8186. AU FELD-MARÉCHAL COMTE DE SCHWERIN AU QUARTIER GÉNÉRAL A AUJEZD.
[Lobositz,] 9 [octobre 1756J.
Vous jugerez facilement que ce sont les Saxons qui dérangent principalement nos affaires; pour moi, qui n'ai que 24 bataillons dont 14 ont souffert, je n'ose quitter les montagnes dont on me couperait, et comme l'Elbe n'est pas libre, il me serait impossible d'avancer davantage, sans déranger mes subsistances. Browne est fort de 44 à 45,000 hommes, ainsi j'ai fait l'impossible pour mettre les affaires dans l'état présent où elles se trouvent. Je crois que leur projet de campagne ne roule que sur l'idée de nous ôter les subsistanses,519-1 pour nous obliger de quitter la Bohême, et qu'alors ils ont tous deux dessein de nous harceler avec leurs troupes légères et d'engager une affaire d'arrière-garde. Pour moi, j'ai pris toutes mes mesures, au cas que l'affaire des Saxons me traîne encore, pour tenir bon ici jusqu'à ce qu'elle sera terminée, et s'il faut que je rentre en Saxe, j'ai aussi pris mes arrangements, pour que ces gens ne puissent pas m'entamer; en même temps, si cela arrive, je tiendrai un corps prêt dans la Lusace, pour marcher en Silésie dans le besoin. Vous verrez que, si l'ennemi fait une tentative sur cette province, ce ne sera qu'à la mi-décembre. Je serai attentif à tout, et pour que je sois averti plus vite de ce qui se passe de votre côté, il serait bon que quelque officier m'écrivît de Schweidnitz tout ce qui se passe sur les frontières de Bohême.
Je crois que vous conviendrez à présent que, si vous aviez marché vers Hohenmauth, vous auriez causé un tout autre embarras à Piccolomini. Je vous recommande surtout, si vous êtes obligé de vous retirer devant l'ennemi, de faire votre marche avec bien de la circonspection. La démarche est délicate, et c'est le seul moment où Piccolomini osera vous entamer.
Federic.
Nach dem Concept. Eigenhändig.
519-1 Vergl. S. 505. 520.