7841. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Klinggräffen berichtet, Wien 7. August: „Sire. Le courrier arrivé ce matin m'a bien remis les ordres de Votre Majesté du 2 de ce mois.1 Je n'ai rien eu de plus pressé que de me rendre chez le comte de Kaunitz, comme c'est l'usage ici, quand un ministre étranger demande une audience, pour le prévenir sur l'objet des ordres de Votre Majesté à exécuter vis-à-vis de l'Impératrice, sa souveraine, en le priant de me procurer une audience de cette Princesse. Après m'avoir écouté, il me dit qu'il en rendrait compte à l'Impératrice sa maîtresse; que, pour lui, il ne lui convenait point de rien dire là-dessus, avouant qu'il serait fort embarrassé de faire à cette Princesse un rapport exact de ce que je venais de lui dire, vu l'importance du contenu et la multiplicité des choses; que, selon lui, il croyait que, pour éviter tout malentendu entre les deux cours, il vaudrait mieux que je donnasse un mémoire par écrit. Il s'est rendu tout de suite à Schönbrunn, pour demander le jour et l'heure de cette audience, et cet après-midi il m'a fait prier de passer chez lui. Il m'a dit que l'Impératrice lui avait ordonné de me faire connaître que je pourrais avoir mon audience demain; mais qu'après avoir appris de lui, comte de Kaunitz, ce que je lui avais dit ce matin, elle croyait que, pour éviter tout malentendu, [il conviendrait que] je délivrasse un mémoire par écrit, à quoi on me répondrait de même par écrit. Comme ce qu'on exige de moi, serait sûrement un pas de trop grande importance de ma part pour !es intérêts de Votre Majesté, je n'ai jamais osé le prendre sur moi, d'autant moins qu'en examinant de près Ses ordres, je ne trouve pas la moindre chose qui puisse m'y autoriser, et qu'ainsi je me rendrais trop responsable, tandis qu'au pis aller, il n'y aura que huit ou neuf jours de délai, et Votre Majesté sera plus libre dans Ses propositions à faire par écrit. C'est donc par cette raison que je n'ai pu m'empêcher de demander à Votre Majesté des ordres plus précis, savoir si je dois donner quelque chose par écrit, ou non. Pour ne pas perdre un moment de temps, je renvoie dès ce soir le susdit courrier, en le chargeant de faire toute la diligence possible. Je dois encore ajouter que l'Impératrice partira après-demain, mais qu'elle sera de retour jeudi qui vient et restera ici jusqu'au 20 de ce mois. Alors elle repartira, pour faire un voyage de trois semaines.“
Potsdam, 13 août 1756.
J'ai reçu votre dépêche du 7 de ce mois, sur laquelle je vous dirai que vous avez commis la plus lourde faute en ne vous pas prêtant à présenter le mémoire par écrit que la Reine-Impératrice vous a fait demander, après avoir tout dit au comte de Kaunitz;2 ma volonté est donc que, sans perdre un moment, vous deviez encore présenter ce mémoire, et je ne veux point vous dissimuler que je suis très mécontent de vous de ce que vous avez donné lieu par là de faire traîner une affaire qu'il m'importe infiniment de voir finie. Songez de redresser cette lourde faute, dont je ne m'étais point attendu de vous, par la diligence que vous mettrez pour me faire avoir au plus tôt possible la réponse de l'Impératrice.
Federic.
Vous avez gâté mes affaires, vous vous laissez amuser; il faut que j'aie votre réponse le 21 de ce mois.
Federic
Nach dem Concept. Der Zusatz nach Abschrift der Cabinetskanzlei; in der Ausfertigung eigenhändig.
1 Vergl. Nr. 7795.
2 Vergl. den Erlass an Schwerin vom 14. August Nr. 7842.