7303. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.

[Potsdam, 26 février 1756.]146-2

Vous recevrez ci-joint l'extrait d'une lettre de Michell avec les conditions que les Anglais offrent pour faire la paix;146-3 c'est tout ce que j'ai pu extorquer d'eux. Vous montrerez l'un et l'autre aux ministres français, en y ajoutant que j'étais bien fâché de ne pouvoir leur procurer rien de plus; qu'ils verraient au moins par ces propositions que j'avais fait de mon mieux pour porter les Anglais à des sentiments plus pacifiques que ceux qu'ils ont fait paraître jusqu'à présent; que je ne m'ingérais point à donner des conseils au roi de France sur le parti qui lui convenait de prendre, que je craignais bien qu'on ne fût pas tout-à-fait content de ces propositions ou que le terme que le Roi avait prescrit à sa modération, ne fût écoulé, que cependant je priais les ministres, quelles que fussent leurs intentions, de me donner une réponse<147> que je puisse faire passer en Angleterre, et que j'espérais qu'ils en mesureraient si bien les termes qu'elle n'augmenterait pas l'aigreur qui commence à se manifester entre les deux nations. J'ai fait ce que j'ai pu pour fléchir la roideur anglaise; si je n'y suis pas parvenu au point que je l'aurais désiré, ce n'est pas ma faute, mais il me semble que la France pourrait se ménager cette espèce de négociation indirecte, indépendamment des mesures qu'elle trouvera convenable de prendre, quitte à l'abandonner, si elle ne la trouve plus de sa convenance.

Le roi de France verra au moins que, dans quelle position que je me trouve, je ne perds ni ses intérêts ni sa gloire de vue. Vous pourrez me faire parvenir votre réponse par le courrier du duc de Nivernois. Si cependant, contre mon attente, on croyait entrevoir à Versailles quelque lueur de conciliation dans les propositions des Anglais et qu'on vous donnât une réponse qui vous le fit entrevoir, vous pourrez expédier un courrier sur le champ, pour qu'il n'y ait pas un moment de perdu, d'autant plus que dans le moment présent les instants qui peuvent acheminer à la paix, deviennent de jour en jour plus précieux.

Federic.

Nach dem eigenhändigen Concept.



146-2 Das Datum aus einer Abschrift des Cabinetssecretärs. Die Ausfertigung erfolgte ohne Chiffern.

146-3 Vergl. Nr. 7299.