7469. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.
Potsdam, 30 avril 1756.
J'ai reçu le rapport que vous m'avez fait du 19 de ce mois. J'attendrai avec empressement celui que vous me ferez sur ce que M. de Rouillé vous dira du résultat qu'on aura pris dans le conseil au sujet des affaires de la Suède;304-1 car je veux bien vous dire, quoique pour votre seule direction, que les procédés du Sénat de Suède sont présentement si irréguliers qu'à moins qu'on ne songe en France d'y porter efficacement remède, je me vois obligé de penser à d'autres moyens convenables.
Quant aux autres affaires que vous touchez dans votre rapport, il faut bien que le temps nous les développe, pour y voir plus clair.304-2
Je vous ai déjà informé par ma dépêche du 13 de ce mois304-3 des soupçons qu'il y a d'un concert pris ou à prendre encore entre la cour de Vienne et de France pour rendre infructueux les arrangements pris<305> du landgrave de Hesse-Cassel à l'occasion du changement de la religion du Prince héréditaire son fils. Comme du depuis ce Prince est arrivé à Berlin, pour y rester quelque temps, mes lettres de Cassel305-1 m'ont appris que le général de Pretlack, que la cour de Vienne y a envoyé, ayant été extrêmement dérouté de ce qu'il avait manqué de n'y trouver plus le Prince, qui était déjà parti pour Berlin, à qui il voulait parler seul pour le disposer d'aller se jeter entièrement dans les bras de la cour de Vienne, avait à la fin déployé sa commission au père, le Landgrave régnant, en lui déclarant, dans une audience prise expressément, qu'il y avait passé un an que le Prince héréditaire avait proposé à la Reine-Impératrice de vouloir s'engager à son service, pourvu qu'elle lui accorderait le grade de général d'infanterie dans ses troupes, à quoi, cependant cette Princesse n'avait fait guère attention alors et ne s'était point décidée là-dessus; mais que, sur ce que ce Prince avait réitéré ses instances, l'Impératrice-Reine venait à présent de résoudre d'agréer le Prince en son service et de lui accorder le brevet de général d'infanterie, ne doutant pas que le Landgrave ne lui en sût gré et n'y donnât son consentement. Que celui-ci, sur une proposition aussi étrange, lui avait répondu qu'il ignorait parfaitement si le Prince son fils avait jamais fait telle démarche envers la cour de Vienne, qui, tout au contraire, lui avait donné les assurances les plus fortes de n'avoir eu du tout ni correspondance ni liaison avec ladite cour, et qu'il fallait bien qu'il s'en éclaircît avec le Prince son fils, de sorte que l'affaire était restée jusque là dans ces termes. J'ai trouvé bon de vous informer de ce détail, afin que vous soyez à même de vous orienter d'autant mieux sur les soupçons de ceux qui sont dans la persuasion qu'il y a un concert pris à ce sujet entre les deux cours susdites.305-2
Federic.
Nach dem Concept.
304-1 Vergl. S. 241.
304-2 Knyphausen berichtet, Paris 19. April, dass man an einigen Orten behaupte, der Marschall Richelieu werde nach der Einschiffung in Minorka die Kriegserklärung Frankreichs gegen England veröffentlichen, und dass man noch im Zweifel sei, ob der König von Sardinien bereits mit England abgeschlossen habe (vergl. S. 237. 285), ebenso ob die Vereinbarung zwischen Schweden und Dänemark schon von beiden Seiten unterzeichnet sei (vergl. S. 239).
304-3 Vergl. Nr. 7426 S. 264.
305-1 Schreiben des Landgrafen, Cassel 24. April. Vergl. Nr. 7465 S. 300.
305-2 Vergl. S. 264. 291.