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ou ralentir ses efforts par des vues trompeuses d'un accommodement, le Roi est déterminé de pousser la juste guerre dans laquelle il est engagé, avec la dernière vigueur.“

Mitchell meldet unter gleichem Datum „secretissime“ :

„Sire. Je suis délivré de toutes mes inquiétudes, puisque le Roi a enfin déclaré, dans les termes les plus forts, son intention de faire cause commune avec Votre Majesté. Cette déclaration a été faite par l'avis de tous ses ministres et n'a été retardée que par les voies sourdes des Hanovriens, lesquelles, étant découvertes, ne seront plus à craindre. Holdernesse m'écrit en confiance de prier Votre Majesté de vouloir bien presser l'accomplissement du traité hessois, mais surtout, s'il était possible, que Votre Majesté accordât tant soit peu de ses troupes pour joindre l'armée de Westphalie: le crédit de cette jonction aurait des effets admirables en Angleterre. Comme les ministres d'Hanovre ne sont que des hommes, et qu'ils reçoivent souvent des lettres de leurs baillis en Saxe lesquelles ne font pas plaisir aux maîtres, si j'étais autorisé de leur donner quelque espérance d'adoucissement dans les contributions, cela pourrait avoir bon effet, en marquant d'une manière sensible à de tels esprits l'attention que Votre Maje-té a pour les sujets du Roi.“

et, malgré qu'elle s'est vue bien rebutée dans son entreprise à cette occasion-ci, je suis persuadé que ce ne sera pas la dernière tentative qu'elle essuiera, son grand dessein étant de désunir, s'il est possible, Sa Majesté de la Grande-Bretagne d'avec moi, afin de nous accabler également et l'un après l'autre, moi par ses propres forces, jointes à celles de Russie, et l'Angleterre par celles de la France. Mais comme cette cour s'est un peu trop démasquée dans cette occasion sur la noirceur de ses vues, je crois que tout cela pourrait conduire à quelque bien pour la cause commune, ce que j'abandonne cependant simplement à la considération de Sa Majesté Britannique et au jugement de son ministère, savoir s'il serait convenant de faire communiquer, par la main tierce ou quatrième, quelque chose des propositions que Rosenberg a faites en Espagne.1 Selon moi, nous en retirerions peut-être cet avantage que la France, frappée de cette insigne duplicité de la cour de Vienne, agirait avec moins- de vivacité, et qu'il se mit de la défiance et de la désunion entre les deux cours, ce qui ne saurait que nous être favorable d'une façon ou d'autre et le meilleur tour qu'on pourrait jouer au comte de Kaunitz, pour le blesser de ses propres flèches.

Supposé aussi que Sa Majesté Britannique et son conseil trouveraient expédient cet avis, la voie la plus sûre pour le mettre en exécution, serait de faire instruire par M, Yorke le pensionnaire Slingelandt2 de ces propositions de Rosenberg, qui sûrement en rendrait compte au sieur d'Arfry.

C'est à vous, Monsieur, à la pénétration duquel je remets quel usage vous voulez faire de cet avis auprès de votre cour, pour en faire tel qui lui plaira. Comptez, en attendant, sur mes sentiments d'estime et de reconnaissance que je vous garde invariablement. Et, sur ce, je prie Dieu etc.

Federic.



1 Vergl. Nr. S639.

2 Vergl. S. 291 Anm. 3.