<185> a conjecturé d'une entreprise des Français, étant destitué de toute vraisemblance,1 et les nouvelles qu'on a débitées des magasins qu'ils formaient dans le pays de Liège et celui de Cologne, et qu'on a eu soin de vérifier, s'étant trouvées absolument fausses; mais, pour l'année qui vient, j'ai tout lieu de présumer que la France a pris le dessein de tenter l'entreprise sur les susdits États.
Mon idée a donc été2 que les Hollandais fissent une augmentation en troupes à 30,000 hommes; que l'Hanovre remplît par une nouvelle levée le nombre de ses troupes, pour autant qu'on en a envoyé en Angleterre;3 qu'on prît des engagements subsidiaires avec Votre Altesse pour fournir 5,000 hommes, qu'on en fît autant avec le duc de Gotha pour un pareil nombre de troupes; que le landgrave de Hesse-Cassel saurait fournir encore jusqu'à 8,000 hommes; que le margrave d'Anspach était obligé, en conséquence de son traité fait avec le roi d'Angleterre,4 de donner 3,000 hommes, auxquels il faudrait ajouter encore 5,000 que le landgrave de Darmstadt offrait contre un traité de subsides à l'Angleterre,5 et que tout cela pris ensemble composerait une armée de presque 80,000 hommes. J'ai, d'ailleurs, proposé qu'on mît cette armée sous le commandement de M. votre frère le prince Louis, et qu'on la fît marcher au Rhin ou dans le pays de Cologne, où elle serait à portée de secourir tous les pays que les Français voudraient insulter et attaquer, car, dès que cette armée sera au Rhin ou dans le pays de Cologne, elle couvrira également les États de la République et le pays de Hesse-Cassel, pourvu que le ge'néral qui la commandera en chef, évite d'engager une affaire générale, mais qu'il cherche plutôt d'amuser l'ennemi par des marches, pour faire écouler de la sorte le temps de la campagne, et qu'en s'arrangeant de cette façon je ne voyais le grand risque qu'on courrait. Il ne reste à présent qu'à voir combien on goûtera mes idées, et de quelle façon l'on s'y prendra.
Pour ce qui regarde le désir de Votre Altesse de vouloir faire préférablement son traité avec l'Angleterre immédiatement qu'avec l'Hanovre, Elle peut compter que j'en écrirai à Londres et tâcherai de faire valoir au possible les raisons qu'Elle m'en a alléguées; je ne saurais cependant Lui dissimuler que je crois que, malgré toute la bonne volonté que Sa Majesté Britannique saurait avoir de s'y conformer, elle trouvera bien des difficultés pour y réussir dans le moment présent auprès de la nation et auprès du Parlement. Car, autant que j'envisage la situation présente des affaires en Angleterre, la nation et le Parlement feront tous leurs efforts, dès qu'ils verront le pays d'Hanovre en risque d'être attaqué, mais que, pendant qu'ils ne verront pas qu on prenne des mesures efficaces pour le soutenir, ils ne voudront rien faire.
1 Vergl. S. 130.
2 Vergl. S. 125.
3 Vergl. Bd. XII, 261.
4 Vergl. S. 67.
5 Vergl. S. 99.