au reste, mandez-moi, s'il arrive que le nouveau Parlement s'assemble au mois prochain de juin330-1 si alors encore le roi d'Angleterre passera dans ses États d'Allemagne.
Federic.
Nach dem Concept.
6336. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
[Potsdam], 15 [mai 1754].
Je suis bien fâché, mon cher Milord, de vous avoir mis dans un assez mauvais compromis avec les cuisiniers de Paris,330-2 je vous en demande bien pardon, mais je n'en doute pas moins que vous n'en sortiez à votre satisfaction, ou plutôt à la mienne.
<331>Voici la lettre que vous me demandez pour la montrer à d'Alembert.331-1 Le trait que vous me rapportez de lui,331-2 caractérise certainement un honnête homme, et je compte qu'il sera assez discret, soit qu'il accepte ou refuse la pension, de ne le point ébruiter parmi Messieurs les beaux esprits.
Quant à vous, mon cher Milord, je dois vous dire que je ne fais le voyage de Wesel cette année, mais la prochaine; mais, s'il y a quelque chose en quoi je peux vous devenir utile, vous pouvez compter sur moi ici comme à Wésel. Quant à des conseils, je suis trop jeune et peut-être trop étourdi pour en donner à un homme de votre âge; quant à d'autres services, vous pouvez disposer de moi. Je suis bien de votre avis sur les préférences du cœur sur l'esprit, cependant il y a une espèce d'hommes qu'on traite comme de jolis perroquets, et chez ceux-là on fait plus d'attention au jargon qu'au caractère; cependant, on en est puni quelquefois, comme il me l'est arrivé avec Voltaire : ceux qui jouent avec des singes, en sont mordus quelquefois, et il y a une grande différence de faire son ami d'un homme ou de le traiter en animal caquétoire, comme dit Comines. Enfin, mon cher Milord, il est rare de trouver, comme chez vous, un heureux mélange de caractère, d'esprit et de connaissances; il est donc très naturel que je vous en estime davantage, et ce sont ces sentiments qui me rendent à jamais votre parfait ami
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
6337. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Klinggräffen berichtet, Wien 8. Mai: „M'étant douté depuis quelque temps d'une certaine réserve dans la conduite du comte d'Azelor, j'en ai parlé à M. d'Aubeterre, le priant de l'observer de plus près, parcequ'il était fort lié avec lui. Il n'y a pas manqué et s'en est aperçu pareillement, sur quoi nous avons, chacun de son côté, approfondi la chose, et il nous est revenu que le comte d'Azelor a eu pendant quelques jours d'audience de longs entretiens avec le comte Kaunitz et qu'il a dépêché du depuis un des ses valets de chambre en courrier pour Madrid, dont il a fait mystère au marquis d'Aubeterre, et c'est du depuis que nous pouvons dater nos | Potsdam, 18 mai 1754. Je ne saurais rien ajouter à ce que la dépêche ordinaire de mes ministres vous a marqué touchant le chipotage secret du comte d'Azelor,331-3 de sorte qu'en vous y renvoyant, il ne me reste que de vous dire que, comme je suis intentionné de faire ma course ordinaire en Silésie au mois de septembre qui vient, je vous parlerai à Neisse, sur quoi vous devez préparer de longue main les gens là ou vous |
remarques de sa réserve … Un autre avis m'est venu que c'est sur un courrier du comte Migazzi que ces longues entretiens entre les comtes d'Azelor et de Kaunitz ont commencé et que c'est là-dessus que le courrier a été dépêché, mais je n'oserais encore l'assurer.“ | êtes, afin qu'ils n'en prennent pas de l'ombrage mal à propos. Federic. |
Nach dem Concept.
6338. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 18 mai 1754.
Les ministres de France regrettent avec raison la mort peu attendue du sieur de La Fayardie à Varsovie, vu la confiance que tout parti bien intentionné en Pologne avait prise en lui, et qu'il y ménageait les intérêts de la France avec toute la dextérité possible. Il y en a qui croient qu'il a été empoisonné, tout comme son prédécesseur, au moins est-il à noter que tous deux ont fini inopinément peu de temps avant la convocation des nouvelles Diètes.
Le nouveau phénomène touchant le chipotage du comte d'Azelor, ministre d'Espagne à Vienne, mérite bien de l'attention; je me remets sur ceci aux amples informations que je vous en ai fait donner par la dépêche ordinaire du département des affaires étrangères.332-1
Federic.
Nach dem Concept.
6339. AN DEN GEHEIMEN RATH VON FÜRST IN WIEN.
Potsdam, 21. Mai 1754.
Fester, besonders lieber Getreuer. Mir ist Euer Bericht vom 10. dieses Monates richtig eingeliefert worden. Ob Ich schon wegen der jetzigen Mir sehr wohl bekannten Gesinnungen des wienerschen Hofes alle Ursache habe zu zweifeln, dass Ihr vor der Hand in Eurer Negociation jemalen etwas gedeihliches ausrichten werdet, so habe Ich dennoch der von Euch angeführten Ursachen halber resolviret und befohlen, dass Euch der von dem Etatsminister von Massow projectirte Tarif von Schlesien und der dahin gehörigen Grafschaft Glatz nebst der dazu entworfenen Instruction zugefertiget werden soll, damit Ihr Euch dessen zu Eurem Endzweck bedienen könnet. Dass Meine ohnveränderliche Willensmeinung ist, wie die schlesische Schuldensachen mit denen vom Tarif auf gleichen Fuss und mit einander gehen müssen, solches ist Euch zur Gnüge bekannt.332-2 Euch die Tarifs Meiner andern Provincien zuzusenden, würde überflüssig sein und nur zu inextricablen Chicanen Gelegenheit geben. Ist es dem dortigen Hofe ein wahrer Ernst etwas richtiges zu schliessen, wird sich solches bei dem projectirten schlesischen<333> Tarif zeigen, als welches von Anfange der desfalls angesteilen Negociationen halber das Hauptobjet gewesen. Wann Ihr Eure Negociation auf eine gute Art und dass der Tort davon lediglich auf dasiges Ministerium zurückfalle, rompiret haben werdet,333-1 so müsset Ihr bei Eurer Abreise von dort alle Acten wegen dieser Negociation mit Euch nehmen.
Uebrigens habt Ihr Mir zu melden, was es eigentlich auf dortigen Hof vor Impression gemachet hat, wann Ich in Schlesien par représaille alle aus denen österreichschen Erblanden nach Schlesien eingehende Waaren auf eben den Fuss impostiren lassen, wie solches in dem neuen österreichschen Tarif in Egard der schlesischen Waaren, so dahin gehen, geschehen ist.
Friderich.
Nach dem Concept.
