7836. AU PRINCE DE PRUSSE A BERLIN.
[Potsdam], 12 [août 1756].
Mon cher Frère. Je suis charmé que le tableau de Wouwerman205-3 vous ait fait plaisir; c'était bien mon intention en vous l'envoyant. Quant à moi, je crois chaque soir avoir fini mon ouvrage que c'est à recommencer le lendemain; mais cela n'y fait rien, et je travaille avec plaisir, sans me soucier ni du moine bourru,205-4 ni de l'épouvantail de Sainte-Geneviève,205-5 persuadé que ces montagnes, en enfantant, n'accoucheront que des souris, que la valeur des troupes prussiennes et la coionnerie de nos ennemis sont toujours les mêmes, et qu'on ne parvient à de grandes choses qu'en affrontant de grands hasards. Avec cette consolation et la ferme résolution de donner sur les oreilles à tous ceux qui se présenteront, on peut braver l'enfer et le Diable, lire tranquillement les gazettes, ne point trembler des vaines fanfaronnades de ses ennemis, et se persuader qu'on se tirera avec honneur d'affaire. Adieu, mon cher frère, je vous embrasse en vous assurant de la parfaite tendresse avec laquelle je suis, mon très cher frère, votre fidèle frère et serviteur
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
<206>205-3 Geburtstagsgeschenk des Königs an den Prinzen zum 9. August 1756.
205-4 Dictionnaire de l'Académie: „moine bourru“ …: prétendu fantôme que l'ignorance faisait craindre dans les campagnes.
205-5 Der König dachte wohl an „l'épouvantail de chènevière“ . Dict. de l'Acad. …: ce n'est qu un „,épouvantail de chènevière“ se dit pour donner à entendre qu'une personne ou une chose dont on veut nous faire peur, n'est propre qu'à épouvanter des personnes timides.