8541. AU DUC RÉGNANT DE BRUNSWICK A BRUNSWICK.
Dresde, 20 janvier 1757.
Monsieur mon Frère. J'ai reçu votre lettre du 14 de ce mois avec cette satisfaction qui m'est ordinaire en recevant vos chères lettres. Je ne suis pas hors de toute espérance que plusieurs de ces grands épouvantails qui nous paraissent être si contraires dans le moment présent, disparaîtront le printemps qui vient, et qu'on agira peut-être bien plus modérément vers le temps des opérations de campagne qu'on le voudrait faire accroire présentement; en tout cas, je ferai mon devoir, et la Providence disposera du reste.1
Quant au départ du sieur Mitchell, pour mettre la dernière main au traité à faire avec Votre Altesse,2 il faut que je lui fasse la justice que, plein de zèle et de bonne volonté, il n'attend que l'ordre de sa cour pour partir incontinent. Je l'avais amené à cette fin avec moi à Berlin,3 pour y être d'autant plus près, et du moment que l'ordre lui sera arrivé, il mettra le pied à l'étrier; mais le malheur est que les divisions qui avaient déchiré autrefois les ministres anglais,4 et les vents contraires qui à présent empêchent toujours l'arrivée des nouvelles d'Angleterre, y mettent encore de l'obstacle et du retardement.
L'attentat tenté sur la personne du roi de France5 ne peut que faire horreur à tout le monde, et on ne paraît pas encore hors de crainte de toute suite; cependant si j'ose me fier à ce qu'on m'en marque de Hollande,6 bien des gens croient qu'il ne laissera pas d'influer en quelque façon sur les affaires. On prétend que, le Roi s'étant confessé, le confesseur, selon les principes de sa religion, lui a refusé l'absolution, à moins qu'il ne renonçât au scandale. Si le crédit de la favorite tombait, la clique autrichienne en ressentirait un grand contrecoup; mais quoi qu'il en arrive, l'on doit présumer que les ministres de France, occupés principalement des affaires intérieures du royaume, voudraient aller plus bride en mains relativement à celles du dehors, ou qu'au moins on ne laissera pas d'arrêter un peu les préparatifs et les opérations, ce qui serait toujours quelque chose.
Il faudra voir comment toutes ces conjonctures se vérifieront; quant à moi, Votre Altesse sera persuadée combien invariables sont les sentiments de considération et d'amitié avec lesquels je suis, Monsieur mon Frère et Cousin, de Votre Altesse le bon frère et cousin
Federic.
Nach dem Concept.
1 Vergl. S. 197.
2 Vergl. S. 76.
3 Vergl. S. 188. 196.
4 Vergl. S. 32. 81.
5 Vergl. S. 208.
6 Bericht Hellen's, Haag 14. Januar. Vergl. S. 217.