8223. AU FELD-MARÉCHAL COMTE DE SCHWERIN AU QUARTIER GÉNÉRAL A AUJEZD.

Struppen, 16 octobre 1756.

Je puis vous marquer à présent, mon cher Maréchal, que notre campagne de Saxe est tout-à-fait finie. Vous savez que Browne est venu pour dégager les Saxons. Il s'est montré de l'autre côté de l'Elbe vers Schandau; il s'est posté à Mittelndorf avec ses 8,000 hommes. Les Saxons ont cru que c'était le moment favorable; ils ont abandonné leur poste et ils ont passé l'Elbe, sur un pont que nous leur avons laissé faire tranquillement sous le Kœnigstein à un endroit nommé Habstædtel. En même temps, ils ont été fort surpris de se trouver dans un cul de sac, entouré d'un abatis derrière lequel se trouvaient postés 12 bataillons de mes troupes, tandis que tout le reste de mon armée entra dans le poste de Pirna, se rangeant la droite vers le Kcenigstein, la gauche vers l'Elbe. Dans cette entrefaite, Zieten a battu leur arrière-garde de cavalerie. On a chassé 3 bataillons qui couvraient leur bagage, et le bagage a été presque entièrement pris par nos gens. La tête leur a tous tourné dans ce moment; ils ont demandé à capituler. Browne a voulu se retirer et Warnery a totalement défait deux compagnies de grenadiers et 300 hussards qui faisaient son arrièregarde. Enfin, la capitulation est conclue; demain toute l'armée saxonne avec armes et canons se rend avec permission de passer à mon service. J'ai laissé au Roi la liberté d'aller où bon lui semblera. Ainsi voilà qui est fini. Je ne dois pas manquer de vous avertir que je viens d'apprendre que le roi de Pologne a fait passer au service autrichien les 3 ou 4 régiments qu'il avait encore en Pologne, et l'on dit qu'ils doivent se joindre aux troupes de la Moravie. Adieu, je vous embrasse de tout mon cœur et suis votre bien affectionné roi

Federic.

P. S.

Struppen, 17 octobre 1756.

Pour ce qui regarde notre séjour en Bohême, il est impossible que ni moi ni vous nous n'y puissions former des établissements sûrs et<553> solides cette année, vu que nous y sommes entrés trop tard. Ainsi tout ce à quoi il faut que nous nous bornions, ce sera que nous couvrions la Silésie et la Saxe. Le maréchal Keith s'arrêtera avec l'armée sous ses ordres jusqu'au 24553-1 de ce mois aux environs de Lobositz. Vers ce temps-là, je marcherai à ses côtés, pour le retirer de bonne manière, et afin qu'il n'arrive aucun malheur. Cependant, quand nous entrerons vers la fin d'octobre dans les quartiers d'hiver, je crois que l'ennemi fera semblant d'en vouloir faire autant, mais qu'il agira vers le temps du 20 de novembre, et voilà le temps où j'appréhende que l'ennemi ne se remue. En attendant, je ferai mes dispositions en sorte que, si quelque corps d'ennemi vient sur vous, soit dans la Haute- ou Basse-Silésie, je pourrais d'abord vous joindre de la Lusace, selon que la circonstance l'exigera.

Au reste, quand vous retournerez vers la Silésie, il faudra que vous fassiez vos dispositions également à celles de l'hiver de l'année 1744,553-2 afin de couvrir la Basse-Silésie, le pays de Glatz et la Haute-Silésie. Si alors quelque corps considérable de troupes veut marcher sur vous, mes arrangements seront faits de manière que je pourrai d'abord vous secourir.

J'ai reçu la lettre que vous m'avez écrite le 13 de ce mois. Quant au cartel à régler avec les Autrichiens, il faut qu'on y mette pour base celui que nous eûmes l'an 1744 avec eux, et que tout y soit réglé sur le même pied. Je suis votre affectionné roi

Federic.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.



553-1 In den eigenhändigen Schreiben (Nr. 8222 und 8224): 20. October.

553-2 Vergl. Bd. III, 401.