6340. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Michell berichtet, London 10. Mai : „Je doute beaucoup et suis comme assuré qu'on ne se relâchera en rien de ce que j'ai mandé le 15 de février dernier,333-2 et, quoiqu'il conviendrait au ministère de n'avoir plus ces différends sur les bras, il ne fera cependant aucune avance làdessus, vu qu'il craindrait de désobliger le Roi par une telle démarche, et que c'est un bon prétexte pour faire goûter au Parlement les engagements que l'on prendra avec les Russes, et que d'ailleurs on n'entrera jamais dans aucun accommodement qui donne la moindre atteinte aux lois et constitutions du royaume. Par conséquence, je vois peu de probabilité qu'on puisse amener les ministres de cette cour aux conditions que Votre Majesté souhaiterait. L'espérance où l'on est que les Russes accepteront les offres qu'on leur a faites, peut à la vérité rendre ces gens-ci plus fiers, mais, comme leur premier point de vue est toujours de conserver la paix, autant qu'ils pourront, il est tout naturel de présumer qu'on sera également bien aise de se débarrasser de tout différend qui peut avoir des suites sérieuses, d'abord qu'ils pourront être ajustés sans risque vis-à-vis de la nation et que les ministres ne s'exposent pas vis-à-vis des autres puissances. Si cette affaire était de nature à pouvoir être traitée de cour à cour, le ministère proposerait plus facilement des expédients pour l'ajuster, mais, comme elle ne l'est pas, tout ce que l'on peut faire dans cette occasion, | Potsdam, 21 mai 1754. J'ai vu ce que vous m'avez marqué par le post-scriptum que vous m'avez adressé avec votre dépêche du 10 de ce mois au sujet des différends qui subsistent encore entre moi et l'Angleterre. Vous ne devez point douter de la droiture de mes intentions pour finir à l'amiable ces différends, et, pourvu que ma dignité s'y trouve sauvée, je ne prétends pas aussi de faire faire des démarches aux ministres anglais qui sauront les exposer à des inconvénients. Il n'y a que deux points sur lesquels je souhaite avoir préalablement vos explications, avant que de me décider sur les moyens que vous me proposez pour arriver au but. C'est qu'en premier lieu j'appréhende que les ministres anglais, se croyant assurés de leur supériorité dans le nouveau Parlement et voyant d'ailleurs la Russie disposée d'accepter leur contre-projet de convention de subsides,333-3 prendront à présent les choses sur un ton bien plus haut que par le passé |
c'est de sauver la dignité de Votre Majesté, sans compromettre les droits que l'on prétend avoir et les constitutions du royaume. Car pour la satisfaction en elle même, ce n'est pas le plus ou le moins d'argent qui vraisemblablement accrocherait la conclusion d'un accommodement, puisque par les sentiments modérés que Votre Majesté m'a fait connaître et que je garderai soigneusement, par-devers moi, il y aurait fort peu de chose à distribuer à Ses sujets, après avoir prélevé l'intérêt pour le restant des dettes de Silésie qu'il faudra payer en cas d'accommodement depuis le jour que l'arrêt a été mis, jusqu'à celui de l'entier remboursement, différence qu'il n'est pas juste que Votre Majesté paie de Ses offres et que l'on ne permettra jamais ici que les intéressés au fonds de la Silésie perdent. Enfin, ou il convient à Votre Majesté de chercher à finir cette affaire ou non. Si Elle Se décide pour le premier cas, Elle peut être assurée que je connais assez jusqu'où peut s'étendre la parole d'un ministre anglais pour savoir discerner si l'on pourrait tenir celle que l'on me donnerait, et que l'exemple qu'Elle a eu ci-devant au sujet de celle du lord Carteret au sieur Andrié,334-1 ne saurait être applicable au cas d'aujourd'hui. La promesse verbale que l'on pourrait me donner par accommodement, n'est point contraire aux lois. L'autre était hasardée, et si par ordre de Votre Majesté je levais jamais verbalement de Sa part l'arrêt mis sur la dette de Silésie, à condition qu'on me donnât ensuite une déclaration verbale que l'on ferait examiner sommairement sans nouveaux frais et sollicitations les prétentions des sujets de Votre Majesté, je serais autant à même de me rétracter que l'on le serait de me manquer de parole.“ | et s'embarrasseront en conséquence peu de voir applani ce différend ou non, de sorte que ce serait sans succès que de leur en faire parler. En second lieu, quelles sûretés vous croyez que je saurais avoir pour ne point être la dupe de la parole d'un ministre anglais à l'égard de la satisfaction qu'on donnera à mes sujets, en voulant examiner de nouveau leurs griefs sans nouveaux frais ni sollicitations de leur part, supposé que je fisse le pas de lever l'arrêt mis sur la dette de Silésie et me misse par là, pour ainsi dire, entièrement à la discrétion des ministres anglais s'ils [veulent] faire avoir ou non de la satisfaction à mes sujets. C'est donc sur ces deux points que vous vous expliquerez bien envers moi et de manière que j'y pourrai tabler. Au surplus, je vous demande encore le plan que vous croyez le plus propre pour entrer en matière à ce sujet et de travailler avec succès pour réunir mes sentiments avec ceux des ministres anglais, afin de parvenir au but désiré. Sur quoi, je serai bien aise d'avoir au plus tôt possible votre réponse. Au reste, quoique je convienne avec vous des bonnes raisons que le ministère anglais a eues pour assembler au mois prochain de juin le nouveau Parlement,334-2 tâchez cependant d'approfondir bien les matières qu'on voudrait y mettre en délibération, et si peut-être l'on ne couve d'autres intentions que celles que l'on fait apercevoir présentement. Federic. |
Nach dem Concept.
<335>6341. AU CONSEILLER PRIVE DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 21 mai 1754.
J'ai bien reçu le rapport que vous m'avez fait du 11 de ce mois, sur lequel je veux bien vous faire observer que, selon mes avis, les troupes de Russie en Livonie sont actuellement en marche, depuis le commencement de ce mois,335-1 pour se joindre auprès de Riga, afin de camper là en partie, comme en partie dans la Courlande, et que l'ordre a été de se pourvoir de biscuits jusqu'au vingtième et de fourrages jusqu'à la fin de ce mois, que je ne doute d'ailleurs que ces troupes feront bien des démonstrations, mais que mes lettres d'Angleterre m'assurent positivement encore que jusqu'à présent on n'a rien donné en argent à la Russie, qu'il n'était question en Angleterre d'aucun nouveau projet vis-à-vis des deux cours impériales et qu'on y attendait tranquillement que les Russes acceptent les offres qu'on leur avait faites, et qu'on n'avait nulle envie d'aller au delà et de leur faire de nouvelles propositions. Ce qui, avec d'autres circonstances encore, me fait présumer que tout restera tranquille encore, dans le courant de cette année. Quant aux fréquents courriers qui en conséquence de votre rapport viennent et partent là où vous êtes, je m'imagine que les dépêches qu'ils portent pourraient avoir plutôt pour objet les subsides qu'on s'entre-demande qu'aucune autre affaire.
Au surplus, je dois remarquer sur l'avis qui vous est revenu sur les desseins de la cour de Russie, que c'est trop pousser les conjectures que d'en vouloir [prêter] celui335-2 à la Russie de chercher chicanes à la Suède pour s'emparer de la Finlande. D'ailleurs il ne faut point croire que la Russie ait augmenté ni recruté actuellement ses troupes, vu que je sais de science certaine qu'il lui en faut 50 à 60,000 hommes, avant que de rendre complets les régiments qu'ils ont sur pied. Enfin, selon toutes les apparences, l'année présente pourra s'écouler encore tranquillement, mais, quant à l'année prochaine, je ne répondrais point qu'il n'y aura de nouveaux troubles.
Federic.
Nach dem Concept.
6342. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 21 mai 1754.
