<210> relation ordinaire, que vos amis ne vous ont pas mal servi dans ce qui concerne la négociation secrète entre la France et les Autrichiens,1 de sorte que je suis persuadé que vous êtes à présent justement au fait de tout ce qui regarde ce chipotage. Les ouvertures que la cour de Vienne a faites à celle de France pour ce sujet, me font reconnaître d'abord le langage ordinaire qu'elle a tenu depuis longtemps à mon sujet à toutes les cours avec lesquelles elle a été en correspondance, dont cependant une bonne part en est revenue, ayant reconnu sa frivolité et les vues pernicieuses que ladite cour voulait cacher làdessus; aussi estimé-je que les Français me feront au moins la justice d'être assurés que je n'ai jamais eu des vues offensives contre l'Allemagne.
Pour répondre aux insinuations malicieuses que cette cour a voulu faire à celle de France, je crois qu'il y a plus de cent arguments aussi clairs que le jour, et je compterais pour chose superflue de vous les marquer en détail, vu que je suis assuré que vous y suppléerez aisément pour en fortifier ma cause. Je crois, cependant, que vous ferez bien de glisser adroitement dans les entretiens que vous aurez avec ceux qui fréquentent les ministres de France et qui possèdent leur confiance, qu'au lieu des vues que ladite cour, fertile à me calomnier, m'avait supposées, j'avais justement fait ma convention de neutralité avec l'Angleterre, afin de ne pas me voir accablé des forces unies des Anglais, des Russes et des Autrichiens, si la guerre avait éclatée dans l'Allemagne. Vous ajouterez qu'il fallait s'attendre que la susdite cour prendrait à tâche. de brouiller au possible les affaires dans les circonstances présentes et d'inspirer autant de méfiance à la France contre moi dont elle sera capable, dont apparemment le principal motif serait, parcequ'elle était extrêmement piquée de ce que je n'avais pas voulu permettre que la neutralité des Pays-Bas fût incluse dans ma convention.2
Au surplus, j'avoue que je n'ai pas pu bien comprendre le sens de ce que M. de Rouillé vous a dit de l'empressement le plus vif que la cour de Vienne témoignait pour le maintien de la paix, et du concert qu'elle désirait de prendre à ce sujet avec la France, vu que je ne connais personne qui voulût troubler la tranquillité de l'Empire, pourvu que la cour de Vienne borne ses vues ambitieuses. Au reste, la France saurait bien se mécompter, si elle croyait me contenir, par des liaisons à prendre avec cette cour, dans les bornes d'une scrupuleuse neutralité, parceque, tout au contraire, si les choses allaient si loin entre les deux [cours] que celle de Vienne servirait d'épouvantail pour moi et que la France stipulerait qu'elle ne me porterait aucun secours, quand les Autrichiens m'attaqueraient, il est aisément à pénétrer
1 Der wesentliche Inhalt des Berichtes Knyphausen's erhellt ans den Weisungen an Michell und Klinggräffen vom 20. März (Nr. 7364. 7365).
2 Vergl. S. 2.