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8622. AU DUC RÉGNANT DE BRUNSWICK A BRUNSWICK.

Dresde, 17 février 1757.

Monsieur mon Frère et Cousin. J'ai reçu la lettre que Votre Altesse a bien voulu me faire du 8 de ce mois, tout comme peu après celle qu'Elle m'a envoyée par le courrier du sieur Mitchell. Elle sera persuadée que jamais Ses lettres ne m'embarrassent, même au plus fort de mes occupations, mais que j'y trouve toujours cette douce satisfaction que toutes Ses lettres me donnent, par les sentiments de Son amitié constante et invariable envers moi.

J'ai vu avec plaisir que Sa négociation avec ledit ministre va en bon train;1 je ne connais que trop ce que Votre Altesse par Ses sentiments patriotiques y fait de sacrifices, pour acheminer seulement l'affaire à sa fin; aussi je compte que, par les soins du digne sieur Mitchell, tout réussira au gré souhaité, pourvu que le ministère d'Hanovre y aille droit.

Je Lui sais infiniment gré des nouvelles qu'Elle a bien voulu me communiquer, surtout par rapport à la marche d'un corps de troupes françaises,2 que je tiens pour être résolue, mais au sujet desquelles j'ai de la peine à croire que le nombre en aille au delà de 60,000 hommes, qui toujours sera assez embarrassant, à moins que l'Angleterre ne fasse ces efforts auxquels elle s'est obligée, pour y obvier, et sur quoi les ministres d'Angleterre continuent de me donner les plus fortes assurances.3 C'est aussi par ce motif que je ne saurais jamais m'imaginer que l'Angleterre voudrait donner les mains à un procédé aussi injuste que noir que celui d'adopter cette neutralité illusoire que la cour de Vienne lui met en piège, et de vouloir sacrifier par là à la rage de ses ennemis tout ce qui lui reste d'amis en Allemagne, sans considérer que ce n'est qu'un leurre tout pur pour l'amuser à ne point prendre des mesures efficaces, afin que l'armée française, une fois entrée en Allemagne et passée le Rubicon, puisse prendre au dépourvu les États d'Hanovre malgré leur neutralité et sous des prétextes frivoles et en agir après à son gré, pour faire subir à l'Angleterre telle loi que la France lui voudra prescrire. Ce seraient les suites inévitables d'une neutralité aussi malheureuse que celle-là, et j'ai trop bonne opinion du roi d'Angleterre et de son ministère, pour vouloir jamais honteusement donner dans des panneaux si grossiers et abandonner ses amis les plus fidèles, dont la perte entraînera la leur. malgré que je ne voudrais pas jurer que celui d'Hanovre ne branle pas au manche.

Pour ce qui est des propos du sieur de Meijerfelt,4 je suis persuadé



1 Vergl. S. 277.

2 Der Herzog von Braunschweig übersandte am 14. Februar ein Schreiben aus Brüssel vom 11. Februar, nach welchem der Marsch eines französischen Corps noch im Februar beginnen sollte. Vergl. Nr. 8625.

3 Vergl. S. 264. 275.

4 Graf Meijerfelt, ein schwedischer Major und eifriger Anhänger der Hofpartei in Schweden (vergl. Bd. XII, 495) hielt sich in Braunschweig auf. Der Graf hatte, wie der Herzog von Braunschweig am 8. Februar schreibt, im Vertrauen geäussert: „Que, si on laissait agir la France, il se pourrait très bien qu'un corps de Suédois de 24,000 hommes tenteraient quelques choses contre la Poméranie; que, cependant, le pouvoir de la cour, augmentant de jour en jour, pourrait mettre un holà dans ces menées, si Votre Majesté voulait y contribuer de son côté.“ Der Graf hatte ferner den Wunsch zu verstehen gegeben, für einige Jahre in den Dienst des Königs von Preussen zu treten.