J'ai reçu le rapport que vous m'avez fait du 10 de ce mois. Je ne veux point vous laisser ignorer qu'en conséquence de mes lettres de Vienne l'on y a contremandé tous les campements qu'on avait résolu d'assembler cette année-ci en Hongrie;335-3 que la marche de six régiments de cavalerie, qui devaient passer de là en Bohême, a été également contremandée, et que ce ne seraient que les régiments allemands qui camperont en Hongrie, et qu'en Bohême et en Moravie se formeraient<336> les mêmes campements pour exercer les troupes comme l'année passée, et qu'au reste l'artillerie de campagne, pontons, dispositions pour la subsistance des troupes étaient tous contremandés. La raison qu'on en débitait, était l'économie, mais, selon moi, plutôt parceque l'Angleterre ne peut pas encore fournir des subsides.
Il en est tout différent des nouvelles que j'ai reçues de Russie, dont toutes les troupes qu'on a assemblées en Livonie, ont eu ordre de se mettre en marche avec leur artillerie de campagne dès le 1er de ce mois, pour former incessamment des camps près de Riga et dans la Courlande; l'on ajoute que la marche de ces troupes était tellement pressée que tout était actuellement en mouvement, et, comme ce corps de troupes devait être joint encore par quelques régiments de ceux qui avaient eu leurs quartiers à Pétersbourg et aux environs, l'on les ferait passer par des galères à Riga, pour être d'autant plus tôt à même de se joindre aux autres troupes. L'on débite le nombre de ces troupes à 70,000 hommes, inclusivement ce qu'on appelle les troupes irrégulières, et bien qu'on en saurait rabattre sur ce nombre, ce pourront toujours être effectives jusqu'à 40,000. L'ordre a été [donné] qu'elles devaient se pourvoir de biscuits jusqu'au 20 de ce mois et de fourrages pour un mois.
Vous ne devez pas manquer d'informer de tout ceci M. de Contest, afin de lui faire apercevoir qu'au moins ce n'est pas une bagatelle en troupes que la Russie assemble de ce côté-là et qu'il fallait voir si la cour de Vienne ne couve quelque autre plan offensif qu'elle voudrait faire éclater par la Russie, pendant qu'elle fait parade de ses sentiments pacifiques, en justifiant ses démonstrations de camps d'exercices et de précaution pour n'être pas prise au dépourvu. Néanmoins, et malgré tout ce que dessus, je suis encore du sentiment que l'année présente s'écoulera encore tranquillement; mais la grande attention que j'aurai, sera sur ce qui se passera en Angleterre au temps de l'assemblée du nouveau Parlement au mois de juin, et principalement à celui de novembre, puisque ce sera à ce temps-là que tout se développera ce qu'il y aura à craindre ou à espérer pour la tranquillité publique. Ce que vous direz également à M. de Contest.
Federic.
Nach dem Concept.
6343. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
[Potsdam], 21 [mai 1754].
Vous serez obéi, mon cher Milord, vous recevrez ce que vous me demandez; je ne saurais disconvenir que l'espérance de vous revoir m a fait hâter l'exécution de ce que vous recevrez incessamment. Je suis a present dans des convulsions militaires.
Nous avons ici le comte de Gisors, qui fait honneur à son père par la bonne éducation qu'il en a reçue; je vous prie, si l'occasion s'en présente, d'en faire un compliment obligeant à son père. Adieu, mon cher Milord, je pars pour Berlin et j'aurai encore trois semaines les<337> mêmes occupations.337-1 Je vous souhaite bonne santé et que je vous revoie, comme vous me l'avez promis.
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
6344. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Lord Marschall berichtet, Paris 13. Mai: „Quant à ce qui concerne M. de Wall,337-2 je le crois honnête homme et suis persuadé qu'il ne fera rien que ce qu'il croira être du véritable intérêt de l'Espagne. Comme il a été caressé en Angleterre, il me paraît qu'il atme le pays et qu'il voudra probablement maintenir la bonne intelligence entre cette cour et la sienne. Je ne l'ai vu que pendant quelques moments et en bonne fortune, car il ne voulut voir personne. Je n'ai point eu le temps de lui parler autant que j'aurais voulu. Je lui dis qu'étant vieux et devenant infirme, j'avais demandé à Votre Majesté la permission de me retirer, que Vous m'aviez fait la grâce de me l'accorder, et que je prendrais congé pour toujours de la politique; que, si cependant les affaires prenaient jamais un train à lui faire croire qu'il fût de l'intérêt de l'Espagne de faire une alliance avec Votre Majesté, je m'offrais de sortir de ma retraite, pour Vous en faire l'ouverture; qu'il me connaissait pour honnête homme et que j'étais si reconnaissant des bienfaits de Votre Majesté et de l'Espagne que je ne ferais jamais rien où vos deux intérêts ne se trouvassent d'accord. Que je n'accepterais point cependant la charge — trop pesante pour moi — de ministre de Votre Majesté, mais que, s'il me faisait des propositions de sa cour, j'irais les porter à Votre Majesté et que, si Vous me chargiez d'une réponse, je la porterais, vieux comme j'étais, de Berlin en Espagne, bien entendu que ce fût pendant son ministère. Il m'a paru qu'il ne pouvait pas y avoir d'inconvénient à ce que je lui ai dit, et qu'il pourrait y avoir telle occasion où Votre Majesté serait bien aise d'entrer en liaison avec l'Espagne, sans Se commettre et sans être la première à la rechercher. Ce ministre m'a paru être fort content de tout ce que je lui ai dit à ce sujet.“ | Berlin, 25 mai 1754. Je vous remercie des particularités que vous m'avez marquées par votre lettre du 13 touchant M. de Wall. J'ai trouvé très bonne l'idée que vous avez eue, en lui parlant à son passage de Paris, et suis bien aise de ce que vous avez fait penser ce ministre à une chose dont il pourra peut-être se souvenir un jour à l'avantage de sa cour et à ma satisfaction. Federic. |
Nach dem Concept.
<338>6345. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A DRESDE.
Berlin, 25 mai 1754.
J'ai reçu votre rapport du 21 de ce mois. Il n'est rien qui empêche que vous ne communiquiez en gros au comte de Broglie de quoi il s'agit dans les chipotages sur un traité de subsides entre les cours de Londres, de Vienne et de Moscou, pourvu que le canal d'où vous puisez vos avis, n'en soit pas exposé.338-1 J'attends, au surplus, avec impatience le rapport que vous me faites espérer de ce qui vous parviendra dudit canal des avis sur tout ce que j'ai d'affaires intéressantes. C'est pourquoi vous vous empresserez au possible de me contenter, de la manière la plus circonstanciée que vous pourrez là-dessus.
Federic.
Nach dem Concept.
6346. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Berlin, 26 mai 1754.
J'ai reçu votre rapport du 15 de ce mois et suis bien aise de vous dire que, quand le général de Treskow a éclairé l'avis qui lui était arrivé et que je vous ai donné tel qu'il m'était revenu,338-2 il a trouvé absolument faux ce qu'on lui avait rapporté touchant la marche de quelques régiments en Moravie, et que ce qui lui avait été rapporté comme une marche de régiments, ne fut autre chose qu'un transport de quelques centaines de recrues, qu'on envoyait de Hongrie à des régiments hongrois en Moravie.
Au reste, toutes les circonstances présentes des affaires de l'Europe me confirment qu'il n'y aura que des démonstrations pendant cette année-ci.
Federic.
Nach dem Concept.
6347. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
[Potsdam], 28 [mai 1754].
