7772. A LA MARGRAVE DE BAIREUTH A BAIREUTH.
[Potsdam], 29 [juillet 1756].
Ma très chère Sœur. Toutes les lettres que vous daignez m'écrire, contiennent de nouvelles marques de vos bontés. Grand Dieu! vos migraines ne vous empêchent pas même de penser à moi et de vous occuper de mes intérêts. Vous ne pouvez jamais vous imaginer à quel point j'y suis sensible et jusqu'où va ma reconnaissance; je voudrais pouvoir vous la témoigner dans toute son étendue; il n'y a que les alarmes que me cause votre santé, qui m'ôtent la tranquillité: le mal que me veulent mes ennemis, n'est guère à craindre, quand on a une bonne armée, mais les souffrances perpétuelles d'une sœur qu'on chérit, ne sont pas des malheurs dont on peut se consoler aussi facilement. J'ai été avant-hier à Berlin,140-2 où je n'ai pas laissé la Reine140-3 non plus<141> dans un état de santé tel que je le désirerais. Elle est devenue fort sensible, et la crise présente fait trop d'impression sur son esprit. J'ai fait ce que j'ai pu, pour la rassurer, sans cependant oser le faire trop, de crainte qu'une nouvelle subite ne lui fasse plus de tort encore. Enfin, ma chère sœur, j'ai beaucoup de sujets d'inquiétude, dont vous ne me fournissez pas les moins violents; daignez au moins mettre d'une part le calme dans mon âme, et soyez persuadée que personne ne vous aime et ne vous chérit davantage que le vieux frère; ce sont les sentiments avec lesquels je suis, ma très chère sœur, votre fidèle frère et serviteur
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
140-2 Vergl. S. 121.
140-3 Die Königin-Mutter Sophie Dorothée.