<192> le gouvernement anglais, feront échouer cette expédition. On sait que l'escadre du bailli de Conflans est de 13 vaisseaux de ligne, auxquels se doivent joindre 12 de l'escadre de Brest, le tout faisant 25 vaisseaux. Comme l'on sait que la flotte anglaise de La Manche est bien supérieure à celle des Français, que les meilleurs amiraux la commandent, qu'ils sont avertis des desseins de leurs ennemis et qu'ils pourront les ruiner, on croit pouvoir être en repos sur cet article. Cependant, on prie le ministère de ne point négliger l'avis qu'on leur a donné d'intelligences secrètes que le maréchal de Belle-Isle a en Angleterre, et qui, si elles sont telles que les Français les débitent sous main, seraient capables de mettre le roi d'Angleterre dans de terribles embarras.1
Les affaires de terre ne sont pas dans un moindre état de crise. La Prusse a communiqué à la cour de Londres en quels termes elle se trouve avec l'Impératrice-Reine. Selon toutes les meilleures nouvelles de Vienne, la rupture paraît inévitable. On s'en rapporte d'ailleurs à la réponse de la cour de Vienne qui décidera de la paix ou de la guerre, et qui sera communiquée fidèlement à Sa Majesté Britannique, de même que tout ce qui se passera ultérieurement.
L'on peut prévoir que les troubles de l'Allemagne et peut-être l'expédition des Français, manquée sur l'Angleterre, obligeront la France
1 In dem Nachlass Mitchell's im British Museum findet sich — abschriftlich folgendes Schreiben: „Sire. Comme je ne suis nullement dans le secret, ni n'aie rien plus à faire avec aucun parti en Angleterre, ce que j'ai appris, n'était que par hasard et très imparfaitement.
J'ai vu une lettre du maréchal de Belle-Isle à M. de Chavigny en février 1755, où il dit « il y aurait un bon coup à faire par les amis et les correspondances que je me suis menagé quand j'étais en Angleterre » (vergl. Bd. III, 399; IV, 407). Depuis, j'ai su qu'il y avait une correspondance entre des gens en Angleterre et les ministres de France, que, sur l'arrivée des Hanovriens et Hessois (vergl. Bd. XII, 508), ces Anglais disaient que les 20,000 hommes ne suffisaient plus, qu'il en fallait davantage: on me dit aussi qu'il n'y avait pas un seul jacobite dans le secret, que c'était le parti republicain. Je suis assez porté à croire que c'est quelque brouillon ambitieux qui veut tromper la France, mais s'il y réussit et que les Français peuvent passer 30,000 hommes, le pays est perdu et ruiné à jamais. La France n'a pas besoin dans cette année de ses forces de terre, elle pourrait fort bien risquer 30,000 hommes. Je crois le parti jacobite peu à craindre, ceux d'entre eux que j'ai connus, sont revenus de l'erreur; il n'y a que dans les montagnes d'Ecosse, où on pourrait séduire encore quelques-uns par l'appât de l'or.
Je prie Votre Majesté de ne pas laisser savoir d'où vous vient ces avis, le Roi, votre oncle, ne douterait pas que mon intention était de lui remplir l'esprit de soupçons mal fondés; je ne suis que rebelle, je ne suis ni faux ni fripon; je voudrais vous servir, Sire, et ma patrie en même temps; je ne connais point d'autre parti.“
Ohne Zweifel bezieht sich die obige Aeusserung des Königs auf dieses an Mitchell abschriftlich tibergebene Schreiben; wahrscheinlich ist es in der Audienz vom 7. August (vergl. Nr. 7819) dem Gesandten vom Könige eingehändigt worden. Der Verfasser des Schreibens scheint Lord Marschall zu sein, der seit Mitte Juli in Potsdam zum Besuch des Königs weilte. Auf ihn, den ehemaligen Gesandten in Paris und damaligen Gouverneur von Neuchâtel, deutet unter anderem auch das Schreiben Belle-Isle's an den französischen Gesandten in der Schweiz, Theodor von Chavigny.