2° Quant au secours que le roi d'Angleterre exige de moi pour ses États d'Allemagne,1 je dois vous avertir que, si j'avais assez de troupes pour faire „face seul contre toute l'Europe, j'aurais envoyé une armée dans le pays de Clèves pour le garantir contre l'invasion de mes ennemis, mais qu'ayant besoin de toutes mes forces pour me soutenir contre les deux impératrices, je suis obligé d'exposer mes provinces voisines du Rhin au hasard des évènements;2 que, cependant, je ferais l'impossible pour prouver au roi d'Angleterre que je suis de ses amis. Pour cet effet, en cas que les Français fassent marcher des troupes vers le Rhin, il pourra disposer d'un corps de troupes de 11,000 hommes que j'ai en Poméranie, qui, dans 18 ou 20 jours, peuvent être auprès d'Hanovre en passant par Tangermünde et le pays de Celle, au lieu que les Français auront plus de 40 marches pour arriver de la Normandie sur le Wéser; que ces troupes pourront, en cas de besoin, être employées pour la défense du pays d'Hanovre jusqu'à la fin de février, bien entendu que le roi d'Angleterre leur fournira le pain, la viande et le fourrage pendant le séjour qu'elles seraient obligées de faire, en cas de marche des Français, dans ses États; mais que, passé le mois de février, je serais obligé de les mettre en chemin pour la Prusse, pour qu'elles s'y trouvent vers la mi-mai, à moins que — contre mon attente — la Russie ne se déclarât neutre; je sacrifie mes propres intérêts dans ce moment pour ceux3 du roi d'Angleterre, mais il m'est impossible d'aller plus loin. Si ce Prince veut faire une paix qui lui soit avantageuse, j'en serai charmé, pourvu qu'il n'en exclue pas ses alliés; mes ennemis me forcent de faire la guerre, je bénirai le jour qui y mettra fin, et il sera dit que j'aurai donné plus de secours au roi d'Angleterre que j'en aurai reçu de lui.
3° Vous me demandez ce que vous pouvez écrire au sieur Williams; vous n'avez qu'à lui marquer que 90,000 Autrichiens campent en Bohême et en Moravie, tandis qu'il n'y a pas une tente prussienne tendue; qu'il y a deux mois4 que j'aurais pu attaquer ces gens-là, sans leur laisser le temps de se mettre en force, si j'en avais eu envie; mais qu'ils me font tout plein de chicanes jusqu'à faire marquer des camps dans une lisière de la Moravie qui va entre Neisse et Cosel,5 qu'ils ont garni toutes mes frontières de troupes légères, et que la dispute ne roule que sur le mot d'agresseur; mais qu'après les chicanes qu'ils me font tous les jours, et les mauvais procédés qu'ils ne cessent de multiplier, je me soucierai très peu de commettre les premières hostilités, ayant des preuves convaincantes qu'ils veulent la guerre, et que par conséquent ils sont les agresseurs.
Federic.
Nach dem eigenhändigen Concept; übereinstimmend mit der, auch das Datum enthaltenden, Ausfertigung im British Museum zu London.
1 Vergl. S. 89. 222.
2 Vergl. S. 5.
3 In der Ausfertigung „cause“ ; wohl ein Versehen des expedirenden Cabinetskanzlisten.
4 Vergl. S. 235.
5 Hotzenplotz.