<162> cas; qu'il lui semblait donc que, tant que subsisterait un pareil traité entre Votre Majesté et la France, l'harmonie qui régnait entre les deux cours, serait à l'abri de toute atteinte et ne courrait aucun risque d'être altérée; que, si une barrière aussi forte, cimentée par un traité solennel, élevée avec des formalités que tous les princes respectaient, ne suffisait point pour repousser les efforts que la malignité des ennemis de la France pourrait tenter auprès de Votre Majesté, il serait difficile de lui en opposer de plus solides et inutile de chercher à les multiplier; que, tant que ce traité subsisterait, la France regarderait toujours Votre Majesté comme son allié, et que lui, personnellement, était si eonvaincu de la droiture de Ses intentions et si pénétré de respect pour Ses vertus qu'il ne craindrait jamais que pendant ce temps Elle prît des engagements avec l'Angleterre qui puissent être contraires en aucune façon à la religion de cette alliance; que le second article de ce traité portait d'ailleurs en termes exprès que les parties contractantes déclareraient n'avoir nulles liaisons contraires à leurs intérêts communs et préjudiciables à l'esprit de l'alliance, et qu'elles promettaient de se communiquer fidèlement et réciproquement tout ce qui pourrait influer sur leurs intérêts.
Quant à ce qui concerne la négociation secrète relativement à laquelle je suppose que le ministère de France est en pourparlers avec la cour de Vienne,1 je ne saurais imaginer qu'elle soit dirigée contre Votre Majesté, vu qu'une pareille négociation serait trop contraire à l'équilibre que la France a constamment tâché jusqu'à présent de maintenir en Allemagne, afin d'y contre-balancer la prépondérance de la maison d'Autriche, à laquelle une étroite union entre Votre Majesté et la France peut seule servir de contre-poids … Mais je persiste toujours à croire qu'il y a réellement quelque chipotage secret entre les cours de Vienne et de France. Je crois cependant ne pas devoir laisser ignorer à Votre Majesté que M. Rouillé, avec lequel je me suis de nouveau entretenu sur ce sujet, m'a assuré le contraire d'une façon bien plus forte et bien plus positive qu'il ne l'avait fait la première fois que je pris occasion de le sonder relativement à ce soupçon.“2
Potsdam, 2 mars 1756.
Les dépêches que vous m'avez faites du 20 et du 22 de ce mois, m'ont été fidèlement rendues. Pour ce qui regarde les observations que M. de Rouillé a pris la peine de faire sur ma convention de neutralité, j'espère que la dépêche qu'on vous a envoyée en dernier lieu par le courrier du duc de Nivernois,3 vous aura mis à même d'y répondre suffisamment et de lui éclaircir tous ses doutes.
Comme, d'ailleurs, le duc de Nivernois a été par un effet d'hasard présent chez moi, quand les cassettes où les originaux des ratifications de l'Angleterre sur notre convention étaient enfermées, me furent rendues, qu'on a ouvertes en sa présence,4 et que je lui ai d'abord fait lire ces ratifications de mot en mot, où il n'a rien trouvé au delà de ce qu'on lui en avait déjà communiqué, et que d'ailleurs je lui ai fait voir toutes les relations, lettres et dépêches qui ont été expédiées pendant tout le cours de la négociation,5 jusqu'aux moindres bagatelles, afin de le rassurer sur l'innocence de ce traité, je n'ai pu plus faire pour désabuser les ministres de France de toutes les suppositions imaginaires qu'ils se sont faites sur cette convention, et pour les guérir sur leurs soupçons, de sorte que, si malgré cela ils veulent
1 Vergl. S. 149.
2 Vergl. S. 141.
3 Vergl. S. 136.
4 In Sanssouci am 22. Februar. Vergl. S. 133.
5 Vergl. S. 48 Anm. 2.