Je vous avoue, mon cher Milord, que votre lettre du 10 du mois m'a paru un peu énigmatique; il est bien difficile de comprendre des choses dont on n'est pas au fait, toutefois je suis bien aise de vous savoir hors d'embarras, sans savoir en quoi cet embarras a consisté.
Je n'ai jamais entendu nommer le sieur Gceuring dont vous me parlez, je devine bien moins comment il peut avoir besoin de moi; cependant, je m'en chargerai volontiers sur votre recommandation, dût-il m'être inutile au demeurant. Votre lettre m'a trouvé au milieu de mes<339> occupations militaires. Le comte de Gisors339-1 en a été; La Touche l'a fait veiller la nuit, et les manœuvres l'ont fait sortir de bonne heure, de sorte que ce jeune homme aurait risqué de gagner une fièvre chaude : en qualité d'ami du père, j'y ai mis le holà et je l'ai forcé à prendre du sommeil. J'ai pris un lucide intervalle pour vous écrire; je pars vendredi339-2 pour la Poméranie, le 11 pour Magdebourg, et de là j'ai encore une petite tournée à faire.339-3
J'ai vu des lettres de l'Alsace qui ne sont remplies que des tracasseries de Voltaire avec les Jésuites; je ne sais pas si cette société souffrira aussi patiemment que moi les folies et les tours que lui fait le poète. A vue de pays, il pourra en être mauvais marchand, mais ce sont ses affaires, et, Dieu merci, je n'ai plus rien à démêler avec lui.
Je compte que vous aurez à présent reçu toutes mes lettres, tant sur d'Alembert que sur la chose qui vous tient à cœur; je ne vous ai que trop bien servi, mon cher Milord, et je sens que la politique fait quelques reproches à l'amitié de ce que la dernière a travaillé au préjudice de la première; mais vous m'avez séduit, et le plaisir de vous revoir m'a fait passer sur des considérations plus essentielles. Adieu, mon cher Milord, je ne compte pas de pouvoir vous écrire avant la fin du mois, cependant mon silence ne diminuera rien à l'amitié et à l'estime que j'ai pour vous, c'est de quoi je vous prie d'être persuadé.
Fr.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig. In dorso von der Hand des Empfängers: „Du Roy 28 mai 1754.“
6348. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Potsdam, 28 mai 1754.
Votre rapport du 21 de ce mois m'a été bien rendu. Comme l'on regarde à la cour où vous êtes l'affaire de Knyphausen339-4 comme entièrement terminée, et que moi-même ne l'envisage autrement, je suis surpris qu'on ne sonne mot à présent du traité d'amitié que le Danemark voulait conclure avec moi.339-5 C'est pourquoi mon intention est aussi que, dès cette lettre vous sera parvenue, vous fassiez souvenir M. d'Ogier de cette affaire, pour entendre ses explications là-dessus.
Federic.
Nach dem Concept.
<340>6349. AN DAS DEPARTEMENT DER AUSWÄRTIGEN AEFAIREN.
Podewils und Finckenstein überreichen, Berlin 27. Mai, das von dem Chevalier de La Touche mitgetheilte Project zu einem Ausgleiche zwischen dem Grafen und der Gräfin Bentinck.340-1 „Nous nous proposons de communiquer ce projet à la comtesse de Bentinck, de demander en même temps une réponse catégorique de sa part, et, pour obvier à toutes les nouvelles chicanes, qu'elle ne manquera pas de faire, nous y ajouterons, si Votre Majesté le permet, qu'Elle nous a donné un ordre exprès de n'entrer dans aucune correspondance ou discussion ultérieure avec elle sur le fond de l'affaire ni de bouche ni par écrit, Votre Majesté étant fermement résolue de S'en tenir aux arrangements pris par la cour de France et de retirer Sa sauve-garde340-2 sans perte de temps. Zur Sicherstellung der Schuldforderungen preussischer Staatsangehöriger an die Gräfin Bentinck für den Fall der Verwerfung des Ausgleichs durch die letztere geben die Minister anheim, von dem dänischen Hofe die Zusage zu fordern, dass in diesem Falle der Graf Bentinck alsbald nach der Zurückziehung der preussischen Sauvegarde jene Gläubiger befriedigen wird. | Potsdam, 28. Mai 1754. Recht gut, und die Sauvegarde wird dann retiriret, sie unterschreibe es oder nicht. |
Mündliche Resolution. Nach Aufzeichnung des Cabinetssecretärs.
6350. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION HELLMUTH- BURCHARD DE MALTZAHN A STOCKHOLM.
Potsdam, 28 mai 1754.
J'ai bien reçu votre rapport du 17 de ce mois. Je souhaiterais bien que le bruit que vous accusez qu'on équiperait en Suède une petite escadre pour croiser, afin d'exercer leurs gens de marine dans la manœuvre, se vérifiât, pour en imposer aux Russes, qui vont au même manœuvre.340-3
Au surplus, je ne doute nullement que, si l'on négocie en Suède sur le renouvellement du traité avec la France,340-4 cette négociation ne soit bientôt achevée et le renouvellement du traité fait et conclu.
Federic.
Nach dem Concept.
<341>6351. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Potsdam, 28 mai 1754.
Le rapport que vous m'avez fait du 17 de ce mois, m'a été fidèlement rendu, au sujet duquel je suis bien aise de vous faire observer que, selon de bons avis que j'ai,341-1 la cour de Vienne n'est du tout contente de la situation où se trouvent actuellement les affaires de l'Europe, qui ne lui paraissent point conformes à ses désirs, et qu'un de ses ministres principaux341-2 a témoigné à un de ses confidents que sa cour se trouvait bornée dans tous ses projets par ceux qui devaient lui fournir les moyens pour l'exécution.
Quant à ce qui regarde la Russie, j'ai appris que les démonstrations vont là à grand train, qu'on assemble le corps de troupes en Livonie, pour les faire camper autour de Riga et dans la Courlande, et que 50 galères ont été équipées pour aller à Riga. Quoique je n'ignore pas que ce ne sont que des ostentations toutes pures, j'ai cependant lieu de m'en étonner par la raison que je [ne] saurais comprendre d'où le ministère de Russie tire les fonds qu'il faut à cela, vu que la Russie manque absolument des moyens d'y fournir et que l'Angleterre n'a pas encore contribué du sien.
Au surplus, je veux bien vous dire pour votre direction que je suis informé présentement avec certitude que les ministres de Russie ne sont nullement contents des subsides que l'Angleterre leur a offerts, et que le courrier que Guy Dickens a envoyé en dernier lieu par Vienne à Londres, y porte un contre-projet que les ministres de Russie lui ont donné en échange de celui que le premier avait présenté de sa cour,341-3 en conséquence duquel la Russie demande jusqu'au double en subsides, tant en temps de paix qu'en guerre, de ce que l'Angleterre a offert.
Federic.
Nach dem Concept.
6352. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 28 mai 1754.
J'ai bien reçu votre dépêche du 18 de ce mois. Je ne doute plus que vous ne puisiez dans de bonnes sources ce que vous me marquez de nouvelles dans vos rapports, puisqu'elles sont confirmées et avérées, par la plus grande part des avis qui m'entrent par de très bons canaux. Nous voilà à la veille de voir ouvrir le nouveau Parlement en Angleterre, que le roi de la Grande-Bretagne fera par commission, ne voulant pas se donner la peine de s'y rendre d'abord et dans la circonstance où il ne s'agit341-4 que de donner au nouveau corps la consistance<342> qu'il faut, outre que le Conseil anglais a trouvé ce biais afin d'éviter par là que le Roi n'y fasse d'harangue ni parle d'affaires.
