7643. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.
Knyphausen berichtet, Paris 21. Juni: „Quant à ce qui concerne, au reste, la demande sur laquelle Votre Majesté m'ordonne de m'expliquer.8-1 si le ministère de France commence à revenir des préjugés qu'il s'était formés sur Sa convention de neutralité avec l'Angleterre, je ne saurais Lui cacher que cette démarche a occasionné ici un germe de méfiance et d'aigreur qui subsistera longtemps, et qu'il sera peut-être impossible de détruire entièrement. Il est certain que c'est uniquement cet évènement et nul autre motif qui a déterminé la cour de France à se lier si étroitement qu'elle vient de le faire, avec celle de Vienne. Je sais même de bon lieu que la convention de Votre Majesté a ajouté un intérêt singulier au succès de cette négociation; que le roi de France a écrit, et de sa main, plusieurs lettres à l'Impératrice-Reine pour en aplanir les difficultés, et qu'il a désiré la signature de ce traité avec tant de chaleur que personne dans le Conseil n'a osé s'y opposer. J'ajouterai encore, afin de ne rien dissimuler à Votre Majesté, qu'il m'est revenu de fort bon lieu qu'on L'accuse d'avoir tenu dans ces derniers temps différents propos sur le ministère de France et sur la nation qui ont été rapportés au Roi, et qui, à ce qu'on prétend, n'ont pas peu contribué à augmenter son aigreur et le mécontentement qu'il avait conçu. On m'a assuré, entre autres, qu'il était revenu au Roi que Votre Majesté avait dit ouvertement que le gouvernement de France était trop faible pour que ses alliés puissent avoir aucune confiance en lui, et que c'était un royaume où il y avait beaucoup de bras, mais peu de têtes.“
Bezüglich der von dem Könige angeregten Vermittlung Frankreichs zwischen dem Hofe und dem Senate in Schweden8-2 meldet Knyphausen: „M. Rouillé m'a fait observer que cette affaire paraissait être assoupie par la réponse que le Roi avait faite aux représentations des États par rapport à la lettre écrite par la reine de Suède au Comité secret;8-3 que, d'ailleurs, les États avaient rendu un jugement sur les plaintes que le Roi leur avait portées contre le Sénat, et que ces différends avaient été décidés d'une façon légale et conforme aux lois. Qu'il ne voyait donc pas comment il pourrait encore y avoir matière à négociation, d'autant plus qu'il n'était pas de la compétence du Sénat de connaître de ce qui avait du rapport aux lois politiques du royaume et à l'interprétation de la forme du gouvernement, et que ces matières-là étaient uniquement du ressort des États; qu'enfin il ne saurait me cacher qu'il y avait toute apparence qu'après la déclaration que Votre Majesté avait faite en dernier lieu à M. de Wulfwenstjerna,8-4 Sa médiation ne serait nullement agréable au Sénat, et que, les États s'étant trouvés extrêmement blessés de la susdite démarche, le Sénat rejetterait vraisemblablement l'offre de Ses bons offices. Que, la conduite de la Reine ayant donc été condamnée ouvertement par les États, il lui semblait que le meilleur<9> parti qu'elle eût à prendre, serait de se conduire avec plus de modération qu'elle ne l'avait fait jusqu'à présent, et d'immoler au repos du Roi et de sa famille les ressentiments personnels qu'elle pouvait avoir contre le Sénat,“
Potsdam, 3 juillet 1756.
J'ai reçu la dépêche que vous m'avez faite du 21 de juin passé, j'ai été surpris de l'extrême impudence avec laquelle on m'a voulu attribuer des discours que j'avais tenus à l'égard de la France. Vous devez dire et protester à tout le monde qui voudra vous écouter à ce sujet, que jamais de pareils propos contre la France n'étaient sortis de moi et que jamais je n'en avais tenu ouvertement, aussi fallait-il que je crusse que ceux de la clique autrichienne m'avaient prêté cette charité, dont j'étais déjà accoutumé d'apprendre qu'ils m'avaient malignement attribué bien d'autres encore dont le temps et une perquisition exacte m'avaient justifié. Et comme il n'y a nullement à douter que la clique autrichienne n'emploie dans la conjoncture présente tout mensonge pour me noircir auprès de la cour' de France, j'estimerais pour un malheur si le public en France et particulièrement les ministres voulaient légèrement y prêter foi, et qu'alors je n'y saurais aider, mais qu'au bout du compte un mensonge ouvert restera toujours un mensonge dont d'honnêtes gens rougiront à la fin de ce qu'ils s'en sont laissé imposer.
Quant aux affaires de Suède, mon intention est que vous les devez laisser tomber entièrement et n'en parlerez plus aux ministres.
Federic.
Nach dem Concept.
8-1 Vergl. Bd. Xll, 381.
8-2 Vergl. Bd. XII, 381. 382.
8-3 Vergl. Bd. XII, 363.
8-4 Vergl. Bd. XII, 302. 312.