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l'Angleterre, du moins cette année; que le comte Holdernesse lui avait même confié que le roi de Prusse avait fait déclarer par Madame la duchesse de Brunswick qu'il ne prendrait aucune part à la guerre prête à s'allumer entre la France et l'Angleterre, à moins que la conduite de la dernière et de ses alliés ne l'obligeât de prendre les armes. Le comte Flemming croit que les ministres hanovriens devaient avoir vérifié cette déclaration par d'autres indices et des rapports venus d'ailleurs, parceque du temps de la visite de Madame la Duchesse,1 ils n'avaient pas paru d'abord avec la même liberté d'esprit et de contenance qu'à présent. Qu'en attendant la sérénité et l'indifférence de ces ministres, dont la physionomie n'avait porté auparavant que des impressions de terreur et de mélancolie, avaient donné de violents soupçons au comte Colloredo que la Prusse ne fût en pourparlers avec l'Angleterre: soupçons que les lettres de Hollande2 et les discours que le public tenait à Hanovre, qu'il n'y avait pour cet électorat d'autre ressource à espérer que dans l'amitié de Sa Majesté Prussienne, semblaient confirmer; que toutes ces circonstances, jointes au bon accueil qu'on faisait à Hanovre au baron d'Asseburg, qu'on savait être fortement attaché à Sadite Majesté,3 malgré la haine qu'on lui avait toujours portée, avaient tellement alarmé le comte Colloredo qu'il avait été sur le point de faire passer par un rapport vif tous ses ombrages à sa cour, mais que, s'étant éclairci sur ses appréhensions, aussi bien que lui, comte Flemming, avec le comte Holdernesse et M. de Münchhausen, ces ministres les avaient assurés que, malgré les procédés peu amiables de la cour de Vienne, Sa Majesté Britannique n'avait aucunement varié dans ses principes, étant intentionnée plutôt de s'en tenir à l'ancien système; à quoi, le comte Holdernesse a ajouté qu'eux s'en tiendraient envers le roi de Prusse aux simples termes de ménagement et de précaution auxquels la situation de l'Hanovre les obligeait, et que, quand même les ministres hanovriens auraient voulu aller plus loin, il s'y serait sûre-

sujets débitaient là, continuassent encore, afin que tout soit égal entre nous. Il faudra, d'ailleurs, que les impôts de transit qu'on avait établis en mon pays en représaille du Strassenzwang que la ville de Leipzig prétendait exercer contre mes sujets,4 restât au pied que ci-devant, jusqu'à ce qu'on sera convenu là-dessus par un nouveau traité.

Au surplus, comme mes gens se trouvent régulièrement assez occupés par leurs fonctions ordinaires pour ne pas pouvoir vaquer longtemps à des extraordinaires, vous direz au premier ministre qu'il serait d'une nécessité absolue que le temps pour les conférences et pour la négociation d'un nouveau traité de commerce, soit fixé à six semaines, pendant l'intervalle desquelles il faudrait ou que la négociation prît consistance ou qu'elle fût rompue entièrement.

J'attends la réponse que vous me ferez sur tout ce que dessus, afin de pouvoir m'arranger en conséquence.

Federic.

P. S. 1.

Comme ce ne sont que des misères toutes pures ce que vous avez appris en dernier lieu par votre canal, et que, d'ailleurs, j'ai de la peine à croire que le général russien Browne5 ait jamais voulu pousser l'imposture au point de soutenir qu'il m'avait parlé et que je l'avais sollicité de quitter son service, vu que tout le monde sait qu'il n'a pas mis pied à Berlin,



1 Vergl. S. 210.

2 Vergl. S. 164.

3 Vergl. S. 188. 189; Bd. VIII, 569; IX, 124. 139. 172. 445; X, 489. 490.

4 Vergl. Bd. V, 480.

5 Vergl. S. 209.