Au surplus, je suis parfaitement persuadé qu'il n'y aura point de troubles cette année-ci, quoique apparemment les ostentations ne manqueront pas, surtout du côté de la Russie; mais ce ne seront aussi que des démonstrations à pure perte, vu que j'ai appris de très bonne main que, bien qu'on ait rassemblé en Livonie ce qu'on a pu de troupes, qu'on fait marcher à Riga pour en former là un camp, et l'autre en Courlande, où l'on fait aussi marcher les troupes irrégulières — il s'en faut cependant beaucoup que toutes ces troupes sauraient opérer, quand même l'on serait d'accord sur les subsides à payer par l'Angleterre, ces troupes sans chef, et la désunion qui règne entre les généraux qui les commandent, est grande. D'ailleurs, elles manquent du nécessaire pour opérer, la plupart des canons qu'on a sont sans affûts, les régiments incomplets, les vivres, les ammunitions, le charriage de campagne, enfin bien des choses qu'il faut pour mettre en mouvement les troupes, leur manquent absolument. Et comme les eaux et les glaçons de la Duna ont ruiné considérablement les fortifications de Riga, jusqu'à en emporter des bastions entières, l'on se croit mal assuré de retraite, en cas qu'on voudrait entreprendre quelque chose de conséquence.
Federic.
Nach dem Concept.
6353. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Potsdam, 30 mai 1754.
Par ma dernière dépêche, à la date de 28 de ce mois, je vous avais informé combien il s'en fallait que les ministres de Russie voudraient modérer leurs demandes qu'ils avaient faites dès le commencement de la négociation que le sieur Guy Dickens avait entamée par rapport à un traité de subsides avec la Russie.
Comme du depuis j'en ai eu des informations plus précises,342-1 je veux bien vous en faire communication, quoique sous le sceau du secret lé plus absolu et avec défense expresse de ne vous en servir que pour votre direction seule, sans faire rien apercevoir à qui que ce soit; savoir qu'après plusieurs conférences qu'il y a eu entre les ministres de Russie et entre le sieur Guy Dickens, dont les premiers ont fait leur rapport à leur souveraine, l'impératrice de Russie a fait signifier à ses ministres sa dernière résolution sur l'affaire des subsides, laquelle a été communiquée le 8 d'avril342-2 dernier au sieur Guy Dickens comme un ultimatum, en forme de mémoire que les ministres de Russie lui ont délivré avec un nouveau contre-projet,342-3 en conséquence duquel, au lieu<343> des 300,000 livres sterling que l'Angleterre avait offertes par an, dans le cas que les troupes de Russie marcheraient effectivement aux opérations de guerre,343-1 l'on y insiste sur la somme de 500,000 livres par an, outre les provisions à fournir gratuitement dans les pays neutres, et, pour l'attente, tandis que la paix durerait, la somme de 200,000 livres pour chaque année, que les ministres anglais avaient offertes, en conséquence de leur contre-projet, une fois pour toutes,343-2 pendant les quatre ans que le traité durerait.
Comme apparemment le courrier qui a porté les dépêches du sieur Guy Dickens à ce sujet,343-3 sera déjà arrivé à Londres, il ne vous sera pas tout-à-fait difficile, à ce que je crois, de vous orienter sur la résolution que les ministres de la cour où vous êtes prendront sur les prétentions énormes de la part de la Russie, qui apparemment doivent faire échouer cette négociation ou donner au moins lieu à bien des contestations encore entre eux et le ministère de Russie, que la cour de Vienne tâchera d'appuyer au possible.
En attendant que vous sachiez me donner des informations précises là-dessus, je serais bien aise que vous me marquiez au plus tôt votre sentiment, selon la connaissance que vous avez des affaires de ce pays-là, si vous croyez que le ministère anglais saurait bien se prêter aux demandes de Russie ou quel parti il prendra sur ce sujet.
Federic.
Nach dem Concept.
6354. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 30 mai 1754.
Les deux courriers qui étaient prêt„s à partir, l'un pour Pétersbourg et l'autre pour Londres, quand vous me fîtes votre rapport du 22 de ce mois, auront été apparemment chargés des dépêches relatives aux grandes différences qu'il y a, encore entre les ministres de Russie et de l'Angleterre par rapport au traité de subsides que le sieur Guy Dickens a négocié jusqu'ici, et dont je vous ai assez informé à son temps343-4 que la cour de Vienne voudra tâcher de concilier. Car je veux bien vous communiquer, quoique sous le sceau du dernier secret et avec ordre de n'en rien faire apercevoir à qui que ce soit, que je suis informé de très bon lieu qu'il s'en faut bien que la Russie se veuille contenter de la somme modique des subsides que l'Angleterre lui avait offerte comme son ultimatum; bien au contraire, après bien des conférences qu'il y a eu entre les ministres de Russie et le sieur Guy Dickens, et le rapport qu'on en a fait à l'impératrice de Russie, celle-ci a fait signifier au commencement du mois d'avril passé à son ministère sa dernière résolution, en conséquence de laquelle on a présenté dans une conférence<344> tenue le 8 d'avril344-1 au sieur Guy Dickens un mémoire par écrit, avec un nouveau contre-projet, comme un ultimatum, selon lequel, au lieu de 300,000 livres sterling que l'Angleterre avait offertes par an, dans le cas que les troupes russiennes marcheraient et agiraient effectivement, on y insiste sur la somme de 500,000 livres, outre les provisions à livrer dans des pays neutres, et, pour l'attente ou pour des Wartegelder, dans un temps de paix, la somme de 200,000 livres par an, que l'Angleterre avait offerte une fois pour toutes,344-2 pendant les quatre ans que le traité durerait.
Voilà apparemment ce qui a été le sujet du mécontentement de l'Impératrice-Reine et de son ministère, dont vous m'avez fait mention par vos dépêches antérieures, et ce qui a causé l'envoi des courriers susdits, et cette grande disproportion entre les offres et les demandes des deux parties, me fait présumer, je crois avec raison, ou que toute cette négociation échouera, ou qu'au moins il y aura bien des contestations entre les ministres des deux côtés, avant qu'on se réunira des sentiments et des vues.
Au reste, on vient de me marquer qu'à Vienne le crédit du maréchal de Neipperg doit bien augmenter depuis la mort de la comtesse de Fuchs, au lieu que celui du général Léopold Daun va en diminuant, et que le premier rejette tout ce que l'autre a porté et soutenu en fait de guerre. L'on ajoute d'ailleurs que, par ordre de l'Impératrice-Reine, le maréchal Neipperg était actuellement occupé à travailler secrètement sur deux plans d'opération de guerre, qu'il donnerait par écrit, et qu'il se flattait qu'en cas de guerre il saurait bien avoir sous ses ordres une armée.
J'ai bien voulu vous communiquer ces avis afin de vous mettre sur la voie de vous en orienter et de me marquer ce qui en pourrait être vrai ou non, avec d'autres circonstances dont vous vous aurez aperçu à ce sujet.
Federic.
Nach dem Concept.
6355. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A DRESDE.
Potsdam, 31 mai 1754.
