Dresde, 17 février 1757.
J'ai bien reçu le rapport que vous m'avez fait au sujet de la lettre que le baron de Münchhausen vous a écrite touchant les pièces cijointes en original, que je vous renvoie.
Comme je suis assez content de la réponse qu'on a faite au comte Colloredo, en refusant au préalable le point qui a fait l'objet principal des Autrichiens et des Français, et qui apparemment fera que tout le reste sera pendu au croc, vous ne devez point manquer de faire de grands éloges au baron de Münchhausen sur la fermeté, tant du Roi son maître que de ses ministres, qui n'avaient point voulu abandonner leurs amis véritables. Vous relèverez d'ailleurs, en termes les plus flatteurs pour eux, de ce qu'ils avaient d'abord pénétré le tour, quoique assez grossier, que les Autrichiens avaient cru pouvoir leur jouer par la neutralité proposée, et au moyen de laquelle ils n'avaient visé que d'amuser les ministres d'Hanovre, pour leur faire perdre le temps propre pour mettre en état de défense le pays d'Hanovre, et introduire en attendant une armée française en Allemagne, qui, dès qu'elle y aurait pénétré, aurait dû prendre cet État au dépourvu et en agir à son gré, ce qui n'était qu'une insigne trahison; et qu'il fallait être persuadé que les Autrichiens ne travaillaient en tout ceci qu'à nous désunir et nous séparer, pour avoir ensuite d'autant meilleur marché de nous, l'un après l'autre. D'ailleurs, vous ne laisserez pas de relever la hauteur avec laquelle la cour de Vienne leur avait dicté les points de la prétendue neutralité, en leur faisant parler en maître qui faisait grâce à son sujet, et vous leur insinuerez adroitement ce que les électeurs et les princes de l'Empire auraient à attendre de la cour de Vienne et de sa façon d'agir avec eux, si une fois elle était parvenue à ses vastes desseins d'opprimer ou d'accabler les premiers princes de l'Empire.
Quant au reste, le ministère d'Hanovre n'aurait rien à craindre des Autrichiens et, pourvu qu'il prît seulement garde aux Français, que j'espérais de leur tenir le dos libre, et dès que j'aurais seulement les coudées un peu plus franches, je ne manquerais pas de travailler au possible pour ce qui regardait le reste. Enfin, vous n'oublierez rien de tout ce qui pourra faire passer l'envie aux ministres de penser plus à conclure une convention qui leur deviendra funeste à tous égards, et de leur remettre le cœur et le courage. Et, sur ce, je prie Dieu etc.
Federic.
Nach der Ausfertigung.
8621. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Dresde, 17 février 1757.
Je ne doute pas que vous ne soyez présentement informé du plan de neutralité que la cour de Vienne s'est avisée de faire proposer par le comte Colloredo au ministère anglais à l'égard des États d'Hanovre,