7178. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Klinggräffen berichtet, Wien 27. December: „Nous sommes jusqu'au moment présent sans nouvelles de Constantinople. Je sais même de bon lieu que la cour n'en a point encore, puisque les mécontents et rebelles1 ne laissent rien passer; ce qui fait qu'il se répand toutes sortes de bruits, vrais ou inventés, que la rebellion s'étend jusqu'à Constantinople et menace la déposition du Sultan … Comme tout est calculé ici contre Votre Majesté, je ne doute point que les deux cours impériales ne se réunissent entres elles, quand elles pourront trouver une occasion d'exécuter leurs mauvais desseins contre Votre Majesté, et dont Elle a été heureusement avertie à temps. Mais pour ce qui regarde la Turquie en cas d'une guerre, l'accord pourrait bien n'être pas si parfait entre ces deux puissances sur le secours à se prêter réciproquement. … Les levées se continuent avec une vivacité extraordinaire.2 On tire des gens de prison, et on en lève tout ce qui est possible, petits et grands … Je dois ajouter deux propos qui me sont revenus hier et avant-hier, et qui se sont tenus parmi des personnes qui quelquefois se mêlent de raisonner dans de bons lieux : qu'il serait à souhaiter que les affaires s'accommodassent entre la France et l'Angleterre, que l'occasion serait favorable de reprendre la Silésie, puisque la France avait assez fait connaître par sa modération qu'elle ne voulait point la guerre, tandis que la Russie pourrait épauler cette cour-ci dans son dessein.“ | Potsdam, 6 janvier 1756. J'ai reçu votre rapport du 27 décembre, par lequel j'ai vu à ma satisfaction particulière que vous pénétrez de fort près par vos conjectures les véritables intentions de la cour de Vienne, et je suis très certain que le projet que vous lui supposez avec la Russie, est le vrai que ladite cour a adopté actuellement et qu'elle voudrait pousser à son exécution. Cependant, comme il arrive souvent qu'on calcule sans son hôte, il saura bien arriver que la mauvaise humeur du comte de Kaunitz augmentera de jour en jour, pourvu que vous y prendriez bien garde. Je crois vrai que la correspondance entre Vienne et Constantinople est interrompue par la révolte de Belgrade, mais je doute fort que celle-ci se soit étendue de la sorte que les bruits en ont couru à Vienne. Au reste, vous devez vous informer exactement auxquels lieux en Moravie et en Bohême3 on assemble des magasins pour les troupes, afin de pouvoir m'en faire votre rapport avec toute la justesse possible. Federic. |
Nach dem Concept.
1 Klinggräffen hatte, Wien 13., 20., 24. December, von einer in Belgrad ausgebrochenen Revolution berichtet, bei welcher der türkische Pascha mit einigen tausend Mann von den Aufständischen in der Citadelle eingeschlossen worden war.
2 Vergl. Bd. XI, 434.
3 Vergl. Bd. XI, 445.