Vous ne manquerez pas de faire un bon usage de cet avis; on se douterait de son authenticité, si vous en avertissiez vous-même quelqu'un du Conseil; vous tâcherez d'en faire instruire par main tierce ou quatrième le maréchal de Belle-Isle, de même que les ministres du Conseil, afin que ceux-ci ouvrent au moins les yeux sur les illusions que la cour de Vienne leur prépare.
Federic.
Nach dem Concept.
7581. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A BERLIN.
Potsdam, 19 juin 1756.
J'ai bien reçu le rapport que vous m'avez fait du 17 de ce mois, touchant les dépêches que le sieur Mitchell a reçues de sa cour. Vous le remercierez au mieux de ma part de la communication du traité conclu entre les cours de Vienne et de Versailles et lui direz d'ailleurs que c'était principalement sur la cour de Russie que dans la conjoncture présente le ministère anglais aurait à diriger son attention pour s'en assurer;1 car, pourvu que cette cour ne trompe pas également l'Angleterre, tout comme celle de Vienne l'a fait, alors tout ira bien, et la cour de Londres n'aura rien à appréhender des liaisons prises entre les susdites cours. Et sur ce, je prie Dieu etc.
Federic.
Nach der Ausfertigung.
7582. AN DEN ETATSMINISTER GRAF FINCKENSTEIN IN BERLIN.
Finckenstein berichtet, Berlin, 18. Juni: „Le sieur Mitchell, ayant reçu hier un courrier de Pétersbourg, m'est venu voir aujourd'hui et m'a dit que, quoiqu'il n'eût reçu qu'une très courte lettre du chevalier Williams et que celle qu'il a écrite à sa cour, et dont il lui a envoyé copie, fût assez laconique aussi, il en voyait cependant assez pour juger que la situation des affaires de ce pays-là n'était pas avantageuse pour sa cour, et qu'il avait cru qu'en honnête homme et en ministre bien intentionné, il ne devait rien céler à Votre Majesté. Qu'il [Williams] mandait à la vérité que le chancelier Bestushew était toujours fidèle et attaché aux intérêts de l'Angleterre et qu'il s'était même déclaré qu'il traverserait la négociation de l'émissaire français2 de toutes ses forces; mais que, malgré tout cela, il écrivait cependant en homme embarrassé qui ne se croyait pas sûr de son fait, qui entrevoyait du danger, qui se disait malade depuis plusieurs semaines et qui demandait des ordres et des instructions. Le sieur Mitchell ajouta qu'heureusement il devait avoir reçu actuellement les instructions qu'il demandait, mais que cependant tout cela ne lui plaisait pas et qu'il n'en augurait pas bien pour les intérêts de la cause commune dans ces contrées-là; qu'il croyait aussi entrevoir, par la lettre du chevalier Williams, qu'il n'avait pas toute la confiance du chancelier Bestushew ni l'entière connaissance des ordres que celui-ci avait donnés au prince Golyzin;3 qu'en un mot il ne touchait que fort légèrement les armements de la Russie et se rapportait à cet égard à une lettre antécédente dont lui, Mitchell, n'était pas instruit; que cet article lui avait fait naître la curiosité d'interroger le
1 Vergl. S. 386. 389. 417.
2 Vergl. S. 381.
3 Vergl. S. 337. 419.