<63> telles qu'elles sont véritablement. Cependant, il est toujours bon, afin que les propos mauvais et mal fondés qui se débitent là où vous vous trouvez, ne fassent pas trop d'impression au public, ni ne s'enracinent tout-à-fait, que vous deviez avoir soin de glisser dans le public, en parlant là-dessus à toute sorte de gens, les ministres de France exceptés, auxquels vous n'en direz rien, les insinuations suivantes, savoir: que, quant à l'animosité de la cour de Vienne contre moi, on avait raison de dire en France qu'elle était si grande et extraordinaire que, si on sentait là que la France, restant alliée avec moi, saurait avoir tôt ou tard la guerre avec les Autrichiens, il fallait que j'avouasse qu'on accusait juste là-dessus. Cependant, comme les Français marquaient tant de répugnance, pour m'assister dans une guerre où je pourrais être engagé avec l'Autriche, il me paraissait que cela justifiait les mesures que j'avais prises dans la guerre présente. Que le cas était bien différent en ceci entre moi et l'Impératrice-Reine; que, par mon traité précédent avec la France, elle m'avait garanti mes possessions en1 Europe et que j'avais garanti les leurs réciproquement; que, les affaires de l'Amérique n'étant donc point comprises dans nos traités, ils avaient mauvaise grâce à s'offenser du déni de secours que je ne leur dois pas. Que la reine de Hongrie, qui a eu un traité avec l'Angleterre, semblable à peu près à celui que j'avais avec la France, s'est servie du même argument que moi envers l'Angleterre, en lui déclarant que ses traités, étant relatifs aux possessions des deux cours en Europe, ne pouvaient point être étendus sur l'Amérique, et que par conséquent la reine de Hongrie, n'étant tenue par aucun engagement à se mêler de la guerre présente, avait fait un traité de neutralité avec la France. Or, si cet argument est bon dans la bouche de la Reine-Impératrice, il doit être encore meilleur pour moi, parceque mon traité avec la France est expiré2 et que celui de la reine de Hongrie avec l'Angleterre ne l'est pas de longtemps. Si donc on s'imagine en France que je serais obligé de faire la guerre sans raison, quand ils le jugeraient à propos, ils se sont lourdement trompés, je croyais être leur allié et non pas leur valet. Faites remarquer surtout à vos beaux raisonneurs la contradiction dans laquelle ils tombent: les uns disent que je suis trop puissant et que la France doit s'opposer à mon agrandissement; les autres disent que ce n'est qu'une force précaire, qui n'est que l'ouvrage de l'industrie, que la Prusse sera un allié qui deviendra à charge à la France, c'est donc dire que la Prusse est trop faible. Que ces gens, de grâce, se décident donc et conviennent avec eux-mêmes si je suis ou trop puissant ou trop faible pour eux. Je me suis aperçu de longue main qu'on avait en France de la prédilection pour la cour
1 Für das Folgende bis zum Schluss des Erlasses liegt ein eigenhändiges Concept vor. Der Anfang dieses Conceptes fehlt in den Acten; es begann wahrscheinlich schon mit den Worten: „Je suis très content de la relation immédiate etc.“
2 Vergl. Bd. I, 257; XII, 507.