La dépêche que vous m'avez faite du 25 de ce mois, m'a été fidèlement rendue, par laquelle j'ai vu avec bien de la satisfaction ce que vous m'avez marqué au sujet de la situation présente de la négociation du sieur Guy Dickens à Moscou et d'autres nouvelles de Russie.344-3 Rien ne me fera plus de plaisir que d'avoir en main les copies des pièces authentiques que vous me faites espérer encore, et c'est aussi en conséquence que vous tâcherez d'en être pourvu, au moins avant votre départ de Dresde pour arriver ici.
<345>Au reste, selon mes lettres de Vienne, il faut sans doute qu'il [y] ait quelque négociation entre les cours de Vienne et de Dresde, vu les fréquentes conférences secrètes qu'il y a entre le comte Flemming et celui de Kaunitz, dont rien ne transpire, mais qu'on présume avec vraisemblance rouler sur un mariage du prince Xavier avec l'aînée des archiduchesses.345-1
Federic.
Nach dem Concept.
6356. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Potsdam, 31 mai 1754.
J'ai bien reçu le rapport que vous m'avez fait du 20 de ce mois. Bien que je souhaite à la France tout le succès désirable dans les affaires qui la regardent, je verrai cependant avec bien de la tranquillité ce qui se passe aux Indes orientales, pourvu que tout reste tranquille en Angleterre. Au reste, je veux bien vous dire, quoiqu'encore pour votre seule direction, que la négociation du sieur Guy Dickens à Moscou ne va point au gré du ministère anglais, et qu'au lieu que les ministres de Russie devraient se contenter de la somme des subsides que l'Angleterre leur a fait offrir, ils prétendent au double et plus, comme un ultimatum, de sorte qu'il reste à voir à présent de quelle manière les ministres de la Grande-Bretagne s'en accommoderont.
Federic.
Nach dem Concept.
6357. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Stargard, 4 juin 1754.
Je suis bien content de votre rapport du 24 de mai dernier, et je vous remercie de ce que vous avez contenté ma curiosité touchant les émotions qu'il y a eu en Irlande.345-2 Pour ce qui regarde l'affaire des subsides, comme j'apprends que la Russie ne voudra rien rabattre des fortes sommes qu'elle demande, et que l'Angleterre ne croit point être pressée de lui accorder, cela me fait présumer que, pourvu que l'Angleterre ne voudra pas se prêter auxdites demandes de la Russie, toute la négociation en question pourra bien s'en aller en l'air cette fois-ci.
Federic.
Nach dem Concept.
6358. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Stargard, 4 juin 1754.
J'ai reçu votre rapport du 24 de mai dernier. Je ne saurais vous marquer présentement d'autres nouvelles, sinon que, selon toutes les<346> apparences, le traité de subsides qui a été sur le tapis à Moscou entre l'Angleterre et la Russie, manquera, vu que cette dernière prétend avoir de fortes sommes en subside, et que l'Angleterre continue de n'avoir nulle envie de lui en donner, ni ne marque aucun empressement pour finir la négociation entamée à ce sujet.
Federic.
Nach dem Concept.
6359. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 8 juin 1754.
La dépêche que vous m'avez faite du 29 du mois dernier, m'a été bien rendue. Je n'ignore pas jusqu'où va le nombre entier des forces de Russie; tout au contraire, je sais parfaitement bien qu'au lieu de 100,000 hommes qu'on le suppose à Vienne, il va, tout compté en troupes régulières et irrégulières, au delà de 180,000 hommes; malgré cela, je sais aussi que tout ce que la Russie saurait assembler de ses troupes sur mes frontières, ne pourra jamais monter au delà de 60,000 hommes. Au surplus, je vous renvoie à mes dépêches antérieures par lesquelles je vous [ai] instruit combien la Russie est éloignée de vouloir accepter le contre-projet de la convention de subsides du ministère anglais, de sorte que le sieur Guy Dickens, comme je le sais de très bonne main,346-1 a déclaré d'abord aux ministres de Russie, quand ils lui ont présenté leur contre-projet au contre-projet anglais, qu'il ne s'en chargeait que pour l'envoyer simplement à sa cour, mais qu'il regardait, dès alors, la négociation comme rompue.
Federic.
Nach dem Concept.
6360. AN DEN GEHEIMEN RATH VON FÜRST IN WIEN.
Potsdam, 8. Juni 1754.
Ich habe Euer Schreiben vom 29. vorigen Monates wohl erhalten und bin von dessen Einhalt so wie auch von dem Plan, welchen Ihr Euch gemachet, um Eure aufhabende Negociation weiter zu tractiren und auf eine oder die andere Weise zur Endschaft zu bringen, überall wohl zufrieden gewesen.
Ich wünsche sehr, dass diejenige Erhöhung derer Imposten, zu welcher Ich auf die aus denen österreichischen Erblanden nach Schlesien gehenden Waaren resolviren müssen,346-2 von der gehofften guten Wirkung sein möge, allermaassen Ich gar wohl einsehe, dass durch jen- und diesseitige Erhöhung solcher Imposten nichts anders herauskommen<347> kann, als dass beiderseitige Unterthanen darunter leiden und in ihrem mutuellen Commercio zum höchsten bedrücket werden. Da Ich aber Meines Ortes so späte, als es möglich gewesen, zu dieser an sich Mir Selbst sehr ohnangenehmen Resolution geschritten bin, so justificiret Mich solches bei dem Publico, dass wenigstens die Schuld wegen aller daher entstehenden schlechten Folgen vor beiderseitige Unterthanen Mir nicht beizumessen ist, da man mit denen dortigen Leuten auf keine andere Art als diese eine Negociation tractiren kann.
Friderich.
Nach dem Concept.
6361. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Lord Marschall berichtet, Paris 27. Mai: „Le bruit a couru, il y a huit jours, que M. de Belle-Isle remplacera M. de Saint-Contest. Le même bruit se renouvelle encore. M. de Belle-Isle parle de M. de Saint-Contest avec grand mépris de ses talents. Les siens sont sans doute bien supérieurs, mais je ne sais pas si l'appui du maréchal de Noailles et du garde des sceaux347-1 ne sera pas suffisant pour maintenir M. de Saint-Contest.“ | Potsdam, S juin 1754. J'ai reçu votre dépêche du 27 du mois dernier, au sujet de laquelle je n'ai présentement qu'à vous répondre que, si le bruit qui, selon vous, a couru depuis [huit jours] par rapport à M. de Belle-Isle, se vérifiait, je crois qu'au moins mes intérêts n'y perdraient Federic. |
Nach dem Concept.
6362. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION HELLMUTH- BURCHARD DE MALTZAHN A STOCKHOLM.
Potsdam, 8 juin 1754.
Vos rapports du 24 et du 28 du mois dernier m'ont été fidèlement rendus. J'ai été sensiblement touché de l'accident qui est arrivé à la Reine, dont j'ai été d'autant plus surpris, puisque, selon votre rapport du 21, je ne croyais son indisposition que légère et qui ne laissait craindre des conséquences. De plus, je ne sais que sentir du jugement que les médecins ont porté sur cet accident fâcheux, ni ne comprends pas ce qu'ils veulent dire, qu'une femme n'aurait pu porter son fruit au terme qui, avant le dernier accident, en a mis au monde tant d'autres; enfin, j'aurais été bien aise que vous vous fussiez un peu plus étendu sur les circonstances qui ont fait donner aux médecins dans le susdit sentiment. Mais comme, grâce au Ciel, tout le péril est passé et que ma sœur se porte bien, vous ne devez point perdre la première occasion qui s'y offrira pour faire un compliment convenable et de plus affectueux de ma part à ma sœur sur son heureux rétablissement.
