<547>

Williams setzt Mitchell ferner in Kenntniss, Petersburg, 28. September (n. s.) „J'écris cette lettre très secrète, pour vous prier d'informer Sa Majesté Prussienne du progrès que j'ai fait avec le Grand-Chancelier. Je l'ai trouvé pour quelque temps inflexible, mais comme je commençai à parler plus clair touchant l'argent, il céda peu à peu … Il me demanda tout court si la proposition que je lui faisais, plairait à mon maître et si je parlais par ordre, ou du moins avec son approbation. Je répondis que je parlais par autorité, et qu'il savait qu'il pouvait se fier à moi. Sur cela, le Grand-Chancelier dit : „Je ne puis rien refuser au Roi votre maître, et je servirai Sa Majesté Prussienne; indiquez-moi ce que je puis faire, j'ai de la bonne volonté, quoique la tâche est difficile.“ — Je répondis : „Vous commencerez, en me déclarant que vous n'êtes plus ennemi du roi de Prusse.“ — Sur cela, en me donnant la main, il dit : „De ce moment, je suis son ami; mais je ne vois pas comment je puis lui être utile à présent; si j'avais su autant, il y a deux mois, j'aurais pu faire beaucoup; mais il a déjà commencé la guerre, et rien ne peut empêcher l'Impératrice de secourir la maison d'Autriche, tout est déjà déterminé. Il est vrai que le roi de Prusse nous a surpris, nous ne sommes pas préparés pour la guerre,1 et vous savez que nos mouvements sont bien lents. Je ne puis rien promettre à présent, parceque je n'ai point le pouvoir; mais vous pouvez assurer Sa Majesté Prusienne que, nonobstant tout ce que Mardefeld a fait contre moi,2 je l'ai entièrement oublié, et d'à présent j'ai résolu, quand l'occasion se présentera, de convaincre Sa Majesté Prussienne, par une manière plus forte que par des paroles, que je suis prêt à lui rendre service.“ — Il ajouta : „La guerre est commencée, nous aurons peut-être bientôt la nouvelle d'une bataille; il faut attendre ce que le chapitre des accidents peut produire, et vous pouvez être assuré, sur la première occasion qui peut s'offrir, je consulterai les moyens et j'agirai de concert avec vous, afin de rendre service à Sa Majesté Prussienne en cette cour.“ — Il finit en disant : „qu'il espérait que ce changement des sentiments et cette déclaration seraient cachés, comme le plus grand secret, pour quelque temps au moins.“ — Je ne me suis pas encore expliqué sur le quantum de la somme promise, qui, pourtant, me paraît suffisante, mais en attendant il y a d'autres personnes à gagner, et la somme dont je vous ai fait mention dans une de mes lettres, est nécessaire.3 C'est pourquoi j'espère que Sa Majesté Prussienne m'enverra les 10,000 ducats au plus tôt. Quoique le Grand-Chancelier n'est gouverné de personne, il y a des gens qui ont des liaisons avec lui, et il veut qu'ils soient bien et largement payés. Je parle par expérience. Sa Majesté le roi de Prusse, en laissant une telle somme à ma disposition, me rendra très circonspect et précautionné. Il me semble que la réconciliation entre Sa Majesté et le Grand-Chancelier vaut quelque chose, et le Grand-Chancelier est ferme. En conséquence de tout ceci, c'est mon devoir et pour le service de Sa Majesté Prussienne de faire les propositions suivantes : 1° Que je serai autorisé de m'assurer de ceux qui ont des liaisons avec le Grand-Chancelier; 2° que Sa Majesté Prussienne m'enverrait des lettres de crédit sur Amsterdam pour la somme destinée au Grand-Chancelier, parceque, quand l'occasion se présentera, il me faut ou l'argent ou les lettres de crédit en poche; car les Russes n'ont point d'idée de faire crédit à personne. Muni de tels pouvoirs, je tâcherai de servir Sa Majesté le roi de Prusse avec zèle et fidélité, … Vous pouvez être assuré que les Russes auront de grandes difficultés à surmonter, avant que leur armée puisse être en état de marcher. Ils ont peu d'argent et pas dix habiles officiers. La colère les anime à faire la guerre, l'honneur n'y entre point; ainsi ils seront toujours prêts à embrasser la paix. Si le roi de Prusse est couronné de la victoire — comme j'espère en Dieu qu'il sera — et s'il trouve à propos d'offrir la paix à l'Impératrice-Reine, cela serait l'heureux moment de faire quelque chose ici, et si d'avance on s'est assuré du Grand-Chancelier, la Russie secondera non seulement les propositions de la paix, mais on peut même établir une“



1 Vergl. S. 164.

2 Vergl. Bd. V, 582.

3 Vergl. oben das Schreiben vom 21. September.