„<32> ce ministre, aussi bien que par la communication des dépêches que l'on a envoyées à Vienne et que l'on fait partir ce soir pour Pétersbourg, les réponses que l'on a données au prince de Golyzin, les amples instructions que l'on a envoyées au sieur Keith pour maintenir le comte de Keyserlingk dans ses bons sentiments à l'égard de l'Angleterre,1 pour l'engager à plaider sa cause vis-à-vis de sa cour et pour éviter qu'il ne se laisse séduire par les fausses insinuations des Autrichiens. Votre Majesté verra aussi quel est le langage que l'on fait tenir à Pétersbourg par le chevalier Williams. Outre cela, on envoie des instructions particulières au résident Wolf, par le canal duquel on se flatte de mieux réussir que par l'autre2 maîs, comme c'est un secret et qu'une partie des ministres, amis du chevalier Williams, l'ignorent, le lord Holdernesse prie Votre Majesté de n'en pas parler. En un mot, on veut faire ici tout ce qui est humainement possible pour faire entendre raison au ministère russien sur les explications extraordinaires qu'il a données de ses engagements avec l'Angleterre, et on lui fait entendre bien clairement qu'on aurait eu tort de s'imaginer en Russie qu'on les avait pris contre Votre Majesté, mais uniquement contre les ennemis de l'Angleterre, et que, Votre Majesté ne l'ayant pas été et n'ayant pu le devenir qu'en secourant les Français, le traité qu'on avait conclu avec la Russie, ne pouvait pas être calculé contre Votre Majesté qu'au cas qu'Elle Se fût jointe à la France, et pas autrement; que, si on ne veut pas l'envisager sur ce pied-là en Russie, il serait fort inutile à l'Angleterre de lui payer des subsides, mais si, au contraire, ce n'est qu'un peu plus d'argent qu'on y demande, Sa Majesté Britannique n'était plus éloignée d'ouvrir les cordons de sa bourse pour cet effet. Les ministres croient même que ce n'est que dans ce but que les Russes expliquent aujourd'hui si extraordinairement leur traité avec l'Angleterre, et comme ils sont très résolus de ne pas épargner l'argent, ils se persuadent très fort que, par ce moyen, ils ramèneront la Russie au point où ils la veulent avoir, et où il faut qu'elle soit, pour se servir de ses troupes, si on en a besoin pour faire diversion en faveur de l'Angleterre contre toutes les entreprises que la France ou ses alliés pourraient former sur les possessions et États de Sa Majesté Britannique … On y croit également savoir que les lettres qui sont passées de Russie en France, et l'espèce d'instruction qu'a reçue le comte de Golovvkin de bien vivre avec les ministres de France à la Haye,3 ne viennent uniquement que de la part du vice-chancelier Woronzow et de sa clique;4 or comme ces gens-là ont encore la minorité dans le conseil de l'impératrice de Russie et que d'autre côté le Grand-Chancelier et ses amis s'en tiennent toujours à l'Angleterre, on a fait et l'on continue de faire tout ce que l'on peut pour maintenir ce chancelier dans sa façon de penser, on l'a pris et l'on le prend par son propre intérêt et crédit, on lui a fait voir et fait connaître encore les mauvaises conséquences qui en pourraient résulter, tant pour lui que pour sa souveraine, et, par ce moyen, on espère que, travaillant de son côté, comme il y est si fort intéressé, il ôtera à sa cour tous les scrupules et les jalousies qu'elle peut avoir eus sur les liaisons de Sa Majesté Britannique avec Votre Majesté, et la ramènera entièrement aux intérêts et au système de l'Angleterre … L'on suspend de mettre encore les fers au feu, pour prendre les arrangements proposés par Votre Majesté en cas de défection de la Russie,5 on les approuve cependant beaucoup, et les ministres m'ont dit qu'ils y voyaient avec une satisfaction infinie la grande étendue des lumières de Votre Majesté, aussi bien que la justesse de Ses idées; mais comme on se persuade que cette défection n'aura pas encore lieu, malgré tout ce qui paraît et s'en débite, on veut premièrement savoir mieux à quoi s'en tenir là-dessus, avant que de travailler à d'autres arrangements#133; L'on souhaiterait encore ici que Votre Majesté fît usage des amis qu'Elle peut avoir à la cour de Pétersbourg, pour y soutenir les intérêts de l'Angleterre, on se persuade au moins que, malgré que Votre Majesté ne soit pas bien en général dans ce payslà, Elle ne laisse pas d'y avoir toujours quelque bon canal dont Elle pourrait“
1 Vergl. S. 26. 27.
2 Vergl. Bd. XII, 86.
3 Vergl, Bd. XII, 390.
4 Vergl. Bd. XII, 395.
5 Vergl. Bd. XII, 390—392.