Federic.
Nach dem Concept.
<348>6363. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Potsdam, 9 juin 1754.
Pour vous répondre à votre dépêche du 1er de ce mois, je me borne simplement aux réponses que je vous ai faites consécutivement en dernier lieu, et j'y ajoute, concernant le prétendu voyage que ferait le roi d'Angleterre encore pendant le courant de cette année-ci dans ses États d'Allemagne, que les bruits qui en courent, ne se fondent que sur des conjectures hasardées des gazetiers, et que vous pouvez être assuré qu'ils sont absolument faux.
Federic.
Nach dem Concept.
6364. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Potsdam, 9 juin 1754.
Votre rapport du 28 de même, que celui du 31 de mai dernier, me sont bien entrés. Quant à la situation où se trouve présentement la négociation des subsides en Russie, les avis qui vous sont entrés làdessus, se trouvent être parfaitement conformes à ceux qui m'en sont revenus d'autre part encore, et il y a toute apparence que cette négociation, en cas qu'elle n'échoue entièrement, ne laissera cependant que de tramer fort en longueur et de rester dans un état de suspens et d'incertitude.
Quoi qu'il en soit, vous serez fort attentif afin de savoir le résultat du ministère anglais sur les dépêches apportées à Londres par le courrier du sieur Guy Dickens, après quoi vous ne laisserez pas de m'en informer avec beaucoup d'exactitude, me référant d'ailleurs à cet égard à mes dépêches antérieures qui y sont relatives.
Federic.
Nach dem Concept.
6365. AU CONSEILLER DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.
Magdebourg, 10 juin 1754.
Supposé que milord Maréchal d'Écosse se fut déjà tout-à-fait congédié à la cour où vous êtes ou qu'il se fût même déjà mis en chemin pour retourner ici, quand l'exprès que je lui ai adressé avec la dépêche ci-close348-1 y arrivera, mon intention est qu'alors vous ouvriez le paquet que je lui ai adressé, que vous en fassiez l'usage tel que je lui ai prescrit, et que vous vous régliez bien exactement sur tout ce que je lui ai ordonné dans ma dépêche.
Federic.
Nach dem Concept.
<349>6366. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Magdebourg, 11 juin 1754.
J'ai bien reçu, Milord, toutes les dépêches que vous m'avez faites du 31 dernier et du 3 de ce mois, avec celles que vous y avez jointes de la part du sieur de Knyphausen.
Comme il m'est entré en attendant des précis bien intéressants et authentiques par un très bon canal concernant la négociation des subsides pécuniaires que le sieur Guy Dickens a traitée jusqu'à présent avec les ministres de Russie à Moscou, j'ai bien voulu vous envoyer ci-clos des copies très fidèles du contre-projet que les ministres de Russie ont présenté, dans une conférence tenue à ce sujet avec le sieur Guy Dickens, comme l'ultimatum de l'Impératrice, auquel je fais joindre un promemoria comprenant le précis de ce qui s'est passé sur ce sujet.
Mon intention est que vous devez d'abord chercher l'occasion d'avoir une conférence secrète avec M. de Saint-Contest et de lui communiquer alors, après avoir tiré de lui les assurances qu'il me garderait le secret le plus religieux envers qui que ce soit de cette confidence, les pièces susdites, que vous lui laisserez lire tout à son aise et même relire, autant de fois qu'il le désirera, en votre présence, sans cependant les laisser après entre ses mains, ni permettre qu'il en tire copie ou extrait, uniquement par des raisons indispensables qui m'y obligent pour ne point hasarder un canal qui pourra toujours m'être utile pour communiquer à la France des découvertes de la dernière importance. Vous lui direz d'ailleurs que, comme il s'en apercevrait que, [vu] la somme des subsides que la Russie exigeait en ultimatum de l'Angleterre, et que celle-ci ne voudrait apparemment point lui accorder, je croyais avoir tout lieu de me flatter que cette négociation, sur laquelle la cour de Vienne avait mis tout son espoir pour parvenir à ses vues et ses grands projets, échouerait et irait en fumée.
Après vous être acquitté de cette commission et repris les pièces en question, ma volonté est que, pour n'avoir rien plus à craindre, pour l'avenir, du secret de ces confidences, tout comme de celles par rapport aux autres pièces relatives à cette négociation et que vous avez gardées, en conséquence de mes ordres précédents, sous votre clef, vous devez les brûler toutes ensemble par vos propres mains, de sorte qu'il n'en reste aucune entre vos papiers après votre départ de Paris; circonstance que je trouve absolument nécessaire pour me rassurer sur le secret.
Au reste, je serais bien aise que vous me fassiez votre rapport, par le même exprès qui vous portera cette dépêche, sur tout ce que M. de Saint-Contest vous a répondu à ce sujet.
Federic.
<350>Précis de ce qui s'est passé à l'égard du contre-projet qui a été remis par les deux chanceliers de Russie au ministre anglais Guy Dickens.
Ledit sieur Guy Dickens ayant été invité par les susdits chanceliers à une conférence le ier du mois d'avril dernier, on lui [a] d'abord communiqué la résolution finale de l'Impératrice par rapport à la négociation des subsides, au moyen du contre-projet en question et d'un mémoire par écrit350-1 qu'on a donné formellement et ministérialement au sieur Guy Dickens, dont voici la substance.
»Qu'on n'avait manqué de faire rapport à l'Impératrice du contenu de l'écrit que M. Guy Dickens avait lu dans la conférence du 22 du novembre passé, en remettant au ministère de Russie le contre-projet de sa cour,350-2 en réponse au projet et promemoria qui lui avaient été consignés de la part de celle-ci dans la conférence du 28 juin passé.350-3 Qu'avant que d'entrer en discussion de ce contre-projet, on faisait remarquer à l'envoyé anglais que, si, on avait consenti à prendre ledit écrit ad protocollum, ç'avait été uniquement par une suite de facilité, que l'on avait apportée à cette négociation dès son commencement, autrement M. l'Envoyé ne saurait pas ignorer que tous les ministres étrangers résidants à la cour de Russie étaient obligés de donner des promemoria, toutes les fois qu'ils avaient quelque chose à négocier à ladite cour, usage qui s'était observé même dans les affaires de moindre importance et dont on ne voudrait pas se départir, d'autant moins que c'était un expédient le plus propre à éviter tout mésentendu.350-4
»Que, pour ce qui regardait le contre-projet, on était obligé d'avouer que l'on ne s'était attendu à aucun, moins encore à un semblable à celui-ci. Car, après que l'Impératrice, sur la demande du roi d'Angleterre, n'avait pas hésité un moment de reconnaître le casas fœderis, s'il était attaqué du roi de Prusse, et de se prêter à prendre conjointement avec Sa Majesté Britannique les mesures capables d'arrêter une pareille entreprise et de prévenir la rupture générale de la paix en Europe, et après que l'Impératrice, pour répondre à la confiance que le roi d'Angleterre avait mise en son équité et justice, laissant à sa générosité de régler toutes les conditions qui devaient servir de base à un si grand ouvrage, lui avait non seulement fait découvrir toutes ses intentions les plus intimes à cet égard, mais, sans y attendre même sa réponse, avait d'abord ordonné de faire tous les préparatifs, aussi nécessaires que coûteux, de sorte qu'on n'aurait que les mettre en exécution, si le cas existait : qu'après toutes ces démarches on avait eu lieu d'espérer que le zèle que l'Impératrice avait témoigné dans cette occasion pour les intérêts du roi d'Angleterre, serait dûment reconnu par un prompt consentement à toutes les conditions que sa générosité<351> lui avait fait dicter. Qu'il n'était pas nécessaire de montrer la grande différence qu'il y avait entre ledit contre-projet et entre le projet de la Russie, l'Envoyé n'ayant pas pu s'empêcher de l'avouer lui-même dans son écrit ci-dessus mentionné; qu'ainsi le ministère de Russie avait ordre de faire seulement sentir à l'Envoyé, par le présent promemoria, que cette seule différence aurait pu servir de puissant motif pour rompre entièrement la négociation. Que cependant l'Impératrice, pour donner une nouvelle preuve de son désintéressement et que ce n'était pas l'acquisition de quelques subsides, mais le pur zèle pour les intérêts du roi d'Angleterre qui l'avait portée à embrasser des engagements d'une si grande conséquence, avait bien voulu par un effet de condescendance consentir à un contre-projet ultérieur tel qu'il était joint.
