<465> volonté de la cour où vous êtes se manifestât plus clairement, vous puissiez aussi d'abord partir de Vienne, en déposant et en consignant en pareil cas à la fidèle garde du ministre anglais, le sieur Keith, toutes les archives d'ambassade qui se trouvent sous votre main.
Federic.
Nach dem Concept.
7612. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.
Potsdam, 26 juin 1756.
J'ai reçu votre rapport du 14 de ce mois. Je sais présentement par des avis sûrs que la cour de Vienne se prépare sérieusement pour une guerre prochaine1 et qu'elle est sur le point de faire assembler pour cet effet un corps d'armée considérable en Bohême et un autre encore en Moravie, et, selon des nouvelles qui m'ont été confirmées de bon lieu, la Russie forme aussi de grands corps d'armée de ses troupes, tant aux environs de Riga qu'en Courlande, et un troisième près de Smolensk.2
Il est évident par là que les affaires commencent à s'embrouiller, et comme, selon toutes les apparences, les Autrichiens auront trouvé le moyen de séparer la cour de Russie de celle de Londres, j'ai tout heu de croire qu'il existe un concert entre les deux cours impériales qui a été formé principalement contre moi. Je ne saurais dire à la vérité pour combien la France y saurait être entrée, mais, pour m'en expliquer confidemment envers vous, seulement pour votre direction, il me paraît que les cours de Vienne et de France et, dans un certain sens, celle de Pétersbourg sont convenues d'un triumvirat entre elles, pour s'en aider dans la conjoncture présente contre les puissances de l'Europe, tout comme Auguste, Antoine et Lépidus en usèrent à l'égard des grands de l'ancienne Rome, de sorte qu'en suite du concert pris entre les cours d'Autriche et de France, les Autrichiens sacrifient à la France l'Angleterre et la Hollande, pendant que la France ne doute pas de m'abandonner à la cour de Vienne. J'en conjecture ainsi par certains discours échappés au ministre autrichien, le comte Kaunitz, et la conclusion que j'en tire, se réduit à ce que de toute nécessité il faut que vous soyez plus agissant que jamais, ne vous laissant point endormir par de douces paroles, ni par le charme de belles illusions, mais que vous employiez tous les canaux que vous pourrez, pour éclaircir au possible les soupçons que j'ai conçus à cet égard.
Finalement, je vous ferai une question à laquelle il conviendra que vous me répondiez, autant qu'il vous sera possible, après y avoir réfléchi mûrement, d'une manière qui marque du jugement et de la solidité, savoir que, si je venais à être attaqué par la Russie et que je me visse
1 Vergl. S. 438. 464.
2 Vergl. S. 441.