<277> employés pour acheminer heureusement la négociation avec le duc de Brunswick,1 de même que pour rectifier les ministres d'Hanovre sur plusieurs points.2

Je vous avoue cependant que je ne suis pas sans appréhensions que ce ministère timide et irrésolu ne se fasse des illusions sur les fausses apparences d'une neutralité dont la cour de Vienne le berce, et qu'en donnant inconsidérément dans le piège, il ne nous brouille nos affaires en Angleterre. La seule réflexion qui me rassure là-dessus, est que je ne saurais croire que jamais l'on voudrait prêter les mains, contre tout ce que milord Holdernesse m'a fait assurer depuis peu par le sieur Michell,3 à un projet si indigne et à un complot aussi noir que celui de me sacrifier à toute rage de mes ennemis, lesquels, pour la plus grande part, je me suis attirés pour m'être lié avec l'Angleterre pour assurer la tranquillité aux États d'Hanovre.4

Avec cela, je ne veux pas vous dissimuler les inquiétudes qui me restent encore par rapport au peu d'empressement que je remarque qu'on met en Angleterre au sujet du renvoi des troupes d'Hanovre et de Hesse en Allemagne,5 nonobstant qu'on n'ignore pas les grands préparatifs auxquels on travaille en France pour mettre de très bonne heure une armée en campagne et la faire marcher même dans le courant de ce mois, selon les avis qui en sont revenus au duc de Brunswick.6

Ce que j'en appréhende, c'est que ledit ministère, pourvu qu'il ne charrie pas juste, ne veuille couvrir ses mauvaises intentions du prétexte de ce que, les vents ayant été toujours contraires pour ne pas laisser sortir les vaisseaux de transport des ports d'Angleterre, et n'ayant pas pu se servir par là des troupes, on avait été obligé de passer cette malheureuse neutralité. Mais, encore une fois, je ne saurais croire jusqu'à présent que votre cour, Monsieur, voudrait condescendre à une faiblesse aussi marquée et flétrissante que celle-ci, et sacrifier par ce noir complot moi avec le duc de Brunswick, tout comme le landgrave de Cassel, aux ressentiments de nos ennemis; démarche dont cependant les suites fâcheuses retomberaient toujours à la fin sur l'Hanovre, puisque tout homme qui y pense bien, ne saura envisager cette prétendue neutralité que comme un leurre de la cour de Vienne pour amuser le ministère d'Hanovre à ne point songer à temps et sérieusement à la défense, afin que l'armée française, une fois pénétrée en Allemagne, trouve au dépourvu l'Hanovre et en agisse à son gré; sans compter que le grand coup rejaillira à la fin même sur l'Angleterre, qui, après que les cours de Vienne et de Versailles seront une fois parvenues à être les maîtresses absolues de l'Allemagne, se verra forcée de subir toutes les lois que les deux puissances conjointement voudront lui prescrire.



1 Vergl. S. 241.

2 Vergl. S. 253. 254.

3 Vergl. S. 275.

4 Vergl. Bd. XII, 503.

5 Vergl. S. 275.

6 Vergl. S. 282 Anm. 2.