7597. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN IN PARIS.

Potsdam, 22 juin 1756.

La dépêche que vous m'avez faite du 11 de ce mois, m'a été bien rendue. Je ne saurais pas vous cacher que je ne sait pas comprendre sur quel objet peut rouler le chipotage de la France avec la Russie, mais ce qui me paraît moins compréhensible encore, c'est que la Russie forme à présent de fortes armées dans la Livonie et dans la Courlande et qu'en même temps l'Autriche assemble nombre de troupes en Bohême et en Moravie, qui y doivent camper vers le commencement du mois d'août qui vient. Et comme j'ai de la peine à m'imaginer que tout ceci se passerait à l'insu de la France, cela me fait croire que, parmi le traité conclu entre la France et la cour de Vienne, il y a<443> des articles séparés et secrets, que peut-être Madame de Pompadour, l'abbé de Bernis et le sieur de Rouillé connaissent seuls en France.

Aussi je commence à croire qu'il y a stipulé des sacrifices mutuels, savoir que la cour de Vienne abandonne à la France les Anglais, tout comme la France fait à l'égard de la Prusse envers les Autrichiens. Je ne sais deviner ce qui en est précisément, ni jusqu'où de pareils engagements sauraient aller, mais il faut absolument qu'il y en ait quelque chose. Je m'imagine que les parties contractantes feront de leur mieux pour tenir la chose secrète, malgré cela, comme il y a des moyens de tirer au clair de pareils choses en France plutôt que dans d'autres cours,443-1 et que les circonstances présentes commencent à devenir extrêmement critiques, je compte sur votre fidélité et d'ailleurs sur votre adresse et savoir-faire que vous ne ménagerez ni soins ni argent pour pénétrer ce mystère et pour le tirer au clair, afin de me donner ces éclaircissements là-dessus que je désire extrêmement d'avoir de vous au plus tôt possible et d'assez bonne heure encore, afin que j'en puisse faire mon usage.

J'ai reçu, au reste, les différentes lettres que vous avez jointes à votre dépêche,443-2 au sujet desquelles je vous dirai que je serai bien aise que vous sachiez me débarrasser honnêtement de pareils correspondants, où il n'y a souvent ni rime ni raison, tout comme vous remercierez poliment le sieur de Sainte-Marie de son attention et de ses offres, en lui faisant entendre qu'il n'y avait présentement aucune vacance parmi mes troupes, pour l'accommoder de la manière que sans cela je désirais.

Federic.

Nach dem Concept.



443-1 Vergl. Bd. XI, 476.

443-2 Dieselben liegen nicht vor.