7941. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

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Michell berichtet, London 20. August: „Votre Majesté verra par le langage que Lui tiendra [le sieur Mitchell], l'idée où l'on est ici sur la cour de Pétersbourg, et que, bien loin de s'être laissée entraîner jusques à présent dans celles des cours de Vienne et de Versailles, les apparences devenaient, au contraire, tous les jours plus fortes qu'elle ne se détacherait pas de l'Angleterre;311-1 c'est ce dont on se flatte au moins ici plus que jamais, et en conséquence on continue d'y être d'opinion qu'à moins que Votre Majesté ne Se trouve forcée de prévenir les mauvais desseins que les Autrichiens peuvent avoir formés contre Elle, il serait de la prudence et de l'avantage pour la cause commune de suspendre encore une levée de boucliers contre eux; mais, en même temps, on est bien éloigné d'en dissuader Votre Majesté, si l'Impératrice-Reine continue à s'expliquer d'une façon aussi ambiguë et équivoque qu'elle l'a fait jusques ici vis-à-vis de Votre Majesté, les ministres ayant été très peu édifiés de la réponse que cette Princesse avait donnée au ministre de Votre Majesté à Vienne,311-2 et pensant là-dessus tout comme Elle sur le peu de fond qu'on pouvait y faire; aussi a-t-on pris le parti ici de la faire passer à Pétersbourg par le même courrier qui part ce soir, et d'y déclarer, comme Votre Majesté le verra par la dépêche adressée au chevalier Williams, et que le sieur Mitchell Lui communiquera, que comme on n'envisagerait point ici Votre Majesté comme agresseur, si Elle Se voyait obligée de prévenir les Autrichiens, en cas que ceux-ci ne Lui donnassent pas des explications claires et précises sur leurs intentions à Son égard, et que, tel cas arrivant, on La soutiendrait efficacement ici; on espérait qu'on envisagerait de même la conduite de Votre Majesté à Pétersbourg et que l'on ne s'y laisserait pas séduire par les artifices que les ministres de la cour de Vienne pourraient mettre en usage, pour y inspirer des sentiments contraires, puisque rien n'était si simple [sinon] que, si les Autrichiens

Potsdam311-3 30 août 1756.

J'ai reçu votre rapport du 17 de ce mois, tout comme celui du 20 que le sieur Mitchell vient de m'envoyer ici. Comme je vous ai déjà assez détaillé par ma dernière dépêche le mauvais procédé de la cour de Vienne contre moi, et combien peu de disposition elle marque pour la conservation de la paix avec moi, je m'y réfère, et je me suis expliqué du reste fort amplement envers le sieur Mitchell311-4 des pressants motifs que j'ai eus pour ne plus différer dans le moment présent d'aller prévenir l'Impératrice-Reine dans ses desseins, en prenant avec mon armée la route par la Saxe, afin de m'ôter par là une épine qui ne saurait que de me devenir très dangereuse; je ne doute nullement qu'il n'en fasse son rapport à sa cour.

En attendant, j'ai été fort aise des nouvelles que vous m'avez marquées touchant le bon pli que les affaires de l'Angleterre commencent de prendre à Pétersbourg, tous mes vœux sont que cela continue, et comme je n'ai commencé la marche avec mon armée contre la Reine-Impératrice que seulement pour prévenir ses desseins contre moi, sans aucunes autres vues ni d'ambition ni de conquête, j'ai communiqué une idée au sieur Mitchell pour offrir même à la Russie la médiation pour aplanir les différends entre la cour de Vienne et moi,311-5 uniquement dans la vue de conserver

n'avaient pas formé de mauvais desseins contre Votre Majesté, ils ne courraient aucun risque de Lui donner des assurances claires et précises là-dessus. On fait aussi envisager à la cour de Pétersbourg que ce n'est que sur ce pied-là que l'on entend maintenir le traité de subsides que l'on a avec Elle, et qu'il ne saurait subsister autrement. On s'est d'autant plus déterminé de parler si clairement en Russie, que l'on croit savoir que le chipotage qui a régné depuis quelque temps entre cette cour-là et celle de Versailles, est en grande partie ignoré de la Czarine, et que le chancelier Bestushew, ayant habilement profité de la situation critique où se trouvent les affaires de Suède, a fait envisager à sa souveraine les mauvaises conséquences qui en résulteraient pour ses véritables intérêts, si elle se liait avec la France et prêtait l'oreille aux fausses insinuations des Autrichiens; en un mot, le chevalier Williams et le sieur Wolf ont ordre de remuer le vert et le sec pour parvenir à leurs fins, et, comme ils ont carte blanche pour cet effet, on se persuade plus que jamais que, s'ils ne peuvent pas réussir en tout, ils auront du moins la satisfaction, soutenus du chancelier Bestushew, d'empêcher que la Russie n'adopte les sentiments de la cour de Vienne et ne se lie avec celle de Versailles.“

la tranquillité publique en Allemagne.

Vous pouvez, d'ailleurs, donner aux ministres anglais les assurances les plus fortes de ma part que, malgré le mouvement que j'avais fait avec mon armée, je persistais invariablement dans les mêmes sentiments pacifiques qu'auparavant, et que, si la Reine-Impératrice me donne cette déclaration positive que je lui ai demandée, de sorte que j'y trouve ma sûreté, je m'arrêterai encore et ne pousserai pas plus en avant les mesures que sans cela j'ai prises pour me mettre à couvert de ses insultes et pour obvier à ses mauvais desseins contre moi.

Federic.

Nach dem Concept.



311-1 Vergl. S. 248.

311-2 Nr. 7795.

311-3 Sic.

311-4 Vergl. Xr. 7930.

311-5 Vergl. S. 298.