»Que l'Envoyé se trouvant sur le lieu et à pouvoir juger par sa propre connaissance combien avaient déjà coûté et coûteraient encore tous ces arrangements que l'Impératrice avait pourtant fait faire uniquement en faveur du roi d'Angleterre, ledit Envoyé verrait par ce contre-projet si on avait pu faire davantage pour prouver la sincère amitié d'une alliée. Qu'ainsi ce contre-projet était un ultimatum, et qu'on avait ordre de faire savoir à l'Envoyé que la moindre objection propre à différer la consommation de ce grand ouvrage et la moindre restriction qu'on ferait de ce que la cour de Russie demandait en réciproque par ce contreprojet, ne servirait qu'à rompre pour toujours cette négociation, et qu'on serait alors obligé à présumer que la cour britannique, par tout ce qu'elle en avait fait proposer, n'avait cherché que de sonder les dispositions et de découvrir les sentiments de l'Impératrice à l'égard du roi de Prusse. Que l'expérience du passé semblait confirmer ces conjectures; que l'Envoyé ne saurait ignorer ce qui était arrivé dans les précédentes négociations de son prédécesseur Hyndford, qu'après que tout fut réglé pour la marche des troupes russiennes au secours des Puissances maritimes,351-1 on en avait arrêté tout d'un coup l'exécution, sous prétexte que la saison était déjà trop avancée, quoique cette marche eût alors été à tous égards avantageuse auxdites puissances, et qu'il n'y eût été que la cour de Russie qui en aurait souffert l'inconvénient. Qu'on n'entrait pas dans la recherche des raisons qui avaient pu faire différer cette marche, mais qu'on remarquait seulement que, si ce n'avait été que pour épargner les subsides d'une année ou plutôt de quelques mois, l'évènement avait justifié que les Maritimes y avaient beaucoup plus perdu qu'épargné, vu que la paix accélérée de quelques mois plus tôt vaudrait bien les subsides de plusieurs années. Qu'en tout ceci l'Impératrice n'avait regretté que d'avoir vu les mesures les mieux concertées rester sans effet, et que les Maritimes n'avaient pas su profiter de ses sentiments vraiment amiables et toujours dignes à une si grande souveraine.
<352>Qu'outre cela ses sentiments étaient tels qu'il ne saurait qu'à lui être glorieux de les faire connaître à tout le monde, mais qu'il ne pourrait être de même pour ses alliés. Que la moindre connaissance qui en parvenait aux cours mal intentionnées, y mettait l'alarme et qu'elles prenaient d'abord toutes leurs précautions au grand désavantage de leurs adversaires, tantôt déclarés tantôt présumés, tandis que ceux-ci restaient jusqu'au dernier moment indécis à prendre des résolutions, qui les mettraient pourtant à l'abri de toute insulte et les couvriraient de gloire. Qu'on se flattait que, dans le cas présent, on procèderait tout autrement et éviterait par là de confirmer les opinions désavantageuses que le procédé passé avait fait concevoir. Que c'était dans cette attente que l'on ferait une levée de 60,000 recrues, pour s'acquitter de la promesse donnée au roi d'Angleterre par le promemoria du 28 de juin passé, d'augmenter ses armées de ces 60,000 hommes, bien que l'Impératrice n'y avait d'autres motif sinon la bonne volonté d'être plus utile à ses alliés, nonobstant que cette [promesse] ait été donnée seulement au cas que l'Angleterre consentît aux propositions contenues dans le projet de convention joint au promemoria que l'on venait de citer.
»Que l'on se rapportait d'ailleurs au contenu de ce même promemoria, qui prouvait suffisamment que, quand même le roi d'Angleterre aurait accordé le million d'écus de Hollande demandé par le premier projet, il n'y en aurait pas beaucoup de reste, mais que, si l'on soustrait ce qui manque à 200,000 livres sterling pour faire un million d'écus de Hollande, il serait encore à savoir si le restant pouvait suffire aux seuls frais de l'entretien des troupes, sans faire mention [de] ce que leur marche et leur séjour actuel sur les frontières avait déjà coûté. Que, quant à la marche effective des troupes, l'Envoyé reconnaîtrait l'impossibilité où se trouve l'Impératrice de faire, par rapport à cet article, quelque chose de plus qu'il n'en est pas dit dans le ci-joint contreprojet, qu'elle s'était déjà désistée de la plus grande partie du premier projet, qu'elle se charge de toute la subsistance de ce gros corps de troupes, tant par terre que par mer, et de fournir l'artillerie nécessaire, bien que les vaisseaux anglais qu'on enverrait dans la Baltique, pouvaient aussi la fournir très aisément, surtout pour une descente des galères. Que, de plus, l'Impératrice avait considérablement diminué la somme des subsides et, au lieu de trois millions d'écus de Hollande demandés par le premier projet, n'en demande que 500,000 livres sterling, de sorte qu'elle même consentait à des subsides beaucoup moindres de celles que les Maritimes avaient payés en vertu de la convention de 1747, et qu'elle avait lieu d'être étonnée d'entendre que la même puissance qui autrefois avait volontiers payé 300,000 livres sterling pour un corps de 30,000 hommes, et qui outre cela s'était chargée de tout son entretien et subsistance, et cela dans un temps qu'elle avait d'autres dépenses excessives à faire et que ledit corps joignait aux autres<353> troupes alliées pour partager avec elles leurs travaux, actions et dangers, voulait à présent avoir pour les mêmes 300,000 livres un corps de 55,000 hommes, lequel seul devait faire une puissante diversion par terre et par mer et s'entretenir à ses propres dépens. Qu'on était bien éloigné de mettre en parallèle la cour de Russie avec celles de Copenhague et de Dresde, que cependant l'Angleterre avait offert en dernier lieu au Danemark 50,000 livres sterling pour 6,000 hommes et payait actuellement à la Saxe 60,000 livres,353-1 pour qu'elle tienne prêts 6,000 hommes à son service. Que l'Impératrice ne cherchait que sa gloire, en voulant être utile à ses alliés, qu'en contre il était juste qu'elle soit aidée dans de si grandes dépenses, surtout qu'elles se font en cette unique vue, parceque son Empire était dans une situation de n'avoir rien à craindre.
« Apres quoi, il ne restait