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Votre Majesté accordait au duc de Nivernois, ainsi que du désir qu'Elle lui avait marqué de vouloir continuer de vivre en bonne intelligence avec la France, avec laquelle Elle était disposée de renouveler Ses anciens engagements et nommément le traité d'alliance défensive de l'année 1741;1 mais il me fit entendre en même temps qu'on ne saurait prendre une résolution définitive à ce sujet, avant qu'on ne fût instruit exactement et dans le plus grand détail de la teneur du corps du traité qu'Elle avait conclu avec l'Angleterre, ainsi que de celle des articles séparés qui pouvaient y avoir été joints. Qu'il était donc absolument nécessaire que Votre Majesté mit sans perte de temps toutes ces pièces sous les yeux du duc de Nivernois,2 afin que ce dernier pût juger par lui-même si ces nouveaux engagements étaient compatibles avec ceux qu'Elle voulait renouveler avec la France. Qu'en attendant, et jusqu'à ce qu'on eût reçu les éclaircissements qu'on demandait à cet égard, on s'étudierait à réprimer tous les mouvements de mécontentement et de méfiance dont on avait sujet d'être agité, et qu'on ne laisserait paraître aux yeux du public que le désir qu'on avait de cultiver l'amitié de Votre Majesté et de continuer de vivre avec Elle dans l'intelligence la plus étroite. Qu'il faudrait aussi que Votre Majesté S'expliquât envers M. de Nivernois sur la forme qu'Elle comptait donner à ce nouveau traité, et si Son intention était de le renouveler purement et simplement, ou bien d'y faire des changements.

Au reste, je crois ne point devoir laisser ignorer à Votre Majesté qu'il y a eu un comité mercredi dernier3 à Versailles dans lequel on a délibéré sur la proposition qu'Elle a faite au duc de Nivernois relativement au renouvellement de Son alliance avec la France, et où les avis ont été extrêmement partagés sur le parti qu'il convenait de prendre à cet égard. Il m'a été assuré de fort bon lieu que les uns ont soutenu qu'après les engagements dans lesquels Votre Majesté venait d'entrer avec l'Angleterre, il ne

du Nord? Il aura bien de la peine à l'interpréter aux démêlés présents qui subsistent entre la France et l'Angleterre. S'il croit cependant que cette alliance est applicable aux circonstances présentes de l'Europe, que ne se sert-il des secours des puissances mercenaires pour fortifier les armements navaux de la France? mais il paraît dans le cas présent qu'on se relâche envers ses subsidiaires et qu'on étend au delà de leurs bornes les engagements qu'ont pris des puissances libres et indépendantes.

5° Dans les articles suivants, M. Rouillé examine les préjudices que mon traité de neutralité porte aux intérêts de la France; il ne trouvera pas mauvais que je les réduise à leur juste valeur et que je sépare les déclamations des choses. Il dit premièrement que la neutralité de l'Allemagne fait perdre à la France le fruit des traités subsidiaires qu'elle a conclus en Allemagne; je le prie de remarquer premièrement que les traités qui ont passé par mes mains,4 ont eu pour base la tranquillité de l'Allemagne, il remarquera d'ailleurs que, dans les temps où ils furent faits, on pensait si peu en France à la guerre des merluches, au fort de Beau-Séjour et à la rivière d'Ohio, que personne n'avait sûrement alors calculé ces traités à cet objet et que ce qui y donna lieu, ce fut les mouvements des Russes sur les frontières de Finlande qui menaçaient la Suède d'une guerre prochaine; or des



1 Vergl. S. 45.

2 Vergl. S. 24. 48. 61.

3 4. Februar.

4 Vergl. VIII, 595. 603.