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les Hollandais l'an 1672, il s'y porta d'abord et il eut les plus grands succès; ces sortes d'expéditions veulent être brusquées, mais on les rate, si on donne à l'ennemi le temps de s'y préparer. Monsieur me permettra donc de croire qu'il est trop prudent pour vouloir s'engager dans une telle démarche mal à propos, je ne doute pas qu'il n'ait encore fait quelques petites réflexions, comme par exemple que le roi d'Angleterre et la nation anglaise ne pensent pas sur le pays d'Hanovre avec une tendresse égale, qu'on pourrait faire la conquête d'Hanovre par souscription des Anglais signés et payés à Londres, que, comme cette guerre présente est une affaire de la nation, qui, regardant son commerce, l'intéresse particulièrement, l'influence du Roi n'est pas assez grande pour que la nation sacrifiât ses véritables intérêts pour le pays d'Hanovre, mais qu'une pareille démarche ne ferait qu'attirer les Russes dans l'Empire, causerait une guerre générale et qu'ainsi loin de remplir l'objet qu'on attend, la France commettrait des alliés au bien desquels elle dit s'intéresser, et que d'un autre [côté] elle éloignerait la paix en compliquant les causes de la guerre.

7° Les craintes de M. Rouillé sur l'altération que ma convention de neutralité pourrait porter à l'égard des alliés du Nord, sont mal fondées; on a pris soin d'instruire les ministres en ces cours1 de façon qu'ils représenteront dans leurs résidences respectives que ces engagements passagers n'altéraient en aucune manière les liens durables et les engagements généraux de la Prusse, vu que le traité mentionné ne regarde que l'Allemagne.

La conclusion de M. Rouillé me paraît de la même justesse de raisonnement que le reste de ses arguments. Je crois avoir clairement établi que cette convention de neutralité n'était aucunement contraire à l'esprit des traités qui subsistent entre la France et la Prusse, compatible avec les intérêts de la France et conforme à l'étroite harmonie de deux alliés qui doivent avoir à cœur leur intérêt commun, point outrageante à la France, qui ne peut être plus offensée de la neutralité de la Prusse que de celle de l'Espagne,2 et à laquelle la circonstance de l'arrivée du duc de Nivernois ne peut rien aggraver, vu que ce n'est pas le caractère de personne, mais les conditions acceptables qui décident du succès de la mission.

Sur les réflexions que M. Rouillé fait par rapport à mes intérêts, vous pouvez lui dire qu'il s'en peut rapporter à moi, et que, tenant celui qui a les cordons de la bourse, je n'avais rien à craindre de Vienne ni de Pétersbourg, dont la mauvaise volonté ne pouvait devenir réelle que par des secours pécuniaires étrangers.

Vous pouvez l'assurer que le duc de Nivernois verra le traité avec tout ce qui y est annexé, où il ne trouvera autre chose que ce dont je lui ai donné copie; vous direz encore à M. Rouillé que je regardais le



1 Vergl. S. 59.

2 Vergl. S. 72.