<152>sinuations et ouvertures que le comte Brühl lui avait enjoint de lui faire, et qu'il ne détaille pas autrement, ce ministre autrichien lui avait dit que le comte de La Puebla l'avait déjà instruit de tout ce que le comte de Sternberg venait de lui marquer touchant les mouvements des troupes prussiennes et les quatre camps qu'on allait former, dont celui près de Minden serait commandé par le maréchal Keith, le Roi s'étant réservé le commandement de celui près de Magdebourg, et les deux autres devaient être sous les ordres du maréchal comte de Schwerin et du lieutenant-général de Winterfeldt. Que ce Prince faisait actuellement lever neuf nouveaux régiments, et qu'il était intentionné d'augmenter ses forces de 200,000 hommes. Que la cour de Vienne ne manquerait pas de son côté de faire un plan qui embrasserait non seulement sa propre défense, mais aussi celle de ses alliés et amis, mais qu'il ne pouvait point encore s'ouvrir sur le détail des mesures qu'on jugerait à propos de prendre pour se garantir d'une injuste attaque et couvrir en même temps les Etats du roi de Pologne, avant l'arrivée de l'Empereur, qui était attendu le même jour de Holleschau.1 Qu'on tiendrait alors incessamment un conseil, et qu'après qu'on y aurait pris les résolutions convenables, il lui donnerait une réponse plus particulière et plus détaillée sur tout cela. Que, sur les premières nouvelles qu'on avait eues des mouvements des Prussiens, on avait eu le dessein de faire avancer successivement les troupes, surtout les régiments de cavalerie qui étaient en Hongrie, pour les faire ensuite passer sans bruit en Bohême, et que les ordres étaient déjà expédiés, pour assembler et faire camper incessamment dix régiments de cavalerie à Kittsee et à Raab;2 mais que, comme on se voyait autorisé par l'exemple et les démonstrations ouvertes du roi de Prusse à agir de même, on ne masquerait plus rien et l'on ferait marcher, sans se gêner, les troupes dans les quartiers où l'on jugerait à propos d'en faire usage, d'autant plus que des précautions timides seraient regardées comme des marques de pusillanimité, qui ne convenait point à leur État et n'était point dans leur âme. Qu'on disposerait incontinent les corps de troupes dans leurs postes nécessaires, et comme on nommerait aussi les généraux pour les commander, on en désignerait, sans doute, un qui eût à se concerter avec le comte de Rutowski. A quoi, le comte Kaunitz a ajouté encore qu'il ne pouvait pas s'imaginer que le roi de Prusse songeât sérieusement à agir offensivement, puisqu'il devait prévoir qu'il ferait naître par là le cas d'alliance entre la cour de Vienne et celles de Versailles et de Pétersbourg, que la première réclamerait, et qu'il s'attirerait de cette façon les forces combinées de ces trois puissances sur les bras. Mais que, ce Prince ayant souvent des idées qui lui étaient particulières, il n'était pas mal de supposer une invasion de sa part possible, et de se pourvoir de bonnes mesures … Le comte Flemming continue qu'il était persuadé que c'était à tort que le roi de Prusse s'imaginait que la cour de Vienne ait pris jusqu'ici d'autres mesures contre lui que purement défensives, et qu'encore moins elle avait arrêté avec la France et la Russie un concert pour l'attaquer; mais qu'il était bien convaincu aussi qu'on ne serait nullement fâché à Vienne que ce Prince devînt l'agresseur, qu'on avait de quoi se défendre d'abord, pendant le temps dont leurs alliés auraient besoin pour amener de puissants secours et fondre sur le roi de Prusse de tous côtés. Aussi doutait-il fort que ce Prince voulût donner lieu à la noise; qu'il lui paraissait plutôt que les mesures qu'il prenait, n'étaient que défensives et dictées par l'appréhension et la cupidité. Que la position qu'il faisait prendre à ses troupes, marquait clairement son inquiétude des armements qui se faisaient partout, et prouvait que son dessein était également de se mettre en état contre les forces des deux cours impériales et de la France; qu'il croyait même qu'il entrevoyait beaucoup d'ostentation dans son jeu, dans la vue peut-être de tirer d'autant plus gros de l'Angleterre. Qu'enfin, si Sa Majesté Prussienne était sérieusement intentionnée d'attaquer l'Impératrice-Reine, elle n'aurait pas fait ses préparatifs avec tant de publicité et aurait moins éparpillé ses forces. Qu'en attendant la cour de Vienne avait envoyé les ordres nécessaires pour faire achever de remplir les magasins“



1 Vergl. S. 110.

2 Vergl. S. So.