7927. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Potsdam, 27 août 1756.
J'ai reçu votre dépêche du 13 de ce mois. Le dernier courrier du sieur de Klinggræffen m'a enfin apporté hier la réponse de l'Impé<292>ratrice-Reine à la dernière déclaration que mondit ministre à Vienne a eu ordre de lui demander; elle est conçue en termes fiers, et excepté qu'elle renferme un démenti de l'Impératrice-Reine sur son concert pris avec la Russie pour m'attaquer ensemble, il ne s'y trouve pas le mot de réponse par rapport à la demande principale, savoir que l'Impératrice-Reine promettrait de ne m'attaquer ni cette année-ci, ni pendant le cours de la prochaine. Me référant là-dessus à l'entretien que je viens d'avoir avec le sieur Mitchell,292-1 duquel il fera son rapport à sa cour, j'ajouterai seulement que, comme la mauvaise volonté des Autrichiens se manifeste si clairement qu'elle fait, et que leurs armées qui campent en Bohême et Moravie, augmentent non seulement en nombre d'un jour à l'autre, mais que la cour de Vienne est résolue, selon ce qui m'en est revenu, de les faire marcher vers mes frontières de la Silésie, que je ne saurais, dis-je, tarder plus longtemps de penser efficacement à ma sûreté et de prévenir mes ennemis.
Federic.
P. S.
Après vous avoir déjà fait ma dépêche d'aujourd'hui, j'ai trouvé bon de vous communiquer ci-clos in extenso une copie de la réponse de l'Impératrice-Reine, avec des notes292-2 que j'y ai mises pour mieux expliquer les véritables circonstances des affaires comme elles sont tout naturellement. Vous en ferez un bon usage, quoique je ne veux point que vous en laissiez tirer des copies pour qui que ce soit, puisque ces remarques sont plutôt pour vous instruire et pour vous mettre à même de pouvoir vous expliquer, quand on vous en parlera, que pour quelque autre usage. J'en ai fait remettre une copie au sieur Mitchell.292-3 Quoique la réponse que la Reine-Impératrice m'a fait faire, soit assez dure et déclare assez les mauvaises intentions qu'on a contre moi, et que je pourrais me le tenir pour dit, cependant, par des sentiments de modération et pour n'oublier rien de ce qui [pourrait] étouffer encore une guerre fâcheuse dès son commencement, de même que pour convaincre tout le monde raisonnable que ce n'est pas moi au moins qui la commence légèrement, j'ai fait encore un essai auprès de l'Impératrice pour voir s'il n'y a pas moyen de conserver la tranquillité publique et de prévenir toutes les suites d'une funeste guerre. Quoique je crois avoir tout lieu de ne me promettre rien de la réponse qui en suivra, et qu'en attendant je ne laisserai pas de poursuivre les mesures que j'ai commencé de prendre pour ma sûreté, cependant j'ai voulu tout tenter pour prévenir les maux de guerre.
Ce qui me fâche le plus dans ces circonstances c'est que j'ai été mis malgré moi dans la nécessité de faire marcher mon armée en Saxe pour commencer mes opérations contre les Autrichiens; mais outre<293> qu'une fâcheuse nécessité m'y a forcé, je me suis vu obligé de prendre mes précautions de manière à ne pas retomber dans la situation où la cour de Saxe m'avait mis l'année 1744 et 1745,293-1 où non seulement elle joignit ses forces avec celles de mes ennemis, mais entra conjointement avec eux en Silésie et fit le complot dangereux de m'attaquer dans le centre de mes États. Cependant, j'ai fait donner les assurances au roi de Pologne293-2 qu'on aurait tous les ménagements que les circonstances présentes pourraient comporter, et qu'on aurait pour la personne du Roi et pour sa famille royale toute la considération imaginable et tous les égards que le malheur du temps et ma propre sûreté pourraient permettre, et qu'en mon particulier je ne désirais rien plus ardemment que de voir arriver le moment de la paix, afin de pouvoir remettre le Roi dans la paisible et tranquille possession de ses États.
Vous ne manquerez pas de vous expliquer en conformité de ceci avec les ministres anglais, et me rendrez un compte exact de ce qu'ils vous diront.
Au surplus, vous représenterez aux ministres s'il ne leur convenait pas que, pour finir avec le duc de Brunswick à faire son traité avec l'Angleterre, le sieur Mitchell, sous le prétexte de faire un tour à Hanovre, allât pour quelques jours à Brunswick, afin de s'expliquer avec le Duc.
Federic.
Nach dem Concept.
292-1 Nr. 7930.
292-2 7923.
292-3 Vergl. Nr. 7930. Dieser Satz ist in dem sonst gleichlautenden P. S. für Knyphausen wahrscheinlich fortgeblieben.
293-1 Vergl. Bd. III, 403; IV, 413. 414.
293-2 Vergl. Nr. 7915.