<193> de transporter l'année qui vient la guerre sur le continent, ce qui doit donner la plus grande attention aux cours de Londres et de Berlin, pour n'être point prises au dépourvu de ce côté-là.

On se rappellera sans doute qu'on avait proposé de faire une alliance avec la république de Hollande et de l'encourager en même temps de se mettre dans une situation plus respectable qu'elle ne se trouve à présent. Puisque donc les deux cours sont également intéressées à cet objet, l'on se persuade que le moyen le plus efficace d'y parvenir, serait d'instruire les ministres des deux couronnes1 du dessein qu'elles ont de faire une alliance défensive avec la République, de la porter à faire une augmentation de 30,000 hommes de troupes de terre, et, par rapport à l'Angleterre, d'exiger le secours d'un nombre de vaisseaux etc.2 Que l'on ne gênerait point ces ministres, quant au choix des moyens qu'ils jugeront à propos d'employer pour cette fin, mais que ce serait à eux de se concerter avec les Hollandais bien intentionnés pour arranger leur plan sur leurs avis et pour le mettre de concert en exécution. Il est à croire que des personnes qui voient par leurs yeux, qui savent la façon de penser de la nation où ils se trouvent, et qui se servent de la boussole de gens bien intentionnés pour se guider, réussiront infailliblement dans leurs desseins.

On a appris par un émissaire, revenu de la Lombardie, que les Autrichiens et les Français y sont extrêmement attentifs aux mouvements du roi de Sardaigne. Ceci fait croire que, si ce Prince débitait simplement la nouvelle de quelque augmentation dans son militaire — quand même il ne le ferait pas — cela tiendrait les troupes autrichiennes de la Lombardie et les troupes françaises du Dauphiné et de la Provence en échec et produirait ce bien que ce serait autant moins d ennemis à craindre pour l'Allemagne.

Il résulte de toutes les nouvelles qui viennent de Pétersbourg, que le Grand-Chancelier aura peut-être assez de crédit pour empêcher la conclusion d'un traité entre sa maîtresse et la France, mais il paraît sur qu'ils se mêleront de la guerre que la reine de Hongrie veut faire à la Prusse. Dans cette situation, l'Angleterre n'a aucune espèce de secours à attendre de la Russie, elle apprendra même que la Russie fera la guerre aux alliés de l'Angleterre, ce qui fait penser que, si les subsides destinés pour cette cour étaient répandus à Brunswick, Cassel, Gotha et chez le prince de Darmstadt, l'Angleterre en retirerait dans la crise présente un avantage plus réel pour la défense des États d'Hanovre.

On a fait un calcul par lequel il est clair — l'augmentation et l'alliance conclue en Hollande — que le roi d'Angleterre pourra disposer dans l'Empire d'une armée de près de 80,000 hommes. Ce sont des efforts, il est vrai, qui tomberont sur le gouvernement anglais; mais



1 Vergl. Nr. 7831.

2 Vergl. S. 190.